• Tout bloquer, sauf la convergence des luttes- Paris Luttes
    https://paris-luttes.info/tout-bloquer-sauf-la-convergence-19884

    Beaucoup se plaignent d’une certaine confusion associée au mouvement BloquonsTout. Certain·es proposent des mesures. Mais résumer la colère en quelques revendications serait mettre l’orage en bouteille, alors qu’il faut déchaîner la tempête. Contre Macron et son (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • #Sénégal : plus de 1 900 migrants interpellés au 1er trimestre 2025

    Selon le Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI), 1 946 migrants ont été interpellés, 74 convoyeurs arrêtés et 32 #pirogues saisies par les forces de sécurités sénégalaises durant le 1er semestre 2025. Des chiffres qui relatent l’ampleur du phénomène migratoire au Sénégal malgré les efforts entrepris pour lutter contre l’immigration clandestine vers l’Europe.

    Au premier trimestre 2025, les forces de défense et de sécurité sénégalaises ont interpellé « 1 946 personnes tentant de prendre la mer, dont une majorité d’étrangers - 1 000 personnes - utilisant le Sénégal comme point de départ » a indiqué mardi 2 septembre le secrétaire permanent du Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI), Modou Diagne.

    Le contrôleur général de police a également précisé que 32 pirogues avaient été saisies et 74 suspects, des convoyeurs, arrêtés et déférés devant la justice. Ces chiffres ont été présentés à l’occasion d’un atelier s’inscrivant dans le cadre de la #Stratégie_nationale_de_lutte_contre_la_migration_irrégulière avec la #vision_Sénégal_2050 (#SNLMI).

    « La migration irrégulière est un défi de longue date, qui ne peut être résolu par un coup de baguette magique » a déclaré #Modou_Diagne. « Nous voulons réduire drastiquement ce phénomène à l’horizon 2035 », a-t-il cependant insisté.

    Face à l’ampleur de ces #départs irréguliers vers l’Europe, le Sénégal a accentué ses efforts ces dernières années afin de freiner le flux des migratoires.

    Multiplication des efforts

    Les #opérations_de_contrôle menées par les autorités de Dakar se sont donc multipliées sur le #littoral ces derniers mois. Un renforcement notamment dû au renouvellement d’accords de #coopération entre les #pays_de_transit (dont le Sénégal mais aussi la Mauritanie) et l’#Union_européenne, pour limiter les départs d’embarcations clandestines vers l’Europe. Dakar avait ainsi reçu une aide de 30 millions d’euros en octobre 2024 pour contrer ces départs mais aussi secourir les migrants en mer.

    « La #surveillance renforcée des #côtes commence à porter ses fruits », a souligné le Modou Diagne, saluant notamment les avancées réalisées dans le démantèlement des filières de #passeurs et l’intensification de la #répression à leur encontre.

    La SNLMI, validée en 2023 afin de lutter contre le phénomène d’ampleur de l’immigration clandestine au Sénégal, s’axe sur cinq volets : #prévention et #sensibilisation, répression des #filières_de_passeurs, gestion et #surveillance_des_frontières, #protection, retour et #réintégration des migrants. C’est pour coordonner toute ses actions que la CILMI a été créé en 2024 par le président de la République du Sénégal.

    L’accent est notamment mis sur la prévention pour dissuader les jeunes Sénégalais de partir clandestinement. Plusieurs campagnes de sensibilisation sont menées dans le pays depuis le début de l’année et des comités départementaux et régionaux de #lutte_contre_la_migration_irrégulière ont également été mis sur pied pour « impliquer les communautés dans cette #prévention ».

    https://x.com/Min_Interieur/status/1889799947647959160

    Le secrétaire permanent a insisté sur « la nécessité d’aller au-delà du volet sécuritaire » et d’"offrir aux jeunes et aux femmes des alternatives crédibles pour bâtir un avenir au Sénégal". Des #programmes_économiques générateurs de #revenus sont aussi en cours de déploiement dans le pays pour tenter de dissuader la population de prendre la route de l’exil.

    Une route très empruntée, mais très meurtrière

    Depuis une dizaine d’années, la route migratoire au départ des côtes ouest-africaines pour rejoindre les îles Canaries, en Espagne, est devenue l’un des principaux itinéraires empruntés par les migrants subsahariens. Après un record en 2024, le nombre d’arrivées a fortement chuté cette année. Selon le ministère de l’Intérieur espagnol, 12 126 exilés sont arrivés aux #Canaries depuis janvier par pirogues, contre 25 571 sur la même période l’année dernière. Soit une baisse de 52,6%.

    En 2024, le Sénégal est devenu le second pays de départ vers cette destination selon le rapport de la Sécurité nationale espagnole. Si les départs sont moins nombreux cette année depuis les côtes sénégalaises en raison des mesures répressives et sécuritaires adoptées, cela ne signifie pas pour autant que les pirogues ne partent plus. La route de l’Atlantique s’est simplement déplacée plus au nord faisant désormais de la #Mauritanie, le principal lieu de départ des personnes désireuses de gagner les Canaries. La route au départ de la #Guinée est aussi de plus en plus utilisée par les migrants.

    Dans un pays touché par un #chômage_de_masse et une #crise_économique ainsi que par la raréfaction des #poissons due à la #surpêche, des milliers de jeunes Sénégalais tentent de traverser l’Atlantique pour rejoindre les Canaries, prenant des #risques énormes. Il faut au moins cinq jours de navigation pour parcourir les 1 500 km qui séparent le pays de l’archipel, dans des conditions décrites comme terribles par les survivants, à la merci de la faim et la soif, du soleil, des intempéries et des avaries.

    Cela en fait l’une des routes les plus meurtrières avec de fréquents naufrages recensés. L’un des derniers drames en date remonte au 28 août. Partie de Gambie avec plus 160 personnes à bord, toutes gambiennes et sénégalaises, une pirogue a fait naufrage au large de la Mauritanie. Au moins 69 corps ont été repêchés et seuls 17 migrants ont pu être secourus.

    Plus de 10 400 migrants sont morts ou ont disparu en mer en tentant de rejoindre l’Espagne en 2024, selon l’ONG Caminando Fronteras. Un chiffre sous-estimé car de nombreuses embarcations perdues en mer ne sont jamais retrouvées. Au cours des cinq premiers mois de 2025, un total de 1 482 décès a été comptabilisé par l’ONG sur cette route.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/66735/senegal--plus-de-1-900-migrants-interpelles-au-1er-trimestre-2025
    #statistiques #chiffres #2025 #migrations #réfugiés #route_atlantique #dissuasion #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #frontières #externalisation
    ping @6donie

  • How to keep Putin out of Europe: refill the swamp
    https://www.ft.com/content/f36df9d1-214f-401a-9edb-0882dff29105

    As the continent prepares to spend hundreds of billions on rearmament, many scientists fear the environment is falling by the wayside.

    But 70-year-old Joosten, nicknamed the ‘peatland pope’ by colleagues, says salvaging drained wetlands is a cost-effective way to keep out Vladimir Putin while also rescuing an invaluable carbon sink.

    “There are too many win-win situations to neglect,” he says. “You can strengthen your defence power” with “benefits for climate, for biodiversity, for crop control, for water provision”.

    Water has played a role in defensive strategy for millennia.

    The Prussian general and military strategist Carl von Clausewitz said bogs were among “the strongest lines of defence”.

    Germanic chieftain Arminius used the dark, sticky peatland of the Teutoburg Forest to inflict one of the Roman army’s greatest defeats. And in the 16th and 17th centuries, Holland used strategic flooding to fend off Spanish and French invaders.

    More recently, as the Ukrainian armed forces desperately sought to stop the Russian armoured thrust towards Kyiv in the early days of the 2022 invasion, they destroyed a Soviet-era dam some 20km north of the capital. 

    “Instead of directly advancing on Kyiv . . . the enemy was forced to either look for other routes or to delay,” says Viktor Kevliuk, a military expert at the Kyiv-based Centre for Defence Strategies.

    “This gave the Ukrainian side time to strengthen the defence on the right bank of the Irpin river, with the water and swamps serving as an anti-tank ditch.”

    He added: “Nature did its job.”

  • Chasseurs de mafia

    Les coulisses de l’opération « #Eurêka », #coup_de_filet géant mené en 2023 dans huit pays européens contre la redoutable pieuvre calabraise ’Ndrangheta. Une traque haletante, de la petite ville allemande de #Siegen jusqu’à San Luca, fief de l’organisation criminelle.

    J’avais vu cette mini-série très intéressante sur arte, mais elle n’est plus disponible sur la chaîne franco-allemande...

    on peut néanmoins la regarder sur youtube, je vous la recommande :
    https://www.youtube.com/watch?v=LeMHJpq5kZE&t=9s


    https://www.youtube.com/watch?v=Osj6GxIcaxs

    https://www.youtube.com/watch?v=8U0RNlO_0lA

    https://www.youtube.com/watch?v=bKQ3aMedZGU

    https://www.youtube.com/watch?v=eZS6iY0ri1U

    #série #mafia #ndrangheta #film #documentaire #film_documentaire #série_documentaire #San_Luca #Allemagne #Italie #opération_eureka #Calabre #criminalité_organisée #opération_policière

    ping @fil @reka @isskein

  • Pourquoi la Suisse est imprenable ? | ATLAS - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=sxj7dNmjZFI

    La Suisse, pays du chocolat ... et des canons.
    Derrière son image de neutralité sans faille, le pays cache en réalité un formidable système militaire camouflé au creux de la montagne. Rochers-canons, granges-canons ou refuges-canons, il existerait près de 8 000 ouvrages militaires dissimulés dans le paysage. Alors dans ce nouvel épisode d’Atlas, direction la Suisse pour une randonnée pas comme les autres au cœur du Réduit national : la place forte de la stratégie de défense suisse.

    Quelques sources qui nous ont aidé
    • Les archives de la RTS sur le Réduit national
    • L’inestimable puits d’informations du blog de World of Teeone
    • Le non moins estimable blog d’Atlantic Wahl
    • Le documentaire de la RTS sur l’effet du Réduit au sein de la population
    • Le documentaire de la TSR sur le général Guisan et les rela

    (avec liens)

    • Je n’ai pas encore vu... mais je me rappelle avoir vu il y a trèès longtemps, une super exposition... où des personnes âgées, qui étaient vivants lors de la Seconde guerre mondiale, disaient que c’était un très beau mythe... et il y a plein de contre-exemples du dysfonctionnement de l’armée suisse...
      Je me demande si on ne peut pas trouver quelque chose su ce beau site d’histoire orale :
      https://notrehistoire.ch/themes/politics-and-society/security-and-justice

      #camouflage #dissuasion_militaire #armée_suisse #neutralité #armes #stratégie_du_hérisson #montagnes #Alpes #défense #forteresse #seconde_guerre_mondiale #WWII #Général_Guisan #stratégie_militaire #réduit_national #dissuasion #discrétion #sous-sol #tunnels #mobilisation #service_militaire #montagne #défense_nationale #Amsteg #or #opération_Tannenbaum #banque_nationale_suisse #or_nazi #bunkers #guerre_froide #bunkers_anti-atomiques #éducation_militaire #relations_internationales

    • Et sinon, ce super #livre de #Pierre_Hazan :
      #Le_mal_suisse
      https://bibliows.payot.ch/api/image/7F12DBE4C347C5131C937132EE23AAC907A93B32/front/0/resized/mob_detail

      Plongée dans l’univers mental helvétique à l’heure où la Suisse traverse sa plus grave crise d’identité depuis la Seconde Guerre mondiale, Le mal suisse explore le sens d’une neutralité largement fictive et les effets pervers du consensus. Surtout, il tente de comprendre le ressort quasi paranoïaque de l’isolationnisme helvétique et de ce système unique de défense qui faisait dire au Conseil fédéral, en 1988 : La Suisse n’a pas d’armée, elle est une armée. Comment se défaire de cette obsession, dès lors qu’elle constitue le meilleur ciment d’une nation à l’identité floue, fragmentée par les divisions cantonales, linguistiques, culturelles et religieuses ? Que faire de cet héritage psychologique de méfiance par rapport au monde, quand la Suisse est montrée du doigt par les Etats-Unis pour son rôle durant la guerre, que la démocratie directe et le consensus bloquent les rouages de la machine gouvernementale, que sa population rejette l’adhésion à l’Espace économique européen comme aux Nations Unies, que le chômage, jadis inconnu, progresse, et que les disparités sociales s’accroissent ? Le mal suisse est certes un examen sans concession de l’effondrement d’un mode de pensée et d’un mode de vie. Mais avec le souhait de contribuer à ce que la Suisse sorte de la mythologie façonnée par ses élites elles-mêmes pour pénétrer enfin dans l’Histoire.

      https://www.payot.ch/Detail/le_mal_suisse-pierre_hazan-9782234049543

    • @sombre et @cdb_77, la vidéo dit assez explicitement que le Reich aurait difficilement pu se passer des services financiers de la Suisse, mais mentionne moins que certaines huiles s’y étaient aussi préparer quelques réserves quand le vent a commencé à tourner

      sinon, en échanges sportifs universitaires – il y a donc un certain temps, voire un temps certain – l’ensemble de l’équipe avait été hébergée dans le bunker d’un lycée à Lucerne. Sous-terrain, lits superposés métalliques et surtout, ça marque porte blindée d’au minimum 40 cm d’épaisseur de béton, encadrée de deux tôles d’acier de plusieurs centimètres ; on se mettait à trois pour la manœuvrer… Dans la pièce où on était, il y avait une quarantaine de couchages.

    • Et il y a évidemment aussi tout le dossier de la #commission_bergier :

      La Commission indépendante d’experts (CIE, communément appelée Commission Bergier) est une commission d’experts extraparlementaire suisse, instituée par le Conseil fédéral le 19 décembre 1996, pour un mandat de cinq ans. Elle avait pour mission de « faire toute la lumière sur l’étendue et le sort de ce qu’on a appelé l’Affaire des fonds en déshérence »[1]. Son rôle a été étendu à l’étude de la politique d’asile de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale et à l’examen des relations économiques et financières entre la Suisse et le Troisième Reich.

      Cette commission a publié une série de monographies sur les rapports de la Suisse avec les protagonistes de la Seconde Guerre mondiale, en particulier avec l’Allemagne nazie.

      Cette enquête faisait suite, d’une part, aux fortes critiques qui se faisaient entendre en Suisse depuis 1989 (à l’occasion des commémorations du 50e anniversaire de la mobilisation de l’armée suisse en 1939) au sujet des relations entre les entreprises suisses et l’économie allemande à l’époque du Troisième Reich, et, d’autre part, à l’affaire dite des « fonds en déshérence », qui éclata en 1995 et dans laquelle les banques suisses furent accusées d’avoir conservé par-devers elles des biens confiés par des victimes du nazisme, voire spoliés par les nazis ; cette affaire se conclut notamment par (i) la mise en place en 1996, par les organisations juives internationales et l’Association suisse des banquiers, d’un comité indépendant (Independent Committee of Eminent Persons, dit Commission Volcker), chargé de vérifier les avoirs de victimes du nazisme déposés dans des banques suisses, (ii) la constitution en 1997 d’un fonds spécial pour les victimes de l’holocauste, doté de 300 millions de francs, et (iii) la conclusion en 1998 d’un accord portant sur 1,8 milliard de francs passé entre l’UBS et le Credit Suisse, d’une part, et les organisations juives et les signataires d’une plainte collective (class action), d’autre part[2].

      Ayant scrupuleusement respecté les délais fixés par le mandat, la Commission Bergier a été officiellement dissoute le 19 décembre 2001, sa mission accomplie.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_Bergier

  • Des opérations policières « vertigineuses » : la Mauritanie durcit sa politique migratoire sous la pression de l’Europe

    #Nouadhibou, port de pêche situé au nord de la façade maritime du pays, est depuis un quart de siècle l’un des carrefours du départ de migrants et « le ventre mou du dispositif » sécuritaire mauritanien. Mais, poussées par Bruxelles, les autorités tentent de porter un coup d’arrêt aux filières d’émigration irrégulière.

    Le capitaine de vaisseau Mohamed Salem Hamza dirige les garde-côtes mauritaniens et recèle en lui un lot d’images « cauchemardesques ». « Comment oublier ce bébé allaitant sa mère et tous deux retrouvés morts sur une plage ? », lâche l’officier, ébranlé, établi à Nouadhibou depuis un an et demi. Jusqu’à la fin de l’année 2024, « les #cadavres jonchaient la plage et l’odeur était irrespirable jusqu’en ville », se souvient cet homme chargé de la surveillance des côtes et du sauvetage en mer dans cette zone devenue l’une des principales voies d’accès vers l’Europe. « Il fallait que cela cesse », ajoute-t-il.

    Port de pêche industriel, Nouadhibou est depuis un quart de siècle l’un des carrefours du départ de migrants et « le ventre mou du dispositif » sécuritaire mauritanien d’après M. Hamza, dont les « moyens restent insuffisants » avec deux patrouilleurs de haute mer, quatre vedettes et une vingtaine d’autres petites embarcations, pneumatiques compris. Selon le ministère de l’intérieur espagnol, 180 000 personnes ont ainsi rejoint illégalement les côtes des Canaries entre 2020 et 2024. Ces îles sont à trois jours de bateau de Nouadhibou, faisant ainsi de la capitale économique de la Mauritanie une base de projection des candidats à l’exil. Selon les autorités locales, 30 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne y seraient désormais installés.
    Baisse drastique des migrations
    Cet afflux, conjugué à l’émoi suscité par les images de naufragés, a poussé la Mauritanie à tenter de porter, entre février et mars, un coup d’arrêt aux filières d’émigration irrégulière. Alors que la route maritime par l’Atlantique avait permis en 2024 à près de 45 000 personnes – un record – de gagner l’archipel espagnol, les arrivées ont depuis baissé drastiquement : plus de 11 300 exilés ont débarqué depuis début 2025 sur les îles contre près de 19 300 sur la même période un an plus tôt, d’après les données du ministère espagnol de l’intérieur.
    Sous la pression de Madrid et de l’Union européenne (UE) et encouragée par une aide de 210 millions d’euros, en partie dédiée à la lutte contre l’émigration irrégulière, Nouakchott a donc opéré un « durcissement sur les questions migratoires », que salue M. Hamza, fier de poser devant les centaines de moteurs de bateaux confisqués qui s’étalent sous les fenêtres de son bureau.

    La réaction est tout d’abord intervenue à Lagouira, zone frontalière avec le Sahara occidental, mais contrôlée de fait par les forces mauritaniennes, dont les plages du Cap-Blanc ont vu partir les cayucos (pirogues) des migrants pour les Canaries. 88 réseaux de passeurs, la plupart à Nouadhibou, ont été démantelés au premier trimestre 2025 et seules deux embarcations ont pu partir de Lagouira, indique une source policière.
    Puis, la répression a débordé sur Nouadhibou. Des rafles, ciblant officiellement les sans-papiers, sont menées sur tout le territoire depuis fin février. Dans la rue, sur les chantiers, dans les salons de coiffure, dans les stations-service, sur les marchés, dans les champs et les mines… Entre janvier et avril, les autorités mauritaniennes assurent avoir expulsé « 30 000 personnes en situation irrégulière ».
    « Aller les chercher dans leur maison ! »
    Un chiffre probablement sous-estimé car, pour la seule communauté malienne, au moins 27 000 de ses ressortissants auraient été renvoyés dans leur pays en guerre, d’après des sources au sein de cette communauté. Issiaka Traoré, à la tête des « Maliens de Mauritanie », l’une des communautés étrangères les plus nombreuses, raconte des opérations policières « vertigineuses ». Le 3 mars reste « [son] pire souvenir », lorsque « 524 Maliens ont été arrêtés en une seule journée et tous expulsés », déplore ce professeur marié à une Mauritanienne.

    « Des enfants de 10 ans ont passé une semaine de détention », relate Abdoulaye Diallo, de l’association d’aide aux migrants Ensemble pour un avenir meilleur (EPAM), basée à Nouakchott. Plusieurs cas de viols ont été recensés par des ONG mauritaniennes et des policiers ont extorqué des détenus, d’après des témoins rencontrés par Le Monde.

    Les opérations policières ont été pratiquées au faciès, ciblant exclusivement les personnes de couleur noire. « Etrangement, parmi les interpellés et les refoulés, il n’y a aucun Marocain ou Pakistanais, s’offusque le député de l’opposition Khally Diallo, alors que les réseaux de traite des migrants établis en Mauritanie attirent depuis des années des candidats à l’exode en Europe venus d’Afrique, mais aussi de Syrie et du sous-continent indien. Pour appuyer son propos, l’élu évoque les cas de « cinq Négro-Mauritaniens arrêtés puis refoulés » avant que l’Etat mauritanien ne s’en rende compte et les rapatrie. Contacté, le ministère de l’intérieur n’a pas souhaité répondre.

