• Le nuage était sous nos pieds - Balade-conférencée le long des infrastructures du #numérique à #Marseille

    Pour comprendre les enjeux de l’installation des #data_centers nous revenons en sons et en images sur la balade-conférencée qui a eu lieu le 9 novembre 2024 à Marseille dans le cadre du festival Le nuage était sous nos pied.

    https://www.primitivi.org/Le-nuage-etait-sous-nos-pieds

    https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/datacenters-marseille_1152265#11/43.3373/5.3229

    #pollution
    #nuisances
    #extractivisme
    #colonialisme_numérique
    #IA

  • « L’#hypocrisie des #puces_électroniques#made_in_France” »

    Relocaliser l’industrie numérique, telle que la production de puces électroniques, est un #leurre. #Quartz, #silicium, #cobalt... viennent du Sud global. « Le #numérique est une #technologie_impériale », résume notre chroniqueuse.

    C’était un mot qui faisait souffler un vent d’idéalisme, un mot de contre-sommet plus que de journal télévisé : « relocaliser ». Dans les années 2000, les altermondialistes voulaient « relocaliser l’économie ». Défendre la menuiserie de bois local contre la production mondialisée d’Ikea, soutenir l’agriculture paysanne contre la monoculture d’exportation. Le monde entier était devenu la base logistique des multinationales. Relocalisation et coopération s’opposaient à ce libre-échange impérial qui permet d’obtenir de l’huile de palme d’Indonésie ou du soja d’Amazonie cultivé sur les terres ancestrales des peuples autochtones.

    Mais en vingt ans, et plus encore depuis le Covid, « relocaliser » est devenu un mantra du patronat. Ce sont désormais les #multinationales qui demandent à l’État de les aider à rapatrier certaines activités « stratégiques ». Entre-temps, le sens du mot a complètement changé. Le but est aujourd’hui de « sécuriser les #chaînes_d’approvisionnement » : aider l’industrie à avoir sous le coude #matières_premières et #composants.

    Imaginez qu’un missile tombe sur Taïwan où se trouvent les principales fonderies de semiconducteurs, ces puces électroniques présentes dans le moindre objet du quotidien (Il y en a 160 dans un téléphone, plus de 3 500 dans une voiture hybride [1]). Voilà qui mettrait à l’arrêt la production de voitures, de drones, de satellites, d’objets connectés et d’armement (la France étant le deuxième exportateur d’armes du globe).

    Les multinationales n’ont pas subitement décidé qu’un autre monde était possible et qu’elles devaient exploser en millions de coopératives locales. C’est plutôt que, pour elles, la planète n’est plus cette base logistique commodément aménagée par les politiques de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. L’hégémonie occidentale est terminée. Il y a plusieurs empires en concurrence pour les ressources et les marchés. Tous veulent des #métaux, des #semiconducteurs, etc. pour produire peu ou prou les mêmes objets.

    #Dépendance à un vaste tissu économique mondialisé

    C’est dans ce contexte que les députés européens ont voté en juillet 2023 le #Chips_Act. Objectif : produire sur le continent 20 % de la demande européenne de semiconducteurs. À #Crolles, près de #Grenoble, l’État va consacrer 2,9 milliards du #Plan_France_Relance pour augmenter les capacités de l’usine #STMicroelectronics, un groupe franco-italien dont le siège est en Suisse.

    Une usine de semiconducteurs est-elle relocalisable comme la production de chaussettes, qu’on peut approvisionner en laine de brebis du causse d’à côté ? En quoi consiste la production de puces électroniques ? À cette question, le #collectif_Stop_Micro a consacré toute une enquête (https://stopmicro38.noblogs.org/post/2024/11/01/ce-que-signifie-relocaliser), publiée en amont des rencontres organisées à Grenoble du 28 au 30 mars avec Les Soulèvements de la Terre.

    Décrivant les étapes de la production d’une puce électronique, ce document d’une quarantaine de pages illustre « le degré de dépendance de l’industrie de la #microélectronique à un vaste tissu économique mondialisé ». « Les produits made in France de ST sont en réalité de purs produits de la #mondialisation capitaliste, et ne pourraient exister sans elle », conclut-il.

    Fondé en 2022, #Stop_Micro s’oppose à l’agrandissement des usines de puces électroniques, deux sites industriels situés en Isère qui consommeront bientôt plus d’#eau et d’#électricité qu’une ville de 200 000 habitants. Ces besoins colossaux s’expliquent par le degré de #miniaturisation des composants. Sur la moindre puce de quelques millimètres sont gravés des dizaines de milliards de #transistors dont chacun est « 10 000 fois plus fin qu’un cheveu humain », précise l’Esia, l’association européenne des semiconducteurs, dans une brochure. De l’#eau_potable ultrapure est nécessaire pour laver les plaquettes de silicium et les débarrasser de contaminants présents à l’échelle nanométrique.

    Milliards de #subventions_publiques

    Pourtant, malgré leur consommation de ressources, les usines de STMicroelectronics à Crolles et de #Soitec à #Bernin « ne produisent formellement même pas “des puces” », selon le collectif. En résumant beaucoup, disons qu’une puce électronique commence avec l’extraction de quartz dans une carrière puis sa transformation en silicium métal dans de hauts fourneaux. Pour atteindre le niveau de pureté de 99,9999999 % requis pour les semiconducteurs, il faut y ajouter de nombreuses étapes impliquant produits chimiques et hautes températures pour obtenir des lingots de silicium monocristallin ultrapur qui sont ensuite découpés en galettes très fines (#wafers).

    Ce n’est qu’à ce stade qu’interviennent les usines grenobloises. Elles reçoivent ces galettes pour y graver « par photolithographie (dans l’esprit d’une photo argentique mais en autrement plus complexe), des milliards de transistors et circuits miniatures ». À la sortie de ces usines, la puce n’existe pas encore comme objet séparé, précise Stop Micro. C’est dans d’autres sites en Asie qu’elles sont découpées, testées et préparées individuellement de façon à pouvoir être intégrées à des circuits électroniques. Ces usines « relocalisées » en Isère au moyen de milliards de subventions publiques ne sont donc qu’une étape parmi des dizaines d’autres, réparties sur toute la planète.

    Autre exemple : une minuscule puce peut contenir des dizaines de métaux différents : arsenic, tantale, titane, antimoine, gallium…. #Intel, le plus grand vendeur de semiconducteurs au monde, a travaillé pendant six ans pour retracer la provenance du #cobalt qu’il utilise afin de comprendre s’il est extrait dans des zones de guerre en République démocratique du Congo. L’entreprise n’y est parvenue qu’en partie, alors que le cobalt n’est qu’un seul de tous les métaux utilisés.

    Le fait que STMicro, à Crolles, ait plus de 6 600 fournisseurs directs donne une idée de la complexité des process mis en œuvre sur ce gigantesque site. « La fabrication de semiconducteurs est l’activité de fabrication la plus complexe que l’on connaisse actuellement », résume l’Esia. « Avant d’atteindre le stade du produit final, une puce peut faire 2,5 fois le tour du monde et traverser 80 frontières ».

    Des chaînes d’approvisionnement d’une complexité inouïe

    Il y a des technologies emblématiques de certaines formes politiques. Le métier à tisser mécanique, par exemple, cristallise le capitalisme industriel anglais du XIXe : le coton produit en Inde, les usines textiles de Manchester alimentées au charbon, les cotonnades vendues aux marchands d’esclaves africains. La puce de silicium, elle, est emblématique de l’hégémonie néolibérale des puissances occidentales des années 2000.

    Elle nécessite de maîtriser des chaînes d’approvisionnement d’une complexité inouïe, réparties sur des dizaines de pays. C’est la pax americana qui a rendu possible la Silicon Valley. Si cette domination mondiale n’avait pas existé, naturelle au point de passer pour « la fin de l’Histoire », si le monde n’avait pas été cet espace de libre-échange commodément organisé pour achalander les multinationales, il ne serait venu à l’idée de personne de numériser toutes les activités humaines.

    Car au fond, est-il bien raisonnable de rendre une société entière dépendante, pour sa survie, d’un objet qui repose sur l’activité de centaines de mines aux quatre coins du monde, qui franchit en moyenne 80 frontières avant d’atteindre le stade du produit final ? Le numérique est une #technologie impériale. Que devient-il quand l’empire vole en éclats ?

    Pour promouvoir l’activité de ses entreprises, l’Esia souligne que les semiconducteurs sont indispensables « aux soins médicaux critiques », « aux infrastructures d’eau », « à l’agriculture durable qui nourrit le monde ». Faut-il en conclure que tout doit être mis en œuvre pour trouver des terres rares, des galettes de silicium ou du cobalt ? Ou, au contraire, que l’hôpital, la distribution d’eau et l’agriculture devraient absolument pouvoir fonctionner sans informatique ? Qu’il est follement inconséquent de laisser les services essentiels à la merci de la moindre cyberattaque ou rupture d’approvisionnement.

    C’est tout ce qui sépare la quête d’#autonomie et de #sobriété, dont nous avons besoin pour nous protéger autant que pour rendre le monde plus juste, des politiques actuelles de « #souveraineté_industrielle » qui, en augmentant notre dépendance à des technologies impériales, nous condamnent à la guerre des ressources.

    https://reporterre.net/L-hypocrisie-des-puces-electroniques-made-in-France
    #puces #relocalisation #industrie

  • « Anxiété, paranoïa, peur » : les conséquences de la violence numérique sur les femmes

    Les attaques en ligne contre les femmes s’aggravent causant des dommages durables qui peuvent déboucher sur des violences dans le monde réel, selon les Nations Unies. Des activistes d’Espagne et d’Amérique latine se sont réunies la semaine dernière au Siège de l’ONU pour rallier les femmes et partager des stratégies de lutte.

    Lors de cet événement, organisé dans le cadre de la Commission de la condition de la femme, la plus grande conférence mondiale sur l’égalité des sexes, les déléguées ont décrit les nombreuses formes de violence numérique, mis en garde contre l’effet paralysant que le harcèlement et la discrimination en ligne ont sur la participation des femmes à la vie politique et partagé certains des moyens les plus efficaces pour créer des espaces numériques sûrs pour les femmes.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/03/31/anxiete-paranoia-peur-les-consequences-de-la-v

    #feminisme #numérique

  • Enquêter sur les chemins du RSA dans les milieux ruraux
    https://metropolitiques.eu/Enqueter-sur-les-chemins-du-RSA-dans-les-milieux-ruraux.html

    La numérisation, censée parer aux #inégalités d’accès aux allocations sociales, peut-elle au contraire les renforcer ? Clara Deville a mené une enquête sociologique sur les effets de cet instrument d’action publique en milieu rural. Depuis une vingtaine d’années, le débat public français sur l’aide sociale est à la fois marqué par la question budgétaire et par celle des ayants #droit ne menant pas les démarches pour accéder aux allocations (Warin 2006 ; Fragonard 2012). Plus récemment, les politiques #Commentaires

    / droit, #numérique, inégalités, #accès_aux_droits, #mondes_ruraux, #dématérialisation, #minima_sociaux, action (...)

    #action_publique
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_bouquet-pascual.pdf

  • 👷‍♀️ Le secteur du bâtiment ne néglige pas sa présence en ligne !

    📊 79 % des entreprises du BTP françaises interrogées disposent d’un site web.

