• La ligne Nord-Sud, permanence d’un #clivage ancien et durable

    Très utilisée en classe pendant plus de deux décennies par commodité pédagogique, la limite Nord-Sud a été aussi beaucoup critiquée. Simpliste, réductrice, caricaturale ? En fait, retracer l’histoire de la notion permet de lui redonner une épaisseur et un intérêt épistémologique. Encore puissante aujourd’hui dans les mécanismes de négociation internationale, elle s’incarne toujours dans la notion de "Sud global".

    La limite Nord-Sud a été omniprésente sur les cartes des manuels scolaires de géographie jusqu’à encore récemment. Simple, elle répondait à certaines attentes didactiques du secondaire : un repère visible, traçable, mémorisable ; et résumait bien les inégalités dans le Monde.

    Son tracé reprenait la ligne qui avait été esquissée sur une carte publiée en 1980 en couverture des éditions étatsunienne et française du rapport rédigé sous la direction de l’ancien chancelier allemand Willy Brandt, Nord-Sud : un programme de survie. La carte avait été conçue selon une projection inhabituelle, justifiée dès le verso de la page de titre :
    « 

    « Elle montre exactement la proportion de la surface des terres immergées [1]. […] Cette projection marque un progrès important par rapport à la conception qui attribuait un rôle mondial prépondérant à l’Europe sur le plan géographique comme sur le plan culturel. »

    Willy Brandt (dir.), 1980, Nord-Sud : un programme de survie : Rapport de la Commission indépendante sur les problèmes de développement international, Paris, Gallimard, p. 6.
     »

    La carte présentée par Arno Peters en 1973 était une critique de la projection de Mercator, très utile en son temps pour les navigateurs européens, mais obsolète, voire inacceptable, au XXe siècle car non équivalente, trop « inégale » notamment à l’encontre des pays de la zone intertropicale. La projection de Peters, qui avait été décrite auparavant par James Gall en 1855, était plus juste dans la représentation de la surface des différentes régions du monde. Elle était donc en accord avec la perspective tiers-mondiste adoptée dans le rapport Brandt.

    Quant à la ligne elle-même, les auteurs du rapport soulignaient la simplification peut-être excessive qu’elle opérait :
    « 

    « Il y a des objections évidentes à une image simplifiée montrant le monde divisé en deux camps. Le “Nord” comprend deux pays riches et industrialisés, au sud de l’équateur, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Dans le “Sud”, la gamme va d’une nation à demi industrialisée, en pleine expansion, comme le Brésil, à des pays pauvres enserrés par les terres, comme le Tchad, ou insulaires, comme les Maldives. Quelques pays du Sud, généralement exportateurs de pétrole, disposent d’un revenu plus élevé par habitant que certains pays du Nord. Mais d’une manière générale et bien qu’il n’y ait pas de classification uniforme ou permanente, “Nord” et “Sud” sont synonymes grosso modo de “riche” et de “pauvre”, de pays “développés” et de pays “en voie de développement”. »

    Willy Brandt (dir.), 1980, Nord-Sud : un programme de survie : Rapport de la Commission indépendante sur les problèmes de développement international, Paris, Gallimard, p. 55.
     »

    Cela revient à dire qu’aucune des appellations relevées dans la citation n’était totalement synonyme d’une autre ni complètement satisfaisante. Dans un bref ouvrage de synthèse sur le Tiers-Monde, le politologue Edmond Jouve (1955, p. 11 et suiv.) rappelait le succès, un temps, de la formule « nations prolétaires », empruntée à Arnold J. Toynbee et popularisée par Pierre Moussa, et parlait, à propos de toutes ces appellations, d’une « crise terminologique ». Quant au fait que Nord et Sud ne correspondaient pas strictement au découpage du globe selon la ligne équatoriale, les auteurs du rapport publié en 1980 le savaient bien, et il faudrait être d’assez mauvaise foi aujourd’hui pour ne pas voir dans ces appellations des catégories spatiales économiques et politiques qui n’ont qu’un rapport métonymique avec la division hémisphérique du globe en deux. Sur un plan strictement géographique, le découpage Nord-Sud n’est pas plus valide que le découpage Est-Ouest qui a dominé la guerre froide, l’ouest et l’est étant des positions relatives et non absolues. Cela n’invalide pas pour autant le sens dont ils sont porteurs. En revanche, « la ligne Nord-Sud est-elle encore pertinente aujourd’hui ? » est une autre question, qui mérite effectivement d’être posée.

    Pour y répondre, il est nécessaire de rouvrir le dossier géohistorique (Capdepuy, 2007) et de s’interroger : comment la ligne Nord-Sud est-elle devenue un objet cartographique ? Dans quelle mesure a-t-elle marqué de son emprunte la cartographie scolaire des inégalités mondiales ? Marque-t-elle un seuil de développement, comme on le pense assez communément, ou bien un clivage géopolitique ?

    1. La genèse d’une ligne

    La plus ancienne occurrence explicite d’une division Nord-Sud du Monde est attribuable à Oliver Franks, alors président de la Lloyds Bank, dans un discours prononcé le 19 novembre 1959 lors d’une conférence organisée par le Committee for Economic Development, groupe de réflexion états-unien fondé en 1942 et composé de cadres supérieurs de différentes entreprises. Le thème portait sur « L’économie du monde occidental est-elle en train de se séparer ? ». D’après le New York Times (Reston, 1959), le texte du discours d’Oliver Franks aurait été remis au secrétaire d’État Christian A. Herter, et attentivement étudié par le gouvernement, avant d’être publié dans la Saturday Review en janvier 1960.
    « 

    « Nous sommes entrés dans un monde différent. C’est pourquoi il est important de se demander quels sont aujourd’hui nos objectifs communs en matière de politique économique de part et d’autre de l’Atlantique. Je dirais qu’aujourd’hui nous en avons deux, et qu’ils sont liés à un changement dans la position politique et stratégique générale de notre monde occidental. Auparavant, les problèmes de tension entre l’Est et l’Ouest étaient dominants ; maintenant, nous avons un problème Nord-Sud d’égale importance. Il est lié au premier, mais a sa propre existence, indépendante et égale. Je voulais parler des problèmes des relations entre les pays industrialisés du Nord et les pays sous-développés et en développement qui se trouvent au sud de ceux-ci, que ce soit en Amérique centrale ou du Sud, en Afrique ou au Moyen-Orient, en Asie du Sud ou dans les grands archipels du Pacifique. S’il y a douze ans, l’équilibre du monde tournait autour de la reconquête de l’Europe occidentale, maintenant il tourne autour de relations justes du Nord industriel du globe avec le Sud en développement. »

    Oliver Franks, « The New International Balance : Challenge of the Western World », Saturday Review, vol. 43 16 janvier 1960, p. 20.
     »

    Un « problème Nord-Sud » – on peut s’étonner, soixante ans après, de la rapidité à laquelle l’expression employée par Oliver Franks en novembre 1959 a été reprise dans les mois qui suivirent. Dès 1960, Tadao Kato, étudiant japonais au Center of International Affairs de l’université de Harvard, rédigea un mémoire sur la double dichotomie Est-Ouest et Nord-Sud (Tadao, 1960). L’opuscule n’a pas été diffusé, mais révèle l’intérêt immédiat porté à ces concepts spatiaux. Notons que Tadao Kato a été, dix ans plus tard, ambassadeur du Japon au Mexique. En France, en 1960 également, dans la revue Politique étrangère, René Servoise, conseiller au ministère des Affaires étrangères, publia un article sur la transformation des relations entre les pays industrialisés et les anciens pays colonisés au moment où l’Europe occidentale et le Japon réapparaissaient sur la scène économique mondiale grâce à l’aide états-unienne dont ils avaient bénéficié.
    « 

    « Les succès même des Européens et les réussites économiques de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la France à la veille des années 1960 permettent désormais aux peuples occidentaux de regarder au-delà de l’horizon immédiat de leurs frontières. Les problèmes intérieurs économiques et financiers sont en grande partie réglés, la convertibilité monétaire est partiellement revenue, l’or et les devises se sont redistribués d’une façon plus équilibrée. Dans ces conditions les peuples européens peuvent se pencher avec une plus grande liberté d’esprit et des moyens plus considérables vers les problèmes du tiers-monde. »

    René Servoise, « De l’assistance au commerce international », Politique étrangère, n° 4, 1960, p. 318.
     »

    C’était le problème des « relations Nord-Sud » selon la formulation que René Servoise empruntait explicitement à Oliver Franks, mais avec une autre référence que celle précédemment citée : Oliver Franks aurait fait un autre discours, en des termes semblables, lors de la réunion annuelle de la Lloyds Bank en février 1960 [2].

    En 1962, Walt W. Rostow, théoricien économiste du développement et conseiller au département d’État, fit une conférence sur « la stratégie américaine sur la scène mondiale » en partant de l’interrogation : « Comment se fait-il que nous semblions vivre dans un océan de problèmes ? »
    « 

    « Abstraction faite des intrusions directes de la puissance militaire communiste dans les années d’après-guerre – symbolisées, par exemple, par le blocus de Berlin en 1948-49, l’invasion de la Corée du Sud en 1950 et les attaques périodiques contre les îles au large des côtes – les crises d’après-guerre ont été de trois sortes, généralement combinées d’une manière ou d’une autre : les crises internationales résultant de luttes internes pour le pouvoir, reflétant les tensions politiques et sociales inévitables de la modernisation en cours dans les régions sous-développées ; les conflits coloniaux ou postcoloniaux impliquant les nations européennes d’un côté et les nations et territoires des continents méridionaux de l’autre ; et les efforts des communistes pour exploiter systématiquement les occasions offertes par ces deux types de problèmes inhérents. Pensez-y et vous serez, je pense, d’accord. L’Indochine, Suez, l’Irak, Cuba, l’Algérie, le Congo, Bizerte, Goa, la Nouvelle-Guinée occidentale, la République dominicaine – tous ces événements sont le fruit d’une combinaison de ces trois éléments, et ils sont tous apparus dans ce que nous appelons les régions sous-développées.

    À l’époque de Staline, la politique communiste était plutôt directe et militaire, mais au cours de la dernière décennie, les communistes se sont systématiquement efforcés de tirer le meilleur parti des turbulences inévitables du processus de modernisation, d’une part, et des conflits nord-sud, d’autre part (en utilisant cette désignation géographique abrégée pour représenter le fait approximatif que la révolution industrielle est arrivée en premier dans les parties septentrionales du monde et qu’elle se poursuit aujourd’hui dans les parties occidentales du monde). »

    Walt W. Rostow, « American Strategy on the World Scene », The Department of State Bulletin, vol. 46, n° 1188, 2 avril 1962, p. 26.

     »

    Tout en soulignant la dimension simplificatrice de cette dichotomie Nord-Sud, Walt W. Rostow la reprenait pour dépeindre à grands traits un tableau du Monde. Soulignons au passage – on y reviendra – la dimension conflictuelle, anticoloniale, donnée aux relations Nord-Sud.

    En 1962, lors d’une conférence donnée à l’université de Harvard, Willy Brandt, alors bourgmestre-gouverneur de Berlin, considérait que l’accélération de la décolonisation amènerait sans doute un retournement de la géopolitique mondiale :
    « 

    « Depuis quelques années, le problème Est-Ouest est accompagné et influencé par un problème Nord-Sud. Ce dernier sera peut-être un jour le plus important des deux. »

    Willy Brandt, 1963, The Ordeal Of Coexistence, Cambridge, Harvard University Press, p. 74.
     »

    Cependant, comme il le reconnut dans ses Mémoires (Brandt, 1992, p. 341), « pendant de nombreuses années, [il avait] été bouleversé par l’extrême pauvreté qui était un phénomène particulièrement flagrant dans des régions comme l’Afrique au sud du Sahara, le sous-continent indien et les barrios en marge des villes latino-américaines » :
    « 

    « Il n’y a pas de honte à admettre que ce problème n’était pas au premier plan de mes préoccupations pendant les années où j’ai exercé des responsabilités gouvernementales. En politique étrangère, je devais me concentrer sur des préoccupations immédiates et urgentes, faute de quoi je n’aurais rien pu faire dans le domaine de l’Ostpolitik. »

    Willy Brandt, My Life in Politics, trad. de l’allemand, New York, Viking, 1992, p. 341.
     »

    De fait, alors que la guerre froide polarisait les relations internationales entre Est et Ouest, l’accès à l’indépendance de nombreux pays modifiaient la géopolitique mondiale selon une dynamique transverse. Alors qu’on comptait officiellement 51 États membres de l’Organisation des Nations Unies en 1945, ils étaient 115 en 1964, issus pour la plupart de la décolonisation. Le 16 juillet 1964, à Genève, devant le Conseil économique et social, le Secrétaire général de l’ONU, Maha Thray Sithu U Thant, par ailleurs homme politique birman, ne pouvait que faire le constat de la montée en puissance du Sud :
    « 

    « J’ai souvent dit, et je pense que cela mérite d’être répété, que les tensions Nord-Sud sont fondamentalement aussi graves que celles Est-Ouest et que l’ONU a une contribution unique à apporter à la diminution des deux. Avant la Conférence, le parallèle entre les relations Nord-Sud d’une part et les relations Est-Ouest d’autre part aurait pu sembler un peu tiré par les cheveux, puisque le Nord et le Sud ne pouvaient pas être distingués l’un de l’autre dans nos forums économiques aussi distinctement que l’Est et l’Ouest pouvaient l’être sur certaines questions politiques majeures. Maintenant, on sait que le Sud peut être identifié à un grand groupe de plus de 75 voix, lorsqu’il choisit de s’affirmer. En démontrant une telle possibilité, la Conférence a peut-être marqué un tournant dans l’histoire des relations économiques internationales. »

    Portfolio for Peace : Excerpts from the writings and speeches of U Thant, Secretary-General of the United Nations, on major world issues 1961-1970, New York, United Nations, 1970, p. 111.
     »

    La conférence à laquelle il faisait référence était la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui s’était tenue à Genève de mars à juin 1964 et qui s’était achevée par la « Déclaration commune des Soixante-dix-sept » [3]. L’objectif était de promouvoir « un ordre international nouveau et juste ». La déclaration se terminait sur ces mots :
    « 

    « L’injustice et la négligence des siècles doivent être réparées. Les pays en développement sont unis dans leur détermination à poursuivre leur quête d’une telle réparation et se tournent vers l’ensemble de la communauté internationale pour qu’elle comprenne et soutienne cette entreprise. »

    « Joint declaration of the seventy-seven developing countries made at the conclusion of the United Nations Conference on Trade and Development », Geneva, 15 June 1964.
     »

    Les pays développés ne sont pas explicitement mentionnés, mais l’idée d’une injustice à réparer les désigne. Cette revendication était portée par ce qu’on allait appeler le Groupe des 77, indépendamment du nombre croissant de ses États-membres. Le 10 avril 1974, le président algérien Houari Boumediene s’en fit le héraut à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies :
    « 

    « Posé depuis un quart de siècle par l’ensemble des nations comme l’une des priorités du monde, le problème du développement devient aujourd’hui la priorité des priorités à laquelle nous tous devons faire face, et sans plus attendre, si nous voulons éviter l’éventualité tragique que ce problème ne se transforme un jour en une source de conflagration incontrôlable.

    Toute volonté politique réelle d’attaquer de front le problème du développement devrait, en premier lieu, reconnaître comme une question centrale, le sort des ressources mondiales. En d’autres termes, toute démarche entreprise vers une solution concrète et définitive à ce problème impliquerait, au préalable, une prise de position appropriée sur la reconnaissance des priorités humaines. Elle devrait conduire, en définitive, à un réaménagement profond des relations économiques entre pays riches et pays pauvres, dans le sens d’une répartition des avantages, de la croissance et du progrès, répartition qui, pour être équitable, devrait être conforme aux besoins, aux priorités et aux intérêts légitimes des parties concernées.

    Or, force nous est de constater, en premier lieu, que dans le monde où nous vivons, tous les leviers de commande de l’économie mondiale sont entre les mains d’une minorité constituée par des pays hautement développés. Cette minorité, par sa position dominante, détermine à elle seule la répartition des ressources mondiales en fonction d’une hiérarchie des besoins qui lui est propre. »

    Assemblée générale des Nations unies, 2208e séance plénière, 10 avril 1974, A/PV.2008 [en ligne].
     »

    La résolution 3201 votée au mois de mai 1974 validait cette demande d’un « nouvel ordre économique international ». L’article 4 en détaillait les principes : l’égalité souveraine des États, l’autodétermination des peuples, les coopération entre tous les États de la communauté internationale, la participation de tous, à égalité, au règlement des problèmes économiques mondiaux, le droit de chaque pays de choisir son modèle économique et social, la souveraineté de chaque État sur ses ressources naturelles, le droit pour tous les États de se voir restituer ses territoires occupés, la réglementation et la supervision des activités des multinationales, la lutte contre la discrimination raciale et l’apartheid, des rapports équitables entre les prix des matières premières et les produits manufacturés, une aide aux pays en développement… [4]

    En 1974, après l’abandon de la convertibilité du dollar en or et le premier choc pétrolier, le président français Valéry Giscard d’Estaing lança l’idée d’une conférence internationale consacrée aux problèmes de l’énergie. Le 16 décembre 1975, à Paris, s’ouvrait la Conférence pour la coopération économique internationale. Elle réunissait 27 pays : 19 États du Tiers monde et 8 pays industrialisés, dont la CEE (document 1). La conférence dura jusqu’en juin 1977. Tout le monde ne parlait que de « dialogue Nord-Sud ».
    Document 1. Les participants à la Conférence pour la coopération économique internationale (1975–1977)

    C’est dans ce contexte qu’en 1977, Willy Brandt, sollicité par Robert S. McNamara, alors président de la Banque mondiale, constitua une « commission indépendante sur les problèmes de développement international », la « Commission Nord-Sud ». Le 9 décembre 1977, dans son discours d’accueil de ladite commission, Willy Brandt eut un mot d’explication sur la carte offerte aux invités :
    « 

    « Il est de coutume, en de telles occasions, d’offrir aux participants un souvenir de la réunion. Il se trouve qu’un de mes compatriotes a produit une nouvelle carte, une projection de la planète Terre sur laquelle, nous tous, riches et pauvres, nous devons vivre.

    Au lieu de la carte conventionnelle avec l’Europe au centre, qui donne deux tiers de l’espace à l’hémisphère Nord, cette carte prête attention à l’espace où vivent les deux tiers de la population mondiale. Ce sont les problèmes de ce Tiers Monde (ou devrais-je dire des Deux Tiers du Monde ?) qui nous préoccupent dans cette Commission et qui domineront les événements politiques et économiques au moins jusqu’à la fin de ce siècle. »

    Willy Brandt, “Opening address by Willy Brandt”, Gymnich Castle, 9 décembre 1977, in : Brandt Commission - Correspondence 11, 1771352, WB IBRD/IDA 03 EXC-10-4539S, Records of President Robert S. McNamara, World Bank Group Archives, Washington, D.C., United States.
     »

    C’est cette carte, présentée par l’historien Arno Peters lors d’une conférence de presse à Bonn en 1973 puis devant la Société cartographique de Berlin en 1974, qui fut reprise en 1980 sur la couverture du rapport final de la Commission et sur laquelle fut tracée une ligne illustrant la division Nord-Sud. Notons cependant que le choix d’accentuer cette division par deux couleurs différentes pour représenter le Nord et le Sud n’apparaît que dans l’édition française (document 2a). Sur la couverture de plusieurs autres éditions, notamment anglaise, la ligne serpente en noir sur un planisphère où les pays sont tous coloriés en rouge (2b). L’effet visuel est bien moindre. Par ailleurs, toutes les éditions n’ont pas fait le choix d’une carte en couverture : l’édition colombienne montre le clivage Nord-Sud par le contraste de deux photos (2c) et l’édition mexicaine montre deux mains qui se tiennent selon un axe vertical (2d).
    Document 2. La couverture du rapport Brandt dans les éditions française, anglaise, colombienne et mexicaine

    En août 1978, dans une discussion avec le directeur de la Banque mondiale, Rainer Steckhan, Willy Brandt avait évoqué le projet d’Arno Peters de réaliser « un nouveau type d’atlas dans lequel chaque pays de la communauté mondiale serait présenté sur une double page avec des données et des tableaux relatifs à son histoire et à sa situation économique et sociale actuelle » (Fischer, 1978), les proportions individuelles de chaque pays étant déduites de la carte du monde déjà présentée. Ainsi, « l’ancienne présentation du monde, centrée sur l’Europe, est abandonnée au profit d’une image géographiquement plus équilibrée des pays en développement qui, sur cette carte, occupe désormais environ les deux tiers de la carte et inverse ainsi l’ancienne présentation où le “Nord” occupait cet espace » (ibid.). Un soutien de la Banque mondiale en vue de la publication de cet atlas est évoqué, ainsi que celui de l’UNESCO. Malgré cela, l’atlas n’a pas été publié et le rapport édité par la Commission en 1980 ne comportait aucune carte sinon celle publiée en couverture.