    Ces opérations policières ont par ailleurs été appuyées par des discours stigmatisants de personnalités du pouvoir. « Les migrants, on doit même aller les chercher dans leur maison ! », lançait, le 24 mai, Ahmedna Ould Sidibe, le wali (gouverneur) du Trarza (sud) sous les vivats d’une assemblée de Beidanes, la minorité des Maures blancs qui contrôle toujours les leviers du pouvoir en Mauritanie. « Si vous voyez un étranger qui n’est pas en règle, vous le signalez et le dénoncez », appelait-il.
    Cette traque a suscité l’effroi des migrants en situation irrégulière. Même les étrangers qui se pensaient protégés, comme les titulaires d’une carte de réfugié – on en dénombre plus de 176 000 dans le pays d’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) – se sont retrouvés dans le viseur. Moussa (un prénom d’emprunt), ancien chauffeur routier qui a fui le Mali il y a dix ans après avoir été menacé à quatre reprises par les djihadistes, se terre aujourd’hui dans un lieu tenu secret.
    « La dimension raciale et raciste est évidente »
    « Après les premières rafles début mars, je n’osais plus sortir de chez moi, explique-t-il. Je n’allais plus au marché travailler, on se sent persécutés. » Pour un impayé d’une « centaine d’euros » sur son loyer, des proches de son propriétaire, installé en Angola, l’ont menacé de mort. Ses deux plaintes déposées à la police sont restées lettres mortes.
    Comme Moussa et sa famille, des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne, contraints de changer de domicile, sont désignés comme des ennemis de l’intérieur, selon les ONG mauritaniennes. Plus de 4 100 autres souhaitent rentrer dans leur pays d’origine, souligne l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Du jamais vu. « Dans ces opérations policières, la dimension raciale et raciste est évidente, alerte Sonia Haidara, une militante féministe qui, devant l’ampleur de la crise, a transformé son centre d’aide aux femmes victimes de violences sexuelles en hébergement d’accueil d’urgence aux migrants. Face aux abus, le pouvoir a certes affiché son opposition mais, en réalité, il se radicalise. »

    Le raidissement du pouvoir s’est encore accentué lors du procès d’Ablaye Ba, figure de l’Initiative pour la résurgence abolitionniste – mouvement fondé pour l’abolition de l’esclavage, criminalisé depuis 2007, mais dont certaines pratiques demeurent en Mauritanie – et bête noire du régime. Pour avoir critiqué les opérations en cours, le militant a été condamné, le 6 juin, à six mois de prison ferme pour « incitation à la haine raciale ».
    La gestion de la crise migratoire suscite pourtant un mécontentement grandissant. Face à « une crise sans précédent », prévient Khally Diallo, l’élu et d’autres ont aussi dirigé leurs critiques contre l’UE, accusée d’être « complice » du régime. « Par ses dotations financières colossales, l’Europe a versé de l’huile sur le feu. Si l’UE continue de soutenir ce régime qui arrête massivement et expulse abusivement en bafouant les droits les plus élémentaires, on court à notre perte », s’inquiète-t-il. Selon les données européennes, entre 2024 et 2027, l’Europe devrait engager plus de 950 millions d’euros en Mauritanie.
    Le réveil des vieux démons du pays
    Les conséquences de cette politique sont déjà visibles pour l’économie mauritanienne, fortement dépendante de la main-d’œuvre étrangère. Taxis, ménage, pêche et mines d’or artisanales, BTP… Des pans entiers de l’économie manquent de bras. A Nouakchott, le prix d’une brique et le salaire journalier des manœuvres ont presque doublé. Comme une centaine d’autres briqueteries de la capitale, celle de Kalidou Sy est moribonde.
    « Quotidiennement, les agents du ministère de l’emploi viennent inspecter », témoigne l’entrepreneur qui employait cinq Maliens. Plusieurs ont été arrêtés et refoulés. « C’est du harcèlement sous couvert d’une directive pour “mauritaniser” l’emploi », dénonce-t-il. Le lendemain de notre rencontre, sa société a été fermée et M. Sy recherchait dans les commissariats un employé disparu, probablement interpellé par la police.

    Par sa dénonciation de la présence de migrants subsahariens, l’aile dure du régime a réveillé les vieux démons du pays. Les rafles ont ravivé celles d’une tout autre ampleur survenues après 1989, lorsqu’un conflit frontalier précipita la Mauritanie et le Sénégal au bord de la guerre. En Mauritanie, comme le relata en 1994 l’ONG Human Rights Watch dans son rapport « Campagne de terreur », sans le dire, une campagne d’« épuration ethnique mais qui en avait les effets » fut menée.
    Des dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens furent expulsés de leurs terres, des centaines de fonctionnaires noirs arrêtés, torturés, et tués. « 1989, c’est encore vivant dans les esprits, rappelle Aminetou Mint El-Moctar, défenseuse des droits humains, sélectionnée pour le prix Nobel de la paix, en 2015. On ne peut pas soigner les événements racistes du passé en commettant de nouveaux crimes racistes. »

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/07/11/des-operations-policieres-vertigineuses-la-mauritanie-durcit-sa-politique-mi

    #Mauritanie #migrations #réfugiés #décès #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #route_atlantique #aide_financière #externalisation #cayucos #pirogues #Lagouira #répression #opérations_policières #répression #racisme_anti-Noirs #racisme

    ping @6donie

    • https://www.esa.int/Applications/Observing_the_Earth/FutureEO/Biomass

      [...]

      This groundbreaking mission will offer unprecedented insights into the state and evolution of the world’s forests. By mapping the woody material in Earth’s forests, this revolutionary satellite will play a crucial role in deepening our understanding of how forests influence the global carbon cycle.

      ESA’s #Biomass Project Manager, Michael Fehringer, said, “After years of innovation and cooperation with the scientific community and the space industry, we’re more than excited to see the satellite ready for launch. This new mission will advance our ability to quantify forest carbon stocks and fluxes, which is key to understanding and assessing the impacts of climate change.

      [...]

  • Thread de #Julien_Gossa sur Mastodon :
    Les scientifiques américains sont réellement en danger. Jouer avec ce type de situation seulement pour gagner un peu de crédit politique est très dangereux.
    https://social.sciences.re/@juliengossa/114375605162671356

    « On n’a déjà pas assez d’argent pour fonctionner normalement » : la France peut-elle accueillir des scientifiques étrangers ?
    https://www.leparisien.fr/futurs/on-na-deja-pas-assez-dargent-pour-fonctionner-normalement-la-france-peut-

    D’abord, il faut bien le dire : ce n’est pas une petite embrouille qui permet pépouze de tirer quelques marrons du feu.

    Les scientifiques américains sont réellement en danger, pour de bon. Pour l’instant, ça coupe surtout dans les #budgets. Mais les #arrestations_arbitraires ont déjà commencé.

    Donc on n’est plus dans le contexte #MakeOurPlanetGreatAgain ou #AIforHumanity, où on pouvait se permettre de raconter n’importe quoi, de claquer quelques millions puis d’oublier le bouzin après s’être auto-congratulé.

    Là, il va y avoir des conséquences concrètes, plus que juste gâcher du fric.
    https://www.huffingtonpost.fr/international/article/macron-a-t-il-vraiment-made-our-planet-great-again-un-an-apres-sa-phr

    Or, tout pousse à croire qu’il ne s’agit qu’un d’un coup de com’ à l’usage exclusif de l’image de M. Macron.

    « Un conseiller a lâché dans les grilles de l’Elysée : "Incroyable, Trump l’a sauvé" ».

    « sauver » M. Macron coute beaucoup moins cher que sauver des scientifiques. Mais à quel prix ?

    https://www.liberation.fr/politique/a-lelysee-le-dernier-carre-des-fideles-demmanuel-macron-20250418_VHMP3NU645AZ5DFC6DNZIHGCIA/?redirected=1

    Dans ce fil, je donnais trois conditions pour que cette démarche se passe bien.

    Aucune n’est remplie, et ça va même à l’exact inverse. On a pratiquement la garantie que ça se passe mal.

    1. Bien accueillir des #scientifiques_étrangers sans mieux traiter en même temps les #scientifiques_français va générer mécaniquement du #mécontentement et du #quiet-quitting.

    Globalement, on ne sauve rien, on ne fait que dégrader la science (qui ne va déjà pas bien du tout).

    Mais en plus le #dispositif est parti pour être famélique, donc pour décevoir les espoirs des scientifiques américains.

    C’est en fait un simple « outil », et l’État financera au maximum la moitié du coût de l’opération.

    https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/lancement-de-la-plateforme-choose-france-science-une-

    Donc plus de la moitié du coût va reposer sur les université d’accueil, qui ne peuvent déjà pas boucler leur budget.

    On imagine le CA :
    – Point 1 : 15 M€ pour accueillir des ricains 💪
    – Point 2 : -20% de postes, -30% de budget des composantes, suppression du chauffage au bâtiment B
    https://www.francetvinfo.fr/sciences/ils-sont-motives-par-la-liberte-academique-le-president-d-aix-marseille

    Le Ministre le sait bien, et ouvre déjà son parapluie : L’effort d’accueil des chercheurs américains « doit se faire au niveau européen ».

    Donc c’est soit les universités, soit l’Europe qui doit payer. En somme, tout le monde, sauf l’État français qui en pourtant commanditaire.
    https://www.nouvelobs.com/sciences/20250419.OBS102961/l-effort-d-accueil-des-chercheurs-americains-doit-se-faire-au-niveau-euro

    Le chiffrage me parait totalement délirant : 330 k€/an pour une équipe, c’est une toute petite équipe, déjà installée en France, et avec un environnement papier/crayon/laptop.

    Et on ne prévoit rien pour accueillir les familles de ces scientifiques, les loger, l’école des mioches, etc.

    Ça mène au point 2, la #politique_scientifique.

    Elle se voit sur la #liste fermée des #thématiques concernées par le dispositif.

    D’abord, cette liste montre qu’on n’est pas du tout sur du papier/crayon/laptop. 330k€ pour une équipe dans ces domaines, c’est juste une blague.

    Surtout, on constate que cette liste exclut les #SHS - c’est-à-dire la discipline la plus en risque aux USA. Et pas seulement en risque de définancement. Ça pue la prison à plein nez.

    Le Ministre répond en substance "oui c’est vrai, mais il y a écologie qui est aussi menacée". L’aveu est terrible.

    L’aveu est terrible car il montre bien que l’intention n’est pas d’accueillir des scientifiques empêchés et persécutés, mais de profiter de la situation pour voler une paire de cerveaux considérés comme rentables par notre gouvernement.

    Tout ça en parlant de refuge pour les #libertés_académiques.

    Se prévaloir des libertés académiques tout en restreignant politiquement les #domaines_de_recherche. Formidable !👏

    Et il y a #écologie et écologie : l’écologie Total (pétrole à tous les étages, mais "vert") et l’écologie "arrêtez vos conneries on va tous crever".

    Laquelle vise le gouvernement ?

    Et là on arrive au point 3. la politique démocratique.

    L’administration Trump attaque très exactement les mêmes scientifiques que Macron attaquait dès 2020 en les considérant « coupable » de « casser la République en deux ».

    Les mêmes qu’on exclu du dispositif de « refuge ».

    https://www.lesinrocks.com/actu/macron-juge-le-monde-universitaire-coupable-davoir-casse-la-republique-e

    M. Macron aurait pu - même sans le reconnaitre publiquement - réaliser que l’offensive obscurantiste à laquelle il a lui-même participé pouvait conduire à des choses très graves, comme ce qui se passe notamment aux USA.

    Mais il a préféré s’entêter, et rester une politique de #vol_des_cerveaux.

    Tout cela est très dangereux, parce que ça va casser le moral des scientifiques français, mais qu’en plus ça va générer beaucoup de #frustration et de #déception auprès des scientifiques américains, dont beaucoup ont réellement besoin d’un #refuge.

    C’est le contraire de l’#humanisme.

    Pour les petits besoins de sa com’ personnelle, M. Macron est en train d’engager la responsabilité et la réputation de la France, mais sans mettre les moyens, et en ciblant l’inutile.

    En vouloir à la France va être tout à fait légitime. Et c’est très grave.

    Le gouvernement : "Tout sauf ces sales wokes. On ne veut que du top star grobraino en énergies fossiles ou en IA."
    L’ED : "Le gouvernement ouvre les frontières aux sales wokes"

    C’était couru, mais la stratégie du gouvernement est vraiment perdante-perdantes.
    ¯\(ツ)

    #France #recherche #accueil #chercheurs_en_danger #scholars_at_risk #ESR #USA #Etats-Unis #disciplines

    • Donc mon université a fait l’ouverture du journal de 8h de France culture avec son programme d’accueil des collègues états uniens dont les recherches sont en danger. 15 millions d’euros pour 10 à 20 collègues, sur le modèle #CPJ. Pour comparaison, j’ai appris que l’accueil de 3 collègues Palestiniens dans le cadre de Pause coûte à la même université... 75 000 euros

      Pour qu’on prenne bien la mesure de la #différence_de_traitement, alors que la présidence de l’université annonce qu’elle mobilise ses équipes pour trouver un logement et des places en école pour les familles des collègues états-uniens, voilà le message que les collègues nous envoient pour pouvoir assurer le minimum décent pour les collègues Palestiniens :

      Et voici le message d’appel à #solidarité concernant le troisième collègue palestinien, qui a le mérite de rappeler les conséquences matérielles de la guerre à Gaza et leur impact scientifique :

      #Palestine #deux_poids_deux_mesures

    • Accueil des chercheur∙ses internationaux en France : de qui se moque-t-on ? Communiqué intersyndical CGT-FO-FSE-FSU-Unef-Sud, 2 mai 2025

      Le 5 mai Emmanuel Macron organise un ersatz de cérémonie d’accueil pour « les chercheurs du monde entier » qu’il appelle à rejoindre la France. Ce soudain intérêt du président pour la recherche, nationale ou internationale, questionne alors que l’enseignement supérieur et la recherche sont très brutalement attaqués aux Etats-Unis, avec une remise en cause tout à la fois des libertés qui président partout à la vie universitaire, de la libre détermination des sujets d’enseignement ou de recherche par les enseignants et les chercheurs, ou des financements permettant le plein fonctionnement des institutions d’enseignement et de recherche.

      Des chercheur·ses sont brutalement licenciés, les budgets d’agences de recherche sur le climat comme la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), sur la santé comme la NIH (National Institutes of Health) ou sur l’espace comme la NASA (National Aeronautics and Space Administration) sont largement amputés, des bases de données sont brutalement fermées, les financements fédéraux de plusieurs universités sont gelés, des étudiant·es sont poursuivis par la justice. De nombreux projets de recherche internationaux sont à l’arrêt, les déplacements de chercheur·ses états-uniens sont entravés, leur participation à des groupes internationaux comme le GIEC remis en question.

      Face à cette lame de fond à laquelle sont confrontées l’université et la recherche publiques, l’intersyndicale de l’ESR rappelle que pour lutter contre l’obscurantisme, il est urgent de défendre la liberté de production et de diffusion des savoirs, comme bien commun et facteur de progrès social. La solidarité envers la communauté de recherche mondiale s’impose et il est indispensable de pouvoir accueillir ces collègues tout comme celles et ceux empêché·es de travailler ou persécuté·es dans leur pays, quel qu’il soit.

      Dans ce contexte, la mise en place d’une plateforme “Choose France for Science”, annoncée par le Président de la République française, en réponse à la situation des chercheur·es aux Etats-Unis est choquante, voire indécente.

      Indécente, car la politique du Président Macron depuis 2017 a considérablement affaible l’Enseignement supérieur et la Recherche (ESR) en France non seulement par un sous-financement chronique, des regroupements forcés et un pilotage accru, mais aussi par des atteintes quasi incessantes à la liberté académique : attaques sans fondement de la Ministre Frédérique Vidal contre les sciences humaines et sociales, supposées gangrénées par de supposés chercheur·ses « wokistes » ou « islamo-gauchiste », sanctions disciplinaires contre des chercheur·ses qui ont exprimés leur solidarité au peuple palestinien, interdiction de conférences et de séminaires sur la situation à Gaza dans les Universités de Lille, Lyon, Bordeaux, etc. S’y ajoutent les dispositions des Zones à Régime Restrictif (ZRR), qui conduisent à des dérives inquiétantes sur les libertés (dont celle de publication) et les recrutements sous couvert de sécurité nationale.

      Et bien sûr le meilleur moyen d’affaiblir la recherche et la diffusion des connaissance est tout simplement d’assécher les finances publiques des établissements concernés. Sous la présidence Macron (2017 – 2022), le nombre de personnels enseignants titulaires a continué de baisser (-3,1% depuis 2015) tandis que celui des personnels enseignants contractuels explosait dans des proportions inquiétantes (+18,5%) et que le nombre d’étudiant·es augmentait (+325 000 / + 12,5%), la part de la richesse nationale consacrée à la recherche est passée de 2,25 % à 2,22 % (quand les États-Unis y consacrent 3,47 %), le bâti universitaire est en phase de délabrement accéléré (57 % de passoires énergétiques, 1/3 de bâtiments « vétustes »). Après les coupes brutales dans les budgets de l’ESR en février 2024 (-600M€), le gouvernement Macron a encore taillé 950 M€ en 2025 (dont -493 M€ sur la mission enseignement supérieur et recherche)…

      Dans ce contexte, les annonces du gouvernement Macron-Baptiste (ministre de l’ESR) ainsi que certains président·es d’université ne visent qu’à redorer leur image à peu de frais.

      Loin de répondre aux besoins criants des travailleur·ses et des étudiant·es de l’ESR public, ces annonces sont choquantes : évoquer une enveloppe de plus de 300 000 € par an par chercheur·se états-unien accueilli quand le salaire moyen d’un·e enseignant·e–chercheur·ses en France s’élève à 63 000 € brut / an (rapport social unique 2022), quand des milliers d’ATER (attaché·es temporaires d’enseignement et de recherche) payés 22 % au-dessus du SMIC (ou 13 % en-dessous pour les 1/2 ATER), quand 170 000 vacataires sont payés sous le SMIC avec plusieurs mois de retard, quand 35 % des agent·es du secteur ont un statut précaire de contractuel. Et que dire de l’effondrement (-27 % depuis 2000 selon l’INSEE) du pouvoir d’achat des agent·es du secteur public, qui conduit à la paupérisation de toutes et tous, et en particulier des plus modestes (collègues de catégorie B et C notamment), qui assurent l’entretien et l’administration indispensables au fonctionnement de nos universités et organismes de recherche.

      La recherche est œuvre collective, et la concentration des moyens sur quelques individus ou sur quelques laboratoires (comme le prévoyait le projet des Key Labs), dont la contrepartie est leur raréfaction pour la masse des autres, est en réalité un frein aux progrès indispensables.

      Les organisations signataires, outre l’accueil décent de collègues empêchés ou persécutés dans leur pays, continuent de demander un budget ambitieux, à la hauteur des enjeux, pour le service public de l’ESR.

      https://academia.hypotheses.org/62050

    • « #Choose_Europe_for_Science » : l’#opération_Potemkine de Macron sur la recherche française

      Le président de la République veut accueillir les cerveaux américains, martyrisés par l’administration Trump. Mais sa peinture de la France en paradis de la recherche et des libertés académiques ne passe pas.

      « Nous« Nous sommes à un moment de rupture où l’impensable est devenu notre réalité. » Les mots d’Emmanuel Macron lundi 5 mai, en clôture de l’événement franco-européen « Choose Europe for Science », ont dû résonner étrangement aux oreilles de la communauté scientifique publique hexagonale : le président de la République parlait-il des États-Unis ou de la France ?

      Notre pays est bien sûr loin de vivre la guerre impitoyable contre la recherche menée par Donald Trump depuis son arrivée au pouvoir, sœur de celles lancées par Javier Milei en Argentine ou encore par Narendra Modi en Inde. Mais, comme le rappelle avec force le professeur de physique Bruno Andreotti, du collectif Stand Up for Science, des « formes de continuité » existent.

      Elles se nichent dans une série de mesures réactionnaires et austéritaires qui nuisent à la qualité de la production scientifique française et qui contribuent à installer, y compris sous la présidence d’un Emmanuel Macron, un « imaginaire fasciste » hostile aux libertés académiques.

      Parlons gros sous, d’abord : ce n’est pas aux États-Unis mais en France que, de crédits rabotés en argent non versé, le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche a fondu de près 10 % ces quatre derniers mois (environ 2,5 milliards d’euros en moins sur les 25 milliards d’enveloppes prévues).

      Structurellement, la recherche publique a vu son financement chuter de 2 % depuis 2019 et le temps nécessaire pour accéder à un emploi stable n’a jamais été aussi long : les contrats courts et précaires y explosent. Plusieurs universités françaises sont même au bord de la faillite, peinant à trouver l’argent pour simplement payer les salaires et les fluides.
      Pour les chercheurs, l’ironie du désespoir

      Les mots, dans ce cadre, ont un sens : interrogée en décembre sur le sort budgétaire réservé à l’enseignement supérieur et à la recherche française, Hélène Boulanger, présidente de l’université de Lorraine, évoquait auprès de Mediapart une véritable « saignée », qui en médecine évoque un traitement de choc pour éviter la mort.

      Le président de la République peut donc bien lancer son « appel de la Sorbonne », mettre 100 millions d’euros sur la table afin d’accueillir les chercheur·es martyrisé·es par l’administration Trump, chérir « la science libre et ouverte », « trésor » du continent européen.

      « Aux États-Unis, [les universités] furent riches, cannibales, miraculeuses, écrit la philosophe Nadia Yala Kisukidi, dans le magazine Politis. En France, elles rament et on les enfonce depuis plus d’une décennie. »

      Les chercheur·es français·es, sur les réseaux sociaux et dans les boucles de messageries professionnelles, ne sont pas dupes : ils et elles rappellent avec l’ironie du désespoir leurs bricolages de bouts de ficelle, les bureaux délabrés, les amphis bondés, les étudiant·es refusé·es en licence, en master, en thèse, ainsi que les efforts déployés chaque jour dans les laboratoires de recherche pour payer un billet de train, financer les contrats postdoctoraux décents, assumer les frais d’un colloque, répondre à une invitation à l’étranger, y compris dans les domaines les plus prestigieux.

      « Dans mon université, à Rennes 2, je ne vais jamais voir la couleur de ces millions, et on se bat quotidiennement pour sauver des postes, s’est ainsi indignée Anaïs Lefevre-Berthelot, maîtresse de conférences spécialiste du genre et des médias aux États-Unis, à l’occasion de la conférence de presse du collectif Stand Up for Science ayant suivi les annonces présidentielles. On va offrir quoi à nos collègues américains, un contrat court de trois ans et un retour au pays ? C’est une opération de communication. »

      Pour la CGT du supérieur, ces annonces en grande pompe sont même « choquantes », surtout quand il s’agit de dédier, comme l’a fait récemment le président de l’université d’Aix-Marseille Éric Berton, entre 600 000 et 800 000 euros par chercheur·e accueilli·e sur trois ans. Le salaire moyen d’un·e enseignant·e-chercheur·e en France s’élève à 63 000 euros brut par année (selon le rapport social unique de 2022 cité par le syndicat) et des milliers de vacataires, parfois payé·es moins que le Smic, attendent des mois avant de recevoir leur dû.

      Personne ne se risque cependant à minimiser les enjeux du séisme scientifique, mais aussi sanitaire et démocratique, engendré par la chasse aux sorcières que vivent actuellement les États-Unis. « Des gens vont mourir » en raison des décisions de l’administration Trump d’arrêter les recherches sur le VIH, sur les vaccins, sur le climat, insiste encore Anaïs Lefevre-Berthelot.

      Le professeur Alain Fischer, spécialiste des déficits immunitaires génétiques, a lui souhaité souligner la nécessaire, bien que minimale, prise de position européenne du jour : « Ursula Van der Leyen et Emmanuel Macron ont rappelé que les valeurs académiques sont indispensables, c’est bien et important qu’ils le fassent. »

      D’autres, et Emmanuel Macron le premier, ont pris garde aussi à ne pas réactiver une forme de concurrence mortifère, se faisant les promoteurs de la solidarité vitale entre communautés académiques. « Il n’y aura pas d’effet d’éviction, n’en déplaise aux malthusiens. La science se nourrit de cette émulation, de cette capacité à recruter et à attirer les meilleurs talents », a ainsi martelé le président à la Sorbonne.

