• La betterave, la gauche, le peuple - et nous Chez Renard - Tomjo

    Le 12 janvier 2023, la coopérative sucrière #Tereos est condamnée à une amende record d’un demi-million d’euros pour l’ #écocide de l’Escaut en 2020 [1]. Que ce soit au moment de la catastrophe, lors de l’audience en décembre 2022, ou du délibéré quelques semaines plus tard, on n’a vu ni le député local ni le maire exiger des comptes du deuxième groupe sucrier mondial devant une foule vengeresse. Non plus qu’on n’a entendu le « député reporter » #François_Ruffin, dans sa cuisine ou aux portes de l’usine, dénoncer les méfaits du sucre sur la #santé et de Tereos sur la vie. On n’a pas vu le ministre de l’industrie Renaud Lescure taper du poing en sous-préfecture, ni #Xavier_Bertrand, président du Conseil régional, défiler dans les rues. Le président des Hauts-de-France préférant manifester à Paris le 7 février 2023, juché sur les tracteurs des betteraviers pour défendre l’épandage de #néonicotinoïdes : « Il n’est pas question de faire les mêmes conneries sur l’agriculture que sur le nucléaire ! »

    
À l’inverse, aucun élu n’a manqué pour défendre l’usine à l’annonce de la fermeture de la sucrerie d’Escaudoeuvres le 7 mars suivant. A entendre nos représentants du peuple, non seulement celle-ci ferait la prospérité des gens du Nord, mais elle participerait d’un patrimoine digne d’être défendu – demandez à la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), appelée à la rescousse de l’usine pendant les procès pour relancer le mythe de la betterave sucrière, impériale et napoléonienne. Seul Renart s’échine à briser le silence d’une région, de ses habitants et # ses élus, sur leurs méfaits.

    #Pollution historique, amende record. Le 9 avril 2020, un bassin de décantation de la #sucrerie d’Escaudoeuvres déverse 100 000 m3 d’eau contaminée dans l’Escaut. Le préfet n’ayant pas prévenu les autorités belges, la pollution a tout loisir de passer les écluses, descendre la rivière, et supprimer toute trace de vie sur plus de 70km, poissons, batraciens, libellules. Les autorités belges et des associations françaises attentent un procès à Tereos. Trois ans plus tard, le 12 janvier 2023, le juge inflige neuf millions d’euros de dommages et intérêts pour restauration de la rivière, et une amende de 500 000 euros – laissant l’État français, lui aussi muet depuis le début, sauf de toute responsabilité pour sa négligence. L’avocat des betteraviers se réjouit que le montant soit « très inférieur aux demandes qui ont été faites [2]. » C’est tout de même plus que la dernière grande catastrophe écologique survenue en France, le naufrage de l’Erika en 1999, qui avait valu à Total une amende de 375 000 euros, soit 424 000 euros d’aujourd’hui.

    Les 123 salariés et les habitants d’Escaudœuvres s’apprêtaient à célébrer les 150 ans de leur sucrerie quand Tereos annonce sa fermeture le 7 mars, à peine deux mois après le délibéré. Ces élus qui n’avaient rien dit, et rien à dire, sur la catastrophe de Tereos, se précipitent pour dénoncer sa fermeture [3]. Parmi les trémolos, ceux du député Guy Bricout et du maire Thierry Bouteman :

    Cambrai, terre agro-alimentaire depuis 150 ans : c’est notre passé, c’est notre présent, et nous croyons que c’est notre avenir. Nous demandons l’arrêt de tout processus qui conduirait à la fermeture de notre sucrerie à Escaudœuvres. Il faut être déconnecté, ou perdre confiance, pour prendre une telle décision. Je ne les crois pas déconnectés, je crois qu’ils ont perdu confiance. Pas nous. Pas les sucriers, pas les saisonniers, pas les intérimaires, pas les sous-traitants depuis 150 ans. Pas les élus, pas les habitants.

    En écho, le ministre délégué à l’industrie #Renaud_Lescure se déplace quelques jours plus tard pour déclarer que « l’industrie, c’est une arme anti-colère, l’industrie c’est une arme d’espoir. » Il annonce trois millions d’euros pour un « rebond industriel dans le Cambrésis ». Puis c’est au sénateur communiste Eric Bocquet de rappeler combien « la sucrerie, c’est l’ADN de la commune » (bonjour le diabète), une « véritable institution dans l’arrondissement de Cambrai », dont l’« histoire » et la « richesse » rendent sa fermeture « particulièrement violente » [4].
    
Chacun sa partition, mais le premier arrivé devant l’usine pour donner le ton, c’est l’« insoumis » amiénois François Ruffin : la betterave à sucre serait selon notre « député reporter », comme il se présente, une « production industrielle qui appartient à notre patrimoine » national, un fruit de « l’intelligence humaine » inventé pendant le blocus continental entre 1806 et 1815, justifiant par là que « l’État intervienne dans l’économie, construise des filières dans la durée, et fasse que les vies, les usines, l’économie ne dépendent pas seulement des cours de bourse. » 

    Si les cours de bourse ne doivent pas décider de la fermeture d’une usine (dont le groupe Tereos empoche cette année des profits records : 6,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur 2022/2023, +29 % en un an), au nom de quoi doit-elle tourner ? Son utilité sociale ? Son histoire centenaire ?

    Le « député-reporter » attaque son discours-reportage par la glorification de l’épopée scientifique du sucre. Nous, on commencerait plutôt par toutes ces maladies de l’ #agro-industrie, et du sucre en particulier, qui représentent désormais la première cause de mortalité dans le monde. Savez-vous, lecteur, qu’entre le #diabète, l’ #obésité, les maladies cardiovasculaires et l’ #hypertension artérielle, la bouffe tue désormais plus que la faim ! Vu la progression actuelle du diabète (+ 4,5 % par an en France par exemple), la revue scientifique The Lancet prédit 1,3 milliard de malades du sucre en 2050 dans le monde - presque 10 % de la population mondiale [5] ! Du sucre, on en trouve partout, dans les sodas bien sûr, mais aussi dans les chips, les pizzas, le pain de mie, le pesto, et toutes les pâtées préparées. Le sucre, c’est la drogue de l’industrie alimentaire.
    
Accordons à Ruffin qu’avec une telle entrée en matière – « Vous êtes la première cause de mortalité dans le monde » –, l’accueil eut été réservé. Mieux vaut seriner combien la betterave, comme toute autre nuisance industrielle, est objet de fierté dans une région de labeur et pour un peuple courageux. Ce que Ruffin rabâche depuis dix ans [6]. Ce qu’il est venu rabâcher sur les lieux mêmes d’une catastrophe historique qui élimina toute trace de vie sur 70 km, des poissons aux batraciens :

    Les salariés me disent combien ils aiment leur travail, combien ils aiment le sucre. Je pense que cet amour du métier, quand on est prof, soignant ou dans l’industrie... faut pas croire que le travail ce soit seulement un salaire. C’est aussi un amour de son métier. Les gens me disent : "Tereos, c’est notre famille, c’est notre maison, on y est bien, on est prêts à passer quatre noëls d’affilée sans voir nos enfants. Mon gamin il a quatre ans et je n’ai pas passé un seul noël avec lui. On est prêts à faire 190 heures par mois pour faire le boulot".

    Accordons encore que douze heures de turbin, que l’on soit salarié d’une sucrerie ou esclave d’un champ de canne à sucre, finissent en effet par créer des liens fraternels, mais ne peut-on jamais dans ce Nord funèbre tisser de liens fraternels ailleurs que dans les tranchées, au fond des mines, ou sur une ligne de production ? Sommes-nous à jamais enfermés dans un roman de Zola ou de Van der Meersch ?
    
Il en a fallu des mensonges, des récits grandioses et des mythes fondateurs, répétés de gauche à droite, par les patrons et parfois par les ouvriers, pour excuser les saloperies dont on se rend coupable ou consentir à son exploitation. Demandez aux combattants de la « Bataille du charbon », quand les mines nationalisées, gérées par un accord gaullo-communiste, restauraient le salaire à la tâche, augmentaient les cadences, les taux de silicose et de mortalité, en échange de congés payés [7]. Est-ce là votre « progrès » ?

    Aujourd’hui, Ruffin et ses pareils, qui n’ont pas perdu leurs quatre derniers noëls dans la mélasse, entendent utiliser « l’histoire grandiose du sucre de betterave » afin de justifier le sauvetage de l’industrie betteravière. Mais c’est un mythe que l’invention du sucre de betterave par Benjamin Delessert, et la création d’une filière sucrière par un Plan d’investissements de Napoléon. Une mystification que Le Betteravier français propage à l’envi pour justifier l’œuvre supérieure de la corporation devant ses calomniateurs écologistes [8], que Le Monde répète pour magnifier le Génie technoscientifique [9], ainsi que Fakir, le journal de François Ruffin, pour célébrer le volontarisme étatique [10].
Reprenons donc depuis le début la véritable histoire du sucre de betterave, bien plus passionnante que la fausse.

    Arnaque impériale chez les sucriers lillois
    Ou le mythe de la betterave napoléonienne

    Suivant la version courante, le prix du sucre sur le continent aurait été multiplié par dix à la suite du blocus continental décrété en 1806 contre l’Angleterre par Napoléon. La canne à sucre, cultivée par des esclaves, arrivait jusqu’alors des Antilles, avant d’être raffinée en métropole. Il aurait fallu trouver d’urgence une solution à la pénurie. Sur les conseils du célèbre chimiste Jean-Antoine Chaptal, #Napoléon signe le 25 mars 1811 un décret d’encouragement de la betterave à sucre : il réserve 32 000 hectares de culture à la betterave, dont 4 000 dans le nord de la France et en Wallonie (alors française), et promet un prix d’un million de francs à qui ramènerait le premier pain de sucre.
    
Vient ensuite la scène légendaire. Le 2 janvier 1812, Chaptal court chez l’empereur. Un industriel versé dans la science, Benjamin Delessert, aurait relevé le challenge dans son usine de Passy. L’empereur et le chimiste se seraient hâtés pour admirer les pains de sucre et, dans son enthousiasme, Napoléon aurait décroché sa propre croix de la Légion d’honneur pour en décorer Delessert.
Moralité : dans l’adversité de la guerre et de la pénurie, l’œuvre conjuguée d’un chef d’État volontaire (Napoléon), d’un scientifique compétent (Chaptal) et d’un industriel ingénieux (Delessert), nous aurait offert le premier pain de sucre de betterave – et l’abondance à portée de main.
A peu près tout est faux. En rétablissant certains faits, en observant les autres d’un autre point de vue, on découvre en réalité une sombre affaire de #vol_industriel et de #copinage au plus haut de l’État, suivie d’une lamentable défaite commerciale.


    Napoléon 1er, protecteur de l’agriculture et de l’industrie, Bronze, Henri Lemaire, 1854, Palais des Beaux-arts de Lille.

    Premier mythe : l’urgence du blocus. Dans un article assez complet sur le sucre de betterave, l’historien Ludovic Laloux est formel :
    Prévaut souvent l’idée que le blocus britannique instauré en 1806 aurait empêché de débarquer du sucre dans les ports français et, en réaction, donné l’idée à Napoléon d’encourager la production de sucre à partir de la betterave. Or, la première intervention de l’Empereur en ce sens date de 1811. En fait, dès 1791, la situation saccharifère s’avère plus complexe en Europe avec un effondrement des approvisionnements en sucre de canne [11].

    Pourquoi cet effondrement ?
Dans les remous de la Révolution française, les esclaves de Saint-Domingue s’insurgent fin août 1791 et obtiennent leur affranchissement. La main d’œuvre se rebiffe. Le prix du sucre explose. Il faut s’imaginer Saint-Domingue comme une île-usine, et même la première du monde. 500 000 esclaves produisent à la veille de l’insurrection 80 000 tonnes de canne à sucre par an (à titre de comparaison, 600 000 esclaves travaillent alors dans les colonies américaines) [12]. Une « crise du sucre » éclate immanquablement à Paris en janvier 1792. Les femmes attaquent les commerces, les hommes la police, puis on réclame du pain. Rien d’original. On peut recommencer la scène autant que vous voulez, avec du Nutella ou des paquets de cigarettes.
    
Mais le blocus ? En 1810, quatre ans après son instauration, dans une lettre à son frère Louis-Napoléon, l’empereur doit admettre l’efficacité de la contrebande : « C’est une erreur de croire que la France souffre de l’état actuel. Les denrées coloniales sont en si grande quantité qu’elle ne peut pas en manquer de longtemps, et le sirop de raisin et le miel suppléent partout au sucre [13]. » Le blocus n’inquiète en rien l’empereur.

    Deuxième mythe : l’invention du sucre de betterave. A partir des découvertes du chimiste Andreas Marggraf, son maître, le chimiste prussien Franz Achard, fils de huguenots du Dauphiné et membre de l’Académie royale des sciences, plante ses premières betteraves à sucre en 1796. Le roi Frédéric-Guillaume III lui accorde un terrain et des subsides pour une première raffinerie en 1801. L’Allemagne est la plus avancée dans le sucre local. Son procédé inquiète le gouvernement anglais, producteur et importateur de sucre de canne, qui se lance dans une manœuvre de déstabilisation industrielle. Il tente de soudoyer Achard, contre 50 000 écus d’abord puis 200 000 ensuite, afin que ce dernier publie un article scientifique dénigrant ses propres recherches. L’honnête Achard refuse et il revient au chimiste anglais Humphry Davy d’expliquer combien la betterave sera à jamais impropre à la consommation.

    La « désinformation » paraît fonctionner. En France, l’Académie des sciences sabote ses propres recherches sur la betterave, et Parmentier, le célèbre pharmacien picard qui fit le succès de la pomme de terre, milite encore en 1805 en faveur d’un sucre extrait du raisin.

    Les précurseurs français du sucre de betterave ne sont pas à l’Académie, ni dans les salons impériaux, mais à Lille, à Douai et en Alsace. Leurs Sociétés d’agriculture connaissent depuis longtemps la betterave fourragère et suivent de près les progrès du raffinage de la betterave réalisés en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Le scientifique François Thierry expose ses recherches dans La Feuille de Lille en avril 1810, et récolte ses premiers pains de sucre à l’automne. Expérience concluante au point que le préfet du Nord envoie des échantillons au ministre de l’Intérieur Montalivet le 7 novembre, et cette lettre à M. Thierry : « Votre sucre a la couleur, le grain, le brillant, j’ose dire même la saveur de celui des colonies [14]. » Le ministre Montalivet envoie à son tour remerciements et gratification au Lillois.

    Quelques jours plus tard, le 19 novembre, un pharmacien peu scrupuleux présente devant l’Académie des sciences de Paris deux pains de sucre sortis mystérieusement du laboratoire du chimiste Jean-Pierre Barruel, chercheur à l’École de médecine de Paris. L’affaire est bidon et Barruel confondu en « charlatanisme » par ses pairs [15]. Elle prouve cependant que les milieux scientifiques parisiens s’intéressent à la betterave sucrière.
Au même moment, les commerçants lillois Crespel, Dellisse et Parsy améliorent les procédés d’Achard, d’abord en séparant le sucre de la mélasse grâce à une presse à vis, puis en utilisant le charbon animal (de l’os calciné) pour blanchir le sucre [16]. Ils remettent leur premier pain de sucre en décembre 1810 au maire de Lille, M. Brigode, puis installent leur sucrerie rue de l’Arc, dans le Vieux-Lille. En février 1811, un pharmacien lillois du nom de Drapiez parvient également à tirer deux pains de sucre de qualité.

    Le 10 janvier, le ministre Montalivet vante auprès de l’empereur les progrès du sucre de betterave… dans les pays germaniques, sans mentionner les Lillois. Quand deux mois plus tard, Napoléon (aidé de Chaptal) publie son fameux décret à un million de francs, il sait qu’à Lille on fabrique des pains de sucre de qualité commercialisable.

    Troisième mythe : l’empereur visionnaire. Pour saisir l’entourloupe, il faut s’attarder sur la culture de la betterave. La betterave se plante fin mars. Un campagne de production suivant un décret signé le 25 du même mois n’a donc aucune chance de réussir. Il aurait fallu de surcroît disposer d’un stock de graines que la France ne possède pas : la betterave est bisannuelle, elle fleurit une année, et ne donne des graines que l’année suivante.
Aussi, connaissant la nature assez peu aventureuse des paysans, il est compréhensible que ceux-ci s’abstiennent de cultiver en grande quantité, et du jour au lendemain, une espèce inconnue. Enfin, le peu de betteraves récoltées à l’automne 1811 s’entasse devant des raffineries inexistantes ou des raffineurs encore incompétents.
    
Bref, la planification de la betterave à sucre ressemble davantage à un caprice d’empereur qu’à une décision mûrement établie par un technocrate visionnaire. Dans son rapport du 30 décembre 1811, Montalivet doit masquer le fiasco. C’est alors que Napoléon se tourne vers #Chaptal pour sa politique sucrière.

    Quatrième mythe : l’épisode de l’intrépide Benjamin Delessert. Jean-Antoine Chaptal est en 1811 un chimiste réputé, professeur à l’école Polytechnique, membre de l’Académie française, mais aussi l’ancien ministre de l’Intérieur de Napoléon de 1801 à 1804 – auteur de cette loi qui instaura le département, l’arrondissement, le canton, et la commune. Chaptal est enfin un industriel d’acide sulfurique, et le propriétaire depuis 1806 de terres et d’une raffinerie de betterave à sucre dans l’Indre-et-Loire. C’est en bref, au sens le plus actuel du mot un technocrate polyvalent. Tout à la fois scientifique, politique et entrepreneur, jouant successivement et simultanément de ces diverses compétences.
    
Un autre historien résume la politique betteravière française : « Non seulement il [Chaptal] est à l’origine de tous les décrets qui lui ont donné naissance mais encore il l’a pratiquée lui-même à Chanteloup, sur ses propres terres, dès 1806 [17]. » Un banal conflit d’intérêts.
Chaptal a pour ami proche Benjamin Delessert, riche banquier issu d’une riche famille suisse et calviniste de banquiers, propriétaire d’une usine textile à Passy. Sa mère était amie avec Benjamin Franklin, et lui-même rencontra Adam Smith et James Watt pendant son voyage d’études en Écosse. Delessert fut maire du 3ème arrondissement de Paris en 1800 et avait déjà monté une raffinerie de sucre de canne en 1801 alors que son cousin Armand œuvrait lui-même dans le raffinage, à Nantes, avec Louis Say (future #Béghin-Say, future Tereos). En 1801, Delessert avait aidé Chaptal, alors ministre de l’Intérieur, à monter sa Société d’encouragement pour l’industrie nationale, puis avait été nommé Régent de la Banque de France en 1802. Voilà le C.V. de nos deux combinards quand l’empereur s’apprête à soutenir la production betteravière de son premier décret.