    🌐 Découvrez tous les chiffres clés de la présence en ligne des professionnels du BTP dans notre nouvelle étude sectorielle Réussir avec le web https://www.afnic.fr/observatoire-ressources/actualites/les-professionnels-du-btp-font-preuve-dune-grande-maturite-quant-a-leur-presen

    #BTP #Batiment #Numérique #France #TransfoNum #Afnic #InternetMadeInFrance #data

  • Jonathan Haidt, spécialiste de psychologie sociale : « Avec la diffusion du smartphone, tout ce qui est nécessaire au développement des enfants s’évanouit »

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/02/jonathan-haidt-specialiste-de-psychologie-sociale-avec-la-diffusion-du-smart

    L’universitaire américain, auteur de « Génération anxieuse », décrit, dans un entretien au « Monde », la corrélation entre l’essor du téléphone mobile et l’augmentation des troubles anxieux chez les jeunes nés après 1995.

    • Au-delà des applications ou des impacts distincts qu’une enfance numérique peut avoir en fonction du genre, il y a une constante : les écrans prennent la place de tout le reste. Aux Etats-Unis, la moitié des adolescents déclarent être quasi constamment en ligne, quoi qu’ils fassent, qu’ils soient en train de vous parler, qu’ils soient aux toilettes, ou dans le bus pour aller à l’école. Le téléphone les empêche d’être pleinement présents aux autres dans le monde réel. Ils ne jouent pas, ne courent pas, ne prennent pas de risque et n’apprennent donc pas de quoi ils sont capables. La lecture disparaît. Tout ce qui est nécessaire au développement des enfants s’évanouit. Le jour vient néanmoins où ces enfants doivent faire face au monde ; qu’ils soient alors pris d’anxiété n’a rien d’étonnant.

      https://justpaste.it/h6ucr

      #numérique #écrans #enfance #anxiété

  • L’intelligence artificielle peut-elle être collective ?
    https://laviedesidees.fr/L-intelligence-artificielle-peut-elle-etre-collective

    Comment les industries numériques transforment-elles nos esprits et nos sociétés ? Est-il possible de produire l’IA de manière collective, afin d’échapper à l’emprise des sociétés privées qui les mettent en pratique de manière opaque ?

    #Philosophie #technologie #numérique #intelligence_artificielle
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250211_ia.pdf

  • Les « #minerais_de_sang » du #numérique, clé de la guerre en #RDC

    Au Congo, le mouvement armé #M23 soutenu par le Rwanda s’est emparé de la ville de Goma, capitale d’une province riche en #minerais_stratégiques. Indispensables aux #smartphones, ils alimentent ce #conflit meurtrier et écocidaire.

    C’est un tournant dans la guerre qui ravage l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis trente ans. Dimanche 26 janvier, des combattants du #Mouvement_du_23_mars (M23), un #groupe_armé antigouvernemental, appuyés par 3 000 à 4 000 soldats rwandais, sont entrés dans Goma, la capitale de la province du #Nord-Kivu où vivent un million de personnes.

    Au cœur de ce conflit, les « minerais de sang » — #coltan, #nickel, #étain et #or — indispensables à la fabrication des équipements électroniques et notamment des smartphones. Reporterre fait le point avec #Fabien_Lebrun, chercheur en sociologie et auteur de Barbarie numérique. Une autre histoire du monde connecté (L’Échappée, octobre 2024).

    Reporterre — Quel est le lien entre le conflit à l’est de la RDC et les minerais utilisés pour fabriquer nos smartphones ?

    Fabien Lebrun — Au cœur de cette guerre se trouvent les minerais de sang, aussi appelés #minerais_de_conflits : le coltan, le nickel, l’étain et l’or. Le coltan est transformé en #tantale, indispensable à la fabrication des #condensateurs pour smartphones : sans ce #métal très résistant à la chaleur et à la corrosion qui permet la miniaturisation des composants, les téléphones chaufferaient tellement qu’ils pourraient prendre feu. Or, les deux tiers des réserves mondiales de coltan se trouvent dans et à l’est du Congo. L’Afrique des Grands Lacs — Congo et #Rwanda confondus — en assure la moitié de la production mondiale.

    L’est du Congo est également riche en #cassitérite, dont provient l’étain indispensable pour les soudures des circuits électroniques ; en #wolfram, ou #tungstène, qu’on retrouve dans les vibreurs et les haut-parleurs des téléphones portables ; et en or, dont l’industrie numérique siphonne 10 % de l’extraction mondiale pour la fabrication de ses #cartes_mères et ses circuits imprimés. Depuis la première guerre de 1996, ces minerais occupent une place dans ce qu’on peut appeler une #économie_de_guerre, une économie militarisée qui perdure à ce jour.

    Depuis avril dernier, les rebelles du M23 contrôlent la zone minière de #Rubaya, qui fournit 15 % du coltan mondial. Quel intérêt stratégique y trouvent-ils ?

    En contrôlant administrativement la zone, le M23 peut élaborer tout un système de #taxes et ainsi financer le conflit. D’après un rapport de l’ONU, le groupe exporte désormais 120 tonnes de coltan par mois et les taxes qu’il prélève sur la production lui assurent un revenu d’environ 800 000 dollars mensuels. D’un point de vue économique et financier, les intérêts sont importants.

    Le M23 est soutenu par l’armée rwandaise. Depuis plusieurs années, le président de la RDC Félix Tshisekedi accuse le Rwanda de convoiter ses #ressources en #minerai. Quel rôle ont ces ressources dans l’aggravation des tensions géopolitiques dans la région ?

    Ces #métaux sont, si ce n’est la principale cause, au moins un déterminant important dans l’#instabilité de la #région_des_Grands_Lacs. L’exploitation et la commercialisation de ces minerais de sang structurent l’#économie, l’#industrie et la #politique de la région. Elles produisent une rente qui enrichit les #élites et favorise la #corruption.

    On parle beaucoup du Rwanda, plaque tournante pour ces minerais indispensables aux équipements électroniques, mais l’Ouganda et dans une moindre mesure le Burundi sont aussi dans le coup. L’État congolais lui-même est en partie responsable de la situation : 2 000 kilomètres séparent Goma de la capitale, Kinshasa, et les institutions étatiques y sont absentes.

    Quelles sont les conséquences humaines et écologiques de l’#industrie_minière pour les habitants du Nord-Kivu ?

    Depuis le milieu des années 1990, début de la révolution numérique, le coût humain et écologique de ce conflit autour des minerais de sang est démentiel. Avant même le regain de #violence des trois dernières semaines, les analystes parlaient de plusieurs millions de #morts, de 7 millions de #déplacés dans des conditions terribles et de 4 millions de réfugiés qui ont fui le Congo. Près de 30 millions de Congolais sont en situation de #malnutrition aiguë.

    Au-delà du conflit, le bilan écologique est dévastateur. Les terres du Nord-Kivu, fertiles et qui auraient pu bénéficier à l’agriculture locale, ont été saccagées par les activités minières. L’#air est pollué d’effluves toxiques.

    « À certains endroits, il n’y a plus de vie aquatique »

    L’industrie minière est aussi en partie responsable de la destruction de la #forêt du bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical mondial crucial dans la lutte contre le changement climatique. Les espèces en voie d’extinction qui y vivent — gorilles des montagnes, bonobos, rhinocéros — sont massacrés par les groupes armés qui contrôlent les activités minières.

    Mais la première victime de l’extractivisme est l’#eau, comme l’explique l’ingénieure à SystExt Aurore Stéphant. Cela se vérifie au Congo, avec des centaines de kilomètres de cours d’eau contaminés aux #métaux_lourds — plomb, cadmium, etc. Le fleuve Congo est touché, ainsi que les #nappes_phréatiques. À certains endroits, il n’y a plus de #vie_aquatique.

    L’appétit des États occidentaux et des #multinationales de la tech pour ces ressources n’est pas étranger à ce désastre…

    Cela fait des décennies que la #responsabilité de l’#industrie_numérique dans la déstabilisation de la RDC est pointée du doigt. Mi-décembre, le président de la RDC a porté #plainte contre #Apple pour recel de #crime_de_guerre, blanchiment de faux et #tromperie des consommateurs.

    Déjà, en 2019, l’organisation internationale Right Advocates avait lancé une action collective contre Apple, #Microsoft, #Tesla, #Google et #Dell, qu’elle accusait de profiter du #travail_d’enfants dans les mines de cobalt congolaises. Malheureusement, la plainte n’avait pas abouti.

    « La production de masse de la #Playstation 2 de #Sony avait entraîné une ruée vers les activités minières »

    En 2016, Amnesty International et Afrewatch accusaient de grandes marques électroniques comme Apple, #Samsung et Sony d’acheter du cobalt à des négociants s’approvisionnant dans des mines où travaillent des enfants.

    En 2000, la flambée des prix du coltan, alimentée par la production de masse de la Playstation 2 de Sony, avait entraîné une ruée vers les activités minières à l’est de la RDC avec des conséquences très néfastes pour les communautés.

    Or, les États appuient bien souvent ces multinationales. En février, Bruxelles et Kigali signaient un accord pour un approvisionnement « durable » de l’Union européenne en minerais critiques. Alors qu’on sait très bien que 90 % des minerais de sang qui sortent du Rwanda proviennent du Congo !

    Peut-on parler de #néocolonialisme ?

    L’extractivisme est la pratique coloniale historique par excellence. Dès le XVIᵉ siècle, les conquistadors ont pillé l’or et l’argent des Amérindiens, qu’ils ont exterminés. Cet épisode a été un tournant pour l’enrichissement des États occidentaux et la naissance du capitalisme et de la mondialisation.

    Les activités minières, polluantes, génératrices de conflits sociaux, d’usages des terres et de l’eau, étaient sorties de nos imaginaires. Mais depuis trente ans, on assiste à un regain de l’extractivisme pour alimenter la #révolution_numérique.

    Il est évident que l’accord qui permet à l’Union européenne de piller la RDC en passant par le Rwanda est typiquement néocolonial. De même que la #mainmise de la #Chine sur le cobalt et le #cuivre congolais. On pourrait parler de #technocolonialisme.

    Que faudrait-il faire pour aider la région du Nord-Kivu à s’apaiser ?

    Nous ne pourrons pas diminuer la pression minière dans la région des Grands Lacs sans décroissance minérale et métallique. Pour être solidaires avec les Suds, il faudra forcément acheter moins et favoriser des appareils plus durables et mieux réparables.

    Réduire notre demande en métaux rares va aussi impliquer d’avoir des outils moins rapides, moins performants. C’est tout notre quotidien numérique et la numérisation à marche forcée qui sont à revoir.

    https://reporterre.net/Les-minerais-de-sang-du-numerique-cle-de-la-guerre-en-RDC
    #République_démocratique_du_congo #Congo #extractivisme #minerais #pollution

  • Pourquoi je n’utilise pas #ChatGPT

    L’année 2025 est déjà particulièrement féconde en nouvelles plus fracassantes les unes que les autres sur les financements, la course aux armements entre la Chine et les USA, le sommet intergalactique sur l’IA à Paris, et les supposés progrès vers l’intelligence des IAs génératives. C’est un sujet courant de conversations dans le contexte privé ou professionnel. En réponse aux personnes qui s’étonnent de ma position résolument anti ChatGPT j’ai fini par construire un #argumentaire que je vais développer ici.

    1. Introduction

    En tant qu’enseignante-chercheuse en informatique, j’ai lu l’article fondateur On the Dangers of Stochastic Parrots : Can Language Models Be Too Big ? (https://dl.acm.org/doi/10.1145/3442188.3445922) en 2021. Tous les #effets_négatifs observés des grands modèles de langage et des IAs génératives sont annoncés dans cet article, comme le dit d’ailleurs l’une des autrices dans un entretien récent. Quand j’ai été confrontée personnellement à des textes rendus par des étudiant·es et écrits par ChatGPT, dès janvier 2023, ma méfiance a priori pour cette branche du numérique a commencé à s’incarner dans l’expérience personnelle. Depuis j’accumule des articles et des prises de position sur ce phénomène, mais je n’ai jamais été tentée d’essayer moi-même. Avant de faire un tour d’horizon des divers #arguments qui m’ont fait refuser absolument l’#usage — et critiquer vertement le développement — des IAs génératives en tout genre, que ce soit dans l’#enseignement_supérieur ou ailleurs, précisons un peu le sujet.