      Mais qui notre pays souhaite-t-il réellement accueillir, et dans quel but ? « Attention de ne pas penser qu’aux stars de la recherche, quand on devrait accueillir en priorité les jeunes, les post-doctorants vulnérables, ceux qui ont sans doute le plus à perdre », a noté Alain Fisher.

      S’agissant des profils, Libération a révélé que les chercheur·es en étude de genre ou travaillant sur les minorités, thèmes honnis par l’équipage trumpiste, seraient exclu·es de la politique d’accueil « à la française ». « On peut défendre nos intérêts stratégiques et en même temps porter une vision universaliste », a assumé l’Élysée auprès de nos confrères. Que les « Marie Curie de demain » (pour citer encore le président) qui souhaitent traverser l’océan afin de rejoindre « l’Europe du savoir » se le disent…
      La France n’a rien d’un paradis académique

      Ce n’est pas non plus la première fois que la diplomatie scientifique fonctionne à géométrie variable : un peu plus de 5 000 visas « recherche » ont été délivrés entre 2023 et 2024, selon les statistiques du ministère de l’intérieur, soit une hausse de 12,5 % en un an, mais la grande majorité des chercheurs et chercheuses accueilli·es dans les laboratoires français sont d’abord… européen·nes.

      La réforme des frais d’inscription pour les étudiantes et étudiants étrangers, mise en œuvre à l’occasion du premier mandat d’Emmanuel Macron, s’applique, elle, chaque année plus durement, pénalisant notamment les étudiant·es venu·es du continent africain, souvent moins doté·es financièrement.

      Enfin, le programme Pause, qui finance depuis 2021 des scientifiques en exil (afghans, syriens, turcs, ukrainiens, russes, et récemment palestiniens, dont la sortie est le plus souvent bloquée par Israël…), a vu son budget passer de 7 millions d’euros en 2023 à 3 millions l’an passé, s’inquiète un membre du conseil d’administration.

      Le décalage entre les discours et la réalité semble tout aussi patent sur la défense des libertés académiques. C’est le même Emmanuel Macron qui, en plein délire sur « l’islamogauchisme », accusait en 2020 les universitaires de « casser la République en deux » et de favoriser « l’ethnicisation de la question sociale », son ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer organisant deux ans plus tard à la Sorbonne un colloque indigent en forme du procès du « wokisme ».

      Après le 7 octobre 2023, plusieurs universitaires ont également dénoncé une forme de traque de toute parole jugée propalestinienne, tandis que Gabriel Attal, alors premier ministre, attaquait directement Sciences Po, dont il disait ceci, dans une sorte d’anti-intellectualisme primaire : « Le poisson pourrit toujours par la tête. »

      Qu’à cela ne tienne : « Le racisme systémique, le nationalisme chrétien, la suprématie blanche, la haine de la culture, le capitalisme hardcore et le vin qui arrache, c’est là-bas. Pas chez nous, écrit d’une plume teintée d’ironie et d’amertume la philosophe Nadia Yala Kisukidi. En France, l’État de droit est en grande forme. Les espaces critiques, qui renforcent la bonne santé des démocraties libérales (médias, justice, université, multipartisme), ne flanchent pas. »

      Depuis la tribune de Choose Europe for Science, on entend enfin, dans la bouche du président de la République, un opportunisme politique à la limite du cynisme. Il s’agit d’attirer et d’accueillir les chercheuses et chercheurs étrangers soucieux d’une « science libre », mais aussi d’en profiter pour réformer « en profondeur » le système français.

      C’est-à-dire « simplifier », « alléger » les processus dans « la transmission entre recherche fondamentale et appliquée », favoriser encore davantage les « financements publics-privés », « aller plus loin dans les contrats d’objectifs, de moyens et de performance » qui s’imposent désormais aux universités françaises, favoriser les grosses unités comme Paris-Saclay, pourtant contestées.

      En bref, copier le « modèle américain », plus efficace que le modèle européen « ces trois dernières décennies », selon Emmanuel Macron. Sans tirer aucune leçon de la rapidité avec laquelle ce même système, brillant et envié partout dans le monde occidental, a été brisé, en à peine quelques mois, par la force d’un seul homme.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/050525/choose-europe-science-l-operation-potemkine-de-macron-sur-la-recherche-fra

    • Etudes sur le #genre ou les #minorités : les scientifiques que la France ne veut pas sauver du trumpisme

      L’Etat veut bien accueillir les chercheuses et chercheurs empêchés de travailler aux Etats-Unis, mais pas tous. Les thématiques considérées comme « wokes » ne font pas partie des cibles du gouvernement.

      C’est l’éléphant qui manque dans la pièce. La France déploie ce lundi 5 mai un grand #plan pour accueillir les scientifiques empêchés de travailler aux Etats-Unis. Dévoilée le 18 avril, la plateforme #Choose_France_for_Science « recensera les projets de recherche » autour d’une liste de #thématiques parmi lesquelles on trouve la santé, le climat, l’intelligence artificielle, le spatial, l’agriculture, les énergies ou encore le numérique. Les études de genre, ou décoloniales, n’y figurent pas. Elles font pourtant partie des thématiques frontalement attaquées par l’administration Trump.

      « Cela n’est pas étonnant. Les attaques contre les recherches médicales ou sur le climat indignent beaucoup plus, en France comme ailleurs, que les attaques ciblant les #sciences_sociales, de la sociologie à l’histoire », se désole la sociologue du CNRS Laure Bereni. Anne Fraïsse, latiniste et présidente de l’université de Montpellier Paul-Valéry, voit là « une forme d’#opportunisme pour attirer des chercheurs étrangers mais pas pour répondre à une forme d’exclusion ».

      Equilibres politiques nationaux

      A l’Elysée, on assume. « On peut défendre nos #intérêts_stratégiques et en même temps porter une #vision_universaliste. Pour le coup, cette initiative est à la croisée de ces deux ambitions-là », assure un conseiller. Les domaines privilégiés sont en lien avec la stratégie, assumée, de « réaffirmer la recherche comme étant un enjeu fort pour le #développement_économique et notre #souveraineté_industrielle ».

      Mathias Bernard, président de l’université Clermont Auvergne, « regrette » lui aussi cette orientation. « Il y a, y compris en France, tout un discours contre les universités qui repose sur la montée en épingle de ce que l’on appelait hier l’#islamogauchisme et aujourd’hui le #wokisme », constate celui qui dirigeait déjà son établissement en 2021, quand sa ministre de tutelle, Frédérique Vidal , dénonçait l’ « islamo-gauchisme »qui, selon elle, « gangrenait » les universités .

      Laure Bereni voit aussi dans ce choix le poids des équilibres politiques nationaux. « Il paraît sans doute plus prudent pour un gouvernement de centre droit dont la légitimité repose sur le soutien tacite du RN, de ne pas défendre des recherches scientifiques sur le genre, la question raciale ou les minorités, qui sont actuellement sous le feu des attaques de droite et d’extrême droite », avance-t-elle. Choisissez la France pour les sciences, donc, mais pas pour toutes les sciences.

      https://www.liberation.fr/sciences/etudes-sur-le-genre-ou-les-minorites-ces-scientifiques-que-la-france-ne-v

      #universalisme

  • Italie : peut-on faire #justice sur les #crimes contre les migrants ?

    Les #procès contre les #passeurs de migrants se sont récemment multipliés en Italie. Mais les suspects ne sont souvent accusés que d’être des passeurs. Les charges d’#enlèvement, d’#assassinat, d’#extorsion ou de #violence_sexuelle ne s’appliquent pratiquement jamais. Les principaux trafiquants ne sont généralement pas arrêtés, ni inculpés. Ceux qui le sont relèvent du « menu fretin ». Que révèlent ces procès sur les crimes commis contre les migrants entre l’Afrique et l’Europe ?

    En octobre 2022, #Ghebremedin_Temeschen_Ghebru, un ressortissant érythréen aujourd’hui âgé de 37 ans, a été arrêté par #Interpol à l’aéroport international d’Addis-Abeba, alors qu’il embarquait sur un vol à destination de l’Australie. Il a été extradé vers l’Italie, accusé d’être un membre d’une organisation criminelle de #trafic_de_migrants. Il a été notamment accusé d’être un « #hawaladar ». Le #hawala est un système de transfert d’argent informel et non tracé, par lequel, dans ce cas, les paiements effectués par les parents des personnes kidnappées sont envoyés aux trafiquants, puis à leurs divers intermédiaires tout au long du voyage vers l’Europe.

    Cette affaire et celle d’un autre trafiquant présumé originaire d’Érythrée, connu sous le nom de #Welid, extradé aux Pays-Bas une semaine seulement avant Ghebru, ont été résolues grâce à une équipe conjointe de coopération internationale, mise en place en 2018 et impliquant les autorités judiciaires et policières d’Italie et des Pays-Bas, ainsi que celles du Royaume-Uni, de l’Espagne, d’#Europol et, depuis 2022, de la #Cour_pénale_internationale (#CPI). L’équipe se concentre sur la lutte contre la traite des êtres humains et les crimes contre les migrants en #Libye.

    Le procès de Ghebru a débuté en 2023 et se déroule devant la Cour d’assises de Catane, où les premières victimes de son réseau organisé présumé ont été débarquées. L’accusé a été libéré de prison après le premier ré-interrogatoire, qui n’a trouvé aucun motif pour le #crime_d’association, à savoir la participation à une association, organisation ou bande criminelle, sur lesquels les mesures préventives étaient basées. Ghebru est donc retourné en Australie, où il vit et travaille, explique son avocat Michele Calantropo à Justice Info.

    Au cours des deux dernières années, le tribunal a entendu deux témoins à charge. Le prévenu devait comparaîtra ce 3 mars mais, n’ayant pu obtenir de visa, l’audience a été reportée. La défense prévoit de faire comparaître une dizaine de témoins. Calantropo estime que le procès se terminera en 2025. Le bureau du procureur a refusé de commenter ce dossier.

    « Il n’est pas coupable de tous les crimes », assure Calantropo. En 2017, au moment des écoutes téléphoniques sur lesquelles se base l’affaire, l’accusé a séjourné à Dubaï pendant quatre mois, où il « travaillait comme consultant et comptable pour une société d’import-export, discutant avec des clients et des fournisseurs sur les paiements de fournitures, il n’y a pas un seul contact avec les trafiquants », affirme l’avocat. Calantropo ajoute qu’il a déposé tous les documents de la chambre de commerce de Dubaï concernant la société pour laquelle travaillait Ghebru et que nombre de ses témoins témoigneront également à ce sujet.

    Une série d’affaires : les opérations « #Glauco »

    Le procès en cours n’est que le dernier d’une opération beaucoup plus vaste, connue sous le nom de « Glauco ». Tout a commencé avec le tragique naufrage de 2013 lors duquel 300 migrants ont trouvé la mort au large de l’île italienne de Lampedusa. L’enquête criminelle qui en a résulté a abouti à la condamnation de six passeurs et à l’émission de mandats d’arrêt européens et internationaux à l’encontre d’autres membres du réseau criminel qui opérait en Érythrée, en Éthiopie, en Libye et dans de nombreux pays européens. Dirigée par l’équipe de la direction antimafia du parquet de Palerme, cette opération a donné lieu à trois autres séries d’#arrestations au cours des années suivantes. La dernière en date a été l’opération « Glauco 4 », en 2020, au cours de laquelle une douzaine d’autres personnes ont été appréhendées dans plusieurs villes d’Italie.

    Les hommes arrêtés ont été accusés de traite et de trafic de migrants depuis des pays africains vers des centres de détention libyens, puis vers l’Italie et leur destination finale. Les migrants souhaitent rarement rester en Italie et espèrent se rendre dans des pays d’Europe du Nord, comme la Suède, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Les hommes sont soupçonnés d’avoir géré des #transferts_d’argent vers des comptes à Dubaï dans le cadre du système hawala, par le biais de Postepay, Moneygram ou Western Union.

    Dans les documents officiels, Ghebru est également mentionné comme faisant partie, et soupçonné de diriger, le même réseau international, mais au moment des arrestations, il était toujours en fuite. Le procureur qui travaille sur cette enquête a confirmé les faits lors d’une précédente interview avec Justice Info, mais a préféré ne pas faire de commentaires à ce stade : avec d’autres membres de l’équipe antimafia de Palerme, il a été placé sous protection policière depuis l’automne dernier, après avoir reçu des milliers de menaces pour avoir inculpé l’actuel vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, d’enlèvement et de manquement à son devoir pour son refus de laisser accoster en Italie un bateau de sauvetage de migrants de l’ONG Open Arms, avec 147 personnes à bord, en 2019. Salvini, qui était ministre de l’Intérieur au moment des faits, a été acquitté en décembre 2024.

    À ses débuts, le procès des personnes arrêtées lors de l’opération « Glauco » a semblé présager des grandes lignes de celui de Ghebru. Le premier ré-interrogatoire n’a trouvé aucun motif pour le crime de participation à une association criminelle, et la plupart des hommes ont pu être libérés pendant que la procédure se poursuivait devant la cour d’assises de Catane. Sur les 14 personnes arrêtées, selon les médias italiens à l’époque, deux ont fait l’objet d’une procédure distincte. Ils ont opté pour un procès abrégé, procédure où il n’y a pas de présentation de preuves mais où le juge étudie le dossier et prononce une peine plus rapide et réduite.

    Parmi les 12 personnes restantes, il y avait dix Erythréens, un Ethiopien et un Soudanais. Le 5 décembre 2023, les juges ont déclaré sept hommes coupables en première instance et ont acquitté les trois autres. Les peines ont été fortement réduites, passant de plusieurs années requises par l’accusation, à une fourchette de 10 à 18 mois. Selon le verdict, trois d’entre eux ont été condamnés uniquement pour les délits liés à l’hawala, deux pour délits financiers et trafic et deux autres pour trafic. Les avocats de la défense ont fait appel et le verdict en appel est attendu pour le 6 mars 2025. Il n’y a pas de victimes dans cette affaire.

    Giuseppina Massaiu s’occupe de la défense de trois de ces hommes. Elle explique à Justice Info que ses clients ne sont pas coupables et qu’ils ont toujours rejeté le chef d’accusation de trafic de migrants : « Ils le considèrent comme diffamatoire », ajoute-t-elle. Selon elle, l’accusation n’a pas pris en compte le fait que toute aide, pour entrer en Italie ou pour transférer de l’argent, peut être apportée par solidarité, « la solidarité envers un parent, une connaissance, quelqu’un de la même région ». « Ce devoir social est culturellement très présent dans leur communauté. Par exemple, il y a des cas de migrants qui arrivent en Italie sans papiers ni argent et qui ont besoin de recevoir des virements de leur famille. Et dans le cas des migrants enlevés et détenus par des trafiquants libyens, ce sont les membres de la famille qui paient car, sinon, leurs proches resteraient indéfiniment dans les centres de détention libyens. » L’enquête qui a conduit aux arrestations de « Glauco 4 », puis à l’#extradition de Ghebru, s’est appuyée sur des écoutes téléphoniques, ce que les deux avocats de la défense ont contesté. « De cette manière, les accusations restent assez superficielles », affirme Massaiu.

    Poursuivre du « menu fretin » ?

    Au cours de la dernière décennie, l’Italie a connu peu de procès pour des #crimes contre les migrants qualifiés de #traite_d’êtres humains, d’enlèvements, de violence et extorsion dans les prisons libyennes. Le plus célèbre est le verdict prononcé en 2017 à l’encontre d’#Osman_Matammud, un ressortissant somalien reconnu coupable d’enlèvement à des fins d’#extorsion, de #meurtres et de #violences_sexuelles commises lors de la gestion de « camps de transit » en Libye. Mais la grande majorité des personnes jugées sont accusées du seul trafic de migrants.

    « La tendance est que les trafiquants les plus importants ne sont pas ciblés, ce qui amène les autorités à s’en prendre aux plus petits, car il est difficile de mener des enquêtes dans d’autres pays », note Stefano Zirulia, professeur de droit pénal à l’université de Milan. « Pour montrer au public qu’elles font quelque chose, et parce qu’elles se concentrent principalement sur le territoire et les eaux italiens, les autorités appliquent les lois italiennes, qui sont très strictes et peuvent même être appliquées à ces individus qui n’ont rien fait ou presque. » Zirulia explique que s’il existe un crime distinct de traite d’êtres humains, qui est plus complexe et exige un objectif d’exploitation, en Italie le trafic de migrants est codifié dans l’article 12 de la loi consolidée sur l’immigration, qui « exige seulement de commettre des actes visant à faciliter l’entrée d’un étranger sans papiers ».

    À la suite de l’adoption par l’Union européenne, en 2002, du « #Pacte_sur_les_facilitateurs », à la suite des attentats du 11 septembre 2001, rappelle Zirulia, tous les pays européens ont dû « criminaliser toute forme d’aide à l’entrée irrégulière ». Depuis lors, l’Italie a vu les gouvernements se succéder pour alourdir les peines afin de donner l’impression de s’attaquer aux trafiquants, ce qui a conduit le pays à avoir certaines des peines les plus sévères pour le trafic, selon Zirulia, qui peuvent aller jusqu’à plus de 20 ans de prison. Selon Zirulia, « la #criminalisation généralisée du trafic, telle qu’elle est pratiquée, risque de mettre en péril les #droits_fondamentaux des migrants : le #droit_à_la_vie lorsqu’ils sont en danger et doivent être secourus, et le droit de demander l’asile ».

    Un large éventail d’actes peut tomber sous le coup de cette loi. « Tout ce qui se passe en Libye peut également entrer dans cette définition et, d’autre part, les personnes qui sont elles-mêmes victimes d’un trafic illicite tombent également sous le coup de cette loi. Parfois, ce sont les migrants qui dirigent le bateau dans la dernière ligne droite parce que, tout simplement, ils ont été placés là et qu’il n’y a personne d’autre qui sache le faire, ou ils utilisent un GPS », explique Maria Crippa, chercheuse postdoctorale au département de droit “Cesare Beccaria” de l’université de Milan. La procédure habituelle, explique-t-elle, consiste pour la police à recueillir les déclarations des migrants lors de leur débarquement et à leur demander qui les a amenés là. « Ce n’est pas toujours facile de comprendre si les personnes qu’ils désignent sont affiliées à une organisation ou si elles sont aussi des victimes. »

    Selon un rapport compilé par le collectif Arci Porco Rosso, en 2024, 106 migrants ont été arrêtés pour trafic, soit un pour 600 arrivées. La majorité a été arrêtée juste après le débarquement. Plusieurs ONG qui assistent les migrants en mer ont également été accusées de trafic au fil des ans.

    « En Italie, nous n’avons pas de pouvoir discrétionnaire : si le procureur dispose d’informations, il doit engager des poursuites. Mais dans la pratique, il est possible de choisir les chefs d’accusation à retenir », note Crippa, ajoutant que la grande majorité des affaires vont devant la justice pour trafic de migrants et pour crime d’association, à savoir la participation à organisation criminelle. Ces principes permettent aux autorités d’appliquer plus facilement les lois italiennes à des actes commis à l’étranger et, en cas de verdict de culpabilité, ils peuvent également montrer la dimension plus large du crime.

    Toutefois, cette stratégie d’application de l’article sur le trafic « a des conséquences sur les personnes inculpées, c’est-à-dire le menu fretin ou les victimes elles-mêmes, et sur les faits qui leur sont reprochés », souligne Crippa. « Par conséquent, les condamnations sont, dans la majorité des cas, prononcées pour complicité, et tout l’aspect lié à la traite des êtres humains et aux crimes contre la personne est perdu. » Alors que la traite des êtres humains est un crime contre la personne, le trafic est légalement considéré comme un crime contre l’intégrité des frontières du pays, rappelle Crippa.

    Pour Stella Arena, avocate de l’Association italienne pour les études juridiques sur l’immigration, avec cette #loi, « le procès pénal est devenu un moyen de contrôler les flux migratoires ».

    Pas de coopération avec la Libye

    En Italie, aucune condamnation n’a encore été prononcée à l’encontre de ressortissants libyens pour des crimes commis contre des migrants. « Il y a un problème de responsabilité pour ceux qui sont au sommet du système, qui sont typiquement libyens », explique Crippa. Elle ajoute que le problème est que les autorités italiennes ne peuvent pas se rendre physiquement à Tripoli pour arrêter ces personnes, leur seul moyen étant d’émettre un mandat d’arrêt international et de compter sur les Libyens pour faire le reste. « Tant que cette situation politique se poursuit en Libye, il est clair qu’un accord, ne serait-ce que pour rassembler des preuves, n’est pas possible, alors imaginez pour une demande d’extradition. » Une option serait d’arrêter un suspect dans un pays tiers qui l’extraderait, mais aucune information publique ne permet de savoir si l’Italie a émis des mandats d’arrêt internationaux contre des Libyens.

    Le débat national sur les crimes contre les migrants s’est intensifié après qu’Osama Najim, un criminel de guerre libyen présumé recherché par la CPI, a été arrêté par la police italienne le 19 janvier 2025, avant d’être relâché et renvoyé à Tripoli deux jours plus tard par le gouvernement, en violation de son obligation de coopérer avec la Cour basée à La Haye. Son arrestation et sa libération ont également suscité un débat sur les liens étroits entre Rome et Tripoli. « Nous l’avons vu avec l’affaire Najim, il n’y a pas de réelle volonté d’agir pour stopper les réseaux d’exploitation de la migration », estime Zirulia. Selon lui, les réseaux de trafic de migrants, contrairement à l’organisation verticale de la mafia, sont le plus souvent organisés horizontalement et peuvent être étroitement liés aux appareils d’État. « C’est donc très difficile de réfléchir à la manière de démanteler sa direction. Ce n’est peut-être pas la bonne question, mais nous devons certainement nous demander ce que nous pouvons faire pour cibler les individus qui ont un pouvoir de décision. »

    Au manque de volonté politique et à la difficile coopération avec la Libye s’ajoute un autre obstacle : une vieille lacune de la loi italienne en matière de crimes internationaux. Rome n’a toujours pas intégré l’ensemble des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans son code pénal et ne peut donc pas exercer de compétence universelle. En conséquence, « elle perd tout l’aspect des crimes contre l’humanité, de sorte que l’interrelation concernant l’utilisation des migrants comme ressource économique par les milices, comme marchandises à échanger, comme ressource pour maintenir le pouvoir militaire, n’est plus prise en compte », déplore Crippa.

    Omer Shatz, directeur juridique de l’ONG Front-Lex, affirme que la responsabilité des crimes commis contre les migrants ne devrait pas concerner uniquement les trafiquants et les autorités libyennes. Depuis des décennies, les gouvernements italiens ont signé des accords avec leurs homologues de Tripoli, qui incluent le contrôle libyen des flux migratoires. Shatz affirme que les autorités italiennes et européennes, y compris l’agence européenne des frontières Frontex, sont également responsables de l’interception de plus en plus fréquente des bateaux de migrants par des gardes libyens ou tunisiens, et donc de « l’alimentation du commerce du viol, de la torture, de l’extorsion et de la rançon que les familles paient » pour libérer leurs proches des centres de détention en Libye.

