• Industrialisation des violences sexuelles

    au moins 276 sportifs victimes de l’omerta
    Une vaste enquête journalistique pointe la « faillite de tout un système ». La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, est elle-même épinglée pour ne pas avoir lancé d’enquête administrative dans son club de natation, à Clamart, où un entraîneur est accusé d’agression sexuelle.

    http://www.leparisien.fr/sports/pedophilie-au-moins-276-sportifs-victimes-de-l-omerta-11-12-2019-8215608.

    En novembre 2017, en pleine vague #MeeToo, l’ex-championne olympique d’escrime Laura Flessel, alors ministre des sports, osait même déclarer : « Il n’y a pas d’omerta dans le sport. »

    https://www.mediapart.fr/journal/france/111219/pedophilie-dans-le-sport-des-defaillances-repetition-des-centaines-de-vict
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    Chirurgien pédophile de Jonzac : 250 potentielles victimes identifiées, 184 plaintes déjà déposées
    L’enquête concernant Joël Le Scouarnec, chirurgien digestif, révèle une affaire hors-norme avec 250 potentielles victimes de faits non prescrits qui sont aujourd’hui identifiées.

    http://www.leparisien.fr/faits-divers/chirurgien-pedophile-de-jonzac-250-potentielles-victimes-identifiees-184-

    La Cour des comptes étrille la gestion des plaintes sexuelles par l’Ordre des médecins
    Dans un rapport publié ce lundi, la Cour des comptes dénonce la complaisance de l’Ordre à l’égard de praticiens soupçonnés d’agressions sexuelles et critique aussi le manque de rigueur financière. L’Ordre conteste en bloc.

    http://www.leparisien.fr/economie/la-cour-des-comptes-etrille-la-gestion-des-plaintes-sexuelles-par-l-ordre

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    Le haut-fonctionnaire urophile et voyeur a aussi sévi à Strasbourg
    Il administrait un diurétique aux jeunes femmes qu’il recevait en entretien et les poussait à uriner devant lui. Marie, l’une de ses 200 victimes, raconte.

    https://www.lepoint.fr/societe/urophile-et-voyeur-le-drh-de-la-culture-a-aussi-sevi-a-strasbourg-18-11-2019

    Au ministère, tout le monde semblait connaître à Christian N. des penchants déviants, mais seules les photos clandestines semblaient être de notoriété publique. « On m’avait dit que c’était un dragueur et un coureur, explique une autre victime, ancienne employée du ministère. Visiblement, l’histoire des photos, ça se savait. » « Tout le monde m’a demandé si j’avais déjà rencontré le photographe, explique une autre. On m’a dit qu’il prenait en photo les jambes des femmes à leur insu à la cantine. On m’a dit de m’en méfier car c’était un vrai pervers. » Vendredi, le ministre de la Culture a réagi sur Europe 1. « C’est une affaire complètement folle d’un pervers », a déclaré Franck Riester, précisant être « atterré ». Le ministre, en fonction depuis octobre 2018, a rappelé le besoin d’« accompagner » les victimes.

    Plusieurs victimes racontent au quotidien avoir signalé le comportement de Christian N., parfois même à la justice , réticente à accorder du crédit à la plainte visant ce haut fonctionnaire.

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    Dans l’église catholique on industrialise aussi

    En raison d’un code du silence imposé à tous les membres du clergé sous peine d’excommunication, les cas d’abus sexuel sur enfants n’ont guère été rapportés aux autorités chargées de l’application de la loi dans les pays où ces crimes ont eu lieu. Au contraire, des cas de religieuses et de prêtres rejetés, rétrogradés ou renvoyés pour n’avoir pas respecté l’obligation de silence ont été rapportés au Comité, ainsi que des cas de prêtres ayant été félicités pour avoir refusé de dénoncer des abuseurs d’enfants , comme illustré dans la lettre adressée par le Cardinal Castrillon Hojos à l’évêque Pierre Pican330 en 2001 ; »« e) Non seulement le signalement aux autorités nationales chargées de l’application de la loi n’a jamais été rendu obligatoire, mais il a été explicitement rejeté dans une lettre officielle adressée aux membres de la Conférence Épiscopale Irlandaise par l’évêque Moreno et le Nonce apostolique Storero en 1997. Dans de nombreuses affaires, les autorités ecclésiastiques, y compris aux plus hauts niveaux du Saint-Siège, ont fait montre de réticence, et dans certains cas ont refusé de coopérer avec les autorités judiciaires et les commissions nationales d’enquête. »

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    Dans le détail, ce sont les condamnations pour viol qui ont le plus chuté, de près de 40%. Alors que 1 652 personnes ont été condamnées pour ce motif en 2007 par une cour d’assises, ce chiffre est passé à 1 003 en 2017. Même chose pour les viols aggravés : le nombre de peines est passé de 1 350 à 851 durant la même période.

    « On pourrait voir dans cette diminution des condamnations pour viol l’effet d’une augmentation des correctionnalisations qui conduiraient à ne renvoyer aux assises que les cas pour lesquels on attend une plus lourde sanction » notent les statisticiens du ministère. Ils font ainsi référence à la requalification par la justice de cas de viol, passible d’êter jugé par une cour d’assises, en agression sexuelle, un délit jugé par un tribunal correctionnel.
    Neuf ans et demi de prison en moyenne

    Mais cette tendance à la baisse des condamnations pour viol ne semble pas être le fait des requalifications, car les condamnations pour agressions sexuelles, ont, elles aussi, baissé. Les tribunaux correctionnels ont ainsi condamné 4 602 personnes pour ce délit en 2016, contre 5 868 en 2007. Les atteintes sexuelles sur mineur, qui concernent une minorité des condamnations, ont également connu une baisse de 23,7% sur la même période.

    https://www.francetvinfo.fr/societe/harcelement-sexuel/les-condamnations-pour-viol-ont-chute-de-40-en-dix-ans_2940491.html

    #violophilie #déni #pedocriminalité #viol #culture_du_viol #omerta #justice #injustice

    • Aujourd’hui âgé de 74 ans, Bernard Preynat a confirmé l’ampleur vertigineuse des agressions commises quand il était en poste à Sainte-Foy-lès-Lyon entre 1972 et 1991 , estimant qu’il avait fait subir des attouchements à un enfant « presque chaque week-end » pendant vingt ans . Lors des camps scouts, organisés notamment pendant les vacances scolaires, « ça pouvait être quatre ou cinq enfants en une semaine … », a-t-il précisé.

      Des déclarations qui laissent envisager l’existence de centaines de victimes . Une estimation bien plus lourde que celle de l’association La Parole libérée, qui en a recensé près de soixante-dix .

      https://www.mediapart.fr/journal/france/140120/proces-preynat-ce-qu-fait-la-c-est-une-therapie-familiale

    • L’ex-chirurgien Joël Le Scouarnec mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur 312 personnes
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/10/15/l-ex-chirurgien-joel-le-scouarnec-mis-en-examen-pour-viols-et-agressions-sex

      Le procureur de la République de Lorient, Stéphane Kellenberger, a annoncé, jeudi 15 octobre, la mise en examen du chirurgien Joël Le Scouarnec pour viols et agressions sexuelles concernant 312 victimes, principalement mineures.

      M. Le Scouarnec a été « mis en examen, pour ces 312 faits, commis sur autant de personnes, mineures et majeures », a déclaré lors d’une conférence de presse le procureur, après avoir détaillé les différents éléments de la procédure. Il s’agit de faits commis entre 1986 et 2014 par l’ex-chirurgien dans plusieurs établissements en France. Une information judiciaire a été ouverte notamment pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans sur cette période.

      Le procureur a également annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire contre X du « chef d’abstention volontaire d’empêcher des crimes ou délits contre l’intégrité physique » afin de déterminer si des tiers auraient pu être au courant des actions du chirurgien et se seraient abstenus de les dénoncer.
      265 victimes de moins de 15 ans

      Sur les 349 victimes potentielles recensées au départ de cette affaire, 312 ont été retenues. Quelque 26 situations notamment étaient prescrites, pour cinq autres les faits sont apparus « impossible à suffisamment caractériser », a expliqué le procureur. Sur les 312 victimes retenues, 164 sont de sexe masculin, 148 de sexe féminin. 298 ont moins de 20 ans, dont 265 moins de 15 ans, a détaillé le procureur.

      Joël Le Scouarnec a été extrait de la prison de Saintes mardi matin pour être placé en garde à vue à Lorient dans le cadre de cette affaire. Il doit comparaître à partir du 30 novembre devant la cour d’assises de la Charente-Maritime pour d’autres faits qui lui sont reprochés.

      Le parquet de Lorient est saisi depuis novembre 2019 de l’affaire Le Scouarnec dans le cadre de l’enquête préliminaire, en raison de la localisation en Bretagne d’une majorité de faits, à l’époque de leur commission.

      Mystérieux carnets

      Durant les investigations, confiées en cosaisine à la section de recherches de la gendarmerie de Poitiers et au groupement de gendarmerie départementale du Morbihan, les enquêteurs ont procédé à « plus de 300 auditions de victimes, identifiables et identifiées », précise, dans un communiqué, M. Kellenberger.
      Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’ex-chirurgien accusé de viols sur mineurs, la plus grande affaire de pédophilie en France

      En décembre 2019, le nombre de victimes potentielles de Joël Le Scouarnec, suspecté de viols et agressions sexuelles sur des patients mineurs durant près de trente ans de carrière, s’élevait à 349, selon l’ex-procureure de Lorient Laureline Peyrefitte.

      Ces faits, qu’il reconnaît partiellement, remontent aux années 1989 à 2017. Durant cette période, le chirurgien a travaillé en Touraine, à Loches (Indre-et-Loire), en Bretagne, à Vannes et Lorient (Morbihan) et en Charente-Maritime, à l’hôpital de Jonzac, lieu de son dernier domicile. En 2017, les enquêteurs avaient découvert à son domicile de mystérieux carnets comprenant des noms d’enfants.

  • Violences conjugales : pourquoi la levée du secret médical est « dangereuse » - Le Point
    https://www.lepoint.fr/societe/violences-conjugales-pourquoi-la-levee-du-secret-medical-est-dangereuse-27-1

    Bruno Py rappelle qu’« il n’y a pas de médecine possible sans confiance, pas de confiance sans confidence et pas de confidence sans secret », selon la formule du Pr Louis Portes, président du Conseil national de l’ordre des médecins sous Vichy – il le demeurera jusqu’en 1950. « Si Hippocrate et les siens ont inventé le secret il y a près de 2 500 ans, ce n’est ni pour embêter leurs confrères ni pour leur donner un quelconque pouvoir. Le secret médical a régulièrement été attaqué, au nom de la sûreté et de l’ordre public, mais, sans lui, il n’y a pas de médecine possible », insiste le professeur.

    #secret_médical

    Parce que la défense des plus faibles masque bien souvent une destruction des #droits_fondamentaux. Et parce que tant qu’une prise en charge digne de ce nom des femmes violentées ne sera pas mise en place, faire des médecins des auxiliaires de police est démagogique, liberticide et criminel.

    • Je me doute que Macron-schiappa ont fait de la merde, mais pour les signalements de maltraitances sur mineurs les medecins ne respectent pas la loi et cela depuis longtemps :

      Signalement des maltraitances sur mineurs en France
      Que dit la loi ?

      Pour les professionnels, assistantes sociales, éducateurs, médecins, instituteurs, le principe du secret professionnel est défini par les articles 226-13 et 226-14 du code pénal pour les assistantes sociales, les autres travailleurs sociaux sont tenus a une discrétion professionnelle. Cependant les personnes astreintes au secret professionnel doivent toujours faire part des mauvais traitements à l’égard des mineurs1. La révélation du secret dans ce cas est possible (article 226-14 du code pénal).
      Dans tous les cas, toute personne ayant connaissance de l’existence d’un enfant en danger ou en risque de l’être doit aviser les autorités médicales, judiciaires ou administratives. Ne pas le faire serait tomber sous la coupe de la non-dénonciation de mauvais traitements infligés à un mineur (article 434-3 du code pénal).

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Signalement_des_maltraitances_sur_mineurs_en_France

      Les medecins ne font que 2 à 5% des signalements de violences sur mineurs selon les stats de l’ordre des medecins.

      La place et le rôle des médecins face au danger et à la maltraitance Maria Montessori, Janusz Korczak, John Bowlby, cités plus haut, étaient médecins, de même que C. Henry Kempe, auteur en 1962 de l’article médical fondateur sur la clinique de la maltraitance18 et Ambroise Tardieu qui, cent ans plus tôt, avait publié un article tout à fait comparable (Étude médico-légale sur les sévices et mauvais traitements exercés sur des enfants19) mais n’avait été écouté d’aucun membre de la communauté médicale française, notamment parce qu’il osait affirmer que les auteurs de ces terribles forfaits étaient les parents. Ce déni perdure dans la communauté médicale française si on en juge par le fait que seulement 5 % des signalements émanent des médecins20. Pourtant, si l’école accueille tous les enfants à partir de l’âge de 2 ans ½ - 3 ans, avant cet âge, hors du cercle familial et des amis, seuls les médecins sont amenés à les voir. En effet, le système de santé les prend en charge dès la naissance, au titre de la prévention (vaccinations, surveillance du développement psychomoteur et de la croissance) et de nombreux médecins sont concernés (médecins de Protection maternelle et infantile [PMI], hospitaliers, pédiatres et généralistes libéraux). Par ailleurs tous les enfants maltraités passent un jour ou l’autre par le système de santé (notamment le cabinet du généraliste ou du pédiatre et les urgences hospitalières) ou peuvent être repérés dans le cadre de consultations de prévention (PMI, Santé scolaire). De nombreuses disciplines sont concernées à des degrés divers (médecine générale, pédiatrie, urgences, pédopsychiatrie, psychiatrie, gynéco-obstétrique, chirurgie, médecine légale, voir d’autres telles que l’ORL, la stomatologie ou l’ophtalmologie) et pour des tâches diverses à tout les stades du processus du danger et de la maltraitance, depuis le dépistage des facteurs de risque jusqu’au suivi des enfants placés et à l’expertise des enfants décédés. Il existe de nombreux écrits concernant l’attitude du corps médical face au danger et à la maltraitance, notant notamment leur insuffisante formation sur le développement normal et pathologique du petit enfant et sur la clinique de la violence ainsi que leur réticence à collaborer avec les autres secteurs professionnels (social, judiciaire, éducatif) et à signaler, surtout dans leur propre classe sociale. La véritable hantise d’engager sa responsabilité personnelle ressort particulièrement bien du rapport remis à Marie Derain, défenseure des enfants, sur « l’affaire Marina »21. La formation Tous les professionnels concernés par la santé, l’éducation et la protection des jeunes enfants reçoivent une formation spécialisée sur l’abord du danger et de la maltraitance. Toutefois cette formation est souvent insuffisante et en tout cas ne favorise pas le décloisonnement entre secteurs, ce qui ressort massivement du rapport Marina. Il faut donc envisager des formations pluri professionnelles. Et il faut mener en parallèle des activités d’information pour le public mais aussi pour les professionnels. En effet, trop souvent, parents, professionnels, pouvoirs publics ignorent ou méconnaissent les droits de l’enfant. Parfois même, ils considèrent ces droits comme anecdotiques ou excessifs (« les enfants ont trop de droits »). Pourtant les droits de l’enfant actés dans la CIDE constituent un socle que tout un chacun devrait connaître, autant que les droits de l’homme. Cette réflexion est menée dans un contexte de sérieuse ignorance de l’ampleur du problème.

      https://www.inserm.fr/sites/default/files/2017-11/Inserm_RapportThematique_MaltraitanceEnfants_RapportComplet_2014.pdf
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      L’association ALMA a constaté que très peu de signalements sont effectués par les médecins. Sur 10 000 dossiers traités ces dernières années, il n’y en a pas 10 qui proviennent du signalement d’un médecin . Ce reproche d’indifférence adressé aux médecins concerne toutes les maltraitances, qu’elles visent les enfants, les personnes âgées, les handicapés mentaux ou les femmes victimes de violences conjugales. Certains d’entre eux se retrouvent pourtant accusés pour avoir voulu aider l’une de ces victimes sans respecter les formes légales prévues. Entre le devoir de porter secours et le respect de la confidentialité, la voie est étroite.

      https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/044000405.pdf

      Quand les medecin·es font des signalements illes semblent avoir des problèmes :
      https://www.lemonde.fr/archives/article/2000/10/05/l-ordre-des-medecins-saisi-apres-un-signalement-d-eventuels-sevices-sexuels_

      #omerta #déni #complicité

    • On retrouve le même raisonnement sur l’idée de retirer l’exercice de l’autorité parentale : le droit existe ; appliquons-le et interrogeons-nous déjà sur les blocages à son application.

      On restituera intégralement l’article 223-6 durcit en 2018 s’agissant de victimes mineures :

      « Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne s’abstient volontairement de le faire est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.

      Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours.

      Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende lorsque le crime ou le délit contre l’intégrité corporelle de la personne mentionnée au premier alinéa est commis sur un mineur de quinze ans ou lorsque la personne en péril mentionnée au deuxième alinéa est un mineur de quinze ans. »

      Le mot essentiel est ici quiconque , sous-entendu tenu ou non au secret professionnel. On est hors la question du secret prpfessipnnel

      Ce texte n’oblige pas à parler, mais à agir : il oblige à faire la preuve qu’ayant conscience du péril dans lequel se trouvait la personne, on n’aura pas fait le nécessaire à son niveau pour tenter d’éviter que cette situation se cristallise ou la faire cesser. A noter qu’on est sur obligation de moyens, pas de résultat : la démarche peut échouer. La loi consacre un devoir d’ingérence. A l’intéressé de faire le choix des moyens retenus selon les circonstances et l’analyse qu’il en fait : parler ou agir ; en tout cas, ayant posé un diagnostic inquiet, il ne peut rester indifférent. La sanction de l’inaction sera d’autant plus sévère pour le professionnel dont on pouvait penser qu’il savait comment agir ou qui prévenir.

      On observera que pour le législateur l’intégrité de la personne est une valeur plus importante que le respect de sa vie privée : il en vaut 5 ans – 7 pour un enfant victime – de ne pas avoir fait le nécessaire pour protéger une personne quand la violation du secret « vaut » 1 an ! L’orientation donnée par le législateur est claire.

      Faut-il aller jusqu’à leur imposer une obligation parler comme celle de l’article 434-1 CP dont ils sont dispensés ?

      « Le fait, pour quiconque ayant connaissance d’un crime dont il est encore possible de prévenir ou de limiter les effets, ou dont les auteurs sont susceptibles de commettre de nouveaux crimes qui pourraient être empêchés, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

      En l’état sont exceptés des dispositions qui précèdent, sauf en ce qui concerne les crimes commis sur les mineurs :

      1° Les parents en ligne directe et leurs conjoints, ainsi que les frères et sœurs et leurs conjoints, de l’auteur ou du complice du crime ;

      2° Le conjoint de l’auteur ou du complice du crime, ou la personne qui vit notoirement en situation maritale avec lui.

      Mais également (dernier alinéa) les personnes astreintes au secret dans les conditions prévues par l’article 226-13 quitte (conf. supra) , et la remarque est essentielle, tout médecin qu’ils soient à agir s’il y a risque de reitération.

      La question est posée régulièrement pour les enfants victimes. Le législateur – proposition de la sénatrice Giudicelli de 2016 – a fini par y renoncer en 2018 avec la crainte que les médecins n’aient plus à se poser la question dès lors qu’ils ne seraient plus mobilisés pour apporter des secours à l’enfant victime. On a fini par affirmer que les médecins qui signaleraient ne risqueraient pas de poursuite pour dénonciation calomnieuse. Cela était déjà évident, mais en l’écrivant on entendait rassérénés les médecins et les travailleurs sociaux. Ce tour de passe-passe a camouflé le fait qu’on ne changeait pas la loi come inégalement souhaité.

