• Le plan anti-pauvreté de Manuel Valls ne traite pas le mal à sa racine, #Nicolas_Duvoux
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/04/le-plan-anti-pauvrete-de-manuel-valls-ne-traite-pas-le-mal-a-sa-racine_45873

    La création d’une #prime_d’activité pour se substituer au revenu de solidarité active (#RSA) et à la prime pour l’emploi (#PPE), présentée par le premier ministre le 3 mars, vient symboliquement marquer la fin d’une période ouverte par la réforme du revenu minimum d’insertion (RMI) voulue par Martin Hirsch et adoptée en 2008, au début de l’ère Sarkozy.

    Sous cette rupture avec un dispositif qui devait incarner le « travailler plus pour gagner plus » dans les politiques sociales, il existe une forte continuité dans la gestion de la pauvreté. Cette continuité ignore ou dissimule plusieurs dimensions qui font de cette réalité dramatique une question fondamentalement politique.

    Trois points peuvent être soulignés.

    Le premier est la continuité dans une approche qui fait de l’accès au marché du travail l’alpha et l’omega de la lutte contre la pauvreté. La chanson des « Enfoirés » pour l’année 2015 a fait polémique, notamment parce que les aînés y disent à leurs cadets qu’il leur faudrait « se bouger ». En réalité, depuis une quinzaine d’années, les principes du retour au #travail [#emploi en fait, ndc] comme solution à la #pauvreté se sont imposés, au détriment de tout débat de fond sur les causes de la fragilisation des #salariés les plus modestes.

    Deux tendances convergentes sont à l’œuvre.

    Il y a, d’une part, l’autonomisation des débats techniques relatifs aux moyens – les #politiques_publiques – par rapport au #débat_politique d’ensemble et, d’autre part, l’avènement d’un nouveau consensus sur les fins.

    La seule nuance entre la gauche et la droite porte ici sur l’attention portée à l’hyperprécarité : la gauche souhaitant éviter d’encourager de manière indirecte les emplois à temps très partiel en accordant des aides à ceux qui les occupent ; la droite valorisant l’accès, au premier euro gagné, de tous aux dispositifs de soutien.

    De ce point de vue, la création de la prime d’activité incarne un parfait #consensus entre ces deux options : soutien au premier euro gagné d’un côté mais limitation du soutien aux travailleurs très modestes de l’autre.

    Cette #dépolitisation du traitement de la pauvreté nie la #relation profonde qui existe entre l’état du marché du travail, les transferts sociaux et la régulation de la pauvreté, réduite à être l’appendice d’un ensemble de débats qui n’y sont que pas ou peu reliés.