    Elle résumait à elle seule la vision du Monde portée par la Commission. De fait, une dizaine d’années plus tard, on commençait à parler en anglais de la « ligne Brandt » (document 3).
    Document 3. La « ligne Brandt » entre le « Nord riche » et le « Sud pauvre », sur un atlas britannique de 1990

    2. Une zone en filigrane

    La ligne Nord-Sud a été inventée, cartographiquement, par le rapport Brandt de 1980. Pour autant, on peut se demander dans quelle mesure ce rapport a vraiment influencé la géographie scolaire française [5]
    Document 4. Le Tiers-Monde dans un manuel de terminale de 1983

    La chose peut paraître étonnante au regard des rythmes actuels, mais le programme de géographie de classe de terminale n’a pas été modifié entre 1963 et 1982. On manque donc de référents pour les années 1970. Le programme de 1982 a été conçu en trois volets : les quatre grandes puissances / la mondialisation des échanges / les inégalités de développement. La troisième partie a donné lieu dans les manuels de 1983 à une cartographie du sous-développement et notamment du Tiers monde. Ainsi, dans le manuel édité chez Armand Colin sous la direction de Marcel Baleste, on peut trouver une carte problématisée avec pour titre une question : « Où arrêter le Tiers-Monde ? » (document 4). Il s’agit d’une carte choroplèthe avec une typologie distinguant « pays moins avancés », « autres pays à faible revenu », « pays à revenu intermédiaire » et « pays exportateurs de pétrole à excédent de capitaux ». Elle pose le problème récurrent du manque d’unité de cet ensemble qu’on a pris l’habitude depuis les années 1960 d’appeler le Tiers-Monde – avec ou sans majuscules, avec ou sans trait d’union. Sur la carte, on trouve également deux lignes clairement tracées qui indiquent, d’après la légende, la « limite du Tiers monde », en l’occurrence les limites. Le cartographe ne reprenait pas la ligne Nord-Sud du rapport Brandt (document 5).

    Document 5. Deux modèles de limite Nord-Sud : zonal et hémisphérique

    Le fait que la ligne méridionale qui inclut l’Australie et la Nouvelle-Zélande soit prolongée sur tout l’hémisphère Sud, sous l’Afrique et sous l’Amérique du Sud, alors qu’il n’y a évidemment aucun pays développé plus au sud, ni même la potentialité qu’il s’en trouve, apparaît en effet comme la trace persistante de l’idée que le sous-développement serait liée à la tropicalité. Le cours en vis-à-vis amène à prendre un peu de distance avec « un vocabulaire ambigu » et « des limites incertaines ». Par rapport aux termes de « pays sous-développés » ou de « pays en voie de développement » qui renvoient à l’idée discutable de développement, les auteurs semblent préférer des expressions plus vagues et par là-même moins contestables, notamment « Nord » et « Sud » (p. 264 du même manuel).

    Document 6. Les pays en voie de développement d’après un manuel de terminale de 1983

    Dans un autre manuel de 1983, édité par Hachette, une double page présente une grande carte des pays en voie de développement (document 5). Deux grandes lignes rouges traversent le planisphère de gauche à droite, l’une dans l’hémisphère nord, l’autre dans l’hémisphère sud. L’Australie, la Nouvelle-Zélande, mais aussi l’Afrique du Sud et l’Argentine ne font pas partie des pays en question. On voit bien se dessiner une large zone, au sens étymologique de « ceinture ». Sa source d’inspiration est référencée : la Géographie du sous-développement, d’Yves Lacoste, éditée en 1981. Il s’agissait de la troisième édition d’un ouvrage publié pour la première fois en 1965.

    Document 7. Carte schématique des limites du Tiers Monde et des principales zones thermiques du globe

    Document 8. Esquisse provisoire des limites du Tiers-Monde

    On retrouve le même dispositif sur une carte publiée dans un autre livre d’Yves Lacoste : Unité et diversité du tiers monde, paru en 1980. L’ouvrage était présentée comme une étude détaillée et méthodique de cette question difficile :
    « 

    « Il n’est pas inutile – mais il n’est pas suffisant – de distinguer à la surface du globe quelques grands ensembles de pays (il vaudrait mieux dire grands ensembles d’États et de formations sociales), parce que l’on peut leur reconnaître, à un degré poussé d’abstraction, un certain nombre de caractéristiques communes, celles-ci n’excluant absolument pas les antagonismes au sein d’un même ensemble.

    […]

    Pourtant s’il est utile de dégager ce qui permet de considérer le tiers monde comme un ensemble, malgré les affrontements qui s’y produisent, il ne faut plus négliger l’analyse de sa diversité. Trop longtemps, c’est seulement l’unité du tiers monde qui a été évoquée, célébrée, alors qu’il était pourtant évident que les États que l’on regroupait dans cet ensemble sont d’une extrême diversité, aussi bien en raison des héritages historiques, des contrastes de culture, des conditions naturelles, des structures économiques et sociales, des régimes politiques, etc. Mais les facteurs de cette diversité sont si nombreux, tellement hétéroclites qu’on renonçait à rendre compte méthodiquement de ce fouillis inextricable. L’évocation de l’unité du tiers monde permettait de laisser de côté cet embrouillamini, d’avoir une représentation du monde beaucoup plus simple, fondée sur un dualisme économique manichéen (pays développés/pays sous-développés) et de tenir des raisonnements relativement simples sur les mécanismes historiques de 1’“échange inégal” entre un “centre” dominant et une “périphérie” dominée. »

    Yves Lacoste, Unité et diversité du tiers monde, Paris, François Maspero, 1980, vol. 1, Des représentations planétaires aux stratégies sur le terrain, p. 10.

     »

    Yves Lacoste rejetait à nouveau toute zonalité climatique, considérant que « la rapidité de la croissance démographique constitue désormais, compte tenu des changements récents, la principale caractéristique commune des États que les médias envisagent communément comme faisant partie du tiers monde » (Lacoste, 1980, p. 96).
    Document 9. La diversité des situations des pays en développement dans un manuel de 1989

    Dans un manuel publié chez Hatier en 1989, sur la carte présentant la « diversité des situations des pays en développement », la ligne est discontinue au niveau des océans (document 9). Là aussi, les deux traits situés sous l’Amérique du Sud et l’Afrique peuvent apparaître a posteriori absurdes. Des années plus tard, dans un billet du blog, Philipe Rekacewicz est revenu sur la construction de cette carte. Lors d’un entretien, il explique que ces traits ont été ajoutés après discussion avec l’éditeur parce qu’il y avait un « besoin de sémiologiquement cadrer » ces pays en développement, pour « montrer qu’on avait un ensemble », « une zone » [6]. Philippe Rekacewicz reconnaît que ces traits n’avaient pas lieu d’être sur le plan géographique, mais, très influencé par la réflexion de Jacques Bertin, il avait fait le choix de les ajouter, dans un deuxième temps, parce que l’absence de traits avait été jugée déroutante.

    Document 10. « Nord » et « Sud » dans un manuel de terminale de 1989

    Document 11. La limite entre le « Nord » et le « Sud » en 1950 et en 1995 dans un manuel de 1995

    La même année, en 1989, le manuel publié chez Belin, sous la direction de Rémy Knafou, offre une carte qui, pour la première fois peut-être, révèle l’influence du rapport Brandt, avec une ligne unique qui traverse l’ensemble du planisphère et qui englobe l’Australie en un même mouvement (document 10). Les guillemets employés autour des termes « Nord » et « Sud » appelaient les élèves à comprendre que ces mots n’étaient évidemment pas à comprendre au sens strict, d’autant que l’équateur était clairement tracé. Quelques années plus tard, dans le manuel de terminale édité par Belin en 1995, deux cartes apparaissent a posteriori comme très novatrices (document 11). Tout d’abord, par le titre : elles représentent « la limite entre le “Nord” et le “Sud” ». Cela ne pourrait être qu’un détail, mais il est significatif. Ce n’est pas la limite du Tiers-Monde ou des pays en développement, mais bien une ligne distinguant deux ensembles. Ensuite, par le tracé : au lieu d’une ligne unique, on en trouve plusieurs, autour de différents espaces, dessinant ainsi une sorte d’archipel du Nord. Enfin, par l’approche historique : la première carte représente la limite Nord-Sud en 1950, la seconde en 1995. Entre 1950 et 1995, certains ne font plus partie du Nord (Argentine, URSS), tandis que d’autres l’ont intégré (Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Espagne, Portugal). Le Nord et le Sud n’apparaissent pas ici comme des entités figées. On ne trouve rien d’équivalent dans les manuels qui ont été publiés depuis.

    En 1998, les auteurs du manuel d’histoire-géographie de Terminale STT publié par Magnard font le choix, en couverture, pour illustrer la géographie, de reprendre un planisphère où seule la ligne Nord-Sud est tracée (document 12). Celle-ci serait-elle en passe de devenir iconique ? La même année, dans le manuel de géographie de chez Hachette, sur un planisphère introductif représentant « le monde géopolitique aujourd’hui », la ligne est bien mise en valeur dans sa continuité grâce la projection polaire, mais la légende peut étonner : « ancienne limite Nord-Sud (pays industrialisés / tiers-monde » [7]. Au moment où en fait cette limite se diffuse et s’impose, elle apparaîtrait déjà obsolète – ce qui en fait se comprend si on la perçoit comme l’héritière d’une tradition cartographique qui est, en réalité, bien antérieure à 1980.

    Document 13. La Limite Nord-Sud sur une carte parue dans la Documentation photographique sur la mondialisation (2004)

    Pourtant, rien, alors, ne vint la remettre en question. Au contraire, la « limite Nord-Sud » est validée par une publication qui a une influence notable dans le milieu scolaire : la Documentation photographique et son numéro sur « La mondialisation en débat », dirigé par Laurent Carroué et publié en 2004 (document 13). On pourrait juste faire remarque le choix, rare, de ne pas représenter ladite limite par une ligne unique, mais par deux lignes. L’article que j’ai moi-même publié en 2007 dans M@ppemonde posait la question de l’origine de « la limite Nord/Sud » mais n’interrogeait absolument pas l’expression, employée dans le titre, alors que tout au long du texte, il n’était question que de « ligne ». Pourtant, cela appelait sans doute un commentaire.

    En effet, le terme de « limite » reste jusqu’à aujourd’hui le témoin de cette zonalité passée et un peu oubliée. Mais ce n’est pas forcément le cas partout. Ainsi est-il intéressant de comparer sur l’encyclopédie en ligne Wikipédia les différences de titres donnés à l’article consacré au sujet : « Limite Nord/Sud » en français, mais « División Norte-Sur » en espagnol, « Divisão norte-sul » en portugais, « Divisione Nord-Sud » en italien, « Nánběi fēnqí » en chinois… Tous renvoient à l’expression anglaise : « North-South divide », titre remplacé fin 2020 par « North-South divide in the World » puis en 2021, par celui de « Global North and Global South ». À l’exception de l’arabe « Had chamāl-janūb », qui, comme en français, met l’accent sur la frontière, ou la limite, dans les autres langues, c’est la division du monde en deux ensembles opposés qui est privilégiée.

    En 2015, Christian Gratalaloup, lors d’un café géographique, s’interrogeait : « Nord/Sud, une représentation dépassée de la mondialisation ? » Selon lui, cette vision du monde, outre son européocentrisme, a été rendue obsolète par la montée en puissance des BRICS, ce groupe de pays qui se réunissent lors de sommets annuels depuis 2009 [8]. En 2018, dans Vision(s) du Monde, il considère qu’on pouvait observer une « érosion de la zonalité mondiale » (p. 77). La formule en elle-même révèle une certaine interprétation de la dichotomie Nord-Sud. De fait, la tropicalité a été longtemps sous-jacente à la question du sous-développement. En 1990, dans Mondes nouveaux, le premier volume de la Nouvelle géographie universelle, réalisé sous la direction de Roger Brunet et d’Oliver Dollfus, les auteurs posaient encore la question : « Nord et Sud : un retour au “déterminisme géographique” ? » (p. 472). La réponse était négative, mais la lecture zonale demeurait prégnante.


    3. Un seuil de développement

    La question des critères pour délimiter le Tiers-Monde puis le Sud a été posée depuis longtemps. Yves Lacoste, en 1965, en proposait une liste assez longue :

    1. Insuffisance alimentaire.
    2. Graves déficiences des populations, forte proportion d’analphabètes, maladies de masse, forte mortalité infantile.
    3. Ressources négligées ou gaspillées.
    4. Forte proportion d’agriculteurs à basse productivité.
    5. Faible proportion de citadins ; faiblesse des classes moyennes.
    6. Industrialisation restreinte et incomplète.
    7. Hypertrophie et parasitisme du secteur tertiaire.
    8. Faiblesse du produit national par habitant.
    9. Ampleur du chômage et du sous-emploi ; travail des enfants.
    10. Situation de subordination économique.
    11. Très violentes inégalités sociales.
    12. Structures traditionnelles disloquées.
    13. Ampleur de la croissance démographique.
    14. Prise de conscience de la misère.

    Quinze ans plus tard, il considérait que prendre chaque critère l’un après l’autre aurait été fastidieux, pas toujours exact en termes de comparaison ou faussement précis :
    « 

    « Une démarche géographique aurait consisté, alors, à envisager l’extension spatiale de ces différentes caractéristiques, à examiner leurs coïncidences, leurs inclusions ou leurs intersections. Cette tâche de cartographie n’aurait d’ailleurs pas été facile à mener à bien, car bon nombre de ces “critères” sont relatifs ; ils procèdent d’une comparaison implicite ou explicite avec les caractéristiques des pays “développés”, et pour chacun d’eux l’établissement d’une carte aurait nécessité le choix d’un seuil quantitatif ; on se contente de tracer des ensembles spatiaux aux limites relativement floues. »

    Yves Lacoste, Unité et diversité du tiers monde, Paris, François Maspero, 1980, vol. 1, Des représentations planétaires aux stratégies sur le terrain, p. 40.
     »

    En 1981, cela ne lui paraissait plus possible de déterminer ainsi l’unité du Tiers monde. Nonobstant, la méthode est toujours plus ou moins celle-ci. Ainsi, Marcin Wojciech Solarz, professeur à l’université de Varsovie, a repris la question au début du XXIe siècle afin de proposer une cartographie plus juste, fondée sur le croisement de deux critères (Wojciech Solarz, 2009). D’un côté, il inscrit son travail dans la continuité de la réflexion initiée par l’économiste pakistanais Mahbub ul Haq, qui est l’inventeur de l’IDH, l’indice de développement humain utilisé dans le Rapport mondial sur le développement humain publié en 1990. Celui-ci, rappelons-le, agrège plusieurs données sur la santé (espérance de vie à la naissance), le niveau d’instruction (part de la population adulte alphabétisée + effectif scolarisé dans les trois cycles) et le niveau de vie (revenu brut par habitant en parité de pouvoir d’achat). D’un autre côté, Marcin Wojciech Solarz considère qu’il est nécessaire de compléter ces informations par un indicateur du développement politique, permettant de tenir compte du respect des droits politiques et des libertés civiles. Pour cela, il reprend le classement « Freedom in the World » publié tous les ans par l’ONG états-unienne Freedom House. Le croisement de ces deux classements lui permet de proposer deux cartes du Nord global et du Sud global, avec une définition plus ou moins large du Nord. Dans les deux cas, il ne représente pas de ligne qui diviserait le Monde en deux blocs et il conclut ainsi :
    « 

    « Une démarcation contemporaine de la ligne de partage Nord-Sud crée une image sur laquelle les îles et les archipels des pays caractérisés par un niveau de développement élevé sont dispersés dans un océan de pays caractérisés par l’absence de développement. »

    Marcin Wojciech Solarz, « North–South, Commemorating the First Brandt Report : searching for the contemporary spatial picture of the global rift », Third World Quarterly, vol. 33, n° 3, 2012, p. 569.
     »

    À partir des derniers rapports publiés, on peut en proposer une cartographie mise à jour et un peu différente qui dépasse la vision binaire habituelle (document 14). Mais sur la question de l’actualité de la limite Nord-Sud, les travaux récents arrivent à des conclusions parfois différentes.

    Document 14. Le Sud global en 2023 d’après les travaux de Marcin Wojciech Solarz

    En 2021, Nicholas Lee, dans une étude en termes de niveaux de développement économique, d’inégalités relatives, de pouvoir économique et de satisfaction politique, arrive à la conclusion que malgré une diversité économique accrue entre les pays du Sud, la hiérarchie mondiale reste la même qu’il y a quatre décennies (Lee, 2021, p. 85–106).

    Document 15. Dépasser la limite Nord Sud… et la voir ressurgir

    Plus récemment, en 2022, la question a été reprise sur le site Géoconfluences par Jean-Benoît Bouron, Laurent Carroué et Hélène Mathian. Ils proposent une nouvelle typologie des pays du monde sur la base d’une analyse multifactorielle combinant sept indicateurs : le taux de fécondité des femmes, la mortalité infantile, le PIB/hab., l’évolution du PIB/hab. entre 2000 et 2020, la consommation des ménages, la formation brute de capital fixe et les inégalités internes aux États (document 15). La ligne Nord-Sud telle qu’on l’enseignait apparaît dépassée, notamment en un point : la Russie est classée comme un pays émergent consolidé, à l’égal du Brésil et de la Chine, et non comme un pays favorisé.

    Le paradoxe de cet article, cependant, est peut-être que les pays qui constituent ce groupe de pays privilégiés sont peu ou prou les mêmes qu’il y a quarante ans. Ils correspondant finalement à ceux que Kenichi Ohmae, en 1985, avait inclus dans ce qu’il avait appelé « la Triade ». Terme souvent mal compris, il ne désignait pas alors une structure tripolaire, mais au contraire l’homogénéité d’un certain nombre de pays aux caractéristiques communes, et intéressantes pour des entreprises de plus en plus mondialisées.
    « 

    « On assiste à l’émergence d’un groupe homogènes de consommateurs formé des ressortissants du Japon, d’Amérique du Nord et de la Communauté européenne que nous pouvons appeler les Triadiens. Il s’agit de gens ayant des éducations très similaires de même que des niveaux de revenus, des styles de vie, des loisirs et des aspirations semblables. Dans ces pays démocratiques, l’infrastructure nationale – réseau routier, télécommunications, eau, électricité et services publics – est également très comparable. Les principales caractéristiques de la demande dans ces pays permettent à une entreprise d’aborder ce groupe de quelque 600 millions de personnes comme appartenant pratiquement à la même espèce. »

    Kenichi Ohmae, 1985, La Triade. Émergence d’une stratégie mondiale de l’entreprise, trad. de l’américain par C. Pommier, Paris, Flammarion, p. 21.
     »

    Leur conclusion n’est donc pas si éloignée de celle de Nicholas Lee dans le sens où on distingue toujours des inégalités mondiales et un « groupe de tête » composé des mêmes pays. Mais il est vrai que cela ne correspond pas à ce que montre la carte de la limite Nord-Sud telle qu’on la trace habituellement.


