• Mais qu’est donc ce si fier monsieur Mélenchon ? (première partie) | Planète sans visa
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    Mais qu’est donc ce si fier monsieur Mélenchon ? (première partie)*
    29 mai 2017Morale, Mouvement écologiste, Politique, Pouvoir et démocratie

    Je sais bien que les mélenchonistes les plus mélenchoniens me détestent, mais cela ne m’a jamais empêché d’écrire sur leur héros ce que je voulais. Et je compte bien continuer ici, malgré leurs inévitables protestations. Je compte rappeler ici quelques points déjà abordés, puis ajouter une pincée de poudre noire dans la (si petite) blessure que je leur ai infligée. Avis à l’univers : il faut, il faudrait lire le texte qui suit en compagnie de celui qui le suivra. Où l’on verra, peut-être, les raisons profondes, les racines politiques, historiques et personnelles qui sont au commencement de mes lourdes critiques contre Mélenchon. Avis donc : il n’y a pas un article sur lui, mais deux.

    Et ça commence par un préambule. Je comprends en partie l’engouement de tant de gens pour La France Insoumise. Les proclamations de ce regroupement contiennent quelques belles idées qu’il serait pénible – et même stupide – de rejeter. Il est vrai que, et tout à mes critiques, je ne l’ai pas assez fait, grâce à ce mouvement et à Mélenchon, certaines questions sont sorties du réduit mental où elles étaient. Grâce à Mélenchon ? Vous avez bien lu : grâce à lui. Malgré tout ce que je peux lui reprocher, il a ouvert une porte, libérant des énergies qui s’épuisaient en vain à défendre des causes subalternes. Je me permets de faire un rapprochement avec le grand texte du pape François, Laudato Si, même si cela n’est pas de même nature, ni de signification et de puissance comparables. Je précise que François m’impressionne.

    Les si tristes funérailles d’Hugo Rafael Chávez Frías

    Je salue donc ceux des Insoumis qui ont placé la question écologique au centre de leur monde, même si c’est d’une manière qui ne me convient pas vraiment. Et Mélenchon itou, qui est parvenu à secouer sa tête chenue pour y faire entrer un peu d’air et de lumière. Sommes-nous d’accord ? Je l’espère, car cela ne va pas durer. D’abord, Mélenchon nous a bassinés je ne sais combien de dizaines de fois avec ce géant qui n’était qu’un nain, Hugo Rafael Chávez Frías, défunt président du Venezuela. L’apothéose de cette séquence a été la veillée funèbre, à l’annonce de la mort del Jefe au début de l’année 2013. Citation de Mélenchon : « Ce qu’est Chavez ne meurt jamais. C’est l’idéal inépuisable de l’espérance humaniste, de la révolution ». Autre citation : « Il n’a pas seulement fait progresser la condition humaine des Vénézuéliens, il a fait progresser d’une manière considérable la démocratie ». On sentait le pleur tout près de sortir.

    Et là-dessus, silence total. Aucune explication n’est fournie de l’abominable descente aux enfers de ce grand pays. Le successeur, Maduro, fait endurer à son propre peuple la pire crise sociale qu’a connue le pays depuis son indépendance pour le coup bolivarienne de 1811. La camarilla militaire chaviste a copieusement pillé le pays et son immense rente pétrolière, distribuant des prébendes qui n’auront servi qu’à doper une consommation de biens importés. Rien de fondamental n’aura changé, alors que le chavisme au pouvoir a vingt ans d’âge. Les corrompus du sommet ont eu le temps de planquer les trésors volés à Miami, et je suis bien certain qu’ils ne paieront pas le prix de leur vilenie. Il ne restera bientôt plus rien du chavisme. Cela, une révolution ? J’aimerais presque croire que c’est une blague. Sur le sujet, j’ai écrit ici même, en 2009, un article qui peut se relire. On y découvre celui que Chávez décrivait comme un grand ami. Norberto Ceresole, fasciste et négationniste argentin, car c’est de lui qu’il s’agit, a fort contribué à la formation politique de Chávez, qui s’appuie comme chacun devrait le savoir sur le triptyque El Caudillo (Jefe), el ejército, el pueblo. Le chef, l’armée, le peuple. Une insupportable vision verticaliste du pouvoir, revendiquée pourtant. On peut aussi lire ceci ou encore cela.

