• #Charles_Stépanoff, #anthropologue : « Notre #nature_humaine, si elle existe, n’est pas renfermée sur elle-même mais s’ouvre sur l’altérité »
    https://www.lemonde.fr/livres/article/2024/09/11/charles-stepanoff-notre-nature-humaine-si-elle-existe-n-est-pas-renfermee-su

    Charles Stépanoff, anthropologue : « Notre nature humaine, si elle existe, n’est pas renfermée sur elle-même mais s’ouvre sur l’#altérité »
    L’anthropologue précise quelques points-clés de sa réflexion sur le fonctionnement des sociétés humaines élaborée dans son essai « #Attachements ».

    En rassemblant les résultats de ses enquêtes ethnologiques, l’anthropologue Charles Stépanoff compose avec Attachements une vaste fresque remettant en cause bien des acquis sur l’exceptionnalité humaine et la naissance des sociétés hiérar­chisées. Il répond aux questions du « Monde des livres » dans son bureau parisien, à côté du Collège de France.

    Lire aussi la critique | Article réservé à nos abonnés « Attachements » : habiter le monde autrement avec Charles Stépanoff

    Vous mettez en question l’idée que l’#Etat et la #hiérarchisation des ­sociétés humaines soient le fruit du passage à l’#agriculture, voire d’une « #révolution_céréalière ». Quel modèle alternatif proposez-vous ?
    Il ne s’agit pas de renverser tous les modèles explicatifs précédents, mais plutôt de les affiner, d’essayer de comprendre si les grands mécanismes qui établissent une corrélation directe entre la culture des céréales et les Etats sont valides. Or, on trouve des sociétés à Etats sans céréales, comme celles des steppes fondées sur le pastoralisme avec un impôt basé sur une ressource sauvage, à savoir les peaux des écureuils et des renards. Le plus grand Etat de la planète, la Fédération de Russie, s’est ainsi édifié sur la ­collecte des fourrures, héritage de la domination mongole, que les Russes ont ­ensuite retournée sur les peuples asiatiques. Les Etats à Hawaï sont fondés sur des économies à base de tubercules ou de cochons, donc sans céréales.

    Dans Attachements, je développe l’idée que notre nature humaine, si elle existe, n’est pas renfermée sur elle-même mais s’ouvre sur l’altérité. L’émergence des systèmes hiérarchiques passe par une altération des formes d’attachement. Chez les Indiens de la côte nord-ouest des Etats-Unis, par exemple, les nobles sont « hyperattachés » et possèdent l’exclusivité sur les liens avec l’invisible, les esprits de l’ours, du corbeau, des baleines. A l’inverse, à l’extrême bout de ­l’organisation sociale, on trouve les esclaves, qui sont « détachés » au sens où ils n’ont pas accès au monde spirituel et n’ont de rapport au monde que matériel. Selon la terminologie que j’emploie, les esclaves entretiennent un rapport « métabolique » avec le monde, qui relève de l’énergie, tandis que la noblesse acquiert le monopole sur les rapports « intersubjectifs » avec l’invisible ou les autres espèces. Ainsi, la différenciation ne s’opère ni par l’alimentation ni par l’économie, mais par la réorganisation des façons de s’attacher.

    Comment comprendre, dès lors, l’émergence de la domination ?
    On constate que l’homme a certes une tendance hiérarchique, mais également une tendance à l’égalité. On l’observe dans les sociétés humaines qui valorisent le partage et l’équité ; on le voit même chez les petits enfants, et cela a l’air d’être enraciné dans notre psychologie. Il n’en va pas de même avec les autres grands singes, chez qui on voit des formes d’organisation uniquement despotiques, des « mâles alpha » qui s’approprient une grande partie des femelles et toute la nourriture. Ce comportement tyrannique se retrouve en particulier chez les chimpanzés. Le chef, dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs, n’est pas celui qui tape ou crie le plus fort, mais celui qui organise le partage et prétend assurer le bien-être grâce à ses relations avec les esprits et les dieux. Les humains ont besoin de s’appuyer sur quelque chose d’autre que le rapport de force interhumain afin d’asseoir des systèmes hiérarchiques pérennes.

    Dans l’ensemble de votre œuvre, vous insistez sur le rapport à ­l’invisible, aux dieux. Cherchez-vous à retrouver la vérité aussi dans le ­mythe ?
    Il ne s’agit pas de considérer que le ­mythe aurait raison sur la science. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt d’observer des convergences entre celui-ci et les recherches les plus complexes, par exemple en génétique, en archéologie ou en botanique, qui nous parlent de coévolution entre les humains et les espèces animales ou végétales ainsi qu’avec les paysages. En réalité, la science académique et la science vernaculaire peuvent renouer des dialogues, parce que chez l’une et chez l’autre il y a une prise en compte des relations écosystémiques.

    Dans la pensée mythique, l’« agentivité », l’initiative d’entités autres qu’humaines, est toujours manifeste. D’où le « #pacte_domestique » conçu comme une forme d’alliance passée entre humains et #non-humains, ce qui implique que les premiers ne peuvent outrepasser leurs droits, sinon il y aurait un risque de rupture de ce pacte. Il s’agit d’un engagement réciproque.

    Concevez-vous votre livre comme une critique de la modernité ?
    Oui, et cette critique est présente dans beaucoup de sciences sociales, et en particulier dans l’anthropologie, à cause du simple fait que celle-ci remet en cause ce que l’on croit être des universaux et qui sont en fait des provincialismes de nos sociétés occidentales modernes. Je distingue néanmoins un universel dans ­notre capacité d’adopter et de créer des liens de parenté avec d’autres êtres vivants. Ce côté « pot de colle » des hommes est peut-être plus universel que le langage rationnel, le logos, la raison.

    REPÈRES
    1978 Charles Stépanoff naît à Paris.

    1999 Etudes de lettres et de philosophie à l’Ecole normale supérieure.

    2001 Il étudie un an à ­l’université Herzen de Saint-Pétersbourg (Russie).

    2002 Il commence une série d’enquêtes ethnologiques chez les Touvas et les Khakasses, peuples ­turcophones de Sibérie du Sud.

    2007 Thèse sur le ­chamanisme chez les Touvas.

    2008 Maître de conférences à l’Ecole pratique des hautes études, à la chaire Religion de l’Asie septentrionale et de l’Arctique.