    A la fin de l’année 1811, la raffinerie du Vieux-Lille a déjà produit 500 kilos de sucre, et elle en produira 10 000 l’année suivante. Ainsi…

    Lorsqu’en 1812, Derosne [un chimiste proche de l’Empereur] et Chaptal arrivèrent à Lille avec mission d’y installer une sucrerie, leur surprise fut extrême en apprenant, dès leur arrivée, que le problème était résolu et que la petite fabrique de Crespel et Parsy fonctionnait depuis près de deux années. Ils s’en retournèrent à Paris, mais il ne paraît pas qu’ils aient averti Napoléon de ce qu’ils avaient vu, car les industriels lillois n’entendirent point parler de la récompense promise. Celle-ci fut décernée, la même année, à B. Delessert qui, occupé des mêmes recherches, obtint, mais deux ans plus tard, les mêmes résultats que Crespel et Parsy. […] Il est bon de constater qu’au moment même où Delessert était supposé découvrir le moyen de tirer du sucre de la betterave en 1812, Crespel et Parsy livraient déjà régulièrement leurs produits, à raison de 10 000 kilogrammes par an, à la consommation, précise un Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’Industrie et des arts industriels de 1883 [18].

    Quand Napoléon débarque chez Delessert, celui-ci vient d’extraire 74kg de sucre à partir de cinq tonnes de betteraves, soit la quantité produite un an auparavant par les Lillois. Le duo Chaptal-Delessert semble bien avoir intrigué pour se réserver le million à investir dans le sucre. En 1812, Chaptal double ses terres de betterave, qui passent à cinquante hectares. Il y récolte vingt tonnes par hectare, emploie seize personnes, et prétend utiliser le procédé inventé par Delessert.
Delessert quant à lui ajoute le sucre de betterave à ses multiples affaires. Il fondera en 1818 la Caisse d’Épargne et – comme cette histoire est décidément riche de ricochets ! – notre populaire Livret A.

    Cinquième et dernier mythe : le Plan qui créa la filière. Le 15 janvier 1812, Napoléon signe un second décret qui cette fois réserve 100 000 hectares de terres à la betterave, offre 500 licences de raffinage, et crée quatre raffineries impériales. La France doit trouver 500 tonnes de graines qu’elle n’a pas, et les paysans sont d’autant plus réticents que la campagne précédente fut désastreuse. Seuls 13 000 hectares sont plantés. La récolte atteint péniblement 1,5t de sucre, 27 % de plus que l’année précédente.
    
L’impérial fiasco de Napoléon cesse là. La guerre l’appelle, il perd et abdique au printemps 1814. Les rois Bourbons installent leur Restauration. Fin du blocus. La politique betteravière française est enterrée. Les faillites se multiplient. Seul le Nord continue de planter de la betterave sucrière, et le Lillois Crespel, parti à Douai, demeure longtemps l’unique fabricant de sucre de betterave de France. Il résiste tant et si bien au « lobby » du sucre colonial qu’un boulevard porte aujourd’hui son nom à Arras, où trône sa statue. Le mythe napoléonien est quant à lui bien plus répandu. On doit au patronat lillois, en 1854, un bronze de Napoléon premier du nom, aux pieds duquel sont gravés les décrets relatifs à la betterave, ainsi qu’une grosse betterave. La statue est restée jusqu’en 1976 au milieu de la Vieille Bourse, sur la Grand’Place de Lille, avant d’être remisée dans la rotonde Napoléon du Palais des Beaux-Arts.

    Si l’invention du sucre de betterave par Napoléon est devenue un mythe au XIX° siècle, il s’agit d’abord d’un mythe patronal.

    On peine à le saisir, mais la « question des sucres » est pendant la première moitié du XIX° siècle un sujet politique des plus épineux. Le roi Louis-Philippe taxe le « sucre indigène » en 1838 et va jusqu’à menacer d’interdiction le commerce de betterave. La bataille est commerciale autant qu’idéologique. Avec la canne à sucre, les armateurs, les ports et les propriétaires coloniaux défendent les rentes de leur vieille économie agraire/féodale, et donc la monarchie. Avec le « sucre indigène » extrait de la betterave, les industriels défendent une nouvelle économie plus dynamique, plus scientifique, plus moderne, et donc un système politique bourgeois. Contre les monarchistes, les rentiers, les esclavagistes, et les Anglais : la betterave !

    Louis-Napoléon publie en 1842, depuis sa geôle picarde du fort du Ham, une Analyse de la question des sucres [19]. Faut-il favoriser le travail des esclaves ou celui des ouvriers français libres ? « Il est impossible d’arrêter la marche de la civilisation, répond le futur empereur, et de dire aux hommes de couleur qui vivent sous la domination française : ‘’Vous ne serez jamais libres.’’ » Vive la betterave.

    Alors que la production française ne passe que de 4 000 tonnes de sucre en 1814 à 10 000 en 1830, la production décolle avec l’arrivée de Louis-Napoléon sur le trône. De 26 000 tonnes en 1841, elle passe à 92 000 tonnes en 1850, monte à 381 000 à la fin de l’empire en 1870, pour atteindre le million en 1900, avant que la guerre 14-18 ne détruise 75 % des sucreries, concentrées dans le nord de la France [20].
Si l’actuelle union sacrée de la betterave devait déposer une gerbe aux pieds d’un empereur, c’est à ceux de Louis-Napoléon III qu’il faudrait la déposer, tant la production betteravière explose sous le second empire.
    Les promesses de paradis terrestre à Escaudœuvres et dans le monde
    En septembre 2022, deux ans après la catastrophe, et à quelques semaines du procès, la Direction régionale des affaires culturelles (la DRAC) envoie ses artistes en résidence dans le Cambrésis pendant six mois pour « une série d’actions permettant aux habitants une meilleure appréhension et compréhension de la sucrerie d’Escaudœuvres et de son ‘’écosystème’’ dans le cadre des 150 ans ». 

    Que peut-on attendre d’un « laboratoire original d’action culturelle patrimoniale » en lien « avec la sucrerie et les tissus agricole et économique », sinon une couche de caramel sur un tas d’ordures [21] ?
Des questions se posent, trop simples sans doute pour les esprits raffinés. En un siècle et demi, la sucrerie a-t-elle fait d’Escaudœuvres un pays de Cocagne pour habitants comblés ? Vivait-on mieux dans la région, ou moins bien, avant la monoculture de la betterave ? Quel bilan tirer de l’industrie alimentaire pour le canton, pour la région et pour le monde ?

    Imaginons que vous rejoigniez Cambrai en voiture depuis Amiens : que vous preniez l’autoroute à Péronne ou la nationale par Albert, vous traversez la même désolante plaine agro-industrielle, une terre lourde désertifiée aux herbicides en hiver, rythmée non par des haies mais par des éoliennes. Certains villages de ce coin perdu de la Somme semblent ne devoir leur survie qu’à quelques propriétaires d’exploitations, dont on compte le nombre d’hectares en centaines. A peine les villages autour de Pozières accueillent des touristes anglais, canadiens et australiens, dans leur Musée de la guerre 14 et leurs innombrables cimetières militaires. On conseille la visite pendant les neuf mois d’hiver. Notre tableau n’est certes pas bucolique, mais les offices du tourisme ne participent pas non plus aux concours du plus beau village de France.

    Arrivés sur place, Escaudœuvres n’est séparée de Cambrai que par la zone commerciale, aujourd’hui le premier employeur de la ville, avec ses restaurants de « bouffe rapide » et sucrée bourrés les mercredis et week-ends. Escaudœuvres est une zone-village sans attrait, s’étirant le long de la départementale 630, qui elle-même longe l’Escaut, qui lui-même s’en va mourir en Mer du nord sous le toponyme flamand de Schelde. La sucrerie fut longtemps le cœur battant du village, qui vit au rythme des récoltes depuis 150 automnes. Mais à côté de la sucrerie et de la zone commerciale, Escaudœuvres est également connue pour sa fonderie Penarroya-Metalleurop qui rejetait avant sa fermeture en 1998 une tonne de plomb dans l’air tous les ans. Une digue, encore une digue, avait cédé en 1976, décimant les troupeaux alentours et interdisant la consommation des légumes« Pollution par le plomb près de Cambrai », [22]. Pour tout souvenir indélébile de l’épopée métallurgique, les riverains sont depuis le début du mois de juillet 2023 invités à un dépistage de plombémie dans le sang [23]. La fonderie est devenue une usine de « recyclage » de batteries de voitures électriques. Si la filière est d’avenir, elle en aura toujours moins que le saturnisme, la maladie du plomb.

    La Sucrerie centrale de Cambrai fut fondée en 1872 par l’inventeur de la râpe à betterave, l’ingénieur des Arts et Métiers Jules Linard [24]. Son invention lui offre un avantage compétitif sérieux. La sucrerie d’Escaudoeuvres est réputée la plus grande du monde avant sa destruction en 1914. Reconstruite et modernisée grâce aux indemnités des dommages de guerre, elle est rachetée par Ferdinand Béghin en 1972, alors patron du sucre et de la presse de droite. Un C.V. s’impose :
La famille Béghin raffine du sucre depuis que Ferdinand 1er (1840-1895) s’est vu léguer la raffinerie de Thumeries en 1868, dans le Pas-de-Calais. Ses fils Henri (1873-1945) et Joseph (1871-1938) font prospérer l’entreprise : ils rachètent plusieurs sucreries dans la région, et construisent à Corbehem en 1926 leur propre papeterie-cartonnerie, pour assurer eux-mêmes l’emballage. 

    Ce faisant, pourquoi ne pas fabriquer aussi des journaux ?, leur suggère le patron roubaisien du textile et des médias Jean Prouvost (1885-1978). Banco : voilà un marché porteur. Le groupe #Béghin prend la moitié de Paris-Soir, de Marie Claire et de Match vers 1936-1938, si bien qu’il doit acheter 34 000 hectares de forêt en Finlande pour couvrir ses besoins de papier. 

    Pendant ce temps, le village de Thumeries est devenu une « ville-usine », une coopérative géante dominée par la main paternelle des Béghin. Entre leurs cinq châteaux, ils construisent les logements de leurs ouvriers, mais aussi leur stade de foot, leur gymnase leur piscine, leur club de basket, et rénovent encore leur église après les bombardements de 1940. Les Béghin emploient, logent, distraient leur main d’œuvre, qui les gratifie du poste de maire à plusieurs reprises. L’enfermement industriel si répandu dans les corons.

    La papeterie-cartonnerie de Corbehem, où l’on fabrique le papier magazine satiné, surclasse la concurrence, et Ferdinand le jeune (1902-1994) investit à son tour dans l’édition. Il prend en 1950 le contrôle de Paris-Match, Le Figaro et Télé 7-jours, en même temps qu’il devient leader du marché des mouchoirs, papiers toilette, et serviettes hygiéniques (Lotus, Vania, Okay). Sucre et papier, de la bouche au c… cabinet.
    
Bref, Ferdinand Béghin s’associe à la famille Say en 1972 pour créer le groupe Béghin-Say. Mais les investissements hasardeux s’enchaînent, le groupe familial se délite, et finit racheté par son banquier historique Jean-Marc Vernes – intime de Serge Dassault et de Robert Hersant, argentier de la presse de droite et du RPR, trafiquant en tous genres, et notamment d’influence.

    Les grandes manœuvres capitalistes se poursuivent. Béghin-Say passe sous la coupe du chimiste italien Ferruzzi en 1986, puis de l’autre groupe chimique italien, Montedison, en 1992. L’entreprise s’installe au Brésil en 2000 alors que les betteraviers réorganisent, en 2003, leur activité sucrière sous la forme coopérative et sous le nom de Tereos. Investie dans la canne à sucre, la coopérative peut prendre part à la déforestation de l’Amazonie, à la culture de canne transgénique [25], à la perpétuation de l’esclavage [26]. Tereos est aujourd’hui le deuxième producteur mondial de sucre, présent sur les cinq continents, en République tchèque, à La Réunion, en Indonésie, au Kenya, en Inde, pour produire du sucre et des dérivés comme le glucose, l’amidon, l’éthanol, etc.

    Dans les Hauts-de-France, près de la moitié des agriculteurs produisent de la betterave à sucre, qui rapporte à elle seule 350 millions d’euros à la région tous les ans. Cette manne sucrière alimente ensuite la filière régionale des chocolateries, sucreries et sodas, fournissant par exemple Coca-Cola à Dunkerque à raison de 42 morceaux de sucre par bouteille de deux litres, mais aussi les usines Cémoi (Dunkerque et Villeneuve d’Ascq), Häagen-Dazs (Arras), Nestlé (Nesquik, Chocapic, Lion, Kitkat, près de Saint-Quentin), et encore Ferrero (Nutella, Kinder, à Arlon en Belgique) – une filière aussi prospère que des salmonelles dans des œufs Kinder. Coïncidence ou non : l’obésité touche presque un quart de la population des Hauts-de-France (22 %), soit cinq points de plus que la moyenne nationale. Le haut du podium.

    Revenons à Escaudœuvres et longeons le canal un instant. D’un côté les poules d’eau font connaissance, de l’autre les bassins de rétention de l’usine s’étendent sur deux kilomètres derrière les talus. Ce sont les bassins de rétention éventrés en mai 2020. Et si ça pue autant la pourriture pourrie, « c’est à cause des bassins, nous confirme un promeneur. Et encore, c’est pire pendant les 120 jours de la campagne ! »
    
Lui prétend s’être habitué – mais on s’habitue à tout. Notre promeneur est « né à Escaudœuvres en face de la sucrerie ». Étudiant en chimie, il attendait une réponse de Tereos pour un stage, réponse qui ne viendra plus. Il désigne les cuves rutilantes « qui n’ont peut-être jamais servi », et la nouvelle chaudière à gaz en remplacement de celle à charbon : 24 millions d’investissements en 2021 « pour que ça ferme », conclut-il dépité. Mais il a son explication :

    Tout ça, c’est à cause des écolos, pour faire bonne figure. Ça a été décidé là-haut. On est le seul pays à interdire les néonicotinoïdes. D’un côté ça va faire tomber la production, et la sucrerie ne sera plus rentable ; de l’autre la France va acheter du sucre aux pays qui peuvent encore utiliser des pesticides, et on sera encore moins rentables.

    Ce sont les mots de l’industriel, du syndicat de la betterave, et des gens du coin – qu’il s’agit de vérifier : la Cour de justice européenne n’accorde ni à la Belgique ni à l’Allemagne ni à la Pologne de dérogation sur les néonicotinoïdes. En revanche l’importation de sucre aux néonicotinoïdes hors de l’UE semble en effet autorisée, et des discussions seraient en cours au Parlement pour aligner les réglementations.

    Quoi qu’il en soit : que l’on considère l’interdiction des néonicotinoïdes, ces « tueurs d’abeilles », comme une victoire ou une défaite, cette histoire aux mille rebondissements tend à masquer tout le reste des produits « phytos » qui entrent dans la production de sucre, d’alcool, de carburant ( #bioéthanol ), et de gel hydroalcoolique produits à partir de la betterave. Or, les trois départements qui en France consomment le plus de produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques - ces substances dites « CMR » parmi les plus meurtrières du catalogue -, sont la Somme, le Pas-de-Calais et le Nord. En cause : la pomme de terre, la plus consommatrice, et la betterave, juste derrière.
    
Quant aux herbicides, le Ministère nous informe que « L’Oise tout comme l’Aisne, la Marne et la Somme sont les quatre premiers départements en terme de superficie de culture de betteraves. Or, [...] la culture de betteraves reçoit un nombre moyen de traitements en herbicides très élevé par rapport à d’autres cultures (13,7 contre 2,9 sur le blé tendre par exemple) [27]. »

    Le plus épandu est le fameux #glyphosate, que les coopérateurs de la betterave défendent avec acharnement. Tout comme ils défendaient dernièrement le s-métolachlore, un herbicide si persistant dans les nappes phréatiques qu’il devrait interdire de consommation l’eau des deux tiers des robinets de la région, logiquement la plus touchée [28], 11 avril 2023.]]. À peine son interdiction évoquée par l’Agence sanitaire nationale (ANSES) que la Confédération générale de la Betterave, le syndicat de la corporation, s’insurgeait contre la « longue liste des moyens de productions retirés progressivement aux agriculteurs, obérant ainsi leur capacité à exercer leur rôle premier : nourrir les populations [29]. » Le ministre de l’agriculture Marc Fresnau leur a déjà garanti plusieurs années de S-metolachlore.

    Cette interdiction des néonicotinoïdes révèle le bourbier où pataugent les scientifiques, les journalistes scientifiques, comme les associations environnementales : l’interdiction des néonicotinoïdes, votée à l’Assemblée nationale le 15 mars 2016, n’est effective que depuis janvier 2023... sous pression de Bruxelles ; et après les dérogations successives du ministre actuel de l’agriculture et de la précédente ministre de l’environnement Barbara Pompili (une autre Amiénoise). Cette interdiction fut arrachée après plus de dix années de voltes-faces politiques, de pseudo-controverses scientifiques, de coups de pression des syndicats agricoles, et de menaces sur l’emploi.

    Si pour chaque molécule, le spectacle médiatique et parlementaire doit mettre en scène ses expertises et contre-expertises, discutailler les protocoles et les résultats, la sixième grande extinction nous aura fauché que l’expertocratie bruxelloise n’aura pas encore tranché le cas du glyphosate. D’ailleurs cette digue de papier qu’on appelle « Droit de l’environnement », comme d’autres digues, n’empêche pas Tereos, au Brésil par exemple, de poursuivre ses épandages aériens d’Actara 750 SG, un insecticide interdit depuis 2019 [30]. Le sucre industriel est essentiellement catastrophique, de sa culture à sa transformation jusqu’à sa consommation.

    Poser les questions de nos besoins en sucre, de l’automobile à betterave, de l’utilité de Tereos pour les Hauts-de-France et de la filière agro-alimentaire pour l’Humanité, et plus généralement encore du modèle industriel qui domine la région et le monde depuis deux cents ans, nous feraient sans doute gagner du temps. Mais ce qui nous ferait gagner du temps, leur ferait perdre de l’argent. Encore une fois, leurs profits et nos emplois valent plus que nos vies.

    L’industrie – mines, filatures, chemins de fer, hauts fourneaux, sucreries –, s’est développée tout au long du XIX° dans un acte de foi promettant l’avènement du paradis terrestre. Acte de foi répété aussi bien par les économistes libéraux que communistes, par les partisans du roi que par ceux de l’empire ou de la république. Deux-cents ans plus tard, avec des taux de chômage, de pollution, et de maladies associées parmi les plus hauts du pays, le paradis terrestre s’avère être un enfer – et nous devrons encore gérer des déchets mortellement radioactifs, ceux de Gravelines par exemple, pendant des milliers d’années.