    Dans la suite de ce billet, il sera question très spécifiquement d’IAs génératives (comme ChatGPT). Le #vocabulaire a beaucoup glissé ces derniers temps, mais rappelons que l’IA est une idée très ancienne, et que si on se met à qualifier tout le numérique d’IA, il va devenir difficile de parler précisément des choses. Donc : tout le #numérique n’est pas de l’IA ; parmi tout ce qui relève de l’IA, tout n’est pas de la famille “#apprentissage_machine” ; et finalement parmi la famille “apprentissage machine”, tout n’est pas une IA générative comme ChatGPT et consort. On trouvera un historique de l’IA et les définitions de ces notions dans le numéro de juin 2024 de la revue La vie de la recherche scientifique sur l’IA (https://www.snesup.fr/publications/revues/vrs/intelligence-artificielle-vrs437-juin-2024).

    À quoi sert de refuser d’utiliser ChatGPT ? Je suis parfaitement consciente que ce #refus peut sembler totalement vain, puisque nous sommes tous et toutes entouré·es d’étudiant·es et de collègues qui s’en servent très régulièrement, et que nos gouvernements successifs se ruent sur les promesses d’#automatisation et d’économie de moyens humains envisagées en particulier dans les services publics. Après tout, le #progrès_technologique est inéluctable, n’est-ce pas ? Je n’ai pas la moindre illusion sur ma capacité à changer les pratiques à moi toute seule. J’ai encore moins d’illusions sur une possible influence citoyenne sur le développement de ces outils, par les temps qui courent. Le livre de Yaël Benayoun et Irénée Régnault intitulé Technologie partout, démocratie nulle part est paru fin 2020 (https://fypeditions.com/echnologies-partout-democratie-nulle-part), mais je gage qu’un tome 2 entier pourrait être consacré au déploiement des IA génératives. Pourtant, même et surtout si ce déploiement semble inéluctable, il n’est pas interdit de se demander si les IAs génératives, et leur mise à disposition sous forme de Chatbot, sont une bonne chose dans l’absolu.

    Ce qui suit n’est pas un article de recherche. C’est une prise de position personnelle, émaillée de mes lectures préférées sur le sujet. Cette position est basée sur des préoccupations déjà anciennes à propos des impacts des technologies numériques, renforcées par la fréquentation assidue des domaines des systèmes dits critiques (l’informatique dans les trains, les avions, les centrales nucléaires, …). Dans ces domaines la sécurité et la sûreté priment sur la performance, les durées de vie des systèmes sont plus longues que dans l’informatique grand public, les acteurs sont heureusement frileux vis-à-vis d’évolutions trop rapides. Je ne suis pas chercheuse en IA et ne l’ai jamais été. Je n’ai pas pratiqué de longues expérimentations des outils disponibles, même si j’ai lu attentivement ce qu’en disaient les collègues qui l’ont fait. Mon refus personnel de mettre le doigt dans l’engrenage ChatGPT s’appuie beaucoup sur mes connaissances scientifiques antérieures et ma méfiance envers des systèmes opaques, non déterministes et non testables, mais il est aussi nourri de positions politiques. Si aucune technologie n’est jamais neutre, dans le cas présent la configuration politico-financière extrêmement concentrée dans laquelle se déploient ces outils est particulièrement préoccupante et devrait selon moi conduire à une certaine prise de conscience. Et cela même si l’on est impressionné par les capacités de ces outils, ou tenté par les promesses de gain de temps et d’augmentation de créativité, voire convaincu que le stade de l’’IA générale capable de surpasser l’humain est imminent (et désirable).

    Le tour d’horizon qui suit est uniquement à charge. L’espace médiatique étant saturé de promesses politiques et d’articles dithyrambiques, ce peut être vu comme un petit exercice de rééquilbrage du discours. Je cite un certain nombre de collègues qui font une critique argumentée depuis leur domaine de recherche. Il y en a beaucoup d’autres, dont celles et ceux qui s’expriment dans le numéro de juin 2024 de la revue La vie de la recherche scientifique cité plus haut.
    2. Les impacts socio-environnementaux du numérique sont déjà préoccupants, cela ne va pas s’arranger

    Le déploiement en grand des IAs génératives étant relativement récent, le travail de recherche approfondi et consolidé sur l’estimation précise de leurs impacts environnementaux ne fait que démarrer. Par ailleurs les outils sont particulièrement opaques, ils évoluent très rapidement, et les promesses des vendeurs d’IA n’aident pas à y voir clair. Sans attendre des chiffres consolidés, on peut s’intéresser aux effets locaux prévisibles grâce aux travaux de collectifs comme Le nuage était sous nos pieds ou Tu nube seca mi río ou encore aux collectifs qui ont protesté contre l’installation de datacenters au Chili. Cela permet de rendre plus concrète la matérialité des infrastructures du numérique, et de constater les conflits d’accès locaux sur les ressources en électricité ou en eau. L’épisode IA qu’à algorithmiser le climat du podcast de Mathilde Saliou sur Next est aussi un bon tour d’horizon des impacts environnementaux. Malgré les promesses des grandes entreprises de la Tech d’alimenter leurs infrastructures uniquement avec de l’énergie “verte”, leur récent engouement pour le renouveau du nucléaire laisse penser qu’elles envisagent un avenir où ces énergies seront loin de répondre à leurs besoins. Dans son podcast ‘Tech Won’t Save Us’ Paris Marx a produit un épisode passionnant sur le nucléaire et la tech. Il faut enfin garder en tête que la promesse des grandes entreprises de la tech d’alimenter leurs infrastructures numériques uniquement avec de l’énergie verte, même si elle se réalise, ne les absout nullement de leurs impacts environnementaux. En effet la production d’électricité n’est pas infinie, et celle qu’on consacre aux infrastructures du numérique n’est pas utilisable ailleurs. Si monopoliser les sources d’énergie “verte” pour le numérique oblige d’autres usages à rouvrir ou prolonger des centrales à charbon, alors le numérique est aussi indirectement responsable de leurs émissions.

    Bref, si la trajectoire des impacts environnementaux du numérique était déjà un problème avant l’apparition des IAs génératives, les impacts ont récemment subi un coup d’accélérateur. Ce constat suffirait amplement à remettre en cause sérieusement le déploiement tous azimuts de ces technologies, sauf si l’on croit vraiment que l’IA va sauver le monde, ce qui n’est pas mon cas. C’est un pari risqué que fait pourtant allègrement l’ancien PDG de Google, quand il affirme que les objectifs climatiques étant inatteignables, il faut mettre tous nos moyens sur l’IA en espérant qu’elle résoudra le problème. Il se peut que les projections pharaoniques de ressources nécessaires dans les 10 ans à venir (croissance exponentielle de la demande en électricité et en matériaux) se heurtent rapidement à des limites physiques. Il n’en reste pas moins que de gros dégâts seront déjà irréversibles d’ici-là.

    Au cas où ces impacts environnementaux (qui sont d’ailleurs déjà des impacts socio-environnementaux) ne suffiraient pas à disqualifier le déploiement des grandes IAs génératives, les conditions de travail des humains indispensables au développement de ces outils devrait régler la question. Un article récent aborde cette situation en la qualifiant d’esclavage moderne (The Low-Paid Humans Behind AI’s Smarts Ask Biden to Free Them From ‘Modern Day Slavery’) et le site du projet Diplab d’Antonio Casilli est une mine d’informations sur le sujet, quoi que pas toutes spécifiques aux IAs génératives. Enfin la voracité en données qui fait fi de toute législation ou respect du droit d’auteur apparaît au grand jour dans Meta knew it used pirated books to train AI, authors say. L’excellent 404media titre même OpenAI Furious DeepSeek Might Have Stolen All the Data OpenAI Stole From Us (OpenAI furieux que DeepSeek puisse avoir volé toutes les données que OpenAI nous a voées).
    3. Le contexte politique et économique du déploiement des IAs génératives devrait inciter à la prudence

    Aucune technologie n’est neutre ni inéluctable. Chacune se déploie dans un certain contexte économique et politique qui oriente les choix. Cela a toujours été le cas pour le numérique, depuis le début. L’extrême concentration d’acteurs et de moyens qui préside au déploiement des IAs génératives devrait aider à prendre conscience de cet état de fait. L’annonce récente de 500 milliards de dollars à consacrer au sujet donne la (dé)mesure de la chose. Je ne détaillerai pas les courants politiques et philosophiques qui circulent parmi les promoteurs des IAs. Certains acteurs affirment croire à l’avénement des IAs générales, comme résultat inéluctable de l’accumulation de moyens et de ressources. Que l’on fasse miroiter ces IAs capables de sauver le monde, ou qu’au contraire on annonce l’apocalypse, leur prise de pouvoir et la fin de l’humanité, on participe à détourner l’attention des dégâts déjà bien présents ici et maintenant. Le livre récent Les prophètes de l’IA – Pourquoi la Silicon Valley nous vend l’apocalypsefait le tour de la question efficacement.

    Bien sûr si l’on pose comme hypothèse initiale que le cerveau humain est un ordinateur, alors un très gros ordinateur va sembler très intelligent, et un plus gros ordinateur encore plus intelligent. Mais l’hypothèse initiale n’a pas de sens. Si les IAs génératives conduisent à la fin de l’humanité, ce sera en monopolisant les ressources et en aggravant les problèmes socio-environnementaux, pas en atteignant la superintelligence.
    4. Quid d’une alternative éthique, souveraine, et aux impacts maîtrisés ?

    Quand j’explique les raisons de mon refus total de mettre le doigt dans l’engrenage ChatGPT, on me cite souvent les alternatives éthiques, souveraines, ouvertes, aux impacts environnementaux maîtrisés, respectueuses des droits des auteurs, etc. Je ne remets pas en cause a priori la qualité de ces développements, ni les motivations de leurs auteurs. Simplement il me semble qu’en pariant sur ces alternatives on passe à côté d’un certain nombre de questions.

    Question 1 – effet d’entraînement. Même s’il est effectivement possible de faire des petites IAs éthiques aux impacts moindres, cela participe à l’acceptation générale de toutes les IAs génératives potentielles, dont celles qui ont un impact énorme et sont fort peu éthiques. Que se passera-t-il quand les petites IAs seront rentrées dans les moeurs, qu’on en sera devenus dépendants pour de nombreuses applications, et que les grandes entreprises du numérique lanceront GTP12 grâce aux 500 milliards promis par le gouvernement US ? Les gens resteront-ils bien sagement utilisateurs des petites IAs ? Faut-il se réjouir de l’annonce de l’IA de l’entreprise chinoise DeepSeek qui semble surpasser très nettement celles des entreprises américaines en coût et ressources nécessaires ? Non, bien sûr. Cela marque le début d’une nouvelle course aux armements, l’enclenchement d’un effet rebond massif. C’est un développement extrêmement mal orienté si l’on s’attarde quelques minutes sur le numérique face aux limites planétaires. Il est urgent au contraire de s’intéresser à des trajectoires décroissantes du numérique, et j’espère qu’on en est encore capables.

    Question 2 – est-ce seulement désirable ? Quoi qu’il en soit des impacts, il est de toute façon permis de se demander si les IAs génératives, et leur mise à disposition sous forme de Chatbot, sont une bonne chose dans l’absolu. Il y a des idées qui sont juste de mauvaises idées, même si elles semblent inéluctables. Dans ce cas tous les impacts, même petits, sont déjà du gaspillage.