      En vérité c’est moins la loi qu’il faut modifier que les mentalités et déjà la connaissance de la loi chez les professionnels et leurs formateurs. Il faut avoir confiance dans la capacité des professionnels de la médecine à gérer les situations de danger quitte à les mieux sensibiliser et former pour évaluer et mobiliser les compétences locales. Plus ils auront une culture générale du dispositif de protection des femmes violentées – ou des enfants en danger- , mieux ils connaitront les termes du dispositif territorial dans lesquels ils interviendront , mieux ils pourront apprécier s’il faut parler ou dérouler leur action. Etant observé, c’est le fruit de l’histoire, que personne seul ne peut prétendre résoudre à elle-même ces situations aussi délicates sur le plan psychologique et douloureuses. Et que les violences infligées par un homme sur sa compagne sont quasiment appelées à se renouveler si rien n’interfère : le respect a disparu et autorise tout chez l’auteur.

      On peut être plus précis sur les violences notamment psychologiques et morales visées mais on n’ira guère plus loin. On devrait privilégier un module de formation initiale ou complémentaire qu’une nouvelle loi.

      On retiendra que rien n’empêche légalement le médecin confronté à une situation de femme maltraitée d’alerter que celle-ci le veuille ou pas notamment si elle est en état de sidération ou d’emprise et incapable d’assurer sa survie.

      https://www.lemonde.fr/blog/jprosen/2019/11/24/violences-faites-aux-femmes-et-aux-enfants-interrogations-sur-les-innovation

    • Autre situation qui me semble se téléscopé avec cette prétendu levé du secret médical :

      Faute de places disponibles en psychiatrie infanto-juvénile, la CGLPL pointe également la gravité de l’hospitalisation des mineurs en service adultes, malgré la prise en charge de qualité par l’unité mobile pour adolescents hospitalisés. Des mineurs de plus de seize ans, mais parfois des enfants dès douze ans, sont hospitalisés au milieu de patients adultes, ce qui accroît leur vulnérabilité. « Des incidents graves sont rapportés au sein des unités d’hospitalisation pour adultes, dont des adolescents seraient victimes, constitués de propos et gestes violents de la part de patients adultes, parfois de nature sexuelle, parfois relatifs à la consommation de produits stupéfiants, sans traçabilité ni suivi satisfaisants. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/251119/psychiatrie-adeline-hazan-etrille-le-centre-hospitalier-du-rouvray

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      Centre hospitalier du Rouvray : la triste routine des violences sexuelles sur mineurs

      Alors que la colère gronde de nouveau au centre hospitalier du Rouvray, la problématique de l’hospitalisation des mineurs reste en souffrance. Elle figure (toujours) en bonne place dans les revendications syndicales qui réclament, sans succès, un service dédié aux adolescents. Mélangés aux adultes, plusieurs mineurs hospitalisés ont subi, ces dernières années, des agressions sexuelles et même un viol. En partenariat avec le CHU, la direction annonce la création d’un nouveau dispositif. L’agence régionale de santé, qui tient les cordons de la bourse, n’a pas encore pris d’engagement ferme.

      Par Manuel SANSON | 24 Sep 2019

      https://www.lepoulpe.info/centre-hospitalier-du-rouvray-la-triste-routine-des-violences-sexuelles-s
      #paywall #violences_médicales

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    • Merci @mad_meg pour ces retours. Assurer le bien être des enfants est vraiment un sujet important qui n’intéresse pas grand monde malgré la situation absolument catastrophique, tant au niveau des violences subies que des conditions de prise en charge et de protection.

      Pourtant, en France, un enfant est tué tous les 5 jours par ses parents ou ses proches. Quid des survivant·es et dans quelles conditions ?

      Les mécanismes de déni sont à l’œuvre et restent soutenus par cette politique démagogique qui médiatiquement fait croire qu’elle agit alors qu’elle retire tous moyens financiers aux centres de soins, aux associations comme aux observatoires. Mais aussi par une politique génératrice de violence qui accroit la misère et la stigmatisation des plus faibles.

      J’ai aussi des questions en suspens sur le fait d’appliquer aux femmes qui ont été violentées une sorte de statut de mineur·es. Il y a urgence à agir pour les plus fragiles. Est-ce que ce biais régalien et de nouveau légaliste, alors que les lois existent déjà comme tu le relèves, n’est pas une façon de masquer le manque d’ambition des changements nécessaires comme la réduction drastique des financements cités plus haut ?
      #mousse_politique

    • C’est pire que ca, le gouv instrumentalise les violences faites aux enfants et aux femmes pour faire passer ses pires biteries. Ce qui l’interesse c’est de se servir de ces violences faites aux femmes et aux enfants pour faire passer des mesures d’économie, des mesures de renforcement du pouvoir patriarcale.
      Ainsi le grenelle du foutage de gueule fait aux femmes fera qu’on inscrit dans la loi que l’autorité parentale est déchue pour les pères auteurs de féminicides. Mais la loi le permettait déjà et même avant que le féminicide sois commis ! maintenant tu pourra déchoir l’autorité des pères seulement en cas d’homicide réussi (car en cas de tentative je présume que ca ne sera plus assez et qu’on laissera la chance de recommencé)

      Par exemple la réforme de l’age de la majorité sexuelle n’as pas permis de protégé les enfants du tout.
      ca à permis
      – de faire baisser l’age du consentement sexuel à 4 ans -
      – de crée une correctionnalisation des viols à travers un tribunal spécial au rabais pour sous citoyennes.

      Pour l’instant leur grenelle pro violences faites aux femmes ca permet :
      – de flatter les racistes, en ressortant la double peine
      – de prétendre coller un flic dans chaque rame de métro pour prévenir les agressions sexistes - projet débile et irréalisable du candidat marcheur blanc pour les municipales parisiennes.
      – de détruire le secret médicale car ca sera l’occasion de vendre des infos et on sais que chez les marcheurs tout est à vendre https://seenthis.net/messages/813090
      – de faire diversion pendant que les réformes qui précipitent encor plus les enfants et les femmes dans la misère - réforme retraites, santé, éducation, administration ciblent avant tout les femmes.

  • Comment l’Etat français recrute les femmes au ministère de la culture -
    https://www.liberation.fr/france/2019/11/07/au-ministere-de-la-culture-les-entretiens-pervers-d-un-haut-fonctionnaire

    « J’ai uriné par terre, quasiment à ses pieds. J’étais humiliée et honteuse » : Claire (1) est l’ une des dizaines de femmes ayant passé un entretien d’embauche au ministère de la Culture avec Christian N., haut fonctionnaire du ministère de la Culture. Comme toutes celles qui ont subi ses agissements et que Libération a retrouvées, une question la hante : « Comment a-t-il pu faire autant de victimes, sans jamais être découvert ? » Dans cette affaire, les chiffres donnent le vertige. Entre 2009 et 2018, plus de 200 femmes - selon une liste qu’il a rédigée lui-même - ont été photographiées et/ou intoxiquées aux diurétiques, à leur insu, au ministère de la Culture puis à la direction régionale des affaires culturelles (Drac) de la région Grand Est. Elles l’ont toutes été par l’ancien sous-directeur des politiques de ressources humaines au siège du ministère, situé rue de Valois, à Paris. Son but : les pousser à perdre le contrôle et à uriner devant lui.

    #travail #femmes #recrutement #emploi #violences_sexuelles #toilettes #empoisonnement #metoo

    A l’époque, la police, aussi, va refuser de s’intéresser à la situation. En 2015, Marie a tenté de porter plainte quelques semaines après son entretien avec Christian N. Sans savoir alors précisément quoi, la jeune femme est persuadée que quelque chose d’anormal s’est produit lors de la rencontre. Las. Dans un commissariat parisien, elle est éconduite : « Ils ne m’ont pas du tout prise au sérieux. Ils m’ont dit que c’était quelqu’un de haut placé et qu’on ne pouvait pas porter plainte comme ça. » Cette situation perdurera même après la révélation de l’affaire. En mai dernier, le Canard enchaîné publie le témoignage d’une victime sous le titre : « Le parquet saisi d’une histoire à se pisser dessus ». Choquées par cette formulation, plusieurs victimes se reconnaissent néanmoins dans les faits relatés par l’hebdomadaire et décident d’aller porter plainte. Claire a dû convaincre les policiers : « Ils minimisaient en disant que je n’allais pas porter plainte ou déposer une main courante pour avoir fait pipi. J’ai dû leur montrer l’article du Canard enchaîné pour qu’ils me reçoivent. »

    Face à ces difficultés et à l’impossibilité d’obtenir le soutien du ministère, Alizée s’est tournée vers Marlène Schiappa. En juin, la jeune femme l’interpelle sur Twitter. Le compte de soutien à la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, « Avec_Marlene », lui répond. Derrière ce pseudo, il y a une conseillère du cabinet (2). Dans un échange de textos que Libération a pu consulter, cette dernière promet à Alizée de l’aider en la mettant en lien avec Agnès Saal, haute fonctionnaire chargée de l’égalité et de la diversité au ministère de la Culture. Contactée par Libération, la conseillère n’a pas donné suite. « Depuis, elle ne m’a jamais recontactée. J’ai relancé le cabinet de Marlène Schiappa début juillet, mais ils ne me répondent plus du tout, regrette Alizée. Moi, je suis suivie psychologiquement, mais pour toutes les autres victimes, on fait quoi ? »

    #police #injustice #déni #omerta

    Le titre de cet article existe en plusieurs versions.
    Sur le papier « un sérial voyeur au ministère de la culture » #euphémisme
    Sur la version web « Au ministère de la Culture, les entretiens pervers d’un haut fonctionnaire ». #pornification
    #ligue_du_lol #male_gaze

    • « Ils m’ont dit que c’était quelqu’un de haut placé et qu’on ne pouvait pas porter plainte »

      Ca me rappel une remarque qu’a glissé Costa-Gavras interrogé sur Médiaprat à propos de #metoo et du cas de Adèle Haenel. Costa-Gavras a marmonné à un moment qu’on pouvait croire Adèle Haenel parceque c’était une jeune femme qui avait un césar. Même phénomène lorsqu’on a parlé de #MeToo au moment ou des star s’en sont emparées. Le tag existait bien avant, inventé par Tarana Burke en 2007 pour dénoncer les violences sexuelles, notamment à l’encontre des minorités visibles (et invisibiles médiatiquement). On limite toujours le phénomène au secteur du cinéma, à la limite c’est parfois un peu étendu au domaine aux arts, mais le lien avec ce qui se passe dans l’emploi n’est pas fait. Adele Haenel et les 200 victimes de Christian N c’est exactement le même problème.

      Costa-Gavras ce qui lui importe c’est qui a le Césare. Heureusement l’agresseur d’Adèle Haenel n’as pas de césare ni palme d’or. Il n’est pas Luc Besson alors on se fait une bonne conscience en se déchainant sur lui. Adèle Haenel fait versé de grosses larmes aux crocodiles mais les victimes de Besson laissent de glace, tout comme les minorités visibles qui utilisent #metoo depuis 2007. D’ailleurs Costa-Gavras et les medias mainstream font comme si Adèle Haenel était la première à parler en France.

      Ce matin je retrouve Marlène Schiappa qui déclare dans Marianne (rapporté par le parisien) ;

      "« Nous allons désormais expulser les citoyens étrangers condamnés pour violences sexistes ou sexuelles », a-t-il clamé auprès du magazine.

      « Ces violences ne sont excusables en aucun cas, y compris lorsqu’elles se produisent chez des populations en difficulté », souligne la ministre, qui avoue que sa proposition a suscité des débats en interne. Elle a pourtant été retenue lors du comité interministériel sur l’immigration piloté par Édouard Philippe.

      http://www.leparisien.fr/politique/tolerance-zero-schiappa-veut-faire-expulser-les-etrangers-condamnes-pour-

      (au passage je croi pas que Schiappa soit ministre et « a-t-il déclaré » est une coquille)
      –—
      Ce que je comprend c’est que c’est pas la violence le problème, en fait Schiappa s’en fiche des victimes de Christian N ou de Besson, ce qui compte c’est le niveau de hiérarchie de qui l’exerce et qui la subit. C’est un peu une évidence mais ca me frappe ces derniers jours.

      Peut être parceque cette semaine j’écoutais un cours sur le talent pendant que je dessine, pour essayé de comprendre pourquoi les discriminé·es en seraient autant dénué·es pour qu’on les voient et les entendent si peu.
      https://www.college-de-france.fr/site/pierre-michel-menger/course-2016-2017.htm
      Pierre-Michel Menger parle de la parabole des talents qui serait à la base de l’idée de mérite en occident.

      Évangile selon Matthieu, chapitre 25, versets 14 à 30 :

      D’après la traduction officielle liturgique de la Bible (source wikipédia).

      « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.” Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” »

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Parabole_des_talents#Texte_de_la_parabole_des_talents

      Alors si tu as 10 talents comme Polansky, le maitre te donnera tout, mais si tu as un seul talent comme une personne immigrée racisée, Jupiter et Schiappa en bons chrétiens, te jetterons dans les ténèbres extérieurs, pour y pleurer et grincer des dents, après t’avoir délesté de ton unique talent pour le filer à Polansky.

      #inversion_patriarcale #critique_de_la_valeur #talent #mérite #christianisme #ordolibéralisme

    • Pourquoi dans l’article son nom n’est pas cité en entier ?
      On trouve encore sa photo sur le site du ministère de la culture mais sa page a été supprimée.

    • Un commentaire qui développe les particularités sociales de Adèle Haenel -

      Un des enseignements de l’affaire Haenel, au-delà du décryptage des mécanismes de la violence sexuelle, est de mettre au jour les conditions sociales extrêmement improbables d’une telle prise de parole. Pourquoi le récit d’Adèle Haenel est-il audible/crédible (pour l’instant en tout cas), plus que ceux des autres femmes ayant dénoncé des agresseurs dans le monde du cinéma, y compris depuis l’émergence du mouvement MeToo ?
      –Parce que le rapport de force entre elle et son agresseur s’est inversé, comme elle le dit elle-même. Depuis les faits, elle est montée en puissance, alors que son pouvoir à lui n’a fait que s’amoindrir. Elle ne peut donc être vraiment suspectée de monter de toute pièce cette histoire pour attirer l’attention sur elle, ou pour gagner de l’argent. Elle dispose d’allié.e.s dans le cinéma français (surtout parmi les réalisatrices), et elle peut s’appuyer sur un réseau de soutiens plus étendu que lui. Le fait que tous les témoins cité.e.s dans le papier de Mediapart parlent à visage découvert (en « on »), fait tout à fait exceptionnel comme le souligne la journaliste Marine Turchi, en atteste.
      –Parce qu’elle est belle (et blanche, et conforme aux canons de la féminité bourgeoise), et qu’elle était déjà belle au moment des faits, les photos en attestent : elle échappe donc à la suspicion d’être trop repoussante pour avoir été agressée (contrairement à Nafissatou Diallo, cible de commentaires hallucinants sur son apparence physique, au moment de l’affaire DSK).
      –Parce que, les photos en attestent aussi, elle avait le corps d’une enfant au moment des faits, c’est sûr : on le voit car une dent définitive n’avait pas encore poussé et entravait son sourire enfantin, malgré les longues robes de soirée et le maquillage discret qu’elle portait lors des cocktails autour de la promotion du film. Elle ne peut pas être suspectée d’avoir joué la « Lolita » provocatrice (contrairement à la victime de Roman Polanski, âgée de 13 ans au moment des faits, déjà « formée » et « aguicheuse », comme l’ont répété à l’envi les commentateurs autorisés). Ce d’autant qu’elle est issue d’une famille de classe moyenne supérieure, un milieu dans lequel les normes de la féminité, à cet âge, mettent fortement à distance les marqueurs de la séduction. Cela se voit, aussi, sur les photos.
      –Parce qu’elle est soutenue par une enquête journalistique d’une très grande qualité, précise, rigoureuse, de long cours.
      –Parce que, en plus de son témoignage, des documents viennent fortement conforter son récit (des lettres datant du milieu des années 2000, conservées par Adèle Haenel, dans lesquelles Christophe Ruggia lui déclare l’amour « lourd à porter » qu’il lui a porté au cours des années précédentes – alors qu’elle avait 12-13 ans).
      –Parce qu’elle dispose des ressources intellectuelles et politiques nécessaires pour désingulariser son cas et dénoncer des rapports de force systémiques, en se prémunissant ainsi (pour l’instant…) contre les classiques accusations d’hystérie et de chasse aux sorcières.
      Ce sont des conditions socialement très improbables. Adèle Haenel elle-même dit qu’une des raisons pour lesquelles elle porte ce récit dans l’espace public est qu’elle se sent en position (et en devoir) de parler au non de toutes celles qui ne peuvent être entendues - qu’elles parlent ou pas. Les conditions socialement très improbables de la crédibilité des récits de violence sexuelle par les victimes : voilà ce qu’on doit garder en tête à chaque fois que nous parvient le récit d’une femme qui dit avoir été victime de violences sexuelles, dans le cinéma ou ailleurs.

      https://www.facebook.com/laure.ber.7/posts/10156975786138737

    • Diurétiques : nouvelles victimes et ministère de la Culture aux abonnés absents

      depuis l’enquête de Libération, rien de nouveau n’a été annoncé par le ministère de la Culture. Interrogé vendredi sur Europe 1, le ministre de la Culture, Franck Riester, s’est déclaré atterré par « cette histoire complètement folle ». « La justice va prendre les décisions qui s’imposent », ajoutait-il sans évoquer ni l’ouverture d’une enquête interne ni même la mise en place d’une procédure pour recenser ou aider les victimes. « A aucun moment le ministère ne s’est rapproché de celles qui étaient sur le fameux tableau Excel de Christian N. pour donner une quelconque info, voire un accompagnement », constate aujourd’hui un salarié du ministère qui souhaite rester anonyme. En interne, on dit même « n’avoir jamais vu la couleur de la cellule d’écoute ».

      Ce statu quo a poussé les syndicats à écrire ce mercredi matin à tous les personnels du ministère. Dans ce mail interne, signé par 7 syndicats (dont la CGT, la CFDT et la Snac-FSU), ils demandent d’« en finir avec l’omerta et l’impunité des violences hiérarchiques dans la fonction publique ». Ils dénoncent par ailleurs « une situation systémique au ministère de la Culture […] où la couverture des actes de violence et d’abus de pouvoir est favorisée par un système hiérarchique vertical violent et rigide » et demandent « la protection fonctionnelle pour les victimes de Christian N. », « une enquête ministérielle approfondie » et « le retrait immédiat des labels Egalité et Diversité décernés au ministère de la Culture ».

      https://www.liberation.fr/france/2019/11/13/diuretiques-nouvelles-victimes-et-ministere-de-la-culture-aux-abonnes-abs

  • #MeToo dans le cinéma : l’actrice Adèle Haenel brise un nouveau tabou - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/031119/metoo-dans-le-cinema-l-actrice-adele-haenel-brise-un-nouveau-tabou?onglet=

    3 novembre 2019 Par Marine Turchi

    L’actrice Adèle Haenel accuse le réalisateur Christophe Ruggia d’« attouchements » et de « harcèlement sexuel » lorsqu’elle était âgée de 12 à 15 ans. Son récit est conforté par de nombreux documents et témoignages. Mediapart retrace son long cheminement, de la « prise de parole impossible » au « silence devenu insupportable ». Le cinéaste conteste « catégoriquement » les faits.