    2019 Voyager dans l’invisible (La Découverte).

    2021 L’Animal et la Mort (La Découverte).

    2021 Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, ­membre du Laboratoire d’anthropologie sociale fondé par Claude Lévi-Strauss.

    Nicolas Weill

  • Animaux sauvages en ville : quelles cohabitations ?

    Quelles #cohabitations avec la #faune_sauvage en #ville ? Pour interroger les relations parfois conflictuelles entre #humains et #animaux, ce numéro spécial réunit huit textes sur les #animalités_urbaines avec des cas d’étude – et récits fictionnels – portant sur des #renards, des #sangliers, des #vaches, des #vers_luisants et d’autres #insectes au sein d’espaces urbains et périurbains. S’intéressant à la place que les animaux occupent et aux spatialités qu’ils génèrent ainsi qu’aux relations qui se nouent autour et avec eux, les contributions apportent des éclairages sur les formes plurielles et ambivalentes que prend l’expérience négociée de la #cohabitation entre humains et animaux dans la ville.

    https://www.alphil.com/livres/1372-1671-geo-regards-n-16-2023.html
    #géographie_urbaine #urban_matter #ressources_pédagogiques #non-humains

  • #More_than_human_rights

    The More Than Human Rights Project (MOTH) is an initiative of Earth Rights Advocacy at New York University School of Law.

    Climate change, biodiversity loss, toxic pollution. We know that this current state of affairs is not sustainable – certainly not in the long-term and, as we’re seeing in the increasingly severe impacts of the climate and biodiversity emergencies, not even in the short to medium-term, either.

    To get to the heart of this problem, we need to develop, refine, and mainstream paradigms, norms, strategies, activities, and thought leadership that create a pathway for re-embedding humanity within the larger web of life that nourishes and sustains us.

    What ideas, norms, and actions might those be? What types of activities would trigger the larger cultural shifts needed to heal the rift between humanity and the more than human world? Who do we need on board?

    MOTH is a long-term effort to document, discuss, disseminate, and advance ideas, strategies, partnerships, and practices that offer creative and rigorous answers to these pressing questions and others. It is centrally concerned with providing an experimental platform for ideas and partnerships in this area that have transformative potential but currently lack the resources, mainstream acceptance, visibility, or opportunity to realize it in practice.

    We deploy a mycelial mode of thinking: we connect different parts of the more-than-human rights field, bolstering individual actors’ work while cohering a larger community of practice and knowledge – much like mycelial networks are often the foundational builders of rich and complex ecosystems.

    https://vimeo.com/847371986


    https://mothrights.org/about
    #humains #non-humains #droits #changement_climatique #climat #pollution #biodiversité

  • L’ère de la standardisation : conversation sur la Plantation, Anna Lowenhaupt Tsing, Donna Haraway
    https://www.terrestres.org/2024/02/23/lere-de-la-monoculture-et-de-la-standardisation-conversation-sur-la-plan

    [Donna Haraway] D’une certaine manière, la notion de #Plantationocène nous force à prêter attention aux cultures qui se sont constituées autour de la nourriture et de la #plantation en tant que système de #travail forcé multi-espèces. Le système de la plantation accélère la temporalité même des générations. La plantation perturbe en effet les successions de génération pour tous les acteurs·trices humains·es et non humains·nes. Elle simplifie radicalement leur nombre et met en place des situations favorisant la vaste prolifération de certain·es et l’élimination d’autres. Cette façon de réorganiser la vie des espèces favorise en retour les épidémies. Ce système dépend d’un certain type de travail humain forcé, car si jamais la main-d’œuvre peut s’échapper, elle s’enfuiera de la plantation.

    Le système de la plantation nécessite donc soit un génocide ou l’exil forcé d’une population, ou encore un certain mode d’enfermement et de remplacement de la force de travail locale par une main d’œuvre contrainte venant d’ailleurs. Cela peut être mis en place par des contrats bilatéraux mais quoiqu’il en soit asymétriques, soit par de l’esclavage pur et simple. La plantation dépend ainsi par définition de formes très intenses de #travail_forcé, s’appuyant aussi sur la sur-exploitation du travail mécanique, la construction de machines pour l’exploitation et l’extraction des êtres terrestres. Je pense d’ailleurs qu’il est essentiel d’inclure le travail forcé des #non-humains – plantes, animaux et microbes – dans notre réflexion.

    Dès lors, lorsque je réfléchis à la question de savoir ce qu’est une plantation, il me semble qu’une combinaison de ces éléments est presque toujours présente sur les cinq derniers siècles : simplification radicale ; remplacement de peuples, de cultures, de microbes et de formes de vie ; travail forcé. Plus encore peut-être que ces éléments, la plantation repose en outre sur le bouleversement des temporalités qui rendent possible la succession des générations, la transmission et le passage d’une génération à l’autre pour chaque espèce, y compris pour les êtres humains. J’évite le mot reproduction à cause de son aspect productiviste, mais je veux souligner l’interruption radicale de la possibilité de prendre soin des générations et, comme Anna me l’a appris, la rupture du lien avec le lieu – la capacité d’aimer et de prendre soin des localités est radicalement incompatible avec la plantation. En pensant à la plantation, toutes ces dimensions semblent être constamment présentes à travers diverses configurations.

    Anna Tsing : J’ajouterai brièvement que le terme plantation m’évoque l’héritage d’un ensemble bien particulier d’histoires convoquant ce qui s’est passé après l’invasion européenne du Nouveau Monde, notamment la capture d’Africain·es comme main-d’œuvre asservie et la simplification des cultures pour forcer les travailleurs·euses asservi·es à devenir des travailleurs·euses agricoles. Dans de nombreuses petites exploitations agricoles indépendantes, des dizaines de cultures agricoles différentes peuvent être pratiquées et exiger du soin de la part des agriculteurs-trices qui se préoccupent de chacune d’elles. En concevant à l’inverse des systèmes reposant sur du travail forcé et contraint, l’agriculture en est venue à reposer sur des simplifications écologiques.

    #histoire #mise_au_travail #capitalisme #anthropocène #capitalocène #écologie

  • #Propriété_collective des #terres : « Des espaces de résistance face à l’agriculture industrielle et capitaliste »

    basta ! : Dans le secteur agricole, on compte seulement une installation pour deux à trois cessations d’activité, alors qu’un agriculteur sur quatre doit partir à la retraite d’ici 2030. L’accès à la terre est-il le frein principal à l’activité agricole en France ?