    L’avocat international critique le fait que la CPI ait rejoint l’équipe conjointe en 2022, laissant apparemment les poursuites de ces crimes aux mêmes autorités nationales, y compris italiennes, qui n’ont pas les moyens d’aller plus haut dans la chaîne de décision. Alors que la CPI a inclus les crimes contre les migrants dans son enquête sur la Libye, Shatz pense que les autorités italiennes et européennes devraient également faire l’objet d’une enquête en tant que coauteurs des crimes. « Ce sont les acteurs les plus responsables, et c’est pour eux que la CPI a été créée. »

    https://www.justiceinfo.net/fr/142227-italie-peut-on-faire-justice-crimes-contre-migrants.html
    #migrations #réfugiés #3_octobre_2013 #opération_Glauco

  • "Ce n’est plus ma guerre" : voyage sur les traces des #déserteurs ukrainiens, dans les neiges des #Carpates roumaines

    Plus de 22 000 Ukrainiens ont traversé illégalement la frontière avec la Roumanie, pour déserter l’armée ou échapper à la #mobilisation. Un quart d’entre eux ont emprunté une route périlleuse à travers les #montagnes. Les autres ont choisi de passer la #rivière #Tisza à la nage.

    Leur visage est creusé par la fatigue, mais les deux compagnons sont en vie. Roman* retire en toute hâte ses bottes, grossièrement doublées avec des sacs en plastique. En guise de bienvenue, un rayon de soleil éclaire sa barbe mal rasée. « Je suis de Poltava », déclare-t-il en tirant de sa poche un écusson des forces armées ukrainiennes. Ce jeune homme vient de franchir illégalement la frontière pour arriver en Roumanie, au prix d’un périple éprouvant. Il y a quelques semaines, il combattait encore dans le Donbass, comme tireur d’élite. Son camarade Mykhaïlo* semble perdu. Son regard trahit les épreuves des derniers jours, là-haut dans les montagnes.

    Les deux Ukrainiens ont été repérés dans la matinée, après avoir accompli l’essentiel de leur expédition à travers la chaîne des Carpates. Pris en charge par les secours, ils sont conduits dans les locaux de la police aux frontières, où leur sera notifiée leur entrée illégale sur le territoire. Et si les sommets enneigés paraissent majestueux, depuis le village de #Poienile_de_Sub_Munte, ils recèlent également d’innombrables pièges. Les deux fuyards l’ignorent encore, mais un groupe de secouristes a passé la nuit entière sur les hauteurs, à crier leurs noms dans l’obscurité de la nuit.

    Il est environ 23 heures quand l’alerte est donnée par téléphone depuis l’Ukraine. Le frère de Mykhaïlo transmet aux services d’urgence roumains des coordonnées GPS approximatives, et sans doute obsolètes, tout en les menaçant si rien n’est fait. Le #Salvamont_Maramures, service de #secours en montagne, n’a pas besoin de ce genre de pression pour prendre l’affaire au sérieux. Depuis le début de la guerre, ses équipiers ont déjà sauvé plus de 250 déserteurs ukrainiens, au cours de 200 missions en montagne. Trois sauveteurs partent immédiatement à l’assaut des sentiers enneigés, à bord de leur buggy survitaminé qui bourdonne dans la nuit, suivis par un robuste 4X4 de la #police_aux_frontières.

    Les deux véhicules s’arrêtent à trois reprises pour faire retentir de puissantes sirènes et signaler leur présence à des centaines de mètres à la ronde. Pas de réponse. Une douzaine de kilomètres plus loin, le groupe est contraint de continuer à pied, en remontant d’abord le cours d’un ruisseau glacial. Aussi lisse que piégeuse, la #neige avale les jambes sans prévenir, à peu près tous les vingt mètres. Les affaires se compliquent encore à l’approche de la frontière ukrainienne, où le secteur est segmenté par d’indistincts ravins, cachés sous un manteau blanc. Mihai Cantea et ses camarades, pareils à des chamois, grimpent en ligne droite les escarpements.

    Après deux heures d’ascension, les hommes du Salvamont marquent une pause. Au lieu renseigné, à 700 mètres environ de la frontière, personne ne répond à leurs appels. « Ils ont dû changer de secteur, ou ils sont morts », résume Mihai Cantea. Il est 3h40 quand l’équipe entame son long retour. « Bien sûr que c’est frustrant, commente le sauveteur. Mais c’est notre devoir de vérifier. »

    Cette fois-ci, l’histoire se termine bien, puisque les deux hommes sont récupérés le lendemain. Mais depuis le début de la guerre, seize hommes ont déjà péri sur les hauteurs et cinq autres sont portés disparus depuis trois semaines. Ils n’ont jamais pu être localisés, après l’appel de leurs proches. Des Ukrainiens de tous âges tentent leur chance. L’âge minimum de mobilisation est de 25 ans, mais la loi martiale interdit aux hommes entre 18 et 60 ans de quitter le pays.

    « Dix-huit heures pour me descendre en civière »

    Vladislav Duda, lui, est un miraculé. Le mois dernier, il a été secouru en état d’extrême #hypothermie, alors qu’il serrait son petit chat contre la poitrine, pour se réchauffer. Il se trouve aujourd’hui dans un autre pays européen, énième étape d’un périple initié à Kharkiv il y a plusieurs mois. Il a longtemps reporté sa #désertion, de peur de tomber sur des patrouilleurs ukrainiens. « J’avais préféré attendre l’hiver, qu’il fasse plus froid, pour tenter la traversée », raconte ce jeune homme de 28 ans. « Finalement, j’ai rencontré deux gars et on s’est lancés. Là-haut, on mangeait du saucisson et du kacha [une bouillie à base de céréales], on dormait sous la tente. »

    Le petit groupe parvient à gagner le versant roumain, creusé de ravins, à plus de 1 900 mètres d’altitude. « Mais là, les pentes étaient beaucoup trop abruptes. On devait descendre en position assise. J’ai fini par tomber. » Ses deux camarades appellent les secours, puis décident de l’abandonner et de continuer leur route. Vladislav est désormais seul, allongé dans un cercueil de glace, convaincu que le chemin va s’arrêter là. Pour de bon.

    Mais Mihai Cantea finit par le localiser en remontant les traces de pas dans la neige. Sur place, il découvre un homme trempé et grelottant, presque inconscient, qui répète « cat, cat », pour signaler la présence de Peach, le petit chat qu’il tient contre lui, comme une bouillotte. Les secouristes comprennent « cut, cut » et pensent d’abord qu’il souffre d’une coupure. Quoi qu’il en soit, son état de santé inspire une vive l’inquiétude, d’autant que les conditions météo sont trop mauvaises pour faire décoller un hélicoptère. « Il a fallu dix-huit heures pour me transporter en civière, mais je ne me souviens de rien, raconte le rescapé. Juste que le chemin était très long. »

    Pour autant, le fuyard n’exprime aucun regret. « Le plus dangereux, ce n’est pas de passer huit jours en montagne, c’est d’aller à la guerre. Je connais des gens morts trois jours après leur arrivée au front. » Ce journaliste anticorruption, l’un des rares à s’exprimer sous son identité réelle, affirme être depuis la cible de commentaires injurieux en Ukraine, postés sur internet. « Je veux vivre, je ne veux pas me battre pour des gens corrompus », répond-il à ceux qui l’accusent d’être un traître. « Et je ne veux pas rentrer au pays tant qu’il y aura de la corruption. »

    Deux heures de plus, et Vladislav aurait sans doute trouvé la mort, confie Dan Benga, le chef du Salvamont Marmatures. L’expérimenté secouriste conserve des photos et des vidéos de toutes les interventions. La plus longue a duré 133 heures. A cette occasion, l’agence européenne #Frontex avait même engagé trois hélicoptères. Quatre hommes ont été sauvés, six sont morts. Le secouriste montre ensuite les images d’un homme sur le ventre, vêtu d’un simple short et d’un tee-shirt. « La phase finale de l’hypothermie est caractérisée par une irrépressible bouffée de chaleur. Avant de mourir, cet homme avait jeté tous ses habits un peu plus loin. »

    Pieds nus dans la neige pendant des heures

    Amputé de tous ses doigts de pied, Maksym a payé un lourd tribut à la montagne. Au tout début de la guerre, il déménage de Kiev pour s’installer près de la frontière. Quand il reçoit une convocation militaire, il part se cacher dans la forêt, où il végète plus d’un mois. Il paie 2 000 euros à un ancien contrebandier de cigarettes reconverti en passeur, qui se contente de lui dire : « C’est par là. » Il établit un camp de base dans un abri de chasse, en compagnie de trois autres personnes, dont un fils et son père. « J’avais entendu qu’il fallait voyager léger. Ça a été une énorme erreur. »

    Le groupe tente à plusieurs reprises de passer à travers le #Pop_Ivan, redoutable sommet de 1 936 mètres. « Le père de mon ami a dévalé et son fils est allé le récupérer avant de le tracter en plantant son couteau suisse Victorinox dans la glace. » Au sommet, ils appellent leurs familles pour leur dire adieu. Sait-on jamais. « La nuit, le père de mon ami s’est levé. Il a dit qu’il allait dans la cuisine. On l’a entouré pour le réchauffer, mais à 4 heures du matin, il avait disparu. On a crié partout, on ne l’a jamais revu. »

    La mort dans l’âme, le groupe poursuit sa route, mais commet l’erreur de bifurquer vers le secteur de #Criva, le plus dangereux. La suite est un long cauchemar. Après avoir perdu chaussures et chaussettes, Maksym marche pieds nus pendant des heures, en s’aidant parfois de ses mains. Puis il chute et dévale une pente. « C’est quand je me suis assis sur un tronc d’arbre que j’ai vu tout le sang que je perdais » des chevilles. Un autre naufragé parvient enfin à transmettre des coordonnées. Maksym sera hélitreuillé puis hospitalisé à #Baia_Mare, la ville roumaine où s’est également réfugiée sa famille, arrivée légalement.

    Ses orteils sont totalement nécrosés, mats comme du charbon. L’os de ses talons affleure au milieu des chairs rongées. Encore aujourd’hui, le moindre changement de température lui fait vivre un martyre. « Je n’ai plus de muscle sous les pieds et je ressens chaque relief du sol. » Paradoxalement, Maksym a pourtant appris à aimer la montagne, dont il a fait l’inattendu terrain de jeu de ses dernières sorties en famille, comme une rémission. Quand on l’interroge sur un éventuel cessez-le-feu, il botte en touche. « Je ne me sens plus concerné, ce n’est plus ma guerre, répond-il désormais avec détachement. Je me bats pour ma famille, pas pour que des gens remplissent leurs poches avec de l’argent américain. »

    Un dispositif renforcé à la frontière

    Le passage par les montagnes est si dangereux que les trois quarts des déserteurs préfèrent franchir la #rivière_Tisza à la nage, plus à l’ouest, selon la police locale. Ce matin-là, au poste-frontière de #Sighetu_Marmatiei, des femmes et des vieillards traversent le cours d’eau à pied, leur passeport bleu à la main. Des ouvriers tentent de rénover la chaussée défoncée par les voitures des réfugiés. Jusqu’à 5 000 entrées par jour au début de la guerre, contre 2 500 aujourd’hui.

    Le long de cette rivière agitée par les courants, bordée de peupliers et de saules, quelques caméras de chasse sont planquées dans les arbres. Au moindre mouvement, elles envoient des photos et une alarme au centre dédié de la police frontalière, lassée des fausses alertes déclenchées par les pêcheurs et les animaux.

    En patrouille sur la rive, Stefan Grad, l’officier en charge du secteur, reste marqué par la silhouette d’un jeune homme de 18 ans. « Il gardait ses maigres affaires dans un petit sac, il était trempé et de l’eau coulait de ses baskets. Il avait mis son portable dans un préservatif, pour le protéger. » Submergé par le stress et l’adrénaline, il mettra de longues secondes à retrouver son passeport. « Il paraissait vraiment soulagé que nous soyons là. J’ai un fils du même âge à l’université. Mais pour ce gamin-là, tout est difficile avec la guerre. Ça m’a beaucoup touché. »

    Sur les hauteurs alentour, plusieurs véhicules sont stationnés avec des caméras thermiques d’une portée de sept kilomètres. Les yeux rivés sur son écran, l’agent Varadi Roland zoome à la recherche de mouvements suspects, en faisant osciller une manette. Il se concentre également sur des zones plus spécifiques, quand les policiers ont obtenu des informations en amont.

    « Nous avons recensé l’arrivée illégale de plus de 22 000 hommes adultes : 4 500 la première année, 3 900 la deuxième et 13 800 l’an dernier », détaille Iulia Stan, porte-parole de la direction territoriale de Sighetu Marmatiei. En avril dernier, l’âge de la conscription avait été abaissé de 27 à 25 ans en Ukraine, ce qui explique ce rebond d’arrivées illégales. La police aux frontières travaille avec les forces de l’ordre nationales et l’agence européenne Frontex, qui a renforcé son #opération_Terra. L’inspection générale de l’aviation roumaine a également déployé des hélicoptères. Dans le ciel, on les reconnaît à leur couleur bleue, quand ceux de Kiev sont peints en vert.

    L’Ukraine, en tout cas, suit le dossier de très près. « Ne risquez pas votre vie !, écrivent les gardes-frontières sur leurs réseaux sociaux. Les hauts plateaux des Carpates ukrainiennes sont dangereux en hiver. » Les arrestations de fuyards et de passeurs sont régulièrement médiatisées, afin de montrer l’exemple. Ioulia Stan assure toutefois que ses homologues de Kiev ne lui réclament pas les noms des déserteurs. « Ils savent que nous respectons la législation européenne » sur la protection temporaire, accordée quelques jours après le début de la guerre.

    « Je risque douze ans de prison »

    Les civils et les soldats en fuite, pour autant, craignent toujours d’être rattrapés. « Je suis recherché en Ukraine », explique froidement Artem, qui a posé ses bagages en Roumanie après avoir traversé la Tisza. « La police est déjà passée chez moi et je risque douze ans de prison. » Le quadragénaire tait son nom, pour des raisons évidentes. Il prend le temps de jauger ses interlocuteurs, puis raconte son histoire, pendant plus d’une heure.

    Cet ancien militaire a combattu pendant des mois et des mois après avoir rejoint spontanément l’armée, au tout début de l’invasion russe. Sur une vidéo, on l’aperçoit aux commandes d’un blindé pris à l’armée russe, encore floqué de la lettre « Z », sous les hourras de ses camarades. « On devait prendre de la nourriture et des vêtements sur les corps des soldats ennemis. » A #Bakhmout, ce sapeur de formation « pose des mines américaines et désamorce des mines russes Pom-2 et Pom-3 ». Par deux fois, des engins explosent près de lui. « Les médecins n’ont même pas voulu me soigner », glisse-t-il, amer, lui qui souffre toujours de maux de tête et de troubles de la mémoire.

    Alors qu’il est en permission, au printemps 2024, un camarade lui apprend que son unité va être expédiée à Tchassiv Iar, ville ciblée par une offensive russe. « On était clairement envoyés à la mort. J’ai pesé le pour et le contre, et j’ai décidé de partir. » Il prend la route avec ses papiers, son téléphone et un peu d’argent. Puis il fonce en direction de la Tisza, où il parvient à déjouer les patrouilles ukrainiennes et à forcer la ligne de défense. « Les #barbelés sont impossibles à couper, mais avec ma formation militaire, je suis parvenu à les défaire et à créer un trou. » Quelques secondes plus tard, il touche l’autre rive, à hauteur de #Bocicoiu_Mare, et se cache dans la végétation, où il essore ses habits. « C’est allé très vite. »

    « Je ne crois même pas au cessez-le-feu »

    Artem fait aujourd’hui part de son écœurement. « Ce n’est pas seulement la guerre, c’est aussi la politique, la corruption... » Il accuse des officiers d’avoir confisqué les plaques de camarades morts au combat, pour toucher la solde, tout en déclarant aux familles qu’ils étaient portés disparus. « Certains ne voulaient pas combattre et payaient les officiers pour ne pas être envoyés en première ligne. Du coup, ça tombait toujours sur moi et quelques autres, toujours les mêmes. » Il affirme également que « les officiers nous envoyaient comme si on allait cueillir des champignons, tout en sachant très bien qu’on allait se faire attaquer. » L’euphorie des premiers jours a laissé place à une grande lassitude. « Moi, je veux que ça s’arrête et que tous les responsables paient pour ce qu’ils ont fait. »

    Parfois, il se sent tout de même coupable de ne plus pouvoir aider ses compagnons d’armes au combat. « A chaque fois que je les appelle, j’apprends la mort de nouvelles personnes. » En attendant, même ici, aux confins de la Roumanie, les combats continuent d’envahir ses pensées. « Je garderai longtemps le souvenir des corps dans les tranchées. Au supermarché, il me suffit de sentir l’odeur pour savoir si la viande est fraîche ou non. »

    https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/reportage-ce-n-est-plus-ma-guerre-voyage-sur-les-traces-des-deserteurs-
    #Ukraine #réfugiés #montagne #Roumanie #frontières #migrations

    ping @karine4

  • La #journaliste #Lavrilleux : la justice aux trousses | Au Poste, média indépendant 100% Live & Libre

    https://www.auposte.fr/la-journaliste-lavrilleux-la-justice-aux-trousses

    #secret_des_sources #Ariane_lavrilleux #secret_defense #ministère_de_la_défense #armées #lecornu #hollande #egypte #dgsi

    Elle risquait une mise en examen pour « appropriation et divulgation d’un #secret de la #défense_nationale ». 

    Dans le viseur de la justice et du ministère des Armées qui a porté plainte ? Des articles publiés en novembre 2021 par Ariane et trois autres journalistes sur Disclose au sujet d’une #opération_militaire_secrète de la #France en #Égypte, baptisée « #opération_Sirli ». Cette mission a conduit à l’#exécution_arbitraire de centaines de #civils égyptiens, le tout sur fond de vente d’armes. Comme le rappelle Disclose dans un récent communiqué, « pour sa participation à cette #enquête, notre journaliste encourt une peine de cinq ans de #prison et 75 000 euros d’amende ». Pour #Disclose, qui dénonce le détournement des moyens attribués à la lutte antiterroriste, « un nouveau cap est franchi dans les #pressions exercées contre les journalistes qui enquêtent sur des #affaires_d’État ».

    Rappelons qu’en septembre 2023, l’appartement d’Ariane Lavrilleux à Marseille avait été perquisitionné à 6 heures du matin. Neuf agents de la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure) ont alors récupéré toutes les données de ses ordinateurs, et a placé la journaliste en garde-à-vue durant … 39 heures. Ils cherchaient à identifier les sources qui lui ont permis de révéler que la France a aidé la dictature égyptienne à mener une campagne d’exécution arbitraire de civils entre 2016 à 2019.
    Avec Ariane Lavrilleux, on parlera ainsi du respect du secret des sources, sur les barbouzes qui enquêtent sur les journalistes, et parfois les intimident, mais aussi des moyens nécessaires à des enquêtes journalistiques de longue haleine, et notamment leur financement. 

    Justement, ce lundi, plus de 80 organisations de presse, dont l’ONG #Reporters_sans_frontières, les syndicats SNJ et CFDT, l’association du Prix Albert Londres et une série de médias dont StreetPress et Médiacités. demandent au gouvernement de « garantir la protection du secret des sources » Dans un courrier ouvert au Premier ministre, ainsi qu’aux ministres de la Culture, de l’Intérieur, de la Justice et des Armées, ces organismes présentent cinq propositions, élaborées par un groupe de travail constitué de journalistes et de juristes spécialistes du droit de la presse. Depuis la loi Dati, il est en effet possible de lever le secret des sources en invoquant un « impératif prépondérant d’intérêt public », qui est mal circonscrit. « Il est impératif de restreindre le champ » de cette notion, soulignent les organisations signataires. Oui, il y a urgence.

    Marc Endeweld.

  • Bringing up the Bodies. The forensic anthropologists who redress migrant death in #Texas

    On an early morning this past January in Eagle Pass, Texas, a group of women were on their knees in a six-foot-deep hole, shoveling dirt into buckets. The sky was still dark, so floodlights illuminated their work. They were precise with their shovels, holding them vertically out in front of themselves and shaving away lines of soil, rather than shoving them downwards into the ground like most of us do when we dig. After they filled the buckets to the three-quarters mark with gummy clay soil, they passed the buckets up to onlookers above them to be dumped onto mounds alongside the perimeter of the hole.

    One of those standing on the edge was Kate Spradley. Dressed in army-green pants and a thin puffer jacket, she waved her arms to get the group’s attention. “What you have learned this week has prepared you for today, which is the lightning round,” she said.

    What they would be doing at top speed was exhuming human remains. The women were forensic anthropologists with Operation Identification, or OpID, which is based at Texas State University and conducts exhumations across South Texas, seeking to identify and repatriate migrants who have been improperly buried after dying while attempting to cross from Mexico into the United States. The hole where they were working was located in the Maverick County Cemetery, a grass plot the size of a city block. It was so close to the U.S.-Mexico border that you could smell the Rio Grande—at least when you stepped away from the hole, which smelled like decomposition.

    It was the last day of work; the team had exhumed fifteen bodies in the previous two weeks, and they believed there were four more still in the ground. By the end of the day, they would uncover them all, carefully lift them out, and perform “intake” procedures, which entailed removing their clothes and placing them in Ziploc bags, taking notes on any identifying features, and preparing them to be transported to the laboratory at Texas State.
    Small Counties, Big Problems

    OpID started in 2013 in response to the growing crisis of migrant death in the Texas borderlands. While people have long crossed the U.S.-Mexico border, migrant deaths in the borderlands have increased significantly since 1994. That’s the year the U.S. Border Patrol began to ramp up enforcement of common day-laborer crossing sites, an initiative that came to be known as “Prevention Through Deterrence.” Instead of deterring migration, however, the approach pushed routes into harsh, remote, and—at the time—less-patrolled areas.

    Initially, routes shifted to Arizona’s Sonoran Desert. When Tucson’s Pima County Office of the Medical Examiner, which also serves the state’s border counties, noticed the increasing migrant deaths, they developed a protocol for addressing them, including the creation of a nonprofit organization, the Colibrí Center for Human Rights, to work with families searching for missing loved ones. Since 2002, about two-thirds of the migrant remains recovered in Arizona have been identified—nearly twenty-five hundred individuals.