    4. Un clivage géopolitique

    Pour beaucoup, la ligne Nord-Sud représenterait autant un écart de développement qu’un seuil mal défini, une sorte de ligne de flottaison au-dessus de laquelle émergeraient les pays les plus développés. Marcin Wojciech Solarz souligne combien cette croyance ne tient pas, car le tracé de la ligne Nord-Sud, reprise depuis 1980 sans changement majeur d’une publication à l’autre, ne prend pas en compte le développement des pays (Solarz, 2020, p. 6–7). En un sens, c’est ce qu’ont voulu montrer Jean-Benoît Bouron, Laurent Carroué et Hélène Mathian : si on veut faire une typologie plus exacte, moins simpliste, des pays en fonction de critères socio-économiques, il faut abandonner la « limite Nord-Sud ». Et pourtant ! L’omniprésence, aujourd’hui dans les discours, du « Sud global » (davantage que du « Nord global »), montre bien que cette dichotomie fait sens à une expérience du Monde (Capdepuy, 2023). L’opposition Nord-Sud, qu’on a constamment voulu ramener à un écart de développement mesurable au niveau de richesse, a une dimension géopolitique qui a été gommée.

    On semble ainsi complètement oublier que cette vision du Monde a été inventée en 1959, en pleine guerre froide, et qu’elle prend sens par rapport à une autre division, Est-Ouest. Il faut réécouter ce que dit Willy Brandt le 9 décembre 1977, au château de Gymnich, lors de l’ouverture de la Commission Indépendante sur le Développement International :
    « 

    « L’exemple de ce que l’on a appelé l’Ostpolitik a montré qu’il est possible de changer le caractère d’un conflit et de trouver en son sein les éléments d’intérêt mutuel qui peuvent produire des solutions communes acceptables. Des différences fondamentales subsistent, mais de nouveaux domaines de coopération, s’ils sont correctement exploités, influencent même la scène idéologique.

    En tout état de cause, je suis prêt à m’engager dans une “Südpolitik” afin de réconcilier au moins certaines parties de la confrontation économique Nord-Sud. »

    Willy Brandt, “Opening address by Willy Brandt”, Gymnich Castle, 9 décembre 1977.
     »

    L’expression de Südpolitik n’a pas eu le succès de celle d’Ostpolitik, mais elle est révélatrice de l’esprit avec lequel cette commission était mise en place : une politique du Nord en direction du Sud dans l’espoir d’apaiser des relations perçues alors comme conflictuelles. L’équivalent de la « limite Nord-Sud » en allemand est « Nord-Süd-Konflikt ».

    Document 16. Le dialogue Nord-Sud en 1975–1977

    Ainsi est-il plus intéressant de cartographier la division Nord-Sud à partir de l’appartenance à deux ensembles géopolitiques dont l’origine remonte précisément au début des années 1960 lorsque l’expression a été imaginée : d’un côté, l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, créée en 1961 ; de l’autre, le G77, dont on a déjà dit qu’il avait été fondée en 1964, et qui comporte bien plus de membres aujourd’hui (document 16). La ligne Nord-Sud ne colle pas complètement. Le Mexique est membre de l’OCDE alors que la frontière mexicano-états-unienne est probablement un des lieux où la limite Nord-Sud est le plus tangible. L’ancien bloc communiste apparaît aussi encore en partie en blanc alors que l’URSS était considérée comme un pays du Nord. Il y a là une ambiguïté qui est intéressante, car révélatrice aussi de la posture ancienne de l’URSS et de la Russie d’aujourd’hui à se présenter non comme un pays du Sud, au sens où il serait sous-développé, mais comme un représentant des pays du Sud. Il y aurait une même logique de la conférence anti-impérialiste de Bruxelles en 1927 à la participation aux BRICS au XXIe siècle.

    Document 17. Pays développés au sens de l’Annexe B du Protocole de Kyoto

    Aujourd’hui, on a généralement tendance à considérer que la ligne Nord-Sud n’est qu’une abstraction, un artefact cartographique. Pourtant, il est un domaine où si la ligne n’est pas tracée, elle n’en divise pas moins les pays en deux catégories, c’est celui de la diplomatie climatique. Cette dichotomie a été actée lors du protocole de Kyoto en 1997 (Demaze, 2009) dont l’Annexe B a distingué deux groupes : d’une part, les pays développés et les ex-pays communistes d’Europe de l’Est, considérés comme « en transition vers une économie de marché » ; d’autre part, tous les autres pays du monde, qui ne sont pas listés, et qui correspondent aux pays en développement (document 17). Seuls les premiers devaient avoir baissé leurs émissions de gaz à effet de serre avant 2005. Le principe d’un tel clivage avait été ratifié à Rio de Janeiro lors de l’adoption de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, dont l’article 3 évoquait l’inégale responsabilité des pays dans le réchauffement du climat :
    « 

    « Il incombe aux Parties de préserver le système climatique dans l’intérêt des générations présentes et futures, sur la base de l’équité et en fonction de leurs responsabilités communes mais différenciées et de leurs capacités respectives. Il appartient, en conséquence, aux pays développés parties d’être à l’avant-garde de la lutte contre les changements climatiques et leurs effets néfastes. »

    Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Nations unies, 1992, article 3, p. 5.

    Document 18. Les pays de l’Annexe I de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (1992)

    Ce sont les mêmes pays développés listés dans l’Annexe I de la Convention-cadre de 1992 qu’on retrouve dans l’Annexe B du protocole de Kyoto, à deux exceptions près : la Biélorussie et la Turquie (document 18). Or cette liste de pays développés, qui implique une liste invisible, celle des pays non nommés, des pays non développés, n’a pas la neutralité de l’annexe à laquelle elle est remisée.

    Comme l’affirma le président ougandais Yoweri Museveni lors du sommet de l’Union africaine qui s’était tenue à Addis Abeba en janvier 2007, « le changement climatique est un acte d’agression des riches contre les pauvres ». Propos qui fut rapporté par la ministre des Affaires étrangères britannique Margaret Beckett, alors qu’elle présidait au nom du Royaume-Uni le premier Conseil de sécurité portant sur cette question le 17 avril 2007 (p. 19). Lors de cette même réunion, Nassir Abdulaziz Al-Nasser, représentant du Qatar, insista bien sur cette dichotomie :
    « 

    « Pour parvenir à une compréhension commune qui permette de résoudre le problème du changement climatique, nous ne devons pas oublier le principe, convenu lors de tous les sommets et conférences des Nations unies, des responsabilités communes et différenciées de tous les États. En conséquence, les pays riches, développés et industrialisés se voient attribuer des responsabilités différentes de celles des pays pauvres en développement. »

    Nations Unies, Conseil de sécurité, 17 avril 2007, PV 5663, p. 10
     »

    Cette question de la justice climatique est la pierre d’achoppement des négociations actuelles, comme on a encore pu le voir lors de la COP27 qui s’est tenu à Charm el-Cheikh en novembre 2022. « The Global South Is Done Playing Mr. Nice Guy » titrait le Foreign Policy : « Le Sud global a fini de jouer Monsieur Gentil » (Hockenos, 2022).

    En 2009, lors de de la COP15 de Copenhague, avait été émise l’idée d’un Fonds vert pour le climat. Celui-ci devait servir à financer « l’adaptation » des pays en développement les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique, en priorité les pays les moins avancés, les États insulaires en développement, les pays d’Afrique (UNFCC, 2010). Ce fonds a été créé l’année suivante lors de la COP16 : « les pays développés parties adhèrent, dans l’optique de mesures concrètes d’atténuation et d’une mise en œuvre transparente, à l’objectif consistant à mobiliser ensemble 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour répondre aux besoins des pays en développement » (UNFCC, 2011) – les pays en développement, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas sur la liste de l’Annexe I de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 1992. Le 29 novembre 2023, lors de l’ouverture de la COP 28 à Doubaï, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Shoukry, qui avait présidé la COP 27, a rappelé que « nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs communs sans l’adhésion de tous, et en premier lieu des pays du Sud », ajoutant :
    « 

    « Nous devons commencer à agir en faveur de la justice climatique et fournir les outils nécessaires dont nous avons déjà convenu à Charm el-Cheikh pour financer les pertes et les dommages, y compris la création d’un fonds. L’un des principaux résultats de la COP 28 est que le fonds soit pleinement opérationnel et financé. »

    United Nations Climate Change, « La COP 28 s’ouvre à Dubaï appelant à l’accélération de l’actio climatique et à une plus grande ambition face à l’escalade de la crise climatique », décembre 2023.
     »

    Plus de trente ans après, le clivage que cette catégorisation a acté perdure, quelle qu’ait été l’évolution économique des pays en question, et continue de diviser le Monde en deux : les pays développés et les pays en développement, le Nord et le Sud. Les problèmes sont communs, mais les responsabilités apparaissent différentes.

    Conclusion

    La dichotomie mondiale entre « Nord » et « Sud » ne date pas de 1980 (Capdepuy, 2018, p. 393). Il serait même possible de trouver les prémices d’une ligne Nord / Sud dans les décisions prises par différents papes au cours de la deuxième moitié du XVe siècle. On pense souvent à la ligne globale tracée « de pôle à pôle » par le traité de Tordesillas en 1494, mais on oublie la bulle Romanus Pontifex de 1454 qui donnait au roi du Portugal Alphonse V et à ses successeurs le droit de coloniser les territoires situés « à partir des caps Bojador et Nam jusqu’à toute la Guinée, c’est-à-dire en direction du Sud » [9]. Cette déclaration du pape dessinait une sorte de ligne distinguant deux mondes. Au sud d’une ligne qui correspondrait à peu près au 26e parallèle, on pouvait s’approprier tous les territoires et réduire en esclavage « Sarrasins et païens » ; au nord, c’était interdit. Les différents traités et bulles papales représentent à la fois la prétention absolue de puissances européennes, avec la bénédiction de l’Église catholique, à régenter un espace global dont elles n’avaient même pas encore fait le tour, et la dichotomie juridique instaurée entre l’Europe et le reste, qui était accaparable et exploitable, en un mot, colonisable.

    On pourrait considérer cela avec un certain scepticisme en arguant que tout cela est de l’histoire ancienne, sans rapport direct avec le Monde du XXIe siècle. On aurait tort. Pour preuve de l’actualité de ce rappel, le 30 mars 2023 a été publiée une Note commune sur la « Doctrine de la découverte » par le Dicastère pour la Culture et l’Éducation et le Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral. Rappelant la bulle Sublimis Deus prise par le pape Paul III en 1537 et condamnant déjà l’esclavagisation des populations indiennes, le Vatican a exprimé son rejet de ces bulles pontificales qui « n’ont pas reflété de manière adéquate l’égale dignité et les droits des peuples autochtones » et dont le contenu « a été manipulé à des fins politiques par des puissances coloniales concurrentes afin de justifier des actes immoraux à l’encontre des peuples autochtones qui ont été réalisés parfois sans que les autorités ecclésiastiques ne s’y opposent » :
    « 

    « L’Église est également consciente que le contenu de ces documents a été manipulé à des fins politiques par des puissances coloniales concurrentes afin de justifier des actes immoraux à l’encontre des peuples autochtones qui ont été réalisés parfois sans que les autorités ecclésiastiques ne s’y opposent. Il est juste de reconnaître ces erreurs, de reconnaître les terribles effets des politiques d’assimilation et la douleur éprouvée par les peuples autochtones, et de demander pardon. »

    « Joint Statement of the Dicasteries for Culture and Education and for Promoting Integral Human Development on the “Doctrine of Discovery” », Bollettino della Sala stampa della Santa Sede, 30 mars 2023.
     »

    Il reste que ce qui est visé ici ne concerne pas uniquement le Sud, mais aussi toute l’Amérique autochtone. De ce point de vue, la ligne Nord-Sud telle que dessinée sur la couverture du rapport de 1980 n’a aucune pertinence. Mais il n’est pas forcément besoin de tracer une ligne pour que le clivage entre ce qu’on appelle aujourd’hui le Nord global et le Sud global soit présent à l’esprit.

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    UNCC — United Nations Climate Change, « La COP 28 s’ouvre à Dubaï appelant à l’accélération de l’actio climatique et à une plus grande ambition face à l’escalade de la crise climatique », décembre 2023.
    UNFCC, Rapport de la quinzième session de la Conférence des Parties tenue à Copenhague du 7 au 19 décembre 2009, Additif, Deuxième partie : Mesures prises par la Conférence des Parties à sa quinzième session, 30 mars 2010.
    UNFCC, Rapport de la Conférence des Parties sur sa seizième session tenue à Cancun du 29 novembre au 10 décembre 2010, Additif, Deuxième partie : Mesures prises par la Conférence des Parties à sa seizième session, 15 mars 2011.

    http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/inegalites/articles/limite-nord-sud

    #Nord #Sud #Sud_global #ligne_Nord-Sud #cartographie #visualisation #manuels_scolaires #histoire #ressources_pédagogiques #Oliver_Franks #Walt_Rostow #Rostow #Willy_Brandt #ligne_Brandt #rapport_Brandt #Tiers-Monde #développement

  • Pour l’#agriculture_palestinienne, ce qui se passe depuis le 7 octobre est « un #désastre »

    À #Gaza sous les bombes comme en #Cisjordanie occupée, l’#eau est devenue un enjeu crucial, et le conflit met en évidence une #injustice majeure dans l’accès à cette ressource vitale. Entretien avec l’hydrologue Julie Trottier, chercheuse au CNRS.

    Des cultures gâchées, une population gazaouie sans eau potable… Et en toile de fond de la guerre à Gaza, une extrême dépendance des territoires palestiniens à l’eau fournie par #Israël. L’inégal accès à la ressource hydrique au Proche-Orient est aussi une histoire d’emprise sur les #ressources_naturelles.

    Entretien avec l’hydrologue Julie Trottier, chercheuse au CNRS, qui a fait sa thèse sur les enjeux politiques de l’eau dans les territoires palestiniens et a contribué à l’initiative de Genève, plan de paix alternatif pour le conflit israélo-palestinien signé en 2003, pour laquelle elle avait fait, avec son collègue David Brooks, une proposition de gestion de l’eau entre Israéliens et Palestiniens.

    Mediapart : L’#accès_à_l’eau est-il un enjeu dans le conflit qui oppose Israël au Hamas depuis le 7 octobre ?

    Julie Trottier : Oui, l’accès à l’eau est complètement entravé à Gaza aujourd’hui. En Cisjordanie, la problématique est différente, mais le secteur agricole y est important et se trouve mal en point.

    Il faut savoir que l’eau utilisée en Israël vient principalement du #dessalement d’eau de mer. C’est la société israélienne #Mekorot qui l’achemine, et elle alimente en principe la bande de Gaza en #eau_potable à travers trois points d’accès. Mais depuis le 7 octobre, deux d’entre eux ont été fermés, il n’y a plus qu’un point de livraison, au sud de la frontière est, à #Bani_Suhaila.

    Cependant, 90 % de l’eau consommée à Gaza était prélevée dans des #puits. Il y a des milliers de puits à Gaza, c’est une #eau_souterraine saumâtre et polluée, car elle est contaminée côté est par les composés chimiques issus des produits utilisés en agriculture, et infiltrée côté ouest par l’eau de mer.

    Comme l’#électricité a été coupée, cette eau ne peut plus être pompée ni désalinisée. En coupant l’électricité, Israël a supprimé l’accès à l’eau à une population civile. C’est d’une #violence extrême. On empêche 2,3 millions de personnes de boire et de cuisiner normalement, et de se laver.

    Les #stations_d’épuration ne fonctionnent plus non plus, et les #eaux_usées non traitées se répandent ; le risque d’épidémie est considérable.

    On parle moins de l’accès aux ressources vitales en Cisjordanie… Pourtant la situation s’aggrave également dans ces territoires.

    En effet. Le conflit a éclaté peu avant la saison de cueillette des #olives en Cisjordanie. Pour des raisons de sécurité, craignant de supposés mouvements de terroristes, de nombreux colons ont empêché des agriculteurs palestiniens d’aller récolter leurs fruits.

    La majorité des villages palestiniens se trouvent non loin d’une colonie. En raison des blocages sur les routes, les temps de trajet sont devenus extrêmement longs. Mais si l’on ne circule plus c’est aussi parce que la #peur domine. Des colons sont équipés de fusils automatiques, des témoignages ont fait état de menaces et de destruction d’arbres, de pillages de récoltes.

    Résultat : aujourd’hui, de nombreux agriculteurs palestiniens n’ont plus accès à leurs terres. Pour eux, c’est un désastre. Quand on ne peut pas aller sur sa terre, on ne peut plus récolter, on ne peut pas non plus faire fonctionner son système d’#irrigation.

    L’accès à l’eau n’est malheureusement pas un problème nouveau pour la Palestine.

    C’est vrai. En Cisjordanie, où l’eau utilisée en agriculture vient principalement des sources et des puits, des #colonies ont confisqué de nombreux accès depuis des années. Pour comprendre, il faut revenir un peu en arrière...

    Avant la création d’Israël, sur ces terres, l’accès à chaque source, à chaque puits, reposait sur des règles héritées de l’histoire locale et du droit musulman. Il y avait des « #tours_d’eau » : on distribuait l’abondance en temps d’abondance, la pénurie en temps de pénurie, chaque famille avait un moment dans la journée pendant lequel elle pouvait se servir. Il y avait certes des inégalités, la famille descendant de celui qui avait aménagé le premier conduit d’eau avait en général plus de droits, mais ce système avait localement sa légitimité.

    À l’issue de la guerre de 1948-1949, plus de 700 000 Palestiniens ont été expulsés de leurs terres. Celles et ceux qui sont arrivés à ce qui correspond aujourd’hui à la Cisjordanie n’avaient plus que le « #droit_de_la_soif » : ils pouvaient se servir en cruches d’eau, mais pas pour irriguer les champs. Les #droits_d’irrigation appartenaient aux familles palestiniennes qui étaient déjà là, et ce fut accepté comme tel. Plus tard, les autorités jordaniennes ont progressivement enregistré les différents droits d’accès à l’eau. Mais ce ne sera fait que pour la partie nord de la Cisjordanie.

    À l’intérieur du nouvel État d’#Israël, en revanche, la population palestinienne partie, c’est l’État qui s’est mis à gérer l’ensemble de l’eau sur le territoire. Dans les années 1950 et 1960, il aménage la dérivation du #lac_de_Tibériade, ce qui contribuera à l’#assèchement de la #mer_Morte.

    En 1967, après la guerre des Six Jours, l’État hébreu impose que tout nouveau forage de puits en Cisjordanie soit soumis à un permis accordé par l’administration israélienne. Les permis seront dès lors attribués au compte-gouttes.

    Après la première Intifida, en 1987, les difficultés augmentent. Comme cela devient de plus en plus difficile pour la population palestinienne d’aller travailler en Israël, de nombreux travailleurs reviennent vers l’activité agricole, et les quotas associés aux puits ne correspondent plus à la demande.

    Par la suite, les #accords_d’Oslo, en 1995, découpent la Cisjordanie, qui est un massif montagneux, en trois zones de ruissellement selon un partage quantitatif correspondant aux quantités prélevées en 1992 – lesquelles n’ont plus rien à voir avec aujourd’hui. La répartition est faite comme si l’eau ne coulait pas, comme si cette ressource était un simple gâteau à découper. 80 % des eaux souterraines sont alors attribuées aux Israéliens, et seulement 20 % aux Palestiniens.

    L’accaparement des ressources s’est donc exacerbé à la faveur de la #colonisation. Au-delà de l’injustice causée aux populations paysannes, l’impact du changement climatique au Proche-Orient ne devrait-il pas imposer de fonctionner autrement, d’aller vers un meilleur partage de l’eau ?

    Si, tout à fait. Avec le #changement_climatique, on va droit dans le mur dans cette région du monde où la pluviométrie va probablement continuer à baisser dans les prochaines années.

    C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Israël a lancé le dessalement de l’eau de mer. Six stations de dessalement ont été construites. C’est le choix du #techno-solutionnisme, une perspective coûteuse en énergie. L’État hébreu a même créé une surcapacité de dessalement pour accompagner une politique démographique nataliste. Et pour rentabiliser, il cherche à vendre cette eau aux Palestiniens. De fait, l’Autorité palestinienne achète chaque année 59 % de l’eau distribuée par Mekorot. Elle a refusé toutefois une proposition d’exploitation d’une de ces usines de dessalement.

    Il faut le souligner : il y a dans les territoires palestiniens une #dépendance complète à l’égard d’Israël pour la ressource en eau.