    #viol #harcèlement_sexuel #meetoo

  • L’affaire bulgare et Didier Reynders Alexandre Penasse - 25 Octobre 2019 - Kairos
    http://www.kairospresse.be/article/laffaire-bulgare-et-didier-reynders

    Myrianne Coen, conseillère d’ambassade hors-rôle (1), docteur de la Sorbonne, auteure d’articles et d’ouvrages sur le rôle des organisations criminelles dans les relations internationales, a publié trois communiqués de presse cette dernière semaine, qu’elle a envoyés à la rédaction de Kairos. Nous en résumons les principaux éléments dans cet article, tout en apportant des informations supplémentaires.
    En 1996, en poste à Sofia, la diplomate belge Myrianne Coen découvre un vaste réseau de délivrance de #visas touristiques de complaisance. Des mafieux bulgares, avec la complicité de fonctionnaires de l’ambassade, organisent la traite d’êtres humains, le trafic de stupéfiants, d’armes et de viande avariée(1). Myrianne Coen refuse de participer à ce trafic au bénéfice d’organisations criminelles et le dénonce auprès de ses supérieurs et du ministère des Affaires étrangères. Ce dernier préfèrera la fuite et la laissera tomber. Depuis plus de 20 ans, elle résiste à l’omerta dont le peuple européen est la première victime, à des pratiques qui « ont fini par faire éclater des bombes au cœur de Bruxelles ».

    « Les trafics de documents sont le fil rouge de la #criminalité_organisée », déclarait déjà le Sénat en 1999, document qui ne constitue pas un simple bout de papier, aisément falsifiable pour la criminalité organisée : « Dans un pays de l’Union européenne, expliquait Myrianne Coen à l’époque, le nombre de personnes arrêtées venant d’un pays de l’Est double sur une période donnée après l’abolition des visas. Ce qui veut dire que si ce phénomène se vérifiait sur l’ensemble des pays de l’Est, il faudrait en déduire qu’à intensité de répression constante, le régime des visas arrête la moitié de l’activité criminelle ! »(2)
    http://www.kairospresse.be/sites/default/files/styles/article_large/public/field/image/hqdefault_0.jpg?itok=2uBlf7w0
    « Entre 1990 et 1997, la fuite des capitaux en Bulgarie s’est faite par l’entremise des commerçants, ainsi que par la création de bureaux d’architecte, de magasins d’art et l’achat de biens immobiliers en Europe, tous ces acteurs devant bénéficier de #visas. Vers le milieu des années 90, ces capitaux se sont mélangés avec de l’argent du #crime_organisé avant d’être réinjectés dans des institutions bancaires occidentales. (…) Parmi la nébuleuse des bénéficiaires de ces visas, Myrianne Coen a pu identifier des marchands de voitures douteux, de prétendues sociétés de mannequins, des négociants céréaliers véreux, des exportateurs de viandes avariées, des personnes recherchées par la police bulgare, d’autres fichées par la police belge et, enfin, certaines carrément liées à des réseaux mafieux de #prostitution, de main-d’œuvre illégale et de #blanchiment. Et bien d’autres sinistres personnages, dont certains ont obtenu depuis la nationalité belge et ont pignon sur rue à #Bruxelles, #Anvers et ailleurs ! »(3) _

    Le 19 mars 1997, Myrianne Coen est retrouvée inanimée et blessée dans l’ambassade de Belgique à Sofia et ne devra sa vie qu’à un subalterne qui prévient les secours. En vain depuis plus d’un an, elle dénonçait à sa hiérarchie et aux instances judiciaires un #trafic de documents à destination de membres de la #criminalité organisée belgo-bulgare et de leurs victimes. Dans les années qui suivent, de nombreuses autres ambassades seront concernées. Les diplomates qui ne se plient pas à l’#omerta seraient-ils mal venus dans la carrière en Belgique ? On constate en effet que depuis lors, les ministres des Affaires étrangères successifs lui refusent toute carrière diplomatique normale.

    #Didier_Reynders accusé
    Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, qui a été retenu pour la fonction de #Commissaire_européen à la #Justice et à l’État de Droit, est accusé dans cette affaire d’intimidations, de #harcèlement, et d’avoir écarté la diplomate de ses fonctions. Pour 25 ans de carrière diplomatique ravagée, les dommages professionnels, sociaux, financiers, personnels sont évalués à 5 millions €. À la veille de l’audition du candidat Commissaire européen à la Justice et à l’État de Droit devant le #Parlement_européen, la Cour d’appel de Bruxelles accordait 5 000 € de dédommagement à la diplomate : 0,57 centime par jour ! L’instruction judiciaire sur les pratiques dénoncées par #Myrianne_Coen a vu se succéder six juges d’instruction… On sait qu’une procédure typique pour empêcher une enquête d’aboutir est de démanteler régulièrement les équipes pour empêcher d’avancer, casser le moral, placer des personnes plus « conciliantes »…


    Le mutisme de la justice
    L’arrêt civil de la Cour d’appel de #Bruxelles (Chambre 18F) a été déposé « en secret » le 26 septembre 2019 et communiqué le 1er octobre, précisément la veille de l’audition de Didier Reynders devant le Parlement européen pour la fonction de Commissaire européen à la Justice et à l’État de Droit, le 2 octobre. Myrianne Coen, venue spécialement d’Italie à la date prévue du prononcé de l’arrêt, le 19 septembre 2019, voit celui-ci est différer sans motif au 17 octobre 2019… 7820 jours après introduction, le 20 mai 1998, de la demande en dommages et intérêts. L’arrêt a été réécrit entre le 19 septembre et le 26 septembre. Celui-ci a-t-il été écrit par le ministère des Affaires étrangères dès le début, ou révisé par la suite ? Ou alors, l’arrêt n’était pas terminé, notamment en raison de pressions sur les magistrats, qui l’ont dès lors différé d’un mois et ont ensuite été contraints de le signer.

    Notons que Mireille Salmon est la présidente de la chambre 18F, laquelle est impliquée dans le #Fortisgate qui conduira en 2008 à la démission du gouvernement Leterme pour avoir fait pression sur la magistrature dans la procédure judiciaire portant sur la contestation de la vente de #Fortis à #BNP #Paribas. Alors qu’en 2008 Fortis a perdu quasiment 95 % de sa valeur en un an, la banque est démantelée et vend une partie de ses activités à BNP Paribas. Les actionnaires, considérant que cette transaction ne pouvait avoir lieu sans leur aval, saisissent la justice. Après le rejet d’une requête en référé devant le tribunal de commerce demandant le gel du démantèlement, les actionnaires saisissent la 18ème chambre de la cour d’appel, dont le président est Paul Blondeel et les conseillères Christine Schurmans et… Mireille Salmon. Dans le Fortisgate, il semble que l’arrêt soit déjà écrit : « Paul Blondeel, signale au Premier président de la Cour d’appel, Guy Delvoie, qu’il peut informer la Commission bancaire, financière et des assurances (CBFA) quant au contenu d’un arrêt... qui n’existe pas encore. Et, le 9 décembre, des experts avaient déjà été contactés par M. Blondeel pour traiter le cas Fortis. Sans accuser personne - Mme Schurmans ne le fait pas -, cela ouvre des perspectives quant à une fuite vers l’extérieur - vers le monde politique et/ou financier -, comprend-on(4). » Ghislain Londers, premier président de la Cour de cassation, informera par courrier le président de la chambre, #Herman_Van_Rompuy, que le contenu de l’arrêt était déjà connu par le gouvernement le 10 décembre alors qu’il allait être prononcé le 12 décembre 2008… Cela rappelle étrangement l’écriture du réquisitoire et de la transaction pénale du #Kazakhgate par les avocats de la défense, ou l’affaire « Sofia »… Circulez, y’a rien à voir !

    On découvre aussi que Mireille Salmon, qui a signé l’arrêt Fortis, « a échangé des courriels quelques jours avant l’assemblée des actionnaires de Fortis en février avec Lionel Perl, entre-temps devenu administrateur de #Fortis Holding »(5) . Dans des mails découverts lors de l’enquête de la Cour d’appel de Gand, « Lionel Perl demande confirmation à Mireille Salmon qu’un "non" des actionnaires signifie que la vente à BNP Paribas ne se fera pas. Mireille Salmon répond négativement. Juridiquement, la vente pouvait donc se faire, selon le juge qui estimait que les actionnaires devaient pouvoir s’exprimer sur la vente »(6). « Le relevé des contacts téléphoniques entre ces deux personnes indique que les contacts se sont intensifiés de manière très nette à mesure que l’arrêt approchait de sa phase finale. Est-ce uniquement pour préparer les fêtes de fin d’année que ces deux "amis", qui ont très peu de contacts usuellement, multiplient les appels téléphoniques ? Est-ce pour trouver un des "experts" qui sera désigné dans l’arrêt ? Ou est-ce pour "nourrir" l’arrêt du 12 décembre ? »(7)
    La collaboration active ou passive du monde judiciaire avec l’exécutif semble faire système. Depuis plus de vingt ans, les instances #judiciaires sont absentes du dossier « Sofia » et le parquet est tout aussi silencieux. Le ministère belge des Affaires étrangères dispose pourtant de toutes les preuves. À aucun moment il n’a collaboré aux instructions judiciaires, il n’a pas introduit de procédures disciplinaires contre les auteurs des faits. Les instructions judiciaires, ouvertes en 1996, ont été interrompues sous prétexte de « non-opportunité des poursuites », puis portées à la prescription en 2009. La procédure d’urgence pour fait de harcèlement introduite contre le ministre des Affaires étrangères en 2005 a été renvoyée, sans motif, au tribunal civil… en 2012. Dans son arrêt, la Cour d’appel civile refuse à présent tout dédommagement à la diplomate parce qu’aucun tribunal n’a condamné de fonctionnaires ni pour trafics de documents ni pour harcèlement !

    Une « construction judiciaire » applaudie par les réseaux criminels
    On constate que cet arrêt copie soigneusement le « roman » du ministre belge des Affaires étrangères devant ses juges, et que, comme dans d’autres affaires, ce n’est plus l’impartialité qui semble guider les réquisitoires, mais les interprétations fidèlement retranscrites de ceux qui sont accusés(8). Ce roman, le voici : aucun fonctionnaire du ministère belge des Affaires étrangères n’a jamais trafiqué les visas à l’ambassade de Belgique à Sofia dans les années 90, et certes jamais au bénéfice de membres d’organisations criminelles et de leurs victimes. Myrianne Coen, conseillère d’ambassade, n’a pu dès lors subir de représailles ni être discriminée dans sa carrière pour avoir refusé de participer à ce qui dès lors n’existerait pas ou pour l’avoir dénoncé.

    Aucun fonctionnaire belge des affaires étrangères ne trafiquait les visas dans les années nonante ? Et aucun depuis lors, par ses comportements, n’a protégé de trafiquants ? On comprend que ceux qui protègent ces trafics se débattent comme ils peuvent pour occulter la vérité. Mais d’où la 18e chambre de la Cour d’appel de Bruxelles tire pareille certitude reste… un mystère.

    En effet, cela semble contredire les conclusions d’autres instances. En 2004(9), 8 ans après les premières dénonciations, le Parlement belge constate « qu’il ressort de l’enquête du Comité R qu’il y a des problèmes de fraude, de corruption et d’éventuelles connexions d’agents des Affaires étrangères avec le crime organisé. Il est clair aussi qu’aucun des services publics concernés n’a pris les mesures appropriées… les éléments permettant la poursuite de ces pratiques n’ont pas été éradiqués… Si ces pratiques existent depuis plus de dix ans et qu’à ce jour l’intégrité n’est toujours pas assurée, la fraude aux documents peut continuer à se développer. Cette constatation est inacceptable ». Dans le livre « Belgique en sous-sol, immigration, traite et crime organisé », on trouve, en plus d’autres propos très éclairants de la Chambre et du Sénat : « Quant au “dossier Sofia” : ’Il s’agit d’une fraude aux visas que le Parlement tente de percer à jour depuis des années. Le Parlement reçoit uniquement une réponse procédurale, ce qui est inacceptable. Le fait que l’on ne joue pas franc jeu dans ce dossier incite inévitablement d’aucuns à prétendre que le ministre des Affaires étrangères étouffe l’affaire’ » . On ne pouvait être plus clair. Ces dernières années, les trafics de visas humanitaires contre monnaies sonnantes et trébuchantes pour des réfugiés syriens ne disent pas autre chose(10).

    Quant au jugement du tribunal correctionnel du 18 février 2009, il constate : « Un grand nombre de malversations à l’ambassade de Belgique à Sofia. Les plaintes ne concernent pas de petites choses, mais des abus scandaleux et honteux tantôt à qualifier de #délits, mais aussi souvent de #crimes. Le tribunal n’est cependant pas saisi de cela et s’abstient… De même, nous n’avons pas à nous prononcer concernant l’opportunité des poursuites (et des non-poursuites). Qui sont les auteurs ? Le tribunal précise : "EVD propriétaire d’un hôtel en Grèce était en contacts suivis avec l’ambassadeur. Celui-ci a, à plusieurs reprises, voyagé en Grèce pour un séjour dans cet hôtel… EVD et son épouse venaient régulièrement déposer des cadeaux (...) L’inculpé s’occupait activement de demandes de visas pour de soi-disant touristes. Il est également établi… l’utilisation de faux papiers et de fausses adresses de référence. Qu’il agissait dans le but de recevoir un avantage en fortune est évident". EVD sera reconnu coupable de faux et usage, traite des êtres humains et d’association de malfaiteurs. Le parquet fédéral a tergiversé pendant 13 ans. Il bénéficiera donc de la prescription » . En termes moins diplomatiques : le parquet protège les auteurs, notamment cet autre membre de l’association de malfaiteurs non nommé… mais très précisément décrit. Le tribunal correctionnel regrette de ne pas avoir, en conséquence, les moyens de prononcer une condamnation.

    Non seulement la 18e chambre ne voit pas ce qui est écrit en toutes lettres, mais elle devra aussi repasser son cours de criminologie : l’#impunité entraîne la récidive et, par opportunités communes, l’élargissement du cercle de complices, tandis que les risques vont croissants pour ceux qui refusent d’y « participer ». Violences, menaces, harcèlement deviennent a#insi armes coutumières de la prise de pouvoir criminel d’une structure qui exclut et discrimine : un cas d’école dans le présent dossier.

    Conséquences ?
    D’une part la « non-opportunité des poursuites » pour les auteurs des trafics et leurs protecteurs. Cette « non-opportunité » ne peut en droit être activée par le parquet, car il y a victime… « Mais qui se préoccupe du droit dans cette affaire » , demande Myrianne Coen. D’autre part la mort civile pour Myrianne Coen, la diplomate qui tenta de protéger les victimes contre ces criminels… devenue ainsi victime collatérale des trafics criminels, victime qu’on ne peut en aucun cas dédommager sans faire crouler tout l’édifice.

    Et la Cour d’appel dès lors de poursuivre le roman des Affaires étrangères : « c’était la secrétaire de l’ambassadeur la coupable (comprenons : l’ambassadeur, le pauvre, il n’en savait rien) » . Or, le juge correctionnel a refusé de condamner la secrétaire : elle n’agissait que sur ordre et en droit pénal, la responsabilité pénale remonte… sur le supérieur hiérarchique. Le parquet ayant organisé (pour mémoire, illégalement de surcroît) la non-opportunité des poursuites, lorsqu’il ne put plus cacher les trafics d’êtres humains, il avait d’urgence dû trouver coupable. Le ministère belge des Affaires étrangères le lui offrit sur un plateau d’argent : la secrétaire faisait l’affaire… une citoyenne lambda, sans connexions et sans protections. Selon que vous serez puissants ou misérables…

    Les tribunaux se contredisent… Le tribunal correctionnel dit blanc, jugement en forme de chose jugée. La chambre 18F de la Cour d’appel dit noir, contre toutes évidences et rationalité… Qu’y a-t-il donc encore à cacher, après 20 ans ?

    Ajoutons que l’instruction judiciaire n’avait interrogé aucun des suspects membres des organisations criminelles déjà par ailleurs internationalement signalés, ni aucune de leurs victimes, de la traite des êtres humains et de tous les autres trafics… Elle s’était aussi bien gardée de les identifier et de les rechercher… Les juges d’instruction trop actifs avaient été préalablement dessaisis à cet effet. Quant au parquet fédéral, il avait mis 13 ans pour s’assurer de la #prescription. Les violences commises à l’ambassade, le harcèlement contre la diplomate n’ont fait l’objet d’aucun acte d’instruction. Johan Leman, ancien directeur du Centre d’égalité des chances, un des auteurs de l’ouvrage collectif « L’État gruyère. Mafias, visas et traite en Europe » (2002), constitué partie civile dans le dossier « Sofia », exprimant clairement sa conviction d’une corruption de la haute administration du département, subira des pressions : « On m’a averti que j’étais impliqué dans trop de dossiers chauds… Comme le conflit avec les Affaires étrangères à propos de l’ambassade belge à Sofia et le dossier Van Kaap »(11).

    Ces faits inacceptables et indécents, la Cour d’appel de Bruxelles les juge « honorables » dans un État de Droit, pour appuyer ses refus systématiques de dédommagements. Pour frapper le témoin qui depuis plus de 20 ans demande protection, la Cour tire encore avantage de la réserve que la diplomate s’est constamment imposée pour ne pas nuire aux enquêtes, tire avantage des dénis de justice qu’elle a subis et qui visaient à protéger les « amis des amis » , tire avantage des risques que court tout témoin d’activités des organisations criminelles, que tant voudraient voir disparaître.

    5 000 € pour 25 années de carrière diplomatique ravagée. L’arrêt de la 18e chambre de la Cour d’appel de Bruxelles salit sa victime et l’ensemble de la #fonction_publique, déshonore la diplomatie belge la réduisant à l’insignifiance… Intimidation à présent en passe de s’étendre à toute l’Europe ? Un arrêt dont les organisations criminelles sauront tirer profit.

    L’Union européenne prescrit la protection des témoins et victimes, et des fonctionnaires en particulier, la Cour européenne des Droits de l’Homme prescrit l’interdiction de la discrimination. Elle oblige aussi les États à effectuer des enquêtes complètes et loyales… « Dans la tourmente actuelle, où une réforme succède à une autre réforme, je ne sais pas, je ne sais plus, si un État de droit subsistera encore longtemps », dira Éliane Liekendael, Procureure générale près la Cour de cassation de Belgique (mercuriale, octobre 1998).

    Sauver Didier Reynders à l’Europe ?
    Deux décisions de justice, prises à Bruxelles le même jour, jeudi 26 septembre 2019, ouvrent la voie à l’audition de Didier Reynders devant le Parlement européen, le mercredi 2 octobre 2019, pour la fonction de Commissaire européen à la Justice et à l’État de Droit,
    • la Cour d’appel de Bruxelles liquide pour 5 000 €, au lieu de 5 millions, les dommages et intérêts que Myrianne Coen, Docteur de la Sorbonne et Conseillère d’Ambassade, demande au Ministère belge des Affaires étrangères pour 25 ans de carrière diplomatique dévastée, depuis 2011 sous la responsabilité du ministre Didier Reynders ;
    • - Le Parquet de Bruxelles classe sans suite et sans instruction des faits le dossier ouvert en avril 2019 contre Didier Reynders pour corruption et blanchiment.