    Voilà ce que nul élu local – et surtout pas François Ruffin –, parfaitement informé des nuisances de la société industrielle, ne peut ignorer. Voilà pourtant ce que le candidat à la prochaine élection présidentielle, « biolchevique » revendiqué et partisan de l’alliance « rouge/verte », entre « sociaux-démocrates » et écologistes, ouvriers et petits-bourgeois, a pris soin de dissimuler à ses lecteurs et électeurs depuis vingt-cinq ans. A tort d’ailleurs, toutes ces choses vont sans dire chez les gens du Nord comme chez ceux du Sud. Tout ce qui leur importe c’est la pâtée, bien sucrée, et des écrans pour se distraire en digérant. Le pouvoir et l’élu qui peuvent tenir cette double-promesse n’auront jamais de problème avec sa population et ses électeurs.
    Tomjo
    Notes
    [1] « Nos betteraviers sont des tueurs », Chez Renart, 13 janvier 2023.
    [2] France Bleu Nord, 12 janvier 2023.
    [3] « De l’Escaut à l’Amazonie : Beghin-Say ou la catastrophe permanente », Chez Renart, 10 mai 2020.
    [4] ericbocquet.fr
    [5] Le Monde, 24 juin 2023.
    [6] Cf. Métro, Boulot, Chimio, Collectif, Le monde à l’envers, 2012. Cancer français : la récidive. A propos d’Ecopla et de l’aluminium, Pièces et main d’œuvre, 2016. D’Amiens nord à Blanquefort, délivrons les ouvriers, fermons les usines, Tomjo, Pièces et main d’œuvre, 2017.
    [7] Cf. le film Morts à 100 % : post-scriptum, de Tomjo et Modeste Richard, 45 mn, 2017. Ou encore La foi des charbonniers, les mineurs dans la Bataille du charbon, 1945-1947, Evelyne Desbois, Yves Jeanneau et Bruno Mattéi, Maison des sciences de l’homme, 1986.
    [8] « Quand Napoléon engageait la bataille du sucre », 31 janvier 2023.
    [9] « La Bataille du sucre », Le Monde, 10 septembre 2007.
    [10] Fakir, mai-juin 2023.
    [11] « La bataille du sucre ou la défaite méconnue de Napoléon Ier », Ludovic Laloux, Artefact, 2018.
    [12] « Histoire : les Antilles françaises, le sucre et la traite des esclaves », Futura sciences, 10 janv. 2019.
    [13] Cité par Ludovic Laloux, art. cit.
    [14] Idem.
    [15] Lettre d’Andriel et Wolft au ministre de l’Intérieur, 18 juillet 1813, citée par Laloux, art. cit.
    [16] L’Industrie sucrière indigène et son véritable fondateur, Pierre Aymar-Bression, 1864.
    [17] « Le sucre de betterave et l’essor de son industrie : Des premiers travaux jusqu’à la fin de la guerre de 1914-1918 », Denis Brançon, Claude Viel, Revue d’histoire de la pharmacie, n°322, 1999.
    [18] Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’Industrie et des arts industriels, Vol. 3, art. « Louis Crespel », Eugène-Oscar Lami, 1883. On peut lire aussi L’Industrie sucrière indigène et son véritable fondateur, op. cit.
    [19] A retrouver ici.
    [20] « Le sucre de betterave et l’essor de son industrie... », art. cit.
    [21] Appel à candidature « Une sucrerie, un territoire », culture.gouv.fr, 29 juillet 2022.
    [22] Le Monde, 25 mars 1977.
    [23] La Voix du nord, 12 juillet 2023.
    [24] Jules Linard (1832-1882), multi-propriétaire de sucreries, est l’inventeur de la râpe à betterave, toujours utilisée aujourd’hui, pour laquelle il fut récompensé lors de l’Exposition universelle de 1878.
    [25] « De l’Escaut à l’Amazonie... », art. cit.
    [26] « Des plantations brésiliennes accusées de travail forcé fournissent l’Europe en sucre », Le Monde, 31 déc. 2022.
    [27] « État des lieux des ventes et des achats de produits phytopharmaceutiques en France en 2020 », mars 2022.
    [28] « Eau du robinet : les Hauts-de-France est la région où les concentrations de pesticides sont les plus élevées », [[France bleu Nord
    [29] cgb-france.fr, 16 février 2023.
    [30] « Au Brésil, les géants du sucre responsables d’une pluie toxique », Mediapart, 25 avril 2023.

    Source : https://renart.info/?La-betterave-la-gauche-le-peuple-et-nous

  • L’inflation alimentaire va-t-elle entraîner une hausse de l’obésité ? | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/242351/inflation-alimentaire-prix-legumes-fruits-viande-poids-obesite-menages-pauvres

    « La hausse des prix dans l’alimentaire risque d’avoir des effets sur la nutrition en favorisant des petits changements et des micro décisions qui mettent en péril le subtil équilibre alimentaire », signale Pierre Combris, économiste de la santé et directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

    Insistant sur le fait que les évolutions alimentaires et la possible prise de poids qui va avec sont lentes et progressives, il explique : « En cherchant à réduire les dépenses alimentaires, on est mécaniquement amené à déplacer ses choix et à se tourner vers des produits plus denses en énergie, à augmenter leur part et diminuer celle des fruits, des légumes, de la viande et du poisson. »

    C’est particulièrement le cas pour les ménages les plus modestes, qui n’ont pas vraiment de marge de manœuvre et qui, s’ils ne le sont pas déjà, vont être les plus touchés par la hausse des prix. S’il existe des amortisseurs comme les aides alimentaires, ce ne sont pas elles qui permettent de coller aux recommandations du PNNS.

    #nutrition #obésité #inflation #santé_publique

  • Les écrans : un désastre comportemental, intellectuel & cognitif.

    Une journée (le 6 février) sans téléphone portable, c’est bien (pour les malades que nous sommes).

    Entre 2 et 8 ans un enfant « moyen » consacre aux écrans récréatifs l’équivalent de 7 années scolaires complètes ou 460 jours de vie éveillée (1,25 année), ou encore l’exacte quantité du temps de travail personnel requis pour devenir un solide violoniste.

    Mais il faudrait aussi (365 jours sur 365) la suppression stricte, intégrale, immédiate et en tout lieux (y compris à l’école) des écrans pour tous les enfants de moins de 6 ans. Et la réduction à 30 mn à 1 h (tous usages cumulés) par jour pour tous les moins de 16 ans.

    Michel Desmurget le démontre dans son bouquin : sans quoi les jeunes générations d’aujourd’hui ne donneront que des crétins.

    Quelques extraits tirés au fil de ma lecture :

    « Selon les termes d’une étude récente, « seulement 3 % du temps consacré par les #enfants et #adolescents aux #médias_digitaux est utilisé à la création de contenus » (tenir un blog, écrire des programmes informatiques, créer des vidéos ou autres contenus « artistiques », etc.).

    .. Plus de 80 % des ados et préados déclarent ne « jamais » ou « quasiment jamais » utiliser leurs #outils_numériques pour faire œuvre créative. »

    « Croire que les #digital_natives sont des ténors du bit, c’est prendre ma charrette à pédale pr une roquette interstellaire ; croire que le simple fait de maîtriser une app informatique permet à l’utilisateur de comprendre quoi que ce soit aux éléments physiques & logiciels engagés »

    De « l’effarante débilité de cette triste fiction » des DigitalNatives… comme « un groupe mutant à la fois dynamique, impatient, zappeur, multitâche, créatif, friand d’expérimentations, doué pour le travail collaboratif, etc. Mais qui dit mutant dit différent…

    .. Dès lors, ce qui transparaît implicitement ici, c’est aussi l’image d’une génération précédente misérablement amorphe, lente, patiente, monotâche, dépourvue de #créativité, inapte à l’expérimentation, réfractaire au #travail_collectif, etc.

    .. Drôle de tableau qui, a minima, dessine deux axes de réflexion. Le premier interroge les efforts déployés pour redéfinir positivement toutes sortes d’attributs psychiques dont on sait depuis longtemps qu’ils sont fortement délétères pour la #performance_intellectuelle : #dispersion, #zapping, #multitasking, impulsivité, impatience, etc. Le second questionne l’ubuesque acharnement mis en œuvre pour caricaturer et ringardiser les #générations_prédigitales. »

    « Les changements anatomiques [chez les gamers] dont se gaussent certains médias pourraient très bien poser, non les jalons d’un avenir intellectuel radieux, mais les bases d’un #désastre_comportemental à venir. »

    « les digital natives ou autres membres de je ne sais quelle confrérie des X, Y, Z, lol, zappiens ou C, n’existent pas. L’enfant mutant du numérique, que son aptitude à taquiner le #smartphone aurait transformé en omnipraticien génial des nouvelles technologies les + complexes que #Google Search aurait rendu infiniment plus curieux, agile et compétent que n’importe lequel de ses enseignants prédigitaux ; qui grâce aux jeux vidéo aurait vu son cerveau prendre force et volume ; qui grâce aux filtres de Snapchat ou Instagram aurait élevé sa créativité jusqu’aux + hauts sommets ; etc. ; cet enfant n’est qu’une légende. Il n’est nulle part dans la littérature scientifique. […] Ce qui est extraordinaire, c’est qu’une telle absurdité perdure contre vents et marées, &, en plus, contribue à orienter nos politiques publiques notamment dans le domaine éducatif. Car au-delà de ses aspects folkloriques, ce mythe n’est évidemment pas dénué d’arrière-pensées. Sur le plan domestique, d’abord, il rassure les parents en leur faisant croire que leurs rejetons sont de véritables génies du numérique et de la pensée complexe, même si, dans les faits, ces derniers ne savent utiliser que quelques (coûteuses) applications triviales.

    .. Sur le plan scolaire, ensuite, il permet, pour le plus grand bonheur d’une industrie florissante, de soutenir la numérisation forcenée du système et ce, malgré des performances pour le moins inquiétantes. »

    « Plus globalement, si un observateur ose s’alarmer du temps passé par les enfants devant les écrans de ttes sortes, la triste légion des tartufes conspue sans délai le fâcheux, arguant qu’il s’agit là d’une position « sexiste », représentant fondamentalement « un nouvel outil de #culpabilisation des mères » […] « pr nos néosuffragettes du droit à l’abrutissement, suggérer que les enfants passent bien trop de temps avec leurs écrans signifie juste, en dernière analyse, que « ns n’aimons pas les innovations qui rendent + faciles la vie des mères ».

    « Quand les adultes ont constamment le nez scotché sur leur mobile, les #interactions_précoces essentielles au #développement_de_l’enfant sont altérées. »

    « Une étude vous déplaît, trouvez-la alarmiste, idiote, dogmatique, moralisatrice, exagérée, excessive, biaisée, absurde, culpabilisante ou sexiste. Affirmez vaguement qu’on pourrait trouver d’autres recherches contradictoires tout aussi convaincantes (évidemment sans les citer).

    .. Criez aux heures noires de la prohibition, évoquez la censure, dénoncez les stratégies de la peur, beuglez votre haine de l’oppression culturelle. En désespoir de cause, caricaturez l’auteur, raillez sa #bêtise, faites-le passer pour un #crétin, un demeuré, un réactionnaire un triste sermonnaire ou un sombre élitiste. Tronquez, trompez, truquez. Mais, surtout, ne regardez jamais les faits, ne considérez jamais le cœur du travail discuté. Ce n’est pas si difficile. Avec un peu d’habitude, vous apprendrez aisément à masquer l’absolue vacuité de vos propos sous l’ombrage d’un humanisme paisible et rassurant. Une fois acquises les bases du job, vous parviendrez en quelques mots, avec la dextérité du virtuose illusionniste, à transformer la plus solide recherche en affligeante pitrerie. »

    L’explication de cette limite apparemment arbitraire des 3 ans ? « Cet âge semble constituer le seuil optimal à partir duquel inscrire efficacement dans les neurones des gosses la trace de la grenouille Budweiser, de la virgule Nike, de l’estampille Coca-Cola, du clown McDonald ou du mâle viril forcément fumeur. Selon une enquête du gpe Lagardère Publicité, dès 4 ans, + de 75 % des demandes d’achat émises par les enfants sont consécutives à une exposition publicitaire, pour un taux d’acceptation parental supérieur à 85 %. »

    « En disant, pas de télé avant 3 ans, on affiche sa bonne foi, sa probité et son indépendance. [et] en proscrivant la télé avant 3 ans, ce que l’on exprime vraiment, in fine, c’est l’idée selon laquelle l’exposition devient possible au-delà de cet âge »…

    « Avant 3 ans, petit humain n’est guère intéressant. Ce n’est qu’autour de cet âge qu’il devient une cible publicitaire pertinente et, de ce fait, une potentielle source de revenus pour les opérateurs. Peu importe alors que la télé ampute son développement. »

    « L’#industrie_audiovisuelle ne fut pas longue à réaliser le profit qu’elle pourrait tirer de cette césure. Elle accepta sans états d’âme d’abandonner le secondaire pr préserver l’essentiel. À travers ses relais experts & médiatiques elle opéra alors selon 2 axes complémentaires 1) en soutenant diligemment la condamnation des usages précoces (ce qui ne lui coûtait rien). 2) en se lançant dans une subtile (et efficace) campagne d’attiédissement des restrictions tardives. Ainsi, on ne parla plus d’une à 2 h par jour max, mais d’usages « excessifs ». »

    « La dernière étude en date montre, sans la moindre ambiguïté, que l’usage d’une #tablette « interactive » non seulement ne développe pas, mais altère lourdement le développement de la motricité manuelle fine chez des enfants d’âge préscolaire. »

    « Les recherches montrent que la tablette est, la plupart du temps, pour le jeune enfant, un écran « passif » servant à consommer des contenus audiovisuels dont on nous dit précisément qu’ils sont déconseillés (dessins animés, films, clips, etc.). »

    « Au-delà des variations de protocoles, de populations, d’approches et de méthodologies, le résultat n’a jamais varié : les contenus violents favorisent à court et long terme l’émergence de comportements agressifs chez l’enfant et l’adulte. »

    « Le lien empirique [entre contenus violents et agression] n’est donc plus à démontrer aujourd’hui, quoi qu’en disent les gamers et quelques démago-geeks qui caressent l’industrie du jeu violent dans le sens du poil. »

    « Les médias présentent souvent “les deux côtés” du débat associant violence médiatique et agression en appariant un chercheur avec un expert ou un porte-parole de l’industrie ou même un contradicteur universitaire, ce qui crée une fausse équivalence et la perception erronée que les travaux de recherches et le consensus scientifique font défaut. » Pourtant : « ds le NYT, le secr. géné. de l’Association de #psychologie déclarait que « les preuves sont écrasantes. Les contester revient à contester l’existence de la gravité ».

    Ce qui n’empêche pas « les bons petits soldats du numérique [de continuer], sous couvert d’expertise, à emplir l’espace collectif de leur affligeante #propagande. »

    « Les études qui ont mesuré l’exposition durant la petite enfance (avec ou sans analyse de contenus) ont démontré de manière constante que regarder la télévision est associé à des conséquences développementales négatives. Cela est observé pour l’attention, les performances éducatives, les fonctions exécutives et les productions langagières ». Autrement dit, pour les jeunes enfants, l’impact de la télévision n’est nullement complexe. Il est immuablement néfaste. Point. »

    « Prenez le lien entre #consommation_audiovisuelle précoce et déficits cognitifs tardifs. Même avec la meilleure volonté du monde, il semble diantrement difficile de rejeter l’hypothèse de causalité sachant, par exemple, que : (1) la présence d’une télé dans une maison effondre la fréquence, la durée et la qualité des interactions intrafamiliales ; (2) ces interactions sont fondamentales pour le #développement_cognitif du jeune enfant ; (3) certains outils statistiques reposant sur des protocoles dits « longitudinaux » ont permis d’établir la nature causale du lien observé, chez le jeune enfant, entre l’accroissement du temps d’écrans et l’émergence de retards développementaux. »

    « Il est aujourd’hui solidement établi que les écrans ont, sur la durée et la qualité de nos nuits, un impact profondément délétère. Certaines influences se révèlent relativement directes ; par ex, quand le sommeil est altéré, la mémorisation, les facultés d’apprentissage et le fonctionnement intellectuel diurne sont perturbés, ce qui érode mécaniquement la #performance_scolaire. Certaines influences s’avèrent plus indirectes ; par ex, quand le sommeil est altéré, le système immunitaire est affaibli, l’enfant risque davantage d’être malade et donc absent, ce qui contribue à augmenter les difficultés scolaires. Certaines influences émergent avec retard ; par ex, quand le sommeil est altéré, la maturation cérébrale est affectée, ce qui, à long terme, restreint le potentiel individuel (en particulier cognitif) et donc mécaniquement, le rendement scolaire. […] La plupart des influences sont multiples et il est évident que l’impact négatif des #écrans récréatifs sur la #réussite_scolaire ne repose pas exclusivement sur la détérioration du #sommeil. Ce dernier levier opère ses méfaits en synergie avec d’autres agents dont – nous y reviendrons largement – la baisse du temps consacré aux devoirs ou l’effondrement des #capacités_langagières et attentionnelles. Dans le même temps, cependant, il est clair aussi que l’influence négative des écrans récréatifs sur le sommeil agit bien au-delà du seul champ scolaire. Dormir convenablement se révèle essentiel pour abaisser le risque d’accident, réguler l’humeur et les émotions, sauvegarder la #santé, protéger le cerveau d’un #vieillissement_prématuré, etc. »

    « Ce qui ne s’est pas mis en place durant les âges précoces du développement en termes de langage, de #coordination_motrice, de prérequis mathématiques, d’#habitus_sociaux, de #gestion_émotionnelle, etc., s’avère de + en + coûteux à acquérir au fur et à mesure que le temps passe. »

    Les moins de 2 ans : « Les enfants de moins de deux ans consacrent, en moyenne, chaque jour, une cinquantaine de minutes aux écrans. […] La valeur paraît sans doute raisonnable de prime abord… elle ne l’est pas. Elle représente presque 10 % de la durée de veille de l’#enfant ; et 15 % de son temps « libre », c’est-à-dire du temps disponible une fois que l’on a retiré les activités « contraintes » telles que manger (sept fois par jour en moyenne avant 2 ans), s’habiller, se laver ou changer de couche. […] Cumulées sur 24 mois, ces minutes représentent plus de 600 heures. Cela équivaut à peu près aux trois quarts d’une année de maternelle ; ou, en matière de #langage, à 200 000 énoncés perdus, soit à peu près 850 000 mots non entendus. […] Pour le seul sous-groupe des usagers quotidiens, la moyenne de consommation s’établit à presque 90 mn. Autrement dit, plus d’1/3 des enfants de moins d’1 an ingurgitent 1 h 30 d’écrans par jour — […] principalement dans les milieux socioculturels les moins favorisés. […]

    .. En fonction des groupes étudiés, entre 1 h 30 et 3 h 30 d’usage journalier. Principale raison avancée par les #parents pour expliquer cette incroyable orgie : faire tenir les gamins tranquilles dans les lieux publics (65 %), pendant les courses (70 %) et/ou lors des tâches ménagères (58 %). Chaque jour, près de 90 % des enfants défavorisés regardent la #télévision ; 65 % utilisent des outils mobiles ; 15 % sont exposés à des consoles de jeux vidéo. En 4 ans, la proportion de bambins de - de 12 mois utilisant des écrans mobiles est passée de 40 à 92 %. »

    « La consommation numérique [Du 2-8 ans] : entre 2 et 4 ans, 2 h 45 par jour. […] Sur la dernière décennie, elles ont augmenté de plus de 30 %. Elles représentent quasiment 1/4 du temps normal de veille de l’enfant. Sur une année, leur poids cumulé dépasse allègrement 1 000 h. Cela veut dire qu’entre 2 et 8 ans un enfant « moyen » consacre aux écrans récréatifs l’équivalent de 7 années scolaires complètes ou 460 jours de vie éveillée (1,25 année), ou encore l’exacte quantité du temps de travail personnel requis pour devenir un solide violoniste. »

    « Durant la préadolescence [entre 8 et 12 ans], les enfants voient leur besoin de sommeil diminuer sensiblement. Chaque jour, ils gagnent naturellement entre 1 h 30 et 1 h 45 d’éveil. Cette « conquête », dans sa quasi-totalité, ils l’offrent à leurs babioles numériques.