    5. Quid des usages utiles ?

    Pour le plaisir de l’argumentation, poursuivons en mettant de côté les impacts et en supposant que c’est une bonne idée d’interagir avec des machines via des modèles de langage. Nous sommes soumis en permamence à un discours politique qui vante les gains en efficacité rendus possibles par le déploiement de ces outils. Pourtant dans le cas des services publics, la numérisation à marche forcée a déjà produit de nombreux dégâts avant même l’introduction des IAs génératives, la presse s’en faisant souvent l’écho (comme par exemple ici : « Je n’ai jamais eu le fin mot de l’histoire » : pourquoi la CAF est une boîte noire pour ses allocataires). Il est fort peu probable que l’introduction des IAs génératives améliore quoi que ce soit à une situation où la numérisation s’est accompagnée de désintermédiation totale. Mais passons en revue quelques-une des promesses les plus courantes et leurs effets envisageables.
    5.1 Le fameux “gain de temps” vs les effets d’accélération

    Le domaine du numérique promet des gains de temps depuis plus de 70 ans. Si la promesse avait été suivie d’effet nous devrions, soit avoir réduit le temps de travail à 1h par semaine, soit avoir multiplié la “productivité” par un facteur énorme. Si ce n’est pas le cas, c’est que ce fameux “temps gagné” a immédiatement été rempli par autre chose, pas nécessairement plus intéressant ni surtout plus productif. Allons-nous continuer longtemps à tomber dans ce piège ?

    Prenons l’exemple promu en ce moment dans les administrations : l’usage des IAs génératives pour rédiger des comptes-rendus de réunions, en visio ou pas. Chacun sait que dans un compte-rendu de réunion on va au-delà de la simple transcription mot à mot. Un bon compte-rendu fait preuve de synthèse, on y trouve les points saillants de la réunion, les accords et les désaccords, les décisions actées ou reportées, les promesses de chacun sur le travail à réaliser avant la prochaine réunion sur le même sujet, etc. La capacité des IAs génératives à résumer des textes ou des transcriptions audio est tout à fait incertaine, avec des risques potentiels assez graves. Une expérience détaillée conduit même à conclure que cet outil ne résume pas, il raccourcit, et c’est très différent. En informaticienne je dirais : “pour raccourcir on peut rester au niveau clavier. Pour résumer il faut repasser par le cerveau”. Mais, toujours pour le plaisir de l’argumentation, supposons que la qualité soit au rendez-vous. Serait-ce désirable pour autant ?

    Comme à chaque fois que le numérique est vendu comme moyen de gagner du temps, il faut se demander comment et avec quoi va se remplir le temps ainsi gagné. Dans le cas des comptes-rendus de réunion, voilà un effet tout à fait probable : une accélération du rythme des réunions. En effet, la contrainte d’avoir à rédiger et diffuser un compte-rendu avant d’organiser la réunion suivante ayant disparu, plus aucune limite naturelle ne s’oppose à organiser une autre réunion très rapprochée de la première. Vous me direz que dans ce cas la limite naturelle suivante sera la non ubiquité des participants potentiels. Ce à quoi je répondrai : même pas, puisqu’on nous propose déjà d’envoyer en réunion un avatar qui y jouera notre rôle : Zoom va permettre à un avatar créé par IA de parler pour vous.

    Au cas où cette prévision vous semblerait peu crédible, rappelez-vous comment vous gériez votre temps professionnel il y a 20 ans, avant le déploiement des outils d’emploi du temps en ligne censés nous faire gagner du temps (j’avoue humblement y avoir cru). Quand j’ai pris mon poste de professeure en 2000, mon emploi du temps du semestre tenait sur un bristol glissé dans mon agenda papier format A6, il était parfaitement régulier pendant les 12 semaines d’un semestre. L’agenda ne me servait qu’à noter les déplacements de un à plusieurs jours et les réunions exceptionnelles. Aujourd’hui sans emploi du temps partagé en ligne et synchronisé avec mon téléphone, j’aurais du mal à savoir le matin en me levant où je dois aller dans la journée, pour rencontrer qui, et sur quel sujet. La puissance des outils numériques avec synchronisation quasi-instantanée entre participants pousse à remplir les moindres coins “libres” des journées. Quand il fallait plusieurs jours pour stabiliser un créneau de réunion, c’était nécessairement assez loin dans le futur, le remplissage de l’emploi du temps de chacun n’était pas parfait, et il restait des “trous”. Il n’y a plus de trous. Nous n’avons jamais été aussi conscients de la pression du temps.

    Prenons aussi l’exemple de la gestion des emails, notoirement si envahissants que certaines entreprises et organisations les ont bannis (parfois pour les remplacer par des outils de chat, ce qui ne résoud pas vraiment le problème, mais passons). Les IAs génératives promettent simultanément de (1) générer des emails au ton professionnel à partir d’un prompt donnant quelques idées ; (2) résumer un email trop long en quelques idées importantes. Cela devrait immédiatement apparaître comme menant à une situation totalement absurde où le passage par un texte long est entièrement invisible aux acteurs humains. Pourquoi alors ne pas s’envoyer simplement des emails de 3 lignes ? Le dessinateur Geluck avait décrit le résultat dans un dessin du Chat en 3 cases : a) le Chat dit ” je me suis acheté deux jeux d’échecs électroniques” ; b) Le Chat dit : “je les ai raccordés l’un à l’autre” ; c) Le Chat, en train de faire sa vaisselle dans un évier plein de mousse dit : “et j’ai la paix”. Si la prolifération des emails dans le milieu professionnel est déjà reconnue comme un problème, fluidifier leur usage ne peut que faire sauter les dernières limites naturelles à leur accumulation.

    Pour conclure sur ce point : si la promesse de “gagner du temps” est tentante, s’il peut sembler dans un premier temps que c’est effectivement le cas, il est fort prévisible que le temps gagné sera reperdu dans une accélération de tout le processus qu’on avait cherché à ainsi optimiser. Rendez-vous dans 6 mois ou un an pour voir comment le temps gagné sur les comptes-rendus de réunions et la rédaction des emails s’est rempli.
    5. 2 La créativité à base figée vs la pollution informationnelle

    Un argument qui revient souvent dans le monde universitaire, c’est l’usage de ChatGPT comme “démarreur”, pour donner de premières idées. J’ai personnellement beaucoup de mal à croire que cela produise quoi que ce soit d’un tant soit peu original, je craindrais de plagier sans intention, j’aurais quelque réticence à donner le produit de mes réflexions financées par de l’argent public aux vendeurs d’outils, et je préfère de loin deux heures de remue-méninges avec des collègues ou des étudiants. Mais soit, admettons cet usage. Si on pense les IAs génératives entraînées “une fois pour toutes”, alors on devrait s’inquiéter de voir la créativité future décliner et se désynchroniser des évolutions d’un domaine. Mais si on sait qu’elles évoluent par générations successives re-entraînées sur une base de textes qui augmente, alors il faut se poser la question de la pollution.

    Un aspect très important des IAs génératives qui les distingue d’autres systèmes numériques et d’autres IAs, c’est en effet précisément qu’elles sont génératives. Leurs résultats s’accumulent dans l’espace de l’information en ligne, et constituent une forme de pollution dont il sera très difficile de se débarrasser. Sur ce point j’ai trouvé particulièrement frappante la décision du mainteneur de WordFreq d’arrêter les mises à jour. WordFreq est un outil qui maintient une base de données sur la fréquence des mots dans plusieurs langues, en analysant les textes disponibles en ligne. Le mainteneur a constaté que ces fréquences changent maintenant à un rythme jamais observé auparavant, et accuse les IAs génératives d’avoir irrémédiablement pollué les textes en ligne. Sa conclusion est sans appel : plus personne n’a d’information fiable sur les langues telles qu’elles sont parlées par des êtres humains, après 2021. Les autres exemples de pollution abondent, de l’édition à compte d’auteur (La plateforme de publication en ligne d’Amazon est contrainte de mettre en place une limite de 3 livres par auteur et par jour) au système de publications scientifiques (GPT-fabricated scientific papers on Google Scholar : Key features, spread, and implications for preempting evidence manipulation), en passant par les réseaux sociaux professionnels.

    Le mot slop a été introduit récemment pour décrire cette pollution informationnelle qui s’accumule dans les sources en ligne. Le livre Les IA à l’assaut du cyberespace – Vers un Web synthétique revient sur l’évolution du contenu du web depuis 25 ans, et met en garde contre son artificialisation.

    Comment penser que cette pollution n’aura pas d’impact sur les usages “créatifs” de l’outil, à moyen terme ? Même si les effets à court terme paraissent utiles, à quel avenir contribuons-nous en acceptant une utilisation routinière de ces technologies ?
    5.3 L’automatisation des tâches répétitives vs l’effet coupe rase et la perte de compétences

    Etant enseignante d’informatique, je suis naturellement préoccupée par l’avenir du logiciel si une partie significative est produite par des IAs génératives opaques et non testables, à la fois à cause de la qualité intrinsèque du logiciel produit, et pour ce que cela signifierait dans l’organisation du travail et l’évolution des métiers.

    Un argument qui revient souvent est que les aides à la programmation à base d’IAs génératives sont attrayantes pour maîtriser une grande base de code, naviguer dans des bibliothèques inombrables dont on n’a pas le temps de lire la documentation, produire la partie du code qui a presque toujours la même forme, … Mais si vraiment on se noie dans le code, comme analysé ici, ajouter une couche opaque destinée à en générer encore plus, encore plus vite, est-ce vraiment raisonnable ?

    Si l’on s’intéresse à la construction de ces IA génératives appliquées à la programmation, on se rend compte qu’elles sont comparables aux coupes rases en forêt : il est possible de réaliser de gros profits, une fois, en rasant tout, mais rien ne repoussera jamais. Les outils d’aide à l’écriture de code actuels se sont nourris de toutes les occurrences de code et d’explications produites par des humains et disponibles sur le web. Mais si on croit leurs promesses, ils sont susceptibles de provoquer une réduction drastique des métiers-mêmes qui pourraient produire de nouvelles occurences. Où les futures IAs d’aide à la programmation prendront-elles les exemples à digérer écrits dans le nouveau langage de programmation à la mode ? Dans la production des IAs de la génération précédente entraînée sur un autre langage ? Ce qui vaut pour la programmation vaut pour tous les autres usages qui promettent à une profession de gagner du temps grâce à une IA entraînée sur les productions humaines passées de leur propre métier.

    L’effet coupe rase s’accompagne donc d’une transformation des métiers. On nous explique ainsi que les IAs permettent d’automatiser les tâches répétitives et peuvent déjà remplacer les programmeurs juniors, mais que les programmeurs seniors sont toujours nécessaires. Une première conséquence devrait sauter aux yeux : comme on ne devient pas senior sans être passé par le stade junior, la disparition des juniors devrait logiquement être suivie de la disparition des seniors. A moins de croire que les IAs génératives seront d’ici-là capables d’apprendre toutes seules (mais à partir de quoi ?), cela devrait provoquer une certaine inquiétude.

    On nous explique aussi que les programmeurs seniors restent l’humain dans la boucle. J’ai beaucoup apprécié ce texte d’une traductrice professionnelle qui explique que passer d’une activité de création de texte à une activité de relecture et correction d’un premier jet produit par une IA (non générative ici) modifie le métier et le rend pénible sans vrai gain de temps. Je soupçonne que ces conclusions s’appliquent aussi à la programmation.