    À la veille de son audition le 2 octobre 2019 devant le Parlement européen, Didier Reynders reçoit donc cet arrêt de la 18e chambre F de la Cour d’appel de Bruxelles, dont il n’aura pas manqué de faire usage dans les couloirs. Pour neutraliser tout moyen d’informer correctement le Parlement européen sur cette affaire avant cette audition, l’arrêt ne sera envoyé que le 1er octobre 2019, par la poste, à la diplomate victime de tels agissements qui réside en Italie. Est-ce là le motif du report secret du prononcé au 26 septembre ? Si la diplomate avait été avertie de cette date, les communiqués de presse seraient en effet arrivés, avant cette audition, aux yeux de la presse internationale…

    Telles sont les circonstances qui expliquent la mise en scène préalable du candidat Commissaire européen à la Justice et à l’État de Droit. Il s’est ainsi présenté « en toute tranquillité » devant les Commissions LIBE et JURI du #Parlement_européen. Pour toute sécurité, une main amie s’était chargée d’inclure in extremis la commission IMCO, présidée par celle qui fut déjà sa #lobbyiste (une députée belge du Groupe des Verts !), 3 mois plus tôt, pour la candidature de Secrétaire général au Conseil de l’Europe qui échappa au ministre…

    Le mutisme des médias
    Depuis ce 2 octobre 2019, la #presse internationale est devenue muette. Quant à la presse belge, si l’on tape « Reynders #corruption » sur un moteur de recherche, on ne trouve plus aucun article depuis le 27 septembre, tout en soulignant que ceux publiés avant cette période d’ #omerta étaient d’une fabuleuse indigence… On ne peut pas penser que des magistrats de Bruxelles ne sont pas au secours de Didier Reynders ? La Belgique a le record des classements sans suite express pour éviter de rassembler les preuves dans ces dossiers. Lorsque les preuves y arrivent malgré tout, Bruxelles a le record de longévité des non-enquêtes pour protéger les auteurs de délits et crimes… par la prescription.

    À certains moments, des choses se résument simplement :
    – Vous cherchez le crime organisé ? Regardez parfois vers ceux qui disent le combattre
    – Vous attendez d’être informés par les médias ? Voyez ce qu’ils ne disent pas et essayez de réaliser à quel point ils font partie du problème.
    – Vous pensez que la justice est impartiale ? Voyez qui elle sert généralement

    Comme l’énoncent les deux auteurs de l’ouvrage Belgique en sous-sol..., « Après tout, il ne faut peut-être pas tant essayer de comprendre pourquoi l’éteignoir a été mis sur le dossier Sofia, que pour qui [il l’a été mis]. Les trafics de visas dénoncés par Myrianne Coen bénéficièrent à des intermédiaires installés en Belgique. Le plus souvent, il s’agissait de sociétés commerciales à l’objet social flou, à l’enseigne changeante et aux activités éparses. Ces dernières adressaient des invitations nominatives donnant accès au territoire national à des individus qui les présentaient à l’ambassade de Belgique dans la capitale bulgare en vue d’obtenir, selon les cas, une ou plusieurs dizaines de visas. Mais le plus saisissant n’est pas là. Il est établi que certains de ces intermédiaires avaient préalablement été sollicités par l’ambassade elle-même, en vue d’adresser des invitations par centaines à des quidams nommément désignés. À l’époque, l’ex-numéro 2 d’« Ambabel Sofia » a eu son attention attirée par tous ces gens auxquels l’ambassadeur « K »délivrait les précieux sésames sur un simple paraphe. Elle a alors découvert que parmi eux figuraient des personnages impliqués dans des opérations de blanchiment d’argent. Ces fonds, blanchis dans des banques belges par d’anciens agents des services secrets bulgares, provenaient du régime communiste moribond. »
    Les centaines de milliards envoyés vers les #paradis_fiscaux, les détournements dans l’affaire des #diamants anversois, les fonds libyens, le Kazakhgate, #Publifin, #Samu_social, #Dubaï Papers, etc. montrent que tout s’est aggravé depuis l’affaire “Sofia”. Et pendant ce temps-là, ils organisent leur « austérité », rabotant encore le peu qu’il reste aux #écoles, #hôpitaux, #postes… Ceci n’est pas un feuilleton, une story de plus sur Netflix : ce sont des faits, qui imposent que vous vous leviez et sortiez de vos divans. Vous vous êtes assoupis, l’#histoire ne vous en voudra pas. Si vous vous levez...

    1. https://www.dhnet.be/actu/faits/sos-legalita-contre-le-crime-organise-51...
    2. « Belgique en sous-sol, immigration, traite et crime organisé », Frédéric Loore et Jean-Yves Tistaert, Éditions Racines, 2007, extraits disponibles sur google livre.
    3. Ibid.
    4. https://www.lalibre.be/belgique/une-plainte-informative-51b8ac51e4b0de6d...
    5. https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_le-fortisgate-revele-des-courri...
    6. Ibid.
    7. https://www.lalibre.be/belgique/exclusif-voici-le-nouveau-scenario-du-fo...
    8. Rappelons que dans l’affaire du Kazakhgate, le projet de transaction pénale et le réquisitoire de l’avocat général auraient été écrits pas les avocats de Patokh Chodiev...
    9. Rapport des Commissions parlementaires de suivi du Comité R, n° 3-725/1 (Sénat) et DOC 511 289/001 (Chambre), 16 juillet’ 04, p. 29, 31 &32.
    10. Notamment : “Trafic de visas humanitaires : Francken affirme n’avoir “rien à cacher””, 18/01/2019. https://plus.lesoir.be/201467/article/2019-01-18/trafic-de-visas-humanit...
    11. Idem.

    #ue #union_européenne #mafia

  • Ce que l’on sait après l’incendie de l’usine #Lubrizol à #Rouen

    De nombreuses inconnues perdurent sur la nature et les effets des substances émises depuis jeudi par l’usine chimique dans la région de Rouen.

    Par Gary Dagorn , Léa Sanchez , Arthur Carpentier , Assma Maad et Séverine Maublanc Publié hier à 18h47, mis à jour hier à 20h59

    Jeudi 26 septembre, un violent incendie s’est déclaré à Rouen, au sein de l’usine chimique de l’entreprise américaine Lubrizol. Le feu s’est déclaré vers 2 h 40, dans un dépôt de produits conditionnés de type additifs pour lubrifiants, selon la direction de l’usine. En tout, l’incendie a mobilisé 240 pompiers de Seine-Maritime et des départements voisins, aidés de 50 véhicules. Plus de huit heures après l’embrasement, l’incendie a été maîtrisé, puis définitivement éteint vendredi matin.

    Depuis jeudi, l’incendie a dégagé un lourd et épais panache de fumée, provoquant des retombées de suie sur toute la zone nord-est de la ville et suscitant de nombreuses inquiétudes.

    Que fabrique l’usine Lubrizol ?

    Créé en 1954, le site de 14 hectares situé sur les bords de la Seine emploie actuellement 400 personnes, selon la préfecture de Seine-Maritime. Elle est la propriété du groupe chimique américain Lubrizol Corporation, qui appartient lui-même à Berkshire Hathaway, la holding de l’homme d’affaires américain Warren Buffett.

    L’usine fabrique et commercialise des additifs pour enrichir les huiles, des carburants et des peintures industrielles. Jusqu’en 2009, elle était classée #Seveso « seuil bas », jusqu’à ce que des analyses écotoxicologiques conduisent les services de l’Etat à la reclasser dans le « seuil haut ». En 2013, une émission de #mercaptan, un gaz nauséabond toxique, venant de l’usine avait été ressentie à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde jusqu’à Paris et en Angleterre.

    Combien d’habitants vivent près de l’usine ?

    A peine plus de trois kilomètres séparent l’usine Lubrizol du centre-ville historique de Rouen. Le site industriel, situé sur la rive gauche du fleuve, se situe au cœur d’un territoire très peuplé : la métropole Rouen-#Normandie compte 490 000 habitants, selon les données 2016 de l’Insee, et regroupe 71 communes. Douze d’entre elles, en plus de Rouen, ont été touchées par des mesures de confinement des maisons de retraite et de fermeture des établissements scolaires, ainsi que des crèches. Elles rassemblent environ 65 000 habitants, en plus des 110 000 de la capitale normande.

    Quelle est la #toxicité des produits qui se sont dégagés ?

    Le préfet a affirmé lors d’un point de situation, vendredi 27 septembre à la mi-journée, que les suies contenaient des « composants essentiellement liés à la combustion d’huile de produits finis, d’additifs chimiques pour huiles et d’#hydrocarbures, d’où d’ailleurs ces suies noires, grasses que nous constatons ».

    Le préfet a écarté, à plusieurs reprises, tout risque de « toxicité aiguë » dans l’air. Des seuils légaux de toxicité aiguë sont fixés par les autorités ministérielles pour chaque composé chimique.

    Le professeur André Picot, ancien directeur de l’unité prévention en risques chimiques au CNRS, explique dans Paris-Normandie que, sans connaître la « nature des produits », il est « extrêmement risqué d’avancer qu’il n’y a pas de toxicité aiguë ou, en tout cas, subaiguë, c’est-à-dire une toxicité non négligeable ». Selon lui, il ne faut, cependant, « pas systématiquement alarmer, tant qu’on ne connaît pas le degré de dangerosité des produits consumés ».

    Des produits radioactifs s’y trouvaient-ils ?

    Des internautes se sont inquiétés d’un tableau, réalisé par l’inspection des installations classées et datant de 2006, faisant état de la présence de substances « radioactives (utilisation, dépôt, stockage) sources scellées conformes », pour un volume de 6 882 mégabecquerels (MBq).

    Le préfet de Seine-Maritime a toutefois assuré, vendredi matin, « qu’il n’y avait pas de produits radioactifs » stockés sur le site. Cette #radioactivité s’explique, en fait, « par la présence de huit machines utilisées pour évaluer le niveau et la densité dans des bacs », explique Céline Reuter, responsable de l’unité d’expertise des sources à l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Ces appareils de mesure, répandus dans le secteur industriel, fonctionnent grâce à du césium 137, un élément radioactif scellé dans une double enveloppe métallique. « Aucune des sources n’a été touchée par l’incendie. On a fait une levée de doute. Il y a eu confirmation », précise Jean-Yves Lagalle, colonel des pompiers de Seine-Maritime.

    Des victimes ont-elles été recensées ?

    L’incendie n’a causé aucune victime directe. Sur les réseaux sociaux, des internautes ont fait part d’irritations ou encore de maux de tête. Vendredi à la mi-journée, Benoît Jardel, médecin du SAMU, a fait savoir que 51 personnes décrites comme « fragiles », « sensibles » ou ayant des pathologies respiratoires ont été examinées dans différents établissements de santé dans la journée de jeudi et dans la nuit suivante. Cinq d’entre elles, toutes des adultes, sont restées dans des services d’hospitalisation de courte durée.

    Pourquoi l’indice de qualité de l’#air a-t-il cessé d’être diffusé jeudi ?

    Jeudi 26 septembre, alors que l’incendie était en cours, de nombreux internautes se sont émus de l’arrêt de la diffusion de l’indice Atmo à Rouen. Cet indicateur journalier décrit la qualité de l’air dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants en se basant sur la mesure de dioxyde de soufre, d’ozone, de particules fines et de dioxyde d’azote. Mais son mode de calcul « ne prend en compte ni les odeurs ni les polluants atypiques émis lors d’accident », précise l’association régionale Atmo Normandie. En outre, l’organisme ne dispose pas de stations de mesure dans la zone vers laquelle s’est dirigé le panache de fumée et a donc décidé de suspendre, jeudi matin, la diffusion de cet indice en considérant qu’il n’était « pas représentatif de la situation » sans cesser pour autant de réaliser des mesures. Il a été remis en ligne vendredi 27 septembre dans la matinée. Atmo Normandie précise avoir mis en place « des mesures complémentaires dont l’analyse complexe ne peut être en temps réel, car faite en laboratoire de chimie ».

    Quels risques pour l’#agriculture et les milieux naturels ?

    Des retombées d’hydrocarbures ont été constatées à Rouen et ses environs, dans des jardins, propriétés agricoles ou encore sur des légumes. Selon la chambre d’agriculture de la Seine-Maritime, plusieurs agriculteurs et laiteries ont déjà tiré la sonnette d’alarme. A titre de précaution, le préfet de la Seine-Maritime a émis des recommandations spécifiques :

    – les éleveurs qui possèdent des animaux en plein air doivent « les rentrer et sécuriser leur abreuvement et leur alimentation en les plaçant sous abri ». Il est interdit de nourrir les bêtes avec des « aliments souillés » et il faut « faire pâturer les ruminants sur des pâtures saines ».

    – les agriculteurs ne doivent rien récolter « en l’attente de précisions ultérieures » et de ne pas chercher à nettoyer les champs impactés.

    – les riverains ne doivent pas consommer les produits de leurs jardins s’ils ne sont pas épluchés ou correctement lavés. « Un plan de surveillance renforcé sera mis en place, tant sur les denrées végétales que d’origine animale, pour garantir la parfaite salubrité des produits destinés à la consommation humaine. »

    Des inquiétudes demeurent sur une éventuelle pollution des nappes phréatiques. Le préfet a affirmé, vendredi, qu’il n’y avait « a priori » pas de risques les concernant. Mais l’association environnementale Robin des bois s’est interrogée sur les réseaux de l’usine « saturés » et le « risque de migration des hydrocarbures et autres déchets toxiques dans les nappes phréatiques ». L’association met en garde contre le lavage des voitures ou des maisons encrassées : « Si les gens nettoient ça au Kärcher, on va se retrouver avec des eaux polluées qui vont aboutir ou bien dans la Seine, ou bien dans la station d’épuration. »

    Quel a été le précédent incident dans cette usine ?

    En janvier 2013, un bac de dialkyldithiophosphate de zinc s’était décomposé, émettant du mercaptan, fortement odorant – c’est lui qui donne au gaz de ville son odeur spécifique – et toxique à très forte dose. Le panache du gaz s’était étendu de la Manche à l’Ile-de-France.

    La décomposition de ce produit chimique avait été causée par la température excessive et par un temps de séjour trop long dans le bac. Le traitement « trop tardif » de la décomposition opéré par les employés n’a pas permis de minimiser l’émission de mercaptan et l’a même favorisée. Toutefois, l’enquête publique avait ensuite noté que « les concentrations correspondant aux effets irréversibles n’avaient pas été atteintes dans l’environnement ». L’entreprise avait été condamnée en avril 2014 à une amende de 4 000 euros pour nuisance olfactive, mais le délit de mise en danger de la vie d’autrui avait alors été écarté.

    A la suite de l’incident, l’entreprise s’est engagée sur plusieurs années dans des travaux afin de réduire la probabilité de survenue d’événements de type « mercaptan » ou « autres émanations ». Le préfet a assuré jeudi que l’usine était « aux normes telle que nous l’avons vue en 2019 », en rappelant qu’« elle ne l’a pas toujours été » et qu’en 2017, « elle a fait l’objet d’une mise en demeure » en raison de « 17 manquements », puis que « la mise à niveau a été réalisée ».

    Que signifie le classement Seveso ?

    C’est le nom d’une directive européenne prise en 1982, six ans après l’émotion suscitée par la catastrophe écologique et sanitaire de l’usine chimique Icmesa, située sur la commune de Seveso, à une vingtaine de kilomètres au nord de Milan, en Italie. La directive incitait les pays européens « à se doter d’une politique commune en matière de prévention des risques industriels majeurs » et demandait « aux Etats et aux entreprises d’identifier les risques associés à certaines activités industrielles dangereuses et de prendre les mesures nécessaires pour y faire face . »

    Le dernier cadre de cette directive, Seveso 3 a été établi en 2012. Entrée en vigueur en 2015 en France, elle « introduit des normes plus strictes en matière d’inspection et renforce l’obligation d’information du public, du personnel et des exploitants des établissements voisins ».

    La directive Seveso distingue deux type d’installations (seuil haut et seuil bas) dont les mesures de sécurité et les procédures varient. Selon la base nationale des installations classées, la France compte 1 378 sites Seveso (634 en seuil bas et 744 en seuil haut) sur lesquels des études sont menées pour évaluer les risques et des plans de prévention des risques technologiques (PPRT) qui limitent l’urbanisation, sont mis en place. Le PPRT de Lubrizol avait été approuvé en 2014.

    Gary Dagorn , Léa Sanchez , Arthur Carpentier , Assma Maad et Séverine Maublanc

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/09/27/ce-que-l-on-sait-au-lendemain-de-l-incendie-de-l-usine-lubrizol-a-rouen_6013

  • Omerta sur une catastrophe industrielle majeure aux portes de Paris, par Marc Laimé (Les blogs du Diplo, 27 septembre 2019)
    https://blog.mondediplo.net/omerta-sur-une-catastrophe-industrielle-majeure

    En plein été, une installation stratégique de la plus grande station d’épuration des #eaux usées d’Europe est totalement détruite par le feu à trente kilomètres de la capitale. Il faudra entre trois et cinq ans pour la reconstruire, au prix, dans l’intervalle, d’une #pollution gravissime de la Seine. Ce site n’a cessé d’enregistrer des sinistres de plus en plus graves depuis plusieurs années. Sa gestion est entachée par des dévoiements sans précédent en matière de marchés publics. Un #désastre absolu, qui ne suscite qu’une inquiétante indifférence.

    par @marclaime

  • Le jour où il a plu de l’huile de vidange sur la ville de Rouen
    https://rouendanslarue.net/temoignage-le-jour-ou-il-a-plu-de-lhuile-de-vidange-sur-la-ville-de-

    Nous recevons ce récit, que nous publions. 26 septembre 2019. Rouen rive droite. 4h du matin. Je sors dehors pour bercer ma fille, un nourrisson de deux mois. Elle a parfois besoin d’un bol d’air frais pour s’apaiser et se rendormir à nouveau. J’entends une détonation au loin. Je ne suis pas particulièrement alarmé mais… Source : Rouen dans la rue

  • Le Boeing 737 MAX devra-t-il changer de nom pour voler à nouveau ?
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/20/le-max-devra-t-il-changer-de-nom-pour-repartir-en-vol_5491408_3234.html


    Des Boeing 737 MAX immobilisés au sol à Seattle (Etat de Washington, nord-ouest des Etats-Unis), le 1er juillet.
    LINDSEY WASSON / REUTERS

    Les déboires du moyen-courrier de l’avionneur américain, immobilisé depuis quatre mois, s’accumulent. Une mauvaise publicité qui inquiète compagnies et passagers.

    Le 737 MAX de Boeing a-t-il encore un avenir ? Chez les compagnies aériennes, comme parmi la chaîne de fournisseurs de l’avion, on en est réduit à prier pour que l’appareil soit de retour dans les airs. Le moyen-courrier américain est immobilisé au sol depuis le 13 mars après deux crashs en moins de six mois, qui ont causé la mort de 346 passagers et membres d’équipage. Il pourrait le rester pendant au moins un an, selon le cabinet de conseil Archery Strategy Consulting (ASC).

    De son côté, Boeing ne se risque plus à fixer un agenda précis de reprise des vols de son best-seller, commandé à plus de 5 000 exemplaires. Tout juste se borne-t-il, dans un communiqué publié vendredi 19 juillet, à espérer que « la remise en service du 737 MAX aux Etats-Unis et dans d’autres pays [soit] validée par les autorités compétentes à partir du début du quatrième trimestre 2019 ».

    Il faut dire que, depuis que les autorités de régulation du secteur aérien, l’Agence fédérale américaine de l’aviation (FAA) et l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA), ont décidé de passer le MAX au scanner, elles ne cessent de mettre au jour des problèmes techniques. Ainsi, début juillet, l’EASA a mis le doigt sur une défaillance du pilote automatique. « Maintenant que l’on cherche, on trouve ! », s’exclame le patron d’un fournisseur de premier rang du moyen-courrier de Boeing.

    Cette accumulation d’ennuis ruine la réputation du MAX. « L’avion est en train de s’abîmer en termes de confiance », constate Laurent Magnin, PDG de la compagnie française XL Airways et l’un des meilleurs connaisseurs du transport aérien. Il se refuse toutefois à envisager un retrait définitif de l’appareil. « Arrêter 5 000 avions fabriqués ou livrés, ce serait du jamais-vu ! » En revanche, la mauvaise publicité autour du MAX est telle que M. Magnin n’écarte pas l’idée que l’avion soit contraint de « changer de nom » pour reprendre ses vols commerciaux et ne pas effrayer les passagers.

    suite sous #paywall,…

  • Guardian accused of ‘vendetta’ for ignoring Chomsky’s Labour anti-Semitism comments — RT UK News
    https://www.rt.com/uk/463581-guardian-criticized-chomsky-silence

    The Guardian is coming under fire for not reporting on renowned intellectual Noam Chomsky’s comments on Labour’s anti-Semitism row, with social media users accusing the outlet of hypocrisy.