    Quant à l’irrigation au goutte à goutte, telle qu’elle est pratiquée dans l’agriculture palestinienne, ce n’est pas non plus une solution d’avenir. Cela achemine toute l’eau vers les plantes cultivées, et transforme de ce fait le reste du sol en désert, alors qu’il faudrait un maximum de biodiversité sous nos pieds pour mieux entretenir la terre. Le secteur agricole est extrêmement consommateur d’eau : 70 à 80 % des #ressources_hydriques palestiniennes sont utilisées pour l’agriculture.

    Tout cela ne date pas du 7 octobre. Mais les événements font qu’on va vers le contraire de ce que l’on devrait faire pour préserver les écosystèmes et l’accès aux ressources. L’offensive à Gaza, outre qu’elle empêche l’accès aux #terres_agricoles le long du mur, va laisser des traces de #pollution très graves dans le sol… En plus de la tragédie humaine, il y a là une #catastrophe_environnementale.

    Cependant, c’est précisément la question de l’eau qui pourrait avoir un effet boomerang sur le pouvoir israélien et pousser à une sortie du conflit. Le reversement actuel des eaux usées, non traitées, dans la mer, va avoir un impact direct sur les plages israéliennes, car le courant marin va vers le nord. Cela ne pourra pas durer bien longtemps.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/040124/pour-l-agriculture-palestinienne-ce-qui-se-passe-depuis-le-7-octobre-est-u

    #agriculture #Palestine

    • Cependant, c’est précisément la question de l’eau qui pourrait avoir un effet boomerang sur le pouvoir israélien et pousser à une sortie du conflit. Le reversement actuel des eaux usées, non traitées, dans la mer, va avoir un impact direct sur les plages israéliennes, car le courant marin va vers le nord. Cela ne pourra pas durer bien longtemps.

  • Fermes, coopératives... « En #Palestine, une nouvelle forme de #résistance »

    Jardins communautaires, coopératives... En Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens ont développé une « #écologie_de_la_subsistance qui n’est pas séparée de la résistance », raconte l’historienne #Stéphanie_Latte_Abdallah.

    Alors qu’une trêve vient de commencer au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, la chercheuse Stéphanie Latte Abdallah souligne les enjeux écologiques qui se profilent derrière le #conflit_armé. Elle rappelle le lien entre #colonisation et #destruction de l’#environnement, et « la relation symbiotique » qu’entretiennent les Palestiniens avec leur #terre et les êtres qui la peuplent. Ils partagent un même destin, une même #lutte contre l’#effacement et la #disparition.

    Stéphanie Latte Abdallah est historienne et anthropologue du politique, directrice de recherche au CNRS (CéSor-EHESS). Elle a récemment publié La toile carcérale, une histoire de l’enfermement en Palestine (Bayard, 2021).

    Reporterre — Comment analysez-vous à la situation à #Gaza et en #Cisjordanie ?

    Stéphanie Latte Abdallah — L’attaque du #Hamas et ses répercussions prolongent des dynamiques déjà à l’œuvre mais c’est une rupture historique dans le déchaînement de #violence que cela a provoqué. Depuis le 7 octobre, le processus d’#encerclement de la population palestinienne s’est intensifié. #Israël les prive de tout #moyens_de_subsistance, à court terme comme à moyen terme, avec une offensive massive sur leurs conditions matérielles d’existence. À Gaza, il n’y a plus d’accès à l’#eau, à l’#électricité ou à la #nourriture. Des boulangeries et des marchés sont bombardés. Les pêcheurs ne peuvent plus accéder à la mer. Les infrastructures agricoles, les lieux de stockage, les élevages de volailles sont méthodiquement démolis.

    En Cisjordanie, les Palestiniens subissent — depuis quelques années déjà mais de manière accrue maintenant — une forme d’#assiègement. Des #cultures_vivrières sont détruites, des oliviers abattus, des terres volées. Les #raids de colons ont été multipliés par deux, de manière totalement décomplexée, pour pousser la population à partir, notamment la population bédouine qui vit dans des zones plus isolées. On assiste à un approfondissement du phénomène colonial. Certains parlent de nouvelle #Nakba [littéralement « catastrophe » en Arabe. Cette expression fait référence à l’exode forcé de la population palestinienne en 1948]. On compte plus d’1,7 million de #déplacés à Gaza. Où iront-ils demain ?

    « Israël mène une #guerre_totale à une population civile »

    Gaza a connu six guerres en dix-sept ans mais il y a quelque chose d’inédit aujourd’hui, par l’ampleur des #destructions, le nombre de #morts et l’#effet_de_sidération. À défaut d’arriver à véritablement éliminer le Hamas – ce qui est, selon moi, impossible — Israël mène une guerre totale à une population civile. Il pratique la politique de la #terre_brûlée, rase Gaza ville, pilonne des hôpitaux, humilie et terrorise tout un peuple. Cette stratégie a été théorisée dès 2006 par #Gadi_Eizenkot, aujourd’hui ministre et membre du cabinet de guerre, et baptisée « la #doctrine_Dahiya », en référence à la banlieue sud de Beyrouth. Cette doctrine ne fait pas de distinction entre #cibles_civiles et #cibles_militaires et ignore délibérément le #principe_de_proportionnalité_de_la_force. L’objectif est de détruire toutes les infrastructures, de créer un #choc_psychologique suffisamment fort, et de retourner la population contre le Hamas. Cette situation nous enferme dans un #cycle_de_violence.

    Vos travaux les plus récents portent sur les initiatives écologiques palestiniennes. Face à la fureur des armes, on en entend évidemment peu parler. Vous expliquez pourtant qu’elles sont essentielles. Quelles sont-elles ?

    La Palestine est un vivier d’#innovations politiques et écologiques, un lieu de #créativité_sociale. Ces dernières années, suite au constat d’échec des négociations liées aux accords d’Oslo [1] mais aussi de l’échec de la lutte armée, s’est dessinée une #troisième_voie.

    Depuis le début des années 2000, la #société_civile a repris l’initiative. Dans de nombreux villages, des #marches et des #manifestations hebdomadaires sont organisées contre la prédation des colons ou pour l’#accès_aux_ressources. Plus récemment, s’est développée une #économie_alternative, dite de résistance, avec la création de #fermes, parfois communautaires, et un renouveau des #coopératives.

    L’objectif est de reconstruire une autre société libérée du #néolibéralisme, de l’occupation et de la #dépendance à l’#aide_internationale. Des agronomes, des intellectuels, des agriculteurs, des agricultrices, des associations et des syndicats de gauche se sont retrouvés dans cette nouvelle forme de résistance en dehors de la politique institutionnelle. Une jeune génération a rejoint des pionniers. Plutôt qu’une solution nationale et étatique à la colonisation israélienne — un objectif trop abstrait sur lequel personne n’a aujourd’hui de prise — il s’agit de promouvoir des actions à l’échelle citoyenne et locale. L’idée est de retrouver de l’#autonomie et de parvenir à des formes de #souveraineté par le bas. Des terres ont été remises en culture, des #fermes_agroécologiques ont été installées — dont le nombre a explosé ces cinq dernières années — des #banques_de_semences locales créées, des modes d’#échange directs entre producteurs et consommateurs mis en place. On a parlé d’« #intifada_verte ».

    Une « intifada verte » pour retrouver de l’autonomie

    Tout est né d’une #prise_de_conscience. Les #territoires_palestiniens sont un marché captif pour l’#économie israélienne. Il y a très peu de #production. Entre 1975 et 2014, la part des secteurs de l’agriculture et de l’#industrie dans le PIB a diminué de moitié. 65 % des produits consommés en Cisjordanie viennent d’Israël, et plus encore à Gaza. Depuis les accords d’Oslo en 1995, la #production_agricole est passée de 13 % à 6 % du PIB.

    Ces nouvelles actions s’inscrivent aussi dans l’histoire de la résistance : au cours de la première Intifada (1987-1993), le #boycott des taxes et des produits israéliens, les #grèves massives et la mise en place d’une économie alternative autogérée, notamment autour de l’agriculture, avaient été centraux. À l’époque, des #jardins_communautaires, appelés « les #jardins_de_la_victoire » avait été créés. Ce #soulèvement, d’abord conçu comme une #guerre_économique, entendait alors se réapproprier les #ressources captées par l’occupation totale de la Cisjordanie et de la #bande_de_Gaza.

    Comment définiriez-vous l’#écologie palestinienne ?

    C’est une écologie de la subsistance qui n’est pas séparée de la résistance, et même au-delà, une #écologie_existentielle. Le #retour_à_la_terre participe de la lutte. C’est le seul moyen de la conserver, et donc d’empêcher la disparition totale, de continuer à exister. En Cisjordanie, si les terres ne sont pas cultivées pendant 3 ou 10 ans selon les modes de propriété, elles peuvent tomber dans l’escarcelle de l’État d’Israël, en vertu d’une ancienne loi ottomane réactualisée par les autorités israéliennes en 1976. Donc, il y a une nécessité de maintenir et augmenter les cultures, de redevenir paysans, pour limiter l’expansion de la #colonisation. Il y a aussi une nécessité d’aller vers des modes de production plus écologiques pour des raisons autant climatiques que politiques. Les #engrais et les #produits_chimiques proviennent des #multinationales via Israël, ces produits sont coûteux et rendent les sols peu à peu stériles. Il faut donc inventer autre chose.

    Les Palestiniens renouent avec une forme d’#agriculture_économe, ancrée dans des #savoir-faire_ancestraux, une agriculture locale et paysanne (#baladi) et #baaliya, c’est-à-dire basée sur la pluviométrie, tout en s’appuyant sur des savoirs nouveaux. Le manque d’#eau pousse à développer cette méthode sans #irrigation et avec des #semences anciennes résistantes. L’idée est de revenir à des formes d’#agriculture_vivrière.

    La #révolution_verte productiviste avec ses #monocultures de tabac, de fraises et d’avocats destinée à l’export a fragilisé l’#économie_palestinienne. Elle n’est pas compatible avec l’occupation et le contrôle de toutes les frontières extérieures par les autorités israéliennes qui les ferment quand elles le souhaitent. Par ailleurs, en Cisjordanie, il existe environ 600 formes de check-points internes, eux aussi actionnés en fonction de la situation, qui permettent de créer ce que l’armée a nommé des « #cellules_territoriales ». Le #territoire est morcelé. Il faut donc apprendre à survivre dans des zones encerclées, être prêt à affronter des #blocus et développer l’#autosuffisance dans des espaces restreints. Il n’y a quasiment plus de profondeur de #paysage palestinien.

    « Il faut apprendre à survivre dans des zones encerclées »

    À Gaza, on voit poindre une #économie_circulaire, même si elle n’est pas nommée ainsi. C’est un mélange de #débrouille et d’#inventivité. Il faut, en effet, recycler les matériaux des immeubles détruits pour pouvoir faire de nouvelles constructions, parce qu’il y a très peu de matériaux qui peuvent entrer sur le territoire. Un entrepreneur a mis au point un moyen d’utiliser les ordures comme #matériaux. Les modes de construction anciens, en terre ou en sable, apparaissent aussi mieux adaptés au territoire et au climat. On utilise des modes de production agricole innovants, en #hydroponie ou bien à la #verticale, parce que la terre manque, et les sols sont pollués. De nouvelles pratiques énergétiques ont été mises en place, surtout à Gaza, où, outre les #générateurs qui remplacent le peu d’électricité fournie, des #panneaux_solaires ont été installés en nombre pour permettre de maintenir certaines activités, notamment celles des hôpitaux.

    Est-ce qu’on peut parler d’#écocide en ce moment ?

    Tout à fait. Nombre de Palestiniens emploient maintenant le terme, de même qu’ils mettent en avant la notion d’#inégalités_environnementales avec la captation des #ressources_naturelles par Israël (terre, ressources en eau…). Cela permet de comprendre dans leur ensemble les dégradations faites à l’#environnement, et leur sens politique. Cela permet aussi d’interpeller le mouvement écologiste israélien, peu concerné jusque-là, et de dénoncer le #greenwashing des autorités. À Gaza, des #pesticides sont épandus par avion sur les zones frontalières, des #oliveraies et des #orangeraies ont été arrachées. Partout, les #sols sont pollués par la toxicité de la guerre et la pluie de #bombes, dont certaines au #phosphore. En Cisjordanie, les autorités israéliennes et des acteurs privés externalisent certaines #nuisances_environnementales. À Hébron, une décharge de déchets électroniques a ainsi été créée. Les eaux usées ne sont pas également réparties. À Tulkarem, une usine chimique considérée trop toxique a été également déplacée de l’autre côté du Mur et pollue massivement les habitants, les terres et les fermes palestiniennes alentour.

    « Il existe une relation intime entre les Palestiniens et leur environnement »

    Les habitants des territoires occupés, et leur environnement — les plantes, les arbres, le paysage et les espèces qui le composent — sont attaqués et visés de manière similaire. Ils sont placés dans une même #vulnérabilité. Pour certains, il apparaît clair que leur destin est commun, et qu’ils doivent donc d’une certaine manière résister ensemble. C’est ce que j’appelle des « #résistances_multispécifiques », en écho à la pensée de la [philosophe féministe étasunienne] #Donna_Haraway. [2] Il existe une relation intime entre les Palestiniens et leur environnement. Une même crainte pour l’existence. La même menace d’#effacement. C’est très palpable dans le discours de certaines personnes. Il y a une lutte commune pour la #survie, qui concerne autant les humains que le reste du vivant, une nécessité écologique encore plus aigüe. C’est pour cette raison que je parle d’#écologisme_existentiel en Palestine.

    Aujourd’hui, ces initiatives écologistes ne sont-elles pas cependant menacées ? Cet élan écologiste ne risque-t-il pas d’être brisé par la guerre ?

    Il est évidemment difficile d’exister dans une guerre totale mais on ne sait pas encore comment cela va finir. D’un côté, on assiste à un réarmement des esprits, les attaques de colons s’accélèrent et les populations palestiniennes en Cisjordanie réfléchissent à comment se défendre. De l’autre côté, ces initiatives restent une nécessité pour les Palestiniens. J’ai pu le constater lors de mon dernier voyage en juin, l’engouement est réel, la dynamique importante. Ce sont des #utopies qui tentent de vivre en pleine #dystopie.

    https://reporterre.net/En-Palestine-l-ecologie-n-est-pas-separee-de-la-resistance
    #agriculture #humiliation #pollution #recyclage #réusage #utopie

    • La toile carcérale. Une histoire de l’enfermement en Palestine

      Dans les Territoires palestiniens, depuis l’occupation de 1967, le passage par la prison a marqué les vécus et l’histoire collective. Les arrestations et les incarcérations massives ont installé une toile carcérale, une détention suspendue. Environ 40 % des hommes palestiniens sont passés par les prisons israéliennes depuis 1967. Cet ouvrage remarquable permet de comprendre en quoi et comment le système pénal et pénitentiaire est un mode de contrôle fractal des Territoires palestiniens qui participe de la gestion des frontières. Il raconte l’envahissement carcéral mais aussi la manière dont la politique s’exerce entre Dedans et Dehors, ses effets sur les masculinités et les féminités, les intimités. Stéphanie Latte Abdallah a conduit une longue enquête ethnographique, elle a réalisé plus de 350 entretiens et a travaillé à partir d’archives et de documents institutionnels. Grâce à une narration sensible s’apparentant souvent au documentaire, le lecteur met ses pas dans ceux de l’auteure à la rencontre des protagonistes de cette histoire contemporaine méconnue.

      https://livres.bayard-editions.com/livres/66002-la-toile-carcerale-une-histoire-de-lenfermement-en-pal
      #livre

  • Histoire de l’idée de l’art - .
    https://www.librairie-tropiques.fr/2023/11/histoire-de-l-idee-de-l-art.html

    On a parfois reproché au philosophe sa méconnaissance de l’art et de son histoire. On peut également reprocher à l’histoire de l’art de ne pas avoir mesuré que l’art n’est pas seulement constitué d’œuvres mais aussi de mots pour les dire, de concepts pour les catégoriser, de théories pour les penser. Car si la philosophie de l’art sans histoire de l’art est vide, l’histoire de l’art sans philosophie de l’art est aveugle.
    C’est à partir de ce double constat qu’est né le projet d’une histoire philosophique de l’art occidental, depuis l’Antiquité grecque jusqu’à nos jours : autrement dit d’étudier le développement des arts et la succession des styles en relation avec l’atmosphère théorique où ils se sont produits, et de dessiner les contours des grands paradigmes artistiques qui se sont succédé. Aussi est-il question dans cet ouvrage de concepts (mimesis, catharsis, contemplation, beaux-arts, goût, génie, expérience esthétique, engagement…) et de visions du monde, d’artistes et de théoriciens, d’œuvres et d’idées relatives à leur nature, leurs fonctions et leurs valeurs. Tous les arts sont traités ici à l’unisson : beaux-arts (peinture, sculpture, architecture…), belles-lettres (poésie, théâtre), musique, ce qui fait toute l’originalité de cette entreprise.

    #Carole_talon-Hugon, #Oliver_Brax, #Julien_Audebert, #Histoire, #Philosophie, #esthétique

  • L’#agriculture n’est pas une carte postale

    Dans les #Alpes_Maritimes, pour nos élus, l’agriculture n’a pour seule fonction que de servir de carte postale pour le #tourisme. Je suis devenu agriculteur à 25 ans. Et depuis, à part des bâtons dans les roues, je/nous n’avons jamais reçu aucune aide. Donc ce que je propose, c’est qu’on devienne tous intermittents du spectacle. Par #Cédric_Herrou.

    La question de l’agriculture dans la vallée de la Roya, et plus largement dans les Alpes-Maritimes, c’est une question qui comporte quelque chose de très surprenant : nous avons des politiques qui nous parlent de « #culture_identitaire ». Il s’agit du seul département, à ma connaissance, où l’on parle de « culture identitaire » à propos des #olives. Alors même que c’est un arbre du bassin méditerranéen, cultivé par des Marseillais, des Niçois, des Italiens, des Égyptiens… C’est une « #identité » de la Méditerranée dans son ensemble.

    C’est un détail, mais il est porteur de quelque chose : les Alpes-Maritimes, pour nos élus, l’agriculture n’a pour seule fonction que de servir de #carte_postale pour le tourisme.

    Nous l’avons vu lors de la #tempête_Alex, en octobre 2020 (1). J’étais alors agriculteur depuis 2006, donc depuis une quinzaine d’années. J’ai depuis cédé mon exploitation agricole à #Emmaüs-Roya, première #communauté_Emmaüs entièrement agricole. Cette exploitation faisait, auparavant, moyennement vivre une seule personne (moi) ; il nous a fallu à partir de là faire vivre quinze personnes, et dans des conditions matérielles beaucoup plus confortables que quand je vivais seul. Nous avons donc dû transformer ces 5 hectares en quelque chose de plus gros, de plus productif, -de plus professionnalisé.

    Nous voulions donc nous agrandir, et faire du #maraîchage sur des terrains où il était plus facile de le faire -donc, sur un terrain plat, ce qui est très rare ici.

    Ainsi, suite à la tempête, dans un contexte où ils voulaient relancer l’agriculture dans la vallée de la Roya -patin-couffin et blablabla-, il y a eu une réunion avec les associations, et nous avons eu rendez-vous avec Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya, avec la CARF (communauté d’agglomération de la Riviera française), et aussi, très important, avec la #SAFER (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural, supposément voué au soutien tout projet viable d’installation en milieu rural).

    Ils nous ont tous dit qu’ils adoraient ce que ce nous faisions. Que c’était super, que c’était génial. « Bien évidemment, nous préférons vous voir planter des tomates qu’héberger des noirs, mais en tous les cas, la partie agriculture, c’est très bien ! » Par contre, ils n’avaient pas de terrain à nous proposer. Rien. Car les terrains plats étaient déjà « réservés », qui pour un terrain de basket, qui pour un parking…

    J’étais donc bien saoulé. Et j’ai décidé de faire moi-même mes recherches, sur Le Bon Coin. Et je peux donc le dire : le Bon Coin est beaucoup plus efficace que la mairie de Breil, la CARF et la SAFER - dont c’est pourtant la fonction. Car sur ce site, je trouve un terrain qui est à vendre depuis des mois sur la commune de Saorge, non loin. Nous l’avons acheté, et nous y développons donc aujourd’hui une partie de nos activités.