    Tanguy Martin : L’accès à la terre est clairement un frein, économique d’abord. La terre, selon les régions, peut coûter assez cher. S’y ajoutent les coûts des bâtiments, du cheptel, des machines, dans un contexte où les fermes n’ont cessé de grandir en taille depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Il y a aussi un principe de défiance : c’est plus facile de vendre ses terres, ou de les louer à son voisin qu’on connaît depuis très longtemps, qu’à quelqu’un qu’on ne connaît pas, qui peut vouloir faire différemment, non issu du territoire... Or, 60 % des gens qui veulent s’installer aujourd’hui ne sont pas issus du milieu agricole. Les freins administratifs se combinent à ce parcours du combattant.

    Aujourd’hui l’accès à la terre se fait par le marché : les terres sont allouées aux gens capables de rentabiliser une ressource, et pas forcément aux gens capables de nourrir un territoire ou de préserver un environnement.

    À partir de quel moment la terre agricole est-elle devenue une marchandise ?

    Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la terre est restée un bien de prestige et de pouvoir à travers lequel on maîtrise la subsistance de la population. Mais après 1945, l’agriculture est entrée dans le capitalisme : on commence à faire plus de profit avec la terre et la production de nourriture, voire à spéculer sur le prix de la terre.

    La terre est même depuis devenue un actif financier. Aujourd’hui, les sociétés dites à capitaux ouverts (financiarisées), dont le contrôle peut être pris par des non-agriculteurs, ont fait main basse sur 14 % de la surface agricole utile française. C’est plus d’une ferme sur dix en France [1]. Le phénomène a doublé en 20 ans !

    Peut-on vraiment parler de spéculation sur les terres en France alors même que le prix stagne en moyenne à 6000 euros par hectare depuis plusieurs années ? Il est quand même de 90 000 euros par hectare aux Pays-Bas !

    Depuis quelques années, le prix de la terre stagne et on pourrait en conclure qu’il n’y a pas de spéculation. En réalité, le prix de la terre a globalement augmenté en France sur les 20 dernières années.

    Actuellement, ce prix augmente dans certaines régions et baisse dans d’autres. Les endroits où l’on peut spéculer sur la terre sont globalement ceux où l’agriculture s’est industrialisée : les zones céréalières dans le centre de la France, de betteraves en Picardie, de maïs dans le Sud-Ouest... Là, le prix de la terre continue à augmenter.

    En revanche, il y a des endroits en déprise, notamment les zones d’élevage comme le Limousin, où le prix de la terre peut baisser. Les prix augmentent aussi à proximité des villes et des zones touristiques, où la terre risque de devenir constructible.

    En France, ce sont les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) qui sont en charge de réguler le marché des ventes des terres agricoles. Elles sont très critiquées. Que faut-il faire de ces organisations ?

    Les Safer ont participé à limiter les inégalités d’accès à la terre et un prix de la terre relativement bas en France. C’est vrai, même s’il y a d’autres explications aussi, comme la plus faible valeur ajoutée produite par hectare en France.

    Pour autant, les Safer doivent encore évoluer pour pouvoir répondre aux enjeux alimentaires et agricoles du 21e siècle, il faut arriver à démocratiser leur gouvernance. Celles-ci restent aujourd’hui très liées aux décisions du syndicalisme majoritaire (de la FNSEA, ndlr). Les Safer doivent aussi devenir plus transparentes. Actuellement, les réunions de décision se tiennent à huis clos : c’est censé protéger les gens qui prennent les décisions pour qu’ils soient éloignés de certaines pressions, mais cela crée une opacité très délétère pour l’institution.

    Un autre élément à revoir, c’est la façon dont on fixe les objectifs politiques des Safer. Ces dernières, quand elles achètent une terre, doivent la revendre à la personne qui répond aux objectifs politiques qui sont notamment fixés dans des documents nommés « schémas directeurs régionaux des exploitations agricoles ».

    Ces documents, écrits par l’État et validés par arrêté préfectoral, décrivent quel type d’agriculture vont viser les Safer et d’autres instances de régulation foncière. Or, ces documents, du fait que le syndicat majoritaire est largement consulté, défendent plutôt la prolongation de l’agriculture vers son industrialisation. Il y a donc un enjeu à ce que ces documents soient écrits pour défendre une agriculture du 21e siècle qui défend l’agroécologie, et des paysannes et paysans nombreux sur les territoires. À ces conditions-là, il n’y a pas de raison de vouloir se passer des Safer.

    Le fait que nous ayons un système qui alloue la terre, non pas en fonction de l’offre et de la demande, mais en vertu d’un projet politique censé répondre à l’intérêt général, est un trésor inestimable en France qu’il faut absolument garder.

    En creux de votre ouvrage se pose la question du rapport à la propriété. Est-il possible de dépasser le modèle du paysan propriétaire ?

    Sur le principe, rien ne justifie le fait qu’à un moment, une personne ait pu dire « cette terre m’appartient ». La terre étant à la fois un lieu d’accueil du vivant et le lieu où l’on produit la nourriture, on peut estimer que la propriété de la terre doit être abolie. Sauf que, dans une société très attachée à la propriété privée, cela paraît utopique.

    Prenons donc le problème d’une autre façon, et voyons ce qu’on peut déjà faire à court terme. Il faut avoir en tête que les agriculteurs ne sont pas majoritairement propriétaires des terres qu’ils travaillent : 60 % de cette surface est louée dans le cadre du fermage. Il y a même des paysan·nes qui décident parfois de ne pas acheter la terre et préfèrent la louer pour éviter de s’endetter.

    D’autre part, on dispose d’une régulation foncière selon laquelle la terre n’est pas une marchandise comme les autres et ne doit pas être uniquement dirigée par le marché. Ces mécanismes juridiques permettent à l’État, aux collectivités locales et aux syndicats agricoles, de définir ensemble qui va accéder à la terre indépendamment du fait que ces personnes soient riches ou pas.

    On a là un embryon qui pourrait faire imaginer un droit de l’accès à la terre en France institué en commun. Il faut renforcer et orienter ces mécanismes – qui ont plein d’écueils ! – vers des enjeux d’alimentation, d’emploi, d’environnement... Chercher à démocratiser la question de l’accès à la terre et « le gouvernement des terres », c’est à la fois une capacité à se prémunir des effets mortifères du capitalisme, et cela permet de penser comment on pourrait gérer les terres autrement.