    L’économie chinoise, chance pour l’humanité

    J’ai entendu Mélenchon oser face à Jean-Jacques Bourdin une phrase du genre : « Mais enfin, vous savez que Castro et Chávez sont morts ? », sous-entendant par là qu’il n’y avait pas lieu d’y revenir. Mais quelle audace ! Venant d’un homme qui se croit incarner l’Histoire en marche, et ne cesse de vanter telle ou telle figure de la Révolution française, c’est réellement gonflé. Et surtout ridicule pour qui se réclame encore du matérialisme et du marxisme. On pourrait donc faire parler les morts, mais pas tous. Seulement ceux qui arrangent la ligne politique du moment. Comme c’est commode.

    En 2012, j’ai remis le couvert et abordé une dimension proprement infâme du personnage Mélenchon en évoquant le sort fait au journaliste d’origine argentine Paulo Paranagua : c’est là. Un peu plus tard, toujours cette année 2012, j’ai commencé à parler d’autres pays de cette Amérique latine que j’ai bien connue, et pour lesquels Mélenchon avait les yeux de Chimène. Ainsi de l’Équateur et de sa si fameuse « révolution citoyenne ». Vous verrez ici le sort fait aux Indiens de Sarayaku, et l’ode de Mélenchon à la destruction du monde par l’économie chinoise (« Je considère que le développement de la Chine est une chance pour l’humanité », octobre 2012). Ainsi du Pérou, ici cette fois. Et encore deux fois sur l’Équateur : en septembre 2013 et en novembre 2016.

    Quant au Mélenchon « écologiste », il y a pléthore d’articles sur Planète sans visa. Je me permets d’en citer celui-ci, cet autre, celui-là et deux derniers, ici et là. Ils ont au moins trois ans, et depuis, je n’ai pas changé d’avis. Un seul exemple éclairera mon propos : le fameux meeting de l’hologramme, en février 2017. Lui à Lyon, son ombre portée à Auber. Eh bien, la totalité de la prestation était un show profondément anti-écologiste, articulé autour de trois frontières humaines à repousser plus loin : la mer, l’espace, le numérique. Rendez-vous compte un peu ! Si l’écologie a un sens, c’est bien celui d’avoir découvert puis admis les limites de l’action humaine. Simplement parce qu’un mur physique infranchissable empêche d’aller au-delà. Quand il n’y a plus de sol, on ne cultive plus rien. Quand il n’y a plus de poissons, on n’en pêche plus. Quand l’eau vient à manquer parce que nappes et rivières ont été surexploitées, les êtres vivants meurent un à un.

    Or à Lyon, il s’agissait d’aller encore plus loin. La mer ? Il faudrait lancer un vaste programme d’industrialisation à coup d’hydroliennes géantes, d’éoliennes off shore, d’usines aquacoles destinées à fabriquer des algues. Je n’invente rien. Et voyez comme Mélenchon parlait de nos pauvres océans sur son propre blog, le 26 mars 2012 : « Ne sommes-nous pas la nation d’Europe qui a su s’immiscer dans l’espace et qui occupe aujourd’hui la moitié du marché mondial des tirs de satellites ? N’avons-nous pas mis au point le navire de transport spatial le plus abouti pour alimenter la station internationale de l’espace ? Rien n’est hors de portée pour nous, sitôt que l’État et le collectif s’en mêlent ! La mer est notre nouvel espace de réussite et d’exploits scientifiques et techniques ! C’est ma proposition ! ».