    .. Ainsi, entre 8 et 12 ans, le temps d’écrans journalier grimpe à presque 4 h 40, contre 3 heures précédemment. […] Cumulé sur 1 an, cela fait 1 700 h, l’équivalent de deux années scolaires ou, si vous préférez, d’un an d’emploi salarié à plein-temps. »

    « Les préados issus de milieux défavorisés consacrent chaque jour presque 2 h de + aux écrans que leurs homologues + privilégiés. Pr sa + gde partie, cet écart provient d’un usage accru d’une part des contenus audiovisuels (+ 1h15) et d’autre part des réseaux sociaux (+ 30 mn). »

    « « Il existe une corrélation négative entre le bien-être socio-émotionnel et le temps consacré aux écrans ». Autrement dit, les préados & ados qui passent le moins de temps dans le monde merveilleux du cyber-divertissement sont aussi ceux qui se portent le mieux ! »

    .. Conclusion : nos gamins peuvent très bien se passer d’écrans ; cette abstinence ne compromet ni leur équilibre émotionnel ni leur intégration sociale. Bien au contraire ! »

    Les ados [13-18 ans] : « La consommation quotidienne de numérique atteint alors 6 h 40. […] Il équivaut à un quart de journée et 40 % du temps normal de veille. Cumulé sur un an, cela représente plus de 2 400 heures, 100 jours, 2,5 années scolaires ou encore la totalité du temps consacré de la sixième à la terminale, pour un élève de filière scientifique, à l’enseignement du français, des mathématiques et des Sciences de la Vie et de la Terre (SVT).

    .. Autrement dit, sur une simple année, les écrans absorbent autant de tps qu’il y a d’heures cumulées d’enseignement du français, des maths et des SVT durant tt le secondaire. Mais cela n’empêche pas les sempiternelles ruminations sur l’emploi du tps trop chargé des écoliers. »

    « Si vs voulez exalter l’exposition de votre progéniture au numérique, assurez-vs que le petit possède en propre smartphone/tablette et équipez sa chambre en tv/console. Cette attention pourrira son sommeil, sa santé et ses résultats scolaires, mais au moins vous aurez la paix. »

    « Pr être pleinement efficace à long terme, le cadre restrictif ne doit pas être perçu comme une punition arbitraire, mais comme une exigence positive. Il est important que l’enfant adhère à la démarche et en intériorise les bénéfices. Quand il demande pourquoi il n’a « pas le droit » alors que ses copains font « ce qu’ils veulent », il faut lui expliquer que les parents de ses copains n’ont peut-être pas suffisamment étudié la question ; lui dire que les écrans ont sur son cerveau, son intelligence, sa concentration, ses résultats scolaires sa santé, etc., des influences lourdement négatives ; et il faut lui préciser pourquoi : moins de sommeil ; moins de temps passé à des activités plus nourrissantes, dont lire, jouer d’un instrument de musique, faire du sport ou parler avec les autres ; moins de temps passé à faire ses devoirs ; etc. Mais tout cela, évidemment, n’est crédible que si l’on n’est pas soi-même constamment le nez sur un écran récréatif.

    .. Au pire, il faut alors essayer d’expliquer à l’enfant que ce qui est mauvais pour lui ne l’est pas forcément pour un adulte, parce que le cerveau de ce dernier est « achevé » alors que celui de l’enfant est encore « en train de se construire ». »

    « ÉTABLIR DES RÈGLES, ÇA MARCHE ! […] Et que se passe-t-il si l’on retire la télé ? Eh bien, même s’il déteste ça, l’enfant va se mettre à lire. Trop beau pour être vrai ? Même pas ! Plusieurs études récentes ont en effet montré que notre brave cerveau supportait très mal le désœuvrement. Il a ainsi été observé, par exemple, que 20 minutes passées à ne rien faire entraînaient un niveau de fatigue mental plus important que 20 minutes passées à réaliser une tâche complexe de manipulation des nombres. Dès lors, plutôt que de s’ennuyer, la majorité des gens préfère sauter sur la première occupation venue même si celle-ci s’avère a priori rébarbative ou, pire, consiste à s’infliger une série de chocs électriques douloureux. Cette puissance prescriptive du vide, la journaliste américaine Susan Maushart l’a observée de première main, le jour où elle a décidé de déconnecter ses trois zombies adolescents169. Privés de leurs gadgets électroniques, nos heureux élus commencèrent par se cabrer avant progressivement, de s’adapter et de se (re)mettre à lire, à jouer du saxo, à sortir le chien sur la plage, à faire la cuisine, à manger en famille, à parler avec maman, à dormir davantage, etc. ; bref, avant de se (re)mettre à vivre. »
    « Si les neurones se voient proposer une « nourriture » inadéquate en qualité et/ou quantité, ils ne peuvent « apprendre » de manière optimale ; et plus la carence s’étire dans le temps, plus elle devient difficile à combler. »

    « Les expériences précoces sont d’une importance primordiale. Cela ne veut pas dire que tt se joue avant 6 ans, comme le claironne abusivement le titre français d’un best-seller américain des années 1970. Mais cela signifie certainement que ce qui se joue entre 0 et 6 ans influence profondément la vie future de l’enfant. Au fond, dire cela, c’est affirmer un truisme. C’est stipuler que l’apprentissage ne sort pas du néant. Il procède de manière graduelle par transformation, combinaison et enrichissement des compétences déjà acquises. Dès lors, fragiliser l’établissement des armatures précoces, notamment durant les « périodes sensibles », c’est compromettre l’ensemble des déploiements tardifs. »

    PAS D’ÉCRAN AVANT (AU MOINS) 6 ANS ! « En 6 ans, au-delà d’un monceau de conventions sociales et abstraction faite des activités « facultatives » comme la danse, le tennis ou le violon, le petit humain apprend à s’asseoir à se tenir debout, à marcher, à courir, à maîtriser ses excrétions, à manger seul, à contrôler et coordonner ses mains (pour dessiner, faire ses lacets ou manipuler les objets), à parler, à penser, à maîtriser les bases de la numération et du code écrit, à discipliner ses déchaînements d’émotions & pulsions, etc. Ds ce contexte, chaque minute compte. […] Cela signifie “juste” qu’il faut le placer ds un environnement incitatif, où la “nourriture” nécessaire est généreusement accessible. Or, les écrans ne font pas partie de cet environnement. […] Plusieurs études, sur lesquelles nous reviendrons également, ont ainsi montré qu’il suffisait, chez le jeune enfant, d’une exposition quotidienne moyenne de 10 à 30 minutes pour provoquer des atteintes significatives dans les domaines sanitaire et intellectuel. […] Ce dont a besoin notre descendance pr bien grandir, ce n’est donc ni d’Apple, ni de Teletubbies ; c d’humain. Elle a besoin de mots, de sourires, de câlins. Elle a besoin d’expérimenter, de mobiliser son corps, de courir, de sauter, de toucher, de manipuler des formes riches. Elle a besoin de dormir, de rêver, de s’ennuyer, de jouer à « faire semblant ». Elle a besoin de regarder le monde qui l’entoure, d’interagir avec d’autres enfants. Elle a besoin d’apprendre à lire, à écrire, à compter, à penser. Au coeur de ce bouillonnement, les écrans sont un courant glaciaire. Non seulement ils volent au développement un temps précieux & posent les fondations des hyperusages ultérieurs, mais en + ils déstructurent nombre d’apprentissages fondamentaux liés, par ex., à l’attention. »

    « En compilant les résultats obtenus, on observe que nombre de problèmes émergent dès la première heure quotidienne. En d’autres termes, pour tous les âges postérieurs à la prime enfance, les écrans récréatifs (de toutes natures : télé, jeux vidéo, tablettes, etc.) ont des impacts nuisibles mesurables dès 60 minutes d’usage journalier. Sont concernés, par exemple, les relations intrafamiliales, la réussite scolaire, la concentration, l’obésité, le sommeil, le développement du système cardio-vasculaire ou l’espérance de vie. […] Au-delà de la prime enfance, toute consommation d’écrans récréatifs supérieure à une heure quotidienne entraîne des préjudices quantitativement détectables et peut donc être considérée comme excessive. »

    De l’importance primordiale, autrement dit, de « maintenir en deçà de 30 (borne prudente) à 60 (borne tolérante) minutes l’exposition quotidienne aux écrans récréatifs des individus de 6 ans et plus.

    .. Précisons […] : un enfant qui ne consommerait aucun écran récréatif les jours d’école et regarderait un dessin animé ou jouerait aux jeux vidéo pendant 90 minutes les mercredis et samedis resterait largement dans les clous… »

    « Les écrans sapent l’intelligence, perturbent le développement du cerveau, abîment la santé, favorisent l’obésité, désagrègent le sommeil, etc. […] À partir de la littérature scientifique disponible, on peut formuler deux recommandations formelles :

    .. (1) pas d’écrans récréatifs avant 6 ans (voire 7 ans si l’on inclut l’année charnière de cours préparatoire) ; (2) au-delà de 6 ans, pas plus de 60 minutes quotidiennes, tous usages cumulés (voire 30 minutes si l’on privilégie une lecture prudente des données disponibles). »

    « Des heures passées principalement à consommer des flux audiovisuels (films, #séries, clips, etc.), à jouer aux jeux vidéo et, pour les plus grands, à palabrer sur les réseaux sociaux à coups de lol, like, tweet, yolo, post et selfies. Des heures arides, dépourvues de fertilité développementale. Des heures anéanties qui ne se rattraperont plus une fois refermées les grandes périodes de plasticité cérébrale propres à l’enfance et à l’adolescence. »

    « La #littérature_scientifique démontre de façon claire et convergente un effet délétère significatif des écrans domestiques sur la réussite scolaire : indépendamment du sexe, de l’âge, du milieu d’origine et/ou des protocoles d’analyses, la durée de consommation se révèle associée de manière négative à la #performance_académique. »

    « Le smartphone (littéralement « téléphone intelligent ») nous suit partout, sans faiblesse ni répit. Il est le graal des suceurs de cerveaux, l’ultime cheval de Troie de notre décérébration. Plus ses applications deviennent « intelligentes », plus elles se substituent à notre réflexion et plus elles nous permettent de devenir idiots. Déjà elles choisissent nos restaurants, trient les informations qui nous sont accessibles, sélectionnent les publicités qui nous sont envoyées, déterminent les routes qu’il nous faut emprunter, proposent des réponses automatiques à certaines de nos interrogations verbales et aux courriels qui nous sont envoyés, domestiquent nos enfants dès le plus jeune âge, etc. Encore un effort et elles finiront par vraiment penser à notre place. »

    « L’impact négatif de l’usage du smartphone s’exprime avec clarté sur la réussite scolaire : plus la consommation augmente, plus les résultats chutent. »

    Y compris en « filières d’excellence. Les études de médecine en offrent une bonne illustration. En France, le concours d’entrée admet, en moyenne, 18 candidats sur 100. À ce niveau d’exigence le smartphone devient rapidement un #handicap insurmontable. Prenez, par exemple, un étudiant non équipé qui se classerait 240e sur 2 000 et réussirait son concours. 2 h quotidiennes de smartphone le conduiraient à une 400e place éliminatoire. »

    Même chose s’agissant des réseaux sociaux : « Là encore, les résultats sont aussi cohérents qu’opiniâtrement négatifs. Plus les élèves (#adolescents et #étudiants principalement) consacrent de temps à ces outils, plus les performances scolaires s’étiolent. »

    Et les usages numériques à l’école : « En pratique, évidemment, personne ne conteste le fait que certains outils numériques peuvent faciliter le travail de l’élève. Ceux qui ont connu les temps anciens de la recherche scientifique, savent mieux que quiconque l’apport “technique” de la récente révolution digitale. Mais, justement, par définition, les outils et logiciels qui nous rendent la vie plus facile retirent de facto au cerveau une partie de ses substrats nourriciers. Plus nous abandonnons à la machine une part importante de nos activités cognitives et moins nos neurones trouvent matière à se structurer, s’organiser et se câbler. Dans ce contexte, il devient essentiel de séparer l’expert et l’apprenant au sens où ce qui est utile au premier peut s’avérer nocif pour le second. »

    « « Malgré des investissements considérables en ordinateurs, connexions internet et logiciels éducatifs, il y a peu de preuves solides montrant qu’un usage accru des ordinateurs par les élèves conduit à de meilleurs scores en #mathématiques et #lecture. » En parcourant le texte, on apprend que, après prise en compte des disparités économiques entre États & du niveau de performance initiale des élèves, “les pays qui ont moins investi dans l’introduction des ordinateurs à l’école ont progressé + vite, en moyenne, que les pays ayant investi davantage”. »

    Des chercheurs « se sont demandés si l’usage de logiciels éducatifs à l’école primaire (lecture, mathématiques) avait un effet sur la performance des élèves. Résultat : bien que tous les enseignants aient été formés à l’utilisation de ces logiciels, de manière satisfaisante selon leurs propres dires, aucune influence positive sur les élèves ne put être détectée. »

    « #Bill_Joy, cofondateur de #Sun_Microsystem et programmeur de génie, concluant comme suit une discussion sur les vertus pédagogiques du numérique : « Tout cela […] ressemble à une gigantesque perte de temps…

    .. Si j’étais en compétition avec les États-Unis, j’adorerais que les étudiants avec lesquels je suis en compétition passent leur temps avec ce genre de merde. »

    « L’introduction du #numérique dans les classes est avant tout une source de distraction pour les élèves. »

    « Dans une recherche réalisée à l’université du Vermont (États-Unis), pour un cours de 1 h 15, le temps volé par les activités distractives atteignait 42 %. »

    « Les résultats se révélèrent sans appel : tout dérivatif numérique (SMS, #réseaux_sociaux, #courriels, etc.) se traduit par une baisse significative du niveau de compréhension et de mémorisation des éléments présentés. »

    « De manière intéressante, une étude comparable avait précédemment montré que l’usage de l’ordinateur se révélait délétère même lorsqu’il servait à accéder à des contenus académiques liés à la leçon en cours. »

    « Bien sûr, ce qui est vrai pour l’#ordinateur l’est aussi pour le smartphone. Ainsi, dans un autre travail représentatif de la littérature existante, les auteurs ont établi que les étudiants qui échangeaient des SMS pendant un cours comprenaient et retenaient moins bien le contenu de ce dernier. Soumis à un test final, ils affichaient 60 % de bonnes réponses, contre 80 % pour les sujets d’un groupe contrôle non distrait. Une étude antérieure avait d’ailleurs indiqué qu’il n’était même pas nécessaire de répondre aux messages reçus pour être perturbé. Il suffit, pour altérer la prise d’information, qu’un #téléphone sonne dans la salle (ou vibre dans notre poche). »

    "Pourquoi une telle frénésie ? Pourquoi une telle ardeur à vouloir digitaliser le système scolaire, depuis la maternelle jusqu’à l’université, alors que les résultats s’affirment aussi peu convaincants ? [… Parce que] « si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement ». C’est exactement ce qui se passe avec l’actuelle numérisation du système scolaire. En effet, alors que les premieres études n’avaient globalement montré aucune influence probante de cette dernière sur la réussite des élèves, les données les plus récentes, issues notamment du #programme_PISA, révèlent un fort impact négatif. Curieusement, rien n’est fait pour stopper ou ralentir le processus, bien au contraire. Il n’existe qu’une explication rationnelle à cette absurdité. Elle est d’ordre économique : en substituant, de manière plus ou moins partielle, le numérique à l’humain il est possible, à terme, d’envisager une belle réduction des coûts d’enseignement. […] "« Le monde ne possède qu’une fraction des enseignants dont il a besoin ». Car le cœur du problème est bien là. Avec la massification de l’enseignement, trouver des professeurs qualifiés se révèle de plus en plus compliqué, surtout si l’on considère les questions de rémunération. Pour résoudre l’équation, difficile d’envisager meilleure solution que la fameuse « révolution numérique ». […] Le « professeur » devient alors une sorte de passe-plat anthropomorphe dont l’activité se résume, pour l’essentiel, à indiquer aux élèves leur programme numérique quotidien tout en s’assurant que nos braves digital natives restent à peu près tranquilles sur leurs sièges. Il est évidemment facile de continuer à nommer « enseignants » de simples « gardes-chiourmes 2.0 », sous-qualifiés et sous-payés ; et ce faisant, d’abaisser les coûts de fonctionnement sans risquer une révolution parentale. […] [en Floride], les autorités administratives se sont révélées incapables de recruter suffisamment d’enseignants pour répondre à une contrainte législative limitant le nombre d’élèves par classe (vingt-cinq au #lycée). Elles ont donc décidé de créer des classes digitales, sans professeurs. Ds ce cadre, les élèves apprennent seuls, face à un ordinateur, avec pour unique support humain un « facilitateur » dont le rôle se limite à régler les petits problèmes techniques et à s’assurer que les élèves travaillent effectivement. Une approche « criminelle » selon un enseignant, mais une approche « nécessaire » aux dires des autorités scolaires. […] 95 % du budget de l’Éducation nationale passe en salaires ! »

    Conclusion :

    1) « Plus les élèves regardent la télévision, plus ils jouent aux jeux vidéo, plus ils utilisent leur smartphone, plus ils sont actifs sur les réseaux sociaux & plus leurs notes s’effondrent. Même l’ordinateur domestique, dont on nous vante sans fin la puissance éducative, n’exerce aucune action positive sur la performance scolaire.

    2) Plus les États investissent dans les « technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement » (les fameuses TICE), plus la performance des élèves chute. En parallèle, plus les élèves passent de temps avec ces technologies et plus leurs notes baissent.

    3) le numérique est avant tout un moyen de résorber l’ampleur des dépenses éducatives. […]

    4) Pour faire passer la pilule et éviter les fureurs parentales, il faut habiller l’affaire d’un élégant verbiage pédagogiste. Il faut transformer le cautère digital en une « révolution éducative », un « tsunami didactique » réalisé, évidemment, aux seuls profits des élèves. Il faut camoufler la paupérisation intellectuelle du corps enseignant et encenser la mutation des vieux dinosaures prédigitaux en pétillants (au choix !) guides, médiateurs, facilitateurs, metteurs en scène ou passeurs de savoir. Il faut masquer l’impact catastrophique de cette « révolution » sur la perpétuation et le creusement des inégalités sociales. Enfin, il faut éluder la réalité des usages essentiellement distractifs que les élèves font de ces outils. »

    « Si l’usage des écrans affecte aussi lourdement la réussite scolaire, c évidemment parce que leur action s’étend bien au-delà de la simple sphère académique. Les notes sont alors le symptôme d’une meurtrissure + large, aveuglément infligée aux piliers cardinaux de notre dévéloppement. Ce qui est ici frappé, c’est l’essence même de l’édifice humain en développement : langage + #concentration + #mémoire + QI + #sociabilité + #contrôle_des_émotions. Une agression silencieuse menée sans états d’âme ni tempérance, pr le profit de qqs-uns au détriment de presque tous. »

    « Le #cerveau_humain s’avère, quel que soit son âge, bien moins sensible à une représentation vidéo qu’à une présence humaine effective. C’est pr cette raison, notamment, que la puissance pédagogique d’un être de chair et d’os surpasse aussi irrévocablement celle de la machine. »

    « Pr favoriser le développement d’un enfant, mieux vaut accorder du tps aux interactions humaines : [...] l’une des méthodes les + efficaces pr améliorer le dév. de l’enfant passe par les interactions de haute qualité entre l’adulte et l’enfant, sans la distraction des écrans. »

    « Le temps total d’interaction volé par 60 mn quotidiennes de télé sur les 12 premières années de vie d’un enfant s’élève à 2 500 heures. Cela représente 156 journées de veille, presque 3 années scolaires et 18 mois d’emploi salarié à temps complet...