    Pour conclure ce paragraphe, parcourons Generative AI : What You Need To Know, un manuel de défense intellectuelle contre les promesses des IAs génératives, par un auteur qui a une longue expérience du métier de développeur web, et qui a d’ailleurs écrit “we’re all-in on deskilling the industry. (…) we’re now shifting towards the model where devs are instead “AI” wranglers. The web dev of the future will be an underpaid generalist who pokes at chatbot output until it runs without error, pokes at a copilot until it generates tests that pass with some coverage, and ships code that nobody understand and can’t be fixed if something goes wrong”.
    6. Conclusion

    Que conclure ? Plus le temps passe, moins je suis tentée d’utiliser ChatGPT ou d’autres outils d’IA générative. Le rythme effréné des annonces et la vision du monde des promoteurs de ces outils m’ont définitivement vaccinée contre le moindre frémissement d’intérêt qui aurait pu subsister. Et je n’ai même pas abordé ici les questions de biais, de sécurité, de protection de la vie privée, … Je lisais récemment CEO of AI Music Company Says People Don’t Like Making Music et comme je suis moi-même incapable de jouer dequelque instrument que ce soit, j’imagine que j’aurais dû être dans la cible de cette entreprise qui prétend “démocratiser” la création musicale. Eh bien non, pas du tout. Dans toute activité créative ce n’est pas le résultat qui compte, c’est le chemin. J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce texte sans aucune “aide” par ChatGPT. Je continuerai comme ça.

    Ah, j’oubliais, si vous êtes tentés d’utiliser ChatGPT comme outil de recherche d’informations, alors même que l’outil n’est vraiment pas fait pour ça et contribue à polluer l’espace informationnel, essayez plutôt eurekoi. C’est plus lent, bien sûr. Mais ça tombe bien, il est urgent de ralentir.

    https://pdimagearchive.org/images/1679dcfd-d3d8-4ecc-a19a-21beced97f05

    https://academia.hypotheses.org/58766
    #AI #IA #intelligence_artificielle #utilisation #enseignement #recherche #ESR

    • L’effet coupe rase s’accompagne donc d’une transformation des métiers. On nous explique ainsi que les IAs permettent d’automatiser les tâches répétitives et peuvent déjà remplacer les programmeurs juniors, mais que les programmeurs seniors sont toujours nécessaires. Une première conséquence devrait sauter aux yeux : comme on ne devient pas senior sans être passé par le stade junior, la disparition des juniors devrait logiquement être suivie de la disparition des seniors. A moins de croire que les IAs génératives seront d’ici-là capables d’apprendre toutes seules (mais à partir de quoi ?), cela devrait provoquer une certaine inquiétude.

      On nous explique aussi que les programmeurs seniors restent l’humain dans la boucle. J’ai beaucoup apprécié ce texte d’une traductrice professionnelle qui explique que passer d’une activité de création de texte à une activité de relecture et correction d’un premier jet produit par une IA (non générative ici) modifie le métier et le rend pénible sans vrai gain de temps. Je soupçonne que ces conclusions s’appliquent aussi à la programmation.

      Je vais parler de ce que je connais :c’était la promesse, il y a encore quelques mois, de remplacer les développeurs, débutants ou pas. Le soufflé est retombé. L’IA générative est probablement une énorme bulle de spéculation. Les gens se sont amusés les premiers mois, maintenant il n’y plus guère que les marketeux pour utiliser ChatGPT pour générer leurs posts Linkedin sans intérêt et des collégien-ne-s/lycéen-ne-s/étudiant-e-s naïfs-ves qui l’utilisent en pensant que ça passera (mais oh surprise, ça ne passe pas, les profs s’en rendent compte), de la même manière que Wikipedia était recopié consciencieusement il y a quelques années encore, et plus loin encore des Universalis ou Larousse... Je suis développeur, et je peux dire que les IA génératives, même spécialisées en code, font encore globalement n’importe quoi. Pourtant on a tou-te-s un abonnement à une IA ici, eh bien ça sert très peu (alors que bon, on pourrait presque se dire : « chouette ça va bosser à ma place sans que personne le voit »). C’est une vague aide à la compréhension, et encore seulement si on a un minimum de compréhension de la logique du code. Je ne dis pas que ça va durer éternellement, peut-être qu’un jour une IA fera tout à notre place, mais ce qui est sûr c’est que ChatGPT n’est pas cette IA là.

    • on a tou-te-s un abonnement à une IA ici

      pas vraiment ; le quota gratuit me suffit largement à me faire aider pour retrouver les bonnes options de ffmpeg ou de rsync une fois par semaine

    • (man ffmpeg consomme bien moins d’énergie et de bébés phoques et n’hallucine pas d’options qui n’existent pas (souvenir de @stephane qui avait partagé une expérience amusante à ce sujet) :-) )

      J’ai tjs des seniors ds mes connaissances, qui m’expliquent que pour rédiger un script dans un langage qu’ils ne connaissent pas, ça leur fait gagner du temps. Ici, on ne l’utilise pas du tout. Même par curiosité. La simple possibilité d’une hallucination ne m’amuse pas, ne me donne pas envie. J’aime résoudre des problèmes, mais pas quand il y a la prétention à m’aider à les résoudre tout en m’en créant d’encore plus vicieux à résoudre.

    • J’ai un abonnement au gaz, à l’élec, au téléphone mobile qui m’a fait couper le fixe, au loyer que c’est deux bras et presque toute la gueule, à l’assurance locative obligatoire, au contrat d’entretien du chauffe-eau exigé par le proprio sous peine de rupture de bail, à une mutuelle de santé hors de prix qui rembourse la naturopathie mieux que la réparation des dents, à tel point que je doit limiter des frais de santé plutôt nécessaires mais généreusement pris en charge à 0%. Je raque une carte annuelle de réduc SNCF, une autre pour des TER, pas que je m’en serve tant mais sans elles, faudrait revenir à l’auto-stop. Et j’achète plus de contrat box.
      Les dépenses incompressibles, y en a nettement trop vu de ma fenêtre qu’elle est riquiqui, alors j’essaie de pas en inventer.
      Dans mon bled capital, j’espère être dispo dès qu’un petit coup de fenwick sera opportun.

    • « L’intelligence artificielle accélère le désastre écologique, renforce les injustices et aggrave la concentration des pouvoirs »
      TRIBUNE
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/06/l-intelligence-artificielle-accelere-le-desastre-ecologique-renforce-les-inj

      Tout concourt à ériger le déploiement massif de l’intelligence artificielle (IA) en priorité politique. Prolongeant les discours qui ont accompagné l’informatisation depuis plus d’un demi-siècle, les promesses abondent pour conférer à l’IA des vertus révolutionnaires et imposer l’idée que, moyennant la prise en compte de certains risques, elle serait nécessairement vecteur de progrès. C’est donc l’ensemble de la société qui est sommée de s’adapter pour se mettre à la page de ce nouveau mot d’ordre industriel et technocratique.

      Partout dans les services publics, l’IA est ainsi conduite à proliférer au prix d’une dépendance technologique accrue. Partout dans les entreprises, les manageurs appellent à recourir à l’IA pour « optimiser » le travail. Partout dans les foyers, au nom de la commodité et d’une course insensée à la productivité, nous sommes poussés à l’adopter.
      Pourtant, sans préjuger de certaines applications spécifiques et de la possibilité qu’elles puissent effectivement répondre à l’intérêt général, comment ignorer que ces innovations ont été rendues possible par une formidable accumulation de données, de capitaux et de ressources sous l’égide des multinationales de la tech et du complexe militaro-industriel ? Que pour être menées à bien, elles requièrent, notamment, de multiplier la puissance des puces graphiques et des centres de données, avec une intensification de l’extraction de matières premières, de l’usage des ressources en eau et en énergie ?

      Des conséquences désastreuses

      Comment ne pas voir qu’en tant que paradigme industriel, l’IA a d’ores et déjà des conséquences désastreuses ? Qu’en pratique, elle se traduit par l’intensification de l’exploitation des travailleurs et travailleuses qui participent au développement et à la maintenance de ses infrastructures, notamment dans les pays du Sud global où elle prolonge des dynamiques néocoloniales ? Qu’en aval, elle est le plus souvent imposée sans réelle prise en compte de ses impacts délétères sur les droits humains et l’exacerbation des discriminations telles que celles fondées sur le genre, la classe ou la race ?

      Que de l’agriculture aux métiers artistiques en passant par bien d’autres secteurs professionnels, elle amplifie le processus de déqualification et de dépossession vis-à-vis de l’outil de travail, tout en renforçant le contrôle managérial ? Que dans l’action publique, elle agit en symbiose avec les politiques d’austérité qui sapent la justice socio-économique ? Que la délégation croissante de fonctions sociales cruciales à des systèmes d’IA, par exemple dans le domaine de la santé ou de l’éducation, risque d’avoir des conséquences anthropologiques, sanitaires et sociales majeures sur lesquelles nous n’avons aujourd’hui aucun recul ?

      Or, au lieu d’affronter ces problèmes, les politiques publiques menées aujourd’hui en France et en Europe semblent essentiellement conçues pour conforter la fuite en avant de l’intelligence artificielle. C’est notamment le cas de l’AI Act adopté par l’Union européenne et présenté comme une réglementation efficace, alors qu’il cherche en réalité à promouvoir un marché en plein essor. Pour justifier cet aveuglement et faire taire les critiques, c’est l’argument de la compétition géopolitique qui est le plus souvent mobilisé.

      Une maîtrise démocratique

      A longueur de rapports, l’IA apparaît ainsi comme le marchepied d’un nouveau cycle d’expansion capitaliste, et l’on propose d’inonder le secteur d’argent public pour permettre à l’Europe de se maintenir dans la course face aux Etats-Unis et à la Chine.

      Ces politiques sont absurdes, puisque tout laisse à penser que le retard de l’Europe dans ce domaine ne pourra pas être rattrapé, et que cette course est donc perdue d’avance.

      Surtout, elles sont dangereuses dans la mesure où, loin de constituer la technologie salvatrice souvent mise en avant, l’IA accélère au contraire le désastre écologique, renforce les injustices et aggrave la concentration des pouvoirs. Elle est de plus en plus ouvertement mise au service de projets autoritaires et impérialistes. Non seulement le paradigme actuel nous enferme dans une course technologique insoutenable, mais il nous empêche aussi d’inventer des politiques émancipatrices en phase avec les enjeux écologiques.

      La prolifération de l’IA a beau être présentée comme inéluctable, nous ne voulons pas nous résigner. Contre la stratégie du fait accompli, contre les multiples impensés qui imposent et légitiment son déploiement, nous exigeons une maîtrise démocratique de cette technologie et une limitation drastique de ses usages, afin de faire primer les droits humains, sociaux et environnementaux.

      Premiers signataires : David Maenda Kithoko, président de Génération Lumière ; Julie Le Mazier, cosecrétaire nationale de l’union syndicale Solidaires ; Julien Lefèvre, membre de Scientifiques en rébellion ; Marc Chénais, directeur de L’Atelier paysan ; Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’homme ; Raquel Radaut, porte-parole de La Quadrature du Net ; Soizic Pénicaud, membre de Féministes contre le cyberharcèlement ; Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU ; Stéphen Kerckhove, directeur général d’Agir pour l’environnement ; Vincent Drezet, porte-parole d’Attac France.

      Organisations signataires :https://www.laquadrature.net/en/hiatus-manifesto

  • #RDC : les #rebelles entrent dans #Goma dans l’indifférence de la communauté internationale | Mediapart

    https://www.mediapart.fr/journal/international/270125/rdc-les-rebelles-entrent-dans-goma-dans-l-indifference-de-la-communaute-in

    RDC : les rebelles entrent dans Goma dans l’indifférence de la communauté internationale
    Le mouvement rebelle M23 soutenu par l’armée rwandaise est entré dans la ville d’un million d’habitants, sans parvenir pour l’heure à la contrôler totalement. Ni les forces internationales déployées sur place, ni les États partenaires du Rwanda n’ont pu – ou voulu – empêcher la catastrophe humanitaire qui s’annonce.

    Justine Brabant

    27 janvier 2025 à 20h49

    CelaCela faisait des jours qu’ils progressaient vers Goma, la capitale du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Ce 27 janvier au matin, les combattants du Mouvement du 23 mars (M23) sont entrés dans la ville.