    Le capitalisme n’est pas une fatalité : il y a d’autres manières d’être au monde, de produire de l’alimentation, de vivre, de sortir d’un monde où le but n’est que la recherche du profit. C’est comme quand on milite pour la sécurité sociale de l’alimentation : la Sécurité sociale en 1946 n’a pas renversé le capitalisme, mais elle a créé des espaces de répits face au capitalisme, extrêmement importants pour que les gens vivent bien et envisagent de transformer la société.

    Le livre dresse un panorama des organisations qui travaillent au rachat des terres pour les mettre à disposition de paysan·nes répondant à des critères socio-environnementaux, avec des règles transparentes d’attribution de l’accès au foncier. Les surfaces acquises restent toutefois modestes. Peut-on uniquement compter sur ce type d’initiatives ?

    Les gens qui s’intéressent à la terre aujourd’hui ont bien compris qu’on n’allait pas abolir la propriété privée demain. Ils ont aussi compris que s’ils voulaient expérimenter d’autres manières de faire de l’agriculture et de l’alimentation, il fallait accéder à la propriété des terres.

    L’idée de la propriété collective, ce n’est pas l’abolition de la propriété privée, mais que des gens se mettent ensemble pour acheter de la terre. C’est ce que fait Terre de Liens en louant ensuite la terre à des paysan·nes qui mettent en œuvre des projets répondant aux enjeux de société, d’emploi, d’environnement, d’entretien du territoire... Mais c’est aussi ce que font d’autres structures de propriété foncière – la Société civile des terres du Larzac, la Terre en commun sur la Zad de Notre-Dame des Landes, Lurzaindia dans le Pays basque, la foncière Antidote, et bien d’autres.

    Tout un tas de gens essaient d’acheter des terres pour en faire des espaces de résistance face à l’agriculture industrielle et capitaliste. Cela permet d’imaginer d’autres rapports à la propriété. Ce sont des lieux d’expérimentation très importants pour susciter de nouveaux imaginaires, apprendre à faire autrement, créer de nouvelles manières d’être au monde.

    Le problème de ces lieux-là, c’est qu’ils ne peuvent pas permettre un changement d’échelle. Cela ne peut pas être la solution de sortie des terres du capitalisme. Comme elles n’abolissent pas la propriété, s’il fallait racheter toutes les terres, cela coûterait des centaines de milliards d’euros.

    Par ailleurs, ces terres ne sont pas à vendre à court terme – une terre se vend en moyenne tous les 75 ans. D’où la nécessité de faire à la fois des expérimentations de propriété collective, tout en ravivant la question de la régulation foncière pour sortir l’agriculture du capitalisme.

    En quoi la lutte de Notre-Dame des Landes, victorieuse en 2018, a reconfiguré les luttes, notamment anticapitalistes, autour des terres ?

    La question agricole et foncière, en France et même en Europe, était très peu investie par les milieux anticapitalistes. L’activisme des gens qui vont s’installer dans la Zad, les coopérations menées avec des syndicats agricoles comme la Confédération paysanne, ont – non sans débats houleux et conflits internes – mené à une lutte assez exemplaire sur un territoire.

    La répression peut être énorme, mais la capacité de résistance aussi. Cette lutte a produit des façons de faire sur le territoire – en termes d’habitat, d’agriculture collective, de vivre ensemble – inspirantes pour toute une génération militant contre le néolibéralisme et le capitalisme. Beaucoup de milieux politiques aujourd’hui parlent de subsistance, d’alimentation, de terres.

    Notre-Dame des Landes marque aussi le fait qu’avec de moins en moins d’agriculteurs dans la société (2,5 % des gens sont des travailleurs de la terre dont 1,9 % sont des agriculteurs au sens légal), les enjeux agricoles ne peuvent être uniquement du ressort des luttes paysannes. La centralité de ces luttes doit être partagée avec d’autres types d’acteurs politiques, notamment des gens qui habitent le territoire sans être forcément paysans.

    La dynamique des Soulèvements de la Terre est-elle un prolongement de Notre-Dame des Landes ?

    En effet, il me semble que Notre-Dame-des-Landes est une inspiration forte de la pensée qui s’agrège autour des Soulèvements, mouvement riche de sa pluralité. Les Soulèvements montrent que les espoirs nés de l’expérimentation à Notre-Dame-des-Landes sont possibles partout et qu’il va falloir faire différemment dans tous les territoires – chaque endroit ayant ses spécificités.

    Les questions de rapport à la terre ont aussi émergé dans l’espace politique des années 1990, avec les luttes au Chiapas, au Mexique, qui continuent d’inspirer les milieux politiques en Europe et en France. Cette circulation des imaginaires de luttes permet de penser des mondes différemment. Les Soulèvements arrivent à fédérer de manière assez importante et repolitisent très clairement ces questions de la terre. Ils portent ces questions sur tous les territoires qui ont envie de s’en emparer en disant : « C’est possible aussi chez vous ».

    Peut-on sortir l’agriculture du capitalisme ? Pour Tanguy Martin, auteur de Cultiver les communs, il faut combiner les expérimentations de propriété collective tout en s’attachant à la régulation foncière.

    https://basta.media/Propriete-collective-des-terres-des-espaces-de-resistance-face-a-l-agricult
    #agriculture #résistance #capitalisme #accès_à_la_terre #terre #financiarisation #spéculation #Sociétés_d’aménagement_foncier_et-d’établissement_rural (#Safer)

  • Dans un village du Morbihan, les vagues sont bien gardées
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/dans-un-village-du-morbihan-les-vagues-sont-bien-gardees-7009885.php

    Le littoral s’érode. Mais les vagues subissent, elles aussi, les conséquences de la surexploitation humaine, jusqu’à parfois disparaître. À Saint-Pierre-Quiberon, un projet de réserve participe du changement de perspective vis-à-vis de la nature.
    Protéger les vagues, comme on protège des rivières, des forêts, des espèces fragilisées par l’action humaine. En février, le conseil municipal de Saint-Pierre-Quiberon, dans le Morbihan, a voté la création de la première « réserve de vagues » en France : un périmètre préservé de toute intervention humaine, pour sauver « la biodiversité des vagues, afin qu’elles ne disparaissent pas des paysages de la côte sauvage ».