    .. Pas vraiment une paille, surtout si l’on rapporte ces données à des consommations non plus de une, mais de 2 ou 3 heures quotidiennes. Et, à ce désastre, il faut encore ajouter l’altération relationnelle engendrée par les expositions d’arrière-plan. »

    « La consommation d’écrans interfère fortement avec le développement du langage. Par ex., chez des enfants de 18 mois, il a été montré que chaque 1/2 h quotidienne supplémentaire passée avec un appareil mobile multipliait par 2,5 la probabilité d’observer des retards de langage. De la même manière, chez des enfants de 24 à 30 mois, il a été rapporté que le risque de #déficit_langagier augmentait proportionnellement à la durée d’exposition télévisuelle. Ainsi, par rapport aux petits consommateurs (moins de 1 heure par jour), les usagers modérés (1 à 2 heures par jour), moyens (2 à 3 heures par jour) et importants (plus de 3 heures par jour) multipliaient leur probabilité de retard dans l’acquisition du langage respectivement par 1,45, 2,75 et 3,05. [...] Le risque de déficit était quadruplé, chez des enfants de 15 à 48 mois, qd la consommation dépassait 2 h quotidiennes. Ce quadruplement se transformait même en sextuplement lorsque ces enfants avaient été initiés aux joies du petit écran avant 12 mois (sans considération de durée). »

    Plus augmente la consommation d’écrans et plus l’#intelligence_langagière diminue. « Notons que le lien alors identifié était comparable, par son ampleur, à l’association observée entre niveau d’intoxication au plomb (un puissant perturbateur endocrinien) et QI verbal [...] si vous détestez [le] marmot de vos horribles voisins & que vous rêvez de lui pourrir la vie [...], inutile de mettre du plomb ds sa gourde. Offrez-lui plutôt une télé/tablette/console de jeux. L’impact cognitif sera tout aussi dévastateur pr un risque judiciaire nul. »

    « Le jour où l’on substituera le numérique à l’humain, ce n’est plus 30 mois (comme actuellement) mais 10 ans qu’il faudra à nos enfants pour atteindre un volume lexical de 750 à 1 000 mots. »

    « Au-delà d’un socle fondamental, oralement construit au cours des premiers âges de la vie, c’est dans les livres et seulement dans les livres que l’enfant va pouvoir enrichir et développer pleinement son langage. »

    .. [...] « Chaque heure quotidienne de jeux vidéo entraînait un affaissement de 30 % du temps passé à lire seul. Des éléments qui expliquent, au moins pour partie, l’impact négatif des écrans récréatifs sur l’acquisition du code écrit ; impact qui compromet lui-même, en retour le déploiement du langage. Tout est alors en place pr que se développe une boucle pernicieuse auto-entretenue : comme il est moins confronté à l’écrit, l’enfant a + de mal à apprendre à lire ; comme il a + de mal à lire, il a tendance à éviter l’écrit et donc à lire moins ; comme il lit moins, ses compétences langagières ne se développent pas au niveau escompté et il a de plus en plus de mal à affronter les attendus de son âge. Remarquable illustration du célèbre "#effet_Matthieu". »

    Attention – « Chaque heure quotidienne passée devant le petit écran lorsque l’enfant était à l’école primaire augmente de presque 50 % la probabilité d’apparition de troubles majeurs de l’attention au collège. Un résultat identique fut rapporté dans un travail subséquent montrant que le fait de passer quotidiennement entre 1 et 3 heures devant la télévision à 14 ans multipliait par 1,4 le risque d’observer des difficultés attentionnelles à 16 ans. Au-delà de 3 heures, on atteignait un quasi-triplement. Des chiffres inquiétants au regard d’un résultat complémentaire montrant que l’existence de troubles de l’attention à 16 ans quadruplait presque le risque d’échec scolaire à 22 ans. »

    Un travail « du service marketing de #Microsoft, curieusement rendu public, [explique] que les capacités d’attention de notre belle humanité n’ont cessé de se dégrader depuis 15 ans [pour atteindre] aujourd’hui un plus bas historique : inférieures à celles du… poisson rouge. Cette altération serait directement liée au développement des technologies numériques. Ainsi, selon les termes du document, "les modes de vie digitaux affectent la capacité à rester concentré sur des périodes de temps prolongées". »

    « Sean Parker, ancien président de Facebook, admettait d’ailleurs que les réseaux sociaux avaient été pensés, en toute lucidité, pour "exploiter une vulnérabilité de la psychologie humaine". Pour notre homme, "le truc qui motive les gens qui ont créé ces réseaux c’est : “Comment consommer le maximum de votre temps et de vos capacités d’attention” ?" Ds ce contexte, pour vous garder captif, "il faut vous libérer un peu de dopamine, de façon suffisamment régulière. D’où le like ou le commentaire que vous recevez sur une photo, une publication. Cela va vous pousser à contribuer de plus en plus et donc à recevoir de plus en plus de commentaires et de likes, etc. C’est une forme de boucle sans fin de jugement par le nombre". Un discours que l’on retrouve quasiment mot pour mot chez Chamath Palihapitiya, ancien vice-président de Facebook (questions de croissance & d’audience). La conclusion de ce cadre repenti (qui déclare se sentir "immensément coupable") est sans appel : "Je peux contrôler ce que font mes enfants, et ils ne sont pas autorisés à utiliser cette merde !" »

    Conclusion – « Les écrans sapent les trois piliers les plus essentiels du développement de l’enfant.
    – 1) les interactions humaines. [...] Pour le développement, l’écran est une fournaise quand l’humain est une forge.

    – 2) le langage. [...] en altérant le volume et la qualité des échanges verbaux précoces. Ensuite, en entravant l’entrée dans le monde de l’écrit.

    – 3) la concentration. [...] Ds qqs dizaines ou centaines de milliers d’années, les choses auront peut-être changé, si notre brillante espèce n’a pas, d’ici là, disparu de la planète. En attendant, c’est à un véritable #saccage_intellectuel que nous sommes en train d’assister. »
    « La liste des champs touchés paraît sans fin : #obésité, #comportement_alimentaire (#anorexie/#boulimie), #tabagisme, #alcoolisme, #toxicomanie, #violence, #sexualité non protégée, dépression, sédentarité, etc. [...] : les écrans sont parmi les pires faiseurs de maladies de notre temps »

    Manque de sommeil : « c’est l’intégrité de l’individu tout entier qui se trouve ébranlée dans ses dimensions cognitives, émotionnelles et sanitaires les plus cardinales. Au fond, le message porté par l’énorme champ de recherches disponible sur le sujet peut se résumer de manière assez simple : un humain (enfant, adolescent ou adulte) qui ne dort pas bien et/ou pas assez ne peut fonctionner correctement. »
    « Le sommeil est la clé de voûte de notre intégrité émotionnelle, sanitaire et cognitive. C’est particulièrement vrai chez l’enfant et l’adolescent, lorsque le corps et le cerveau se développent activement. »

    Il est possible d’améliorer (ou de dégrader) « très significativement [le fonctionnement de l’individu] en allongeant (ou en raccourcissant) de 30 à 60 mn les nuits de notre progéniture. »

    « L’organisme peut se passer d’#Instagram, #Facebook, #Netflix ou GTA ; il ne peut pas se priver d’un sommeil optimal, ou tt du moins pas sans csquences majeures. Perturber une fonction aussi vitale pr satisfaire des distractions à ce point subalternes relève de la folie furieuse. »

    « Aux États-Unis, l’#espérance_de_vie augmenterait de presque un an et demi si la consommation télévisuelle moyenne passait sous la barre des 2 h quotidiennes. Un résultat comparable fut rapporté par une équipe australienne, mais à rebours. Les auteurs montrèrent en effet que la sédentarité télévisuelle amputait de quasiment deux ans l’espérance de vie des habitants de ce pays. Formulé différemment, cela veut dire "[qu’]en moyenne, chaque heure passée à regarder la télévision après 25 ans réduit l’espérance de vie du spectateur de 21,8 mn". En d’autres termes, publicité comprise, chaque épisode de Mad Men, Dr House ou Game of Thrones enlève presque 22 minutes à votre existence. »

    Conclusion | « La consommation d’#écran_récréatif a un impact très négatif sur la santé de nos enfants et adolescents. Trois leviers se révèlent alors particulièrement délétères.
    – 1) les écrans affectent lourdement le sommeil – pilier essentiel, pour ne pas dire vital, du développement.

    – 2) Les écrans augmentent fortement le degré de sédentarité tt en diminuant significativement le niveau d’#activité_physique. Or, pr évoluer de manière optimale et pour rester en bonne santé, l’organisme a besoin d’être abondamment & activement sollicité. Rester assis nous tue !

    – 3) Les contenus dits « à risque » (sexuels, tabagiques, alcooliques, alimentaires, violents, etc.) saturent l’espace numérique. Aucun support n’est épargné. Or, pour l’enfant et l’adolescent, ces contenus sont d’importants prescripteurs de normes (souvent inconsciemment). »

    « Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle. 
    7 règles essentielles :

    1) AVANT 6 ANS, pas d’écrans (du tout)
    2) APRÈS 6 ANS, pas + de 30 mn à 1 h par jour (tout compris)
    3) pas dans la chambre
    4) pas de contenus inadaptés
    5) pas le matin avant l’école
    6) pas le soir avant de dormir
    7) une chose à la fois.

    #éducation_nationale

  • Public Eye accuse le Secrétariat d’Etat à l’économie Suisse (SECO) de rouler pour Nestlé Ram Etwareea
    https://www.letemps.ch/economie/public-eye-accuse-seco-rouler-nestle

    Le Mexique, où l’obésité fait des ravages, a introduit une étiquette d’avertissement sur la « malbouffe ». Excessif selon Nestlé, qui a mobilisé le Secrétariat d’Etat à l’économie pour faire pression sur le pays. L’ONG suisse Public Eye dénonce une intervention qui fait fi de la santé publique et affirme que ce n’est pas un cas isolé.


    La nourriture qu’une Mexicaine consomme généralement en une journée alors qu’elle essaie de perdre du poids en participant à un programme d’amaigrissement, dans la maison de sa famille à Texcoco, au Mexique, le 8 janvier 2021. — © Carlos Jasso/REUTERS

    « Le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) se laisse instrumentaliser par Nestlé et défend ses intérêts commerciaux, parfois douteux, à l’étranger. » Cette accusation a été lancée début juillet par l’ONG Public Eye spécialisée dans les enquêtes sur les excès des multinationales suisses à l’étranger. Dans son viseur, une série d’interventions de Berne auprès du gouvernement mexicain en 2019. L’obésité représentant un grave problème dans le pays, les autorités ont introduit des étiquettes noires, reprenant la forme des panneaux de signalisation « STOP », accolées sur les emballages d’aliments jugés malsains. Cette initiative n’étant pas dans ses intérêts commerciaux, le géant agroalimentaire suisse a mobilisé le Seco pour tenter de renverser la politique de santé publique mexicaine.
    La suite de l’article payante

    #malbouffe #obésité #nestlé #multinationale #Mexique #Suisse #alimentation #Santé #junk-food #beurk

    • Ce qui n’étonne personne.

      Ceci dit sur l’illustration, la nourriture pour un programme amaigrissant, rien que les boisson et le sucre qu’elles contiennent ferait plutôt penser à un régime grossissant.

  • Un verre de vin par jour... vraiment bon pour la santé ? | Infox ? Ripostes ! avec Thomas Gauthier - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=WbK9YhaHNRo

    « Un verre de vin par jour, c’est bon pour la santé ! ». Cette affirmation que l’on aime bien entendre, est aujourd’hui remise en cause par de nouvelles études. Entre risque cancérigène et intérêts économiques, tentons d’y voir plus clair. Michael Naassila, professeur de physiologie et Thomas Gauthier, youtubeur québécois s’attaquent à cette infox et nous donnent des clés pour décoder le vrai du faux.
    Un épisode de la série « Infox ? Ripostes !, des scientifiques face à la désinformation »

    Réalisation : Hélène Seingier
    Production : Fablabchannel, Universcience,en partenariat avec TV5 Monde et Phosphore/Bayard 2022

    #EMI #Biais #Sciences #Alcool #Santé #Désinformation

  • « Bébés Coca » : dans les Hauts-de-France, les ravages méconnus du soda sur les très jeunes enfants
    Médiacités - Virginie Menvielle
    https://www.mediacites.fr/enquete/lille/2022/06/10/bebes-coca-dans-les-hauts-de-france-les-ravages-meconnus-du-soda-sur-les-

    Dans les Hauts-de-France, un certain nombre d’enfants en bas âge ne consomment que des boissons sucrées.

    Des bébés aux dents de lait tachées, noircies, dont il ne reste que les racines. Des bambins de trois ou quatre ans exhibant déjà des prothèses dentaires ou des dents de travers, qui poussent trouées comme du gruyère… Ces enfants, les professionnels de santé et de la petite enfance qui les reçoivent ou les côtoient au quotidien les surnomment parfois « les bébés Coca ». Les descriptions qu’ils en font semblent sorties d’un livre de Dickens. Cela ne se passe pas à l’autre bout de la planète mais bien ici, dans la métropole lilloise et toute la région.


    La dentiste Angéline Leblanc a exercé à Roubaix et soutenu, en 2020, une thèse au CHU de Lille sur les caries précoces portant sur 50 enfants originaires de la métropole européenne de Lille (MEL). « On parle de caries précoces quand elles surviennent chez des enfants de moins de six ans », explique-t-elle. Dans certains cas, les premières taches sur les dents se manifestent bien avant. « Nous voyons parfois des patients d’un an qui ne possèdent que quatre dents, toutes cariées, déplore la professionnelle de santé. Il ne reste alors plus que les racines et nous n’avons pas d’autre solution que les extraire. »

    « On a plutôt tendance à retirer les dents qu’à les soigner »
    Au CHU de Lille, les interventions de ce type sont monnaie courante, constate Angéline Leblanc. « Il est très compliqué de soigner de si jeunes enfants : quand ils arrivent au service d’odontologie, c’est souvent trop tard. Cela fait trop longtemps qu’ils ont mal. On a alors plutôt tendance à retirer la ou les dents en question qu’à les soigner… »

    Les dentistes ne sont pas les seuls à faire ce constat. « On accueille des enfants aux dents tellement fines qu’elles se cassent très facilement », confie Stéphanie Leclerc, responsable du pôle petite enfance de la métropole lilloise au sein de l’Établissement public départemental pour soutenir, accompagner, éduquer (EPDSAE) de Lille. Âgés de quelques mois à six ans, ils subissent des interventions chirurgicales lourdes et enchaînent les rendez-vous médicaux plus ou moins traumatiques. À cela s’ajoutent les craintes des familles, totalement dépassées par les évènements.

    « Nous accompagnons des parents en grande précarité sociale, qui ne savent parfois pas lire. Ils pensent bien faire et n’ont pas conscience que ce qu’ils font consommer à leurs enfants peut être nocif, observe Stéphanie Leclerc. Certains ne reçoivent que des biberons de Coca ou d’Ice tea… » Les équipes de Stéphanie Leclerc, composées notamment d’éducateurs et d’auxiliaires de puériculture, font de la pédagogie. Elles demandent aux parents d’assister aux rendez-vous médicaux pour qu’ils prennent conscience des dangers que ce type de boissons représente pour leurs enfants.

    Pas tous égaux face aux biberons marron
    « On considère que 20 % de la population française concentre 80 % des problèmes de dentition », souligne Angéline Leblanc. Autrement dit, ceux-ci sont très corrélés au niveau de vie. Mais dans toutes les classes sociales, c’est la méconnaissance des dangers liés à l’ingestion des boissons sucrées pour les plus jeunes qui domine. « Les parents s’amusent à voir leurs bébés faire la grimace à cause des bulles. Ils leur en redonnent donc », raconte Stéphanie Leclerc.

    Devant la grille des écoles, des enseignantes interloquées voient passer des bébés avec des biberons marronasses dans leurs poussettes. « La première fois, ça m’a saisie, ça me paraissait assez surréaliste comme scène », se souvient Marie, enseignante en maternelle en REP+ dans le Pas-de-Calais. Elle en parle autour d’elle et découvre une pratique bien plus courante qu’elle ne l’imaginait. « J’ai noué des relations avec plusieurs familles – je suis notamment allée plusieurs fois chez une maman qui faisait goûter du Coca à son nourrisson avec une petite cuillère… »

    « Les familles les plus aisées ne se retrouveront pas avec des enfants en grande souffrance à qui il faut arracher des dents »

    Face à un tel fléau, les professionnels disent se sentir souvent impuissants. Jeune enseignante, Marie s’est retrouvée démunie face à une situation qui ne relevait pas de sa compétence. « J’essayais de créer un lien avec les familles. La meilleure manière de le faire n’était pas de leur tomber dessus en jugeant la façon dont elles élevaient leurs enfants. Mais j’ai quand même fait des allusions lors de voyages scolaires ou rappelé que boire de l’eau était indispensable. »

    Ces notes aux parents avant les sorties scolaires pour leur indiquer que l’eau est la boisson à privilégier pour tous les enfants, les enseignants et animateurs de centres de loisirs ont presque tous l’habitude de les faire. Et pas seulement dans les quartiers prioritaires. L’engouement pour les boissons sucrées touche toutes les classes sociales. Dans les réunions parents-profs, le sujet revient régulièrement sur la table. Parmi ceux qui ne jurent que par le bio, beaucoup oublient que dans les jus de fruits… il y a du sucre et en quantité ! Reste qu’à l’apparition des caries, les incidences ne sont pas les mêmes dans ces familles. « Les plus aisées vont aller chez le dentiste dès la première tache et ne se retrouveront pas avec des enfants en grande souffrance à qui il faut arracher des dents », confirme Angéline Leblanc.

    Vers une meilleure prévention ?
    Au regard de la gravité de la situation, certains professionnels de santé continuent d’enrager en passant dans les rayons de produits infantiles des supermarchés qui proposent notamment de petites bouteilles de concentré de fruits. « Ça devrait être interdit », lâche Angéline Leblanc, agacée. Elle n’est pas la seule à le penser. « On milite pour que des étiquettes “interdit aux moins de 6 ans” soient apposées sur les bouteilles de soda », annoncent les parents les plus impliqués. Mais ces coups de gueule sporadiques ne dépassent pas les conseils d’école et ne peuvent à eux seuls faire bouger les lignes. Ceux des dentistes non plus.