    Chomsky said that the allegations of anti-Semitism against party leader Jeremy Corbyn and MP Chris Williamson are a “disgrace” and an “insult to the memory” of Holocaust victims.

    The Guardian has in the past reported on many of Chomsky’s comments, but has chosen to ignore his latest take on a current issue, leaving many wondering if it is conveniently selective about which of his comments it deems newsworthy.

    Independent journalist Matt Kennard noted that RT, the Morning Star, and the Canary were the only news organizations to cover the esteemed intellectual’s remarks. “The mainstream media is running a campaign where contradictory information is just erased from record. The Guardian is at the forefront of this campaign,” he said.

    Numerous people questioned the Guardian’s silence on the issue, with some accusing it of “censorship by omission” and having a “vendetta” against Chomsky and Corbyn. Kennard also noted that Chomsky’s previous comments on Venezuela’s Hugo Chavez and the Palestinian Boycott Divestment and Sanctions movement, were reported by the newspaper.

    Social media users also asked why other media outlets like the BBC hadn’t covered Chomsky’s comments.

    La fabrique du consentement : vérification par l’absurde ! #chomsky #omerta

  • Zineb Redouane : les CRS à l’origine des tirs ne se souviennent de rien
    https://www.mediapart.fr/journal/france/020719/zineb-redouane-les-crs-l-origine-des-tirs-ne-se-souviennent-de-rien

    Les cinq policiers CRS armés de lance-grenades, à l’origine des 200 tirs de grenade lacrymogènes sur la Canebière le 1er décembre, ainsi que leur officier, ont affirmé à la police des polices ne pas se souvenir de celui qui a blessé Zineb Redouane. Ils ne reconnaissent pas non plus le tireur sur les images de vidéosurveillance. Trois des agents n’excluent cependant pas qu’il puisse s’agir d’eux.

    #JUSTICE #Police,_Zineb_Redouane,_Marseille

  • Exclusif - Mort de Zineb Redouane : l’autopsie algérienne qui contredit les autorités françaises | Le Média
    https://lemediapresse.fr/politique/exclusif-mort-de-zineb-redouane-lautopsie-algerienne-qui-contredit-les
    https://i0.wp.com/lemediapresse.fr/wp-content/uploads/2019/07/zinebune.jpg?fit=1024%2C577&ssl=1

    Après nos révélations sur les conditions du décès, le 2 décembre 2018 à Marseille, de Zineb Redouane et la façon dont l’enquête a été menée, nous publions la contre-autopsie réalisée à Alger, qui rend le traumatisme consécutif aux blessures causées par la police « directement responsable de [sa] mort ». Un document qui balaie la version officielle, jette une lumière crue sur le flou de l’autopsie française et contredit les déclarations du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et du procureur de la République de Marseille.

  • Exclusif – Mort de Zineb #Redouane : l’autopsie algérienne qui contredit les autorités françaises
    https://lemediapresse.fr/politique/exclusif-mort-de-zineb-redouane-lautopsie-algerienne-qui-contredit-les

    Après nos révélations sur les conditions du décès, le 2 décembre 2018 à #Marseille, de Zineb Redouane et la façon dont l’enquête a été menée, nous publions la contre-autopsie réalisée à Alger, qui rend le traumatisme consécutif aux blessures causées par la #Police « directement responsable de [sa] mort ». Un document qui balaie la version officielle, jette une lumière crue sur le flou de l’autopsie française et contredit les déclarations du ministre de l’Intérieur Christophe #Castaner et du procureur de la République de Marseille.

    #Politique #Social #Algérie #Autopsie #Gilets_Jaunes #IGPN #Justice #Lacrymo

  • « J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/13/violences-policieres-la-nouvelle-strategie-de-maintien-de-l-ordre-inquiete_5

    L’exécutif nie l’existence même de brutalités policières lors des manifestations des « gilets jaunes » et leur demande désormais d’aller davantage au « contact », au risque de dégrader encore la situation.

    Au moment où Roxane (le prénom a été changé) arme son lanceur de balles de défense (LBD), il est déjà tard en ce énième samedi de manifestation. Cette policière mobilisée depuis le début du mouvement des « gilets jaunes » n’en est pas à sa première munition de la journée. « J’avais déjà tiré plusieurs fois, des tirs justifiés, sur des personnes en train de commettre des infractions », raconte-t-elle à l’un de ses amis. La suite, elle ne sait pas très bien comment l’expliquer. « J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison. » La cible, touchée sans gravité, prend la fuite. La policière, elle, reste avec ses questions : « Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai fait ça. »

    La scène ne fera pas le tour des réseaux sociaux. Et pour cause, elle n’a pas été filmée, la victime n’a pas été éborgnée, et la fonctionnaire n’a connaissance d’aucune plainte, à ce jour du moins. Mais ce témoignage rapporté au Monde, d’une sincérité brute, jette une lumière crue sur la polémique qui fait rage depuis plusieurs mois sur la gestion par les forces de l’ordre des manifestations des « gilets jaunes » et sa part ombrageuse mais indissociable, les violences policières.

    « Il n’y a aucune présomption d’innocence pour nous »

    La parole des agents est en effet rare, étouffée au milieu d’un débat qui a pris une ampleur nationale. D’un côté, les réseaux sociaux sur lesquels ont été lancées les premières alertes agissent comme une caisse de résonance. Les séquences de policiers en train de molester des manifestants sont diffusées en boucle. Tout y est disséqué, commenté, relayé. « On est jugé et condamné dans la même seconde, il n’y a aucune présomption d’innocence pour nous », regrette un policier.

    De l’autre, le pouvoir nie contre toute évidence l’existence même des violences policières. A plusieurs reprises, le président de la République Emmanuel Macron et son ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, ont appelé à ne pas utiliser ce vocable. Une communication appréciée en interne, surtout par les syndicats, mais qui a aussi pour conséquence de laisser le policier qui a « dérapé » – l’euphémisme officiel – seul face à ses responsabilités.

    Les fonctionnaires mis en cause par des plaintes s’expliquent-ils eux-mêmes leur geste ? Difficile à dire : la plupart d’entre eux n’ont pas encore été entendus par l’Inspection générale de la police nationale, la « police des polices », même pour des dossiers remontant aux premiers actes des « gilets jaunes », en novembre ou en décembre 2018. Sur les 240 enquêtes, une soixantaine ont été clôturées et retournées aux différents parquets (dont une quarantaine sur les 161 ouvertes à Paris). Aucune poursuite n’a encore été engagée.
    Pour leurs collègues, il est impossible de comprendre ces scènes qui font le tour d’Internet sans prendre en compte le contexte, celui d’une ultraviolence à laquelle font face les troupes depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ».

    « Chaque tir coûte cher à l’Etat »

    Comme pour ce policier filmé dans un contexte tendu, le 1er-Mai à Paris, en train de gifler un homme qui l’invective, sous la grille d’un magasin. L’un de ses camarades se veut compréhensif : « Ça ne se fait pas, on n’apprend pas ça, ce n’est pas pro, mais franchement, c’est un craquage. C’est l’insulte de trop après vingt-cinq week-ends de manifestations. Je ne l’excuse pas, mais je le comprends. » Ou pour celui immortalisé en train de lancer un pavé dans la foule. « Des pavés, il en a probablement reçu des centaines depuis le début du mouvement, c’est un être humain, pas une machine », justifie un autre policier.

    Certaines séquences laissent tout de même les policiers pantois. Ce sont souvent les mêmes qui reviennent dans la bouche des uns et des autres pour illustrer les cas de dérapages indéfendables. La scène du tabassage de manifestants dans un Burger King à Paris, en décembre 2018, trouve peu de défenseurs. Comme celle du tir de LBD à hauteur de tête en direction d’un manifestant à Bordeaux, en janvier, juste après un lancer répréhensible de grenade de désencerclement dans les airs. Idem pour la jeune fille qui s’est fait fracasser le crâne à Marseille par plusieurs policiers.

    Trois scènes de violence parmi des dizaines d’autres qui, mises bout à bout, poussent à s’interroger sur l’existence d’un système facilitant ce type de débordements. Pour certains observateurs, le problème n’est d’ailleurs pas celui de la faillite individuelle mais de la faiblesse des structures et de la hiérarchie. « Il y a un gros problème avec l’entraînement, notamment au LBD, car chaque tir coûte cher à l’Etat, juge Laurent-Franck Liénard, avocat spécialisé dans la défense des policiers et des gendarmes. On a aussi mis des effectifs de BAC en première ligne, alors qu’ils n’ont pas le cadre rigide des troupes de maintien de l’ordre. Vu le déficit de formation et d’encadrement, ils s’en sont plutôt bien sortis. »

    « Pas un blanc-seing »

    La nouvelle doctrine mise en place par Christophe Castaner après le saccage des Champs-Elysées, le 16 mars, qui se traduit par une volonté d’aller davantage au contact, va-t-elle conduire à une dégradation de la situation ? Les nombreux journalistes du Monde présents au défilé du 1er-Mai à Paris ont tous constaté des conditions de manifestation très tendues, au milieu des gaz lacrymogènes. Plusieurs ont été touchés par divers projectiles des forces de l’ordre et l’un d’entre eux a été braqué au visage par un LBD à moins d’un mètre. Les policiers, eux, apprécient la plus grande autonomie laissée à la hiérarchie présente sur le terrain. « Ça marche très bien, ça nous donne plus de mobilité, d’initiative, de rapidité. Ça n’est pas pour autant un blanc-seing : si vous merdez, vous assumez ! », explique un gradé.
    Après le 1er-Mai, les forces de l’ordre considéraient d’ailleurs avoir réussi leur opération, notamment en dispersant les black blocs, quand bien même plusieurs cas de violences policières ont été documentés. « C’est une guerre de l’image », explique un fonctionnaire, qui regrette que les scènes de violence à l’endroit des policiers et des gendarmes ne connaissent pas le même écho.

    Si les policiers ont bien conscience d’être désormais au centre de toutes les attentions, ils sont nombreux à regretter la politisation de la question du maintien de l’ordre, qui est avant tout, pour eux, un sujet technique, qui ne doit pas varier au gré des polémiques. « Il y a un discours qui tente de faire entendre que tout usage de la force est forcément une violence, donc illégitime, abonde l’avocat Laurent-Franck Liénard. C’est très dangereux. La réalité, c’est que, confrontés à une violence délirante, les forces de l’ordre ont été très réticentes à user de la force, elles ont été très majoritairement exemplaires, souvent en retrait par rapport à ce qu’elles auraient pu faire, voire dû faire. »

    La scène des trois gendarmes, pistolet au poing face à une voiture à Nantes, samedi 11 mai, est loin d’être une exception. D’après l’avocat, depuis novembre, au moins une dizaine de policiers et gendarmes ont pris son attache après avoir dégainé leur arme au cours d’une manifestation. Ils souhaitaient tous savoir s’ils avaient le droit de tirer.

    • Le Monde continue à asséner, ni vu ni connu, l’idée que la violence vient des gilets jaunes, ce qui est factuellement faux.
      Sur un autre papier du même torche-cul, alors qu’il y un titre qui fait semblant d’interroger l’impunité policière, on retrouve toujours les mêmes éléments de langage qui reviennent à « excuser » les « débordements » policiers en créant une fausse symétrie avec les violences des manifestants.

    • La suite, elle ne sait pas très bien comment l’expliquer. « J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison. » La cible, touchée sans gravité, prend la fuite. La policière, elle, reste avec ses questions : « Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai fait ça. »

      Depuis le début je me demande ce qui peut bien passer dans la tête d’un ou d’une fonctionnaire de police pour tirer sur une personne dans la foule, je viens enfin d’avoir la réponse à cette question, elle est effrayante : rien, un courant d’air.

    • Vraiment très élégante, cette figure de style (double opposition « prend la fuite / reste avec ses questions » et la cible-objet / la policière-personne) :

      La cible, touchée sans gravité, prend la fuite. La policière, elle, reste avec ses questions

      Je sais pas vous, mais c’est très émouvant, cette souffrance, cette douleur, que ressent la policière (alors que « la cible », elle, se contente de prendre la fuite comme si de rien n’était). La policière, quasiment « victime » de sa « propre violence ».

    • Après le 1er-Mai, les forces de l’ordre considéraient d’ailleurs avoir réussi leur opération, notamment en dispersant les black blocs, quand bien même plusieurs cas de #violences_policières ont été documentés. « C’est une guerre de l’image », explique un fonctionnaire, qui regrette que les scènes de violence à l’endroit des policiers et des gendarmes ne connaissent pas le même écho.

      Pas le même écho ??? j’ai pas le souvenir qu’un politique se soit penché sur le lit d’hôpital d’un gilet jaune. Quand c’est un poulet, alors là c’est le défilé au chevet du pandore avec caméra et tout le toutim.
      Mort c’est les invalides et médailles à titre posthume. Je te leur en donnerai moi des médailles, à poignées.

      Les fonctionnaires mis en cause par des plaintes s’expliquent-ils eux-mêmes leur geste ? Difficile à dire : la plupart d’entre eux n’ont pas encore été entendus par l’Inspection générale de la police nationale, la « police des polices », même pour des dossiers remontant aux premiers actes des « gilets jaunes », en novembre ou en décembre 2018. Sur les 240 enquêtes, une soixantaine ont été clôturées et retournées aux différents parquets (dont une quarantaine sur les 161 ouvertes à Paris). Aucune poursuite n’a encore été engagée.

      circulez y’a rien à voir !

    • http://lepanierasalade.fr

      Panorama
      Maintien de l’ordre

      « J’avais déjà tiré plusieurs fois, des tirs justifiés, sur des personnes en train de commettre des infractions,raconte une policière, mobilisée lors d’une manifestation. J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison. (...) Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai fait ça. » [Le Monde] « Nous accuser d’agresser volontairement les gilets jaunes, c’est n’importe quoi, témoigne un CRS base à Toulouse (Haute-Garonne). Les CRS n’interviennent que sur ordre de leur hiérarchie, il ne peut y avoir aucune initiative personnelle. On est là pour encadrer les manifestations pas pour agresser les manifestants. » [France 3] En six mois de manifestations, pas un syndicat de police représentatif n’a pris ses distances avec la doctrine de maintien de l’ordre : les LBD sont défendus, les violences policières sont légitimées et toute voix discordante est étouffée. [Mediapart]

       ?Face à la multiplication des vidéos montrant les policiers au travail, certains espèrent une loi obligeant à flouter les visages avant diffusion, ou comptent sur le ministère de l’intérieur pour risposter avec les vidéos qu’il possède. [L’Express]

       ?Des policiers d’une brigade de répression de l’action violente frappent un étudiant dans sa résidence universitaire à la Pitié-Salpétrière à Paris en marge des manifestations du 1er-Mai. L’IGPN a été saisie. [Mediapart] Des gendarmes ont sorti leurs armes à Nantes (Loire-Atlantique) lors des manifestations de samedi. [LCI] Les street-médics se plaignent d’un acharnement policier à Toulouse (Haute-Garonne). [La Dépêche]

      Lacrymos. « Si sur la durée, la différence ne doit pas être énorme entre CM3 et CM6, elle le devient sur l’instant : la concentration en gaz monte d’un seul coup, créant des effets immédiats plus forts que ceux obtenus par le lanceur classique », explique Pierre Bernat, membre de la Ligue des droits de l’homme à Toulouse, ajoutant que les lanceurs, et leur usage, diffèrent entre ces deux types de grenades lacrymogènes. [franceinfo] Analyses. Des « Gilets jaunes » affichent des symptômes persistants après une exposition aux gaz lacrymogènes. Des personnalités scientifiques réclament des recherches sérieuses sur les effets de ceux-ci. [Libération]

      Le sociologue Cédric Moreau de Bellaing revient sur le travail de l’IGPN : « Pour les enquêteurs, la reconstitution de la dynamique de la situation est vraiment centrale. Une même blessure peut être le résultat d’une violence légitime comme illégitime. Pour différencier l’un de l’autre, il faut savoir comment la violence a été exercée, à quel moment, pour quelle raison : c’est donc crucial du point de vue de l’IGPN. » [Le Monde]

      « Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même, déclarait le 29 mai 1968 le préfet de police Maurice Grimaud. Dites-vous bien et répétez-le autour de vous : toutes les fois qu’une violence illégitime est commise contre un manifestant, ce sont des dizaines de ses camarades qui souhaitent le venger. Cette escalade n’a pas de limites. » [Le Monde]
      « Gilets jaunes » et justice

      Du collectif « Robes noires et gilets jaunes » animé par les avocats David Libeskind et Philippe de Veulle, classés à droite, à des avocats plutôt ancrés à gauche, la défense juridique des manifestants s’organise. [Le Monde]

      Une manifestante de Toulouse est poursuivie pour « usage et menace d’une arme », en l’occurrence son fauteuil roulant électrique. [Capital] Six mois après les faits, six « Gilets jaunes » paraissaient devant le tribunal correctionnel pour participation à un attroupement à une sommation à se disperser. La relaxe a été demandée. [La Voix du Nord]
      Interpellation

      Les lycéens interpellés à Mantes-la-Jolie (Yvelines) et agenouillés par les policiers en décembre ont été entendus par l’IGPN. [La Gazette des Yvelines] Arié Alimi, avocat d’une vingtaine de lycéens interpellés réclame la nomination d’un juge d’instruction. [L’Humanité]

      Les mères des jeunes interpellés s’inquiètent des traumatismes causés par ces événements. « C’était un bon vivant, il aimait sortir, aller au cinéma avec ses copains. Maintenant il sort moins, il reste à la maison. Il me dit que comme ça personne ne le gêne, et qu’il ne gêne personne », raconte l’une d’elles. [Les Inrocks]
      Cour criminelle

      L’avocat Hervé Temime se lamente des cours criminelles départementales instaurée par la loi de réforme de la justice : « Je ne vois pas au nom de quoi on constituerait plusieurs catégories de crimes. Pourquoi un viol devrait être jugé par une juridiction composée de professionnels et un meurtre par la “vraie” cour d’assises ? (...) La cour d’assises actuelle, aussi critiquable soit-elle, est sans doute la juridiction où la justice est rendue avec le plus de soin, le plus de solennité et le plus de sérieux. » [Le Point] François Saint-Pierre de son côté n’apprécient pas les cours d’assise où le président seulement, contrairement au jury, a accès au dossier : « Notre système personnalise à outrance le procès sur le président et il faut en sortir. Comment ? Par ce que j’appelle la rationalisation de la procédure accusatoire. En faisant condamner la France devant la Cour européenne des droits de l’homme pour défaut de motivation des verdicts, j’ai contribué à faire évoluer les choses. Mon but est de casser ce système archaïque qui fait un peu bandouiller quelques avocats passéistes. » [Le Point]

      La boîte noire

      Info. Le ministère de la justice a décidé de ne plus diffuser les statistiques mensuelles sur la population écrouée et détenue. Seules des statistiques trimestrielles devraient être publiées ; celles des trois premiers mois de l’année devraient être publiées aujourd’hui. [Le Panier à salade] « Disposer d’une analyse statistique avec un recul de plusieurs mois permettra un meilleur aperçu des tendances de l’évolution de la population carcérale », justifie le cabinet de la ministre de la justice.