    On les croit invincibles, éternelles ? Les vagues subissent, elles aussi, les ravages de la surexploitation du vivant. Telle celle de Mundaka, au Pays basque espagnol, la « meilleure vague européenne » dixit les surfeurs, évanouie en 2003 après une opération de dragage de sable.

    Le projet français de réserve est né sous l’impulsion d’un surfeur justement, le breton Erwan Simon, cofondateur de l’association France Hydrodiversité. Après tout, qui saurait mieux jauger et comprendre les vagues… Jour après jour, et de saison en saison, le surfeur évalue les combinaisons des marées, du vent, de la houle ; il observe chaque remous, il s’y connecte. Il sait, aussi, que les vagues et les éléments naturels (notamment le sable) co-construisent le littoral, que les uns ne peuvent vivre sans les autres (hommes y compris !) dans ce monde aux multiples perspectives – les diverses « voix » de la Terre.
    Y prêter attention, en prendre soin, dialoguer avec les vagues, la houle, le sable : le changement de perspective proposé par cette réserve de vagues n’a rien d’anecdotique. Ce qui s’y joue participe d’un immense basculement culturel en marche, à l’écoute de ce que nous disent les sciences, les surfeurs et les autres « gardiens » de la Terre. Où il s’agit de donner la priorité à la vie, et aux générations futures.

    #Communs #Non-humains #Vagues #Littoral

  • Dans le Morbihan, la première « réserve de vagues » de France
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/13/dans-le-morbihan-la-premiere-reserve-de-vagues-de-france_6121892_3244.html

    La commune de Saint-Pierre-Quiberon reconnaît les vagues de la côte sauvage comme « un patrimoine unique et une ressource naturelle, sportive, socio-économique et culturelle » et veut les protéger.

    Mais les vagues seront-elles toujours là, inchangées, dans dix ans ? Cinquante ans ? Cent ans ? Etaient-elles d’ailleurs les mêmes il y a dix, cinquante ou cent ans ? « C’est un angle mort des politiques et des recherches environnementales, explique Grégoire Touron-Gardic, chercheur spécialisé dans les aires marines protégées à l’université de Portsmouth (Royaume-Uni). Les vagues ne sont pas du vivant, donc pas préservées au nom de la biodiversité, et sans existence juridique. Et, pourtant, elles sont du mouvant, apportent de l’oxygène et des sédiments pour la faune et la flore, s’inscrivent dans une culture, une économie, créent une attractivité. » Et, surtout, elles sont « uniques à ce territoire », précise le surfeur Erwan Simon, soulignant que « chaque vague a son identité, son ADN ».

    Ensemble, avec le géologue breton Frédéric Habasque, ils ont créé l’association France Hydrodiversité pour valoriser ce « bien commun méconnu », et ont porté devant le conseil municipal de la ville de Saint-Pierre-Quiberon leur idée : la création de la première « réserve de vagues » en France. Un « projet pilote », validé en février par la commune, dont l’objectif est de « préserver et promouvoir la richesse et la qualité des vagues ».

    Ce projet inédit « montre l’évolution des mentalités en matière d’environnement et la prise d’initiative des citoyens », souligne François Mandin, enseignant chercheur au Centre de droit maritime et océanique de l’université de Nantes. « Si, aujourd’hui, cette réserve n’a aucune base légale, elle peut lancer la discussion et, en cas d’acceptation sociale large, ouvrir la voie à une forme de reconnaissance d’existence pour les vagues », explique le spécialiste.

    Un besoin d’autant plus urgent pour France Hydrodiversité qu’il existe aussi « toutes les menaces que nous ne sommes pas encore capables de mesurer », rappelle le chercheur Grégoire Touron-Gardic. « Outre la pénurie de sable qui risque de s’accentuer, il y a évidemment l’inconnu des effets du réchauffement climatique sur les vagues », abonde l’océanographe Bruno Castelle. Le changement climatique fait en effet grimper la température et le niveau des océans, et intensifie les épisodes de vent fort et de houle.

    A Quiberon, pourtant classé Natura 2000 et labellisé depuis 2018 par le ministère de la transition écologique comme Grand Site de France, la conscience de cette fragilité « est derrière toute notre action politique et notre philosophie collective », explique l’édile Stéphanie Doyen. A quelques kilomètres de sa mairie, le trait de côte de l’isthme de Penthièvre, seule attache terrestre au continent, se fait grignoter chaque année par l’océan. Par grandes marées, la langue de roches et de sable ne fait plus que 22 mètres de large. « Ici, plus qu’ailleurs, on sait ce qu’on risque de perdre en ne protégeant pas ce qu’on a », conclut l’élue.

    #Communs #Nature #Vagues #Non-humains

  • #Résurgence holocénique contre plantation anthropocénique

    La « soutenabilité » est le rêve de transmettre une #terre_habitable aux générations futures, humaines et non-humaines. Cet article soutient qu’une soutenabilité digne de ce nom exige la #résurgence d’un modèle multi-espèces, en résistance aux tendances de la #colonisation_capitaliste qui transforme tout en #plantations de #monoculture. Pour affronter les défis de l’Anthropocène, nous devons faire davantage attention aux #socialités qui se trament entre les espèces, socialités dont nous dépendons tous. Aussi longtemps que nous maintenons une séparation imperméable entre nous et tout ce qui n’est pas humain, nous faisons de la soutenabilité un concept cruel relevant de l’#esprit_de_clocher. Nous perdons de vue le tramage commun qui rend possible la vie sur Terre des #humains avec les #non-humains. De toutes façons, maintenir cette #séparation ne fonctionne pas : les efforts des investisseurs pour réduire tous les autres êtres au statut d’actifs ont généré de terrifiantes écologies, que je qualifie ici de #proliférations_anthropocéniques.

    https://www.cairn.info/revue-multitudes-2018-3-page-77.htm
    #soutenabilité #anthropocène #humain #non-humain #Anna_Tsing #écologie #extinction #prédation #matsutake

  • Les #déplacés de l’#accident de #Fukushima. : Les conséquences sociales et sanitaires, et les #initiatives_citoyennes.