    La si fabuleuse chienne Laïka

    Vous avez noté : « Rien n’est hors de portée ». Ou encore, dans une interview pathétique donnée à Match : « L’idée de l’expansion humaine en mer s’est présentée à moi comme une espèce d’antidote à la déprime générale. Et comme un fait d’évidence totalement occulté ! (…) Quand j’étais gamin, je découpais et je collectionnais les articles sur la conquête de l’espace. Je crois que j’ai encore dans ma cave un cahier où j’avais collé fiévreusement les exploits de la chienne Laïka et de Youri Gagarine ». L’expansion humaine, comme si elle n’avait pas assez détruit comme cela sur terre ! Et cette imagerie de pacotille sur l’espace, qui lui a fait acclamer à Lyon le savoir-faire des ingénieurs et l’excellence de la base de Kourou, oubliant l’essentiel, qui est de conquête, de conquête militaire, même si elle est pour l’heure pacifique encore. Dieu ! mais un écologiste commencerait évidemment, parlant de la mer, par parler de la dévastation des océans. Et réclamerait, c’est en tout cas mon point de vue, l’interdiction de la pêche industrielle. Or non, je le répète : aller plus loin encore, et ouvrir fatalement, compte tenu de ce qu’est l’économie réelle, la voie aux industries transnationales, seules à même d’investir massivement. Et je n’insiste pas, non, faute de place, sur le ridicule et plein accord avec le déferlement du numérique (et des jeux vidéos), qui pose pourtant des problèmes politiques de fond. Car quoi ? Qui ne sait que la démocratie est synonyme de lenteur, indispensable à la parole, à l’échange, à la coopération, à l’élaboration, à la décision ? La numérisation du monde pose des problèmes neufs, et graves. Mais pas pour Mélenchon.

    Je suis extrêmement long, mais je m’en excuse pas. Il s’agit en effet d’une affaire sérieuse. Sur un plan politique général, je reste stupéfait par la facilité avec laquelle des millions de gens semblent avoir oublié Mitterrand, à qui Mélenchon, ce n’est pas exagéré, voue un culte. L’ancien président a promis ce qu’on voulait bien croire, de manière à être élu, et puis s’est détourné sans explication de son plantureux programme. Certes, il ne fut coupable que de l’extrême faiblesse de ses suivants, croyants et courtisans. Mais tout de même ! Mélenchon ne se cache aucunement d’admirer au plus haut point un homme de droite qui a fait entrer le fric et le capitalisme le plus infect – Tapie, Berlusconi – dans l’imaginaire de la gauche française. Et cela n’aurait aucune signification particulière. Hier, des foules compactes ont acclamé les crapules staliniennes Thorez, Marty, Duclos, Aragon, Marchais. Et d’autres des politiciens « de gauche » soutenant les pires aventures coloniales, comme Guy Mollet, Robert Lacoste, Mitterrand déjà ou Gaston Defferre. Que veux-je dire ? Qu’il est au moins possible que la France dite insoumise repose sur le même rapport malsain à la politique et à l’autorité.

    Et si on parlait un peu de l’Internationale ?

    De vous à moi, ne voyez-vous pas que cette manière verticaliste – lui là-haut, nous en bas – tourne le dos aux rêves les plus anciens de l’émancipation ? Bien qu’ayant rompu avec beaucoup de l’imaginaire de ma jeunesse, je continue d’entendre L’Internationale avec davantage qu’un pincement au cœur. On y entend ces mots, que je revendiquerai pour ma part jusqu’à la fin : « Il n’est pas de sauveur suprême. Ni Dieu, ni César, ni Tribun ». Je crois sincèrement que Mélenchon se prend pour les trois.