      Réaction. Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) regrette l’arrêt de ces publications : « Ces données sont extrêmement utiles au CGLPL pour l’exercice de notre mission, notamment pour vérifier les taux d’occupations réels des prisons que nous visitons, les établissements ayant une fâcheuse tendance à considérer que le nombre de places correspond au nombre de lits disponibles. Une publication à un rythme trimestriel risque d’être moins pertinente, alors que le CGLPL recommandait dans un rapport thématique sur la surpopulation carcérale que l’administration pénitentiaire se dote d’outils statistiques plus précis de l’occupation des établissements pénitentiaires. »

      En bref
      Un policier de Rennes (Ille-et-Vilaine) est soupçonné d’avoir détourné des armes saisies

       ?Un policier des stups est soupçonné d’avoir fait localiser le téléphone de sa femme

      Au Brésil, le nombre de suicides dans les rangs de la police est important

      La police nationale lance une nouvelle campagne de recrutement, proposant notamment un casque de réalité virtuelle

      Les juges doivent tenir compte d’une marge d’erreur de 8% de la valeur mesurée par les éthylomètres

      Relancée par la cour d’appel de Paris en 2013, l’enquête sur le scandale de l’IGS est au point mort

      Malgré la mort d’Eric Garner en 2014, les clefs d’étranglements sont toujours utilisées par la police de New York (États-Unis)

      Une ASVP de Nice (Alpes-Maritimes) condamnée pour avoir travaillé en parallèle au service d’une princesse arabe

      Deux policiers municipaux de Marseille (Bouches-du-Rhône) sont mis en examen après avoir tiré lors d’un refus d’obtempérer

      À Paris, des policiers recouvrent la tête d’un mineur avec un sac en tissu lors d’une interpellation ; le parquet a ouvert une enquête

      Un policier a été condamné pour avoir donné des coups de pieds à un manifestant contre les violences policières

      Un policier du commissariat de Roubaix (Nord) est condamné pour avoir détourné de l’argent saisi ; sa peine n’est pas inscrite à son casier

      La Cour de cassation rend définitif le non-lieu du gendarme ayant tiré la grenade qui a coûté à la vie à Rémi Fraisse

      Un homme est condamné à perpétuité après avoir percuté un gendarme en Ariège

      La peine de 25 ans de réclusion criminelle de Rédoine Faïd pour le braquage raté lors duquel la policière municipale Aurélie Fouquet était morte est définitive

       ?L’utilisation des caméras-piétons ne permettent pas de lutter contre les contrôles au faciès selon le DGPN ; le rapport mentionne de nombreuses pannes

      La ministre de la santé porte les premiers soins à un CRS affecté à son escorte victime d’un malaise

      La ville de Montréal (Québec, Canada) doit verser 43 000 $ à une manifestante détenue abusivement en 2014

      Une étude scientifique américaine montre le manque d’effet de la prison en matière de prévention de la violence

      Téléphone, drogue, colis : Snapchat, témoin de la vie quotidienne en prison ; le compte « Les Prisons 2 France » diffuse régulièrement des vidéos

      Un homme porte plainte après le suicide de son fils au centre pénitentiaire de Vézin-le-Coquet (Ille-et-Vilaine)

      « C’est répugnant ! » : la sénatrice Esther Benbassa a visité l’établissement pour mineurs de Porcheville (Yvelines)

      Trois ruches ont été installées à la prison de Montmédy (Meuse)

      Le Conseil constitutionnel a censuré l’article de loi utilisé pour pénaliser les surveillants pénitentiaires grévistes

      Aux Pays-Bas, le ministère de la justice a perdu la traces de 700 porteurs de bracelet électronique à cause d’un bug

      La section spécialisée C1 du parquet de Paris va bientôt laisser sa place au parquet national anti-terroriste

      La police municipale de Châteauroux (Indre) sera équipée de LBD à l’automne

      Candidate à la mairie de Paris, Rachida Dati souhaiterait armer la police municipale parisienne et encourager le lien avec la sécurité privée

      La Commission européenne travaille à une résolution pour faciliter l’accès aux preuves numériques

      1073 flash en trois mois en Normandie : les voitures radars privatisées ne flashent guère

      Aux États-Unis, les Tasers ne sont pas aussi fiables que le laisse penser leur constructeur ; parfois, ils aggravent même la situation

       ?Les policiers municipaux d’Honfleur (Calvados) testent les trottinettes électriques

    • (pour faire suite au message de @sombre, @paniersalade est même ici depuis quelques semaines, et la lettre d’info du 14 mai est disponible avec les liens à cette adresse : https://us12.campaign-archive.com/?u=93670423e9243101afcfcae19&id=d0ce6af1de et y’a moyen de s’abonner gratuitement pour la recevoir chaque mardi dans sa boîte mail)

      Le Panier à Salade propose une sélection hebdomadaire de liens de l’actualité police-justice.

      Vous lisez le Panier à salade, votre sélection hebdomadaire de liens sur l’actualité de la police et de la justice. Bonne lecture, et n’hésitez pas à partager le contenu de cette newsletter sur les réseaux sociaux ou à transférer ce message à vos amis.

  • La société de néphrologie écarte une association de patients
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/04/22/la-societe-de-nephrologie-ecarte-une-association-de-patients_5453504_1650684

    L’association de patients insuffisants rénaux #Renaloo est déclarée persona non grata par ceux qui sont censés soigner ses adhérents. Dans un communiqué diffusé le 6 avril, la Société francophone de #néphrologie, #dialyse et transplantation (SFNDT) a décidé « de ne plus inviter Renaloo aux réunions qu’elle organise avec les associations de patients, en commençant par le colloque “Soignants-soignés” organisé lors du prochain congrès de la SFNDT en octobre à Nancy ». Renaloo y participait pourtant depuis plusieurs années, à travers des communications scientifiques, mais aussi lors de sessions consacrées aux associations de patients.

    De même, le Syndicat des néphrologues libéraux a, le 9 avril, « demandé à ses adhérents participant au comité scientifique et aux commissions de Renaloo d’y cesser dès à présent leurs fonctions ». Dans la foulée, Georges Brillet, néphrologue à Chateauroux, a démissionné de cette instance en indiquant à Renaloo « prendre ses distances avec l’association à la suite d’un article paru dans le journal Le Monde ».

    Dans le supplément « Science & médecine » de notre édition du 3 avril, nous avions fait part d’un rapport de la Chambre régionale des comptes de La Réunion que nous avions pu consulter. Ce document provisoire évoquait des « activités à caractère lucratif contestable », des comptes « qui ne reflètent pas la réalité des activités » et «  un montage juridique qui altère la régularité, la sincérité et l’image fidèle des états financiers » de l’Association pour l’utilisation du rein artificiel à La Réunion (Aurar) – déjà sous le coup d’une enquête pénale pour fraude.

    C’est l’entretien réalisé avec Nathalie Mesny, présidente de Renaloo – qui a contribué à lancer l’alerte sur le sujet et dénonçait le recours trop systématique à la dialyse – qui a, semble-t-il, provoqué l’ire de certains néphrologues. Renaloo a qualifié l’éviction de « représailles », dans un Tweet.

    #omertà

    • Dossier dans Le Monde : le scandale financier et sanitaire de la dialyse à La Réunion… et au-delà !
      http://www.renaloo.com/actualites2/les-dernieres-actualites-liste/3033-dossier-dans-le-monde-scandale-financier-et-sanitaire-a-la-reunion-et-

      Le journal relate des abus financiers considérables et surtout leurs conséquences pour les patients. La principale concerne les freins et retards dans l’accès à la greffe, inférieur en France à celui d’autres pays européens. Depuis des années, il est pourtant établi que la transplantation rénale est préférable à la dialyse, en termes de qualité de vie et d’espérance de vie, rappelle le quotidien. Ainsi, une femme de 30-34 ans avec IRCT peut espérer vivre encore trente ans et demi si elle est greffée (et reste avec un greffon fonctionnel toute sa vie), alors que son espérance de vie n’est que de seize ans si elle est dialysée(1).

      Malgré les difficultés à dénoncer un système privilégiant la dialyse pour des raisons financières - plusieurs lanceurs d’alerte auraient confié aux journalistes du Monde avoir été victimes de calomnies et de tentatives d’intimidation - certaines voix commencent à s’élever. Parmi elles, celle du professeur Jean-Louis Touraine, néphrologue et député du Rhône La République en marche : « Dans plusieurs villes, pour accéder à la greffe, il faut surmonter des inerties, des freins, des défauts organisationnels, des insuffisances de prélèvements d’organes, des intérêts financiers divergents ».

      La Cour des comptes vient de lancer à la demande du Sénat une nouvelle enquête sur le dossier, qu’elle connait bien : les conclusions de son rapport de 2015 étaient déjà accablantes. L’Assurance-maladie indique a également entrepris des contrôles sur des structures de dialyse et des néphrologues en métropole, dont certains ont donné lieu à des dépôts de plainte pénale, ou des notifications d’indus avec pénalités financières.

      #whistleblower #santé #scandale #représailles

  • Tiens, le Monde se réveille…
    (réservé aux abonnés, heureusement)

    « Gilets jaunes » : les violences policières, le tabou du gouvernement
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/04/19/les-violences-policieres-le-tabou-des-autorites_5452435_3224.html


    (crédits photo (trouvés à Jakarta…)
    Foto : AFP/Sebastien SALOM-GOMIS)

    Aucun haut responsable ne veut en parler publiquement, malgré des dizaines de vidéos explicites documentant des dérapages parfois graves.

    C’est une bataille des images, mais aussi et surtout une guerre des mots. Face aux nombreuses ­photos et vidéos de scènes où des membres des forces de l’ordre molestent des manifestants, les autorités opposent un front de défense uni, dont la ligne pourrait se résumer ainsi : « Les violences policières n’existent pas. »

    Dès le 8 mars, Emmanuel Macron avait montré la voie en répondant sèchement à un étudiant lors d’une étape du grand débat :
    « Ne parlez pas de “répression” ou de “violences policières”, ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit. »

    Même interdit langagier pour le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, ­interrogé le 19 mars sur France ­Inter, qui rétorquait :
    « Arrêtons de parler des violences policières ! »

    Quant à Edouard Philippe, le premier ministre, il déclarait sèchement, sur BFM-TV, en réponse à la Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, qui évoquait début mars un « usage excessif de la force » :
    « Il faudra [lui] expliquer l’ensemble des faits et notamment l’extrême violence qui s’est déchaînée contre les forces de l’ordre. »

    Pourquoi un tel tabou dans la parole publique, alors que, depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », des dizaines de vidéos explicites documentent des dérapages parfois graves des forces de l’ordre ? Plus de deux cents enquêtes ont été ouvertes « pour des faits allant de l’insulte aux violences qui ont pu faire des blessés et parfois des blessés graves », selon les mots mêmes de Christophe Castaner. Plusieurs sources interrogées pointent une multitude de raisons à ce déni, à commencer par la nécessité de ne pas brusquer la base policière dont les autorités ont craint qu’elle ne fasse défaut en décembre 2018.

    Ce refus ferme de parler de ­« violences policières » trouve en effet un écho très favorable au sein des forces de l’ordre. « Je suis dans la police depuis le début des années 1980 et je n’ai encore jamais vu un ministre comme ­Castaner qui soutiennent autant ses hommes et ses femmes », dit Yves Lefebvre, secrétaire général d’Unité SGP Police-Force ouvrière, le premier syndicat au sein du ministère de l’intérieur.

    #paywall

    • « Gilets jaunes » : les violences policières, le tabou du gouvernement

      Aucun haut responsable ne veut en parler publiquement, malgré des dizaines de vidéos explicites documentant des dérapages parfois graves.

      C’est une bataille des images, mais aussi et surtout une guerre des mots. Face aux nombreuses ­photos et vidéos de scènes où des membres des forces de l’ordre molestent des manifestants, les autorités opposent un front de défense uni, dont la ligne pourrait se résumer ainsi : « Les violences policières n’existent pas. »

      Dès le 8 mars, Emmanuel Macron avait montré la voie en répondant sèchement à un étudiant lors d’une étape du grand débat :
      « Ne parlez pas de “répression” ou de “violences policières”, ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit. »
      Même interdit langagier pour le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, ­interrogé le 19 mars sur France ­Inter, qui rétorquait :
      « Arrêtons de parler des violences policières ! »
      Quant à Edouard Philippe, le premier ministre, il déclarait sèchement, sur BFM-TV, en réponse à la Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, qui évoquait début mars un « usage excessif de la force » :
      « Il faudra [lui] expliquer l’ensemble des faits et notamment l’extrême violence qui s’est déchaînée contre les forces de l’ordre. »

      Pourquoi un tel tabou dans la parole publique, alors que, depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », des dizaines de vidéos explicites documentent des dérapages parfois graves des forces de l’ordre ? Plus de deux cents enquêtes ont été ouvertes « pour des faits allant de l’insulte aux violences qui ont pu faire des blessés et parfois des blessés graves », selon les mots mêmes de Christophe Castaner. Plusieurs sources interrogées pointent une multitude de raisons à ce déni, à commencer par la nécessité de ne pas brusquer la base policière dont les autorités ont craint qu’elle ne fasse défaut en décembre 2018.

      Sentiment d’équivalence

      Ce refus ferme de parler de ­« violences policières » trouve en effet un écho très favorable au sein des forces de l’ordre. « Je suis dans la police depuis le début des années 1980 et je n’ai encore jamais vu un ministre comme ­Castaner qui soutiennent autant ses hommes et ses femmes », dit Yves Lefebvre, secrétaire général d’Unité SGP Police-Force ouvrière, le premier syndicat au sein du ministère de l’intérieur.
      Laurent Nuñez aussi a marqué des points, en tout cas chez les policiers. Invité à commenter sur BFM-TV les propos d’un colonel de gendarmerie qui parlait de « violences policières » pour qualifier le matraquage de manifestants dans un fast-food, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur avait appelé l’intéressé à faire preuve de « la plus grande prudence » et s’était limité à évoquer des « suspicions de violence ». Une séquence perçue par la maison d’en face comme un recadrage bienvenu du gendarme. « C’était absolument scandaleux d’entendre ça. Est-ce qu’après ­Sivens nous sommes allés expliquer sur les plateaux qu’ils n’auraient pas dû jeter la grenade comme ça ? Ce sont des mots inacceptables », s’emporte une source policière, en référence à la mort du manifestant Rémi Fraisse, touché par l’explosion d’une grenade offensive tirée par un gendarme mobile sur le site du barrage de Sivens en 2014.

      Confrontés aux images de violences policières lors de nombreuses interviews, le ministre de l’intérieur et son secrétaire d’Etat ont pris le parti de systématiquement appeler à respecter le temps long de l’enquête avant de qualifier les faits. Une présomption d’innocence à sens unique, quand les forces de l’ordre appellent régulièrement la justice à condamner plus rapidement et plus sévèrement les casseurs. Ce n’est souvent que sous le couvert de l’anonymat, et en usant moult périphrases, que les policiers reconnaissent des « dérapages », des « fautes » ou des « gestes déplacés ».
      Au risque que s’installe un sentiment d’impunité dans l’opinion, selon David Le Bars, patron du Syndicat des commissaires de la police nationale, organisation majoritaire : « La réalité, c’est qu’on a manqué de décisions administratives courageuses : il y a des images et des actions qui nous mettent en difficulté. Sans préjuger des suites judiciaires, il aurait pu y avoir des sanctions administratives plus fermes. »

      « Volonté de l’Etat de faire mal aux corps »

      Pour les autorités, ce combat sémantique revêt aussi une dimension symbolique. « Il y a une bataille des mots parce que ceux d’en face, en parlant de “violences policières”, veulent dire que notre emploi de la force est illégitime, alors qu’au contraire c’est nous qui avons le monopole de cette force légitime », explique une source policière. Plusieurs policiers regrettent que ne s’installe parfois un sentiment d’équivalence entre manifestants et forces de l’ordre. « Avec la querelle politique et la crise des “gilets jaunes”, on a été les otages d’un match qui a parfois donné l’impression que c’était bande contre bande, explique David Le Bars. Il y a eu un alignement de la violence, et ce sentiment a parfois pu se diffuser chez des policiers également. »

      Pour les autorités, ne pas laisser s’installer l’expression de « violences policières » est enfin une façon de se dédouaner, en refusant une lecture systémique, et en renvoyant la « faute » sur l’individu, policier ou gendarme. « “Violences policières” suggère un système, sciemment organisé, c’est évidemment faux : s’il y a faute ou manquement à la déontologie, la justice et les inspections interviennent et sanctionnent », twittait Eric Morvan, le grand patron de la police nationale, le 9 avril.
      Une approche contestée par les défenseurs des « gilets jaunes », comme Raphaël Kempf, avocat de nombreux manifestants : « Il y a une volonté de l’Etat de faire mal aux corps. Quand le gouvernement fait le choix de continuer à utiliser des armes qui peuvent mutiler, alors qu’il connaît les conséquences, c’est l’adoption d’une stratégie de la tension, dans le but de dissuader les gens de manifester. » Avec certains de ses confrères, William Bourdon, Aïnoha Pascual, Chloé Chalot et Arié Alimi, Me Kempf a saisi, le 14 avril, le Conseil d’Etat d’un référé suspension pour faire interdire la très contestée grenade lacrymogène GLI-F4, à l’origine de plusieurs mutilations, et toujours utilisée par les forces de l’ordre.

  • À petit feu. Les sacrifiés du #golfe_de_Fos

    La #Camargue, ses paysages de carte postale, ses flamands roses et, à quelques pas de là, ses usines classées #Seveso : #sidérurgie, #pétrochimie, #raffineries… À la jonction de ces deux univers, le golfe de Fos, devenu le carrefour de #maladies_rares. Ici, les risques de #cancers sont multipliés par deux.

    Le Quatre heures est parti à la rencontre de ceux qui, coincés entre #omerta et #déni, ont décidé de lutter pour leur survie.

    https://lequatreheures.com/episodes/a-petit-feu
    #résistance #lutte #France #pollution

    Derrière le #paysage... pour mon cours de #géographie_culturelle

    ping @albertocampiphoto @marty @mathieup

    • A #Bordeaux, des étudiantes se mobilisent contre les #violences_sexuelles sur leur campus

      Après un #viol, fin novembre, des étudiantes du campus de l’#université_de_Bordeaux ont organisé une #marche, mercredi 19 décembre, pour interpeller les présidents d’université afin qu’ils se saisissent des problèmes d’insécurité et réalisent les travaux d’aménagement nécessaires.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/211218/bordeaux-des-etudiantes-se-mobilisent-contre-les-violences-sexuelles-sur-l

      #résistance #mobilisation #viols

    • #femmes_dans_la_ville #bordeaux #études_impossibles #discrimination #sexisme

      Quelques liens qui prouvent que rien ne bouge malgré les études qui alertent sur la situation

      https://www.sudouest.fr/2015/09/08/la-ville-qui-fait-male-2117485-2780.php
      (malgré le machisme du journaliste de Sudouest)

      Le géographe Yves Raibaud, maître de conférence à Bordeaux-Montaigne, publie un texte argumentatif sur la place des femmes en ville.

      La sentence est sans appel : Bordeaux préfère les hommes. 90 % des noms de rues sont des noms d’hommes, eux qui, par essence, aiment laisser leur trace. Les graffeurs sont des hommes. Seuls les hommes pissent dans la rue, marquent leur territoire, car depuis l’enfance ils savent qu’ils ont la légitimité de l’espace public. »

      https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2012-2-page-107.htm

      https://www.20minutes.fr/bordeaux/2032051-20170317-bordeaux-efforts-femmes-sentent-plus-securite-campus-vill

      #droit_à_la_ville

    • Prof. B. and the CvB

      Surely the most shocking thing about the chronicle of (self) deceit and abuse at the UvA Law Faculty described in the NRC (https://www.nrc.nl/nieuws/2019/05/14/bij-hoogleraar-b-moesten-de-vrouwen-hakken-dragen-a3960238) yesterday, is that it’s not a shocking exception. The university’s hierarchical structure and the mechanisms it has in place for fighting abuse of power, sexism, marginalization and exclusion, have long been shown to be insufficient. Indeed, they are part of the problem.