    La situation des déplacés de Fukushima est complexe et mouvante. Ce projet se focalise sur les sinistrés de l’accident nucléaire hors zones d’#évacuations_forcées, qui sont les moins audibles dans les recherches existantes. La situation locale évoluant extrêmement rapidement, tant au niveau institutionnel qu’aux niveaux familial et individuel, nous avons décidé de recourir à la #recherche-action c’est-à-dire en coopération étroite avec les groupes de citoyens, pour partager leurs connaissances fines et suivies du terrain. Nous avons sélectionné un terrain permettant d’appréhender des régions à la fois lointaines et proches du département de Fukushima, la #distance semblant discriminante a priori des attaches au département et de la conscience du #risque. Des entretiens biographiques réalisés par une équipe franco-japonaise pluridisciplinaire permettront de saisir le parcours des individus, qui se tracerait dans les trames tissées par les cadres institutionnels, leurs liens aux connaissances « scientifique » et « profane » de la #radioactivité, et leurs expériences biographiques. Ces entretiens permettront aussi d’aborder l’individualisation de la gestion du risque, ses aspects psychologiques et juridiques.

    https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00967033
    #santé #nucléaire #catastrophe_nucléaire #IDPs #déplacés_internes #migrations

    Et d’autres publications de #Marie_Augendre :
    https://hal.archives-ouvertes.fr/search/index/q/*/authFullName_s/Marie+Augendre/sort/producedDate_tdate+desc
    ping @reka

  • Suivre la forêt. Une entente terrestre de l’action politique | Lena Balaud et Antoine Chopot
    https://www.terrestres.org/2018/11/15/suivre-la-foret-une-entente-terrestre-de-laction-politique

    Qu’est-ce qu’une action politique ? Nous la reconnaissons à ces trois éléments : c’est faire effraction dans un ordre donné, interrompre localement cet ordre, et commencer un autre processus, en écart avec cet ordre.

    Que peut devenir l’action #politique lorsque les collectifs humains ne peuvent plus être considérés comme les seuls « acteurs », les seuls participants du monde que nous habitons ? Partir du motif de l’#alliance entre des humains et des #non-humains nous oblige à requestionner ce en quoi elle consiste.

    Parler d’une alliance, c’est d’abord dire et reconnaître que nous ne sommes pas seuls : une solidarité existentielle nous attache aux autres, humains et non-humains, et nous partageons une vulnérabilité commune face à l’impasse écologique. Mais comment actualiser cette solidarité de fait ? Cela passe par reconnaître, de manière encore plus cruciale, que nous ne sommes pas seuls à pouvoir transformer la situation présente : peut-être y a-t-il effectivement, dans une compréhension écologique du monde, bien d’autres puissances d’agir que les puissances humaines à pouvoir interférer, intervenir et remédier à la situation présente.

    D’autres manières de faire, de se relier, de se protéger, de soigner peuvent être convoquées : des manières animales, végétales, sylvestres, bactériennes, fongiques, sont à l’œuvre pour fabriquer des mondes vivables. Il nous faut moins les fantasmer qu’apprendre à les connaître, à les rencontrer, à les défendre, à les amplifier, dans leurs spécificités. « Réparer les dégâts humains ne peut jamais advenir selon la seule action humaine », nous enseigne l’anthropologue des plantes Natacha Myers. Après des coupes rases, seules les forêts savent recréer des #forêts, des sols vivants et résilients, pour les humains mais aussi pour une multitudes d’autres êtres. De même que l’émancipation d’esclaves par le marronnage a reposé sur des alliances avec des puissances d’agir non-humaines, les voies de sortie du capitalisme et de l’#Anthropocène n’existent pas sans les capacités propres de ces autres êtres à fabriquer des mondes habitables.

  • Découverte en Chine de la plus vieille trace de soie | Passeur de sciences
    http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2017/01/12/decouverte-en-chine-de-la-plus-vieille-trace-de-soie

    Dans une étude publiée en décembre par PLOS One, une équipe chinoise explique avoir détecté, dans des tombes du site de Jiahu, les plus vieilles traces de soie de la préhistoire, qui dateraient de plus de 8 500 ans ! On savait que l’homme se taillait des vêtements dans des peaux de bêtes depuis des dizaines voire des centaines de milliers d’années et qu’il utilisait aussi des fibres végétales et de la laine pour en faire du tissu depuis environ 30 000 ans. On savait également que la soie était déjà présente en Chine depuis au moins le milieu du IVe millénaire av. J.-C., mais l’étude de PLOS One lui fait faire un spectaculaire bond dans le passé de trois mille ans.

    #histoire #domestication #non-humains #préhistoire #archéologie #insectes

  • Faut-il tuer ces rats que Paris ne saurait voir ? (Et qui éliminent des tonnes de déchets accumulés par les humains !)

    On s’acharne contre ceux que l’on appelle des animaux « liminaires ». Ni domestiques ni sauvages, ils vivent avec nous en ville. Mais pourquoi l’espace urbain serait-il réservé aux êtres humains ?

    Nous devons à Sue Donaldson et à Will Kymlicka, connus l’une pour ses études sur les droits des animaux, l’autre pour ses travaux sur le multiculturalisme, d’avoir remis en cause la distinction binaire entre les animaux domestiques et les animaux sauvages en définissant une troisième catégorie, celle des animaux « liminaires ». Dans Zoopolis, dont la traduction française vient de paraître aux éditions Alma, les deux philosophes observent qu’il existe « une grande variété d’espèces non domestiques qui se sont adaptées aux espaces habités par les humains », soit que ces animaux trouvent quelque avantage à vivre parmi nous (nourriture, abri, protection contre les prédateurs, etc.), soit que nous ayons occupé, encerclé ou détruit leur habitat naturel.

    Prisonniers de la distinction que nous avons établie entre les animaux domestiques et les animaux sauvages, nous considérons que les animaux sauvages doivent vivre dans la nature sauvage et traitons les animaux liminaires comme des intrus. « Comme ils ne font pas partie de notre société, nous sommes persuadés de pouvoir éliminer en toute impunité ces prétendus nuisibles par des méthodes semblables à celles du nettoyage ethnique », accusent Donaldson et Kymlicka, dans des pages où le traité de philosophie politique qu’est Zoopolis se sublime en un remarquable plaidoyer.

    Les rats ne sont d’ailleurs pas les seuls animaux à subir la violence aveugle des services municipaux ; les lapins, qui avaient fait garenne sur le terre-plein central aménagé devant le Palais des congrès de Paris, ont disparu depuis plusieurs années déjà ; leurs congénères établis à quelques centaines de mètres de là, sur le rond-point de la place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, ont connu le même sort.