    Des vidéos amateurs les montrent progressant à pied, en colonnes, à la lueur orangée des lampadaires. D’autres images, prises alors que le jour s’était levé, les montrent rassemblés en groupes de plusieurs dizaines, casques sur la tête et fusils en bandoulière, circulant à l’arrière de pick-up ou de camionnettes.

    « L’entrée des rebelles a été signalée vers 6 h 30 par le quartier Majengo, au nord de la ville », rapporte à Mediapart Ronely Ntibonera, journaliste congolais habitant Goma. Les combattants du M23 ont depuis été vus dans plusieurs autres quartiers de la capitale provinciale, notamment à l’ouest de la ville (vers le rond-point dit CCLK), et sur la colline où est installé le siège de la Radio-Télévision nationale congolaise, non loin du lac Kivu.

    Les rebelles sont appuyés par des soldats de l’armée régulière rwandaise, qui soutient militairement et politiquement la rébellion depuis sa création, en 2012.

    Si leur entrée dans Goma au petit jour, ce 27 janvier, a semblé se faire sans combats majeurs, les rebelles ont depuis affronté les forces armées congolaises et leurs alliés à plusieurs endroits. La déclaration de victoire du M23, qui assure avoir « pris Goma », est pour l’instant prématurée – même si cela peut être une question d’heures. Pour montrer que la ville n’est pas encore entièrement contrôlée par leurs adversaires, des soldats congolais se sont filmés en train de défendre l’aéroport de Goma.

    D’autres vidéos moins flatteuses, dont Mediapart a pu prendre connaissance, montrent des soldats congolais possiblement abandonnés par leur commandement errer en ville. « Ils ne savent plus où aller… Ils sont dans une confusion totale. Aucun officier n’est avec eux », commentent, dépités, les habitants qui les filment depuis leur balcon.

    « Il semble y avoir des problèmes de coordination des opérations, ainsi que des problèmes au niveau des transmissions et du renseignement » du côté de l’armée congolaise, analyse Josaphat Musamba, doctorant à l’université de Gand et chercheur au Groupe d’études sur les conflits et la sécurité humaine (GEC-SH). Le chercheur, fin connaisseur des groupes armés congolais, invite à relativiser la supériorité numérique de l’armée congolaise : « Certes, l’armée congolaise est plus nombreuse. Mais les 4 000 soldats du M23 peuvent compter sur l’appui d’environ 4 000 à 6 000 soldats de l’armée rwandaise, ainsi que des combattants récemment recrutés par le M23 dans les zones qu’il contrôle. »

    Des affrontements étaient également signalés, à la mi-journée, dans le centre de Goma, notamment dans le quartier dit des Volcans. « Cela tire beaucoup aux Volcans, des armes légères et des armes lourdes, depuis ce matin », indiquait en fin d’après-midi lundi 27 janvier Catherine Batende, une habitante du quartier jointe par Mediapart. Goma, ville de plus d’un million d’habitants, abrite également depuis 2022 plusieurs centaines de milliers de personnes ayant fui les combats dans le reste du Nord-Kivu.

    « Des jeunes sortis de chez eux pour regarder ce qui se passait ont été blessés par balles », relate Ronely Ntibonera en début d’après-midi. « Il n’y a pas d’activité en ville. Les boutiques sont fermées, les stations-services aussi. On voit juste quelques motos-taxis transportant des hommes en armes. »

    Plus préoccupant encore : des échanges d’artillerie ont eu lieu de part et d’autre de la frontière avec le Rwanda voisin. L’armée rwandaise a confirmé avoir procédé à des tirs de mortier et d’artillerie sur le territoire congolais, en réponse à des tirs en provenance du Congo qui auraient tué cinq civils. Les villes se trouvant des deux côtés de la frontière (Goma côté RDC, Gisenyi côté rwandais) sont toutes les deux densément peuplées, laissant craindre un nombre important de victimes si ces bombardements se poursuivaient.

    Impuissance internationale
    Après avoir pris une première fois Goma en novembre 2012, le M23 était entré dans une phase de négociations avec les autorités de Kinshasa, puis avait déposé les armes en 2013. Le groupe armé a repris ses opérations en 2021, sur fond de tensions entre les gouvernements congolais, rwandais et ougandais, de désintérêt des acteurs internationaux et de sentiment de marginalisation des Tutsis congolais (dans les rangs desquels le M23 recrute largement).

    Car même si les conflits de l’est de la RDC ont des racines locales, le M23 est largement utilisé comme un moyen d’influence par le Rwanda, son principal soutien. « L’impulsion principale de [la] résurgence du M23 [en 2021] est extérieure à la RDC », estiment dans un rapport conjoint sur le M23 les deux principaux instituts de recherche sur la RDC – l’institut Ebuteli et le Congo Research Group Center de l’université de New York (États-Unis). Si « la faiblesse de l’État congolais a aggravé la crise », explique le rapport, le M23 « est surtout apparu comme un moyen pour le Rwanda de projeter son influence contre son voisin du nord, l’Ouganda ».

    Pour faire face au M23, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) peuvent, théoriquement, compter sur l’appui de Casques bleus de la Monusco et d’une force régionale de maintien de la paix, la force régionale d’Afrique australe. Mais cette présence internationale n’a manifestement pas empêché les rebelles d’arriver jusque dans Goma. Treize soldats issus de ces forces de maintien de la paix ont été tués dans des combats avec le M23 ces derniers jours.

    Le conseil de sécurité des Nations unies, réuni en urgence le 26 janvier, était suivi de près par les Congolaises et Congolais qui espéraient le voir déboucher sur des actions concrètes afin de stopper la progression rebelle. Mais les déclarations condamnant fermement l’incursion du M23 et de l’armée rwandaise n’ont pas suffi à y mettre un terme.

    De quoi nourrir l’incompréhension et la colère des observateurs de cette guerre. « Il serait facile de mettre fin aux agissements du Rwanda en RDC », car « le principal instigateur du conflit du M23 est le gouvernement du Rwanda, un pays dépendant de l’aide étrangère », relève le chercheur Jason Stearns, ancien membre du groupe d’experts des Nations unies sur la RDC et professeur associé à l’université Simon Fraser (Burnaby, Canada).

    Officiellement, Paris donne peu de détails à ce sujet. Mais on en trouve trace dans plusieurs documents. Le rapport annuel 2024 sur les exportations d’armement français mentionne ainsi une licence pour une « formation opérationnelle » accordée au Rwanda pour un montant de 600 000 euros, sans donner de détails sur la nature de cette formation.

    L’armée française participe également à la formation d’officiers des forces armées rwandaises. En mars 2024, le Rwanda était mentionné parmi les pays d’origine des élèves officiers et des cadets en formation à l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (promotion 2023-2024) par le bulletin interne de l’école.

    À la fin 2023, le Rwanda était également mentionné parmi les pays ayant envoyé des stagiaires lors d’une formation de cinq semaines aux écoles militaires de Draguignan, qui incluait « l’apprentissage des fondamentaux du combat interarmes », selon une autre publication interne de l’armée de terre française.

    Interrogé plus en détail sur le contenu de cette coopération militaire, le ministère des armées français n’a pas souhaité nous répondre. Également sollicité, le Quai d’Orsay nous a renvoyée vers les déclarations françaises condamnant l’offensive du M23 et des forces armées rwandaises.

    Sans préciser si les derniers événements étaient de nature à remettre en cause la coopération bilatérale avec Kigali.

    • #rwanda

      « La République démocratique du Congo est une réserve pour les dominants » | Mediapart

      https://www.mediapart.fr/journal/international/270125/la-republique-democratique-du-congo-est-une-reserve-pour-les-dominants

      « La République démocratique du Congo est une réserve pour les dominants »
      Dans « Barbarie numérique, une autre histoire du monde connecté », le sociologue Fabien Lebrun explique comment la révolution numérique est depuis trente ans l’une des causes des guerres dans l’est de la RDC, où une grande partie des minerais nécessaires sont disponibles. 

      Michael Pauron (Afrique XXI)

      27 janvier 2025 à 20h52

      Nous avons toutes et tous des #minerais de sang dans la poche, et sommes les #complices indirect·es de #crimes abominables pour répondre aux injonctions du monde numérique. C’est du moins le propos défendu dans Barbarie numérique, une autre histoire du monde connecté (préfacé par le philosophe québécois #Alain_Deneault, éditions L’Échappée, 2024), du sociologue #Fabien_Lebrun. Dans cet ouvrage, il revisite la « révolution #numérique » au prisme de l’histoire du capitalisme mondial et de la #République_démocratique_du_Congo (#RDCongo #RDC). Pour lui, la « transition » (qu’elle soit énergétique ou numérique) vantée par « l’idéologie du capital » n’existe pas. Seule l’addition de besoins et de technologies (production d’hydrocarbures et extractivisme pour les énergies renouvelables, la numérisation et l’intelligence artificielle) et l’accumulation financière demeurent, avec des conséquences environnementales et sociétales désastreuses.

      Les habitant·es de la RD Congo, où la situation dans l’est s’est détériorée ces derniers jours avec l’offensive du M23, groupe armé soutenu par le Rwanda, sont exploité·es depuis toujours pour nourrir une mondialisation effrénée, estime le sociologue. « Scandaleusement » riches, ses terres sont convoitées au mépris des Congolais·es qui vivent dessus. Hier, il s’agissait d’esclaves. Puis du caoutchouc et des minerais pour les armes (dont l’uranium qui a servi pour construire la bombe atomique lâchée le 6 août 1945 sur Hiroshima). Aujourd’hui, le cobalt, le tantale, le tungstène et d’autres terres rares nécessaires pour les smartphones et les batteries électriques suscitent autant d’appétit que l’or au temps des conquistadors, qui ont pillé les Amériques à partir du XVIe siècle.

      Les propos de l’auteur, qui semblent dépolitiser la question des guerres à répétition dans la région, sont toutefois contrebalancés par d’autres chercheurs. Comme le soulignent par exemple Christoph Vogel et Aymar Nyenyezi Bisoka dans Afrique XXI, ces points de vue (comme d’autres) ont tendance à enfermer l’Afrique « dans une vision réductrice ». La politique en tant que telle serait « purement et simplement absente ». « Ces récits tendent à réduire l’Afrique à un simple réceptacle de politiques extérieures », écrivent les chercheurs. Selon eux, ces discours perpétuent l’idée du « fardeau de l’homme blanc » ce qui « justifie ainsi les interventions internationales sous prétexte de paix, de stabilité et de développement ».

      Fabien Lebrun avance l’idée que ce « technocolonialisme » utilise les mêmes pratiques que le colonialisme et le néocolonialisme : travail forcé, fraude, financements de groupes armés… Dans cet entretien, le sociologue, également auteur d’un essai sur le rôle néfaste des écrans sur les enfants (On achève bien les enfants. Écrans et barbarie numérique, éditions Le bord de l’eau, 2020), estime qu’il est nécessaire de revoir notre rapport à la connexion et aux technologies, d’« entamer une décroissance minérale et numérique » pour préserver des vies en RD Congo. Entretien.

      Afrique XXI : Dans « Barbarie numérique », vous reliez les guerres qui déchirent l’est de la RD Congo depuis trente ans à l’exploitation des minerais nécessaires pour construire les appareils connectés... N’est-ce pas dépolitiser ces conflits qui ont bien souvent des ressors socio-politiques plus complexes ?

