• Gabrielle Hecht, Uranium & Rayonnement, 2016
    https://sniadecki.wordpress.com/2022/08/04/nuke-hecht

    Pradel aimait convoquer l’exemple de la mine de Margnac, dans le Limousin, qui produisait un minerai de haute qualité, comme modèle de l’approche en matière de radioprotection. Avec ses collègues, ils décrivaient non sans fierté de quelle façon la nucléarité de la mine était cartographiée à l’aide de tableaux retraçant l’exposition au radon du personnel de chacune des « divisions minières de France métropolitaine ». Les données avancées par les ingénieurs ne concernaient toutefois que les mines de la France métropolitaine. Les mines du CEA à Madagascar étaient tout simplement absentes de ces tableaux, alors que le minerai malgache était reconnu pour sa qualité élevée et sa forte émission de rayons gamma. Aussi, bien que la présence de films dosimétriques suggérât la dangerosité de l’activité de travail, les mineurs malgaches ne disposaient pas d’appareils de mesure adaptés et n’étaient pas non plus informés des risques encourus, pas plus qu’ils n’avaient accès au niveau d’exposition de leur lieu de travail. Ce faisant, les questions de santé au travail n’ont pas été thématisées par les mineurs comme relevant d’un problème collectif.

    #nucléaire #CEA #colonialisme #nucléarité #extractivisme