    Over the course of the aughts, because of changing factors in Mexico and Central America, migration routes began to pass through Texas. In 2012, nine-hundred-square-mile Brooks County, located about seventy miles north of the border, replaced the Sonoran Desert as the epicenter of migrant death. Brooks is the site of a large inland Border Patrol checkpoint, which migrants can only circumvent on foot through hot, humid ranchlands.

    Unlike in Arizona, the Texas borderlands are made up of small counties, most of which have no medical examiner. Instead, elected officials called “justices of the peace,” who have no medical training, determine cause of death and sign death certificates. Though Texas’s Code of Criminal Procedure requires inquests into all deaths of unidentified persons, it leaves ambiguity about what such an investigation must entail. One significant gray area is DNA samples, which the code states should be collected “as appropriate.” In practice, this step is often bypassed; justices were allowing county sheriffs’ offices to simply offload migrant remains to a funeral home for burial in local cemeteries, often without records of where they were interred.

    For years, as bodies were discovered in Brooks County, the county sheriff’s office sent remains to local mortuaries for burial at the county’s Sacred Heart Cemetery. This largely escaped public scrutiny until late 2012. Then, as news outlets began reporting a “surge” of unaccompanied child migrants from Central America arriving at the border, local and national attention focused on migration—including on the deaths in Brooks County. Activists and journalists began reading the Texas Code of Criminal Procedure and raising alarm about whether the correct death-investigation protocols had been followed.

    That’s where the forensic anthropologists came in.
    Sorrow in the Borderlands

    Originally from Arkansas, Kate Spradley didn’t know much about the border until, as a doctoral student in biological anthropology at the University of Tennessee, her advisor sent her to Tucson’s Pima County Office of the Medical Examiner to collect data from the remains of migrants stored there.

    One of the reasons that Pima County was able to respond effectively to migrant deaths in Arizona was because they had an anthropologist on staff, Dr. Bruce Anderson. (Medical examiners are pathologists, trained to work with tissue; anthropologists work with bone.) Spradley was impressed by Anderson’s exceptionally high identification rate, despite having limited resources and working with a population for which there was very little data. He had previously worked at a well-funded Department of Defense laboratory involved in identifying missing-in-action soldiers. “And now here he was in this lab, one person, applying the same approach of ‘let’s do everything,’” Spradley said.

    After seeing Anderson’s work, Spradley decided she wanted to work in a border state. She landed at Texas State in 2008. OpID began five years later, after a call from Robin Reineke, cofounder of the Colibrí Center for Human Rights. A woman’s nephew in his early twenties had gone missing while crossing from Mexico. The guide had told her that he had left him behind in Brooks County and that the young man had a brown plaid shirt tied around his knee. The woman had driven to Brooks County and found his death report in the sheriff’s office’s case files, but they weren’t able to tell her where the body was.

    Spradley and Lori Baker, a forensic anthropologist at Baylor University who had been working to identify migrant remains in Texas border counties since the early 2000s, contacted the county sheriff, who directed them to the funeral home. But the funeral home said they hadn’t kept records of where they buried the migrants. Hearing that, Spradley and Baker realized they were going to have to exhume a cemetery’s worth of unidentified remains.

    In May 2013, Baker and another forensic anthropologist, Krista Latham, brought a group of students to conduct the exhumation at Sacred Heart (Spradley had to teach). They started with the most recent burials in the cemetery, which were mostly wooden coffins organized in a relatively orderly pattern. But during the last few days, they began to find remains in bags tucked between coffins. “That was our biggest surprise,” Latham said. “We had to go back and re-search areas with the understanding that not everything was in a coffin.” When they returned the next year, excavating an older part of the cemetery, it was even more disorganized. “It truly was an archaeological endeavor,” she said.

    There were far more remains than the anthropologists expected. It took five visits to complete the exhumation. By the third, Spradley’s team had also gotten involved. Each time they visited, more and more people approached them with information about yet more unmarked burials.

    In one case, a groundskeeper pointed out a site where he had forgotten to replace three markers after mowing the grass. They dug there, and instead of three, there turned out to be eight sets of remains. Later, a man driving through the cemetery tipped the group off without even stopping his truck. “He just slowed down enough to be like, ‘There’s a bunch buried right here, along the street,’” Spradley said. Right where he’d indicated, they found four or five small, custom-made boxes containing unidentified remains.

    Another time, a woman approached Spradley saying, “My husband doesn’t want me to tell you this,” before continuing, “I couldn’t buy the plot next to my father because the funeral home told me that—she used the term ‘illegal’—‘illegal people were buried next to him.’” They went to the area next to where the woman’s father was buried and started to dig an exploratory trench. Immediately, they started to see depressions and soft soil—telltale signs of recent burials. They found two unidentified bodies right next to the father, as though the funeral home had simply taken advantage of the open hole to dispose of some remains. They kept digging in case there were more. In the end, they found twelve bodies.

    By now, OpID has conducted exhumations in seven counties across South Texas. Between those recoveries and direct transfers from surrounding counties, they have 495 cases, 101 of which have been identified.
    Little Scratches

    In September 2022, a TikTok video depicting carelessly buried remains at the Maverick County Cemetery went viral. “These are the migrants that drowned coming over, and they weren’t able to get them into the medical examiner in Webb County because she is full,” the narrator claimed. “So they have buried them unembalmed in these graves.”

    Though OpID had planned to conduct an exhumation at the cemetery long before the video, the video had an impact on the ground. “There’s a before-TikTok and after-TikTok here,” Molly Kaplan, Spradley’s research assistant at OpID and a PhD candidate at Texas State, told me. The before-TikTok side included some of the most careless and disorderly burials the anthropologists had ever seen. Shelby Garza, another OpID member, told me that one individual had been “just thrown”—their legs were sticking up on the east side of the wall, with the rest of their body below in an L shape. Evidently, the local funeral homes had trusted that no one was watching.

    The Maverick County exhumation was novel for OpID in other ways too. While the majority of individuals that OpID exhumes likely die of exposure to the elements, most of these people had drowned. They were also some of the freshest remains that the OpID team, who specialize in bone, had worked with. “The tissue was disintegrating in our hands,” said a master’s student named Amelia Konda.

    They also had a good estimate of how many remains had been buried, and many had possible identifications already—whether because the individual was carrying ID, a witness had been present at the time of their death, or a family member had contacted the county looking for them. Some had even been fingerprinted by Border Patrol before being buried. “We had a kind of manifest here—a known number of remains and potential ID hypotheses. We had never had either of those before,” Spradley told me.

    The twenty-six individuals buried in the cemetery came from Mexico, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Venezuela, and Syria. Some of the deceased likely planned to seek asylum. One had crossed to care for his ailing mother. The local funeral home ran out of space while waiting for the fingerprint results to come back, and so the bodies were buried without identification; now they had to be exhumed and identified, likely necessitating the use of DNA testing.

    The previous afternoon, Kaplan and Garza had stayed behind with the cemetery’s two backhoe operators, a father and son team both named Valentín, as they dug the hole from which the team would exhume the final four remains.

    Garza, who was four months pregnant at the time, had attended all of the team’s exhumations but one. She became interested in forensic anthropology as a community college student in San Antonio, after she was assigned an article about humanitarian forensic work in Iraq for a cultural anthropology class that inspired her to join the school’s forensic anthropology club. One day, Spradley came to speak to the club. When Garza transferred to Texas State, she reintroduced herself to Spradley and started to participate in OpID’s early work. Kaplan, meanwhile, grew up in Los Angeles, and came to Texas State from New York City, where she had worked with the Argentine Forensic Anthropology Team. In her role as Spradley’s research assistant, she’s responsible for many of the logistics of navigating DNA labs and government bureaucracies.

    The older Valentín, who only spoke Spanish, wore a turquoise plaid shirt, Wranglers, leather work boots, a straw hat with a feather, and a cross earring. He explained that he had grown up across the river, in Piedras Negras, Coahuila, and came to Eagle Pass when he was fourteen. He operated the backhoe, while his son stood by the hole spotting him. The younger Valentín wore laced work boots and a black zippered jacket; he had a Dallas Cowboys neck tattoo and a tiny rhinestone nose ring. Valentín Jr. yelled over the loud clanking and engine sounds to explain that when the elbow of the backhoe touched the ground, it meant the hole was six feet deep, and they should start keeping their eyes out for “decomp”—soil darkened by the microbial activity responsible for most of decomposition—and body bags.

    When anthropologists see the black decomp layer, it means they’re probably coming to a body bag or some other kind of receptacle. What remains are buried in varies: if a funeral home has handled them, they’re usually in black body bags; others are buried in cardboard boxes, the kind generally used for cremation; still others are simply wrapped in plastic sheets. As Kaplan and Garza started to see cardboard, Valentín communicated to his dad to dig more lightly. “Por encimita,” he said, making a gesture with his hands, as though one were mimicking a tarantula crawling on the other, to indicate that the bucket of the backhoe should move gently across the surface of the soil. “Little scratches,” he added.

    As the elder Valentín continued to dig, Kaplan, Garza, and the younger Valentín started to realize that the cardboard they were seeing wasn’t from the graves they were looking for but scraps from boxes exhumed during previous days. It was already 3:00 p.m., and it had taken an hour to dig the “sterile”—that is, bodyless—hole. But they were determined to find the other four remains. Extending the first pit north, they finally found the remaining graves—the ones that would belong to the “lightning round.”
    De Buenos Aires para el Mundo

    The history of humanitarian forensic anthropology starts with the Argentine Forensic Anthropology Team: “the world’s first professional war crimes exhumation group,” as Thomas Keenan and Eyal Weizman write in Mengele’s Skull.

    In March 1976, a military government seized power of Argentina in a coup d’état. During seven years of rule, they abducted and murdered some thirty-thousand citizens in what came to be known as the “dirty war.” Many were young members of leftist organizations; others were ordinary people from rural regions where authorities saw a threat of Marxist insurgency. They disappeared many of the victims without a trace, using methods such as “death flights,” in which prisoners were injected with sedatives and then dropped from planes into the ocean. In 1983, days after the election that finally replaced the military junta, the new president created a National Commission on the Disappearance of Persons. The next year, following pressure from human rights organizations, the commission brought a team of experts from the American Academy for the Advancement of Science to Argentina to offer recommendations on how best to locate, exhume, and identify the remains of the country’s disappeared.

    One of the invitees was Clyde Snow, a forensic anthropologist who had gained international recognition for identifying the remains of Nazi doctor Josef Mengele in Brazil—an investigation that, as Keenan and Weizman write, “helped consolidate the interdisciplinary process for the identification of missing people [that] has since restored the names and identities of thousands of bodies.” Snow suggested the creation of a specially trained interdisciplinary team that would conduct exhumations and identifications from start to finish, combining established practices from archaeology and biological anthropology with newer forensic approaches. But there was a problem: most Argentine archaeologists and scientists were too scared of state repression to sign up. And so, Snow’s translator, a medical student named Morris Tidball-Binz, suggested training a group of students. They met up in Snow’s hotel room, and Equipo Argentino de Antropología Forense, or the EAAF, was born.

    They started their work at the NN, or “No Name,” sectors of Buenos Aires cemeteries where activists and international human rights actors had long suspected that the remains of disappeared citizens were buried. Many of the remains belonged to people who had been killed at around the age of the students exhuming them.

    As the word disappearance suggests, the military government had insisted that no abductions or murders had taken place. “Forced disappearance is the worst of the worst—it opens a wound and allows it to fester,” said Roxanna Altholz, codirector of the International Human Rights Law Clinic at the University of California, Berkeley, who has provided legal representation to the EAAF. “Families are in anguish and are suffering until they have an answer.” The exhumations provide concrete evidence to support grieving family members’ claims. There isn’t a military government disappearing people in Texas. But when the legal protocols meant to facilitate a deceased individual’s identification aren’t followed, that lack of adherence enacts a form of disappearance. Part of the importance of OpID’s work, Kaplan told me, is the endeavor “to acknowledge that this person existed.”

    Following the success of Argentina’s team, similar teams were created in Chile, Guatemala, Peru, Uruguay, and Mexico to redress disappearances by military dictatorships and war. The teams used EAAF protocols as a blueprint for managing their own cases and exhumations and have adopted its emphasis on working closely and respectfully with family members—sometimes even allowing them to be present at exhumations to provide closure. Meanwhile, the Argentine team, now a nonprofit with an office in New York, has worked in over forty countries applying forensics to mass atrocities. The team eventually started working in the U.S.-Mexico borderlands as an extension of their Mexico program. In 2013, Spradley, Reineke, members of the EAAF, and others gathered for a meeting convened by Arizona’s Binational Migration Institute and formed a group called the Forensic Border Coalition to coordinate their operations, including applying EAAF protocols to OpID’s emerging work.

    Spradley had learned about the EAAF as an undergraduate at the University of Arkansas, where a professor took her and her class to the computer lab to learn how to use internet search engines, which were then new. The professor told the students to look up something they were interested in. Spradley searched for “forensic anthropology.” The EAAF came up. “I was like, ‘Oh my god, I didn’t know people did things like this,’” she told me. “From that moment, I always followed them.” The opportunity to work with the team, then, made her feel “starstruck.” Now, she and the EAAF are close collaborators.

    One day in 2014, they finally found the remains that had set everything in motion for OpID. Two undergraduates asked Spradley if they could volunteer for her. She told them she needed help washing clothes that had been removed from the remains brought back from Sacred Heart, which were stored in Ziploc bags. She could tell the students were disappointed with the task, but they were good sports: they took the bags outside, washed the clothes by hand, and hung them up on the laundry line.

    Spradley stayed inside and scrolled through NamUS, the United States’ missing persons database, as she often did. She passed the profile that Reineke had called her about—the man with a brown plaid shirt tied around his knee. She saw it every week. But this time, she had a brown plaid shirt fresh in her mind’s eye. The students had just hung one up on the laundry line.

    “I ran back out there and looked at all the other personal effects,” said Spradley. It was a match. They’d solved the case.
    Ascending the Stairs

    As the sun started to rise over the Maverick Cemetery, the horizon brightened with dramatic streaks of orange and fuchsia. The anthropologists began removing enough decomp to locate the final body bags. They used specific and unique terms for every aspect of their work: they “followed lines” and “chased bag”; they “gophered.” Even digging was “dirt management.”

    One crouched in a frog pose as she worked, face down over the grave with her hips turned out, one knee on each side of her work. A master’s student named Victoria Soto leaned on the edge of one of the graves and propped herself up by pushing against the opposite side of the hole with her feet. “Flexibility and planking are two key skills,” Spradley remarked. When the women got to the finer-grained work, they began using dustpans, handheld brooms, wooden tools resembling mortar and pestles. There were three types of trowels: the rectangular “margin trowel,” the diamond-shaped “pointed trowel,” and the “Japanese hoe.”

    As the hole got deeper, another master’s student, Shelly White, volunteered—as she did every day it was needed—to carve stairs. As an undergraduate, White had participated in OpID’s early searches and exhumations in Brooks County. It made an impact on her; at lunch the previous day, she had rolled up her pant leg to show the others a tattooed desert scene of wild lavender, mesquite tree, and vultures found in the area.

    The Eagle Pass exhumation was White’s first time back since she had spent five years as a contract archaeologist after graduating, working everywhere from Belize to North Dakota. “I’m really good at digging now,” she told me. In forensic work, she explained, you speed-dig because you have to exhume as many remains as possible in a given timeframe. “You’re looking for a giant plastic bag, and you’re not going to miss it.” In archaeology, you have to examine everything, as any tiny rock could be part of the history you are documenting. But going slowly, White said, means “you never end up in a six-foot hole without a way to get out.” Hence the stairs.

    When the steps were ready, Spradley, Garza, and Kaplan descended into the hole and checked the exhumations’ progress. “You should try them, Caroline,” Kaplan said to me. I did. They were impressively sturdy—there was no give, just the sense of climbing into and out of the solid earth. Later, however, the stairs would become an emotional transition zone between the dirt management that many of the anthropologists thought of as “their element” and the more somber work of intake that was still to come.

    At around eleven thirty in the morning, four of the anthropologists suited up in masks, sterile booties, and plastic aprons with long sleeves they duct-taped to nitrile gloves. They were the “dirty” people—those who would touch the body bags and the decomp surrounding them. They laid a white body bag next to the grave site. The outside of the bag has to stay “clean.” The people who have touched decomp can’t touch the bag; they can only set the body inside.

    “One, two, three,” those in the hole said together with those above. The women in PPE lifted the body and set it on the white bag in one strong and swift motion. Everyone clapped. “That was beautiful,” those watching said, cheering them on as though they were soccer teammates. The dirty team climbed out and left the hole to the clean team, who came in to zip up the bag.

    “You’re going to go up those beautiful steps,” directed Garza. They did, carrying the white-wrapped body suspended between them. But as they walked silently to the intake tent, the earlier camaraderie turned funereal.
    The Intimacy of Discovery

    After bringing up the bodies, the OpID anthropologists turned to the more intimate and emotionally challenging work of intake. It generally takes place in a tent for privacy. The structure’s synthetic material trapped the heat and exacerbated the smell. Still, they tried to stay upbeat, knowing there had hours of labor ahead of them. “I don’t even notice the smell anymore, I’m just one with everything,” said Soto.

    The group started each intake by examining the deceased individual’s mouth. Next, they removed the individual’s shirt and looked for identifying features like tattoos or scars on their torso and back. Finally, they removed their shoes, pants, underwear, and socks, in that order. “I always apologize at this part,” Konda explained to me. They photographed each step and put everything into Ziploc bags to wash back at the lab.

    Many of the anthropologists said the hardest part of the work is not handling the remains themselves but coming face-to-face with effects—the keepsakes, talismans, and handwritten lists of phone numbers that once represented the hope of a new life. During one intake, Konda grabbed a shoe and checked inside, since that’s where migrants often store important paperwork. She found an identification card. “I happened to look at the birthday. He was only two years older than me, and his birthday was around the time he probably drowned,” she told me. “He probably thought he would have made it by his birthday.” She added: “I learned that I can’t think like that because I’ll cry. Crying is OK, but I was not hydrated enough to risk crying in that hot tent!”

    At Eagle Pass, the process was messier than what anthropologists were used to. The contents of migrants’ stomachs had been released, and with the remains relatively fresh, skin was still decomposing. It stuck to the clothes in moist strips; some of the skulls had skin on one side and not on the other.

    Though their peppiness deflated, the anthropologists handled the work with tact and grace. Their composure was, in many cases, a personality trait that drew these women to OpID in the first place but also something they supported one another in learning. When Konda shared that she had had recurring nightmares over the course of the exhumation—one in which she needed to call 911 but couldn’t, and another in which decomposing bodies had come back to life—Kaplan told her solemnly, “We all have those dreams.”

    It’s the ability to push through the emotional strain of the work that, Konda said, defines the team members. “You have to be able to be compassionate, but still work through it without being immobilized. It takes a special kind of person.”
    The Final Cleanse

    Several months after the exhumation, I visited OpID’s lab at Texas State’s Forensic Anthropology Research Facility. It’s located on a forty-five-hundred-acre working ranch, down a five-mile driveway lined with oak trees and wildflowers. There are butterflies, grasshoppers, cacti, and birds, along with cows and goats—part of the university’s agricultural programs—that traipse all over the property: I found manure on the lab building’s doorstep.

    On the south side of the building, Soto and a volunteer were cleaning clothes from Eagle Pass. They scrubbed the decomp off with brushes and then started a cycle of washing: using a plunger, they stuffed each item into a bucket of water and detergent, pulled it out to scrub it more, and repeated as many times as necessary. They could tell things were clean when they stopped feeling gummy, Soto explained. Then they saturated the clothing with OdoBan to eliminate odors and hung the items up to line-dry, accompanied by a notecard with their case number.

    While the Ziploc bags of personal effects had gone into the queue to be washed, the remains that came back from exhumation had gone to the ranch’s decomposition facility, a ten-minute drive further down the road, where they were laid out in body bags under the sun. Since it’s a research facility, the area is mainly used for decomposition studies on donated bodies, which are laid out naked, unbagged; OpID keeps its remains in bags under a separate metal-framed structure that Spradley calls the “mass disaster tent.”

    Gradually, OpID members bring the bagged remains from the tent into the lab to clean them and create their forensic profiles. The first step is to pick the bones out of the body bag. Laying in the Texas sun for weeks or months, the skin and other tissue will have disintegrated. “It can be soupy,” Spradley explained. Once they’ve pulled the bones out, they put them into a steel-walled kettle—the kind you’d see in an industrial kitchen—for maceration. They clean any remaining tissue off the bones with dentistry tools and a toothbrush at a nearby lab sink. Then, in the narrow osteology lab that doubles as OpID’s office, they lay out the bones in standard anatomical position. During my visit, a skeleton brought from Brooks County laid there, its head resting on a small, square purple pillow. Spradley moved one of the upper ribs from the left to the right side, correcting a student’s mistake. Then she started to point things out to me. She estimated the skeleton as that of someone young, because the scapula and pelvis don’t completely fuse until the middle of one’s twenties.

    After completing the forensic profile, OpID’s lab manager creates a profile in NamUS and mails one of the small foot bones to the University of North Texas to be added to the FBI’s DNA database. Then they pack the remains carefully into a box and shelve them in OpID’s climate-controlled storage area to wait for their match alongside three hundred others that have yet to be identified.
    Justice in Evidence

    Forensic anthropology teams’ work has a profound social significance: it brings closure to suffering families. “[Families] cannot rest until they know what happened to their missing loved ones,” said Andrea García Borja of the International Organization for Migration’s Missing Migrants Project. “Having an answer gives them a way to move forward, to start mourning and move forward from the search, [which] is incredibly exhausting, expensive, and that really consumes so, so, so much of their lives.”

    This work also carries political and legal importance: forensic evidence can provide the grounds to hold governments and others who commit human rights violations accountable for their deeds. “Each time we retrieve the skeleton of a young person with a bullet hole in the back of the neck, it becomes more difficult to argue your way around it,” Clyde Snow told the Argentine newspaper Página/12 in 1993.

    Yet some argue that the rise of the human rights movement, of which humanitarian forensic work is part, has required major political sacrifices. In Sovereign Emergencies, a history of the growth of human rights activism in response to military governments in Latin America, Patrick William Kelly explains that organizations and activists had to “rid [themselves] of radical politics” in favor of the “politics of empathy” that became the only way to effect any change. Many of the activists and anthropologists in Texas describe their work along these lines—as a humanitarian endeavor outside of politics. In such a sharply divided state, there are pragmatic reasons to present their efforts as apolitical. Texas’s unusual bureaucracy means that migration activists, Border Patrol, law enforcement, and local officials work closely together. Until 2022, when Texas channeled all border funding into the enforcement-centric Operation Lone Star, OpID even received funding from the office of staunchly anti-immigration Governor Greg Abbott. “We can work to change the system,” said Latham, “but if we make enemies of the people working in the same system, then we can’t do our job.”