    Plus récemment est venu le tour des lapins ayant élu domicile devant la façade nord de l’Hôtel des Invalides, à quelques pas du tombeau de l’empereur.
    http://www.liberation.fr/debats/2016/12/28/faut-il-tuer-ces-rats-que-paris-ne-saurait-voir_1537886

    #spécisme #animaux #animalrights

  • Connaissez-vous le point de vue animal sur l’histoire ? - Rien n’est joué - Radio - Play RTS
    http://www.rts.ch/play/radio/rien-nest-joue/audio/connaissez-vous-le-point-de-vue-animal-sur-lhistoire-?id=3950132

    Les révolutions animales
    https://www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre/la-tete-au-carre-01-novembre-2016

    Le cheval prolétaire
    https://www.franceinter.fr/emissions/la-marche-de-l-histoire/la-marche-de-l-histoire-04-avril-2012

    Série « Des chats et des hommes »
    Episode 1 : Le chat dans les mythologies grecques et égyptiennes

    Episode 2 : La diabolisation du chat

    Episode 3 : La réhabilitation du chat

    Episode 4 : La figure du chat romantique

    Episode 5 : Le chat, cet indomptable animal de compagnie
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-tetes-chercheuses/des-chats-et-des-hommes-par-eric-baratay

    #radio #animaux #non-humains #histoire #chat #cheval #zoo #dressage

  • Histoires et préhistoire de chats
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-salon-noir/histoires-et-prehistoire-de-chats


    Le chat est-il réellement un animal domestique ? Rien n’est moins sûr ! Parce qu’apprivoisé, ce serait lui qui nous aurait domestiqués, Parce que ce félin porte actuellement toute l’attention des chercheurs, qu’un nouveau chat vient d’être mis au jour au coeur de la Chine, Le Salon Noir retrace la longue histoire de cet animal si particulier.

    Avec Jean-Denis Vigne, archéozoologue, directeur de recherche au CNRS

    #radio #chats #histoire #non-humains #zoologie #archéologie #archéozoologie


    #bengal

    #commensialisme
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Commensalisme

  • Histoire des politiques environnementales (2/4) : Cacher le sang des bêtes : de la tuerie à l’abattoir
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/histoire-des-politiques-environnementales-24-cacher-le-sang-des


    Alors que depuis plusieurs mois la polémique sur le traitement réservé aux animaux dans les abattoirs fait régulièrement la une des journaux, ce documentaire nous plonge dans l’histoire de ces établissements si particuliers.

    Si leur création prend ses racines dans le XVIIIe siècle et même avant, les premiers abattoirs sont construits sous Napoléon Bonaparte, à Paris. Instaurés par décret en 1810, les abattoirs sont conçus à l’origine pour réunir en un même lieu l’activité d’abattage des animaux de boucherie, jusque-là éparpillée dans la ville dans les boutiques des artisans-bouchers.

    Cette décision, qui va progressivement concerner toutes les villes de France, s’inscrit dans une volonté de moderniser la ville, de renforcer le contrôle sanitaire de la viande, et d’éloigner de la vue du public les animaux vivants ainsi que leur mise à mort.

    Une évolution à la croisée de l’histoire de l’urbanisme, de l’hygiène, de la morale, de l’alimentation, et de la profession de boucher, que ce documentaire met en lumière grâce à de nombreux textes d’époque ainsi qu’aux interventions et témoignages de :

    Tueurs de la Villette
    Tueurs de la Villette• Crédits : Fonds Pierre Haddad

    Pierre Haddad, chevillard aux abattoirs de La Villette entre 1945 et 1972, auteur de Les chevillards de la Villette : naissance, vie et mort d’une corporation, thèse sous la direction d’Alain Plessis, Université Paris 10, 1995.

    Elisabeth Philipp, historienne, ancienne directrice de la Maison de La Villette

    (pas encore écouté)

    #radio #viande #non-humains #spécisme #histoire

  • Le secret professionnel du cochon
    https://www.franceculture.fr/emissions/secret-professionnel/le-secret-professionnel-du-cochon


    Tous les hommes sont des frères, mais les frères s’entretuent. Pour éviter de le faire trop positivement, ils utilisent des injures et des appellations péjoratives. Il semble que, pour que la rage soit efficace, elle doive se déverser dans des figures symboliques. Et plus le symbole est imagé, plus il semble humiliant. « salope » n’est pas immédiatement imagé, alors que « truie » l’est.

    Le plus instrumentalisé des animaux, c’est sans doute le porc. Dans le monde entier et depuis environ 9000 ans qu’il a été domestiqué, pour autant qu’on puisse en juger, son nom de « porc » sert de terme injurieux pour signifier non pas un, mais au moins quatre vices, la malpropreté, la malveillance, la vanité et la luxure.

    Quel est le secret professionnel du porc comme symbole, je reçois pour en parler Claudine Vassas, ethnologue au Centre d’Anthropologie de Toulouse, auteur de "La Bête singulière, les Juifs, les chrétiens et le cochon".
    Bibliographie

    Claudine Vassas, La Bête singulière, les Juifs, les chrétiens et le cochon, Gallimard

    Roberto Finzi, L’onesto porco , Feltrinelli

    Intervenants

    Claudine Vassas : ethnologue au Centre d’Anthropologie de Toulouse

    #radio #porc #truie #cochon #non-humains #histoire

  • L’éléphant, complice et victime de l’homme
    https://www.franceculture.fr/emissions/concordance-des-temps/lelephant-complice-et-victime-de-lhomme


    Depuis les victoires et les défaites d’Hannibal jusqu’au triomphe éditorial de Babar, les hommes ont toujours entretenu avec les éléphants des relations bien particulières, entre affection et brutalité, séduction et effroi, admiration empreinte de sacré et exploitation cynique. Et ce sont bien toutes ces composantes qui se retrouvent dans l’étonnant épisode qui met en scène ces jours-ci les deux éléphantes Baby et Népal, qui ayant été prêtées par le cirque Pinder, en 1999 au Parc de la Tête d’Or de Lyon, sont menacées d’être bientôt euthanasiées pour cause de tuberculose. Une pensionnaire plus âgée, Java, étant morte de vieillesse à 67 ans, son autopsie a révélé qu’elle était atteinte de cette maladie. Or le Code rural prévoit, dans ses articles L223-8 et R223-4, qu’en cas de présence d’un animal contaminé, tout le troupeau sera considéré comme infecté et devra être abattu. Mais ce qui valait pour la vache folle doit-il valoir pour des éléphants dans un zoo ? L’affaire est encore en suspens au Conseil d’Etat tandis que Baby et Népal ont trouvé des défenseurs aussi notoires qu’Alain Delon, Stéphanie de Monaco, Brigitte Bardot ou le professeur député Bernard Debré.