    Avant d’achever ce qui, je vous le rappelle, est le premier volet d’une série de deux, je me sens contraint d’évoquer de graves mensonges de Mélenchon, qui n’ont attiré l’attention de personne. De personne en tout cas qui en ait parlé sur la place. Cela tombe donc sur moi, et je l’accepte comme le reste. Dans un livre d’entretiens paru il y a un an au Seuil (avec Marc Endeweld, Le Choix de l’Insoumission), Mélenchon y réécrit son histoire politique d’une manière qui m’a sidéré. Et offensé, car je continue à croire dans la vérité et la rectitude.

    Je n’en ferai pas la critique complète, qui serait pourtant méritée. Mais laissez-moi insister sur le Mélenchon lambertiste, dirigeant à Besançon de la secte appelée Organisation communiste internationaliste (OCI), celle-là même qui a fait de Jospin un espion de choix, membre du parti socialiste, jusqu’au poste de Premier secrétaire du PS après 1981, tandis qu’il était membre clandestin de l’OCI. Cette organisation a une histoire profondément noire, faite de graves violences contre les individus, et qui aura eu la grande originalité de soutenir des concurrents du FLN algérien – le MNA – manipulés par l’armée française ; puis de combattre toute participation aux luttes de la jeunesse contre la guerre américaine au Vietnam ; de refuser publiquement de participer aux barricades de mai 68 ; d’insulter sur tous les tons les combattants du Larzac, les antinucléaires des années 70, les militantes féministes, etc.

    Quand il soutenait Lip à l’insu de son plein gré

    Vous me direz qu’on s’en fout, mais vous me lisez, et je ne m’en fous pas. Mélenchon a été donc le chef – et chez eux, ce mot n’était pas à prendre à la légère – de l’OCI à Besançon pendant plusieurs années de l’après-68. Or dans son livre, il raconte de telles calembredaines qu’on ne peut les appeler autrement que des mensonges. Il raconte par exemple que la grève des travailleurs de Lip – elle débute au printemps 1973 – aurait suscité chez lui un énorme enthousiasme, ce qui est nécessairement faux. Toute personne ayant vécu cette époque sait que le courant lambertiste vomissait chaque semaine, dans sa feuille honteuse Informations ouvrières, les gens de Lip, au motif qu’ils avaient partie liée avec la CFDT honnie, très majoritaire dans l’entreprise. Et voilà que Mélenchon en rajoute, vantant le formidable curé de Lip, Jean Raguénès, que son mouvement, donc lui fatalement, exécrait publiquement et constamment.

    De même, il invente « une immense compassion » pour les Vietnamiens, qui aurait été la base de son engagement contre l’impérialisme américain. Pure bullshit. Les lambertistes comme lui maudissaient à ce point le Vietcong et le Nord-Vietnam qu’ils pourchassaient à coups de bâton ceux qui, dans les rues de Paris, défilaient pour la victoire du FNL vietnamien. J’en ai été le témoin direct, mais ce point ne saurait, de toute façon, être discuté.

    Enfin – il y a bien plus, mais je m’arrête là -, Mélenchon ose évoquer un soutien aux guérillas d’Amérique latine – cela cadre si bien avec son affection pour les nouveaux caudillos comme Chávez ou Correa – des années 70. On est là dans le grotesque, un grotesque nauséabond, car il y a derrière tout cela des morts. Je suis un témoin vivant de ces événements, et de cette époque, et quand Mélenchon affirme son adhésion à une « ligne d’action révolutionnaire de type insurrectionnel », j’ai un début de nausée. Ainsi que le clamait chaque semaine le journal de Mélenchon Informations Ouvrières, les lambertistes étaient VISCÉRALEMENT opposés à ces groupes, tels le MIR chilien, les Tupas d’Uruguay, le FSLN nicaraguayen qui avaient choisi l’affrontement armé.