    En temps normal, la SAFER surveille les ventes. Elle est supposée être LA référence pour savoir où des terrains potentiellement exploitables sont à acheter. Et là, nous avions un terrain en bord de route, avec de l’eau car à côté de la Roya, de l’eau potable également, l’accès à l’électricité, et un hectare de terrain plat. Ce qui, dans notre vallée, n’est vraiment pas rien. D’autant plus qu’une maison présente sur ce lieu a été rasée car trop proche de l’eau, ce qui en a fait du même coup des terres agricoles.

    La mairie, la #CARF et la SAFER étaient donc forcément au courant.

    La même chose s’est produite, 10 ans auparavant, avec un terrain situé à 100 mètres d’une zone que nous exploitons déjà, à Veil, chez mes parents. Il s’est vendu 2 fois plus cher que ce qu’avaient vu des amis à moi venu y jeter un œil : dans mes souvenirs, quelque chose comme 80 000 euros, au lieu des 40 000 annoncés. C’est la CARF qui l’avait acheté, et revendu à la mairie de Breil-sur-Roya, avec la promesse d’un projet agricole - qui n’a jamais eu lieu. Quand nous avons questionné la mairie sur ce point, car nous voulions récupérer ces terres, ils nous ont dit non, et prétexté vouloir y développer des activités... touristiques - dans un lieu sans eau potable, sans évacuation des eaux usées, et surtout qui est une zone agricole, donc non destinée à quoi que ce soit lié au tourisme. Et on en revient à ce que je disais au début. Ce même maire avait par ailleurs soutenu le voisin qui avait voulu (indûment, et la justice lui a donné tort) bloquer l’accès à mon terrain, rendant très complexe voire impossible nos activités agricoles.

    On pourrait penser que c’est le « militant » en faveur des droits des personnes en situation d’exil qui est attaqué, et pas le paysan. Mais j’ai commencé à être médiatisé sur ces sujets en 2016. Et je suis arrivé dans la vallée de la Roya en 2002. J’avais 23 ans.

    Je suis devenu agriculteur à 25 ans, et c’est rare de le devenir aussi jeune. Et à part des bâtons dans les roues (sans jeu de mot, NDLR), je, nous n’avons jamais reçu aucune aide.

    Au-delà des grands mots, agriculture, ici, cela semble donc faire chier tout le monde. Cela bloque 5 hectares, des terres qui, l’État le sait, ne deviendront jamais constructible. Sur les terrains limitrophes à l’exploitation, l’agriculteur sera prioritaire sur l’achat. Cela bloque le foncier, qui est la seule chose qui leur importe.

    On veut de l’agriculture, mais que comme carte postale.

    Donc ce que je propose, c’est qu’on sorte de la #mutuelle_sociale_agricole (#MSA), et qu’on devienne tous intermittents du spectacle.

    Un article paru dans le Mouais n°42 (octobre 2023), consacré à l’alimentation, nous le mettons en accès libre mais soutenez-nous, abonnez-vous ! https://www.helloasso.com/associations/association-pour-la-reconnaissance-des-medias-alternatifs-arma/boutiques/abonnement-a-mouais

    (1) Épisode méditerranéen extrêmement violent ayant ravagé en une nuit les vallées de la Tinée, de la Vésubie et de la Roya, occasionnant des morts et de nombreux dégâts matériels, NDLR.

    https://blogs.mediapart.fr/mouais-le-journal-dubitatif/blog/291023/l-agriculture-n-est-pas-une-carte-postale
    #Vallée_de_la_Roya #montagne #agriculture_de_montagne #paysannerie

    ping @isskein

  • La valle che accoglie

    Viaggio nella più antica chiesa protestante italiana, minoranza un tempo perseguitata, che oggi è in prima linea nell’accoglienza dei migranti e nelle battaglie per i diritti delle donne e delle coppie omosessuali.

    Un corteo composto esce da un edificio giallo e bianco in stile inglese: religiosi e delegati marciano in silenzio. Davanti al gruppo, alcuni indossano delle toghe nere, gli abiti lunghi dei pastori; al collo le facciole, dei fiocchi bianchi, nonostante le temperature proibitive che stanno colpendo le Alpi e le prealpi italiane alla fine di agosto. Il corteo attraversa il giardino, poi la strada, quindi svolta per entrare in un altro edificio che ricorda una chiesa anglicana: il tempio di Torre Pellice, dove si svolgerà il rito che aprirà il sinodo annuale della più antica chiesa protestante italiana, la chiesa valdese, che è anche la più progressista del paese.

    Non è possibile sapere di cosa esattamente discuterà il sinodo prima che cominci, perché perfino l’ordine del giorno è deciso dai 180 delegati che da tutta Italia sono arrivati a Torre Pellice, una cittadina a 55 chilometri da Torino. “Abbiamo una maniera di decidere le cose molto democratica”, spiega la pastora e teologa Daniela Di Carlo, che si definisce “femminista, antispecista, ecologista” e cita più volte la femminista statunitense Donna Haraway e il filosofo spagnolo Paul B. Preciado.

    Un ruolo centrale

    È arrivata nella val Pellice da Milano, la città di cui è la guida spirituale per le chiese protestanti e responsabile dei rapporti con le altre religioni. “Al sinodo dei valdesi non partecipa solo il clero: dei 180 delegati solo novanta sono pastori, gli altri novanta sono fedeli, che sono eletti localmente dalle diverse chiese. Questo significa che l’assemblea può ribaltare i pronostici e non si può mai davvero prevedere quello che succederà durante la riunione. Se non si è d’accordo su qualcosa, si va avanti a discutere a oltranza”, assicura la pastora, seduta nella stanza rossa della Casa valdese, la sede della chiesa valdese e della sala del sinodo, circondata dai quadri che rappresentano i benefattori della chiesa.

    I valdesi hanno consacrato la prima pastora nel 1967 in un paese in cui la chiesa cattolica, che è maggioritaria, non riconosce il sacerdozio femminile. Di Carlo studiava architettura all’università, ma poi ha deciso di dedicare la sua vita alla chiesa negli anni ottanta, dopo un’esperienza di volontariato durante il terremoto in Irpinia. “Mi interessavano più le persone delle case”, scherza. “Nel Vangelo Gesù ha affidato alle donne l’annuncio della sua resurrezione, voleva per le donne un ruolo centrale”, continua.

    “Quando Gesù incontra le sorelle di Lazzaro, Marta e Maria, è molto chiaro. Marta si lamenta perché la sorella Maria si è messa ad ascoltare le sue parole, invece di aiutarla nelle faccende domestiche, ma Gesù le risponde di lasciarla stare, perché Maria si è seduta ‘nella parte buona, che non le sarà tolta’”, continua Di Carlo, secondo cui la possibilità di diventare pastore per le donne era presente già agli albori della chiesa valdese, addirittura prima che questa aderisse alla riforma protestante nel cinquecento, per essere prima abolita, quindi ripristinata nella seconda metà del novecento. Come guida spirituale della sua comunità non si sente discriminata in quanto donna. “Tranne nei casi in cui partecipo alle cerimonie ecumeniche, specialmente nel rito ortodosso ci sono molti limiti che ancora escludono le donne dalla liturgia”, spiega.

    I valdesi sono stati i primi a benedire le unioni tra persone dello stesso sesso e nel sinodo di quest’anno potrebbero discutere della gestazione per altri (gpa), una pratica riproduttiva che divide anche le femministe e per cui il governo italiano guidato da Giorgia Meloni ha proposto addirittura l’istituzione del “reato universale”. “Abbiamo affidato a una commissione l’indagine sul tema e ne dovremmo discutere. Potrebbero esserci delle divisioni, come avvenne al tempo del riconoscimento delle unioni civili, ma si troverà un accordo”, assicura Di Carlo. Nel sinodo di quest’anno si discuterà anche della mancata presa di distanza dal fascismo nel sinodo del 1943, che si svolse dal 6 al 10 settembre durante i giorni dell’armistizio dell’8 settembre. Nel sinodo, ancora oggi, alcuni vorrebbero che si chiedesse perdono per non aver preso una decisione netta in quell’occasione.

    “Noi siamo una chiesa che include: siamo impegnati contro l’omotransfobia, contro il razzismo, contro la violenza sulle donne”, continua. “Per noi Gesù è inclusione, è accoglienza. Crediamo in un Dio che è diventato uomo per amare e accogliere e la nostra missione è provare a essere come lui”, sottolinea. Proprio per questo motivo, racconta, le capita di incontrare nella chiesa di Milano persone che si convertono al protestantesimo, perché non si sentono accolte in altre chiese: “Arrivano da noi perché sono divorziati, oppure sono omosessuali e non si sentono accettati in altri contesti, ma sono religiosi e vogliono trovare un posto in cui possano esserlo insieme con gli altri”, conclude.

    L’Europa dei valdesi

    I valdesi prendono il loro nome da un mercante di tessuti del dodicesimo secolo chiamato Valdo, che viveva a Lione ed era diventato estremamente ricco con l’usura. “La sua storia è simile a quella di Francesco di Assisi”, assicura Davide Rosso, direttore della fondazione Centro culturale valdese, mentre fa strada, camminando su un sentiero nel villaggio di Angrogna, un paese di montagna a pochi chilometri da Torre Pellice, che nel cinquecento era diventato il centro più esteso nelle valli valdesi.

    Ad Angrogna è conservata una grotta, che è possibile visitare, in cui i valdesi delle origini si riunivano per celebrare il rito domenicale o si nascondevano quando erano perseguitati, la Gheisa d’la tana (la chiesta della tana). “Oggi è possibile visitare questi luoghi a piedi, perché sono stati riconosciuti come percorso turistico dal Consiglio europeo, che li considera costitutivi della storia europea”, spiega Rosso. Nel 2015 papa Francesco ha visitato per la prima volta un tempio valdese a Torino e ha chiesto perdono per le persecuzioni contro i valdesi, condotte dai cattolici nel corso dei secoli. In quell’occasione è stata Alessandra Trotta, moderatrice della Tavola valdese originaria di Palermo, a dare la benedizione finale a cui ha partecipato anche Bergoglio.

    All’inizio i valdesi, chiamati i “poveri di Lione”, furono tollerati dalle gerarchie ecclesiastiche romane: nel 1180 Valdo rinunciò a tutte le sue ricchezze, distribuì i beni ai poveri e cominciò a predicare e a mendicare. Quando gli chiedevano perché lo avesse fatto, rispondeva: “Se vi fosse dato di vedere e credere i tormenti futuri che ho visto e in cui credo, forse anche voi vi comportereste in modo simile”. Da subito ebbe dei seguaci che, come lui, abbandonavano le ricchezze e la vita mondana, per farsi poveri. Inizialmente erano appoggiati dal vescovo di Lione, ma poi furono scomunicati nel 1184 dal papa Lucio III, perché avevano la “presunzione” di predicare in pubblico pur non essendo consacrati e furono considerati eretici dalla chiesa di Roma.

    Molti valdesi dovettero fuggire dalle persecuzioni e si rifugiarono nelle valli delle alpi Cozie, tra l’Italia e la Francia. Quel territorio diventò una base del movimento religioso, durante secoli di pericoli. Nel sinodo valdese del 1532 proprio ad Angrogna la chiesa aderì alla riforma protestante. “Questo diede ai valdesi un appoggio importante dal punto di vista internazionale e anche una maggiore solidità dal punto di vista teologico”, spiega Rosso, mentre mostra il monumento di Chanforan, un obelisco eretto nei campi di Angrogna, che ricorda il luogo in cui si svolse quel sinodo.

    “In quel momento si decise di tradurre la Bibbia in francese e la traduzione fu affidata a Olivetano, con un grande sforzo economico da parte dei valdesi”, racconta Rosso. Con l’adesione alla riforma, i valdesi vennero allo scoperto e cominciarono a costruire anche dei templi, ma questo favorì le persecuzioni nei loro confronti da parte dei Savoia, spesso per ragioni meramente economiche e politiche.

    “Il seicento è stato un secolo particolarmente difficile: nel 1655 il duca di Savoia condusse una campagna, che aveva come obiettivo lo sterminio dei valdesi”, spiega Davide Rosso, mentre cammina tra le stradine di montagna in una giornata caldissima di agosto. “Le loro case furono distrutte, le persone massacrate o imprigionate e i loro beni confiscati. Molti furono costretti a fuggire in Svizzera o in Francia”. Della questione si occuparono anche i britannici Oliver Cromwell, lord protettore del Commonwealth, e il ministro degli affari esteri, il poeta John Milton, che inviò una serie di lettere ai sovrani e ai governi europei per chiedere che si interessassero della causa valdese.

    Cromwell scrisse addirittura al re di Francia, Luigi XIV, minacciando di interrompere le trattative di amicizia in corso con il Regno Unito, se il re francese non avesse fatto pressione sui Savoia per far ottenere ai valdesi la libertà di culto. Ma solo nel 1848 il re Carlo Alberto di Savoia concesse i diritti civili e politici al gruppo. “Tuttavia la libertà di culto vera e propria è arrivata solo nel 1984, con la firma delle intese con lo stato italiano, anche se era già prevista in teoria dall’articolo 8 della costituzione”, spiega Rosso. Fu la prima intesa di questo tipo firmata in Italia con una minoranza religiosa.

    Per lo storico valdese è importante comprendere i legami dei valdesi con le altre chiese protestanti e i loro rapporti internazionali che gli hanno permesso di sopravvivere pur essendo una minoranza perseguitata. Non è un caso, dice Rosso, che “Altiero Spinelli abbia pronunciato a Torre Pellice il suo primo discorso europeista, dopo la scrittura del manifesto di Ventotene”. Il teorico del federalismo europeo era sfollato a Torre Pellice, a casa di una famiglia valdese di Milano, e Rosso sostiene che in parte sia stato influenzato dall’atmosfera cosmopolita di queste valli.

    “Per decenni i valdesi non hanno potuto studiare, frequentare le scuole pubbliche, perché non avevano diritti civili, quindi era normale per loro trasferirsi in altri paesi europei per studiare. Parlavano almeno tre lingue. Per sopravvivere hanno dovuto emigrare, spostarsi. Ma questo li ha resi poliglotti e gli ha permesso di sviluppare uno spirito europeo. Poi l’idea della federazione è tipica del protestantesimo: le chiese protestanti sono sorelle”, continua Rosso, che accompagnerà il presidente della repubblica italiana Sergio Mattarella nel suo viaggio a Torre Pellice, il 31 agosto. In quell’occasione sarà commemorato il discorso di Spinelli sull’Europa. “È interessante guardare alle elezioni europee del prossimo anno e a quel che rimane del progetto europeo da queste valli”, conclude Rosso.

    Dall’Afghanistan alla val Pellice

    Parwana Kebrit apre la porta di un appartamento luminoso al primo piano di un palazzo che ha le porte di ferro battuto. C’è molto caldo, ma l’interno della casa di Kebrit è fresco e in ombra. La donna è arrivata nella val Pellice cinque mesi fa dal Pakistan, insieme al marito Jawan, con un corridoio umanitario. Originaria di un piccolo paese dell’Afghanistan si è rifugiata in Pakistan per la prima volta nel 2001, insieme alla sua famiglia di origine.

    “È lì che io e le mie sorelle siamo andate a scuola per la prima volta, in Afghanistan la maggior parte delle ragazze non poteva studiare. E al di là dei taliban, il 90 per cento degli afgani pensa che per le donne non sia giusto studiare”, racconta. Poi con la famiglia è tornata a Kabul, dove ha frequentato l’università ed è diventata un’attivista per i diritti delle donne. Ma con il ritorno dei taliban nella capitale afgana nell’agosto del 2021, Kebrit e il marito sono stati costretti a scappare di nuovo. “Per noi non era sicuro rimanere nel paese”, racconta.

    Dal Pakistan è arrivata in Piemonte, accolta dalla Diaconia valdese, che la sta aiutando a riprendere gli studi e a imparare l’italiano, oltre che a farsi riconoscere i titoli di studio del paese di origine. Ha una grande passione per il disegno e la pittura e mostra orgogliosa i suoi quadri, esposti uno vicino all’altro. Uno di questi, l’unico dipinto con i colori a olio, l’ha portato con sé nel viaggio dal Pakistan. Mostra delle donne afgane con i pugni alzati che marciano tenendo una bandiera e schiacciano degli uomini. “Sono le donne che combattono per i loro diritti”, spiega. In un disegno che ha realizzato in Italia, invece, si vedono sei gabbie con dentro degli uccelli, una delle gabbie è rossa ed è aperta, l’uccello è volato via. Nel quadro successivo l’uccello rosso vola dopo essersi liberato. Parwana Kebrit si sente così, finalmente libera. La sua intenzione ora è quella di continuare a studiare. Il suo inglese è fluente e i suoi occhi brillano di fiducia.

    “Amo l’Italia, sono stati tutti gentili e disponibili con noi. Voglio rimanere qui”, assicura. Dal 2016 i valdesi sono promotori, insieme alla Federazione delle chiese evangeliche in Italia e alla comunità di sant’Egidio dei cosiddetti corridoi umanitari, dei ponti aerei che hanno permesso di portare legalmente in Italia 4.244 rifugiati dall’Afghanistan, dal Libano e dalla Libia, in accordo con lo stato italiano. Nove persone arrivate in Italia con i corridoi umanitari sono al momento ospitati nella val Pellice, grazie alla Diaconia valdese. “Si tratta di due famiglie afgane”, spiega Alice Squillace, responsabile dell’accoglienza per la Diaconia. La famiglia di Kebrit e quella di Abdul Mutaleb Hamed, un medico afgano che lavorava con un’ong italiana, il Cospe. “Lavoriamo molto sulla loro inclusione e il rapporto con la comunità ospitante”, assicura. E negli anni non ci sono mai stati grandi problemi.

    “In questo momento in cui si torna a parlare di emergenza migranti in Italia (sono stati superati i centomila arrivi nel 2023, ndr), ci sembra che tutto sia strumentale. Guardare per esempio all’esperienza dei corridoi umanitari mostra che lavorare in maniera umana con piccoli gruppi di persone non produce mai situazioni difficili o ingestibili”, conclude. “Siamo stati rifugiati come valdesi in Svizzera e in Germania e sappiamo quali siano le sofferenze del viaggio e della cattiva accoglienza”, assicura Francesco Sciotto, pastore della chiesa valdese di Messina e presidente della Diaconia valdese, seduto ai tavolini del bar, allestito dalla chiesa valdese durante il sinodo, nel giardino del quartier generale di Torre Pellice. “Per questo i valdesi sono particolarmente impegnati nell’accoglienza e per questo vogliono evitare che altri subiscano le conseguenze di una cattiva accoglienza”.

    Oggi in Italia vivono circa ventimila valdesi e la maggioranza è concentrata nelle tre valli del Piemonte: la val Chisone, la valle Germanasca e la val Pellice. “Come tutte le chiese, anche i valdesi hanno una crisi di fedeli e di vocazioni. Sono sempre di meno i ragazzi e le ragazze che decidono di diventare pastori”, racconta Michel Charbonnier, pastore di Torre Pellice.

    “È una crisi che in larga parte dipende dalla secolarizzazione e che noi vediamo di più in queste valli che nelle chiese delle città in giro per l’Italia”. Secondo Charbonnier, in val Pellice molte persone di famiglia valdese hanno smesso di frequentare la chiesa, ma è un processo che va avanti da decenni.

