• Bien le bonjour de Jalapa,

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/Bien-le-bonjour-de-Jalapa

    J’ai tardé à vous parler de la dernière rencontre des autorités agraires de la région chontale (sixième réunion des autorités agraires de la région chontale face aux concessions minières). Elle a eu lieu le 23 avril, une semaine après la rencontre d’Ixtepec dont je vous ai entretenu. Elle s’est tenue à Jalapa del Marqués. Jalapa est déjà une ville d’une certaine importance sur la route de l’Isthme. Elle a été fondée par le Marquis, un certain Cortés qui, après avoir conquis le Mexique, poursuivait obstinément le rêve d’une époque : atteindre la Chine pour y commercer. Après avoir traversé le Mexique, Cortés retrouvait la mer et l’obsession de son temps, qu’il fit sienne, et il s’est mis à construire des bateaux, ici à Jalapa del Marqués. Il n’a pas pu réaliser son projet, aller en Chine, mais d’autres l’ont fait après lui et le Mexique a été très vite en contact commercial avec le Japon pour des échanges fructueux, mais à partir d’un autre port, celui d’Acapulco, bien plus proche de la capitale. La ville fondée par Cortés a disparu : elle est sous l’eau d’un barrage construit dans les années 1950 pour arroser les fincas de l’Isthme. On aperçoit encore le sommet de l’église quand les eaux sont basses. (...)

    #Mexique #Oaxaca

  • Rencontres à Ixtepec

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/Rencontres-a-Ixtepec

    Le dimanche 10 avril de l’année 2016, s’est tenue une rencontre des opposants à des projets miniers qui, peu à peu, parviennent à la connaissance des populations concernées et les alertent. Ixtepec est une bourgade de moyenne importance qui se trouve dans l’isthme de Tehuantepec à une trentaine de kilomètres au nord de Juchitán. L’espace de la réunion était vaste, couvert et en plein air, et l’assistance nombreuse. Outre les habitants (une partie) d’Ixtepec, dont les responsables des biens communaux, se retrouvaient ici des gens venus de tous les coins de l’Isthme touchés par cette question, de Zanatepec à l’est, d’Ixhuatán, plus au sud-est, de San Miguel Chimalapa au nord-est, d’Unión Hidalgo, de Juchitán, de la région chontal plus à l’ouest, etc. Ajoutons à tout ce monde la présence d’ONG (organisations non gouvernementales), des radios communautaires, diverses associations… et nous n’aurons fait qu’un tour bien trop rapide de tous les présents. (...)

    #Mexique #Oaxaca #résistance #médiation #représentation

  • Un village funambule

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/Un-village-funambule

    San Matías Petacaltepec est un petit village funambule perché sur une crête aux versants à pic. Il paraît se tenir en équilibre sur l’éperon rocheux d’un vaisseau invisible pris dans une tourmente géologique. La piste longe l’école, le terrain de basket-ball, la mairie, l’église pour disparaître avec les dernières habitations du village. De part et d’autre, des maisons ont été érigées en équilibre précaire sur les pentes abruptes. Un labyrinthe de sentiers étroits et pentus y mène et je me demande comment les femmes avec leur enfant sur le dos, les hommes avec leur costal de maïs ou de café peuvent bien descendre sans glisser ou monter sans effort apparent. Ils ont l’habitude : la pente est aussi raide et vertigineuse que les champs de maïs que j’aperçois au loin au flanc escarpé des montagnes, petits rectangles de carton découpés dans l’immense forêt. Les pièces des habitations sont étroites et en quinconce, collées contre la paroi, le patio est tout petit avec quelques fleurs et, parfois, un poulailler serré dans un coin. Pas de chien, ce qui est à la fois reposant et étonnant : un village indien sans meute de chiens frénétiques ! (...)