    Je sais d’avance ce que diront certains lecteurs : il s’agit de vieilleries. Soit. Mais elles sont exprimées en 2016 par quelqu’un qui dit vénérer l’histoire des hommes, et qui combat officiellement toutes les cliques au nom d’un impérieux devoir d’honnêteté. La falsification, si elle n’est pas née avec le stalinisme, a atteint avec lui des sommets que nul n’est encore arrivé à dépasser. L’OCI et le passé de Mélenchon ont officiellement été antistaliniens, mais ils ont repris des méthodes qui étaient celles de leurs supposés adversaires. Je n’ai pas le temps de vous raconter l’affaire Michel Varga, très bien documentée. Et cela, figurez-vous, ne passe pas. Pour mieux comprendre pourquoi, il faudra attendre mon prochain rendez-vous, ici même. J’y parlerai de personnages beaucoup, beaucoup plus intéressants, comme par exemple Charles Fourier, Henry David Thoreau ou encore Nestor Ivanovitch Makhno et Élisée Reclus. Croyez-moi, l’air qu’ils ont bu ferait encore éclater plus d’un poumon.

  • #pourunjihad2proximité, un dialogue très intéressant chez @lundimatin
    https://lundi.am/pourunjihad2proximite

    Camille2 : Oui ... Mais ce qui est terrible, c’est que Charlie/pas Charlie est en soi un dispositif qui fait disparaître d’autres positions, notamment des positions révolutionnaires. De manière générale, les forces qui avaient commencé à s’esquisser dans les protestations antipolice à l’automne, qui rentraient en écho avec ce qui se passait aux USA, au Mexique, en Israël, tout ça a été recouvert par la question de l’islamisme, par la question Charlie ou pas Charlie.

    Si tu regardes un peu de loin, c’est assez souvent que la question révolutionnaire, même à un niveau minimal d’élaboration, est recouverte par la psychose à deux faces, terrorisme/antiterrorisme. C’est arrivé de toute évidence pendant le Printemps arabe, mais même en 2001, où les questions et les inquiétudes ouvertes par Gênes ont été anéanties par l’évènement du 11 septembre.

    Surtout depuis le Printemps arabe, on a l’impression que, grosso modo, quatre forces cherchent à s’organiser à une échelle mondiale, transnationale : la police, les fascistes, les djihadistes et les révolutionnaires. Les polices trouent le plan étatique ou national, collaborent ou se font la guerre entre elles, s’échangent renseignements, financements. Les fascistes, notamment en Europe, se font écho, en Ukraine, en Grèce, en Hongrie.

    J’ai parlé plus haut de la constitution souple d’un parti du djihad. La séquence qui commence en Grèce en 2008 et se poursuit avec les Printemps arabes, les grèves au Brésil ou au Québec, les émeutes à Téhéran, Londres, ou en Suède, les prises de places en Espagne ou en Turquie, témoigne à mon sens de la constitution d’un parti révolutionnaire à l’échelle mondiale, ou plutôt d’une position révolutionnaire générale qui se donne de plein de manières différentes dans pas mal d’endroits inattendus.

    Sauf que, et c’est là le problème, de ces quatre forces, trois sortent renforcées de la surenchère djihad/réaction policière. La police est acclamée, comme on l’a vu à Boston après l’attentat au marathon, ou à Paris le 11 janvier. Les fascistes recrutent tranquillement, se chauffent sur quelques mosquées, et guettent leur heure. Les djihadistes, comme on l’a dit plus haut, poussent leur agenda étrange, très médiatique, très spectaculaire. Mais nous, les révolutionnaires, nous peinons à exister dans ces périodes post-traumatiques. Nous ne savons pas quoi dire, ni comment le dire, et quand nous avons une parole à porter, elle s’entend à peine dans le brouhaha névrotique que le terrorisme, comme l’antiterrorisme, cherchent à produire. Il ne s’agit pas de se plaindre de l’absence de minute de silence en l’honneur de Rémi Fraisse, mais simplement de remarquer que depuis les attentats, souffle un vent d’hiver dont tout le monde profite, sauf nous.