    At the same time, deaths in the borderlands are also depoliticized: media, enforcement agencies, and elected officials often frame them as unfortunate consequences of the decision to migrate or the result of smugglers who don’t value human life. It is migration advocates and humanitarian workers who argue to the contrary that the U.S. Border Patrol’s Prevention Through Deterrence strategy is a form of state violence analogous to the crimes endured by the victims forensic anthropologists have exhumed in Latin America and elsewhere. The Arizona organizations Coalición de Derechos Humanos and No More Deaths have stated that the policy “has turned the natural landscape into a lethal weapon that injures, kills, and disappears border crossers.” For her part, Kaplan said: “It’s structural violence and policy, not direct violence. But ultimately, it’s the same.”

    At the federal level, both political parties support the type of immigration enforcement that activists say is responsible for migrant death, with its focus on security rather than safe passage. Few, if any, politicians are calling for the removal of the border wall, for the abolition of the Border Patrol, or for a truth commission to investigate Prevention Through Deterrence. Those politics remain on the horizon. But the work of forensic anthropologists is future-oriented in its own way: each identification they make helps build a historical record of what has happened.

    “We can’t understand the impact of deterrence policies unless we document who dies in the desert,” said Altholz, the human rights lawyer. “OpID and the Forensic Border Coalition make it so that so many family members can find some measure of justice. And it’s justice they have delivered, not that the state has delivered.”

    https://thebaffler.com/salvos/bringing-up-the-bodies-tracey
    #USA #Mexique #mourir_aux_frontières #frontières #morts_aux_frontières #migrations #réfugiés #Etats-Unis #Eagle_Pass #OpID #identification #Operation_Identification #justice #antrhopologie_forensique

    ping @6donie

  • Mayotte : l’impossibilité d’une île. C’est le titre d’un texte de Détènem Touam Bona - emprunté au très misogyne (et beaucoup plus que cela) Michel Houëllebcq - où il décrivait à l’occasion de l’ #opération_Wuambushu une situation sociale fortement corrélée à la réalité géopolitique et néocoloniale des « poussières d’empire » comme cette petite île de l’Océan Indien faisant partie de l’archipel des Comores.

    Le titre est repris pour une vidéo d’un Lundi Soir dont l’objet est la présentation de l’ouvrage éponyme d’un certain Rémi Carayol.

    Le texte de Détènem Touam Bono :
    https://lundi.am/Mayotte-l-impossibilite-d-une-ile

    Lundi Soir du 2/12/2024 (vidéo ou podcast) :
    https://lundi.am/Mayotte-ou-l-impossibilite-d-une-ile

    Petite précision de la rédaction de Lundi Matin :

    Le titre a été honteusement volé à celui de ce fabuleux article de Dénètem Touam Bona que nous avions publié en mai 2023.

  • #Frontex spends half a billion on aerial surveillance, new research shows more involvement in pullbacks

    On the 20th anniversary of the founding of Frontex, new details about its complicity with the Libyan Coast Guard have come to light. Activists and lawyers are protesting and taking legal action.

    The European border agency Frontex has invested over €500 million in aerial surveillance in the Mediterranean region since 2017. This is reported by the Italian newspaper “Altreconomia” and complements new investigations by the Liminal research project. Its research shows that the surveillance equipment is not used to protect people at sea, but to force them back to Libya or Tunisia.

    Liminal was founded two years ago at the University of Bologna for the forensic investigation of border violence. In an exhibition currently on display in Paris, Liminal documents at least 240 new cases in which Frontex reconnaissance flights specifically reported boats in the central Mediterranean to the Libyan or Tunisian Coast Guards, who then took the refugees back to the North African countries against their will. Between 2019 and 2023 alone, over 27,000 people were affected by such pullbacks.

    Liminal’s research is based on 319,000 data records from the “Joint Operation Reporting Application” (JORA), Frontex’s internal database system. This is where the agency records all of its activities, including in the central Mediterranean. In a total of 473 cases, Frontex detected boats carrying refugees on their way to Europe before Libyan or Tunisian units intercepted them and forced them to return. The research shows that these routines are not random, but that the reconnaissance flights as part of the Frontex operation “Themis” are used strategically for migration defence.

    A significant part of Frontex’s surveillance work is carried out by drone missions. Among others, the border agency uses two “Heron” drones, produced by the Israeli defence company Israel Aerospace Industries, which are also used for military purposes in the Gaza Strip. One of these drones is stationed in Malta and another in Crete. Frontex tested another drone from Israel in 2019, but this “‘Hermes”’ suffered a total loss after a few months.

    Using JORA datasets from 2016 onwards, the Liminal researchers were able to reconstruct a significant number of cases in which the Frontex surveillance service recorded boats before they were turned back to Libya or Tunisia. These pullbacks are carried out in cooperation with the Libyan Coast Guard, which has received financial and organisational support from the EU since 2017.

    A new set of JORA data requested by Liminal via a Freedom of Information request shows that surveillance teams in Warsaw, where Frontex is based, analyse images in real time and make decisions on who to notify for pullbacks in North Africa. For Operation “Themis” alone, Liminal documented 473 previously unknown cases in which boats were discovered by Frontex and then pulled back to Libya or Tunisia.

    “The chain of responsibility in these operations is extremely complex”, Giovanna Reder from Liminal emphasises to “nd”. The information gathered by aircraft and drones passes through several instances, from Warsaw to the operations control centres in Italy, Malta and Greece.

    Liminal shows how Frontex conceals the pullbacks by systematically labelling the operations in the JORA datasets as “prevention of departures”. “Frontex is thus continuing a trend that we have been observing for a long time”, says Reder. Accordingly, the agency is also becoming increasingly non-transparent and is disclosing less and less data in response to requests under the Freedom of Information Act.

    The Libyan Coast Guard has long been suspected of severely mistreating intercepted persons and detaining and abusing them in prisons under conditions that violate human rights. Despite ample evidence of the catastrophic conditions in Libyan camps, Frontex has so far shown no inclination to end its cooperation with the Coast Guard. On the contrary: Frontex’s monitoring capacities have been massively expanded in recent years.

    However, Article 46 of the Frontex Regulation, which is relevant to human rights issues, requires the agency to stop such operations if they promote human rights violations, as in Libya or Tunisia, which encourages pogroms against refugees and abandons them in the desert.

    In response to this practice, which violates international law, the legal organisation Front-Lex, together with the group Refugees in Libya, has taken legal action against Frontex before the European Court of Justice. A plaintiff from Sudan, who has been living in Libyan detention under dangerous conditions since 2019, accuses Frontex of having facilitated his forced repatriation and subsequent torture in Libya by sharing location data.

    Front-Lex lawyer Ifatch Cohen demands on behalf of the plaintiff that Frontex take the protection of human rights seriously. In his argumentation, he refers to EU law, according to which the indirect promotion of human rights violations is not permitted. There is already sufficient evidence of Frontex’s co-responsibility for crimes against humanity in Libya, explains Cohen when asked by “nd”. What is needed is not more evidence, but a competent court that grants Frontex victims access to legal protection. “We hope that judge Maria José Costeira will finally allow our case to proceed”, said the lawyer.

    The 24 October 2024 was the 20th anniversary of the founding of Frontex. There were demonstrations, events and actions in several cities in Europe and Africa, including Brussels, Berlin, Bregenz, Innsbruck, Calais and Dakar.

    The Alarm Phone network, which consists of hundreds of volunteers and celebrated its tenth anniversary in October, also met in the Senegalese capital at the beginning of October. Refugees on the Mediterranean can use the emergency number to ask for help. The Alarm Phone forwards these messages to the relevant maritime rescue centres in the central Mediterranean.

    For 3,650 days and nights, they have been on duty, the network explains. During this time, the activists have been alerted to over 8,000 boats “from all corners of the Mediterranean Sea, the Atlantic region or the English Channel”.

    https://digit.site36.net/2024/10/31/frontex-spends-half-a-billion-on-aerial-surveillance-new-research-show
    #pull-backs #Libye #migrations #réfugiés #complexe_militaro-industriel #surveillance_aérienne #Méditerranée #mer_Méditerranée #drones #complexe_militaro-industriel #Joint_Operation_Reporting_Application (#JORA) #Themis #opération_Themis #Heron #Israel_Aerospace_Industries #chaine_de_responsabilité #prévention_des_départs #gardes-côtes_libyens

    • Oltre 27mila naufraghi respinti in Libia e Tunisia grazie a Frontex. La nuova ricerca di Liminal

      Il gruppo di ricerca del centro con sede a Bologna ha analizzato 319mila “stringhe” del database Jora, nel quale l’Agenzia europea registra le proprie attività. Incluse quelle di sorveglianza sul Mediterraneo: in almeno 473 casi le imbarcazioni sono state avvistate prima dell’intervento delle milizie libiche e dei guardiacoste tunisini. Anche grazie all’Heron drone prodotto dalla Israeli aerospace industries, lo stesso utilizzato per le operazioni militari sulla Striscia di Gaza

      L’Agenzia europea Frontex ha collaborato al respingimento verso Libia e Tunisia di almeno 27.288 naufraghi tra il 2019 e il 2023. Lo rivela uno studio inedito realizzato dal progetto Liminal, centro di ricerca con sede a Bologna, visionato in esclusiva da Altreconomia. “In 473 casi l’Agenzia ha individuato la barca tramite i suoi mezzi di sorveglianza prima che questa venisse bloccata dai guardiacoste libici e tunisini -spiega Lorenzo Pezzani, direttore di Liminal-. Non sono ipotesi o accuse rivolte da Ong ma la stessa Frontex che nei suoi database implicitamente ammette che è stata protagonista di queste operazioni”.

      È la prova che la sorveglianza aerea sul Mediterraneo, a cui l’Agenzia ha destinato oltre 500 milioni di euro di budget tra il 2017 e il 2023, non ha come obiettivo il salvataggio delle persone in mare ma quello di evitare che queste arrivino in Europa. Una “verità” che emerge dalle oltre 319mila “stringhe” ottenute e analizzate da Liminal del database in cui Frontex registra le informazioni relative a tutte le sue attività, comprese quelle dei droni. Tra cui anche l’Heron drone, fornito dall’Israel aerospace industries, che oggi viene utilizzato dall’esercito israeliano per le operazioni militari sulla Striscia di Gaza.

      Liminal si è concentrata sui dati contenuti nel Joint operation reporting application (Jora), un database in cui dal 2011 Frontex registra tutti gli eventi di attraversamento irregolare dei confini di cui viene a conoscenza. Le “stringhe” registrate dal settembre 2016 al settembre 2021 sono state ottenute dal giornalista Emmanuel Freudenthal e contenevano con esattezza i luoghi in cui si trovavano le barche nel momento in cui sono state individuate e in molti casi il porto finale di sbarco: in 197 casi le operazioni si concludono con un respingimento verso Libia e Tunisia. Sui dati dal 2021 al 25 gennaio 2023, Frontex ha fornito i dati con ancora meno dettagli, soprattutto con riferimento al porto finale di sbarco. Il motivo? “Comprometterebbe la protezione dell’interesse pubblico”. O forse il rischio di essere chiamati a rispondere delle proprie azioni.

      Infatti, nonostante l’assenza di quelle informazioni, il gruppo di ricerca ha ricostruito incrociando diverse informazioni contenute nel file almeno 218 casi in cui le barche sono state avvistate dagli assetti aerei dell’Agenzia prima che fossero respinte verso le coste libiche e tunisine. Questi eventi sarebbero però solo la punta dell’iceberg:. Dal 25 gennaio 2023 al 2024, infine, l’Agenzia ha negato a Liminal la possibilità di accedere alle informazioni a causa di “nuovi metodi operativi” per cui la divulgazione di questi dati “ostacolerebbe l’efficacia delle operazioni di Frontex”.

      Analizzando l’enorme database di Jora, poi, Liminal ha individuato un’altra criticità. Nel periodo fra gennaio 2021 and gennaio 2023 viene introdotta una nuova operazione, “Fsc aerial surveillance”, in cui sono presenti 1.580 casi per i quali come “reporting country” viene indicata la Polonia. L’Fsc è il Centro di sorveglianza che si trova a Varsavia, sede centrale di Frontex, in cui i membri dell’European monitoring team (Emt) analizzano le immagini trasmesse in tempo reale dai velivoli dell’Agenzia. Di questo team fanno parte anche membri delle forze dell’ordine dei Paesi membri, tra cui anche la Guardia di finanza e la Guardia costiera italiana. Fra tutti i casi categorizzati come “FSC aerial surveillance”, i ricercatori di Liminal sono riusciti a individuarne 240 che sono elencati anche come casi di avvistamento avvenuti nell’ambito dell’ operazione Themis che Frontex conduce nel Mediterraneo Centrale, e che si poi sono conclusi con un respingimento. “Anche se in assenza di altri dati non ci è ancora possibile dire molto di più su questi casi, sono tuttavia interessanti perchè rivelano la complessa catena decisionale che caratterizza queste operazioni -spiega la ricercatrice di Liminal Giovanna Reder-. Le informazioni trasmesse da un veivolo che vola a pochi chilometri dalla Libia vengono inviate tramite satellite ai piloti di Airbus che stanno a Malta, alla operation room di Varsavia e anche ai vari centri di sorveglianza degli stati membri coinvolti: tutta questa catena di informazioni è opaca e difficile da ricostruire. Quando avviene un avvistamento, chi è che decide che cosa fare e chi contattare, e in base a quali criteri? Rispondere a queste domande è decisivo sotto l’aspetto della responsabilità”, aggiunge Pezzani.

      In decine di casi, inoltre, Liminal ha incrociato i dati del database con quelli resi pubblici dalle Ong tra cui Alarmphone. “Questo ci aiuta a recuperare quelle informazioni che Frontex ha oscurato nel fornirci le stringhe di Jora -aggiunge Reder-. E anche a marcare le differenze tra come l’Agenzia registra le informazioni, penso al numero dei morti, da quella che poi è la realtà sul campo denunciata dai naufraghi alle Ong”. Tra i casi analizzati c’è quello di un’imbarcazione avvistata il 4 gennaio 2023 quando secondo la posizione inviata ad Alarmphone era già nella zona di ricerca e soccorso maltese: Frontex registra quell’evento nel database, quindi è a conoscenza di dove si trovi, ma i naufraghi vengono con molta probabilità intercettati e respinti dalla cosiddetta guardia costiera libica. “Viene registrata come attività di ‘prevention departure’ che in linguaggio burocratico è la maschera per classificare un respingimento”.

      Questa nuova ricerca di Liminal segue quella pubblicata nell’agosto 2022 in collaborazione con Human rights watch (Hrw) dal titolo “Airborne complicity” in cui grazie a documenti inediti si ricostruiva una “chiara correlazione” tra i voli di Frontex e il tasso di intercettazioni da parte della Guardia costiera libica. “Un andamento che suggerisce e rinforza il fatto che vi sia una collaborazione sistematica tra l’Agenzia e le ‘milizie libiche’, come tra l’altro è emerso anche in diverse inchieste giornalistiche”, sottolinea Reder. E come ha ammesso anche lo stesso direttore esecutivo di Frontex Hans Leijtens che nel febbraio 2024 ha ammesso che in almeno 2.200 casi la posizione delle imbarcazioni è stata inviata alla Guardia costiera libica tra il 2020 e il 2023.

      Anche a seguito di quelle dichiarazioni, le Ong Front-Lex e Refugees in Libya hanno deciso di portare Frontex di fronte alla Corte di giustizia dell’Unione europea per chiedere ai giudici di fermare la collaborazione con le autorità libiche. Il ricorrente è un 29enne di origini sudanesi, malato di diabete, bloccato in Libia dal 2019 e oggi in grave pericolo anche per la sua condizione di salute. “Il fatto che Frontex condivida la posizione con le milizie libiche riduce le possibilità che lui raggiunga l’Europa e lo espone a tortura e trattamenti degradanti -spiega Ifatch Cohen, avvocato che per Front-lex ha promosso la causa-. Diversi rapporti provano come tutti coloro che vengono respinti subiscono detenzione arbitraria e sono quindi sottoposti alla violazione dei loro diritti basilari”. In questo quadro, l’Agenzia dovrebbe fermare di condividere le informazioni ottenute attraverso i suoi velivoli. “Non è necessario che la sua attività provochi direttamente le lesioni subite dal ricorrente: l’articolo 46 del regolamento prevede infatti che le operazioni vengano fermate anche qualora favoriscano anche indirettamente la violazione dei diritti umani”, aggiunte l’avvocato Cohen.

      Gli avvocati hanno chiesto alla Corte di esprimersi con un giudizio d’urgenza perché il ricorrente rischia la vita. Ma Frontex si è opposta. “In altri casi presentati da potenziali vittime, la Corte ha rigettato i casi e non li ammessi perché non era ‘certo’ che i richiedenti, una volta al mare, sarebbero avvistati dall’Agenzia e poi respingi illegalmente -continua Cohen-. Ci aspettiamo forse che la persona bloccata in Libia produca un giudizio mostrando un biglietto di una nave con cui ha tentato di raggiungere l’Europa? Spero che i giudici cambino il loro approccio e adottino una decisione in conformità con la legge. Anche se c’è l’1% delle possibilità che qualcuno subisca un respingimento e di conseguenza sia vittima di tortura gli va riconosciuta la possibilità di ricorrere di fronte a un giudice”.

      A sorreggere tutta la “macchina dei respingimenti” ci sono poi le grandi multinazionali, spesso aziende legate all’industria militare, che garantiscono a Frontex i velivoli. Come raccontato su Altreconomia l’importo dei bandi pubblicati dall’agenzia con riferimento a servizi di sorveglianza aerea passa da 1,6 milioni di euro nel 2017 a 172 milioni di euro nel 2023. Con un numero sempre più ampio di soggetti interessati a queste tipologie di commesse. Tra gli apripista troviamo l’italiana Leonardo Spa (già Finmeccanica), la prima nel 2018 a fornire un drone per Frontex. Ma il progetto di ricerca Liminal si concentra soprattutto sui contratti siglati con le israeliana Elbit Systems (Hermes 900 drone) e l’Israeli aerospace industries (Iai) per l’Heron drone (in questo caso un subappalto da parte di Airbus).

      “Lo stesso che oggi sorvola il Mediterraneo viene utilizzato anche per le operazioni militari su Gaza -sottolinea Pezzani-. L’ennesima inquietante prova della compenetrazione dell’industria militare nel settore del controllo dei confini”. Il 24 ottobre Frontex ha festeggiato i primi vent’anni di vita, costellati da scandali e un ruolo centrale nell’esternalizzazione dei confini europei, nella totale impunità. C’è poco da festeggiare.

      https://altreconomia.it/oltre-27mila-naufraghi-respinti-in-libia-e-tunisia-grazie-a-frontex-la-

      #Fsc_aerial_surveillance #European_monitoring_team (#Emt)

  • Policing migration: when “harm reduction” means “multipurpose aerial surveillance”

    The EU’s latest “#operational_action_plan” on migrant smuggling gives a central role to #Europol, which will receive data resulting from more than two dozen joint police operations launched by EU member states, EU agencies and a range of non-EU states. The UK is heavily involved in the plan, and is leading one activity. One objective is for harm reduction and assistance to victims, but the only activity foreseen is for Frontex to increase use of its “#EUROSUR_Fusion_Services, including the #Multipurpose_Aerial_Surveillance aircraft service.”


    Police against people smuggling

    The action plan (pdf) covers the 2024-25 period and contains an outline of 25 activities listed under eight strategic goals, but offers no insight into the causes of human smuggling, and none of the activities are framed at addressing causes.

    The overall aim is to control migration flows both into the EU and within the EU, and to enhance police cooperation between national law enforcement authorities, EU agencies (Europol, #Frontex and the #EU_police_database_agency, #eu-LISA) and with countries outside the EU, through joint operations and the exchange of information and intelligence.

    Many of the activities include targets for arrests: one led by Poland, for example, foresees the arrest of 200 facilitators of irregular migration per year; another, led by Cyprus, expects at least 1,000 “apprehensions/arrests”.

    In 2015, Statewatch exposed a planned EU-wide police operation against irregular migrants called ‘Mos Maiorum’, which led to significant media coverage and political controversy, as well as numerous actions to inform people of their rights and to try to map police activities. Since then, the number of such operations has skyrocketed, but attention has dwindled.

    European plan

    The 2024-25 plan is part of the #European_Multidisciplinary_Platform_Against_Criminal Threats, a now-permanent initiative (https://www.statewatch.org/statewatch-database/eu-joint-police-operations-target-irregular-migrants-by-chris-jones) through which joint police operations are coordinated. It is managed by Europol, with political control exercised by the member states in the Council of the EU.

    A “leader” is assigned to each activity in the action plan, responsible for initiating and reporting on the relevant activity, with “key performance indicators” often indicated in respect of each one.

    The leaders include nine EU member states (Austria, Cyprus, France, Germany, Greece, Italy, Poland, Portugal and Spain), the UK, as well Frontex, Europol, eu-LISA and the European Police College (CEPOL).

    Europol will provide overall support across all the different activities and is specifically responsible for leading four activities.

    In many activities led by national police forces, it is specified that a goal is also to participate in other Europol initiatives, such as the “Europol Cyberpatrol to target and identify targets” and Europol’s European Migrant Smuggling Centre. The Operational Action Plan stipulates that other, unspecified, “Europol tools” may be used “where appropriate”.

    The action plan specifies that the operational data emanating from the activities is to be shared with Europol to be processed through its Analysis Projects, further swelling the databases at its headquarters in The Hague.

    The first version of the action plan was circulated amongst member states two weeks before the European Commission published a proposal to reinforce Europol’s powers in relation to migrant smuggling, arguing that they were urgently needed – though this assessment was not shared by the member states.