    “Ne parleremo anche nel sinodo. Ma per certi versi per i valdesi questo è un problema meno urgente che per altre chiese: per noi infatti tutti possono predicare e siamo abituati a essere in pochi”. La chiesa è molto più impegnata nelle questioni di tipo sociale che nelle questioni meramente religiose. “Fermo restando la separazione netta tra lo stato e la chiesa in cui crediamo”, conclude Charbonnier. “Sappiamo che si può incidere, anche se siamo in pochi”.

    https://www.internazionale.it/essenziale/notizie/annalisa-camilli/2023/08/24/valdesi-sinodo-torre-pellice

    #vaudois #église_vaudoise #Italie #protestantisme #sinodo #Val_Pellice #religion #accueil #réfugiés #histoire #Angrogna #réforme_protestante #Olivetano #persécution #extermination #Savoie #minorité_religieuse #minorités #corridor_humanitaire #diaconia_valdese #val_Chisone #valle_Germanasca

  • #Route_des_Balkans : avec #Frontex, l’UE met les grands moyens pour enrayer les migrations

    La route des Balkans des réfugiés s’impose comme une priorité pour l’UE, qui accorde une enveloppe supplémentaire de 39,2 millions d’euros. Frontex va se déployer en #Albanie, en #Bosnie-Herzégovine, au #Monténégro et en #Serbie. La mission européenne vient aussi de signer un accord avec la #Macédoine_du_Nord.

    La #Commission_européenne a donné son #accord à une présence renforcée de Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, dans quatre pays des Balkans occidentaux. Cette autorisation porte sur les frontières entre l’UE, l’Albanie, la Serbie, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine. Bruxelles a aussi adopté un nouveau plan d’aides à hauteur de 39,2 millions d’euros, dans le cadre de l’#Instrument_d’aide_de_préadhésion (#IAP) pour le renforcement de la gestion des frontières dans ces pays candidats à l’intégration.

    Selon les accords actuellement en vigueur entre Frontex et l’Albanie, la Serbie et le Monténégro, des effectifs permanents de l’Agence européenne ne peuvent être déployées que sur les frontières de ces pays avec l’UE, sans exercer de compétences exécutives. Désormais, des #effectifs_permanents de Frontex pourront également être déployés sur les frontières de ces pays avec des États tiers. Cela veut dire, par exemple que des agents Frontex pourront patrouiller sur la frontière entre l’Albanie et le Monténégro ou entre la Serbie et la Bosnie-Herzégovine.

    Le plan d’aides financières annoncé servira surtout à financer du #matériel spécialisé (systèmes de #surveillance mobiles, #drones ou appareils biométriques). Ce plan financera aussi de la #formation et une aide à la mise en place et au fonctionnement de #centres_de_coordination_nationaux, dont des #centres_d’accueil et de #rétention des migrants. Ces 39,2 millions d’euros viennent renforcer les dispositifs sécuritaires pour un meilleur contrôle des frontières, dotés jusque là de 171,7 millions d’euros.

    “Nous nous concentrons sur le renforcement de la protection des frontières, la lutte contre les réseaux de trafiquants et l’intensification des #retours depuis la région.”

    La Commissaire aux Affaires intérieures #Ylva_Johansson a souligné que l’UE était très impliquée dans le soutien aux Balkans occidentaux au renforcement de la #coopération pour la gestion des migrations sur le terrain. « Voilà pourquoi nous proposons de négocier des accords de statut conformes au nouveau cadre juridique, qui permettront le déploiement de Frontex dans nos quatre pays partenaires avec la pleine force de son mandat, afin d’assurer que leurs frontières soient respectées et protégées conformément aux meilleures pratiques et normes européennes. »

    De son côté, le Commissaire européen à l’Élargissement #Oliver_Varhelyi estime que ce paquet arrive à point nommé, car les migrations restent, selon lui, un domaine dans lequel la collaboration avec les partenaires des Balkans occidentaux doit être renforcée. « Étant donné la pression migratoire accrue dans la région, nous nous concentrons sur le renforcement de la #protection_des_frontières, la lutte contre les réseaux de trafiquants et l’intensification des retours depuis la région. C’est dans ce but que nous renforçons notre soutien politique et financier. »

    Oliver Varhelyi a annoncé que la Commission avait l’intention d’augmenter ses financements en la matière d’ici 2024 pour les pays candidats des Balkans occidentaux, soit une enveloppe totale d’au moins 350 millions d’euros. Cette somme doit permettre à ces pays candidats de développer un système efficace de gestion des migrations dans tous les domaines, y compris l’asile, l’accueil, la sécurité aux frontières et les procédures de retour.

    https://www.courrierdesbalkans.fr/Route-des-Balkans-avec-Frontex-l-Union-europeenne-veut-mettre-les
    #Balkans #migrations #réfugiés #asile #frontières #contrôles_frontaliers #aide_financière #biométrie #militarisation_des_frontières #renvois #expulsions

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    • Tracking the Pact: EU seeks to seal off Balkan Route with expanded Frontex deployments

      The European Commission wants to launch negotiations with Serbia, Montenegro, Bosnia and Albania so that EU border agency Frontex can extend its zone of operations. Currently, Frontex operations in those states can only take place at the borders they share with EU member states, in accordance with the 2016 Frontex Regulation. Upgrading the EU’s agreements with the Balkan states to take into account the powers granted to Frontex by the 2019 Regulation will make it possible to deploy EU border guards at non-EU borders - for example, between Bosnia and Serbia, or between Serbia and Montenegro. An agreement with North Macedonia has already been signed. The aim is to halt the irregular movement of people through the Balkans towards “core” EU member states.

      In order to launch negotiations the Commission needs the approval of the Council of the EU, and has thus sent to the Council four recommendations that, once they are signed off, will allow it to enter into negotiations with each of the four states:

      - Albania (COM(2022) 690 final, in Council doc. 14060/22, LIMITE, 26 October 2022, pdf)
      – Bosnia and Herzegovina (COM(2022) 691 final, in Council doc. 14061/22, LIMITE, 26 October 2022, pdf)
      – Montenegro (COM(2022) 692 final, in Council doc. 14062/22, LIMITE, 26 October 2022, pdf)
      – Serbia (COM(2022) 693 final, in Council doc. 14063/22, LIMITE, 26 October 2022, pdf)

      An upgraded agreement with North Macedonia based on the 2019 Frontex Regulation has already been approved.

      Each of the documents contains an explanatory memorandum before coming to the draft text of the proposed Council Recommendations.

      For example, the proposal on Albania notes:

      “Albania lies on the Western Balkans migration route, which sees significant irregular migration towards the core of the European Union, both via land and across the Adriatic Sea...

      Given that Albania is a neighbouring third country that remains an important country of transit for irregular migration to the European Union, the value of cooperation between the European Border and Coast Guard Agency and the relevant authorities of Albania remains high. Albania has been a model for the successful deployment of Frontex joint operations to third countries, and it therefore represents an ideal candidate for the expansion of such cooperation.”

      Amongst other things, the memoranda note bilateral agreements signed by each of the states - for example, Bosnia has signed “readmission agreements with all the Western Balkan countries, Türkiye, Russia, Moldova and Pakistan whose practical implementation started in August 2022.” The intention is that Balkan states will not just prevent people from arriving in “core” EU territory - they will also deport them.

      There is no mention in any of the documents of the controversy the agency is mired in for its failure to uphold fundamental rights standards within the EU, in particular at the Greek-Turkish border, as confirmed by the recently-published report of the European Anti-Fraud Office.

      An annex to each of the above documents contains the negotiating directives for the Commission to follow, subject to possible amendment and then approval by the Council.

      - Albania (as above, ANNEX/ADD 1, pdf)
      - Bosnia and Herzegovina (as above, ANNEX/ADD 1, pdf)
      - Montenegro (as above, ANNEX/ADD 1, pdf)
      - Serbia (as above, ANNEX/ADD 1, pdf)

      Although marked ’SENSITIVE’ (as are the proposals for recommendations), the annexes merely state that the agreement with each country should meet the standards set out in the model status agreement adopted by the European Commission in December last year.

      The final terms of the agreements are of course subject to negotiations with each state, with the texts then sent to the Council and Parliament for approval (or not).

      This is likely to lead to certain discrepancies. For example, the current status agreements with Balkan states contain differences on the privileges and immunities of officials deployed on Frontex operations:

      “While the agreements with Albania, Montenegro, and North Macedonia include the provision that the executive director’s decision [on whether to waive criminal immunity or not] will be binding upon the authorities of the host state, no such article is found in the agreements with Bosnia and Herzegovina and Serbia.”

      Negotiations on status agreements that would allow Frontex operations in Senegal and Mauritania are also ongoing. When approved, Frontex operations in those two countries will be the first ones outside the European continent.

      https://www.statewatch.org/news/2022/october/tracking-the-pact-eu-seeks-to-seal-off-balkan-route-with-expanded-fronte

    • Communiqué de presse du Conseil de l’UE du 24 février 2023 au sujet du nouvel accord conclu entre Frontex et la Macédoine du Nord (signé en octobre 2022, déploiement opérationnel à partir du 1er avril 2023: https://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2023/02/24/border-management-eu-concludes-agreement-with-north-macedonia-on-fr).

      Le communiqué refait le point sur les accords entre Frontex et les Etats non UE :

      - Border management cooperation agreements in place with Albania (2019), Montenegro (2020) and Serbia (2020) under the previous rules.
      - In November 2022, the Council authorised the opening of negotiations with these countries to broaden these agreements. It also agreed to open negotiations for an agreement with Bosnia and Herzegovina.
      - In July 2022, the Council also authorised the opening of negotiations for agreements with Mauritania and Senegal.
      - An agreement with Moldova, already under the new rules, entered into force on 1 November 2022.
      - The agreement with North Macedonia was signed on 26 October 2022. North Macedonia has reported its conclusion of the agreement, meaning it will enter into force on 1 April 2023 following today’s decision by the Council.

      –---

      Border management: EU concludes agreement with North Macedonia on Frontex cooperation

      The Council gave today its final green light to an agreement with North Macedonia on operational activities carried out by the European Border and Coast Guard Agency (Frontex). The agreement will allow joint operations to be organised and Frontex border management teams to be deployed in North Macedonia, subject to the country’s agreement.

      As of 1st April, Frontex will be able to assist North Macedonia in its efforts to manage migratory flows, counter illegal immigration, and tackle cross-border crime. Reinforcing controls along North Macedonia’s borders will contribute to further enhancing security at the EU’s external borders.

      In line with the European border and coast guard regulation, the agreement also includes provisions for compliance monitoring and for the protection of fundamental rights.

      Background

      In 2019 a new Frontex regulation was adopted, broadening the agency’s mandate on several areas, including cooperation with third countries. The new mandate allows the agency to assist those countries with a status agreement throughout their territory and not only in the regions bordering the EU, as was the case with the previous mandate. It also allows Frontex staff to exercise executive powers, such as border checks and registration of persons. Status agreements allowing for joint operations can now be concluded with a wider range of countries and are no longer limited to neighbouring countries.

      Frontex had border management cooperation agreements in place with Albania (2019), Montenegro (2020) and Serbia (2020) under the previous rules. In November 2022, the Council authorised the opening of negotiations with these countries to broaden these agreements. It also agreed to open negotiations for an agreement with Bosnia and Herzegovina.

      In July 2022, the Council also authorised the opening of negotiations for agreements with Mauritania and Senegal.

      An agreement with Moldova, already under the new rules, entered into force on 1 November 2022.

      The agreement with North Macedonia was signed on 26 October 2022. North Macedonia has reported its conclusion of the agreement, meaning it will enter into force on 1 April 2023 following today’s decision by the Council.

      https://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2023/02/24/border-management-eu-concludes-agreement-with-north-macedonia-on-fr

  • La UE aumenta los fondos de gestión migratoria en Marruecos con 500 millones

    La asignación para el periodo 2021-2027 es de casi un 50% más que los 346 millones que había recibido en el anterior.

    La Unión Europea (UE) aumentará el paquete de ayuda a Marruecos para la gestión migratoria en unos 500 millones de euros para el periodo 2021-2027. Esto supone un 50% más que en el periodo anterior (2014-2020) cuando el paquete presupuestario era de 346 millones.

    Estos paquetes de «ayuda sustancial» para Rabat en el ámbito migratorio incluyen un programa de apoyo presupuestario que se encuentra en negociación, pero que podría suponer unos 150 millones de euros, según fuentes comunitarias. Además, se está considerando para el futuro otra fase del programa de apoyo presupuestario por un montante «aproximadamente similar».

    La Comisión Europea y Marruecos acordaron una nueva asociación operativa contra el tráfico de personas, cuando la comisaria de Interior, Ylva Johansson, visitó el país el pasado 8 de julio.

    En particular, prevé un apoyo en la gestión de fronteras, la cooperación policial reforzada (incluidas las investigaciones conjuntas), concienciación sobre los peligros de la migración irregular y una mayor cooperación con las agencias de la UE que trabajan en el ámbito de los asuntos de interior. La Comisión considera que Marruecos «es un socio estratégico y comprometido» con el que los Veintisiete han cooperado en temas migratorios desde hace años.

    Rabat también se beneficiará de nuevas acciones nacionales junto con otras regionales, en las áreas de lucha contra el tráfico y la trata de personas, protección, retorno y reintegración, así como en el ámbito de la migración legal, señalaron fuentes comunitarias. Precisaron, por otra parte, que está en discusión el apoyo futuro a Marruecos en ese contexto y que solo se podrá dar detalles una vez que los diferentes programas estén finalizados.

    La UE tiene la intención de seguir apoyando la gobernanza y la gestión de la migración en Marruecos, incluso con acciones específicas destinadas a garantizar que las fronteras sean gestionadas de acuerdo con las normas internacionales de derechos humanos, indicaron las fuentes. El apoyo financiero de la UE es parte de un diálogo integral UE-Marruecos sobre migración, en línea con los principios consagrados en el Pacto Europeo para la Migración y el Asilo.

    El enfoque principal de la cooperación es la promoción de los derechos y la protección de los migrantes y refugiados vulnerables, el apoyo institucional para la gestión de la migración, así como la creación de oportunidades económicas y el apoyo a los esquemas de movilidad legal como alternativas a la migración irregular, aseguraron las fuentes.

    https://www.publico.es/internacional/ue-aumenta-fondos-gestion-migratoria-marruecos-500-millones.html#md=modulo-p
    #UE #EU #Union_européenne #Maroc #asile #migrations #réfugiés #externalisation #frontières #aide_financière #coopération_policière #police

    • Lutte contre l’immigration clandestine : comment l’UE a fait du Maroc son « #partenaire_privilégié »

      Près de 500 millions d’euros : telle est la somme que va verser l’Union européenne au Maroc pour lutter contre l’immigration clandestine. Un pas de plus dans la collaboration entre l’Europe et le royaume, qui cherche depuis des années à « asseoir son leadership » en matière de migration.

      C’est une preuve de plus du rapprochement qui s’opère entre le Maroc et l’Union européenne (UE) au sujet des questions migratoires. Bruxelles va verser au royaume la somme de 500 millions d’euros « pour renforcer ses actions dans la lutte contre l’immigration clandestine », a affirmé, lundi 15 août, le journal espagnol El Pais.

      Cet argent servira à consolider les nouveaux mécanismes de coopération entre l’UE et le Maroc, à savoir l’appui à la gestion des frontières, le renforcement de la coopération policière (y compris les enquêtes conjointes), et la sensibilisation aux dangers de l’immigration irrégulière.

      Une partie de la somme sera aussi dédiée « au développement des politiques d’intégration et de protection des réfugiés au Maroc », ainsi qu’à « la lutte contre les mafias », relaie le site d’informations marocain Médias24.

      Les 500 millions d’euros d’aide annoncés dépassent largement les 343 millions d’euros reçus précédemment par le Maroc, fait savoir aussi El Pais.

      L’immigration irrégulière, « une source d’instabilité »

      Cette somme promise vient clore un cycle de rencontres et de rapprochements mutuels ayant eu lieu ces derniers mois entre l’UE et le Maroc. Le 8 juillet, la commissaire européenne chargée des affaires intérieures #Ylva_Johansson et le ministre espagnol de l’Intérieur, #Fernando_Grande-Marlaska, avaient rencontré à Rabat le ministre de l’Intérieur marocain, #Abdelouafi_Laftit. Ensemble, ils avaient lancé « un partenariat rénové en matière de migration et de lutte contre les réseaux de trafic de personnes », peut-on lire dans un communiqué de la Commission européenne. Celui-ci couvre les mêmes prérogatives que l’aide financière décidée ces derniers jours.

      En mars, le commissaire européen chargé du voisinage et de l’élargissement #Oliver_Varhelyi avait posé, depuis Rabat, les jalons de cette #collaboration renforcée. « Nous sommes très reconnaissants du travail dur et persistant réalisé par le Maroc et qui doit se poursuivre. Et nous sommes prêts à contribuer de notre part pour faciliter ce travail, parce que nous sommes convaincus que l’immigration irrégulière est une source d’instabilité et de vulnérabilité pour la région », avait-il assuré au ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.

      Le commissaire avait même affirmé vouloir « élargir cette coopération », avec « des moyens financiers plus élevés qu’avant ».

      Les migrants comme outil de pression

      Pour l’Europe, l’objectif est clair : « Faire face, ensemble, aux réseaux de trafic des personnes, notamment suite à l’émergence de nouveaux modes opératoires extrêmement violents adoptés par ces réseaux criminels », indique encore le communiqué de la Commission européenne, qui voit en Rabat « un partenaire stratégique et engagé [...] en matière de migration », « loyal et fiable ».

      L’enthousiasme de l’UE à l’égard du Maroc avait pourtant été douché en mai 2021, après le passage de plus de 10 000 migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta, les 17 et 18 mai. En cause ? Les tensions diplomatiques entre Madrid et Rabat à propos de l’accueil, par l’Espagne fin avril, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, pour des soins médicaux. L’UE avait alors suspendu son aide financière au Maroc tout juste décaissée, et qui devait courir jusqu’à 2027. « Personne ne peut faire chanter l’Europe », avait alors déclaré Margaritis Schinas, vice-présidente de la Commission européenne.

      Un peu plus d’un an plus tard, les drames survenus sur les routes migratoires marocaines qui mènent à l’Europe ont, semblent-ils, changé la donne. La pression migratoire qui s’exerce aux frontières de Ceuta et Melilla et en mer, ont poussé l’UE à faire évoluer sa relation avec le Maroc, qui y trouve son intérêt.

      « Cela fait longtemps que l’Europe et le royaume essaient de trouver des points de convergence. Mais ce dernier a longtemps résisté aux propositions européennes, ne voulant pas être ’otage’ d’un accord multilatéral sur ces questions, et abîmer son image auprès des pays africains, dont il cherche à se rapprocher », explique à InfoMigrants Catherine Withol de Wenden, directrice de recherche au CNRS, spécialiste des migrations internationales. Mais aujourd’hui, le royaume s’attache au contraire « à tirer profit de sa position géographique, pour faire monter la pression côté européen, et asseoir son leadership à ce sujet », précise la spécialiste.

      La stratégie du récent « partenaire privilégié » de l’UE fonctionne aussi sur ses membres. Le 19 mars, Madrid a en effet soutenu pour la première fois publiquement la position de Rabat sur le dossier du Sahara occidental. Et ce, alors même que le pays avait toujours prôné jusqu’ici la neutralité entre Rabat et le Polisario. « En faisant volte-face sur la question du Sahara occidental, l’Espagne a montré son point faible. Elle ne veut plus se brouiller avec le Maroc, car les conséquences, on le sait, sont très fâcheuses », avait confirmé à InfoMigrants Brahim Oumansour, chercheur à l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), spécialiste du monde arabe.

      À l’intérieur des frontières du Maroc, dont la politique migratoire est tant vantée par l’UE, s’appliquent pourtant de nombreuses violences à l’égard des migrants, sans papiers ou demandeurs d’asile. La répression des exilés est bien souvent privilégiée par les autorités, en lieu et place d’un accueil digne. Mercredi 17 août, un groupe de 28  migrants doit être jugé à Nador, dans le nord-est du pays, pour avoir tenté de franchir les hautes clôtures qui séparent Melilla du territoire marocain, avec 1 500 autres personnes. Ces prévenus sont, pour la plupart, originaires du Tchad et du Soudan, pays parmi les plus pauvres du monde.


      https://www.infomigrants.net/fr/post/42670/lutte-contre-limmigration-clandestine--comment-lue-a-fait-du-maroc-son

      #partenariat

  • Salade méchouia au thon
    https://www.cuisine-libre.org/salade-mechouia-au-thon

    Salade tunisienne de poivrons grillés au thon et aux œufs. Laver les poivrons, piments et tomates et les disposer sur une plaque de cuisson. Placer sous le grill du #Four pendant environ 30 minutes. Surveiller la cuisson et tourner régulièrement les légumes de façon à ce que toute la peau soit grillée. À mi-cuisson, ajoutez l’ail. Enlever la peau, épépiner et couper en petit dés. Arroser d’huile d’olive et jus de citron. Ajouter un peu de harissa et de #Cumin. Saler, poivrer, mélanger. Réfrigérer au moins… Cumin, #Kémia, #Thon_en boîte, #Tunisie, #Olives_noires, #Piment_vert, #Poivron_rouge / #Sans lactose, #Sans viande, #Sans gluten, (...)