    • Ce qu’on peut dire des frères Kouachi comme de Coulibaly, c’est qu’ils sont allés vers la mort en courant, au devant d’elle. Un peu comme si, ayant pris assez de vitesse avant le choc, ils étaient capables de la traverser. Ils s’en foutent des 77 vierges et du Paradis, en réalité. Ils ont un sens de l’ascèse, un sens du sacrifice de soi comme clé de toute élévation, qui les rend puissants.

      Après, évidemment que cette #spiritualité est complètement #nihiliste, mais ça n’enlève rien à sa force. Mais il faut vraiment comprendre qu’un attentat comme ça, pour un djihadiste, ce n’est pas un mauvais moment à passer, ou une erreur monumentale, comme tentent de le faire croire les affiches antiradicalisation du ministère de l’Intérieur... au contraire, c’est un sommet de raffinement dans la pratique de l’islam. Comment être quitte du monde : fais le djihad. C’est ça qu’ils se disent, c’est ça qui les rend fort, c’est ça qu’on ne comprend pas vraiment.

    • "... la position révolutionnaire est prise en étau : d’un côté, l’accroissement des moyens techniques, humains et juridiques de répression dirigés contre les « djihadistes » mais qui ne demandent qu’à être utilisés contre elle ; de l’autre, une partie non négligeable de la jeunesse qui rejette les institutions actuelles, mais pour mieux sombrer dans un fascisme multiforme (religieux, soralo-dieudonniste, lepéniste)."

    • #populisme comme méthode de #codage et l’enfumage persistant || #Pagida, +/- #Charlie, etc.

      #effacement et/ou recodage de l’#histoire, de sa mémoire individuelle, de sa propre #expérience avec le résultat d’un manque de confiance dans des facultés de son #jugement individuel vis-à-vis des forces de la #marginalisation économique et idéologique dans une culture de la homogénéité créée, soutenue et modifiée ad libitum selon des intérêts des institutions politiques et sociales.

  • Je ne participerai plus au mouvement de promotion du logiciel libre, et j’invite quiconque s’y active encore et prétend servir le bien commun à cesser.

    Je ne vois vraiment pas pourquoi il faudrait assister dans leur oeuvre un état ayant élevé la stigmatisation au rang de principe de vie en société ou des entreprises démontrant chaque jour que seul le profit compte, quel que soit le prix payé par la collectivité.

    Les puissants sont puissants parce qu’ils savent mieux que les autres s’approprier les avancées de leur époque, dont le logiciel libre. La promotion de cette ingénierie efficiente qu’est le logiciel libre aggrave donc les inégalités, qui sont le malheur de notre époque.

    Contrairement à ce qu’adorent affirmer les idéologues libéraux du Web, la technologie n’existe pas dans l’absolu : elle existe toujours dans un contexte social dans lequel l’institution en réglemente l’usage. A notre époque, seuls les usages renforçant l’emprise de l’institution sur la société sont permis, ce qui fait de chacun des gentils bénévoles du logiciel libre un renfort bénévole du Capital.

    • Tu veux dire, comme les 350 millions d’européens, qui, non contents de n’avoir jamais rien fait pour le logiciel libre, continueront de soutenir de leur vote une europe anti-démocratique ayant tenté de tuer dix fois le logiciel libre depuis les première offensives sur les brevets logiciels en 1999 ?

      A cette époque au moins, on pouvait sereinement croire que les institutions démocrates étaient les alliés objectifs du progrès. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, d’où quelques conclusions à tirer.

    • Les 350 millions d’européens ne soutiennent pas l’Europe de leur vote. Je me souviens d’un NON massif à la « constitution européenne » avec lequel l’Europe s’est copieusement torché. Le parlement européen est la proie des lobbies mais c’est les « gentils bénévoles du logiciel libre » que tu attaque. Incompréhensible.

    • Incompréhensible ?

      J’ai toute confiance en l’intelligence des contributeurs pour comprendre le fond du raisonnement : quand l’institution est antisociale, la technologie le devient.