    « On essaye d’expliquer aux parents, mais bien souvent ils nous répondent qu’eux-mêmes ne boivent pas d’eau et ne voient pas où est le problème »

    Lancées en France en 2017, les étiquettes nutri-score pourraient devenir obligatoires fin 2022. Mais ces indications ne semblent pas suffire – d’où l’idée de créer d’autres marqueurs pour signaler les produits « interdits aux enfants », sur le modèle du logo « déconseillé aux femmes enceintes » sur les bouteilles d’alcool. Certains pays se sont déjà emparés du sujet. Deux États mexicains interdisent par exemple la vente de boissons sucrées aux moins de 18 ans depuis le 8 août 2020 https://elpais.com/mexico/2020-08-08/oaxaca-inicia-la-carrera-contra-los-productos-azucarados-con-el-apoyo-del-go . Une première mesure avait déjà été appliquée en 2014, qui imposait une taxe sur les boissons sucrées. Le Mexique est à ce jour le seul pays du monde à avoir pris de telles dispositions, principalement pour lutter contre l’obésité infantile. D’autres, comme le Chili, tentent d’inciter à la précaution au moyen d’ étiquettes choc . 
     
    Dans l’Hexagone, il n’existe rien de semblable pour le moment. Pourtant, une étude nationale sur l’état de santé des enfants de 5-6 ans dans les différentes régions de France https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/er250.pdf , commanditée par le ministère de la Santé à l’aube de l’an 2000, faisait déjà état d’une situation d’urgence. Une vingtaine d’années plus tard, rien n’a changé. Désabusés, certains professionnels de la petite enfance finissent par abandonner. D’autres continuent à se mobiliser, avec des initiatives personnelles : des enseignants en maternelle distribuent des flyers sur l’importance de l’hygiène dentaire ou la nécessité de restreindre la consommation de boissons sucrées… « On essaye d’expliquer aux parents, mais bien souvent ils nous répondent qu’eux-mêmes ne boivent pas d’eau et ne voient pas où est le problème. »

    Faute de réponse massive et coordonnée des autorités sanitaires sur le sujet, leurs actions individuelles restent un minuscule pavé dans une immense mare de… Coca.
    #sucre #dents #santé #obésité #enfants #bambins #cola #coca_cola #pepsi_cola #alimentation #caries #dentistes #pauvreté #publicité #multinationales #écoles #ARS #prévention
    J’ai découvert l’existence des « bébés Coca » à l’entrée en maternelle de mon propre enfant. L’institutrice distribuait aux parents des flyers sur l’hygiène dentaire ; j’ai été interloquée par les préconisations qui y étaient imprimées. Il me paraissait évident qu’il ne fallait pas donner de sodas et de boissons sucrées aux plus jeunes avant de dormir, par exemple. J’en ai parlé avec l’enseignante : elle était très surprise que j’ignore l’existence de ces « bébés Coca » et m’a dit ce qu’elle en savait. Au fil du temps, d’autres personnes (éducateurs, auxiliaires puéricultrices…) que j’ai rencontrées lors de différents reportages ont mentionné ce qu’ils désignaient parfois aussi sous le nom de « syndrome du biberon ».

    Ces rencontres ont eu lieu dans l’Aisne, le Pas-de-Calais et le Nord. J’ai compris qu’il y avait un problème de santé publique et décidé d’enquêter. La rencontre avec Angéline Leblanc, dentiste qui a fait sa thèse sur le sujet, a été déterminante. Elle m’a permis de prendre conscience de l’ampleur du phénomène même s’il est impossible d’obtenir des chiffres sur le nombre d’enfants concernés. Pour l’heure, il n’existe pas de données, mêmes approximatives, sur le sujet. Contactée, l’Agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France n’a pas souhaité apporter son éclairage à Mediacités et nous le regrettons, dans une région réputée pour ses indicateurs inquiétants en la matière…

    Au Mexique, depuis début octobre 2020, de nouvelles étiquettes sont apparues sur les emballages alimentaires. Il s’agit de grands octogones en noir et blanc collés sur tous les aliments où il faut signaler un excès de gras, de sucre ou de sel. Une obligation contraignante puisqu’elle concernerait 80 % des produits mis à la vente, d’après l’Institut national de santé publique mexicain. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est convaincue de l’intérêt d’une telle initiative et a remis un prix au pays pour cette initiative ambitieuse. Le Mexique n’est pas le seul pays à avoir mis en place ce type d’étiquetage. Le Chili l’a fait il y a trois ans et les résultats vont dans le bon sens https://observatoireprevention.org/2020/09/02/le-chili-un-exemple-dintervention-agressive-de-letat-pour-co . Le Pérou, Israël et le Canada travaillent sur des systèmes similaires.

  • 5 questions à Roland Riachi. Comprendre la #dépendance_alimentaire du #monde_arabe

    Économiste et géographe, Roland Riachi s’est spécialisé dans l’économie politique, et plus particulièrement dans le domaine de l’écologie politique. Dans cet entretien, il décrypte pour nous la crise alimentaire qui touche le monde arabe en la posant comme une crise éminemment politique. Il nous invite à regarder au-delà de l’aspect agricole pour cerner les choix politiques et économiques qui sont à son origine.

    https://www.carep-paris.org/5-questions-a/5-questions-a-roland-riachi
    #agriculture #alimentation #colonialisme #céréales #autosuffisance_alimentaire #nationalisation #néolibéralisme #Egypte #Soudan #Liban #Syrie #exportation #Maghreb #crise #post-colonialisme #souveraineté_nationale #panarabisme #militarisme #paysannerie #subventions #cash_crop #devises #capitalisme #blé #valeur_ajoutée #avocats #mangues #mondialisation #globalisation #néolibéralisme_autoritaire #révolution_verte #ouverture_du_marché #programmes_d'ajustement_structurels #intensification #machinisation #exode_rural #monopole #intrants #industrie_agro-alimentaire #biotechnologie #phosphates #extractivisme #agriculture_intensive #paysans #propriété_foncière #foncier #terres #morcellement_foncier #pauvreté #marginalisation #monoculture #goût #goûts #blé_tendre #pain #couscous #aide_humanitaire #blé_dur #durum #libre-échange #nourriture #diète_néolibérale #diète_méditerranéenne #bléification #importation #santé_publique #diabète #obésité #surpoids #accaparement_des_terres #eau #MENA #FMI #banque_mondiale #projets_hydrauliques #crise_alimentaire #foreign_direct_investment #emploi #Russie #Ukraine #sécurité_alimentaire #souveraineté_alimentaire

    #ressources_pédagogiques

    ping @odilon

  • Contre la #Malbouffe au #Quebec : Zoner le territoire pour la santé Stéphanie Marin
    https://www.ledevoir.com/societe/transports-urbanisme/695190/zoner-pour-la-sante

    Lorsque l’arrondissement montréalais de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG) a décidé de s’attaquer à l’obésité et à la malbouffe en limitant notamment les établissements de restauration rapide sur son territoire, elle ne se doutait pas que son « objectif santé » pour ses citoyens serait contesté jusqu’en Cour suprême. Sa toute récente victoire judiciaire ouvre la voie aux autres municipalités qui veulent dessiner les contours de milieux de vie plus sains.

    Il s’agit d’un premier jugement de cette cour qui confirme le pouvoir d’une municipalité québécoise de réglementer de la sorte la malbouffe.


    Photo : Adil Boukind Le Devoir L’arrondissement montréalais de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce a décidé de s’attaquer à l’obésité et à la malbouffe en limitant notamment les établissements de restauration rapide sur son territoire.

    La démarche de l’arrondissement était fort créative : se servir d’un règlement de zonage, un outil qui sert à contrôler l’usage du sol, pour arriver à ses fins. L’objectif clairement déclaré était de « promouvoir la santé et les saines habitudes de vie », notamment en restreignant sévèrement les zones où peuvent s’installer les nouveaux restaurants-minute — et en les tenant loin des écoles.

    Le règlement de CDN-NDG offre une définition de « restaurant rapide » qui comprend trois caractéristiques, soit la prédominance d’emballages ou d’assiettes jetables dans lesquels les repas sont servis, la consommation sur place et l’absence de service aux tables.

    Mais, dès l’adoption du règlement en 2016, A&W, McDonald’s et ses comparses, aidés de l’Association Restaurants Canada, un groupe de l’industrie basé à Toronto, sont montés aux barricades, et ont contesté le règlement devant les tribunaux.

    Pour eux, la démarche était illégale : ce n’est pas du zonage, ont-ils dénoncé, car CDN-NDG vise à réglementer l’alimentation et les habitudes de consommation des citoyens, ce qu’une municipalité n’a pas le pouvoir de faire.

    Il n’y a aucun « détournement de pouvoir » ici, leur a répondu la Cour d’appel en novembre dernier : la promotion de saines habitudes de vie est une considération dont une municipalité est tout à fait libre de tenir compte lorsqu’elle exerce de pouvoir de zoner.

    Le groupe de restaurateurs a aussi plaidé que le règlement est discriminatoire, car il distingue de façon arbitraire deux types de restaurants.

    « Par essence, un règlement de zonage est discriminatoire », a écrit sans s’émouvoir le juge de première instance. Refusant de baisser les bras, les restaurants ont fait valoir que le but avoué du règlement est « irrationnel au point de devenir invalide ». Si l’on veut éviter des aliments malsains, pourquoi s’en prendre spécifiquement à un seul type d’établissement ? « Une poutine, ont-ils écrit dans leur mémoire d’appel, n’est pas meilleure pour la santé parce qu’elle […] est servie à table dans une assiette de porcelaine. »

    La Cour d’appel a aussi rejeté cet argument. Bien qu’il soit concevable que des établissements de restauration rapide puissent proposer une offre alimentaire saine, écrit-elle, « de tels établissements constituent l’exception et non la règle ».

    « En effet, il est de connaissance judiciaire que la plupart de ces établissements offrent principalement de la nourriture et des boissons dont la valeur nutritive est généralement faible et dont la consommation régulière contribue à augmenter le risque d’obésité et d’autres problèmes de santé. »

    En refusant d’entendre l’appel des restaurants, la Cour suprême a confirmé la validité du règlement attaqué, comme l’avaient fait les deux cours précédentes.

    Dans les coulisses de la victoire
    La Coalition québécoise sur la problématique du poids (Coalition Poids), qui s’intéresse à ce dossier depuis des années, s’est réjouie du jugement de la Cour suprême. Il est clair : « une municipalité peut agir pour favoriser les saines habitudes de vie ».

    La question s’était posée parce que les restaurants-minute s’installaient près des écoles, rappelle Me Marc-André LeChasseur, spécialisé notamment en droit municipal au sein du cabinet Bélanger Sauvé.

    Ces restaurants ne peuvent être complètement interdits dans une municipalité, mais peuvent l’être dans certains secteurs. Toutefois, ceux qui s’y trouvent déjà ont le droit d’y rester.

    Me LeChasseur est aussi le principal auteur d’un guide que la Coalition avait demandé pour cerner comment légiférer la malbouffe.

    « J’ai dit : “vous ne pouvez pas réglementer le menu ni les calories, mais vous pouvez réglementer les restaurants en fonction de leur nature”. »

    Pour lui, c’était une évidence. La chose est faite depuis des années aux États-Unis, dans un pays où le « droit au commerce » est pourtant solidement protégé par la Constitution.

    L’innovation au Québec est d’avoir « sous-catégorisé » les restaurants-minute, à qui un zonage, et donc une réglementation particulière, pouvait s’appliquer, a précisé l’avocat, qui est aussi professeur en droit de l’aménagement du territoire à l’École d’urbanisme de l’Université McGill.

    C’est en fonction du type de services « qu’ils ont été coincés, pas par le menu ». Normalement, c’est la province qui a compétence pour légiférer pour la santé publique. Mais utiliser le zonage dans un but de santé allait de soi pour l’avocat : « Le zonage a été inventé pour que les gens arrêtent de mourir ! » À l’époque, on interdisait de la sorte des usines toxiques près des habitations, par exemple.

    Une contestation judiciaire n’est jamais évitable à 100 %, mais le jugement a bétonné la position des municipalités du Québec qui voudront zoner de cette façon.

    « On a toutes les assises juridiques pour confirmer que les municipalités peuvent agir pour la santé, même au niveau de l’alimentation. Que c’est dans leurs champs de compétence », s’est réjouie Corinne Voyer, la directrice de la Coalition Poids.

    C’était moins clair quand l’Association pour la santé publique du Québec, qui parraine la Coalition, avait réalisé un projet-pilote en 2009 dans trois villes — Gatineau, Baie-Saint-Paul et Lavaltrie — qui visait à limiter l’offre de malbouffe autour des écoles en utilisant le zonage.

    « On avait testé les eaux, pour voir si c’était possible. »
    Frappées de mises en demeure, elles avaient reculé, a rappelé Me LeChasseur.
    « À l’époque, l’appui social n’était peut-être pas au rendez-vous, l’appui politique non plus », se remémore Mme Voyer. Mais elle croit que ce projet a contribué à faire mûrir l’idée, qui a notamment été reprise au bond au début des années 2010 par CDN-NDG.

    « Excellente nouvelle »
    La mairesse actuelle de cet arrondissement, Gracia Kasoki Katahwa, a qualifié le jugement « d’excellente nouvelle pour les citoyens et pour la société en général ».

    Il vient « dire que le gouvernement de proximité, qui gère le quotidien des citoyens, a le pouvoir et la responsabilité en quelque sorte de mettre en place des politiques publiques qui favorisent des modes de vie sains ». Car l’inverse, « ça coûte cher au final pour la santé », a déclaré la mairesse, qui est aussi infirmière. Elle recueille les remerciements de ses citoyens à ce sujet depuis quelques jours, a-t-elle confié.

    Elle rappelle que, s’il a beaucoup été question de malbouffe avec ce règlement, ce dernier parlait aussi d’espaces verts et de jardins communautaires — toujours dans un but de promotion de la santé.

    Le jugement arrive à point, dit la mairesse, puisque son arrondissement se prépare à une refonte de son règlement d’urbanisme.

    Si la contestation judiciaire du règlement créait des incertitudes, le jugement « nous conforte [dans l’idée] qu’on peut continuer dans cette direction. On va pouvoir être plus innovants et créatifs avec les pouvoirs qui nous sont conférés pour favoriser ce type de politiques publiques ».

    Lutte contre l’#obésité #alimentation #santé #économie #junk_food #capitalisme #agroalimentaire #sucre #beurk #nutrition #mcdonald's

  • Les villes Carfree présentent des taux plus faibles de diabète et d’obésité
    http://carfree.fr/index.php/2022/03/21/les-villes-carfree-presentent-des-taux-plus-faibles-de-diabete-et-dobesite

    L’examen de 170 études montre que les personnes sont moins susceptibles d’être obèses ou diabétiques si elles vivent dans des villes où la marche et le #Vélo sont sûrs et Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Fin_de_l'automobile #Marche_à_pied #Transports_publics #Vie_sans_voiture #Ville_sans_voitures #canada #obésité #recherche #santé #sédentarité #ville

  • Actualité des #bétaillères : Un bateau de croisière échoué sur la côte dominicaine Jerome Wiss
    https://www.lessentiel.lu/fr/story/un-bateau-de-croisiere-echoue-sur-la-cote-dominicaine-753053418450

    Le Norwegian Escape, qui transporte 3 000 touristes et 1 600 membres d’équipage, s’est échoué lundi après avoir quitté le port de Puerto Plata en raison de vents puissants.

    Un bateau de croisière géant s’est échoué lundi sur la côte nord de la République dominicaine après avoir quitté le port de Puerto Plata (200 km de Saint-Domingue), ont confirmé les autorités. Selon la presse locale, il s’agit du Norwegian Escape qui transporte 3 000 touristes et 1 600 membres d’équipage. « Pour le moment, il n’y a pas de risques pour les passagers ou les membres de l’équipage », a assuré à la presse le vice-amiral Ramon Gustavo Betances Hernandez, indiquant que le navire s’était échoué en raison de « forts vents de 30 nœuds ».
    . . . . . .
    Selon le site de l’armateur, le Norwegian Escape mesure plus de 300 m pour un tonnage de 165 000 tonnes. Il peut accueillir jusqu’à 4 200 passagers et 1 700 membres d’équipage.

    #tourisme #croisière #covid-19 #coronavirus #croisières #pollution #croisiere #ennui

    • Les obèses ont des droits eux aussi ! Un fan russe de McDonald’s s’enchaîne à un restaurant
      https://www.lessentiel.lu/fr/story/un-fan-russe-de-mcdonalds-s-enchaine-a-l-entree-de-l-etablissement-684380
      Pour tenter d’empêcher la fermeture de son restaurant favori, un Moscovite a employé les grands moyens, dimanche.


      . . . . .
      Dimanche, un Russe répondant au nom de Luka Safronov s’est enchaîné devant un restaurant de Moscou dans l’espoir d’empêcher sa fermeture. « Fermer est un acte d’hostilité contre moi et mes camarades citoyens ! » a martelé l’habitant, tandis que d’autres clients entraient dans l’établissement pour profiter d’un dernier Big Mac.

      L’action de Luka n’a pas eu l’effet escompté : la plupart des passants ont rigolé et la police a fini par l’embarquer. « La situation est extraordinairement difficile pour une marque mondiale comme la nôtre et il y a de nombreuses considérations à prendre en compte », avait indiqué mardi dernier le patron de McDonald’s, Chris Kempczinski. « Dans le même temps, respecter nos valeurs signifie que nous ne pouvons pas ignorer les souffrances humaines inutiles qui se déroulent en Ukraine », avait-il ajouté.
      Pendant ce temps, des petits malins profitent de la situation en revendant des repas McDo en ligne à des prix exorbitants.
      . . .

      #obésité #malbouffe #bêtise #alimentation #santé #junk_food #sucre #beurk #nutrition #mcdonald's #Russie

    • Faute d’approvisionnement, Volkswagen et BMW ferment temporairement des usines RTBF
      https://www.rtbf.be/article/guerre-en-ukraine-direct-la-production-de-milliers-de-vehicules-mercedes-bmw-et

      Après la pénurie de puces électroniques, la guerre en Ukraine risque d’avoir de lourdes conséquences sur l’industrie automobile européenne. Il devrait y avoir 700.000 voitures produites en moins en raison de fermetures d’usines en Ukraine, selon des estimations de l’analyste Colin Langan de Wells Fargo. L’Ukraine est un important producteur de faisceaux de câbles.

      En raison de problèmes d’approvisionnement, Volkswagen et BMW ont fermé temporairement des usines. L’usine VDL Nedcar à Born, où des voitures sont fabriquées pour BMW, a aussi été fermée pour les mêmes raisons. Mercedes-Benz a ralenti sa production dans une usine allemande.

  • L’alimentation : un atout de taille négligé dans la guerre contre le Covid-19

    https://theconversation.com/lalimentation-un-atout-de-taille-neglige-dans-la-guerre-contre-le-c

    Des études épidémiologiques ont mis en évidence les composantes de l’alimentation qui réduisent ou amplifient les risques d’infection et de formes graves du Covid.

    Chez 2884 agents de santé de première ligne de six pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis), des personnes ayant des régimes à base de plantes (plus riches en légumes, légumineuses et noix), et plus faibles en viandes rouges et transformées, avaient respectivement 73 % et 59 % de risques en moins de Covid-19 modérée à grave.

    De même, les personnes ayant une alimentation équilibrée et une consommation quotidienne moyenne de 500 g (et plus) de légumes et de fruits et 10 g de noix (et plus) avaient un risque de Covid-19 inférieur de 86 % à celles qui en consommaient de plus faibles quantités. Des apports alimentaires plus élevés en fruits et légumes et, systématiquement, en vitamine C, en folate, en vitamine K et en fibres ont été associés à une sensibilité plus faible à l’infection par le SARS-CoV-2. La sévérité de la maladie est aussi réduite avec la consommation de légumineuses, de céréales complètes.