    Strategic goals

    The 26 activities outlined in the plan are designed to contribute to eight strategic goals:

    - Criminal intelligence picture. The activities under this heading are for Europol to provide a “situational picture of migrant smuggling” including threat assessments, updates on migratory routes, “modi operandi” and future trends, which will be made available to member states and third countries. It will involve sharing information with Frontex. Europol also aims to “strengthen the strategic and tactical intelligence picture on the use/abuse of legal business structures by criminal networks” not only in respect of migrant smuggling, but throughout “all main crime areas affecting the EU”.
    - Investigations and judicial response. There are 11 activities planned in relation to this goal. The objective is to prepare and conduct investigations and prosecutions. Police forces of different member states lead the activities and set out specific targets by reference to the numbers of arrests, initiated investigations and identified networks. Each planned activity appears to reflect specific national or local police force priorities. Germany for instance aims to “detect 5,000 irregular migrants” per year, and arrest 500 “facilitators”, whilst France focuses on seizing 100 small boats crossing the Channel to the UK. Spain focuses on air routes, including links between human smuggling and drug trafficking; and Portugal’s aim is to disrupt “marriages of convenience abuse and associated threats” (400 cases specifically). Europol also leads an activity aimed at the development of “intelligence products in support of MS investigations” (50 per year) and Frontex aims to focus on border checks and surveillance measures on the EU external borders (with 1,000 “apprehensions/arrests”).
    - Coordinated controls and operations targeting the online and offline trade in illicit goods and services. The only activity planned in relation to this goal is by the French police forces, to improve law enforcement response against “those utilising the Dark Web and other internet messenger applications to enable illegal immigration and document fraud”. The dark web is identified as an “intelligence gap” in this context.
    - Criminal finances, money laundering and asset recovery. Led by the UK, the activity planned under this goal heading is to disrupt money flows specifically within hawaladar networks.
    - Document fraud. Frontex, as well as French and German police forces each lead activities under this goal aimed at “targeting networks or individuals” involved in document fraud. In this respect, Frontex’s “Centre of Excellence for Combating Document Fraud” has a key role.
    – Capacity building through training, networking and innovation. This involves activities aimed at improving the skills, knowledge and expertise of law enforcement and judicial authorities, led by CEPOL, eu-LISA (on the use of SIS and Eurodac databases) and German police forces.
    - Prevention, awareness raising and harm reduction, as well as early identification and assistance to victims. The only goal that is expressed as being aimed at improving the safety of people is led by Frontex, and is focused on the detection of migrant smuggling through the “use of EUROSUR Fusion Services, including the Multipurpose Aerial Surveillance aircraft service, for [member states] and stakeholders to support more effective detecting, preventing and combating illegal immigration and migrant smuggling.” No mention is made of identification, assistance or victims.
    - Cooperation with non EU partners: under this last goal, one activity is led by Austrian police forces, aimed at expanding the geographical focus of the Task Force Western Balkans to Turkey and “other relevant countries of origin and transit”. The work is already based on intelligence information provided by Europol and Frontex and aims to “enhance mobile phone extractions” (the link here is not clear). The second activity listed under this last goal is led by Europol, and aims to provide a “common platform for EU agencies, military, law enforcement and other stakeholders to exchange intelligence on criminal networks operating along the migration corridors”, creating a broad and focal role for itself in information exchange with a wide range of stakeholders, including private companies.

    For the purposes of the Operational Action Plan, “migrant smuggling” is broadly defined as:

    “…the process of facilitating the unlawful entry, transit or residence of an individual in a country with or without obtaining financial or other benefits. Migrant smuggling entails the facilitation of illegal entry to the EU and of secondary movements within the EU. It can also involve facilitating the fraudulent acquisition of a residence status in the EU.”

    It therefore does not require the involvement of any benefit and includes movements within the EU.

    https://www.statewatch.org/news/2024/april/policing-migration-when-harm-reduction-means-multipurpose-aerial-surveil
    #surveillance #surveillance_aérienne #migrations #réfugiés #données #coopération_policière #European_Police_College (#CEPOL) #European_Migrant_Smuggling_Centre #Europol_Cyberpatrol

  • #Mayotte va ériger un « rideau de fer » de technologies civilo-militaires de surveillance

    Le sous-préfet chargé de la lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte vient de publier 11 demandes d’information réclamant aux industriels un arsenal impressionnant de technologies de #surveillance pour combattre le « défi migratoire » dans ce département de la #France d’outre-mer.

    Le 10 février dernier, #Gérald_Darmanin a annoncé qu’ « avec le ministre des Armées, nous mettons en place un "#rideau_de_fer" dans l’eau, qui empêchera le passage des #kwassa-kwassa [des #pirogues légères, qui tanguent énormément, et sont utilisées par les passeurs pour convoyer des migrants d’#Anjouan aux #Comores à Mayotte, ndlr] et des #bateaux, beaucoup plus de moyens d’interception, des #radars, et vous verrez un changement radical ».

    Concrètement, ce dispositif consiste en « une nouvelle vague d’#investissements dans des outils technologiques (radars, moyens maritimes…) permettant de déceler et d’interpeller les migrants en mer », précise le ministère de l’Intérieur à France Info.

    Il s’agit du prolongement de l’#opération_Shikandra, du nom d’un redouté poisson baliste du lagon qui défend son territoire et se montre extrêmement agressif envers les poissons et tout animal (plongeurs et nageurs inclus) qui traverse sa zone de nidification en période de reproduction.

    L’opération Shikandra est quant à elle qualifiée par le ministère d’ « approche globale, civilo-militaire, pour relever durablement le défi migratoire à Mayotte », « qui a permis une première vague d’investissements massifs dans ces outils » depuis son lancement (https://www.mayotte.gouv.fr/contenu/telechargement/15319/116719/file/26082019_+DP+Op%C3%A9ration+Shikandra+Mayotte.pdf) en 2019.

    Il était alors question de déployer 35 fonctionnaires supplémentaires à la #Police_aux_frontières (#PAF), plus 26 gendarmes départementaux et sept effectifs supplémentaires pour le greffe du TGI de Mamoudzou, mais également d’affecter 22 personnels supplémentaires aux effectifs embarqués dans les unités maritimes, de remplacer les cinq vedettes d’interception vétustes par huit intercepteurs en parfaites conditions opérationnelles (quatre neufs et quatre rénovés).

    En décembre dernier, Elisabeth Borne a annoncé le lancement, en 2024, du #plan_interministériel_Shikandra 2, contrat d’engagement financier entre l’État et le département doté de plusieurs centaines de millions d’euros jusqu’en 2027 : « Nous investirons massivement dans la protection des #frontières avec de nouveaux outils de #détection et d’#interception ».

    À l’en croire, la mobilisation de « moyens considérables » via la première opération Shikandra aurait déjà porté ses fruits : « Depuis 5 ans, près de 112 000 personnes ont été éloignées du territoire, dont plus de 22 000 depuis le début de l’année ».

    Les derniers chiffres fournis par la préfecture de Mayotte, en octobre 2023, évoquent de leur côté un total de 60 610 reconduites à la frontière (8 127 en 2020, 17 853 en 2021, 17 380 en 2022 et 17 250 en 2023, l’interception de 1 353 kwassa-kwassa, 17 192 étrangers en situation irrégulière interpellés en mer, et 59 789 à terre, la destruction de 622 barques et 424 moteurs, et la condamnation à de la prison ferme de 285 passeurs.

    https://next.ink/130597/mayotte-va-eriger-un-rideau-de-fer-de-technologies-civilo-militaires-de-survei
    #murs #barrières_frontalières #migrations #réfugiés #chiffres #statistiques #complexe_militaro-industrielle #technologie #frontières #militarisation_des_frontières

  • De la complicité de la France

    Cet épisode pilote revient sur le soutien apporté par l’État français au gouvernement génocidaire rwandais. Les documents secret défense analysés et rassemblés permettent de comprendre les mécanismes qui ont permis l’une des plus atroces compromissions de la Ve République autour de 4 questions : Pourquoi la France s’est-elle impliquée au Rwanda ? A quand remonte l’implication de la France au Rwanda ? Jusqu’à quand la France a-t-elle poursuivi son soutien au régime génocidaire ? Que penser des conclusions du « rapport Duclert » quant aux "responsabilités lourdes et accablantes de la France dans le génocide des Tutsis ?

    https://www.youtube.com/watch?v=zElcjCs4GE8&list=PLnTYnV3R1tVAO35eRrLP1a1QJxXD_Ts5z

    #génocide #complicité #France #Rwanda #vidéo #colonisation #politique_coloniale #Front_patriotique_rwandais (#FPR) #opération_Noroît #armée #armée_française #François_Mittérand #responsabilité #néo-colonialisme #rapport_Duclert #commission_Duclert #excuses #Macron #Emmanuel_Macron #soutien_actif #forces_spéciales #plainte #justice

  • “Action file” on Tunisia outlines EU’s externalisation plans

    An “action file” obtained by Statewatch lays out the objectives and activities of the EU’s cooperation on migration with Tunisia – whose government was heavily criticized by the European Parliament this week for “an authoritarian reversal and an alarming backslide on democracy, human rights and the rule of law.”

    Externalisation of migration control

    The document (pdf), produced as part of the #Operational_Coordination_Mechanism_for_the_External_Dimension_of_Migration (#MOCADEM) and circulated within the Council in December 2023, summarizes ongoing EU efforts to externalise migration and border control to Tunisia. It covers the main developments since the signature of the EU-Tunisia Memorandum of Understanding of July 2023.

    The MoU is cited in the document as a cooperation “framework” whose implementation shall “continue”. Criticism also continues, with the organization Refugees International arguing:

    “The short-term securitisation approach to Tunisia advanced by Team Europe is… likely to fail on at least two fronts: both on its own terms by failing to stem irregular migration, and on legal and ethical terms by tying EU support to the inevitability of grave human rights abuses by Tunisian authorities.”

    From the document it is clear that the EU has intensified political and technical outreach to Tunisia through high-level visits from both EU and member state representatives and that the Tunisian authorities are involved in different initiatives, including through EU agencies, such as Europol and Frontex. The European Police College (CEPOL), the EU Agency for Asylum (EUAA) and Eurojust are also mentioned as potential actors for cooperation.

    The measures listed in the document target all potential migration from Tunisia to the EU. However, distinctions are drawn – including in the language used – between measures addressed to non-Tunisian nationals and measures addressed to Tunisian nationals.

    Measures addressed to non-Tunisian nationals

    For non-Tunisian nationals, “preventing irregular departures from, as well as irregular arrivals to Tunisia” is the key objective of ongoing cooperation in the areas of border management, anti-smuggling and search and rescue. The EU provides Tunisia different amounts of funding through existing projects.

    Border management, including search and rescue

    the EU finances the projects Strengthening the Tunisian Coast Guard Training Pillar, run by #ICMPD (2023-2026) and the #EUTF funded Border Management Programme for the Maghreb region (#BMP-Maghreb) (2018-2024). Both projects aim at developing the Tunisian authorities’ border control capacity, for both land and sea borders, thus including search and rescue activities. This is done through the donation of equipment and the training of the Garde National of Tunisia and the Navy.

    As for equipment, details about the delivery of boats, engines and spare parts for putting search and rescue vessels to Tunisia are included in the document, including the provision of fuel. A new contract will “build and equip a command-and-control centre for the Tunisian national guard at the border with Libya,” to enhance cross-border cooperation with Libya.

    With regard to training, the document mentions a session for two officials in Rome as well as the participation of the Tunisian border control authorities in a Frontex workshop organised in the context of Joint Operation Themis. The MOCADEM reports that Tunisia considers talks on a working arrangement with Frontex “pre-mature.”

    Anti-smuggling

    The EU pursues the Anti-smuggling Operational Partnership (ASOP) to try to develop the Tunisian police capacity to investigate, prosecute and convict smugglers. Training is also key in this area.

    The document mentions a mentorship programme between Tunisia and the EU Member States on migrant smuggling. Cross-border cooperation in investigations is encouraged, also through Europol, information campaigns (in North Africa and along the Central Mediterranean), and regional action. There is an ongoing discussion on a Europol agreement to exchange personal data between Europol and Tunisian authorities.

    Return and reintegration of non-Tunisian nationals

    the EU finances IOM’s project on Migrant Protection, Return and Reintegration in North Africa, concretely supporting assisted voluntary return from Tunisia to countries of sub-Saharan Africa. The MOCADEM document states that the EU engages “with Tunisian authorities to develop a national mechanism for returns facilitation.”

    Direct capacity-building of national authorities to return non-Tunisian nationals to their country of origin is a novelty in the EU migration policies. This is a follow-up of the objective spelled out in the EU-Tunisia MoU of “developing a system for the identification and return of irregular migrants already present in Tunisia”. It is reported that a “new technical assistance programme to further support the return system in Tunisia is under preparation.”

    International protection for non-Tunisian nationals

    As usual, protection programmes receive much lower funding than other cooperation objectives for the securitisation of migration. In Tunisia, the EU will fund a project run by the UNCHR to enhance reception and access to international protection for asylum seekers and refugees.

    Measures addressed to Tunisian nationals

    For Tunisian nationals, the EU aims to increase return and readmission of Tunisian nationals deemed to be irregularly staying in the EU to Tunisia, privileging so-called “assisted voluntary return” and reintegration projects for Tunisian nationals over forced returns. At the same time, the EU stresses the importance of increasing opportunities for legal migration through the launch of a “Talent Partnership” and better visa conditions for Tunisian nationals.

    Deportations

    the EU finances a national reintegration support mechanism called “Tounesna,” as well as the Frontex Joint Reintegration Services, for which Frontex launched a new call for proposals. Key actors in this area are the High Level Network for Return, chaired by the EU Return Coordinator and composed of representatives of all Member States and Frontex.

    In October 2023, Tunisia was identified as one of the seven countries targeted for joint deportation actions. The document reports that the negotiations for an EU-Tunisia readmission agreement and visa facilitation agreements, which started in 2016, have been on hold since 2019 and that “Tunisia has shown no interest to date to relaunch the negotiations.”

    Legal migration

    The EU finances pilot projects under the Mobility Partnership Facility (MPF) and the regional project THAMM (2018-2023), which received extra funding. Again, the launch of an EU-Tunisia Talent Partnership is announced through a Joint Roadmap for a Talent Partnership, which is yet to be finalized.

    In the EU-Tunisia MoU, the EU promised to “take appropriate measures to facilitate legal mobility between the two Parties, including facilitating the granting of visas by reducing delays, costs and administrative procedure.” However, in this document there are no prospects for cooperation on visa policy. The document merely contains a reminder that visa policy is conditional on readmission cooperation.

    Ongoing cooperation

    While the European Parliament this week condemned a decision by the Commission to release €150 million to Tunisia through an urgent written procedure, bypassing the normal-decision making process, with a resolution that said the North African country is undergoing “an authoritarian reversal and an alarming backslide on democracy, human rights and the rule of law.”

    The resolution goes on to say that “over the last year, President Kais Saied has had opposition politicians, judges, media workers and civil society activists arbitrarily arrested and detained.”

    However, the cooperation being coordinated through MOCADEM remains largely beyond the reach of parliamentary scrutiny. As highlighted by a separate article published today by Statewatch and Migration-Control.info, the parliament’s lawyers agree with MEPs that this needs to change.

    https://www.statewatch.org/news/2024/march/action-file-on-tunisia-outlines-eu-s-externalisation-plans
    #Tunisie #externalisation #migrations #réfugiés #financement #Kais_Saied #accord #frontières #EU #UE #Union_européenne #contrôles_frontaliers

    –—

    ajouté à la métaliste sur le #Memorandum_of_Understanding (#MoU) avec la #Tunisie :
    https://seenthis.net/messages/1020591

  • Appel à mobilisation suite à l’arrestation de membres de la communauté #Emmaus_Roya

    On partage cet appel venant d’#Emmaüs Roya

    Appel à mobilisation pour aujourd’hui 18h devant toutes les préfectures, de la part d’Emmaüs Roya :

    ****

    APPEL A MOBILISATION

    Hier, mercredi 20 mars 2024, un véhicule de #gendarmes_mobiles commence à suivre le véhicule de notre association Emmaüs Roya sur la route nationale entre Breil et Saorge, Alpes Maritimes. La camionnette transportait 3 compagnons Emmaüs, un des salariés (Cédric Herrou), 2 bénévoles et leur chien. L’équipe se rendait sur l’un des terrains agricoles de la communauté pour préparer la saison de maraîchage.

    Les gendarmes ont arrêté le véhicule et procédé à un #contrôle_d’identité. Ce contrôle d’identité semble n’avoir aucun autre fondement juridique que le contrôle au faciès et la volonté d’intimidation : la Préfecture du 06 s’emmêle dans sa communication officielle, clamant tantôt un simple contrôle routier, tantôt la lutte contre l’immigration clandestine.

    D’autres véhicules de gendarmes mobiles rejoignent le contrôle, à la fin il y a 4 véhicules de #gendarmerie pour 6 personnes interpellées. Après plus de 30mn d’immobilisation, les gendarmes reçoivent l’ordre de menotter tout le monde et de les embarquer à la caserne d’Auvarre à Nice.

    Cet épisode a lieu 10 jours après que nous ayons dénoncé des contrôles d’identité opérés illégalement par des Sentinelles. Un référé suspension contre ces pratiques irrégulières allait être déposé hier au Tribunal Administratif.

    Jusqu’à 17h nous ne savions pas quelle procédure était en cours. Nous apprenons enfin que #Cédric_Herrou a été placé en garde à vue pour « aide à la circulation irrégulière d’étrangers en France » d’après la police.

    Nous rappelons que le Conseil Constitutionnel a affirmé le 6 juillet 2018 que la fraternité avait une valeur Constitutionnelle et à ce titre, supprimait le délit d’aide à la circulation.

    Le compagnon français et les 2 bénévoles belges ont été relâché vers 19h.

    A l’heure actuelle 2 compagnons étrangers sont encore en rétenue administrative. Ils ont été emmenés au LRA (local de #rétention_administrative) de l’aéroport de Nice. A 14h20, cela fera 24h qu’ils auront été arrêtés : la Préfecture devra alors décider entre les libérer ou les placer en rétention administrative.

    Si à 14h les compagnons n’ont pas été libérés, nous appelons tous les groupes Emmaüs et autres structures qui voudraient nous soutenir à manifester physiquement leur soutien devant leur Préfecture de département, ce soir jeudi 21 mars à 18h. Camions, banderoles, casseroles, tout est bon pour hausser le ton.

    Ce contrôle aurait pu se passer n’importe où, frontière ou non, situation irrégulière ou non. Tous les jours des compagnons, et non compagnons, des simples gens sont contrôlés et arrêtés, seulement car ils ne possèdent pas les bons papiers. Tous les jours des associations connaissent des #intimidations ou des #pressions. Et plus grave encore. Les Préfectures ont de plus en plus tendance à confondre militance et délinquance.

    Et la situation ne risque pas de s’améliorer. On veut nous écraser, nous faire taire. La défense des sans-voix, des laissés-pour-compte sera toujours notre priorité.

    Toucher un compagnon c’est toucher à tous les compagnons. C’est toucher à tous les précaires, les rebuts de la société, ceux qu’on ne veut surtout pas voir et encore moins entendre.

    Réveillons nous, ne nous laissons pas marcher dessus. 10cm de liberté perdus, des années de lutte pour les retrouver. Comme disait l’abbé Pierre notre devoir est d‘ »empêcher les puissants de dormir« , bien que les puissants deviennent de plus en plus puissants et les sans-voix de plus en plus invisibles.

    Merci de votre soutien, et de faire tourner

    L’équipe d’Emmaüs Roya

    https://voieslibresdrome.wordpress.com/2024/03/21/appel-a-mobilisation-suite-a-larrestation-de-membres-de-

    #frontière_sud-alpine #arrestations #Roya #Vallée_de_la_Roya #Alpes_Maritimes #détention_administrative #rétention #garde_à_vue #sans-papiers #opération_Sentinelles

    via @karine4

    • Cédric Herrou : « Je viens de faire 22 heures de garde à vue parce que je suis un opposant politique »

      Le militant a été placé en garde à vue mercredi 20 mars, et deux compagnons d’Emmaüs-Roya en retenue administrative, après un contrôle routier. Tous trois ont été relâchés jeudi midi. La préfecture des Alpes-Maritimes assume, le ministère de l’intérieur garde le silence.

      IlIl a d’abord signalé un nouveau « petit contrôle au faciès » dans une vidéo postée sur le réseau social X. Cédric Herrou n’imaginait sans doute pas qu’il serait interpellé, en plus des hommes qui l’accompagnaient en voiture pour se rendre sur leur lieu de travail, mercredi 20 mars, en début d’après-midi. Les gendarmes mobiles ont profité d’un contrôle routier pour constater que certains des compagnons, membres de la communauté Emmaüs-Roya, étaient en situation irrégulière.

      Ces derniers, l’un de nationalité gambienne, l’autre mauritanienne, ont été placés en retenue administrative, tandis que l’agriculteur, déjà connu pour son combat pour le principe de fraternité consacré par le Conseil constitutionnel, a été placé en garde à vue, pour « aide à la circulation d’étrangers en France ». « J’ai senti les policiers un peu embêtés, et c’est normal puisque ce n’est plus un délit à partir du moment où il n’y a pas de contrepartie financière », souligne Cédric Herrou. Tous trois ont été relâchés jeudi 21 mars, à midi.

      Au moment de l’interpellation, raconte Cédric Herrou, les gendarmes lui « ont mis les menottes ». « Je leur ai demandé le motif de l’interpellation, et si j’étais placé en garde à vue. Mais on m’a notifié mes droits 3 h 30 après ma privation de liberté. » Le préfet des Alpes-Maritimes a affirmé que Cédric Herrou aurait refusé de présenter les documents du véhicule. « C’est faux, rétorque l’agriculteur. Les gendarmes nous ont suivis, et c’est parce qu’il y avait des Noirs dans la voiture. Je viens de faire 22 heures de garde à vue parce que je suis un opposant politique. Et dans un pays comme la France, cela interroge la notion d’État de droit. »

      À l’été 2023, Mediapart était allé à la rencontre d’Emmaüs-Roya et avait raconté la genèse de ce projet mêlant agriculture et social – une première en France. La communauté permet depuis sa création d’approvisionner toute la vallée de la Roya en produits locaux et bio, et a convaincu, à force de travail acharné et de pédagogie, les plus réfractaires à la présence de personnes étrangères. C’est la première fois que les forces de l’ordre et les autorités s’en prennent ainsi à la communauté Emmaüs.

      Dans la soirée de mercredi, le préfet des Alpes-Maritimes a choisi de communiquer sur X, confirmant l’interpellation de Cédric Herrou par des gendarmes mobiles dans le cadre d’un contrôle routier. « L’infraction routière retenue à son encontre et le refus de fournir les documents afférents à la conduite du véhicule ont entraîné l’immobilisation du véhicule. La présence à bord de passagers en situation irrégulière a conduit au placement en garde à vue de M. Cédric Herrou et au placement en retenue administrative des passagers », a-t-il poursuvi.

      Sollicité à plusieurs reprises, le ministère de l’intérieur a préféré garder le silence.
      « L’épine dans le pied de la préfecture »

      « On a l’impression que c’est lié aux dénonciations qu’on a faites il y a dix jours », explique Marion Gachet, cofondatrice de la communauté, en référence à une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montrant des militaires de l’opération Sentinelle effectuer un contrôle d’identité sur l’un des compagnons de la communauté, un contrôle « illégal » (ces derniers ne sont pas habilités à contrôler l’identité des citoyen·nes) et « au faciès » (la personne était noire), comme l’a souligné Cédric Herrou au moment des faits.

