• La Thaïlande lance un visa spécial de 10 ans réservé aux télétravailleurs touchant au moins 6 500 dollars par mois – Libération
    https://www.liberation.fr/economie/economie-numerique/la-thailande-lance-un-visa-special-de-10-ans-reserve-aux-teletravailleurs
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    La Thaïlande lance un visa spécial de 10 ans réservé aux télétravailleurs touchant au moins 6 500 dollars par mois
    Le pays qui a vu sa manne touristique s’affaiblir à cause du Covid cherche à attirer de nouveaux visiteurs encore plus dépensiers : les « nomades numériques ». Plusieurs autres pays pourraient lui emboiter le pas.
    Les critères d’éligibilité au nouveau visa thaïlandais sont particulièrement sélectifs. (Sukree Sukplang/Reuters)
    par Arthur Quentin
    publié le 12 août 2022 à 19h23
    Télétravailler depuis une plage paradisiaque à Phuket. Et se perdre le week-end dans les Full Moon Party sans avoir à assumer sa gueule de bois le lundi au bureau. Peut-être certains salivent à l’idée de mener un tel mode de vie, mais sont contraints administrativement. Qu’ils regagnent espoir : dès septembre, la Thaïlande les accueillera à bras ouverts. Le royaume s’apprête à lancer un nouveau visa de 10 ans taillé sur mesure pour les « nomades numériques », ces télétravailleurs se sentant trop à l’étroit dans leur pays d’origine. Outre sa durée sans commune mesure, ce laissez-passer présente de nombreux avantages listés par le Conseil d’investissement thaïlandais dans une brochure. Ses futurs titulaires bénéficieront d’un permis de résidence et de travail dans le pays, d’un service « fast track » dans tous ses aéroports internationaux, et surtout d’un impôt sur les revenus n’excédant pas les 17 % (alors qu’il peut atteindre 35 % pour d’autres locaux). Un précieux sésame dont il sera possible de faire la demande dès le 1er septembre

    #Covid-19#migrant#migration#thailande#sante#pandemie#teletravail#nomadenumerique#visa#economie#immigration

  • L’Argentine souhaite attirer les nomades numériques
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/05/27/l-argentine-souhaite-attirer-les-nomades-numeriques_6127819_3234.html

    L’Argentine souhaite attirer les nomades numériques
    Le gouvernement vient de lancer un visa de six mois, renouvelable une fois. La ville de Buenos Aires en fait officiellement une stratégie depuis décembre 2020.Par Flora Genoux(Buenos Aires, correspondante)
    Publié aujourd’hui à 00h51, mis à jour à 09h24
    La veille, encore : restaurant. Le lendemain : brunch. Le soir : un afterwork, dans le quartier de Buenos Aires qui borde le rio de la Plata, Puerto Madero, et des verres sur un rooftop. Ensuite, chaque mois, une escapade est prévue aux quatre coins du pays : bientôt, les spectaculaires chutes d’Iguazu – à la frontière brésilienne –, puis Salta et ses montagnes colorées dans le Nord-Ouest. « On flambe », admet en souriant Ricardo (les personnes citées dont le nom n’apparaît pas ont souhaité garder l’anonymat), 28 ans, qui a quitté la Belgique avec sa compagne pour rejoindre l’Argentine, fin avril, comme « nomade numérique », pour six mois environ. Ses projets ne sont pas uniquement touristiques : la journée, il continue de travailler, totalement à distance, à raison de trente-deux heures hebdomadaires, comme administrateur des achats pour une entreprise néerlandaise. (...)Depuis le 10 mai et le lancement d’un visa qui leur est consacré – d’une durée de six mois, renouvelable une fois –, l’Argentine mise officiellement sur l’arrivée de ces nouveaux travailleurs dans le pays. « La pandémie de Covid-19 a accéléré tout ce qui, d’une façon ou d’une autre, allait finir par arriver », a justifié, lors de l’annonce, Florencia Carignano, directrice des services migratoires, en référence à ce nouveau profil de visiteurs. « Les personnes qui intègrent cette communauté ont entre 20 et 40 ans, la majorité d’entre elles ont un diplôme universitaire. On estime qu’elles consomment plus que les autres visiteurs : 6 000 dollars [5 670 euros] lors d’un séjour type », calcule le gouvernement.Buenos Aires, la ville d’arrivée des nomades, avait déjà formellement endossé cette stratégie au mois de décembre 2020, puis en novembre 2021, avec « la première conférence pour les nomades numériques d’Amérique latine ». Objectif : attirer 22 000 personnes correspondant à ce profil d’ici à 2023. La ville offre un « kit de bienvenue » à ces visiteurs, incluant, entre autres, une carte de transport et une carte SIM, des promotions dans différents hôtels. La manne espérée s’élève à 150 millions de dollars. Si le gouvernement affiche d’emblée son souhait de « générer un impact positif pour l’entrée de devises » dans un pays qui en a toujours cruellement besoin, les nomades, dans la majorité des Américains ou des Européens, selon les autorités, s’échangent les bonnes adresses pour obtenir des pesos sur le circuit parallèle. Le taux y est plus avantageux. Et les euros ou dollars échappent aux réserves officielles.