  • « Salvador » : acte de naissance d’un cinéaste engagé
    https://www.blast-info.fr/articles/2022/salvador-acte-de-naissance-dun-cineaste-engage-xtMYrOSwSvu5pW68gw92PA

    Le troisième film d’Oliver Stone, réalisé juste avant « Platoon » , compte parmi ses meilleurs. Violente charge contre l’interventionnisme de Ronald Reagan en Amérique du Sud, « Salvador » dénonce le financement par les États-Unis des escadrons de la…

    #Cinéma #Oliver_Stone
    https://static.blast-info.fr/stories/2022/thumb_story_list-salvador-acte-de-naissance-dun-cineaste-engage-xt

  • Sauce Raïto
    https://www.cuisine-libre.org/sauce-raito

    Sauce provençale aux tomates, au #Vin_rouge, aux olives et aux câpres, typique du souper de Noël provençal. Faites chauffer dans une casserole de terre, quatre cuillerées d’huile d’olive et mettez-y dorer un gros oignon haché. Faites-lui bien prendre couleur puis mêlez-y une grosse cuillerée de farine pour la liaison. Dès qu’elle blondit, après 5 minutes de cuisson, mouillez à petits coups de vin rouge bien franc et un demi-litre d’eau bouillante (bouillon de poule ou de boeuf). Ajoutez trois grosses tomates… #Olives, #Câpres, Vin rouge, #Sauces_tomate, #Provence / #Végétarien, #Sans œuf, #Sans gluten, Végétalien (vegan), #Sans lactose, Sans (...)

    #Végétalien_vegan_ #Sans viande

  • Al Jazeera English sur Twitter : “According to a study, Israeli authorities have uprooted 800,000 Palestinian olive trees in the occupied West Bank since 1967. Many Palestinian farmers require Israeli permits to access their land in restricted areas near illegal Israeli settlements” / Twitter
    https://twitter.com/AJEnglish/status/1449345589259407364

    #Palestine

  • En Cisjordanie, les olives de la colère
    Par Guillaume Gendron, envoyé spécial à Burin (Cisjordanie) — 3 novembre 2020 - Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2020/11/03/en-cisjordanie-les-olives-de-la-colere_1804411

    Au Sud de Naplouse, un responsable de la sécurité de Yitzhar et l’agricultrice palestinienne Doha Assos. Photo Guillaume Gendron

    (...) Soudain, un pick-up avale la colline et interrompt le pique-nique. L’homme au volant, robuste gaillard à papillotes blondes et calotte de laine, se présente comme « Yaakov, de la sécurité de Yitzhar ». Doha s’en méfie : l’an passé, il l’avait menacée de la dénoncer au Shabak, les renseignements israéliens. Lui prétend être venu jeter un œil, pour « protéger les arbres des voleurs » et empêcher un nouveau « balagan » (« bordel » en hébreu). Il sous-entend que Doha n’est pas propriétaire des oliviers. La réponse fuse : « J’ai les papiers, ce champ me vient de ma grand-mère. Tu oses dire ça, toi le voleur de terre ? » Le dialogue de sourds s’éternise. « On ne partira pas d’ici, vous ne partirez pas non plus, fait-il mine de concéder. Alors pourquoi pas faire la paix comme les Emirats, hein ? » Doha, dans sa tunique traditionnelle rouge et noire, explose : « Mais eux, ils ne sont pas sur mes terres ! Ces oliviers, je les ai plantés avant même que tu construises ta colonie ! » (...)

  • Palestinian volunteers help olive harvesters in ways the Palestinian Authority can’t
    Amira Hass | Oct. 23, 2020 | 10:49 AM | Haaretz.com
    https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-palestinian-volunteers-help-olive-harvesters-in-ways-the-palestini

    In dozens of villages, the harvest has become life-threatening, and Israel prevents Palestinian security forces from protecting farmers. Volunteers have fill the vacuum – but settler violence isn’t limited to three weeks a year

    Volunteers with the Palestinian group Faz3a, whose members accompany olive harvesters to protect them from attacks by settlers, fill a vacuum. It’s a vacuum that the Palestinian Authority’s security forces never could fill in the West Bank’s areas B and C, where the Oslo Accords bar them from operating.

    Tens of thousands of Palestinian youths train in martial arts and the use of weapons for recruitment to the Palestinian security forces, including the police. Under the agreements with Israel, they must help the Shin Bet security service and the army monitor Palestinians, arrest and interrogate them.

    They’re expected to avert any harm to Israeli citizens. But they’re barred from protecting Palestinian civilians against attacks by thugs who are Israeli citizens.

    All the PA can do is “condemn” the violence. Its security agencies may pass the complaints of the assaulted Palestinians to the Israeli police (before coordination was halted in May), and write down the details of the assaults.

    At the beginning of the month, Palestinian media outlets reported on the establishment of the group Faz3a for the 2020 olive harvest. They quoted one of its founders, Mohammed al-Khatib of Bil’in, as saying that faza’a – Arabic for a response or a call for help during a war – is a Palestinian tradition of coming to the rescue of the masses in times of trouble.

    Faza’a operations in 1948 are etched in the Palestinian collective memory, when residents of Palestinian villages gathered their guns from their hideouts and went out to help the organized Palestinian fighters in the fighting against the armed members of the Jewish community.

    Olive harvesting isn’t just any seasonal farming or source of income. It’s a cultural, multigenerational and festive family event that everyone eagerly awaits. Entire families take part, young and old alike, and the process is a skill taught by the grandparents.

    But in dozens of villages in the West Bank, the olive harvest, and agriculture in general, have become dangerous activities, even life-threatening, due to the proximity of the ever-spreading outposts and the settlements that spawn these outposts. Settler violence and the Israeli authorities’ refusal to stop it have had a chilling effect: Not everyone dares to take the risk, not everyone wants to bring the women and children along, for fear of putting them in harm’s way.

    Year-round violence

    Unlike the faza’a of 1948, the volunteers today have no weapons, only determination, courage and political awareness. They know that an abandonment of the farmers and villages contributes to social disintegration.

    Khatib was among the founders of the coordinating committee of popular resistance against Israel’s separation barrier in the early 2000s and was arrested for this, stood trial and went to prison. If we wish to draw any conclusions from his past, the volunteers take into account the possibility that the army will arrest them. When it comes to Palestinians, even self-defense can be considered a crime in Israel and reason for arrest.

    Faz3a says about 200 volunteers have joined so far, and they are expecting to work for around three weeks until the harvest is over. But the violence isn’t seasonal. It’s a problem year-round, and the Palestinian farmers stand alone in the battle, as if it were a personal problem, not one of Israel’s direct and indirect methods of shrinking the Palestinian space.

    The violence during the olive harvest is only one of many Israeli measures that have had a chilling effect or killed the joy of farming. In some regions the army routinely denies Palestinians access to their land “to prevent any friction” with violent settlers, except for three times a year, a few days each time: to plant, plow and harvest grain crops, and for the trees, to harvest, trim and plow.

    These farmers have had to give up on the custom of growing vegetables among the trees for private consumption or small-scale marketing. Ten or even 20 days of access a year aren’t enough, though some owners of land beyond the separation barrier have turned, against their will, into 10-day-per-year farmers.

    An example of this can be seen in villages like Biddu and Beit Ijza, whose orchards are surrounded and cordoned off by the large Israeli-only expanse that the settlements of Givat Ze’ev and Givon have created.

    “At one time the orchards were a place for the entire family to relax on Fridays,” a resident of Biddu said while waiting for soldiers to open a gate for the villagers to get to their land. “We would come to work here a few times a week. Now accessing the area is like visiting a prisoner in jail.”

    Fewer permits allotted

    Thousands of Palestinian families own tens of thousands of dunams of fertile agricultural land that has been imprisoned beyond the Israeli separation barrier. The barrier has 74 gates that allow farmers to pass through to reach their land. Forty-six of them are defined as “seasonal” and are opened only a few days a year. Twenty-eight are supposed to open every day or at least three times a week.

    The soldiers arrive, open and shut the gates a short time later, three times a day. Since the barrier was built, Israel has gradually stiffened its terms for obtaining a permit to access farmland. The number of permits has decreased, and thus, so has the number of family members reaching the orchards. Young people in particular show less and less interest in enduring the hassle.

    Each permit is issued only after a run-around from one Israeli Civil Administration office to another. The shortage of working hands is noticeable in the number of thornbushes among the trees, as well as in the decayed leaves and unpicked fruit. Sometimes farmers must go through a gate quite a distance away and then get to their plots on foot, because not everyone receives a permit to enter with a tractor or a donkey and wagon.

    Beyond the fixed opening time of the gates, the farmers have no control over what happens on their land. Harvested crops and equipment are stolen. Garbage gets dumped there. There are fires, whether due to negligence or a stun grenade or tear gas canister shot by a soldier; the Palestinian farmers depend on the Israeli firefighters’ goodwill to put out these blazes.

    Here the Faz3a volunteers can’t be helpful. Though it’s public and private Palestinian land, part of the West Bank, they are barred from reaching it. Only Israelis and foreign tourists may freely access this Palestinian land.

    The attitude of Palestinians to this situation falls somewhere between feeling a bit sorry for the Palestinian Authority to being angry and mocking it. “What can it do?” the farmers wonder when access to their land is blocked by settler violence or Civil Administration rules.

    Some people conclude from this state of helplessness that “they don’t even care there in the PA.” This is how Israel widens the gap and sense of alienation and distrust between the Palestinian citizen and a disabled Palestinian self-rule.

    #colons #olives

    • Settlers hurled rocks at the Palestinian farmer’s head. His age didn’t deter them
      Gideon Levy, Alex Levac | Oct. 22, 2020 | Haaretz.com
      https://www.haaretz.com/israel-news/.premium.highlight.MAGAZINE-settlers-hurled-rocks-at-the-palestinian-farmer

      Settlers stoned and injured a 73-year-old Palestinian in his grove, others vandalized another farmer’s 200 trees. A journey during the season of harvest – which is also clearly the season of settler violence

      At home on the outskirts of the West Bank village of Na’alin, an elderly farmer, Khalil Amira, is nursing a head wound he suffered when settlers stoned him while he harvested olives in his grove – in front of his daughter and grandchildren. About an hour’s drive south, in the village of Jab’a, two other aged farmers are lamenting the damage wrought to their olive trees by other thugs. And these are only three recent examples of the dozens of Palestinian harvesters who are being assaulted on their lands on an almost daily basis.

      It’s autumn, with its clouds and its howling wind, as the old Israeli song goes, and it’s also the season of the olive harvest – and with it settlers who go on a rampage every year at this time, across the West Bank. It’s not autumn if there’s no olive harvest, and there’s no olive harvest without settler rampages. And the start of this season bodes ill.

      Several weeks into the harvest, which began this year on October 5, the Yesh Din – Volunteers for Human Rights NGO has already documented 25 violent incidents, and no one apparently intends to put a stop to them. The police accept complaints and take down testimonies, but that seems to be the extent of their activity.

      According to Yesh Din, between 2005 and 2019, only 9 percent of the complaints filed by Palestinians over Israelis’ violence against them ended with the alleged perpetrators being brought to trial. Fully 82 percent of the cases were closed, including nearly all of the complaints about the destruction of olive trees.

      Amira is surrounded by family in his fine house in Na’alin, west of Ramallah. His head is bandaged, concealing 15 stitches; his family envelops him with concern and warmth. Since being wounded last week by a stone thrown at him by settlers, he’s returned to the hospital twice, because of possible intracranial bleeding. A working man of 73, Amira was employed for 20 years as a welder in the predominantly ultra-Orthodox city of Bnei Brak, in Israel; he also worked for years at Elco, an industrial conglomerate. His father left him, his two sisters and his six brothers 100 dunams (25 acres) of olive trees, which he has been cultivating since his retirement, after becoming ill with a heart ailment. He speaks Hebrew fluently, and he and his family are gracious hosts.

      Amira’s access to his land was cut off in 2008 by the construction of the West Bank separation barrier – a fate that befell many Palestinian farmers. Part of his property was also expropriated for the establishment of a settlement called Hashmona’im, which is on the other side of the barrier, yet another annexation-type stunt. Recently, settlers ruined the two wells that were his on land adjacent to Hashmona’im. They would descend into one of the wells with a ladder and wash themselves in it, contaminating the water. The settlers also made a breach in the fence that encircles Hashmona’im and dumped garbage and construction debris on another part of his land – the evidence is still there. Amira filed a complaint with the Binyamin District police, and the dumping stopped for a time, but it resumed last February. It was clear that the perpetrators of the recent assault on him also set out from Hashmona’im, even if they were not necessarily residents of the settlement.

      For 11 years, the farmer was unable to visit the land he owns, adjacent to the fence surrounding Hashmona’im – others were able to work it for him – until last fall, when he was able to harvest his olives with no interference. He wanted to do the same this year. The Israel Defense Forces allow him four days to pick olives – with advance coordination. Amira was supposed to start picking Monday last week, but because of a doctor’s appointment, he didn’t arrive until the following day.

      They set out early in the morning: Amira, his son Raad, 47, his daughter Halda, 35, and three young grandchildren. The IDF does not permit them to arrive at their lands by vehicle, so they had to walk about a kilometer from the gate in the separation fence. By about midday they had collected enough olives to fill a large sack. Raad hoisted a bag with half of the olives onto his shoulder and carried it to the gate, and then returned for the other half. Seeing that Raad was tired, his father told him he didn’t have to come back again.

      At 2:30 P.M., Amira hid the tools he had used in the grove, before his departure. When he returned from the hiding place, he saw that his daughter and grandchildren had already left. On his way to the gate he saw his grandson’s knapsack on the ground. He picked it up and continued to walk, when suddenly he heard shouts.

      In a nearby grove, he saw four masked young people throwing rocks at his nephew, Abd al-Haq, and his son, Yusuf, who were working there separately. Spotting Amira, the masked men began hurling rocks at him as well. The fact that he was elderly apparently made no impression on them. According to Amira, they had large rocks that they had brought with them. Otherwise, they were not armed and did not wield clubs. He tried to evade the onslaught but could not escape. At one point, he was struck on the left side of his head, and he collapsed to the ground. He doesn’t know how long he lay there, nor does he remember any more about the person who threw the rock that hit looked like.

      “They didn’t look like people to me, but devils,” he tells us now.

      Soldiers appeared out of nowhere and administered first aid. His wife and the three grandchildren, also arrived, and were distraught. Blood streamed from his head, and an army paramedic stanched the wound. The soldiers summoned an Israeli ambulance to meet them at Hashmona’im. Amira managed to walk with the aid of the soldiers, but the Druze guard at the settlement’s gate refused to allow any of them to enter.

      “Your dogs attacked me and you guard them and don’t let me in?” Amira said to him angrily, in Arabic.

      An IDF jeep arrived and took him to the Nili checkpoint, where he was transferred to a Palestinian ambulance and taken to the Ramallah Governmental Hospital. There Amira was stitched up and held for three days to check for possible intracranial bleeding. After he was released at the end of the week, however, he started to suffer from headaches and vomiting. He returned to the hospital this past Sunday, was checked and released again. He was still experiencing headaches and continuing to throw up this week when we visited.

      Amira tells us that he feels even more determined than he did before the incident. Of course he will return to his land, there’s no question, he asserts. It’s his property, no one is going to stop him. He has already filed a complaint with the police, and handed over an Israeli ID card that his nephew found at the site of the attack. It belongs to a Y.C., born in 2003, resident of Ganei Modi’in, a neighborhood in the ultra-Orthodox settlement of Modi’in Ilit.

      •••

      Mohammed Abu Subheiya, 63, a father of eight, is waiting next to his house in Jaba, north of Hebron. For 24 years he worked in Ashdod for Ashtrom, an Israeli construction company. Lately he’s been working in construction in Israel with other employers.

      In 1990, Abu Subheiya’s father planted 22 dunams of olive trees, which Abu Subheiya tends in his spare time.

      We walk with him down a precipitous, rock-strewn trail to his plot of land, which lies in the valley that runs between Jaba and the settlement of Bat Ayin, which gained notoriety in 2002 when a terrorist underground was uncovered there. Some of the settlers there are newly religious, including some from the Bratslav Hasidic sect. Bat Ayin is where the assailants of the Jaba groves come from.

      Abu Subheiya hadn’t visited his grove since early March, because of the coronavirus crisis, which forced him to remain in Israel and not go back and forth to the West Bank. At the beginning of October, the International Red Cross informed him that days had been set for him to harvest the trees in his grove, which lies in a danger zone because of the Bat Ayin settlers. Arriving there on October 4, he was stunned to see that only about half of the 48 trees he has here were still intact. The assailants had gone from tree to tree and sawed off the branches or uprooted the trunks completely. It will take five years for the damaged trees to recover and bear fruit again, he tells us.

      We walk from one tree to the next, examining their battered branches, and reflect on the malice of people who are capable of wreaking such destruction upon the fruit of the earth and upon those who work the land. An aroma of sage wafts from bushes along the edges of the grove. Across the way, the mobile homes of Bat Ayin are perched on the slope of a hill. Abu Subheiya says that when the settlers approach his land he flees in fear. After the incident early this month, he too filed a complaint with the police, at the station in the ultra-Orthodox settlement of Betar Ilit; some officers even came to see his grove, but since then he has heard nothing from them. Nor will he. Five years ago, settlers spread a chemical substance on the ground that poisoned 13 of his oldest trees, whose jagged trunks still stand as a silent monument in the grove.

      “They work very slowly,” he says of his attackers. “That’s their politics. To destroy slowly, every time somewhere else, so we will remain without olives.”

      We descend the hill on the other side of the village, opposite Betar Ilit. The road leading to the olive groves was demolished by the Israeli Civil Administration six years ago, because this is Area C (under full Israeli control). Access now is possible only in a 4x4 vehicle.

      “Why does a road bother anyone,” asks Abu Subheiya. “You want to take our land – take it. But why does a road bother anyone? We paved an asphalt road. They came and smashed it to bits.”

      We are now making our way on foot to the grove belonging to Khaled Mashalla, 69, on the lower slope of the steep valley. The remains of the ruined road are still evident under the dirt. Only the section near the village was demolished, the rest was left paved as it was.

      Last week, assailants came here, too, and uprooted dozens of trees; trunks and broken branches are strewn along the way. Mashalla estimates that he lost 220 trees. He’s an amiable, colorful man who works in the improvised parking lot at the Gevaot checkpoint for Palestinian laborers who cross into Israel, Together with his business partner, he takes 7 shekels ($2) protection money per car per day to guard it against theft. Plump and gleeful, he wears a tattered felt hat that he removes in a theatrical gesture to reveal his bald head. He and his brothers own 400 dunams of olive trees in the area.

      The vandalism occurred on the night between Tuesday and Wednesday of last week. The Bedouin who live on the edge of the village called Mashalla to say that they saw headlights in his grove that night. The next afternoon, when he got there after working at the checkpoint, he couldn’t believe his eyes. Dozens of branches had been sawed off. When we visit, we see that the younger trees were spared. They had been wrapped in plastic tubing, to protect them from the gazelles.