    #Mexique #Oaxaca #peuple-chontal #exploitation-minière #résistance #assemblée

  • Istmeño, le vent de la révolte : un documentaire de résistance à la spoliation, par Alèssi dell’Umbria

    Argelaga

    http://lavoiedujaguar.net/Istmeno-le-vent-de-la-revolte-un

    En juillet 2015, nous avons eu l’occasion de voir à Barcelone le documentaire qui décrit la résistance des paysans et des pêcheurs indigènes dans l’isthme de Tehuantepec (Oaxaca). Ils affrontent les multinationales, les autorités gouvernementales et les partis politiques qui sont bien décidés à transformer leur territoire en une « forêt d’énergie » et à recourir aux méthodes habituelles : corruption, combines, intimidation et même assassinat. Alèssi donne la voix au peuple de l’Isthme dans sa lutte contre les projets de construction de centrales éoliennes afin de défendre ses moyens de subsistance et ses coutumes. Les expropriations, l’usurpation et la privatisation des terres communales et des ejidos, autrement dit la transformation du territoire en capital industriel, menacent en effet sérieusement ses modes de vie. La chose la plus remarquable est sans doute l’auto-organisation populaire qui a surgi pour répondre aux besoins immédiats de la lutte, l’Assemblée des peuples indigènes de l’isthme de Tehuantepec en défense de la terre et du territoire, fondée autant sur le rejet des partis, des autorités municipales et de tout ce qui représente le Pouvoir, que sur l’autodéfense face aux sicaires, aux paramilitaires et à la police. (...)

    #Mexique #documentaire #résistance #éoliennes #Oaxaca

  • Dans les villages indigènes de la Sierra Norte de Oaxaca, les élèves avaient coutume de se mettre en cercle quand les maîtres procédaient à une interro écrite, et d’en discuter entre eux. Les maîtres d’école essayaient de leur imposer le système qu’on connait tous, chacun dans son coin qui répond isolément, les minots répondaient que « dans la communauté quand il y a un problème on fait une assemblée et on discute, pourquoi c’est pas pareil à l’école ».
    Authentique.

    Un commentaire d’Alèssi Dell’Umbria sur FB sous un article d’Amandine Gay :
    https://badassafrofem.wordpress.com/2015/06/13/emulation-ou-competition-apprenons-a-jouer-collectif

    #compétition #émulation #coopération #école #éducation #Amandine_Gay #Oaxaca (ouais je mélange un peu tout)

  • « À Oaxaca il n’y a pas de défaite ! » (II)

    entretien avec David Venegas Reyes

    http://lavoiedujaguar.net/A-Oaxaca-il-n-y-a-pas-de-defaite

    Seconde partie de l’entretien réalisé fin décembre 2014 à Oaxaca par LundiMatin avec David « el Alebrije », jeune communard des quartiers populaires d’Oaxaca.

    En juin 2006, le gouverneur de l’État d’Oaxaca, Ulises Ruiz, membre du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel, parti unique de fait pendant très longtemps), ordonne l’évacuation de la place centrale de la ville, occupée, comme chaque année, par le syndicat enseignant « Section 22 » pour faire valoir ses revendications. Un grand nombre d’habitants de la ville se solidarise avec les enseignants et une rare convergence de mouvements constitue ce que l’histoire retiendra comme la « Commune d’Oaxaca ». Pendant six mois, les habitants insurgés de la ville et de nombreuses autres villes et villages de l’État se sont réunis en assemblées (Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca), ont planifié des actions, organisé la vie collective, défendu leur territoire contre la police locale puis contre la Police fédérale qui ne parviendra que le 29 novembre à rétablir son contrôle sur la ville. David explique ici comment les pratiques amérindiennes d’autonomie matérielle, spirituelle et politique ont influé durablement sur le cours des luttes sociales dans l’État d’Oaxaca — notamment depuis le soulèvement de la ville — et plus largement sur les luttes au Mexique. (...)

    #Mexique #Oaxaca #autonomie #peuples-indigènes

  • Un aller et retour dans l’Isthme

    Georges Lapierre

    http://www.lavoiedujaguar.net/Un-aller-et-retour-dans-l-Isthme

    #Oaxaca, #Mexique, juin 2014.