    « De toutes les manières, ces dépenses dynamisent l’économie, affirme Francisco Resnicoff, sous-secrétaire aux relations internationales au gouvernement de Buenos Aires. Et puis, ça positionne notre ville : les nomades parlent beaucoup, sur les forums, les réseaux, cela peut servir de tremplin pour attirer plus de touristes traditionnels et des congrès. » Après quasiment un an et demi de frontières fermées avec la pandémie, jusqu’en novembre 2021, l’activité touristique s’est de nouveau envolée. Le secteur est un des leviers de la reprise, selon le gouvernement. « [A Buenos Aires], nos atouts, c’est le coût de la vie, imbattable au regard de l’offre culturelle, gastronomique, en divertissement, mais aussi un climat agréable toute l’année », estime Francisco Resnicoff. Sur Nomad List, un site communautaire évaluant les destinations en permanence, Buenos Aires peut se hisser parmi les dix villes les plus recommandées. Même si la connexion Internet est mal évaluée par rapport à d’autres villes, et la sécurité moyennement. « On n’a pas la 5G, mais la qualité d’Internet est raisonnable », défend Francisco Resnicoff, en mettant en avant les efforts réalisés en matière de sécurité. Les vols à la volée à moto ont baissé de 51 % en 2021, en comparaison de 2019, selon les autorités.
    « Dans la bulle du quartier Palermo, tout va bien », estime David, un Américain de 38 ans, qui revient régulièrement à Buenos Aires depuis des années, en gérant à distance ses différentes affaires à Los Angeles et à Miami – dans l’immobilier et les voitures de collection. C’est dans ce quartier que se concentre une grande partie de l’offre gastronomique et culturelle, avec ses salles de concerts ou boîtes de nuit, tandis que les théâtres, autre attraction qui fait de Buenos Aires une ville enviée dans la région, s’étendent encore au-delà. Une sorte d’île dans la ville, où la joyeuse animation donne l’impression d’un pays sans inflation annuelle à 58 %, sans 37 % de pauvres.« On peut tout faire à pied, c’est génial », poursuit David, devant son cappuccino au lait d’amande, admettant un train de vie bien plus fastueux ici qu’aux Etats-Unis. Il travaille facilement avec son pays d’origine, le fuseau horaire restant proche, l’un des arguments de l’Argentine.Combien sont-ils à pianoter depuis un espace de coworking ou depuis un café à la mode ? Impossible de donner un chiffre exact, faute de catégorie administrative propre. « En 2019, on sait que 8 000 personnes venant des Etats-Unis ou d’Europe ont dépassé les trois mois de leur séjour comme touriste », remarque Francisco Resnicoff – c’est le cas de David, l’Américain, qui paie une amende en quittant ce pays peu regardant sur les règles migratoires, quand d’autres « nomades » trouvent un autre truchement : une brève visite dans un pays voisin avant d’atteindre les trois mois de séjour autorisés. Selon le site Nomad List, très observé par le gouvernement de la ville, 6 000 nomades se trouveraient actuellement dans la capitale argentine.Habitué aux vols low cost et aux courtes distances européennes, Ricardo s’étonne du prix élevé des billets sur le marché intérieur. Les tarifs prohibitifs sont aussi un frein pour la destination Buenos Aires à l’international, qui reste bien plus isolée qu’avant la pandémie : différentes compagnies ont choisi de lever leurs liaisons. Selon l’Association du transport aérien international (IATA), la connectivité aérienne actuelle de l’Argentine s’établit à 47 % de ce qu’elle était avant la pandémie. Et lorsque 954 vols internationaux quittaient l’Argentine chaque semaine en février 2019, 373 sont recensés, trois ans plus tard. Pour le jeune Belge, peu importe : « Maintenant que j’ai un pied en Amérique latine, mon idée est d’aller où bon me semble. »

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  • Les télétravailleurs, nouvel eldorado des pays en manque de touristes
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/04/13/les-teletravailleurs-nouvel-eldorado-des-pays-en-manque-de-touristes_6076537

    Les télétravailleurs, nouvel eldorado des pays en manque de touristes
    Par Marie Charrel. Les Bermudes, les Canaries, l’Estonie ou encore la Croatie tentent d’attirer ces profils pour compenser en partie l’effondrement du tourisme. Certains Etats accueillent tous les télétravailleurs, d’autres ne veulent que les plus aisés.