      Fabien Lebrun : Les ressources dont a besoin la « révolution numérique » sont très mal réparties sur terre : la RD Congo est sans doute le seul pays au monde qui dispose dans son sol et son sous-sol de la quasi-totalité de la table de Mendeleïev [qui recense tous les éléments chimiques connus – ndlr]. Et, depuis trente ans, des centaines de milices évoluent dans la région. Qui finance ? les puissances capitalistes et aussi le secteur extractif mondial. Pour moi, d’un point de vue économique et industriel, c’est l’élément central de ces guerres à répétition. Tout cela correspond à la période de la numérisation et de la miniaturisation.

      Agrandir l’image : Illustration 1
      Une femme sépare le cobalt de la boue et des roches près d’une mine entre Lubumbashi et Kolwezi (RD Congo) en 2015. © Photo Federico Scoppa / AFP
      Chaque année, sont vendus environ 1,5 milliard de smartphones, 500 millions de téléviseurs, 500 millions de PC, 200 millions de tablettes, 50 millions de consoles de jeux vidéo… Sans oublier les milliards d’écrans, d’objets connectés (comme le réfrigérateur, la voiture…) qui dépendent de minerais et de métaux dont une grande partie se trouve en Afrique centrale – du moins pour les plus stratégiques.

      Pour vous, tout tend à prouver que le retour du groupe armé soutenu par le Rwanda, le M23, en 2021, et qui est sur le point de faire tomber Goma, est intimement lié aux minerais… Quelle est votre hypothèse ?

      En 2021, Félix Tshisekedi [président de la RD Congo – ndlr] passe un accord avec l’Ouganda pour faciliter la construction de routes et l’acheminement de produits miniers, forestiers et agricoles. Presque au même moment, plusieurs rapports montrent qu’il va falloir davantage de tantale et de minerais stratégiques pour la 5G et la voiture électrique notamment.

      Dans ce contexte, plusieurs observateurs estiment que le Rwanda, qui ne veut pas être privé d’une partie de ce marché, a réactivé le M23 en réaction aux accords entre l’Ouganda et la RD Congo. Je penche pour cette hypothèse, d’autant que le M23 a rapidement mis la main sur la mine de Rubaya, dans le Rutshuru, où sont présentes 15 % des réserves mondiales de coltan. Cela étant dit, certains réfugiés du M23 sont en Ouganda. Kampala a donc au minimum fermé les yeux.

      La RD Congo accuse le Rwanda de piller ses sous-sols. On sait que l’Ouganda en profite également... Cette situation pourrait-elle exister sans la complicité de certaines élites congolaises ?

      Il existe des intérêts divergents et contradictoires des élites de la région. Pendant les deux guerres du Congo [de 1996 à 1997 et de 1998 à 2002 – ndlr], les armées sur place qui découvrent toutes ces richesses se sont fait beaucoup d’argent. Il y a eu toute une économie de guerre. Ensuite, les armées ne pouvaient pas rester sur place. Des groupes ont donc été téléguidés. 90 % des minerais 3TG [étain, tantale, tungstène et or – ndlr] estampillés rwandais sont congolais. Et ce pillage bénéficie de la complicité de Congolais, c’est évident.

      Plonger dans l’Histoire permet de voir une continuité dans l’apparition conjointe d’une révolution industrielle […] et un besoin de prélèvement de ressources naturelles.

      Félix Tshisekedi (comme Joseph Kabila avant lui) pourrait stopper ce pillage mais les forces armées de RD Congo participent largement à cette exploitation, comme les centaines de groupes armés. Les élites congolaises, y compris locales, signent des contrats, bradent les terres de leur population et se font beaucoup d’argent.

      Mi-décembre 2024, la RD Congo a déposé plusieurs plaintes en France et en Belgique contre des filiales d’Apple (qui rejette ces accusations) qui exploitent des « minerais de sang ». Quelles pourraient en être les conséquences ?

      Il y a déjà eu une plainte en 2019 aux États-Unis d’un collectif de juristes contre Apple, Dell, Microsoft et Tesla pour complicité de mort d’enfants dans des mines de cobalt congolaises. La plainte a finalement été rejetée en mars 2024. Mais le fait que ce soit désormais un État qui attaque est inédit. Tant mieux si cette plainte conduit à une prise de conscience plus large, car il y a déjà eu de nombreuses campagnes contre les minerais de sang sans que cela change quoi que ce soit. 

      À travers l’histoire de la RD Congo et de la « révolution numérique », vous dénoncez une continuité du capitalisme, de la traite négrière à l’extractivisme des métaux nécessaires pour construire nos appareils connectés. Quels sont les points communs entre le commerce triangulaire et l’exploitation des mines en RD Congo ?

      La démarche du livre est de remettre en perspective le dernier quart de siècle du numérique avec cette grande histoire du capitalisme. À travers la technologie et l’histoire du Congo, on reprécise ce qu’on entend par capitalisme et son développement, ses racines et sa naissance. On peut se concentrer sur ses pratiques, son rapport à la terre et à l’exploitation minière.

      Je pars de ce que Karl Marx appelait [dans Le Capital. Critique de l’économie politique, 1867 – ndlr] « l’accumulation primitive du capital », à savoir la longue période de la traite négrière et du commerce triangulaire, du XVIe au XIXe siècle, qui met en relation Europe, Afrique et Amérique. Il s’agit du commencement de la mondialisation, qui participe aux premiers profits, ou capitaux, notamment européens à travers les conquistadors et les colons (espagnols, portugais, français, hollandais et anglais). Nous assistons à la naissance de l’extractivisme : l’or et l’argent, énormément puisés sur le continent américain dès le XVIe siècle, ont fait la richesse de l’Espagne et du Portugal.

      Les pratiques criminelles se poursuivent dans ce nouveau stade du capitalisme : extractivisme, fraude et travail forcé.

      Plonger dans l’Histoire permet de voir une continuité dans l’apparition conjointe d’une révolution industrielle – ou de la transformation du capitalisme – et un besoin de prélèvement de ressources naturelles. Le Congo est à ce titre emblématique : des hommes, des femmes et des enfants ont été « prélevés » pendant la traite négrière afin de répondre à la demande de sucre, de café ou encore de cacao en Europe ; à partir de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, la forêt y a été exploitée de manière intensive, notamment pour le caoutchouc avec l’expansion de l’automobile et de l’industrie du pneu ; durant les guerres du XXe siècle, des métaux essentiels à l’industrie de l’armement sont exploités au Congo – citons l’uranium du Katanga et la course aux armements durant la guerre froide ; et, dans les années 1990, avec l’informatisation du monde, le pays répond une nouvelle fois présent avec la richesse de son sous-sol et sa diversité minéralogique.

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      Des soldats du groupe armé M23 quittent le camp de Rumangabo dans l’est de la République démocratique du Congo, le 6 janvier 2023. © Photo Guerchom Ndebo / AFP
      Vous expliquez que la notion d’extractivisme avait pratiquement disparu. Quand réapparaît-elle ?

      Le concept d’extractivisme est revenu il y a vingt-cinq ans lors d’une période qu’on a qualifiée de « boom minier », qui correspond au développement du numérique mais aussi à la forte demande des pays émergents (Inde, Chine…). Plusieurs travaux montrent une forte augmentation de la pression sur les terres, principalement dites « métalliques ». Cette période a été rapprochée du XVIe siècle, baptisé « le siècle de l’or ». C’est une continuité.

      Vous parlez également de la continuité du colonialisme, que vous qualifiez de néocolonialisme ou de « technocolonialisme ». Qu’entendez-vous par là ?

      L’état d’esprit des structures coloniales et des institutions, ainsi que leurs pratiques, perdurent à travers une division internationale du travail et une production mondialisée. Les pratiques criminelles se poursuivent dans ce nouveau stade du capitalisme : extractivisme, fraude et travail forcé qu’on peut comparer à l’esclavagisme. En définitive, il faut faire travailler les Congolaises et les Congolais pour alimenter notre mondialisation.

      Le colonialisme se perpétue également à travers le vocabulaire, comme l’expression de « scandale géologique » pour qualifier la RD Congo...

      L’expression vient des colons belges, et plus exactement du géologue Jules Cornet, au début des années 1880, d’abord pour parler du Katanga, puis de l’ensemble de la RD Congo. À travers ce terme, on voit bien la convoitise et la potentielle goinfrerie : le sol est considéré comme riche en matières premières pour développer différents marchés, différentes marchandises, différents produits de la société occidentale. Derrière cette expression, on parle d’un lieu voué à être exploité. C’est une réserve pour les dominants. On parle de la terre pour la maltraiter. On a là un lieu, un territoire qui va participer à l’économie mondialisée. Une projection utilitariste. Ni la nature ni l’humain ne comptent.

      Dans votre ouvrage, vous remettez en cause le langage de ce capitalisme numérique, comme les mots dématérialisation et transition. Pourquoi les considérez-vous inappropriés ?

      Au niveau de l’idéologie, de l’utilisation des mots et de la langue, le terme dématérialisation est en effet un de mes pires ennemis. Il est central dans l’idéologie capitaliste contemporaine. Dématérialiser sous-entend numériser et informatiser. À travers ce terme et d’autres, comme cloud, cyberespace..., on cherche à rendre « éthérées » des choses sur lesquelles on n’aurait pas de prise. Or, un smartphone, c’est soixante métaux et la voiture électrique c’est soixante-dix métaux, la quasi-totalité des quatre-vingt-huit disponibles dans la croûte terrestre. Plus on vend des technologies efficaces et plus on miniaturise, plus on recourt à l’ensemble de la table de Mendeleïev. Dans les vingt à trente prochaines années, il va falloir extraire plus de métaux qu’on en a extrait dans toute l’histoire de l’humanité. Nous n’avons jamais été dans une société aussi matérielle. Parler de « dématérialisation » est simplement faux.

      Il n’y a pas de transition, il y a addition et accumulation […], conformément au principe du capitalisme qui repose sur une croissance infinie.

      C’est la même chose avec l’intelligence artificielle. Il s’agit d’une puissance de calcul basée sur une somme de données qu’il faut traiter, stocker, analyser et essayer de rendre plus performant. On va multiplier la construction des centres de données (les « data centers »), ce qui correspond à du béton, du verre, de l’acier et de l’eau pour refroidir.

      Les énergies renouvelables reposent sur le même type de ressources. L’idéologie du capital appelle ça une « transition ». Or il n’y a pas de transition, il y a addition et accumulation, comme le montre très bien l’historien Jean-Baptiste Fressoz, et conformément au principe du capitalisme qui repose sur une croissance infinie.

      Elon Musk sait que les minerais s’épuisent, raison pour laquelle il veut aller les chercher sur la Lune et sur les autres planètes ou sur les astéroïdes. Emmanuel Macron et d’autres veulent aller les chercher dans les fonds marins. La Russie et la Chine veulent aller sous les pôles. Tous pensent que le XXIe siècle est un siècle extractiviste et que ces nouveaux secteurs permettront d’éviter l’effondrement du capitalisme. Or cet effondrement est déjà entamé.

      Votre ouvrage prône la déconnexion. Comment y parvenir dans un monde ultra-connecté ? Comment limiter la marche technologique actuelle pour sauver des vies congolaises ?

      Beaucoup de gens me disent que c’est impossible. Mais si on réfléchit à la production de tous ces appareils connectés, on tombe forcément sur l’Afrique centrale et en particulier sur la RD Congo qui concentre de nombreuses problématiques liées à la production des technologies connectées. Dans ce cas, si on pense à la place que prennent ces appareils dans notre vie et aux conséquences que cela engendre au Congo, il m’apparaît évident qu’il faut revoir nos technologies, la façon dont elles sont conçues, et sans doute exiger qu’elles deviennent moins performantes, moins efficaces, afin qu’elles exigent moins de pression sur la terre, la géologie, le foncier et l’humain.