    (...) Le gouvernement peut aussi comme à Puebla ou à Morelos faire appel à l’armée et à la marine pour défendre les ouvriers travaillant à la construction des aérogénérateurs. Avec le manuel pour le bon usage de la force destiné à l’armée et à la marine, qui vient d’être approuvé par les législateurs, la répression des luttes sociales a été légalisée. Maintenant les soldats sont appelés à protéger les travaux si l’on considère en haut lieu que sont en danger des tierces personnes comme les ouvriers des chantiers, par exemple. À chaque élection présidentielle un pas de plus est accompli. L’armée était supposée sortir de ses casernes pour protéger la nation contre l’ennemi extérieur ; il y a peu de temps encore, l’armée était invitée à sortir de ses casernes pour protéger l’État contre la guérilla ; avec Calderón, l’armée était invitée à sortir des casernes pour défendre les gens contre le « crime organisé » ; avec Peña Nieto, elle est invitée à sortir des casernes pour protéger les travailleurs contre les gens. Ce sont là des prétextes ; en réalité, l’armée est invitée à sortir de ses casernes pour imposer par la force et contre la volonté des gens concernés des mesures impopulaires ; elle est l’instrument coercitif au service d’une autorité (d’une pensée, d’une volonté) étrangère, venue d’ailleurs et qui impose ses diktats à une population subjuguée. (...)

    #éoliennes #résistance

  • Dans l’isthme de Tehuantepec
    Récit d’un voyage mexicain (III)

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/Dans-l-isthme-de-Tehuantepec-Recit,1161

    À San Mateo, qui nomme le président municipal et son cabinet selon les us et coutumes, le président actuel, El Chico, manipulé en sous-main par des personnages puissants, a réussi à imposer et à faire élire ses candidats. À San Dionisio, qui élit ses représentants par le biais des partis politiques, le PRI s’est divisé en deux : un candidat s’est présenté au nom de ce parti, l’autre candidat et les dissidents ont rejoint le PSD (Parti social-démocrate) et prétendent s’opposer aux éoliennes (alors que le candidat à la présidence est employé d’un cacique de la région qui, lui, a loué des terrains aux constructeurs d’éoliennes) ; il aurait remporté les élections mais il y a embrouille, on doit recompter les voix et les électeurs se prennent la tête pour tomber dans le piège d’une opposition fictive. Dans ce jeu de dupes, les opposants les plus conscients, une quarantaine de personnes, n’ont pas participé aux élections et continuent à occuper la mairie. (...)

    #Mexique #Oaxaca #voyage #pèlerinage

  • Dans l’isthme de Tehuantepec
    Récit d’un voyage mexicain (II)

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/Dans-l-isthme-de-Tehuantepec-Recit,1160

    Les habitants se sont agglutinés sur le zócalo, les femmes se sont retrouvées ensemble d’un côté et les hommes de l’autre, les quelques partisans des deux partis politiques qui s’opposent dans l’Isthme, le PRI et la Cocei, se tiennent à l’écart. Le conseil des anciens, après un discours sur l’importance de l’événement, l’explication de son déroulement, son rôle, et en fonction de quels critères il a choisi les candidats, procède à l’appel de quinze candidats (pour dix conseillers et un président). Ceux-ci se rangent devant et l’élection pour les différentes charges commence. Le président ? L’assemblée ou plutôt quelqu’un dans l’assemblée crie un nom, il est repris ou n’est pas repris, un consensus se fait et se manifeste par un applaudissement général, et ainsi, poste par poste, quelquefois c’est la franche rigolade, mais l’accord sur un nom se fait toujours et rapidement, les gens se connaissent bien et ils savent qui est le plus apte pour la fonction. Le président, par exemple, à la différence des politiciens de tout acabit, est un taiseux, mais on sent que c’est un homme d’expérience, connu et reconnu par la population. À la fin de cet acte de démocratie directe, il est rappelé l’importance de l’assemblée : c’est elle qui est souveraine et les autorités qui viennent d’être nommées lui sont entièrement dévouées et doivent toujours se référer à elle pour les décisions importantes. (...)

    #Mexique #Oaxaca #démocratie-directe #éolien-industriel #résistance

  • Dans l’isthme de Tehuantepec
    Récit d’un voyage mexicain (I)

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/Dans-l-isthme-de-Tehuantepec-recit

    C’est accompagné d’un fantôme que j’entreprends ce périple dans l’isthme. Comment faire entendre ce qu’est l’isthme de Tehuantepec sans évoquer L’Homme et la Terre d’Elisée Reclus, sans y puiser mon inspiration pour décrire ce complexe géologique particulier donnant naissance à une culture originale ? Deux chaînes de montagnes, qui sont les deux colonnes vertébrales du Mexique, la Sierra Norte et la Sierra Sur, se rejoignent pour plonger brusquement dans une vaste dépression, et resurgir ensuite des profondeurs telluriques tel un iceberg dans un nœud inextricable de monts et de ravins, les Chimalapas, sur lequel s’adosse l’État du Chiapas.