    Ce n’est pas le paradis, mais à l’écouter, ça y ressemble. « Nous nous réveillons avec le bruit des vagues et commençons la journée par une promenade sur la plage, raconte Carole Reed. Puis nous enchaînons les réunions sur Zoom dans notre bungalow, mais nous nous astreignons à refermer l’ordinateur à 17 heures pour aller nager dans l’océan. »
    Il y a un an, lorsque la pandémie a commencé, cette conseillère artistique vivait à New York avec son mari, responsable marketing, et leurs deux ados. En septembre 2020, face à la perspective d’être à nouveau confinés à quatre dans leur appartement, elle a choisi d’embarquer sa famille aux Bermudes. Sa fille a intégré le lycée local pour quelques mois, son fils suit les cours de son établissement new-yorkais en ligne. (...)Carole et sa famille n’ont pas choisi les Bermudes par hasard : l’archipel, également connu pour son statut de paradis fiscal, se démène pour attirer les personnes en télétravail, comme eux. En juillet 2020, il a lancé « Work from Bermuda », un certificat de résidence leur permettant de s’installer jusqu’à un an sur son sol, à condition de prouver qu’ils travaillent à distance pour une entreprise étrangère.
    Depuis quelques mois, de plus en plus de pays et régions dépendants du tourisme proposent le même genre de programme : Hawaï, Montserrat et Aruba dans la mer Caraïbes, l’île Maurice, le Costa Rica, la Géorgie, Buenos Aires…Certains Etats accueillent tous les télétravailleurs, sans distinction. D’autres ciblent les plus aisés : La Barbade, dans les Caraïbes, accueille seulement ceux qui gagnent plus de 50 000 dollars (42 000 euros) par an. Seuls ceux touchant plus de 5 000 dollars (4 200 euros) par mois peuvent postuler au visa créé par Dubaï, qui leur offre au passage une exonération de l’impôt local sur le revenu.L’Europe n’est pas en reste : l’Estonie, qui se targue d’être un pays ultra-connecté à défaut d’avoir du soleil, a placé la barre à 3 500 euros mensuels pour le sien. Et la Croatie, à 16 907,5 kunas par mois, soit 2 230 euros, pour pouvoir rester jusqu’à un an sur place – là encore avec une exonération d’impôt sur le revenu à la clé. « A terme, la Croatie pourrait attirer jusqu’à 50 000 travailleurs à distance toute l’année, rêve Jan de Jong, l’entrepreneur néerlandais qui a soufflé au gouvernement l’idée de créer ce permis de résidence pour nomades numériques. Pour un pays dont 20 % des revenus dépendent du tourisme, cela représente les prémices d’une nouvelle activité, plus durable. »
    Pour la Croatie, Hawaï ou les îles caribéennes, le pari, un peu désespéré, est le même : compenser au moins en partie l’effondrement du tourisme lié à la pandémie, en attirant certains des millions de salariés assignés au télétravail. En particulier ceux des pays industrialisés gagnant bien leur vie.