    Plus généralement, l’adhésion à un régime méditerranéen (dont une caractéristique est une faible consommation de calories provenant d’aliments ultra-transformés) était négativement associée à la fois au pourcentage de personnes infectées et décédées de Covid-19. Tel a été le cas dans 17 régions d’Espagne et dans 23 pays après ajustement des facteurs de bien-être et d’inactivité physique.

    Ainsi, au-delà de son rôle établi dans la prévention des maladies non transmissibles, l’alimentation pourrait donc aussi contribuer à prévenir certaines maladies infectieuses comme le Covid. Or, par rapport aux composantes les plus citées à cette fin, les Français ont un régime déficitaire en fruits et légumes, en fibres et oméga-3 (pour 95 % des Français), et comprenant une part trop importante d’aliments ultra-transformés.

    [...]

    Le régime alimentaire courant dans les pays occidentaux accroît le risque de développer des maladies chroniques (comorbidités) et nous rend plus vulnérables aux maladies infectieuses, on l’a dit. C’est pourquoi le traitement de la pandémie, tant dans les politiques publiques que dans l’espace médiatique, est tronqué, se focalisant essentiellement sur les effets en aval avec une approche trop réductionniste plutôt que sur les causes multifactorielles en amont avec une approche plus holistique.

    D’une part, il empêche la responsabilisation des acteurs du système alimentaire et des consommateurs, qui pourraient participer à la mise en place d’une alimentation préventive plus durable. Ce qui permettrait pourtant de lutter contre l’échec des politiques visant à réduire les risques de maladies chroniques.

    D’autre part, il nous prépare mal aux risques futurs. En effet, selon l’OMS, l’apparition de maladies infectieuses, qui était de l’ordre d’une tous les 15 ans dans les années 1970, est désormais d’une à cinq par an, en intégrant les maladies issues de la résistance aux antibiotiques.

    #alimentation #maladies_infectieuses #pandémie #covid-19

  • L’obésité touche de manière inégale les milieux sociaux
    https://www.inegalites.fr/L-obesite-touche-de-maniere-inegale-les-milieux-sociaux

    L’obésité [1] est près de deux fois plus répandue au sein des catégories les plus modestes (18 % chez les ouvriers et les employés) que chez les catégories plus aisées (10 % chez les cadres supérieurs), selon l’édition 2020 de l’étude Obépi-Roche [2]. En vingt ans, la part de personnes obèses parmi l’ensemble des adultes a progressé de près de sept points, passant de 10 % en 2000 à 17 % en 2020. Aujourd’hui, près de 8,6 millions de personnes sont concernées. L’augmentation de la fréquence de l’obésité a touché autant les femmes que les hommes, ainsi que toutes les tranches d’âge, selon cette étude.

    De la même façon, tous les milieux sociaux ont connu une hausse de la proportion d’adultes obèses au cours de cette période. Cependant, l’extension de l’obésité se limite à 2,5 points supplémentaires en 20 ans chez les cadres supérieurs, tandis qu’elle est de neuf points chez les employés et de huit points chez les ouvriers. Les inégalités sociales se sont donc accrues sur la période : si les ouvriers étaient à peine 1,5 fois plus concernés en 2000 que les cadres supérieurs, ce rapport atteint deux fois plus en 2020.

    #obésité #santé #inégalités #alimentation

  • « Pour les adolescents, l’#obésité est une #maladie_sociale »

    Docteure en sociologie, Charlène Letoux s’est intéressée aux adolescents en obésité dans le Nord et le Pas-de-Calais. Elle décrit, dans sa thèse soutenue en janvier 2021, les #inégalités, la #stigmatisation et les conséquences sur les premiers concernés.

    (#paywall)
    https://www.mediacites.fr/interview/lille/2021/09/30/pour-les-adolescents-lobesite-est-une-maladie-sociale/?mc_cid=69d730af7e&mc_eid=623bab7b87
    #maladie #adolescents #jeunes #alimentation

    • à part l’imprécision sur la moindre transmission du virus par la faible part des vaccinés (10% ?) susceptibles d’être contaminés, cet article me parait un bon résumé des réponses à donner aux inquiets, points par point

      Dupagne se présente en détails et indique

      Les inconditionnels de la vaccination ne m’aiment pas : je me suis prononcé contre l’obligation vaccinale. J’ai critiqué certains vaccins d’intérêt douteux comme le BCG ou celui contre la varicelle. J’ai longtemps été dubitatif sur l’intérêt des vaccins contre les virus du cancer du col de l’utérus. Je milite pour que l’on réserve la vaccination contre la grippe aux personnes très âgées ou très fragiles. Bref, je suis tout sauf un idolâtre des vaccins. Pour autant, je n’ai jamais remis en cause le principe de la vaccination, progrès thérapeutique absolument majeur : je ne suis pas un médecin « antivaccin ».

      sur un des points, justifié !, qui fonde bien des réticences : le refus de s’inclure plus encore dans le cheptel de clients de #bigpharma

      La vaccination ne sert qu’à enrichir les labos !

      C’est vrai et faux à la fois. C’est vrai que les laboratoires pharmaceutiques ne sont pas des sociétés philanthropiques et qu’elles cherchent avant tout (quoi qu’elles en disent) a rémunérer leurs actionnaires. Les laboratoires ayant produit des vaccins efficaces vont gagner beaucoup d’argent avec la vente de ces vaccins. Mais ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est que pour les gros laboratoires, le chiffre d’affaire de ces vaccins représente peu de choses par rapport à celui des autres médicaments : ceux qui traitent les maladies chroniques.

      Le « bon médicament », pour un laboratoire, c’est celui que des millions de malades prennent tous les jours, pendant des années, pour une maladie qui ne guérit pas et qui ne tue pas trop vite ! Ce sont les médicaments du diabète, de l’hypertension, de l’excès de cholestérol, de l’arthrose etc.

      je dirais #toctoc, puisqu’il faut bien passer outre la crainte d’être assimilé au régime

    • Au pays des Lumières éteintes, en se vaccinant on peut gagner un whopper

      Les 18/25 ans qui recevront une 1ère injection entre le 1er et le 15 août dans l’#Hérault pourront bénéficier de promos dans des commerces partenaires. Ils pourront par exemple avoir un hamburger Whopper offert [pr tout achat d’un menu] chez Burger King. (préfecture)

      https://twitter.com/Brevesdepresse/status/1420791788416258049

      #honte #obésité_sur_commande

    • Bon, c’est tout de même très réducteur de ne prendre que le Burger King. Je ne trouve pas d’article précis sur les offres, mais l’affiche du truc indique d’autres « offres » (assez classiques je suppose dans les « partenariats » qui ciblent cette tranche d’âge) :

      Là où c’est marrant, c’est qu’il faut faire sa première injection entre le 1er et le 15 août : si tu t’es fait vacciner avant (ce qui est tout de même encore mieux), tu n’as droit à rien.

    • Le Whopper ça vaut 3,89 euros, les premiers prix de menus mac sont à 10 balles, la réduc pour aller dans ces machins est pas top.

      _Edit oups, gourance, les menus Burger king seraient moins chers https://modesdevie.com/prix-menu-burger-king/_

      Et puis nous les pauvres, on préfère le fric dont on fait ce qu’on veut, et pas les machins en nature, surtout quand il faut d’abord dépenser pour les avoir ! (vas-y, sort les tes 10 balles ! un kebab en vaut 5 ou 6)

      Je trouve pas à quoi correspondait les 3Frs de 1871 de La Commune (voir plus haut), mais je suis certain que c’est plus, et plus égal.

      Biden est moins borné (une épidémie de non-vaccinés c’est coûteux), il demande aux instituions locales de payer qui se vaccine.

      Quant à payer que ceux qui le font maintenant, c’est évident, sinon, ce serait trop cher, et ce qui compte c’est la croissance du taux de vaccination, pas le stock (ceux là on financera, ou pas la troisième dose).

      Pourquoi 15 août ? faut préparer la rentrée au plus vite, que ceux qui seront pas évincés soient nombreux.

      La seule chose valable quoi qu’on en ait c’est l’intégration à une culture jeune (qu’on continue à amocher ah ah ah).

      Drôle d’ « aller-vers ».

      #marketing #chaines

    • Alain Fischer, le « Monsieur Vaccin » qui conseille le gouvernement, a insisté sur la nécessité de « rassurer et convaincre » les « hésitants » à la vaccination. Le dispositif « aller vers » qui prévoit de multiples initiatives : vaccibus, campagnes au pied des tours, vaccination dans les centres commerciaux, en pharmacie, appels téléphoniques ciblés est renforcé…

      Dessin de Sié pour #Urtikan.net

    • Oui, on peut monter en épingle les aspects les plus anecdotiques de l’effort public, mais il y aussi des choses comme ceci :

      Le « Vaccibus » : à Montpellier, 2 opérations de vaccination de proximité à La Mosson et à la cité Gely
      https://assurance-maladie.ameli.fr/presse/2021-07-12-cp-vaccibus-operation-vaccination-covid-herault

      Depuis mars 2021, l’Assurance Maladie de l’Hérault mène une vaste opération « aller vers » en direction des publics fragiles pour faciliter la vaccination de proximité et à domicile en proposant un accompagnement attentionné. Dans l’Hérault, plus de 11 909 personnes ont été contactées et plus de 1 802 rendez-vous pour la vaccination ont pu être fixés.

      Les habitants des quartiers de La Mosson et de la cité Gély seront contactés par SMS afin de les inviter à se rendre au centre de vaccination éphémère pour se faire vacciner (10 000 sms seront envoyés).

      J’ai aussi vu un camion de vaccination des pompiers avec des opérations à différents endroits de la ville. Je suppose que c’est un autre « Vaccibus » que celui mentionné ici relevant de l’Assurance maladie.

    • oui, il aura fallu un an pour aller vers, sinon on a eu des petits trucs à la covisan en idf, toujours expérimentaux, marginaux, le non emploi de la médecine de ville et des autres soignants hors hôpital (ou des labos vétos pour les pcr), la liste est trop longue.

      ce que je vois du « aller vers » est faible, fragmenté (assos, villes, réseaux locaux de santé), mais heureusement que la CPAM s’en occupe parfois ; ce que je vois des campagnes publiques d’information est lamentable. pour moi, cela n’a rien d’anecdotique que de préconiser des comportements risqués (boites de nuit, bars, démasquage à l’intérieur), de nier l’existence d’effets effets secondaires bénins et transitoires du vaccin, ou de ne pas dire clairement que ces vaccins ne sont pas le sésame de la sortie individuelle du covid, de ne pas dire qu’il faut une forte et rapide vaccination la plus large possible pour ne pas encourager une émergence de variants qu’on a déjà favorisé en dépistant traçant et isolant de manière inappropriée ce qui a conduit à faire massivement circuler le virus sur la durée, de laisser de côté plein de vulnérables. ça n’a rien d’anecdotique d’avoir confié à mc kinsey c’est à dire à des pros de la destruction de la santé publique une part de la campagne de vaccination, et à doctolib un taff qui pouvait être assuré par la CPAM (à la manière espagnole par exemple, et avec de l’irl dedans). non, il ne font pas ce qu’il peuvent.

    • je peux pas lire l’article sous payawall et persiste à penser que l’incitation majeure c’est la conviction et que celle-ci passe par l’intérêt (?) bien compris (?). l’exemple de La commune, c’est les 3FRS, mais aussi le moteur d’une adhésion à une institution révolutionnaire qui défend un intérêt commun, et est prête à investir pour ce faire. le pari que de telles institutions soient possibles (ça ça fait radicalement défaut à toute campagne du gvt actuel)

  • Nestlé reconnait que ses produits sont mauvais pour la santé : comment l’agroalimentaire est devenu un monstre ? Dr. Staf Henderickx 

    Les produits Nestlé, mauvais pour la santé ? Oui, et c’est le géant de l’agroalimentaire qui le reconnait dans un rapport interne. Pour Staf Henderickx, auteur de « Je n’avale plus ça« , ce n’est pas une surprise. Le médecin explique comment cette industrie est devenue un monstre et pourquoi on ne peut pas compter sur les pyromanes pour éteindre l’incendie. Comme pour le climat, le combat pour une alimentation saine doit passer par un changement du système.

    Imaginez qu’à l’entrée de chaque magasin, un panneau d’avertissement vous accueille avec le texte suivant : « Attention, 60 % des produits de Nestlé sont mauvais pour votre santé. » Il ne s’agit toutefois pas d’une accusation mensongère, mais bien de la stricte vérité. Et c’est en outre le numéro un mondial de l’industrie alimentaire, Nestlé, qui l’admet lui-même dans un rapport interne révélé par The Financial Times (31 mai 2021). 70 % de ses denrées alimentaires, 96 % de ses boissons, à l’exception du café, et 99 % de ses glaces et de ses confiseries n’atteignent pas le seuil de 3,5 du nutri-score. Moins de 3,5, c’est considéré comme néfaste pour la santé, ce qui correspond à un C sur le nutri-score de l’emballage.

    Suis-je surpris par ce chiffre ? Absolument pas, car depuis longtemps, des médecins comme moi mettent en garde vainement contre les conséquences néfastes des aliments transformés sur la santé. En outre, le problème est bien plus important encore, car le nutri-score n’est qu’un reflet de la composition du produit et non de sa réelle valeur nutritive.

    La chaîne alimentaire, depuis l’agriculture jusqu’à la distribution en passant par la transformation, est pour une part anormalement grande aux mains des multinationales de l’agroalimentaire, comme Nestlé. À partir de l’industrialisation de l’agriculture et de la transformation alimentaire, on voit deux grandes tendances : une monopolisation croissante (Foodopoly) et une augmentation de la part des aliments transformés. L’agroalimentaire est de ce fait devenu un monstre qui prospère sur l’accaparement de terres, l’épuisement des réserves d’eau, la dépendance vis-à-vis du pétrole, des pesticides, des engrais et d’une gamme étendue d’additifs chimiques. C’est le profit, qui est au poste de commande de l’agroalimentaire, et non une nourriture saine. En 2018, la firme Nestlé a reconnu publiquement qu’elle voulait accroître sa marge bénéficiaire en la faisant passer de 17,5 % à 18,5 % en 2020. Avec ses 16,5 % de marge bénéficiaire, Unilever voulait même atteindre 20 % en 2020. De son côté, Kraft-Heinz a rapporté 26 %.

    Des millions d’années durant, les hominidés et les êtres humains ont été impliqués dans le combat en quête de calories et de minéraux suffisants. L’évolution a de ce fait imprimé dans notre choix alimentaire évolutionnaire une préférence pour le sucre, la graisse, les protéines et le sel. Toute nourriture transformée est trop sucrée, trop grasse, trop salée et contient trop de viande et de poisson mauvais pour la santé. En outre, la nourriture transformée contient un cocktail chimique de pesticides, d’enzymes, de nanoparticules, de colorants et d’agents aromatisants et de bien d’autres additifs encore. L’industrie alimentaire s’obstine à prétendre que ces faibles concentrations d’additifs chimiques ne constituent pas un danger pour la santé, mais il est scientifiquement impossible d’avoir un aperçu de leurs effets à long terme pour la santé. Ce que nous savons à coup sûr, par contre, c’est qu’une augmentation de la nourriture transformée aboutit à une augmentation inquiétante de l’obésité, des maladies cardiovasculaires, du diabète, des maladies allergiques et auto-immunes et des cancers. C’est ainsi qu’en 2018, une étude de Nutrinet auprès de 100 000 participants a montré qu’ une augmentation de 10 % de la part des aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire était associée à « une augmentation significative de 10 % du risque de cancer généralisé et de cancer du sein ». 

    Mais l’impact négatif de l’agrobusiness sur notre santé n’est que l’une des composantes de la catastrophe sur le plan des effets environnementaux, du réchauffement de la terre et de la perte de biodiversité. On détruit des forêts pour les remplacer par des champs de soja dont le soja sert à engraisser du bétail en stabulation, par des plantations d’huile de palme, une huile particulièrement bon marché et malsaine qui entre dans la transformation de toutes sortes de produits alimentaires ; on vide les océans de leurs poissons et l’industrie alimentaire est responsable d’un quart des émissions totales de CO2… Bref, toutes sortes de catastrophes nous guettent et les magnats de l’agroalimentaire portent ici une responsabilité écrasante.

    Et quel est le message, si on désire inverser la tendance ? Anthony Fardet, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), dit à ce propos ; « Le véritable message pour les entreprises serait de développer un choix aussi peu transformé que possible. » C’est ce qui s’appelle prêcher dans le désert. C‘est comme si on demandait à un dealer de drogue de se reconvertir en marchand de fruits et légumes. Individuellement, il est préférable d’acheter auprès des fermiers locaux, de consommer le plus de produits biologiques possible, de cuisiner soi-même et de laisser carrément tomber les mets transformés. Mais une solution mondiale ? Comme l’auteure et activiste canadienne Naomi Klein le disait sans ambages : « Change the system, not the climate » (Changez le système, pas le climat), j’oserais dire par analogie « No food change without system change » (Pas de changement de nourriture sans changement de système). Et, par système, j’entends très clairement la production capitaliste aux mains des multinationales, un système s’appuyant sur une soif inextinguible de profit, des coûts impayés et le pillage sans vergogne de la nature. Dans mon livre Je n’avale plus ça, vous pourrez trouver à ce propos une analyse des plus détaillées.
    Source : https://www.investigaction.net/fr/nestle-reconnait-que-ses-produits-sont-mauvais-pour-la-sante-comment
     
    #nestlé #eau #multinationales #alimentation #santé #agroalimentaire #agroindustrie #lobbying #pollution #capitalisme #nutrition #cacao #agriculture #vittel #suisse #esclavage #économie #malbouffe #santé #obésité #junk_food #beurk #additif #diabète #gras #sucre #productivisme

     

  • C’est confirmé : manger bio est meilleur pour la santé
    https://reporterre.net/C-est-confirme-manger-bio-est-meilleur-pour-la-sante

    Des résultats non biaisés par le fait que les mangeurs de bio ont de meilleures habitudes alimentaires, car corrigés par les modèles statistiques. « On prend en compte les facteurs de confusion, c’est très important, car les consommateurs de #bio ont un comportement globalement plus sain que le reste de la population », précise Emmanuelle Kesse-Guyot. « Enfin, c’était très vrai il y a dix ans. Maintenant le bio se démocratise. »

    Ainsi, si les consommateurs de bio ont moins de problèmes de poids, ce n’est pas seulement parce qu’ils mangent mieux, c’est aussi parce qu’ils mangent bio. Un autre résultat de cet article scientifique le confirmait : il comparait, spécifiquement, les personnes ayant un régime alimentaire considéré comme de meilleure qualité (plus de fruits et légumes, moins de produits transformés, de sucre, etc.). Parmi ces bons élèves, la différence était encore plus nette entre les mangeurs de bio et les autres. « L’association entre la quantité de bio consommée et le risque d’#obésité est plus forte parmi les participants ayant un régime nutritionnel de qualité », notaient ainsi les chercheurs.