      Quand aux 350 millions d’électeurs qui continuent à se rendre aux urnes pour élire les chevilles ouvrières de la construction européenne, désolé, je ne vois pas comment me sentir solidaires d’eux.

    • Autre chose qui me fait tiquer dans ton raisonnement, tu associe librisme et bénévolat. Pourtant il y a des entreprises qui développent des logiciels en open source et rémunèrent leurs développeurs.
      Sur Wikipédia j’ai trouvé ceci ;

      Si la nature du logiciel libre facilite et encourage son partage, ce qui tend à le rendre gratuit, elle ne s’oppose pas pour autant à sa rentabilité principalement via des services associés. Les rémunérations sont liées par exemple aux travaux de création, de développement, de mise à disposition et de soutien technique. D’un autre coté les logiciels gratuits ne sont pas nécessairement libres, car leur code source n’est pas systématiquement accessible, et leur licence peut ne pas correspondre à la définition du logiciel libre.

    • J’ai toute confiance en l’intelligence des contributeurs pour comprendre le fond du raisonnement : quand l’institution est antisociale, la technologie le devient.

      De quelle institution tu veux parler ? Si tu parle de l’institution « Europe » en quoi la technologie libériste est-t’elle concerné. Et si tu parle de l’institution « les gentils bénévoles du logiciel libre » que viens faire l’institution européenne la dedans et pourquoi l’attitude des uns implique le rejet des autres ? Les « gentils bénévoles du logiciel libre » sont tous membre du parlement européen, c’est cela que tu veux dire ? Et sinon si tu rejette l’outil si corrompu tu devrait éventuellement quitter @seenthis, car il me semble que c’est un outil construit par des « gentils bénévoles du logiciel libre » que tu dénonce ce matin avec toute ta brillante intelligence.

    • C’est vrai qu’il y a de quoi devenir #nihiliste. Toute participation à la société est rapidement transformée en #collaboration, via divers mécanismes de #récupération bien rodés et sans cesse renouvelés. Pour y échapper, il faudrait faire comme Grothendieck et partir vivre dans une cabane dans les Pyrénées. Même #Debord se retrouve à la Bibliothèque nationale…

      Dès lors que tu acceptes de sortir de ta #grotte, tu dois essayer de contribuer au bien commun, soutenir des gens et des causes qui font progresser les choses (cf. mon seen ce matin sur le traité pour les aveugles). Pour moi, ça peut passer par le #logiciel_libre et par sa critique.

    • De l’indignation à la tentation nihiliste, le fil est étroit...
      Si on veut la garantie que toutes nos contributions à l’espace collectif ne seront jamais dévoyées, il vaut mieux effectivement se cloîtrer dans sa solitude... Mais l’enjeu en vaut-il la peine ?

      Et finalement ce faisant, n’est-ce pas là le rêve de l’institution ? Des gens repliés sur eux mêmes qui n’interagissent que pour leurs besoins alimentaires et font ainsi vivre la machine, sans la moindre activité connexe qui pourrait parasiter le système marchand ?

      Ta posture est à l’opposé de celle-ci : http://seenthis.net/messages/150860
      Ok le convivialisme ça fait plus mièvre qu’une posture bien puriste, mais personnellement je trouve ça plus ambitieux..

    • Quelle institution ?

      La soumission à l’ordre capitaliste et financier de l’Europe est inscrite dans l’Acte Unique (Delors/Mitterrand) de 1986, la question ne se pose même plus, elle est constitutive de la technocratie bruxelloise et cette réalité s’impose à niveau constitutionnel.

      Pour s’en convaincre, relire ce qu’était le projet alternatif de l’époque, dit projet Spinelli http://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Spinelli auquel Mitterrand avait déclaré apporter son soutien pour ensuite mieux le couler avec la création du Marché Commun.