      Il faut réintroduire la notion de limite. On n’a pas le choix. Il va falloir entamer une décroissance minérale et numérique. Se déconnecter d’un seul coup est compliqué mais il faut politiser la technologie car elle donne une direction à notre monde, à notre société et à différentes formes de domination et d’oppressions. Tout cela devrait être débattu dans toutes les assemblées, dans toutes les administrations et dans toutes les entreprises.

      Il faut se questionner sur nos besoins réels et non pas ceux créés par l’industrie. Un téléphone à clapet, c’est une trentaine de métaux, soit deux fois moins de pressions qu’un smartphone. D’un point de vue coût-bénéfice, un smartphone avec soixante métaux est inutile.

      Michael Pauron (Afrique XXI)

  • « La #République_démocratique_du_Congo est une réserve pour les dominants »

    Dans « Barbarie numérique, une autre histoire du monde connecté », le sociologue Fabien Lebrun explique comment la révolution numérique est depuis trente ans l’une des causes des guerres dans l’est de la RDC, où une grande partie des #minerais nécessaires sont disponibles.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/270125/la-republique-democratique-du-congo-est-une-reserve-pour-les-dominants
    #RDC #guerre #extractivisme #numérique #conflits

  • #Ada_&_Zangemann - Un #conte sur les logiciels, le skateboard et la glace à la framboise

    Zangemann est un inventeur mondialement connu et immensément riche. Enfants et adultes adorent ses fabuleuses inventions. Mais soudain, gros problème : les skateboards électroniques des enfants buggent et les glaces ont toutes le même parfum. Que se passe-t-il ?

    Ada, jeune fille curieuse, va découvrir comment Zangemann contrôle ses produits depuis son ordinateur en or. Avec ses amis, elle va bricoler des objets informatisés qui échappent aux décisions de Zangemann.

    https://media.fsfe.org/w/jPLeR3vpYE7zWaTYdsB9JU
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ada_%26_Zangemann
    #film #ressources_pédagogiques #film #film_d'animation #numérique #court-métrage #logiciels_libres
    #Souveraineté #sobriété #mixité #inclusion

    —> C’est sous licence libre, et donc toutes les écoles peuvent librement en organiser des projections pédagogiques pour leurs élèves. C’est une excellente ressource pour aborder la question du numérique en classe.

    https://mastodon.mim-libre.fr/@lelibreedu/113872468454382522

  • Evaluation de l’#impact_environnemental du #numérique en France

    Cette étude vise à mettre à jour les données de l’étude menée avec l’#Arcep en 2020 sur l’évaluation de l’impact environnemental du numérique en France, aujourd’hui et demain. En effet, n’avait été pris en compte dans les hypothèses de l’étude de 2020, que les #data_centers situés sur le territoire français. Or une partie importante des usages en France sont hébergés à l’étranger (environ 53 %) ce qui représente des impacts très loin d’être négligeables. Par ailleurs, entre 2020 et 2022, le mix entre les télévisions #OLED et #LCD-LED a varié au profit des télévisions OLED plus grandes et plus impactantes ainsi que les usages notamment due à l’arrivée massive de l’#IA.


    https://librairie.ademe.fr/changement-climatique/7880-evaluation-de-l-impact-environnemental-du-numerique-en-france.h

    #rapport #France #impact #intelligence_artificielle

  • 🪙 Chaque année l’Afnic reverse à la Fondation Afnic pour la solidarité numérique 1,3 million d’euros issus de ses revenus liés à la gestion des noms de domaine en .fr.

    💡 Lumière sur 4 appli pour la santé et la protection des personnes vulnérables lauréats de la Fondation :

    ✅ Keep A Breast Foundation Europe ,

    ✅ Kolibri par Association Marion La Main Tendue,

    ✅ Roseapp par RoseUp Association

    ✅ StreetNav par StreetCo

    🫶 Découvrez ces applications avec Isabel Toutaud, Déléguée générale de la Fondation Afnic sur https://www.afnic.fr/observatoire-ressources/papier-expert/fondation-afnic-lumiere-sur-4-appli-pour-la-sante-et-la-protection-des-personn

    #Santé #Solidarité #Numérique #PointFR #SolNum #Handicap #Accessibilité #PersonnesVulnérables

  • Pour une écologie décoloniale du #numérique

    Originaire de la République Démocratique du Congo et réfugié politique en France, David Maenda Kithoko nous raconte son histoire et ses combats pour une prise de conscience des liens entre numérique, colonialisme, minerais de sang et #conflits en République Démocratique du Congo et plus largement dans la région des grands lacs africains.

    https://peertube.designersethiques.org/w/eCTeXbdkjUcdNzpZNtCdVX
    #conférence #David_Maenda_Kithoko
    #RDC #congo #République_démocratique_du_Congo #géologie #décolonial #colonialisme #scandale_géologique #minerais #extractivisme #ressources #cobalt #caoutchouc #histoire #histoire_coloniale #économie_électronique #vidéo

    ping @karine4 @reka @cede

  • Ma supérette 100 % automatique : « Pour les gens qui n’aiment pas les courses, c’est génial »
    https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2024/10/05/ma-superette-100-automatique-pour-les-gens-qui-n-aiment-pas-les-courses-c-es

    En 2021, les compères apprennent que des minisupermarchés (Lifvs) en conteneurs, sans personnel, s’installent en rase campagne suédoise. Un « plop » de bouchon qui saute se produit dans leur esprit. Et s’ils ramenaient de cette façon, eux aussi, le commerce de proximité dans les villages français ?

    « On a agi très, très vite, témoigne Alex Grammatico, dont le regard clair, mais fatigué, accrédite le propos. On s’est plongés dans les fichiers Insee des besoins en équipements des 35 000 communes de France. On a cartographié ces données avec un data analyst, visualisé 26 500 villages dépourvus de magasin d’#alimentation. Et 2 000 d’entre eux, comptant plus de 750 habitants, situés à dix minutes au moins du premier supermarché. » Tel serait leur vaste terrain de jeu commercial.

    Commence alors une tournée des mairies concernées (d’autant plus fructueuse que la pandémie de Covid-19 a accru l’isolement et familiarisé avec le QR code). Puis des négociations avec la #grande_distribution. Jusqu’à l’accord avec Carrefour, capable de livrer en petites quantités partout en France, au même prix que dans ses supermarchés. Mais, pour cela, les fondateurs d’Api doivent commander en gros, donc ouvrir d’emblée une brochette d’épiceries, quand les banques ne prêtent pas. S’ensuit une levée de fonds express auprès d’actionnaires privés régionaux.

    https://justpaste.it/fltpx

    #commerce #commerce_de_proximité #villages #ruralité #voiture

    • Les personnes âgées qui ont du mal à se déplacer peuvent faire leurs courses sans solliciter les voisins ni la famille

      Voilà, c’est super. Besoin de personne. Le rêve ultime.

      Bon, si ça peut tuer les supermarchés, c’est intéressant. Parce-que là ça se répand dans les campagnes comme la misère sur le monde, mais, y’a aucune raison que ça ne « séduise » pas les urbains ensuite. Il paraît que les urbains, même dire bonjour au livreur deliveroo, c’est un contact humain éprouvant.

    • #numérique #QR_code #carrefour #supermarché

      c’est toujours eux derrière, avec que des produits industriels de centrale d’achat, sûrement avec des trucs de vaches et cochons en batterie et des trucs sucrés transformés plein d’huile de palme, comme partout ailleurs

      après purement comptablement, oui c’est mieux ça (un camion qui amène la marchandise à 700 personnes au centre du village), que chacun qui va loin faire des courses dans sa voiture tout seul (700 personnes qui conduisent jusqu’au supermarché à 15km), pour ce qui est de la pollution, du CO2 et de moins de monde sur les routes.

    • Moi, mon petit doigt qui vit à la campagne, me dit que ça ne produira pas moins de km bagnole et à mon avis au contraire plus (paradoxe de Jevons)

      « Il y a tout ce qu’il faut pour cuisiner un plat familial courant. J’y envoie mon mari, il trouve plus facilement ce que je lui demande. Parce qu’il y a toujours une bricole qui manque, à la maison. Quelqu’un vous tombe sur le dos pour l’apéro, un mot en appelle un autre, il reste manger…

      Question 1 : Les anciens kilomètres hebdomadaires pour aller au bourg centre à 15km en profitant de la voiture de la belle-sœur seront-ils supprimés ? Non. Car la belle-sœur continuera d’aller au bourg-centre pour sa séance de pilate et en profiter pour passer à la pharmacie et acheter des chrysanthèmes pour la tombe du frère pour pas avoir la honte le prochain 1er novembre.

      Question 2 : Puisqu’avec ces nouvelles supérettes, on peut oublier tout, au lieu de devenir prévoyant et/ou de dire « bah tant pis on va faire sans beurre » et/ou de dire « chéri, va demander à la voisine si elle aurait pas deux œufs à me passer pour la gougère, je lui rendrai samedi », les ruraux ne vont-ils pas surtout découvrir le luxe d’avoir un « arabe du coin » ?

      Point subsidiaire 3 : Les campagnards ne vivent pas tous en centre-village. Dans mon village, c’est 1/5. Les 4/5 sont dans des hameaux/fermes. Et pour venir au village, ils font 2 ou 3km ou 5km en bagnole (même 500m en fait, et même parfois 100m...). En rural, ce serait une erreur de croire qu’on va aller « à l’arabe du coin » à pied.

    • Uhuh, dans un coin des corbières dans le canton de mouthoumet pour être précise, les politiques locaux avaient tenté d’imposer une distribution d’épicerie. Il suffisait que les vieux qui en avaient besoin (donc sans avoir à solliciter leurs voisins) se servent d’internet pour commander, dommage ils ne savaient pas. Dans chaque village avaient été installés à grand coût d’argent public des lieux dédiés avec frigo. Marrant hein, sans aucune étude sur les besoins locaux, ben ça a capoté.

      Ce qui marche bien c’est le marché organisé une fois par semaine des producteurs locaux, musiques, chants, boire un coup ce soir là est devenu un petit rituel bien plus sympathique.

    • Un marché, sauf si le bled est assez grand, il faut que des clients roulent 15 bornes pour que ça dépote assez pour pour les commerçants. Quand au système camion avec bref passage hebdo (boulangerie, boucherie, ...), il me semble que c’est devenu rarissime, et puis c’est le plus souvent une gamme limitée, une spécialité. D’ailleurs il y a des supermarkets toutes les 20 bornes et les gens y achètent, le pain, le journal et les pellets aussi, éventuellement en taillant la bavette avec la caissière.
      J’ai l’impression que ces nouveaux sous-traitants de Carouf ont de l’avenir.

    • Sinon, un truc vraiment super de la part de Clément, le maraicher du coin des corbières avec des villages entre 10 et 100 habitants, pas plus, soit je crois 5h/km2. Clément installe tous les matins ses fruits légumes, des fleurs et des plantes dans une cabane au bord de la route puis s’en va.
      On vient se servir, on met les sous dans la caisse, y’a pas d’ordi, rien, juste la confiance. Ça fait 4 ans qu’il fait comme ça, tu pèses toi même et si l’envie te prend tu lui laisses un petit mot de remerciement.

  • Formations et ressources en #accessibilité #web et #numérique – Timothée Goguely
    https://timothee.goguely.com/blog/formations-ressources-a11y-web-numerique
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    Les enjeux, les normes et les bonnes pratiques de l’accessibilité web (et numérique plus généralement) sont malheureusement encore trop méconnues par nombre d’enseignant·es et de professionnel·les du design, du développement et de la rédaction web.

    N’ayant pas du tout été sensibilisé à ce sujet durant mes études, j’ai voulu progressivement monter en compétences ces dernières années, en suivant certaines formations et en parcourant livres, blogs, sites et autres ressources spécialisées.
    Afin d’encourager et de faciliter cet apprentissage par tout un chacun, je vous partage ici une sélection des meilleures d’entre elles.