      #vandalisme #barbares

  • Biosicurezza nella Puglia del disseccamento

    Cosa avviene quando un’entità non umana dall’identità ibrida territorializza il paesaggio dell’olivicoltura pugliese? Questo contributo analizza le politiche che scaturiscono dalla presenza di #Xylella_fastidiosa nel territorio pugliese. Dal primo atto di emergenza, il #Piano_Silletti (2015), fino all’ultimo piano di emergenza (2019), le politiche di contenimento sono state orientate alla protezione della sicurezza produttiva dell’Unione Europea. La prevenzione del rischio, implicita nella direttiva 29/2000, riproduce una essenzializzazione «in deroga» delle entità della natura nel loro valore di scambio. La biosicurezza è così costruita attorno alla sicurezza produttiva, attraverso una proliferazione di confini che ridefiniscono le pratiche agricole e la distinzione tra vita sana e vita patologica. Spinto da considerazioni sulla fine della natura nell’era dei cambiamenti climatici e dell’Antropocene, questo articolo esplora possibilità diverse di concepire la biosicurezza, attraverso una diversa considerazione del rapporto spaziale con le entità non umane. Quali misure di biosicurezza possiamo immaginare in un’ecologia senza natura?

    https://www.ageiweb.it/geotema/supplemento2020_bandiera
    #Pouilles #biosécurité #risque #agriculture #oliveraie #olives #écologie #nature
    ping @wizo @albertocampiphoto

  • Les olives amères de Palestine
    https://visionscarto.net/les-olives-ameres-de-palestine

    Chaque année, aux mois d’octobre et de novembre, a lieu la récolte des olives en Palestine. À l’occasion de la cueillette, la violence de certains colons israéliens à l’égard des paysan·nes redouble d’intensité. Pour protéger un tant soit peu les familles de ces agressions, des bénévoles de la terre entière viennent les assister. Cette saison, la violence a eu pour cible les bénévoles mêmes. Voici quelques éléments pour tenter de comprendre une situation très problématique. par Johanna Schreiner L’olive en (...) #Billets

  • Burning trees and beating farmers: Israeli settlers wreak havoc on another olive harvest – Mondoweiss
    https://mondoweiss.net/2019/10/burning-trees-and-beating-farmers-israeli-settlers-wreak-havoc-on-anothe

    Every year, without fail, Palestinians mark the beginning of autumn with the olive harvest. A sacred cultural event, families from across the country leave their towns and cities and head for their olive groves, passed down to them from the generations before.

    And every year, without fail, much of the harvest is characterized by attacks on Palestinian farmers and families by Israeli settlers and armed soldiers. This year is no different.

    Since the harvest began in early October, several incidents of settler attacks on farmers and their crops have been reported by activists and organizations in the occupied West Bank.

    #cisjordanie #palestine #israël #colonisation #destruction #violences #humiliation #démolition

  • Turchia: massacrati 3.149 curdi nell’indifferenza internazionale

    Ieri la Turchia ha annunciato ufficialmente e non senza una certa soddisfazione di aver ucciso 3.149 curdi nella regione siriana di Afrin dall’inizio della operazione “#Olive_Branch”.

    A fare l’annuncio è stato l’esercito turco subito ripreso dai media di regime che hanno prontamente rilanciato la soddisfazione per questo vero e proprio massacro ingiustificato trascurato incredibilmente da tutti.

    Secondo le forze armate della Turchia (TSK) i militari turchi appoggiati da aviazione e mezzi blindati hanno “neutralizzato” 3.149 curdi siriani che loro definiscono “terroristi”. La Turchia non fornisce nessun dato sui civili uccisi nell’operazione che, secondo l’opposizione siriana, sarebbero centinaia compresi donne e bambini.

    Nel comunicato dell’esercito turco si legge che «dal 20 gennaio, data di inizio della operazione Olive Branch, i militari turchi hanno neutralizzato 3.149 terroristi appartenenti al PKK / PYD / YPG / KCK e Daesh i quali mettevano in grave pericolo la popolazione siriana».

    In realtà i morti sono solo curdi e di certo non mettevano in pericolo la popolazione siriana che anzi hanno strenuamente difeso dagli attacchi di Daesh per di più appoggiato proprio dalla Turchia.

    Il regime turco vuole far passare una vera e propria aggressione armata alla regione curdo-siriana di Afrin come una operazione antiterrorismo, un metodo islamo-fascista ampiamente usato da Erdogan per giustificare, anche in patria, i più efferati crimini contro chiunque si opponga al suo regime o contro chiunque lui veda come una minaccia.

    Quello che stupisce è l’assoluto silenzio della comunità internazionale, soprattutto dell’Europa, di fronte a questo ingiustificato massacro di curdi. Stupisce anche l’immobilità americana che prima ha usato i curdi per combattere e fermare Daesh e poi li ha letteralmente abbandonati nelle mani del criminale nazi-islamico di Ankara, un atteggiamento da parte di Washington vigliacco e ingiustificabile sotto tutti gli aspetti specie considerando che la risoluzione ONU 2401 del Consiglio di Sicurezza impone il cessate il fuoco in tutto il territorio siriano, risoluzione palesemente ignorata dalla Turchia che ha continuato a bombardare senza sosta la regione di Afrin.

    https://www.rightsreporter.org/turchia-massacrati-3-149-curdi-nellindifferenza-internazionale
    #massacre #Turquie #Kurdes #Kurdistan #Afrin #Syrie #Kurdistan

  • #Poulet M’chermel (olives et #Citron confit)
    https://cuisine-libre.fr/poulet-m-chermel

    Tagine de poulet aux #Olives et au citron confit, grand classique de la cuisine marocaine. Marinade (chermoula) Couper le citron confit en quartiers pour en gratter la pulpe en retirant les pépins. Couper l’écorce restante en lamelles et la réserver. Écraser l’ail en pâte avec un peu de gros sel. Ajouter la pulpe de citron confit, les épices, le persil haché et un peu d’huile. Mixer le tout. Enduire le poulet extérieurement et intérieurement ou le découper en morceaux pour bien l’imprégner. Laisser…

    Poulet, Citron, Olives, #Tajines / #Sans_œuf, #Sans_gluten, #Sans_lactose, Mijoté

    #Mijoté

  • Gasdotto Tap, la procura di #Lecce sequestra un’area del cantiere: dubbi sull’espianto di 448 ulivi

    In località Le Paesane era stato recentemente avviato l’espianto di 448 ulivi che si trovano sul tracciato del gasdotto. Lunedì scorso sopralluogo del sindaco con i parlamentati M5S che avevano presentato un esposto


    http://bari.repubblica.it/cronaca/2018/04/27/news/gasdotto_tap_la_procura_di_lecce_sequestra_un_area_del_cantiere_dubbi_sugli_espianti_degli_ulivi-194906730/?ref=RHPPLF-BH-I0-C8-P7-S1.8-T1
    #gazduc #Tap #énergie #gaz #Italie #olives #oliveraie #oliviers #Pouilles #Xyllela
    cc @albertocampiphoto @wizo

  • Winnie

    Pasionaria en Afrique du Sud de la lutte antiapartheid, « Winnie », ex-épouse controversée de l’icône #Nelson_Mandela, a inextricablement lié son destin à celui de son pays. Un portrait documenté de la figure emblématique des townships, décédée à l’âge de 81 ans, le 2 avril 2018.

    Un beau visage sous un chapeau cloche, #Winnie_Madikizela-Mandela, jeune assistante sociale née dans un village du Transkei, a 25 ans lorsque son mari, Nelson Mandela, est arrêté en 1962 à la suite d’une campagne de sabotage de l’#ANC, puis condamné à perpétuité : « Nous nous connaissions à peine. » Militante au puissant charisme et à la détermination sans faille, la pasionaria va alors mener la lutte antiapartheid en Afrique du Sud et maintenir haut la flamme de la résistance, récoltant des fonds pour les prisonniers et orchestrant sans relâche la mobilisation. Cible du régime, espionnée et maintes fois arrêtée, cette mère de deux petites filles, qui jamais ne désarme, est bientôt accusée d’avoir provoqué la vague de violence qui submerge le pays en 1976. Assignée à résidence à #Brandfort – « un tombeau vivant » –, l’opposante, courtisée par les médias internationaux, assume d’être prête à tuer pour la liberté. Ne craignant rien ni personne, Winnie, qui recrute avec #Chris_Hani et #Oliver_Tambo les soldats d’#Umkhonto_we_Sizwe, la branche militaire du #Congrès_national_africain, joue aussi les courroies de transmission entre le terrain et le prisonnier légendaire dont le monde entier exige la libération. Mais tandis que, dans les années 1980, le pouvoir engage des négociations secrètes avec Mandela en vue de sa libération, le régime s’acharne à discréditer son épouse, figure emblématique des #townships, qui comprend mieux que personne les aspirations de la jeunesse et ne cesse de fustiger le capitalisme.

    Le saint et la pécheresse
    Entrelaçant archives et témoignages précieux, dont le sien et celui de sa fille Zindzi, ce portrait dense et très documenté éclaire le rôle majeur – et souvent sous-estimé – de cette militante engagée en première ligne dans la lutte antiapartheid. Il montre surtout comment le régime sud-africain s’est ingénié à opposer « le saint » Nelson Mandela à la « pécheresse » Winnie, redoutée pour son intransigeance, jusqu’à leur séparation et sa diabolisation. Mais si le film la réhabilite politiquement, il n’occulte pas pour autant les zones d’ombre de cette flamboyante personnalité, accusée d’avoir commandité l’assassinat du jeune #Stompie_Seipei_Moketsi, 14 ans. Au travers du parcours de cette femme insoumise, dont la popularité n’a jamais faibli dans son pays, une subtile réflexion sur l’histoire récente tourmentée de l’Afrique du Sud.

    https://www.arte.tv/fr/videos/060778-000-A/winnie
    #film #documentaire #Afrique_du_Sud #Winnie_Mandela #résistance #femmes #histoire #biographie

    • #WinnieMandela: Remembering Nomzamo, the girl from Bizana

      So who was Nomzamo Winifred Madikizela, and what shaped her?

      She was born on 26 September 1936, the last in a family of four daughters in a part of South Africa – the Eastern Cape – that had already experienced several waves of subjugation, some more effective than others.

      Forty years earlier the Glen Grey Act had been passed which led to the annexation of the Transkei and Pondolond under the control of the Cape Colony. It was the culmination of several attempts to seize the rich agricultural land of the Eastern Cape over more than 100 years.

      The draconian measures put in place by the colonial state to bring the region under control were not completely successful. The indomitable spirit of resistance forged over centuries of conflict made it impossible to fully subjugate the people of this region.

      By the time the Union of South Africa was established in 1910 it became clear that more controls were needed to smash resistance to land appropriation by white settlers. In 1913 the Union state passed the inhuman Natives Land Act. With this act, the South African state prohibited Africans from owning and renting land in 93% of the country. It laid the groundwork for massive segregation.

      The various waves of subjugation from colonial wars, skirmishes and laws, missionaries, encroachments of settlers and the mass expropriation of land meant that even the lush bountiful valleys of the Transkei were made poor. Men were then forced into migrant labour on the golden reefs of Witwatersrand.

      Madikizela was born into this contested space and into a family of accomplished women who encouraged open questioning about oppression.


      https://www.iol.co.za/news/opinion/winniemandela-remembering-nomzamo-the-girl-from-bizana-14475889

  • Opération « #Rameau_d'olivier » : images de la ville syrienne d’Afrin bombardée par les F-16 turcs — RT en français
    https://francais.rt.com/international/47457-debut-operation-rameau-dolivier-syrie-afrin-bombardee-par-f-16-tu

    La ville d’Afrin, dans le district sous contrôle kurde du même nom, a été bombardée le 20 janvier par huit avions de combat turcs de type F-16.

    Cette attaque aérienne s’inscrit dans le cadre de l’opération militaire turque appelée « Rameau d’olivier », qui a « commencé de facto sur le terrain » le 20 janvier, selon une déclaration du président turc Recep Tayyip Erdogan. 

    Le même jour, le Premier ministre turc Binali Yildirim a fait savoir que les forces armées turques avaient « débuté une campagne aérienne pour détruire des éléments [des Unités de protection du peuple (YPG)] ». Il a ajouté que huit avions de chasse F-16 avaient été déployés par l’armée turque dans le cadre de cette opération.

    Les images captées sur place par l’agence Ruptly montrent des explosions et un panache de fumée noire s’élever au-dessus de la ville d’Afrin.

    #zeytin_dalı #olive_branch

    • Les forces russes en Syrie redéployées suite au début de l’offensive turque - Sputnik France
      https://fr.sputniknews.com/international/201801201034823430-syrie-turquie-offensive-russie

      Après le lancement par la Turquie de l’opération Rameau d’olivier en Syrie, les forces russes ont été retirées de la zone concernée, selon le ministère de la Défense.

      Le commandement des forces russes stationnées en Syrie a pris des mesures pour assurer la sécurité des militaires à Afrin, théâtre de l’opération turque contre les formations kurdes, a annoncé le ministère russe de la Défense.

      « Pour prévenir d’éventuelles provocations et éviter tout risque pour la vie et la santé des militaires russes, le groupe opérationnel du Centre pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie et de la police militaire a été transféré dans la région de Tell Adjar, de la zone de désescalade de Tell Rifaat », a indiqué le ministère.

    • Opération « Rameau d’olivier »
      https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-des-idees/le-journal-des-idees-lundi-22-janvier-2018

      L’objectif de l’opération militaire turque dans l’enclave kurde d’Afrine est d’établir une « zone de sécurité » d’une profondeur de 30 km à partir de la frontière entre la Turquie et la Syrie. Florence Parly, la ministre française des armées, a appelé la Turquie à cesser ses opérations contre les Kurdes syriens, craignant qu’ils ne détournent leur forces, très engagées au sein de la coalition à laquelle la France appartient, « du combat primordial » contre le terrorisme. La France demande une réunion urgente du Conseil de sécurité de l’ONU. Les Kurdes sont en première ligne dans la guerre contre l’organisation État islamique, et notamment sa capitale autoproclamée, Rakka, qu’ils ont libérée en octobre dernier.

      Dans Le Monde.fr, Marie Jego, correspondante à Istanbul, détaille les intentions affichées du gouvernement turc : « faire en sorte d’éviter que la Turquie « ne perde son contact géographique avec le monde arabe ». Bizarre… En fait, la principale crainte des Turcs est de voir la région d’Afrine et celle de Kobané former une continuité territoriale pour achever le « corridor » qui permettrait aux Kurdes de « gagner la Méditerranée ».

      Et puis il s’agirait aussi « de favoriser le retour chez eux de trois millions de réfugiés syriens ». Mais la région d’Afrine héberge déjà 800 000 personnes, dont beaucoup de déplacés venus des autres régions de Syrie.

      Si le gouvernement syrien s’est offusqué de l’intervention, menaçant d’abattre les avions turcs sur son territoire, son allié russe semble s’en accommoder à seule fin de préserver le « Congrès pour le dialogue national syrien », les 29 et 30 janvier à Sotchi. « Erdogan semble dire à Poutine, donne-moi Afrine et je te rends Idlib », avance un diplomate. La lutte d’influence et d’intérêts contradictoires des puissances étrangères se poursuit donc sur le territoire syrien, au détriment des populations.

      En Turquie, où le chef de l’Etat a mis en garde le principal parti pro-kurde, dont les leaders sont en prison, contre toute tentative d’organiser des manifestations d’opposition à cette offensive, ce parti était le seul à appeler à manifester à Istanbul et à Diyarbakir. Hier après-midi, sur la rive asiatique du Bosphore, les forces de police étaient plus nombreuses que les manifestants.

    • Zeytin Dalı harekatı nedir? Zeytin Dalı’nın anlamı ne? - Son Dakika Haberler
      http://www.hurriyet.com.tr/zeytin-dalinin-ve-72-ucagin-anlami-40716884

      Zeytin Dalı harekatı nedir? Zeytin Dalı’nın anlamı ne?

      Peki operasyona neden Zeytin Dalı adı veridi? Hürriyet muhabiri Uğur Ergan’ın verdiği bilgiye göre Zeytin Dalı’nın hem bölgenin zeytin ağaçlarıyla kaplı olması hem de barışı temsil etmesi nedeniyle kullanıldığı bildirildi.

    • Syrie : l’armée turque poursuit son offensive dans l’enclave kurde d’Afrin
      http://www.lemonde.fr/syrie/article/2018/01/21/syrie-l-armee-turque-est-entree-dans-l-enclave-kurde-d-afrin_5244812_1618247

      Le premier ministre, Binali Yildirim, a indiqué dimanche à la chaîne de télévision Habertürk qu’Ankara cherchait à créer une zone de sécurité d’une profondeur de trente kilomètres en territoire syrien. Il a exigé des médias une couverture exemplaire, selon un vade-mecum en quinze points qui préconise notamment « la vigilance » envers les informations publiées par la presse étrangère critique de la Turquie et dit qu’il faut « montrer que les armes utilisées pour l’opération ont été fabriquées en Turquie ».

    • Comment éviter les #fake_news à Afrin, check-list en 15 points aimablement fournie par le gouvernement turc.

      Yıldırım’dan medyaya 15 maddelik Afrin talimatı
      https://www.evrensel.net/haber/343819/yildirimdan-medyaya-15-maddelik-afrin-talimati

      Başbakan Yıldırım’ın medyaya verdiği 15 maddelik “dikkat edilecekler” listesi şöyle:
       
      • Haber ve yorumlarda bu harekatın tamamen terör örgütlerine yönelik olduğu ve terör örgütlerini etkisiz hale getirmeyi amaçlayıp sivil halkı koruduğunun ön plana çıkarılması
       
      • Yabancı haber kaynaklarının özellikle PKK, PYD, YPG, DEAŞ kaynakları üzerinden Türkiye aleyhine yapacağı haberler konusunda dikkatli olunması
       
      • Uluslararası haber kaynaklarının Türkiye aleyhine yapacağı haberleri yansıtırken Türkiye’nin milli menfaatlerinin gözetilmesi
       
      • Sivillere yönelik saldırı konusunda silahlı kuvvetlerin gösterdiği hassasiyetin hatırlatılması
       
      • TSK’nın Afrin’de yaptığı operasyon sadece PKK/PYD’ye yönelik değil DEAŞ’a yönelik olduğunun da ön plana çıkarılması
       
      • Özellikle görsel medyada sıcak çatışma bölgesine girerek askerlerin can güvenliğinin ateşe atılmaması
       
      • Operasyonun Türkiye’nin yerli ve milli silah üretimi ve kabiliyetiyle olduğunun hatırlatılması
       
      • Mehmetçiğin can güvenliğini tehlikeye sokacak görsellere yer verilmemesi, TSK’nın taktik bilgilerinin paylaşılmaması
       
      • Karşı taraf adına istihbari bilgi içeren detaylara girilmemesi 
       
      • Yurt içinde PKK ve uzantılı siyasi oluşumların Afrin operasyonuna karşı düzenleyeceği eylemler ve açıklamaların ön plana çıkarılmaması
       
      • Olası şehit haberleri verilirken titiz davranılması
       
      • Yabancı basında yapılan operasyon haberlerinin ulusal basına aynen taşınmaması
       
      • Bu operasyona karşı PKK ve PYD’nin TSK’yı ‘işgalci’ gösterme gayreti olduğunu ifade eden Yıldırım, ‘Bilgisi ve tecrübesi olan insanlardan görüş alınabilir’ dedi. Türkiye’ye karşı olumsuz algı yaratacak kişilerden görüş alınmamasını önerdi.
       
      • PKK/PYD’nin moralini yükseltecek haberler yapılmaması
       
      • Operasyon süresince kamuoyunu bilgilendirmek için hem hükümetin hem AKP’nin görevlendirmiş olduğu Bekir Bozdağ ve Mahir Ünal’la her türlü kanaldan temas kurularak basının doğru bilgiye ulaşması gerektiğini vurguladı.

    • Tiens voilà une #vraie_nouvelle vérifiée par les porte-parole du gouvernement et de l’AKP !

      (je la mets aussi à cause du choix judicieux de l’illustration…)

      Le PKK / PYD a l’intention d’utiliser les civils d’Afrin comme boucliers humains lors de l’opération turque à Afrin - Red’Action
      https://www.redaction.media/articles/pkk-pyd-a-lintention-dutiliser-civils-dafrin-boucliers-humains-lors-de-

      La branche syrienne de l’organisation terroriste PKK, le Parti de l’Union démocratique (PYD), empêche les civils de quitter le district syrien d’Afrin.

      En propageant la propagande selon laquelle la Turquie fait du tort au peuple kurde de la région, le PKK / PYD envisage d’utiliser les habitants d’Afrin comme boucliers humains.