    Deux hypothèses étaient avancées pour expliquer cette observation. D’abord, il a été mesuré que les aliments bios contiennent, à apport égal, plus d’oméga 3 et d’antioxydants. « Cela pourrait être suffisant pour influer sur le poids », supposent les chercheurs. Ou alors, les personnes qui mangent « bien » consomment plus de fruits et légumes, donc des aliments « fréquemment contaminés par divers résidus de pesticides », relevaient les auteurs. Or, « le résultat de recherches menées chez l’homme, ont établi un lien entre l’obésité et le #diabète_2 et l’exposition aux #pesticides », indiquait l’article. Ainsi, plus on mange des fruits et légumes non bios, plus on serait exposé à des produits chimiques « #obésogènes ».

    • Deux profils se sont distingués. Les femmes peu exposées aux pesticides, car mangeant bio, bénéficiaient d’une diminution de 43 % du risque de développer un cancer du sein en post-ménopause. L’autre profil, à l’inverse, réunissait des femmes très exposées à certains pesticides de synthèses. Parmi elles, ce sont en particulier celles en surpoids ou en situation d’obésité qui ont présenté une augmentation du risque de cancer. Les pesticides auxquels elles étaient les plus exposés sont le chlorpyriphos et le malathion, des insecticides à large spectre interdits en France mais encore présents dans l’environnement, et l’imazalil et le thiabendazole, notamment utilisés sur les agrumes et les bananes.

  • McDonald’s vend plus qu’avant la pandémie
    http://www.lessentiel.lu/fr/economie/story/mcdonald-s-vend-plus-qu-avant-la-pandemie-20741336

    Les ventes du géant de la restauration rapide McDonald’s, tirées par une forte hausse des commandes aux États-Unis, ont dépassé le niveau d’avant la pandémie.

    Le groupe américain a vu ses ventes à nombre de magasins comparables, une mesure importante dans le commerce, progresser de 7,5%. Elles dépassent « le niveau du premier trimestre 2019 », a souligné le directeur général de la chaîne de restaurant, Chris Kempczinski, dans un communiqué.

    Aux États-Unis, elles ont bondi de 13,6%, dopées par la hausse du montant moyen des commandes ainsi que par la croissance continue des livraisons et des commandes passées en ligne. Le groupe a notamment proposé au cours du trimestre des nouveaux sandwichs au poulet, et remis au menu les nuggets de poulet épicés.
    . . . . . . .

    Au premier trimestre, son chiffre d’affaires a progressé de 9% à 5,12 milliards de dollars, au-dessus des prévisions des analystes (5,03 milliards). Son bénéfice net a bondi de 39% à 1,54 milliard de dollars.

     #économie #macdo #cdi_précaires #alimentation #mcdonald's #malbouffe #alimentation #santé #obésité #etats-unis #junk_food #beurk

  • La grande #malbouffe

    Que mangeons-nous réellement en avalant un cordon bleu industriel ? Ce documentaire met la main à la pâte pour déconstruire les pratiques souvent douteuses de l’industrie agroalimentaire.

    Toujours plus abondante et moins chère, la nourriture industrielle a envahi nos assiettes, avec des incidences sur la santé de plus en plus fortes : jamais l’obésité et le diabète n’ont été aussi répandus. Et jamais les étiquettes n’ont été aussi compliquées à déchiffrer. Pour percer les secrets du secteur agroalimentaire, Maud Gangler et Martin Blanchard sont eux-mêmes devenus… des industriels. Avec l’aide d’un laboratoire alimentaire spécialisé en recherche et développement, ils se lancent dans la production d’un plat populaire : le cordon bleu. Un projet offensif qui leur permet de comprendre de l’intérieur les rouages de l’ultratransformé, où la fabrication d’un produit en apparence simple tient de l’assemblage complexe. Pourquoi, alors que l’escalope panée cuisinée à la maison ne nécessite que cinq ingrédients, en faut-il ici une trentaine ? La viande du cordon bleu mérite-t-elle encore son nom ? Peut-on appeler fromage cette pâte fondante obtenue à grand renfort d’additifs ? L’emballage lui-même est-il nocif pour la santé ?

    Riche et digeste
    En partant d’un produit emblématique comme le mal nommé cordon bleu, puis en élargissant l’enquête, ce documentaire détricote les fils cachés d’un système ultraconcurrentiel. Se jouant des frontières, l’industrie agroalimentaire se révèle diaboliquement novatrice, usant de technologies toujours en avance sur les réglementations et d’astuces marketing rodées, ou s’aidant de puissants lobbies pour servir ses intérêts. Les autorités nationales et européennes s’avouent techniquement débordées et peinent à contrôler les substances toxiques qu’elles ont commencé par autoriser. Pourtant, l’espoir d’un changement qualitatif est impulsé par la société civile : sous la pression des consommateurs et d’applications de notation alimentaire comme Yuka, certains industriels cherchent à mieux faire pour bénéficier d’un « clean label » auquel s’attache le grand public. Réduction du nombre d’ingrédients, abandon d’additifs, choix de protéines végétales : une démarche vertueuse qui tourne parfois au casse-tête, quand elle n’aboutit pas à un effet inverse, avec des plats végans à la qualité sanitaire douteuse. Au menu de cette enquête riche mais remarquablement digeste, experts, nutritionnistes, docteurs en sciences des aliments ou consultants en « transformation positive » éclairent une question devenue cruciale : que mange-t-on aujourd’hui ?

    https://www.arte.tv/fr/videos/091150-000-A/la-grande-malbouffe

    #film #documentaire #film_documentaire

    #alimentation #prix #industrie_agro-alimentaire #industrie_alimentaire #marketing #aliments_ultra-transformés #budget_alimentaire #viande_séparée_mécaniquement (#VSM) #polyphosphates #additifs_alimentaires #effet_cocktail #dioxine_de_titane #nano-particules #E_171 #E171 #cefic #TDMA #EFSA #principe_de_précaution #précaution #MOAH #MOSH #huiles_minérales #substances_réactives #Yuka (application smartphone) #publicité #malnutrition #obésité #surpoids #santé #clean_label #végétarianisme #végétarisme #ingrédientistes #transglutaminose #junk_food #auxiliaires_technologiques #chimie #anti-mousse #packaging

    • 90 min - Disponible du 26/01/2021 au 09/04/2021

      Que mangeons-nous réellement en avalant un cordon bleu industriel ? Ce documentaire met la main à la pâte pour déconstruire les pratiques souvent douteuses de l’industrie agroalimentaire.

      Toujours plus abondante et moins chère, la nourriture industrielle a envahi nos assiettes, avec des incidences sur la santé de plus en plus fortes : jamais l’obésité et le diabète n’ont été aussi répandus. Et jamais les étiquettes n’ont été aussi compliquées à déchiffrer. Pour percer les secrets du secteur agroalimentaire, Maud Gangler et Martin Blanchard sont eux-mêmes devenus… des industriels. Avec l’aide d’un laboratoire alimentaire spécialisé en recherche et développement, ils se lancent dans la production d’un plat populaire : le cordon bleu. Un projet offensif qui leur permet de comprendre de l’intérieur les rouages de l’ultratransformé, où la fabrication d’un produit en apparence simple tient de l’assemblage complexe. Pourquoi, alors que l’escalope panée cuisinée à la maison ne nécessite que cinq #ingrédients, en faut-il ici une trentaine ? La viande du cordon bleu mérite-t-elle encore son nom ? Peut-on appeler fromage cette pâte fondante obtenue à grand renfort d’additifs ? L’emballage lui-même est-il nocif pour la santé ?

      Riche et digeste

      En partant d’un produit emblématique comme le mal nommé cordon bleu, puis en élargissant l’enquête, ce documentaire détricote les fils cachés d’un système ultraconcurrentiel. Se jouant des frontières, l’industrie agroalimentaire se révèle diaboliquement novatrice, usant de technologies toujours en avance sur les réglementations et d’astuces marketing rodées, ou s’aidant de puissants lobbies pour servir ses intérêts. Les autorités nationales et européennes s’avouent techniquement débordées et peinent à contrôler les substances toxiques qu’elles ont commencé par autoriser. Pourtant, l’espoir d’un changement qualitatif est impulsé par la société civile : sous la pression des consommateurs et d’applications de notation alimentaire comme Yuka, certains industriels cherchent à mieux faire pour bénéficier d’un « clean label » auquel s’attache le grand public. Réduction du nombre d’ingrédients, abandon d’additifs, choix de protéines végétales : une démarche vertueuse qui tourne parfois au casse-tête, quand elle n’aboutit pas à un effet inverse, avec des plats végans à la qualité sanitaire douteuse. Au menu de cette enquête riche mais remarquablement digeste, experts, nutritionnistes, docteurs en sciences des aliments ou consultants en « transformation positive » éclairent une question devenue cruciale : que mange-t-on aujourd’hui ?

      Réalisation :
      Martin Blanchard
      Maud Gangler

      Pays :
      France
      Année :
      2020

  • La force des témoignages - Mon blog sur l’écologie politique
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/La-force-des-temoignages

    Je suis de celles et ceux qui pensent que cette violence se déploie jusque dans notre psychisme et nos rapports intimes et que c’est important d’en parler au plus près de nos expériences. C’est pour ça que j’ai choisi (après quelques hésitations) de mettre en lumière deux témoignages très différents, celui de Gabrielle Deydier sur la haine pour les personnes obèses et celui d’Antonin Richard, sauveteur en mer.

    À propos de : Gabrielle Deydier, On ne naît pas grosse, Goutte d’or, 2020, 128 pages, 7,50 €
    https://seenthis.net/messages/727199

    Les médecins, parfois salvateurs mais en majorité toujours très mal informé·es sur l’obésité, sont souvent rien moins qu’aidant·es : incapables de comprendre les différentes causes de l’obésité (mauvaise alimentation due à la pauvreté, troubles alimentaires, problèmes physiologiques), ils et elles fournissent des solutions stéréotypées qui aggravent les maux de leurs patient·es : jadis des régimes, aujourd’hui de la chirurgie de l’estomac, efficace à court terme mais dangereuse, décevante et lourde d’effets secondaires.

    Et : Antonin Richard, Ce matin la mer est calme. Journal d’un marin-sauveteur en Méditerranée, Les Étaques, 2020, 200 pages, 9 €
    https://seenthis.net/messages/888455

    Antonin, c’est un copain. Et 2016-2019, les années qu’il raconte ici, c’est en partie la période pendant laquelle nous nous croisions régulièrement à Lille. Il était discret sur ses expériences de sauveteur en mer et nous sommes nombreux à avoir découvert par ses écrits ce qu’il faisait lors de ses séjours en Grèce ou à Malte. Sans surprise donc, son récit est à la fois intime et tourné vers les autres : camarades d’équipage, « invité·es » rescapé·es de leurs embarcations de fortune alors qu’ils et elles tentent de traverser la mer pour atteindre l’eldorado européen.

    #Aude_Vidal #recension #livre #intime #politique #obésité #grossophobie #migrants #Méditerranée #Gabrielle_Deydier #Antonin_Richard

  • Un monde obèse

    En 2030, on estime que la moitié de la planète sera obèse ou en surpoids, entraînant une explosion du diabète, des maladies cardio-vasculaires et de certains cancers. Enquête sur un fléau planétaire.

    Alors que l’obésité charrie son lot de clichés, des gènes tout-puissants aux volontés individuelles défaillantes, et que les industriels comme les autorités publiques continuent de pointer du doigt le manque d’activité physique ("Manger moins, bouger plus"), ce fléau ne serait-il pas le fruit d’un échec collectif mitonné dans nos assiettes ?
    Puis les des voix s’élèvent pour dénoncer les conséquences funestes de cette révolution, les multinationales de l’agroalimentaire, jamais rassasiées, dépensent des milliards en lobbying pour préserver leur pré carré, tout en répandant le poison de la malbouffe et des boissons sucrées à travers le globe.

    Il faut des citoyens engagés pour dresser un état des lieux édifiant de cette épidémie planétaire, qui constitue le problème de santé le plus grave au monde. Mais si les constats, étayés de chiffres, se révèlent effrayants, le documentaire en expose les causes de manière limpide, et explore des solutions pour stopper cette bombe à retardement.

    https://www.youtube.com/watch?v=LLsMeZFf5yA

    #obésité #choix #responsabilité #volonté_individuelle #volonté_personnelle #épidémie #industrie_agro-alimentaire #système_alimentaire #alimentation #exercice_physique #coca-cola #calories #culpabilité #culpabilisation #honte #métabolisme #graisse #sucre #céréales #produits_transformés #manipulation_des_ingrédients #aliments_artificialisés #hormones #déséquilibre_hormonal #insuline #glucides #satiété #flore_intestinale #microbiote #grignotage #multinationales #économie #business #prix #pauvres #désert_alimentaire #marketing #manipulation #publicité #santé_publique #diabète #suicide_collectif #prise_de_conscience

  • Are ‘Kidfluencers’ Making Our Kids Fat ? - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/10/26/well/family/Youtube-children-junk-food-child-obesity.html

    Parents beware: Many YouTube channels that are wildly popular with young children are targeting them with thinly veiled ads for sugary beverages and junk food.

    That is the conclusion of a new study published on Monday in the journal Pediatrics. The authors of the study analyzed over 400 YouTube videos featuring so-called kid influencers — children with large social media followings who star in videos that show them excitedly reviewing toys, unwrapping presents and playing games. The study found that videos in this genre, which attract millions of young followers and rack up billions of views, were awash in endorsements and product placements for brands like McDonald’s, Carl’s Jr., Hershey’s, Chuck E. Cheese and Taco Bell.

    About 90 percent of the foods featured in the YouTube videos were unhealthy items like milkshakes, French fries, soft drinks and cheeseburgers emblazoned with fast food logos. The researchers said their findings were concerning because YouTube is a popular destination for toddlers and adolescents. Roughly 80 percent of parents with children 11 years old or younger say they let their children watch YouTube, and 35 percent say their children watch it regularly.

    A spokeswoman for YouTube, citing the age requirement on its terms of service, said the company has “invested significantly in the creation of the YouTube Kids app, a destination made specifically for kids to explore their imagination and curiosity on a range of topics, such as healthy habits.” She added, “We don’t allow paid promotional content on YouTube Kids and have clear guidelines which restrict categories like food and beverage from advertising on the app.”

    Young children are particularly susceptible to marketing. Studies show that children are unable to distinguish between commercials and cartoons until they are 8 or 9 years old, and they are more likely to prefer unhealthy foods and beverages after seeing advertisements for them.

    Dr. Bragg was prompted to study the phenomenon after one of her co-authors, Amaal Alruwaily, noticed her young nieces and nephews obsessively watching YouTube videos of “kidfluencers” like Ryan Kaji, the 9-year-old star of Ryan’s World, a YouTube channel with 27 million subscribers, formerly named Ryan ToysReview. The channel, run by Ryan’s parents, features thousands of videos of him excitedly reviewing new toys and games, doing science experiments and going on fun trips to stores and arcades.

    Children’s channels like Ryan’s World — which are frequently paid to promote a wide range of products, including toys, video games and food — are among the highest grossing channels on YouTube, raking in millions of dollars from ads, sponsored content, endorsements and more. According to Forbes, Ryan earned $26 million last year, making him the top YouTube earner of 2019. Among the brands he has been paid to promote are Chuck E. Cheese, Walmart, Hasbro, Lunchables and Hardee’s and Carl’s Jr., the fast food chains. One of his most popular videos shows him pretending to be a cashier at McDonald’s. In it, he wears a hat with the McDonald’s logo, serves plastic Chicken McNuggets, cheeseburgers and French fries to one of his toys, and then eats a McDonald’s Happy Meal. The video has been viewed about 95 million times.

    Other popular children’s channels on YouTube show child influencers doing taste tests with Oreo cookies, Pop Tarts and Ben & Jerry’s ice cream or sitting in toy cars and ordering fast food at drive-throughs for Taco Bell, McDonald’s, Burger King, KFC and other chains. “This is basically a dream for advertisers,” said Dr. Bragg. “These kids are celebrities, and we know from other rigorous studies that younger kids prefer products that are endorsed by celebrities.”

    To document the extent of the phenomenon, Dr. Bragg and her colleagues identified five of the top kid influencers on YouTube, including Ryan, and analyzed 418 of their most popular videos. They found that food or beverages were featured in those videos 271 times, and 90 percent of them were “unhealthy branded items.” Some of the brands featured most frequently were McDonald’s, Hershey’s, Skittles, Oreo, Coca-Cola, Kinder and Dairy Queen. The videos featuring junk food have collectively been viewed more than a billion times.

    The researchers could not always tell which products the influencers were paid to promote, in part because sponsorships are not always clearly disclosed. The Federal Trade Commission has said that influencers should “clearly and conspicuously” disclose their financial relationships with brands whose products they endorse on social media. But critics say the policy is rarely enforced, and that influencers often ignore it.

    In March, Senators Edward J. Markey of Massachusetts and Richard Blumenthal of Connecticut introduced legislation to protect children from potentially harmful content online. Among other things, the bill would limit what they called “manipulative” advertising, such as influencer marketing aimed at children, and prohibit websites from recommending content that involves nicotine, tobacco or alcohol to children and teenagers.

    The F.T.C. has long forbidden certain advertising tactics on children’s television, such as “host selling,” in which characters or hosts sell products in commercials that air during their programs. Critics say the agency could apply the same rules to children’s programs on the internet but so far has chosen not to.

    “It’s beyond absurd that you couldn’t do this on Nickelodeon or ABC but you can do this on YouTube just because the laws were written before we had an internet,” said Josh Golin, the executive director of the Campaign for a Commercial-Free Childhood, an advocacy group.

    #Influenceurs #Kidfluencer #Publicité #Enfants #YouTube #Obésité #Santé_publique

  • Histoire du sucre, histoire du monde

    Suivre le sucre pour éclairer l’histoire du monde : tel est le stupéfiant voyage auquel nous invite #James_Walvin. Tout commence avec la #colonisation des #Caraïbes, de l’Amérique et l’essor des #plantations. C’est la naissance d’un nouvel ordre, fondé sur la #déportation de millions d’Africains réduits en #esclavage. Après avoir exterminé les populations indigènes, détruit les #paysages et les forêts tropicales, on implante les premières usines polluantes pour fabriquer sucre et #rhum. Sans compter une organisation du travail implacable qui, plus tard, inspirera #Henry_Ford.
    Mais il fallait aussi que ce sucre, quasiment inconnu jusqu’au XVIIe siècle, soit consommé. D’abord produit de #luxe réservé à la table des #élites, il devient, avec la #révolution_industrielle, l’aliment de base des #classes_ouvrières, pendant que le rhum, l’un de ses produits dérivés, fait des ravages parmi les plus démunis. Cette consommation massive de sucre, qui bouleverse les habitudes alimentaires, est désastreuse : #caries, #obésité et #diabète se répandent sur tous les continents. Une course folle s’engage ; la consommation de boissons et de céréales sucrées gagne du terrain, et continue de s’étendre aujourd’hui encore.
    De Bordeaux à Bristol, des fortunes colossales se sont bâties sur le sucre et l’esclavage, marquant les débuts du #capitalisme. Plus tard, des entreprises sans scrupule, dont #Coca-Cola reste la plus emblématique, développeront leurs pouvoirs de ravager le monde en même temps que leur surface financière. Et finiront parfois par dicter la politique des grands États.

    https://editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Histoire_du_sucre__histoire_du_monde-9782348046216.html
    #livre #histoire #sucre #géohistoire #géo-histoire #ressources_pédagogiques #fordisme #alimentation