    On peut gager que cette affaire toucherait moins l’opinion si celle-ci n’était pas d’autre part incitée, bien au-delà de ce cas spécifique, à s’inquiéter du massacre actuel des éléphants d’Afrique. Pour répondre en particulier aux appétits du marché chinois en matière d’ivoire, des braconniers abattraient chaque année des dizaines de millier de bêtes, plus qu’au cours des deux dernières décennies, au risque de menacer l’espèce de la disparition qu’ont connue voici bien longtemps les mammouths.Eric Baratay , professeur à l’Université de Lyon III et éminent spécialiste de l’histoire des animaux, va nous aider à restituer dans la longue durée, la très longue durée, ces lourdes inquiétudes du présent. Jean-Noël Jeanneney

    Programmation sonore :

    – Chanson « Jimbo l’éléphant » interprétée par André CLAVEAU en 1948 , paroles et musique de André CASSI.

    – Interview par Pierre ICHAC de Julien MAIGRET qui raconte ses souvenirs de l’Afrique au début du siècle, dans le cadre de l’émission Le monde comme il va , le 6 avril 1955.

    – Reportage de Jean GODIGNON , dans le cadre de l’émission Paris vous parle , le 29 juillet 1959.

    – Lecture par Fabrice LUCHINI en 2006 de la fable « Le rat et l’éléphant » de Jean de LA FONTAINE (Livre VIII, Fable 15).

    – Reportage de Lise ÉLINA dans un cirque à Angoulême , interview du cornac, dans le cadre de l’émission Tribune de Paris , le 28 mars 1946.

    – Interview de Romain GARY , souvenirs en Afrique d’un accident d’avion qui tua le pilote et un éléphant, le 26 décembre 1956.

    Bibliographie :

    – Eric Baratay, Le point de vue animal. Une autre version de l’histoire , Seuil, 2012.

    – Eric Baratay et Elisabeth HARDOUIN-FUGIER, Zoos : les jardins zoologiques en Occident, XVIe-XXe siècle , La Découverte, 1998.

    – Eric Baratay, Et l’homme créa l’animal : histoire d’une condition , O. Jacob, 2003.

    – Robert DELORT, Les éléphants piliers du monde , Découvertes Gallimard, 1990.

    – Michel PASTOUREAU, Les animaux célèbres , Arléa, 2008 (C. Bonneton, 2001).

    Intervenants

    Eric Baratay : professeur d’histoire contemporaine, université Lyon 3

    (pas encore écouté)

    #éléphant #histoire #non-humains #radio

  • Bouchers au Moyen-âge : une puissance sans contrôle ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/concordance-des-temps/bouchers-au-moyen-age-une-puissance-sans-controle


    Au cours de ces derniers mois, les réseaux sociaux ont répandu une quantité d’images reflétant la cruauté des traitements infligés aux animaux de boucherie dans certains abattoirs et la presse s’en est fait largement l’écho, tout comme les télévisions et Internet...

    #moyen-age #boucherie #viande #histoire #non-humains #animaux #radio #virilo-carnisme #spécisme

  • Rats, pigeons, lapins... Ces animaux dont les villes ne veulent plus - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2016/12/22/rats-pigeons-lapins-ces-animaux-dont-les-villes-ne-veulent-plus_1536906

    Le 28 septembre, le Conseil de Paris a adopté le vœu qu’« un groupe de travail sur le sujet des animaux en ville soit créé », considérant, notamment, « le souci de notre municipalité pour la condition animale et les actions qu’elle a déjà engagées en ce sens ». Il est cependant difficile, avec la meilleure volonté du monde, de classer, parmi « les actions déjà engagées », les plans de dératisation que, régulièrement, les services municipaux mettent en œuvre afin de lutter contre la « prolifération » des rongeurs dans Paris…

    Le plan d’action en cours, lancé le 8 décembre, a été rendu public par un communiqué officiel, annonçant la fermeture de plusieurs squares et invitant à signaler la présence de rats au service parisien de santé environnementale. Pour la première fois, ce me semble, ces mesures suscitent la polémique ; leur pertinence est contestée par Jean-Paul Richier, psychiatre et praticien hospitalier ; une pétition a même été lancée sur l’initiative de Jo Benchetrit, psychologue clinicienne, demandant l’arrêt immédiat des opérations de dératisation, aussi bien à Paris qu’à Marseille et recueillant plus de 20.000 signatures.
    Les animaux « liminaires »

    Cette polémique n’est pas seulement due à la maladresse du docteur Georges Salines, chef des services parisiens de santé environnementale, qui, interrogé par Le Parisien, affirme : « Les rats sont une menace sanitaire réelle. Il n’y a pas de risque de maladie ou de peste… Que les Parisiens se rassurent. » Se rendant sans doute compte du caractère contradictoire de ses propos, le docteur Salines ajoute que « ce sont des problèmes de propreté ainsi qu’un réel désagrément visuel et psychologique », formulant une opinion purement subjective étrangère à ses fonctions et à sa qualité de médecin. En réalité, l’acharnement parisien contre les rats, commun à de nombreuses autres municipalités, tient à ce que ceux-ci sont des animaux liminaires.

  • #abolitionnisme et #droit_des_animaux
    https://coutoentrelesdents.noblogs.org/post/2014/10/20/abolitionnisme-et-droit-des-animaux

    Le terme « abolitionnisme », utilisé dans le contexte de l’éthique animale, est dans les faits largement dénué de sens en ce qu’il y a trois sortes de gens qui se disent « abolitionnistes » : les gens qui veulent … Continue reading →

    #CAPITALISME #LIBERATION_ANIMALE #LUTTES #humains #libération_animale #non-humains #vegan

  • #abolitionnisme et #droit_des_animaux
    http://coutoentrelesdents.noblogs.org/post/2014/10/20/abolitionnisme-et-droit-des-animaux

    Le terme « abolitionnisme », utilisé dans le contexte de l’éthique animale, est dans les faits largement dénué de sens en ce qu’il y a trois sortes de gens qui se disent « abolitionnistes » : les gens qui veulent … Continue reading →

    #CAPITALISME #LIBERATION_ANIMALE #LUTTES #humains #libération_animale #non-humains #vegan