Dans leur activisme en faveur des droits des trans, les « progressistes » se réclamant du néo-libéralisme contribuent en fait au démantèlement de mesures de protection fondées sur l’identité sexuelle pour lesquelles se sont battues plusieurs générations précédentes de féministes.
Lorsque j’ai commencé à militer à la fin des années quatre-vingt-dix, cela m’a rendue aussi à la mode que les jeunes amateurs de Dongeons et Dragons, mais avec moins d’amis (et une vulve). Je me suis fait les dents sur la scène politique en distribuant avec enthousiasme des tracts qui alertaient les gens au fanatisme du British National Party avec la juste ferveur d’une adolescente marxiste. À ce titre, j’ai été assez surprise de me retrouver, une demi-vie plus tard, qualifiée à plusieurs reprises de « fasciste ».
Il semble que ce qui me fait ressembler, comme les autres féministes qui pensent comme moi, à des gens comme Mussolini, Hitler et Franco, c’est notre choix de prioriser les droits des femmes et des filles. Et cette critique ne vient pas seulement de la gauche – on voit même des personnes aussi ancrées dans le ventre de l’establishment que Maria Miller, présidente de la Commission parlementaire sur les femmes et les égalités, persifler nos préoccupations en cherchant à nous discréditer comme de « prétendues féministes ».
L’enjeu qui nous attire de telles calomnies, aussi bien de la gauche que de la droite, est celui de l’identité de genre. À ce stade, je devrais m’excuser auprès de mes collègues libéraux dont l’indignation risque d’asperger d’hummus leurs iPhones, mais je ne fais pas grand cas du sentiment d’identité interne d’un individu. Je ne veux pas provoquer de désagrément excessif, et j’utiliserai les pronoms et les noms que choisissent les gens, mais au final, s’il existe une disjonction entre la façon dont un individu se sent et son apparence personnelle, c’est à lui ou elle de piloter ce navire.
Au Royaume-Uni, la première enquête lancée par la Commission sur les femmes et les égalités, dès son lancement en 2015, fur une « Enquête sur l’égalité des transgenres ». L’une de ses recommandations fut la mise à jour de l’Equality Act britannique (2010) pour remplacer la notion de « réaffectation de genre » par une caractéristique protégée contre toute discrimination, « l’identité de genre ».