      Report after report, external and internal, and the reality on the ground all confirm that the Vertouwenpersoon (VP) system is worthless in fighting abuse of power at the UvA. When the VP is a volunteer only meant to be a confidential ear; when VP’s aggregate and cleansed reports only get sent up the hierarchy not down; and when those in power can easily ignore it, we have all the makings of an untrustworthy system when it comes to detecting and reporting abuse. The threshold is too high, as the blank personnel dossier in Prof. B.’s case attests, despite fifteen years of repeated abuses. The aggregation of the same blank reports is what the CvB holds up as evidence for a healthy work environment and a job well done.

      We demand change. Acknowledgment of the problem and immediate, structural change. Without recognition that what happened with prof. B is symptomatic of a corrupted system, no one will dare to come out and share their experiences, no matter how devastating, since no one is really listening and willing to change. As some of the (ex) colleagues of Prof. B. tragically admitted, they would rather look for another job than file a formal complaint. They are not alone, to say the least. Wringing our hangs isn’t enough. The UvA CvB is hypocritical in saying that such behavior is intolerable while at the same time perpetuating the very system making it possible.

      The irony of power abuse is nowhere as strong as at the public university. When our students and colleagues walk down the university halls, afraid to speak their mind, how would we expect them to do the same in the classroom and grow, emotionally and intellectually? Or is it simply that the much-vaunted “twenty-first-century skills” we seek to promote are nothing but fear, compliance and subordination?

      We call on the CvB to stop pretending they are shocked; from faculty deans and administrative managers and HR personnel to stop pretending they are caught off guard with egregious abuse. Blank reports of abuse in a hierarchical system should be the very first sign of trouble, not a cause to celebrate.

      The cup is full. Our work environment is unsafe and needs to change:

      Let’s give voice and agency to those who have been abused and intimidated, or who have witnessed or suspect it, and let them have recourse to an independent body with legally binding executive power. For obvious reasons, and to avoid repeating the dire mistakes of the past, this body must exercise downwards accountability to the university community through its representatives, not its managers, and its scope and procedures will only be determined by the university community, including the action groups, not the CvB and not only the CoR;
      Beyond developing a robust legal procedure, we should improve our work environment according to each faculty’s needs and effect cultural change through proactive dialog and allyship among the UvA community’s various members.

      CvB, if you don’t take care of this now, a PR crisis will be the least of your worries. Be accountable to us, not the government or the media. Let’s be an example for how a public institution can run, by listening and acting upon the insights of those who feel threatened and excluded.

      CvB, we call on you to publicly and fully consent to the two points made above by Monday at 5pm. Dragging your feet and calling for further dialog will no longer do. If by 5pm on Monday concrete steps will not be taken to meet these urgent needs of the entire university community, we will mobilize and organize to protect ourselves from an increasingly toxic work environment, with leaders who are intentionally blind to their colleagues’ plight. No ranking table or charm campaign will make this go away.

      http://rethinkuva.org/blog/2019/05/16/2187
      #Amsterdam #université_d'Amsterdam #UvA #pouvoir #abus_de_pouvoir #Prof_B #violences_sexuelles #sexisme #harcèlement_sexuel

    • Viols, harcèlement, attouchements : l’ampleur des violences sexuelles à l’Université

      De nombreux cas de harcèlement moral et sexuel, d’attouchements et de viols dans l’enseignement supérieur ont été révélés par Mediapart. Les deux derniers en date concernent la suspension récente de deux enseignants de l’Université Paris 1 accusés de viol.

      https://www.revolutionpermanente.fr/Viols-harcelement-attouchements-l-ampleur-des-violences-sexuell

    • « Violences sexistes et sexuelles à l’université : l’#omerta doit cesser ! »

      Un collectif de près de 500 chercheurs estime que l’enseignement supérieur en fait encore trop peu pour combattre ces phénomènes de violence. Selon eux, des institutions emploient des stratégies d’évitement pour décourager les victimes et protéger les agresseurs.


      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/23/violences-sexistes-et-sexuelles-a-l-universite-l-omerta-doit-cesser_5465816_

    • Violences sexuelles dans l’enseignement supérieur et la recherche : il n’y a pas de #neutralité !

      L’Association Française de Sociologie a diffusé en date du 11 février 2020 un communiqué intitulé « Mise en place d’un groupe de travail sur les violences sexistes, sexuelles et de genre » https://afs-socio.fr/creation-dun-groupe-de-travail-sur-les-violences-sexistes-sexuelles-et-de- Ce communiqué est inédit. Il marque un tournant dans notre profession en nous invitant à agir collectivement face aux situations de violences sexuelles sur nos lieux de travail (dans nos congrès mais aussi dans nos laboratoires, nos départements, nos séminaires, etc.). Cette prise de position, qui fait suite à des années de mobilisation du CLASCHES (Collectif de lutte anti-sexiste contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur et la recherche), est salutaire. Elle doit aboutir à une véritable prise de conscience collective qui seule permettra d’en finir avec de tels agissements.

      La prise de position de l’AFS est aussi l’occasion pour nous, enseignant·es et/ou chercheur·es en sciences sociales, de lancer un appel à notre communauté professionnelle : chacun·e de nous doit apprendre à réagir face aux dénonciations de violences sexuelles ! En effet, trop souvent encore, quand des collègues ou des étudiant·es osent en parler, les réactions immédiates protègent le mis-en-cause et renforcent la violence subie par la personne dénonçant les violences.

      Ainsi, lorsqu’est évoquée, au détour d’un séminaire ou d’une pause-café, une « affaire » de violences sexuelles dans notre communauté professionnelle, on entend encore trop souvent :
      – « C’est compliqué, il vaut mieux rester neutre ».
      – « Est-ce qu’elle a porté plainte ? » – « Non, elle a préféré ne pas porter plainte » – « Ça ne doit donc pas être si grave ».
      – « Est-ce qu’elle a porté plainte ? » – « Oui » – « Alors, attendons l’issue de la procédure, il faut rester neutre » (et d’ailleurs, s’il est condamné, il aura suffisamment payé).
      – « Concrètement, il s’est passé quoi ? » – « Ah bon, y’a pas mort d’homme ».
      – « Ah, c’est Untel qui est mis en cause ? Non, je n’y crois pas. C’est quelqu’un de bien ».
      – « Attention à la diffamation, il faut rester neutre ».
      – « On ne va pas cesser les collaborations avec lui, se priver de ce bon chercheur, on ne va pas se substituer au juge, il faut rester neutre ».
      – « On ne va pas la dénigrer mais quand même… elle s’est mise dans une situation-limite, non ? ».
      – « Elle ne serait pas en train de régler des comptes professionnels ? En tout cas, cette plainte, ça en arrange bien certains et certaines ».
      – « Il vaut mieux ne pas faire trop de bruit tant qu’elle n’a pas soutenu, c’est mieux pour elle ; mais si elle préfère arrêter, ça se comprend ».
      – « Si elle n’est plus à l’aise en sa présence, elle peut ne pas venir à la prochaine réunion ou au prochain colloque, pas de problème, on comprend ».
      – « Le papier qu’elle préparait pour le numéro de revue en commun avec lui, si elle ne le sent plus, elle peut le retirer. On comprend ».

      Adoptées souvent par souci de « neutralité », ces réactions et attitudes n’ont pourtant rien de neutre dans leurs conséquences. Elles favorisent le déni et valorisent le business as usual. In fine, elles protègent le mis-en-cause et renforcent la violence subie par la personne dénonçant les violences.

      A tout cela, nous voulons répondre :

      – Premièrement, en tant que chercheur·es en sciences sociales, et en tant que spécialistes du genre et de la sexualité pour certain·es d’entre nous, nous ne pouvons attendre, pour reconnaître la parole des personnes ayant subi des violences sexuelles et lui donner du crédit, l’issue de procédures pénales dont les enquêtes – aussi bien statistiques qu’ethnographiques et historiques – montrent la durée, les embûches et les biais en défaveur des plaignant·es.

      – Deuxièmement, ce type de réactions se focalise sur les coûts professionnels pour la personne mise en cause et passe sous silence les conséquences pour la personne qui a subi les violences sexuelles et qui ose les dénoncer. Pour celle-ci, par-delà les conséquences personnelles, les coûts professionnels sont immédiats et systématiques. Il suffit de regarder autour de nous pour les observer, ils se font sentir très vite : interruption de son travail de mémoire ou de thèse, impossibilité de continuer ses collaborations avec son agresseur, exclusion et auto-exclusion des réunions de travail, séminaires, colloques, jurys, comités où il pourrait être présent, difficulté à maintenir un papier dans des numéros ou ouvrages communs, difficulté à soumettre un article à une revue dont il pourrait être l’évaluateur, à candidater à un concours de recrutement dont il serait membre du jury… Dans ces conditions, ne rien dire, ne rien faire, c’est accentuer activement l’asymétrie des conséquences de la dénonciation au profit du mis-en-cause et au détriment de la personne qui dénonce les faits.

      Faut-il encore et toujours rappeler que dénoncer des violences sexuelles subies est non seulement un risque personnel et professionnel mais que cela n’apporte jamais aucun bénéfice de carrière, au contraire ? Que dénoncer « par plaisir » ou « par opportunisme » n’existe pas ? Que la question du consentement sexuel n’est pas plus « compliquée » que celle du consentement à une tasse de thé (cf. cette courte vidéo bien connue : https://www.youtube.com/watch?v=S-50iVx_yxU

      ) ?

      Il est temps de bannir ces réactions et attitudes qui infligent une violence supplémentaire aux personnes qui osent dénoncer les violences sexuelles qu’elles ont subies, et contribuent à protéger les agresseurs. Nous nous devons d’adopter d’autres réactions et comportements, de croire la parole des collègues et étudiant·es qui paient immédiatement et cher le fait d’avoir le courage de dénoncer ces violences. De les protéger et pas leurs agresseurs !

      Sous couvert de « neutralité », nous contribuons collectivement à renforcer l’asymétrie. Nous portons, chacun et chacune d’entre nous, la responsabilité que cela ne se passe plus comme ça.

      Une personne a subi des violences sexuelles,
      faisons en sorte qu’elle ne subisse pas aussi des violences professionnelles !

      Signataires :

      Catherine Achin (Univ. Paris-Dauphine/IRISSO), Eric Agrikoliansky (Univ. Paris-Dau- phine/IRISSO), Viviane Albenga (Univ. Bordeaux Montaigne/MICA), Olivier Allard (EHESS/LAS), Armelle Andro (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne/IDUP), Valérie Asensi (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CESSP), Christelle Avril (EHESS/CMH), Nathalie Bajos (INSERM/IRIS), Pascal Barbier (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CESSP), Lucie Bargel

      (Univ. Côte d’Azur/ERMES), Christian Baudelot (émérite ENS/CMH), Pierre-Yves Baudot (Univ. Paris-Dauphine/IRISSO), Aude Béliard (Univ. de Paris/Cermes3), Marlène Benquet (CNRS/IRISSO), Hourya Bentouhami (Univ. Toulouse 2/ERRAPHIS), Céline Béraud (EHESS/CéSor), Laure Bereni (CNRS/CMH), Sophie Bernard (Univ. Paris- Dauphine/IRISSO), Yasmine Berriane (CNRS/CMH), Céline Bessière (Univ. Paris-Dau- phine/IRISSO), Marc Bessin (CNRS/IRIS), Emilie Biland (Sciences Po/CSO), Laetitia Bis- carrat (Univ. Côte d’Azur/LIRCES), Michel Bozon (INED/IRIS), Hélène Bretin (Univ. Paris 13/IRIS), Carole Brugeilles (Univ. Paris Nanterre/CRESPPA), Coline Cardi (Univ. Paris 8, CRESPPA), Sylvie Chaperon (Univ. Toulouse 2/FRAMESPA), Marion Charpenel (Univ. Rouen Normandie/DySoLab), Sébastien Chauvin (Univ. Lausanne/CEG), Isabelle Clair (CNRS/IRIS), Stéphanie Condon (INED), Christel Coton (Univ. Paris 1 Panthéon-Sor- bonne/CESSP), Baptiste Coulmont (Univ. Paris 8/CRESPPA), Thérèse Courau (Univ. Tou- louse 3/IPEAT), Martine Court (Univ. Clermont Auvergne/LAPSCO/Centre Max Weber), Caroline Datchary (Univ. Toulouse 2/ LISST), Alice Debauche (Univ. de Strasbourg/SAGE), Pauline Delage (CNRS/CRESPPA), Magali Della Sudda (CNRS/Centre Émile Durkheim), Benjamin Derbez (Univ. de Bretagne Occidentale/LabERS), Virginie Descoutures (Univ. Picardie/CURAPP-ESS), Christine Detrez (ENS Lyon/Centre Max We- ber), Anne-Marie Devreux (CNRS/CRESPPA), Lucia Direnberger (CNRS/CMH), Anne-Cécile Douillet (Univ. de Lille/CERAPS), Delphine Dulong (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CESSP), Dorothée Dussy (CNRS/Centre Norbert Elias), Virginie Dutoya (CNRS/CEIAS), Jean-Sébastien Eideliman (Univ. de Paris/CERLIS), Eléonora Elguezabal (INRA/CESAER), Arnaud Esquerre (CNRS/IRIS), Didier Fassin (Institute for Advanced Study/Collège de France), Eric Fassin (Univ. Paris 8/LEGS), Fanny Gallot (Univ. Paris- Est-Créteil/CRHEC), Jérôme Gautié (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CET), Vincent Gay (Univ. Paris Diderot/LCSP), Marie-Laure Geoffray (Univ. Sorbonne Nouvelle/IHEAL- CREDA), Violaine Girard (Univ. Rouen Normandie/DySoLab), Colin Giraud (Univ. Paris Nanterre/CRESPPA), Isabelle Gouarné (CNRS/CURAPP-ESS), Sarah Carton de Grammont (Univ. Nanterre/LESC), Karima Guenfoud (Univ. Paris 13/IRIS), Stéphanie Guyon (Univ. Picardie/CURAPP-ESS), Rémi Habouzit (Univ. Paris 13/IDPS), Christine Hamelin (Univ. Versailles-St-Quentin/Printemps), Karim Hammou (CNRS/CRESPPA), Jean-Pascal Higelé (Univ. de Lorraine, 2L2S), Alban Jacquemart (Univ. Paris-Dauphine/IRISSO), Florence Jamay (Univ. Picardie/CURAPP-ESS), Julie Jarty (Univ. Toulouse 2/CERTOP), Solenne Jouanneau (Univ. de Strasbourg/SAGE), Romain Juston Morival (Univ. Rouen Nor- mandie/DySoLab-IRIHS), Danièle Kergoat (CNRS/CRESPPA), Rose-Marie Lagrave (EHESS/IRIS), Anne Lambert (INED/CMH), Nathalie Lapeyre (Univ. Toulouse 2/CER- TOP), Sylvain Laurens (EHESS/CMH), Bleuwen Lechaux (Univ. Rennes 2/ARENES), Cécile Lefèvre (Univ. de Paris/ CERLIS), Elise Lemercier (Univ. Rouen Normandie/DySolab), Éléonore Lépinard (Univ. de Lausanne/CEG), Amélie Le Renard (CNRS/CMH), Sandrine Lévêque (Univ. Lumière Lyon 2/TRIANGLE), Marylène Lieber (Université de Genève/IEG), Wilfried Lignier CNRS/CESSP), Léa Lima (CNAM/ LISE), Pascal Marichalar (CNRS/IRIS), Audrey Mariette (Univ. Paris 8/CRESPPA), Catherine Marry (CNRS/CMH), Elise Marsicano (Univ. de Strasbourg/SAGE), Olivier Martin (Univ. de Paris/CERLIS), Camille Masclet (CNRS/CESSP), Frédérique Matonti (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CESSP), Dominique Méda (Univ. Paris-Dauphine/IRISSO), Pierre Mercklé (Univ. de Grenoble Alpes/Pacte), Muriel Mille (Univ. Versailles-St-Quentin/Prin- temps), Hasnia-Sonia Missaoui (Univ. Toulouse 2/LISST), Lamia Missaoui (Univ. Ver- sailles-St-Quentin/Printemps), Stéphanie Mulot (Univ. Toulouse 2/CERTOP), Michel Naepels (EHESS/CEMS), Delphine Naudier (CNRS/CRESPPA), Hélène Nicolas (Univ. Paris 8/ LEGS), Alexandra Oeser (Univ. Paris Nanterre/ISP), Anne Paillet (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CESSP), Elise Palomares (Univ. Rouen Normandie, DySolab), Paul Pasquali (CNRS/CURAPP-ESS), Bibia Pavard (Univ. Paris 2/CARISM), Ana Perrin-Heredia (CNRS/CURAPP-ESS), Laure Pitti (Univ. Paris 8/CRESPPA), Clyde Plumauzille

      (CNRS/Centre Roland Mousnier), Sophie Pochic (CNRS/CMH), Edmond Préteceille (émérite CNRS, OSC), Wilfried Rault (INED), Gianfranco Rebucini (CNRS/IIAC), Juliette Rennes (EHESS/CEMS), Olivier Roueff (CNRS/CRESPPA), Marie Saiget (Univ. Lille/CERAPS), Olivia Samuel (Univ. Versailles-St-Quentin/Printemps), François Sarfati (Univ. Evry/Centre Pierre Naville), Regis Schlagdenhauffen (EHESS, IRIS), Gabrielle Schütz (Univ. Versailles-St-Quentin/Printemps), Yohan Selponi (Univ. Paris 1 Panthéon-Sor- bonne/CESSP), Delphine Serre (Univ. de Paris/CERLIS), Yasmine Siblot (Univ. Paris 8/CRESPPA), Patrick Simon (INED/Centre d’études européennes), Maud Simonet (CNRS/IDHES), Sabrina Sinigaglia-Amadio (Univ. de Lorraine, 2L2S), Paul Sorrentino (EHESS/CASE), Hélène Steinmetz (Univ. du Havre/IDEES), Stéphanie Tawa Lama-Rewal (CNRS/CEIAS), Albena Tcholakova (Univ. de Lorraine/2L2S), Françoise Thébaud (émérite Univ. Avignon/IEG Genève), Marion Tillous (Univ. Paris 8/LEGS), Sylvie Tissot (Univ. Paris 8/CRESPPA), Mathieu Trachman (INED/IRIS), Benoît Trépied (CNRS/IRIS), Ingrid Volery (Univ. de Lorraine/2L2S), Florian Vörös (Univ. de Lille/GERIICO), Anne-Catherine Wagner (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CESSP), Karel Yon (CNRS/IDHES), Michelle Zancarini-Fournel (émérite Univ. Lyon 1/LAHRA).

      https://gps.hypotheses.org/2572

  • Risques de contamination : le spectre d’un nouveau scandale sanitaire en Bretagne - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/290818/risques-de-contamination-le-spectre-d-un-nouveau-scandale-sanitaire-en-bre

    Le géant agroalimentaire Triskalia a tenté de cacher à un éleveur breton de 240 bovins qu’il lui avait fourni des aliments contaminés par des antibiotiques non autorisés. La production est partie sur les circuits de consommation.

    #paywall (si jamais..)

    • La coopérative agroalimentaire Triskalia, qui détient les marques Paysan breton, Régilait ou Mamie Nova, a tenté de cacher à un éleveur breton de 240 bovins qu’elle lui avait fourni en début d’année des aliments contaminés par des antibiotiques non autorisés chez les ruminants, selon des documents et témoignages réunis par Mediapart. La production de l’éleveur est pourtant partie sur les circuits de consommation.

      Décidé à faire toute la lumière sur une possible contamination alimentaire dont il aurait été l’acteur à son insu, l’éleveur en question, Christophe Thomas, a saisi un cabinet d’avocats spécialisé dans la criminalité environnementale et industrielle, et a déposé le 3 août 2018 une plainte auprès du parquet de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor).