      On pouvait jusqu’à il y a encore peu que le virage procapitaliste, sécuritaire et identitaire du gouvernement et des collectivités locales français était un accident de parcours : on sait qu’il est désormais le ciment d’une classe politique qui, en bon capitaliste, organise sa justice de classe et sa succession dans son seul intérêt.

      Il n’est que temps de constater que désormais, c’est l’institution dans son ensemble, c’est à dire, toutes les institutions : de l’école à Pôle Emploi en passant par le gouvernement, la commission européenne, la CNIL et les autorités sanitaires qui sont les principaux ennemis du progrès social.

      L’institution dispose de nombreux monopoles d’usages légitimes : elle se renforce donc par la technologie, donc, par le logiciel libre, ou plutôt par sa banalisation.

      C’est la raison pour laquelle j’appelle les bénévoles du logiciel libre à cesser à présent de servir le Capital et de retourner vaquer à de plus utiles et sociales occupations.

      (Bien entendu, je ne m’imagine pas m’adresser aux capitalistes ordinaires ayant choisi de consacrer leur vie à la vente de services à d’autres capitalistes. Ceux-là se contenteront se vendre leur talent plutôt que leurs seuls muscles pour quelque menue monnaie à qui en voudra)

    • Bon alors tu conseil d’abandonner le logiciel libre mais pas le logiciel propriétaire et pas le logiciel tout court. Je ne comprend toujours pas pourquoi tu t’en prend en particulier aux libristes. Et quelle serait une activité utile et sociale que tu conseil à des programmeurs gentils ou pas, bénévoles ou pas et qui ne serait pas récupérable par les institutions que tu dénonce ?
      Le problème semble être que les institutions utilisent les logiciel libres, mais si les logiciels sont libre c’est possible qu’ils soient utiliser par n’importe qui. Est-ce que tu préférerait que les institutions n’utilisent que des logiciels propriétaires ? Je ne voie pas le probleme avec la banalisation du libre, je le trouve pas si banal perso. J’ai plutôt l’impression que ça serait plus gênant si par exemple l’éducation nationale achetait les programmes Disney ou Apple ou autre plutôt que d’utiliser ou d’acheter les logiciels libres sur lesquels on a au moins la possibilité de parfaire son outil. J’ai probablement pas tous les éléments pour comprendre ce que tu veux dire, tu sort une loi de 1986 c’est tres bien, mais pourquoi ce matin subitement tu dit ces étranges choses aux « gentils bénévoles du logiciel libre » ?

    • Tout d’abord, je motive mon abandon, en rase campagne et sans préavis, des projets auxquels je participe. Et j’invite ceux qui perdront leur temps à me lire à faire de même.

      ça ne fait donc rien aux anciens de Spip ici nombreux à voir quelles causes antisociales sert désormais Spip Agora ? N’y-a-t-il donc aucune conclusion à en tirer ? De quoi peut-on ensuite se plaindre quand on met de son plein gré son talent au service de l’exploitation ?

      Il y a sans doute bien mieux à faire qu’aider l’institution à faire son (sale) travail. Qu’ils emploient les logiciels qui leur conviendront pour cela, ce ne doit plus être l’affaire de quiconque. Et tant mieux si en passant ils se rendent compte être devenus les jouets de plus malins qu’eux : les détails de l’organigramme de nos dirigeants sont des détails sans intérêt pour le peuple qui désormais sait qu’il n’y a plus rien à attendre d’elle. Que l’ostracisme la frappe.

    • Sur le fond, je n’ai aucun doute sur le fait que l’institution fera son travail, avec ou sans SPIP. Qu’elle le fasse avec SPIP produit parfois quelques effets secondaires amusants.

    • #seenthis_bug : quelqu’un qu’on suit favorise un post ; ça le fait remonter dans la TL, super. Mais quand quelqu’un d’autre qu’on suit [aussi] favorise le même post à son tour, m’est avis qu’il n’est pas nécessaire de faire à nouveau remonter le post. Je ne sais pas si ce que j’écris est compréhensible ?