    L’isthme de Tehuantepec lui-même se présente comme un vaste delta de terre s’ouvrant largement par ses lagunes sur l’océan Pacifique. Il est comme le débouché de la dépression géologique formant un long couloir entre le golfe du Mexique et celui de Tehuantepec. Dans ce corridor s’engouffre le vent du Nord. De tout temps, ce fut un lieu d’échanges et de rencontres. Berceau de la culture mésoaméricaine à son origine, croisement des civilisations, il fait le lien entre le monde maya du Sud-Est (Chiapas, Guatemala, Honduras) et celui des hautes vallées centrales (vallées de l’Oaxaca, de Puebla, de Tlaxcala, de l’Anahuac). (...)

    #Mexique #Oaxaca #résistance #éoliennes

  • Dans l’isthme de Tehuantepec, au Mexique,
    Santa Cruz Guuze Benda (des pêcheurs)
    ou Santa Cruz Eólicu ?

    Asamblea de Pueblos del Istmo

    http://lavoiedujaguar.net/Dans-l-isthme-de-Tehuantepec-au

    Le 14 décembre, à l’aube, à Juchitán, commune binnizá de l’isthme de Tehuantepec, les pétards convient les fidèles à accompagner la Santa Cruz Guuze Benda ou Sainte Croix des Pêcheurs tout au long de son parcours annuel : immuable depuis des centaines d’années, il débute dans la Septième Section, quartier sud de Juchitán, pour atteindre les rives de la Lagune supérieure. Dans une pièce de la maison du mayordomo , la croix attend, ornée de colliers de guie chaachi ou fleurs de mai.

    Il est six heures du matin lorsque la procession s’ébranle au son des prières et de la musique d’une banda locale. Cette année, le quartier s’est polarisé autour d’un conflit social concernant l’installation du champ d’éoliennes Bii Hioxho (Vent vieux) sur deux mille hectares de terres communales, sans aucune consultation préalable du peuple binnizá. Ces terres furent décrétées terres communales par la résolution présidentielle de 1964, mais, depuis 1978, la ville de Juchitán n’a plus d’autorités régissant les terres communales (...)

    #Oaxaca #éoliennes-industrielles #pêcheurs

  • Oaxaca
    Voyage dans le pays des Chontal

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/Voyage-dans-le-pays-des-Chontal

    Une logique se dessine, terrible, visant à affaiblir les liens communautaires, à désagréger les peuples et à intégrer bon gré, mal gré, les populations à la société de consommation. La plus importante de ces mesures concerne la privatisation des terres communales, elle fait suite au traité de libre commerce entre le Mexique, les États-Unis et le Canada de 1992. Le gouvernement semble bien déterminé à aller jusqu’au bout et à imposer coûte que coûte la propriété privée. Ceux qui auront refusé tous les programmes de privatisation devront alors acheter la terre pour en faire une copropriété. S’ils ne peuvent pas l’acheter, ils seront considérés comme pauvres et l’État se substituera à eux.

    La question des mines à ciel ouvert a été abordée, grave question qui touche tout le pays et qui se présente comme une véritable catastrophe pour les habitants des lieux convoités. Les multinationales obtiennent sans problème la concession couvrant plusieurs hectares de la part de l’État, il leur faut ensuite obtenir l’autorisation des habitants et alors tous les moyens sont bons : promesses, corruption des autorités, division de la communauté villageoise, formation de groupes de choc, appel à des pistoleros, assassinats — qui resteront impunis (…)

    #Mexique #Oaxaca #peuples-indigènes

  • Non couvert par les opérateurs, un village crée son propre réseau mobile - Numerama
    http://www.numerama.com/magazine/26856-non-couvert-par-les-operateurs-un-village-cree-son-propre-reseau-mob

    « Faute de couverture par le principal #opérateur du pays, des habitants d’un village mexicain ont créé leur propre opérateur téléphonique local, dont le prix défie toute concurrence. » Tags : internetactu2net fing internetactu #mesh_networks opérateur (...)

    #wifi