L’impossible clôture des récits multimédiatiques - Cairn.info
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L’analyse des usages d’Internet (en tant que moyen d’accès à l’information, et non considéré ici dans ses logiques conversationnelles diverses) pose clairement la question de l’éclatement énonciatif qu’il installe. C’est dans la construction et l’identification des positions énonciatives que se joue probablement un nouveau dispositif de communication. Cet éclatement énonciatif doit être relié à l’évolution de la gestion du temps et à la logique d’interactivité, laquelle donne l’illusion d’avoir prise, en temps réel, sur une image modifiable par le contrôle direct (c’est-à-dire immédiat et personnel) de celui qui tient les commandes. L’interactivité aurait donc à voir avec de nouvelles logiques temporelles. Cette participation est pour partie illusoire, mais elle donne le sentiment au récepteur d’information d’en être en même temps le coproducteur. L’énonciation devient partagée, en même temps qu’elle se dilue au sein d’échanges multipolaires. L’émetteur du récit médiatique n’est plus unique, mais se construit en relation avec son (ou ses) récepteur(s) ; les lieux d’émissions se démultiplient au point de perdre leur identité propre et identifiable. Cela pourrait augurer d’une recomposition positive des échanges discursifs, en ce sens que ces protocoles d’échange signifieraient définitivement la fin du schéma classique émetteur/récepteur au profit d’une discursivité circulaire, véritablement polyphonique, et d’une récursivité permanente des transmissions d’information. Il y aurait donc l’espoir de voir surgir de nouvelles formes de narrativité, dans une polyphonie co-construite, ou à tout le moins à travers des entrecroisements de récits partagés.