      Triskalia, qui regroupe 16 000 agriculteurs avec un chiffre d’affaires de 1,9 milliard d’euros (en 2016) et 16 millions d’euros de bénéfices, traîne déjà derrière elle plusieurs scandales liés à des produits chimiques.

      Le 21 mars 2018, à Moustéru, petite commune des Côtes-d’Armor, un transporteur d’aliments du groupe Triskalia livre chez Christophe Thomas, producteur de viande et de lait, 2,5 tonnes de granulés « blancs », c’est-à-dire sans médicaments, pour la nourriture de son bétail. C’est, du moins, ce que croyait l’éleveur. Trois jours plus tard, en ouvrant son silo, il découvre que les granulés, d’ordinaire marron, sont mélangés cette fois-ci à des granulés de couleur verte.

      Il prévient immédiatement un technicien de la coopérative. Selon ce dernier, il aurait reçu par erreur un aliment pour lapin contenant des antibiotiques. « Une erreur, ça peut arriver, mais le hic c’est que c’est moi qui ai dû suggérer à la coopérative de suspendre la collecte du lait, le temps de faire des analyses », explique aujourd’hui Christophe Thomas.

      Au bout de quelques jours, Triskalia revient chercher le lait sur la ferme. Il ne présente aucune trace d’antibiotiques, selon la multinationale, qui lance néanmoins une analyse sur l’aliment douteux.

      Dans le même temps, l’éleveur observe des signes inquiétants chez ses bêtes : des diarrhées et une baisse de la production laitière. Dans les mois qui suivront, Christophe Thomas va constater chez ses bovins des mortalités, des avortements, ainsi que des écoulements de sang par les naseaux.

      Par prudence, et sans avertir sa coopérative, l’éleveur décide alors d’envoyer lui aussi un échantillon de l’aliment pour lapin (le Rafal Tonic Optima) reçu par erreur – qu’il a précieusement conservé – à un laboratoire proche de chez lui. Dès le lendemain, il apprend qu’une présence d’antibiotiques y est « détectée ». Si ce test basique ne lui indique pas de quels antibiotiques il s’agit, une chose est au moins certaine : l’aliment ingéré par ses vaches était médicamenteux, donc dangereux pour les bêtes et potentiellement proscrit s’il intègre le circuit de consommation alimentaire pour les humains.

      Sa surprise est donc totale quand un cadre de Triskalia l’informe par téléphone des résultats obtenus par le groupe – le message a été enregistré : « Il n’y a absolument rien dans l’aliment. Tu auras le double de l’analyse hein, y aura tout ce qu’il faut. On a certainement été au-delà de toutes les sécurités qu’on pouvait prendre. (…) Donc moi je suis très heureux ce soir ! »

      Le groupe est-il en train de mentir à l’éleveur ? Celui-ci demande copie des analyses effectuées, y compris en présence d’un huissier auquel il fait appel. En vain.

      Il décide alors de faire, à ses frais, des analyses plus approfondies de ses échantillons d’aliment. Stupeur : elles révèlent la présence de six antibiotiques, dont deux non autorisés chez les ruminants et les animaux produisant du lait destiné à la consommation humaine, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES). De plus, l’un des deux « ne doit pas être mélangé avec d’autres médicaments vétérinaires ». Soit précisément ce qui s’est passé dans la ferme de Christophe Thomas.

      Mais l’éleveur n’est pas au bout de ses surprises. Sur la fiche de fabrication de l’aliment pour lapin qu’il a reçu, il s’avise que ce dernier – le Rafal Tonic Optima – ne devrait contenir que deux antibiotiques, et non six. Autrement dit, l’aliment pour lapin lui-même ne serait pas conforme.

      « Six antibiotiques dans un aliment pour lapin, c’est dingue ! », s’indigne un vétérinaire d’une coopérative laitière bio interrogé par Mediapart. Celui-ci ajoute que ce phénomène est alarmant pour les animaux, leur flore intestinale étant susceptible de développer des résistances à plusieurs familles d’antibiotiques. Il est aussi inquiétant pour la santé humaine, car l’éleveur est exposé à ces bactéries, qui peuvent donc se propager ensuite à sa famille et à d’autres personnes… « Elles peuvent se développer, rendre malades les gens et derrière en traitement : on n’a rien », dit-il. L’antibiorésistance est en passe de devenir l’une des premières causes de mortalité au monde, selon l’ONU.

      L’éleveur Christophe Thomas dénonce un manque de transparence de Triskalia dans cette affaire dont les conséquences ont été tragiques pour son bétail. Sept de ses vaches ont avorté, cinq sont mortes, d’autres sont malades. Toutes ont consommé un cocktail de médicaments aux conséquences inconnues. Or, d’après lui, Triskalia ne lui a proposé aucune indemnisation, estimant que le lien entre l’état de santé du cheptel et la livraison erronée était encore à démontrer.

      Le dossier recouvre un enjeu de santé publique important. L’éleveur refuse désormais d’envoyer ses bêtes sur les chaînes de consommation : « Quand j’ai reçu les aliments médicamenteux, certaines vaches à l’engraissement mangeaient jusqu’à quatre kilos de granulés par jour. Depuis, elles perdent du poids, leurs selles sont toujours liquides, elles dépérissent. Leur flore intestinale est flinguée, pas besoin d’être vétérinaire pour le voir. Même moi je n’en voudrais pas dans mon assiette », déplore-t-il.

      Où est parti son lait et sous quelle(s) enseigne(s) ? La préfecture garde le silence. « Adressez-vous à l’éleveur », répond-elle. Mais l’éleveur n’en est, lui-même, pas informé. Seule donnée disponible : c’est l’entreprise Sodiaal (Entremont, Yoplait, Candia…) qui récolte le lait de Christophe Thomas. Or Sodiaal, qui n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations, livre entre autres l’usine de lait en poudre infantile Synutra, située à Carhaix (Finistère).

      Si le lait a été commercialisé pour les nourrissons, ce serait « un scandale encore plus grave que l’affaire Lactalis », estime René Louail, agriculteur, syndicaliste et ancien élu au conseil régional, qui soutient l’éleveur tout comme Serge Le Quéau (Sud-Solidaires) et le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest.

      Dans son combat, l’éleveur peut également compter sur son vétérinaire personnel, qui a informé les autorités préfectorales le 21 juin dernier : « Une application rigide de la loi conduirait, selon nous, à écarter ces animaux de la production (…) Or le lait produit actuellement par les vaches est collecté, et l’éleveur aurait des bovins à faire partir pour la viande », a-t-il écrit.

      Selon les informations recueillies par Mediapart, la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), rattachée à la préfecture, envisage de dresser un procès-verbal à la multinationale pour avoir manqué à ses obligations : elle devait informer les autorités sanitaires de la contamination dès le mois de mars, ce qui aurait notamment permis de suspendre la commercialisation des produits. Cependant, l’autorité sanitaire estime qu’il est trop tard pour enquêter sur la contamination passée et a adressé à Christophe Thomas, le 13 juillet, le courrier suivant : « Compte tenu du délai écoulé depuis la livraison (…) il n’existe aucune contre-indication à ce que les produits issus de votre cheptel (lait et viande) soient commercialisés pour la consommation humaine. »

      Contactée, la préfecture des Côtes-d’Armor affirme que l’absence de signalement par l’éleveur aux autorités sanitaires dans un délai de trois mois rend aujourd’hui inutile toute analyse de lait ou de viande. Raisonnement tout aussi valable pour Triskalia, qui n’a pas signalé l’incident.

      Depuis ses premières mésaventures, Christophe Thomas a reçu d’autres livraisons de granulés dont la couleur était inhabituelle. La DDPP est venue à sa demande prélever un échantillon d’aliment lors de la première livraison, mais n’a ni suspendu la production de lait, ni livré de résultats d’analyse à l’éleveur. Interrogée sur ce point, la préfecture répond que « la DDPP réserve ses conclusions pour une éventuelle instruction du dossier au pénal et ne peut donc pas communiquer sur ce point ». Lors de la deuxième livraison douteuse, le signalement de l’éleveur est resté lettre morte.

      Certains acteurs de la filière agricole s’inquiètent d’un possible étouffement du scandale. Ce ne serait pas la première fois en Bretagne, selon Denis Lagrue, vétérinaire à la retraite, qui évoque l’affaire de la salmonelle à l’abattoir de porcs de la Cooperl (premier abattoir de porcs en France, situé dans les Côtes-d’Armor). « Mon collègue a alerté sa hiérarchie à la DDPP pendant plus d’un an, en vain. En attendant, des milliers de tonnes de viande contaminée ont été écoulées. C’est en alertant plus haut, auprès d’une brigade de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), que l’affaire a éclaté et que la Cooperl a été condamnée [en 2015 – ndlr]. À la préfecture, on ne l’a pas félicité, au contraire, on lui a suggéré de changer de département », témoigne Denis Lagrue.

      Même son de cloche chez Pierre Hinard, ingénieur agronome et auteur du livre Omerta sur la viande (Grasset, 2014), qui déplore des manquements réguliers des autorités face aux scandales sanitaires.

      « Si c’était moi qui avais commis cette erreur [la contamination de l’aliment par un cocktail d’antibiotiques inappropriés – ndlr], l’élevage aurait été fermé. Les mêmes règles ne semblent pas s’appliquer aux agriculteurs et aux industriels », soupire l’éleveur Christophe Thomas. Il faut dire que Triskalia, actuellement engagée dans un processus de fusion avec le groupe d’Aucy, est le plus gros pourvoyeur d’emplois directs et indirects de la région. Après la fusion, le groupe comptera 20 000 agriculteurs et 9 000 salariés.

      Dans l’affaire des vaches contaminées de Christophe Thomas, Triskalia a reconnu le 29 août, dans Ouest-France, un « dysfonctionnement lors de la livraison d’aliment chez l’éleveur », mais dément toute contamination de son bétail. La coopérative n’a pas donné suite aux sollicitations de Mediapart.

      « Je suis au bout du rouleau, mais je dois sortir de ce système fou », soupire quant à lui Christophe Thomas.

  • Le patron du groupe de coiffure Dessange mis en cause pour harcèlement sexuel
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/08/11/le-patron-du-groupe-de-coiffure-dessange-mis-en-cause-pour-harcelement-sexue

    Elle avait bien noté une gêne, à l’issue de l’entretien, lorsqu’ils lui ont demandé ce qu’était devenue cette plainte pour harcèlement sexuel qu’elle avait déposée, en 2014, contre Benjamin Dessange, son ancien patron. Mais, comme elle et ses futurs potentiels employeurs s’étaient entendus sur le salaire, la voiture de fonction et sa date d’embauche, Annabel Talon est restée confiante. « On vous tient informée », ont-ils assuré. Les dirigeants de la société n’ont jamais rappelé. « Le monde de la coiffure est petit. Ils ont interrogé votre ancien employeur… », a fini par expliquer le cabinet de recrutement, trois semaines plus tard.

    Depuis le 11 juillet, Benjamin Dessange, 51 ans, président du groupe Dessange, est placé sous statut de témoin assisté pour « harcèlement sexuel » et « appels téléphoniques malveillants ». Le 2 août, les avocats d’Annabel Talon, Mes Patrick Maisonneuve et Charlotte Paredero, non satisfaits, ont demandé à la juge d’organiser une confrontation et de réentendre le PDG, en leur présence.

    #paywall #domination_masculine #violence_masculine #travail #harcelement_sexuel #culture_du_viol #omerta #victim_blaming

    Une plainte déposé en 2014, et rien ne bouge avant juillet 2018. La vicitime à par contre été pénalisé, perte d’emploi, complicité du milieu de la coiffure pour l’empeicher d’avoir à nouveau un emploi dans la coiffure. Le prévenu n’est même pas mis en examens, il est seulement « placé sous statut de témoin assisté ».

  • Violences sexuelles dans le sport : les raisons du silence
    http://www.lemonde.fr/sport/article/2017/11/10/violences-sexuelles-dans-le-sport-les-raisons-du-silence_5213240_3242.html

    Un immense silence. L’affaire Weinstein et les nombreuses révélations de violences sexuelles qui ont marqué l’automne n’ont eu que très peu d’écho dans le monde du sport. Deux anciennes championnes olympiques de gymnastique, une Ukrainienne et une Américaine, ont dénoncé des agressions dont elles ont été victimes au cours de leur carrière. Une ex-footballeuse suédoise a révélé le harcèlement sexuel qu’elle avait subi de la part de plusieurs joueurs. Mais c’est à peu près tout. En France, rien ou presque ; dans le sport de haut niveau, aucun témoignage ne s’est fait entendre pour l’instant.

    Pourtant, la ministre des sports, Laura Flessel, jusque-là restée discrète sur le sujet, l’assure haut et fort dans L’Express cette semaine : « Non, il n’y a pas d’omerta dans le sport. » Et l’ex-championne d’escrime d’expliquer : « Je n’ai pas reçu de témoignage depuis cette affaire [Weinstein] en particulier. C’est sans doute que le travail [de prévention] paie. Pourquoi ne voir le verre qu’à moitié vide ? »

    Un entretien qui a fait vivement réagir Véronique Lebar, présidente du Comité éthique et sport. Elle dit au Monde :
    « Les victimes m’ont dit que c’est exactement ce genre de propos, surtout à un si haut niveau, qui confirme et institutionnalise cette omerta dont nous parlons. Les victimes pensent : “A quoi bon dénoncer ? Ils sont dans le déni.” D’ailleurs, deux de nos victimes veulent arrêter leurs actions suite à ces propos. La ministre déclare [dans l’interview] travailler avec nous, mais c’est tout à fait faux. »

    #sport #sexisme #harcelement_sexuel #deni #fraternité #omerta

  • ENQUETE FRANCEINFO. Les agressions sexuelles en maison de retraite, un tabou français
    http://www.francetvinfo.fr/societe/enquete-franceinfo-comment-imaginer-sa-grand-mere-se-faire-violer-les-a

    Attention #TW viol

    Dans la nuit du 25 au 26 novembre 2010, Paulette, résidente d’une maison de retraite du Gard, est retrouvée « le visage marqué, très rouge, les lèvres en sang ». Atteinte d’aphasie, elle est incapable de s’exprimer. Les couloirs du « cantou », ce secteur réservé aux malades d’Alzheimer, sont déserts et silencieux. « A 0h45, nous l’avons trouvée en train de se faire agresser physiquement et sexuellement » par un autre résident, écrit l’aide-soignante de garde dans une note de transmission que franceinfo a pu consulter.

    Les deux résidents sont séparés, la retraitée âgée de 70 ans est « rassurée » puis lavée. Sans ordonnance, on lui donne un Lexomil, un anxiolytique puissant, puis on la recouche, toujours selon le document rempli par l’aide-soignante. Paulette « dort bien » jusqu’au lever du jour. Cette nuit-là, ni la direction, ni la famille, ni les autorités ne sont alertées, affirment les proches de Paulette.

    Les jours suivants, toujours selon la note de transmission, le médecin de cet Ehpad qui accueille 74 résidents, prescrit une pommade pour apaiser les rougeurs sur le visage de la retraitée. Elle montre des signes de rejet lors de la toilette intime et est aperçue en train de manger ses selles. Elle souffre d’irritations à l’anus, ses couchers sont agités, détaille encore le document.

    Il faudra plus d’un an pour que la famille de Paulette soit avertie et que cette dernière soit éloignée de son agresseur. « Une personne de l’établissement m’a arrêté dans la rue et m’a dit qu’il était arrivé quelque chose de grave à ma belle-mère, se souvient David Leviez, le gendre de Paulette. Cette personne avait trop peur pour son travail, mais elle n’en pouvait plus de se taire. »

    #viol #femmes #retraite #deni #vieillesse #violences_masculines #violences_medicale #violences_judiciaire #discrimination #omerta

    Mais « si un homme atteint d’Alzheimer donne une caresse à une femme qui le rejette, qu’on lui explique qu’il n’a pas le droit, mais qu’il oublie et réitère, est-ce qu’on le poursuit ?, interroge-t-elle. C’est une agression, mais c’est compliqué au quotidien de sortir le drapeau de l’agression sexuelle tout le temps. » Et puis, comment repérer un délit sexuel lorsque le rapport à l’intimité, la sexualité et la pudeur des résidents sont quotidiennement banalisés ?

    Ca pose la question de la mixité dans ces institutions. Les hommes susceptibles de commettre des agressions sexuelles doivent etre mis à part qu’ils soient conscients ou pas, pénalement responsables ou pas. Ca me semble pas si compliqué. Quand je lie ca, j’espère qu’on me piquera comme une clébarde plutot que me laisser en pâture aux hommes dans ces lieux d’agonie infernaux.

  • Jugée pour avoir « brisé la loi du silence » sur les maltraitances d’enfants handicapés

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/09/19/jugee-pour-avoir-brise-la-loi-du-silence-sur-les-maltraitances-d-enfants-han

    Comme trois lanceurs d’alerte, Céline Boussié comparaît pour diffamation, après avoir dénoncé les mauvais traitements dans un centre où elle a travaillé.


    A l’aube de son procès, alors que trois compagnons d’infortune ont, eux, été condamnés, Céline Boussié se dit « d’une sérénité absolue », forte d’une myriade d’éléments attestant qu’elle « n’a pas menti ».

    Pour ne pas connaître le même dénouement judiciaire, Céline Boussié a mené pendant cinq ans « une résistance de l’intérieur », en recueillant « un maximum de preuves ». De guerre lasse, elle craque en mai 2013. Arrêtée par son médecin, elle dépose un signalement auprès de l’agence régionale de santé Midi-Pyrénées (ARS), qui diligente une enquête. Le rapport de 400 pages, rendu à l’automne de la même année, fait état de « graves dysfonctionnements susceptibles d’affecter la santé, la sécurité, le bien-être physique et moral, le respect de la dignité des jeunes accueillis ».

    Sur les dix plaintes déposées contre l’institut par des familles et celle déposée par la ministre de l’époque, aucune n’a abouti à un procès. Pour le sien, Céline Boussié n’a pu compter sur le soutien d’aucun employé ; seules deux familles viendront témoigner en sa faveur – même si, à l’extérieur, elle bénéficie de nombreux appuis, dont la CGT-santé et le collectif des lanceurs d’alerte dont elle est membre.

    • Dix dépots de plainte par les familles d’enfants maltraités qui passent à la poubelle par contre la plainte pour diffamation contre la lanceuse d’alerte passe au tribunal...

      En octobre 2014, l’ARS a renouvelé l’agrément du centre, en réduisant sa capacité d’accueil de 85 à 55 places, assurant que, désormais, les enfants sont logés « dans des conditions convenables ».

      Les conditions sont sensées avoir toujours été « convenables » sinon il n’y aurais pas de plainte pour diffamation. Surtout que la dame est partie en 2013 à l’époque ou les conditions n’étaient pas "convenables" de l’aveux de l’ARS elle même.

  • “Se l’è andata a cercare”. Il paese volta le spallealla ragazzina violentata

    Calabria, in poche centinaia alla fiaccolata per la 16enne stuprata da tre anni. Il padre: “Me lo aspettavo, se potessi prenderei mia figlia e la porterei lontano”.

    http://www.lastampa.it/2016/09/11/italia/cronache/se-l-andata-a-cercare-il-paese-volta-le-spalle-alla-ragazzina-violentata-zzOxJ18IlHQP1vHsG4HDOO/amphtml/pagina.amp.html
    #culture_du_viol #viol #Calabre #Italie #homicide #omerta #silence #responsabilité #Melito

    • Gli ignorati stupri. Il «branco» che agisce ogni notte

      Se si voleva far passare ai telespettatori un messaggio orientato alla paura del diverso, dello straniero, del rifugiato, temo che ci sia proprio riusciti. Se si voleva far aprire gli occhi sulle violenze sessuali che accadono ogni notte (e non solo di notte) anche nella nostra Italia, si è mancato gravemente l’obiettivo.

      https://www.avvenire.it/opinioni/pagine/ignorati-stupri