    « Le phénomène des nomades digitaux n’est pas nouveau, mais jusqu’ici, il s’agissait d’une communauté très particulière de jeunes, souvent indépendants, rejetant la routine de l’entreprise et changeant souvent d’endroit : beaucoup de ceux-là ont été contraints de rentrer chez eux avec la pandémie », analyse David Cook, anthropologiste au University College de Londres, spécialiste du sujet.Les nouveaux télétravailleurs ont un profil différent : « Ce sont plutôt des salariés incités à rester chez eux par leur entreprise en raison du Covid-19, et qui ont découvert que les réunions Zoom peuvent se tenir de n’importe où avec une bonne connexion Internet. »Dans les Canaries, Nacho Rodriguez, créateur de la plate-forme Repeople.co, travaille depuis six ans à la création d’une communauté de travailleurs à distance sur l’île de Gran Canaria. En collaboration avec l’office du tourisme et les autorités locales, il a créé des espaces de cotravail, organise des conférences et des campagnes de promotion sur le sujet. Il y a trois ans, l’île voisine de Tenerife a suivi : elle ne propose pas de visa spécifique mais offre un « passe de bienvenue » aux nouveaux arrivants, avec des réductions sur les activités sportives et des rencontres régulières, animées sur des groupes Facebook ou WhatsApp.Réseauter au soleil, randonner ou surfer après le travail : il n’en fallait pas plus pour convaincre Clodimir Bogaert de faire ses valises. Après le deuxième confinement, lorsque son entreprise DailyMotion est repassée en télétravail, il a quitté Paris, où il étouffait, pour quelques semaines à Fuerteventura, aux Canaries.
    (...) . La stratégie des Canaries, comme celle de la Croatie ou des Bermudes, n’est pas sans rappeler celle déployée par Lisbonne pour attirer les retraités français ou allemands sur son sol, notamment grâce à des avantages fiscaux.D’ailleurs, le Portugal mise aussi sur les nomades numériques : l’archipel de Madère vient de créer un « village » à Ponta do Sol pour les accueillir, avec un accès gratuit à un espace de travail, des activités et une aide pour le logement. Une centaine de candidats s’y sont déjà installés. « Ils profiteront de la beauté de l’île, mais ils contribueront aussi à la survie de nombreux commerces liés au tourisme », espère Micaela Viera, de Start-Up Madeira, l’incubateur d’entreprises impliqué dans le projet.
    Pour le moment, le poids macroéconomique des télétravailleurs est très loin de compenser la non-venue des touristes. Mais leur impact local n’est pas négligeable dans les quelques endroits prisés. « Lorsque les liaisons aériennes ont été suspendues, les seize appartements que je gère en front de mer se sont retrouvés vides », raconte Juancho Betancor, de Living Las Canteras, à Gran Canaria. Après des mois difficiles, il a réorienté son offre vers des locations à moyen terme en baissant un peu les prix, et a équipé les logements de matériel de bureau. Désormais, 90 % sont occupés par des télétravailleurs venus de toute l’Europe. Ils y restent plusieurs semaines, contre sept jours en moyenne pour les touristes traditionnels. (...)
    Du côté de Zagreb, la capitale croate, le phénomène suscite des vocations. Toutes deux salariées à Amsterdam, Anamarija Uzbinec et Dora Zane se sont installées en télétravail en Croatie, leur pays d’origine, au début de la pandémie. Leur situation personnelle leur a inspiré la création de Goingremotely.com, un site aidant les télétravailleurs à trouver un logement sur place. Barbara Loncaric Lucic et Suzana Livaja, elles, ont lancé Adriatic Sea Change, une entreprise qui aide les non-Européens à obtenir le visa croate pour nomades numériques, et à explorer la vie locale.
    Mais une fois la pandémie sous contrôle, les candidats au travail à distance seront-ils toujours aussi nombreux ? Difficile à dire. Beaucoup veulent néanmoins croire que le Covid-19 aura durablement changé les pratiques.
    « Le télétravail montait déjà avant, la pandémie a accéléré ce basculement : les entreprises ne pourront pas revenir complètement en arrière, d’autant qu’offrir cette flexibilité sera désormais un argument pour attirer les bons candidats », estime Clodimir Bogaert. Son employeur DailyMotion permet désormais à ses salariés de travailler jusqu’à trois mois par an à distance et à l’étranger, ou aussi longtemps qu’ils le souhaitent en France. De grands groupes, comme Facebook, Twitter et PSA, ont également annoncé qu’ils favoriseraient durablement le télétravail.Si cela se confirme, la bataille pour séduire les nouveaux nomades numériques ne fait que commencer. « Ces programmes lancés par des petits pays pour les attirer pourraient changer durablement la façon dont nous concevons les vacances, le travail, mais aussi la citoyenneté », conclut David Cook.

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