      Filmée, la scène a suscité l’indignation et a été reprise dans de nombreux médias. Cédric Herrou avait constaté ces pratiques illégales des mois plus tôt, notamment dans les trains circulant à la frontière franco-italienne ou dans les gares. Il avait déjà publié une vidéo, devenue virale, en novembre 2023 ; et un communiqué interassociatif était venu condamner ce type de pratique.

      « Des policiers m’ont dit que j’étais l’épine dans le pied de la préfecture. Je sais que tout ça fait suite au référé-suspension que j’ai déposé en justice pour mettre fin au contrôles d’identité effectués par les [soldats de] Sentinelle dans la région », confie Cédric Herrou.

      Mercredi 20 mars, les forces de l’ordre suivaient la voiture depuis quelques minutes, rapporte Marion Gachet, « comme [si elles] l’avaient repérée et attendaient de pouvoir intervenir ». « Dans le PV d’interpellation, il est écrit que les gendarmes ont suivi le véhicule de l’association depuis la gare, et l’ont contrôlé parce que l’un des feux arrière était cassé. »

      Par la suite, les motifs du contrôle et de l’interpellation ont évolué : d’abord présentée comme un simple contrôle routier, l’action s’est vite inscrite dans le cadre d’une « mission de lutte contre l’immigration clandestine », comme l’a affirmé le cabinet du préfet lui-même à France 3-Côte d’Azur.

      Deux bénévoles et un membre de la communauté de nationalité française, également présents dans le véhicule, ont d’ailleurs été relâchés en fin de journée, mercredi. Se voulant rassurant, Cédric Herrou affirme ne pas se décourager. « Au contraire, ça me rebooste. Pour les compagnons, c’est plus embêtant. Mais ils vont bien, ils appartiennent à une lutte, on est un peu une famille et ils savent qu’on sera toujours là. »

      Cédric Herrou et Marion Gachet invitent le préfet des Alpes-Maritimes à venir les rencontrer : « On dénonce des irrégularités parce qu’on est pour le respect du droit. Mais on est aussi dans une volonté de discussion et d’apaisement, on n’est pas là pour faire la guerre au préfet et il n’y a aucun intérêt à avoir de telles tensions, ni pour Emmaüs-Roya, ni pour la commune de Breil-sur-Roya, ni pour les autorités. »
      « Préfet bulldozer »

      Jusque-là, poursuit Marion Gachet, les membres de la communauté entretenaient « de très bonnes relations » avec la préfecture des Alpes-Maritimes. Mais, depuis l’arrivée du préfet Hugues Moutouh en septembre 2023, cette bonne entente s’est étiolée, regrette-t-elle. « Là, on a vraiment le sentiment qu’il se venge. » Le préfet est connu pour ses prises de position et de parole prônant la discrimination, comme lorsqu’il a déclaré, alors préfet de l’Hérault, que « les SDF étrangers n’étaient pas les bienvenus ».

      Surnommé « préfet bulldozer », il avait aussi réservé une interpellation surprise à plusieurs sans-papiers venus de Paris, dès la sortie du train, alors qu’ils devaient manifester à l’occasion du sommet France-Afrique organisé à Montpellier en octobre 2021 – manifestation déclarée aux autorités en amont. Plusieurs d’entre eux avaient fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), doublée d’une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF).

      Ces dernières années, la militarisation de la frontière lancée par les autorités, avec pour seul objectif de la rendre hermétique – sans toutefois y parvenir –, a contribué à un renforcement des contrôles sans précédent, dans les cols de montagne, sur les routes, dans les gares… Mais ces contrôles mènent surtout à des refoulements en cascade (soit des renvois côté italien), sans empêcher concrètement les personnes exilées d’entrer en France au bout de plusieurs tentatives infructueuses, comme ont pu le documenter les associations présentes dans la région.

      Les associations d’aide aux exilé·es n’ont cessé d’alerter sur les effets de la militarisation de la frontière, qui conduit par ailleurs à l’enfermement de femmes, hommes et enfants dans des lieux sans véritable statut juridique (comme des préfabriqués) et pousse les personnes en migration à prendre toujours plus de risques pour éviter les contrôles. L’histoire de Blessing Matthew, une jeune Nigériane retrouvée morte dans la Durance, après avoir franchi la frontière avec deux camarades et avoir été poursuivie par les gendarmes, en est l’illustration.

      Dans une décision rendue le 2 février 2024, le Conseil d’État a annulé l’article du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile) « qui permettait d’opposer des refus d’entrée en toutes circonstances et sans aucune distinction dans le cadre du rétablissement des contrôles aux frontières intérieures » et a enjoint à la France de respecter le droit d’asile, comme l’explique l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers, qui a suivi le dossier de près.

      Le 16 mars, l’association Tous migrants organisait une « grande maraude solidaire » pour dénoncer les « politiques d’invisibilisation » du sort réservé aux exilé·es et la « militarisation des frontières françaises dans le contexte de durcissement des politiques migratoires et de la loi Darmanin ».

      https://www.mediapart.fr/journal/france/210324/cedric-herrou-je-viens-de-faire-22-heures-de-garde-vue-parce-que-je-suis-u

  • Comment l’UE a fermé les yeux sur le refoulement illégal de migrants par la #Bulgarie avant son adhésion à Schengen

    Des documents internes de Frontex révèlent des violations répétées. Malgré des alertes répétées, la Commission européenne salue les « résultats excellents » de la Bulgarie, qui s’apprête à rejoindre l’espace Schengen.

    Au printemps 2022, Ali, un Syrien de 16 ans, entre dans un centre d’accueil à Sofia (Bulgarie) pour demander une protection au titre de l’asile et un regroupement familial avec sa mère et ses cinq autres frères et sœurs, restés en Syrie et au Liban.

    Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Au lieu de voir sa demande traitée, il est emmené dans un endroit qui, dit-il, « ressemble à une prison ». Pendant la nuit, comme une cinquantaine d’autres personnes, il est embarqué dans une voiture de la police des frontières et reconduit jusqu’à la frontière turque, à 300 kilomètres de là, sans recevoir la moindre information sur ses droits à l’asile.

    « Ils nous ont fait marcher jusqu’à une #clôture équipée de caméras. Après avoir franchi la clôture, il y avait comme un canal. En même temps, ils frappaient les gens, se remémore le garçon. Ils ont tout pris et m’ont frappé dans le dos, sur la tête. Après cela, ils m’ont jeté dans le canal. » Le groupe est invité à retourner en #Turquie et ne jamais revenir.

    Les refoulements, une « pratique courante »

    Les témoignages de refoulements (ou pushbacks, en anglais) comme celui d’Ali sont généralement réfutés par le gouvernement bulgare. Mais de nombreux abus ont été documentés par l’organe de surveillance des droits humains de Frontex au cours des dix-huit derniers mois, selon une série de documents internes de l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes consultés par le réseau Balkan Investigative Reporting Network (BIRN) et publiés par Le Monde. Ces documents, obtenus grâce aux lois de transparence européennes, décrivent avec force détails des #brutalités commises par des agents bulgares participant aux opérations de Frontex : coups de bâton, #déshabillage de force, #vols d’effets personnels, #agressions verbales et #blessures graves infligées par des chiens, etc.

    Les documents montrent également que les preuves étayant ces pratiques illégales ont été dissimulées non seulement par les autorités bulgares, mais aussi par les hauts fonctionnaires de Frontex et de la Commission européenne. Dans le même temps, l’exécutif européen saluait les « excellents » progrès réalisés par la Bulgarie en matière de #gestion_des_frontières, facilitant l’adhésion du pays à l’espace Schengen – les contrôles aux frontières aériennes et maritimes seront levés le 31 mars, tandis que les contrôles terrestres restent en place pour l’instant.

    Les organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits humains locales et internationales alertent depuis de nombreuses années sur les refoulements violents en Bulgarie. Selon des données compilées par le Comité Helsinki de Bulgarie, 5 268 refoulements, touchant 87 647 personnes, auraient eu lieu au cours de la seule année 2022.

    Plusieurs experts affirment que la plupart des 325 000 entrées de migrants que le gouvernement bulgare revendique avoir « empêchées » depuis 2022 sont en fait des refoulements illégaux. « Ces personnes ont été interceptées à l’intérieur du pays. Nous ne parlons donc pas d’entrées empêchées, mais de retours », explique Iliyana Savova, directrice du programme pour les réfugiés et les migrants du Comité Helsinki de Bulgarie. « C’est un secret de Polichinelle que les gens sont repoussés. De tels ordres existent », admet, sous le couvert de l’anonymat, un haut fonctionnaire du gouvernement bulgare.

    Les preuves s’accumulent tellement que le Bureau des droits fondamentaux de Frontex (FRO) considère « établi » que les refoulements, « impliquant souvent des niveaux élevés de #violence et d’autres #traitements_inhumains_ou_dégradants », sont « une pratique régulière de la police des frontières bulgare », selon un bilan des « rapports d’incidents graves » couvrant la période 2022-2023 obtenu dans le cadre de cette enquête.

    Un lanceur d’alerte en mission discrète

    Pour l’Union européenne (UE), la situation est d’autant plus problématique que son agence des frontières collabore directement sur le terrain avec les forces de sécurité bulgares. Depuis 2022, dans le cadre de l’opération conjointe #Terra, Frontex a déployé des équipes de #gardes-frontières, des véhicules de patrouille et des #caméras_de_thermovision pour aider les autorités bulgares dans leurs activités de #surveillance aux frontières turque et serbe.

    En août 2022, un #rapport inquiétant atterrit sur le bureau de Jonas Grimheden, le chef du FRO. Il émane d’un agent de Frontex qui a mené une enquête de sa propre initiative lors d’un déploiement de six mois à la frontière avec la Turquie. Il révèle que les agents de Frontex sont tenus intentionnellement à l’écart des zones où les migrants sont généralement appréhendés et repoussés. « Lorsque des situations se produisent, le collègue local reçoit les indications pour déplacer l’équipe Frontex, en évitant certaines zones, note le lanceur d’alerte. Ils ont pour instruction d’empêcher Frontex de voir quoi que ce soit, pour éviter qu’ils rédigent un rapport officiel. »

    Pour l’eurodéputée écologiste Tineke Strik, cheffe de file d’un groupe d’eurodéputés chargé de surveiller Frontex, ces conclusions soulèvent de sérieux doutes quant à la capacité de l’agence à garantir le respect des droits humains dans le cadre de ses activités : « Il est étonnant qu’une agence de l’UE soit toujours incapable de faire respecter le droit européen après tant d’enquêtes institutionnelles, de rapports, de recommandations et d’avertissements. »

    Dans les mois qui suivent le rapport du lanceur d’alerte, Jonas Grimheden fait part de ses préoccupations croissantes concernant la conduite des agents frontaliers bulgares aux échelons supérieurs de Frontex, dont le siège se trouve à Varsovie.

    L’agence s’attache alors à restaurer sa réputation, ternie par la révélation de sa complicité dans les refoulements illégaux de migrants en Grèce. En avril 2022, son directeur, Fabrice Leggeri – qui vient de rallier le Rassemblement national en vue des élections européennes –, a été contraint de démissionner après avoir été reconnu coupable par l’Office européen de lutte antifraude d’avoir dissimulé des refoulements de bateaux de migrants en mer Egée.

    Aija Kalnaja, qui lui a succédé à la direction de Frontex pour un court intérim, semble prendre les avertissements du FRO au sérieux. En février 2023, elle exprime de « vives inquiétudes » dans une lettre adressée à Rositsa Dimitrova, alors cheffe de la direction des frontières bulgare, recommandant aux autorités du pays d’accorder au corps permanent de l’agence l’accès aux « contrôles de première ligne et aux activités de surveillance des frontières ».

    Dans sa réponse, #Rositsa_Dimitrova assure que « le respect des droits fondamentaux des ressortissants de pays tiers est une priorité absolue ». Disposée à organiser des séances d’information et des formations à l’intention de ses gardes-frontières, la responsable bulgare explique que chaque violation présumée des droits est examinée par une commission constituée par ses soins. Insuffisant, pour le FRO, qui préférerait un contrôle rigoureux par un « organisme indépendant opérant en dehors de la structure institutionnelle du ministère de l’intérieur bulgare ». Cinq agents ont été sanctionnés pour avoir violé leur code de conduite éthique au cours des dix premiers mois de 2023, précise aujourd’hui le ministère de l’intérieur bulgare.

    Une lettre jamais envoyée

    Au début de 2023, le Néerlandais Hans Leijtens est nommé à la tête de Frontex. On peut alors s’attendre à ce que ce nouveau directeur, engagé publiquement en faveur de la « responsabilité, du respect des droits fondamentaux et de la transparence », adopte une position ferme à l’égard des autorités bulgares. « Ce sont des pratiques du passé », déclare-t-il après sa nomination, en référence aux antécédents de Frontex en matière d’aide aux refoulements en Grèce.

    Soucieux de saisir l’occasion, Jonas Grimheden, à la tête du FRO, lui écrit deux jours après sa prise de fonctions, en mars 2023. Le courriel contient un projet de lettre « que vous pouvez envisager d’envoyer, en tout ou en partie », à Rositsa Dimitrova. La lettre rappelle les « allégations persistantes de retours irréguliers (appelés “refoulements”), accompagnées de graves allégations de #mauvais_traitements et d’#usage_excessif_de_la_force par la police nationale des frontières à l’encontre des migrants » et demande des enquêtes indépendantes sur les violations des droits. Ce brouillon de lettre n’a jamais quitté la boîte de réception d’Hans Leijtens.

    Quelques semaines plus tard, en mars 2023, le #FRO envoie un rapport officiel au conseil d’administration de Frontex, évoquant le « risque que l’agence soit indirectement impliquée dans des violations des droits fondamentaux sans avoir la possibilité de recueillir toutes les informations pertinentes et d’empêcher ces violations de se produire ».

    M. Leijtens a-t-il fait part aux autorités bulgares des conclusions du FRO ? Sollicité, le service de presse de Frontex explique que « les discussions directes ont été jugées plus efficaces », sans pouvoir divulguer « les détails spécifiques des discussions ».

    Une contrepartie pour Schengen ?

    Alors que ce bras de fer se joue en coulisses, sur la scène politique, la Bulgarie est érigée en élève modèle pour le programme de contrôle des migrations de la Commission européenne, et récompensée pour le durcissement de ses #contrôles_frontaliers, en contrepartie de l’avancement de sa candidature à l’entrée dans l’espace Schengen.

    En mars 2023, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonce un #projet_pilote visant à « prévenir les arrivées irrégulières » et à « renforcer la gestion des frontières et des migrations », notamment par le biais de « #procédures_d’asile_accélérées » et d’#expulsions_rapides des migrants indésirables. La Commission sélectionne deux pays « volontaires » : la #Roumanie et la Bulgarie.

    Pour mettre en œuvre le projet, la Commission accorde à la Bulgarie 69,5 millions d’euros de #fonds_européens, principalement destinés à la surveillance de sa frontière avec la Turquie. « Toutes les activités menées dans le cadre de ce projet pilote doivent l’être dans le plein respect de la législation de l’UE et des droits fondamentaux, en particulier du principe de non-refoulement », précise d’emblée la Commission.

    Pourtant, à ce moment-là, l’exécutif bruxellois est parfaitement conscient de la situation désastreuse des droits humains sur le terrain. Deux mois avant le lancement du projet, en janvier 2023, deux hauts fonctionnaires de la direction des affaires intérieures (DG Home) ont rencontré à Stockholm la patronne des gardes-frontières bulgares « pour discuter des préoccupations du FRO concernant les allégations de #violations_des_droits_fondamentaux », révèle un compte rendu de la réunion.

    Au fil de l’avancement du projet pilote, les signaux d’alerte se multiplient. En septembre 2023, Jonas Grimheden alerte une nouvelle fois le conseil d’administration de Frontex sur des « allégations répétées de (…) refoulements et d’usage excessif de la force » par les agents bulgares. Si son rapport salue la participation des agents de Frontex aux « activités de patrouille terrestre de première ligne », il rappelle que ces derniers « continuent d’être impliqués dans un nombre limité d’interceptions » de migrants.

    Au cours du projet, deux documents sur les « droits fondamentaux » aux frontières extérieures de la Bulgarie ont circulé au sein de la DG Home. La Commission européenne a refusé de les communiquer au BIRN, arguant que leur divulgation mettrait en péril la « confiance mutuelle » avec le gouvernement bulgare.

    « Les résultats sont excellents »

    La participation de la Bulgarie au projet pilote de la Commission semble avoir joué un rôle crucial pour faire avancer son projet de rejoindre Schengen – un objectif prioritaire depuis plus d’une décennie. Il coïncide en tout cas avec un changement de ton très net du côté de Bruxelles et Varsovie, qui ont dès lors largement balayé les inquiétudes concernant les mauvais traitements infligés à grande échelle aux migrants.

    « Les résultats sont excellents », annonce Ylva Johansson lors d’une conférence de presse en octobre 2023. La commissaire européenne aux affaires intérieures, chargée des migrations, salue les efforts déployés par la Bulgarie pour empêcher les migrants « irréguliers » d’entrer sur le territoire de l’UE, appelant à prendre la « décision absolument nécessaire » d’admettre la Bulgarie dans l’espace Schengen. Cette décision est alors bloquée depuis des mois par les Pays-Bas et l’Autriche, qui exigent des contrôles plus stricts à la frontière terrestre avec la Turquie. Quelques semaines auparavant, Ursula von der Leyen avait salué la Bulgarie, qui « montre la voie à suivre en mettant en avant les meilleures pratiques en matière d’asile et de retour ». « Faisons-les enfin entrer, sans plus attendre », avait réclamé la présidente de la Commission.

    Selon Diana Radoslavova, directrice du Centre pour le soutien juridique, une ONG sise à Sofia, la fermeture effective de la frontière avec la Turquie est indispensable à l’entrée de la Bulgarie dans l’espace Schengen. « [Les autorités] sont prêtes à tout pour respecter cette injonction, y compris au prix de violations extrêmes des droits de l’homme », estime l’avocate. « Tant que la Bulgarie coopère en bonne intelligence avec la protection des frontières et la mise en œuvre du projet pilote, la Commission regarde ailleurs », ajoute l’eurodéputée Tineke Strik.

    Pour défendre la candidature de Sofia à l’espace Schengen, la Commission européenne s’est appuyée sur le rapport d’une mission d’enquête rassemblant les experts de plusieurs agences de l’UE et des Etats membres, dépêchés en novembre 2023 en Bulgarie pour évaluer son état de préparation à l’adhésion. La mission n’aurait trouvé aucune preuve de violation des obligations en matière de droits humains prévues par les règles européennes, y compris en ce qui concerne « le respect du principe de non-refoulement et l’accès à la protection internationale ».

    Ce rapport n’a pas dissipé les inquiétudes de Jonas Grimheden, qui affirme que ses services font encore « régulièrement » part de leurs « préoccupations » au conseil d’administration de Frontex, « auquel participe la Commission européenne ».
    Cette enquête a été produite en collaboration avec le réseau Balkan Investigative Reporting Network (BIRN), qui a reçu un soutien financier de la Fondation Heinrich-Böll. Son contenu relève de la seule responsabilité des auteurs et ne représente pas les points de vue et les opinions de la fondation.

    La réponse de Frontex et de la Commission européenne

    Un porte-parole de Frontex déclare que l’agence prend « très au sérieux » les « préoccupations concernant les refoulements ». « Dans les cas où des violations sont signalées, la question est transmise au directeur exécutif et, si nécessaire, discutée lors des réunions du conseil d’administration avec des représentants des Etats membres. Toutefois, ces discussions ne sont pas publiques, conformément à notre politique de confidentialité visant à garantir un dialogue franc et efficace. »

    Dans une réponse écrite, la Commission européenne rappelle « l’importance de maintenir des éléments de contrôle solides tout en renforçant les actions de suivi et d’enquête ». « Les autorités bulgares, comme celles de tous les Etats membres de l’UE, doivent respecter pleinement les obligations découlant du droit d’asile et du droit international, notamment en garantissant l’accès à la procédure d’asile », explique un porte-parole.

    L’institution précise qu’« il a été convenu de renforcer davantage le mécanisme national indépendant existant pour contrôler le respect des droits fondamentaux », mais qu’« il est de la responsabilité des Etats membres d’enquêter sur toute allégation d’actes répréhensibles ».

    Le Médiateur européen enquête actuellement sur la décision de la Commission de refuser la communication aux journalistes de BIRN de deux documents de la DG Home sur les « droits fondamentaux » aux frontières extérieures de la Bulgarie. Dans l’attente de l’enquête, la Commission a refusé de dire si ces documents avaient été pris en considération lorsqu’elle a émis des évaluations positives du programme pilote et de la conformité de la Bulgarie avec les règles de Schengen.

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/02/26/comment-l-ue-a-ferme-les-yeux-sur-le-refoulement-illegal-de-migrants-par-la-

    #refoulements #push-backs #migrations #réfugiés #frontières #opération_Terra

  • En Serbie, rendre invisibles les exilés

    La Serbie est le dernier pays non-membre de l’Union européenne de la route des Balkans. Traversée depuis des siècles, elle l’est aujourd’hui encore par de nombreux étrangers venus de Syrie, d’Afghanistan, de Turquie, même du Maroc… Car la Serbie reste le dernier rempart de la forteresse Europe. Ce petit pays de presque 7 millions d’habitants, entouré de huit frontières dont quatre avec l’Union européenne, applique une politique migratoire orchestrée par celle-ci.

    En effet, la Serbie demande son adhésion depuis plus de dix ans.

    Depuis le mois de décembre, après un contexte politique tendu, ce pays de transit tente de rendre invisibles les exilés, déjà soumis aux passeurs et aux lois en matière d’asile et d’immigration. En plein cœur de l’hiver, reportage entre Belgrade et la frontière croate de l’Europe.

    https://www.rfi.fr/fr/podcasts/grand-reportage/20240219-en-serbie-rendre-invisibles-les-exil%C3%A9s

    #emprisonnement #Serbie #asile #migrations #réfugiés #Belgrade #route_des_Balkans #Balkans #squat #opération_policière #peur #sécurité #insécurité #Sid #Šid #frontières #Croatie #transit #invisibilisation #Frontex #passeurs #frontières_extérieures #externalisation #visas #camps #solidarité #camps_de_réfugiés #refoulements #push-backs #migration_circulaire #game #the_game
    #audio #podcast

  • Blinne Ní Ghrálaigh: Lawyer’s closing statement in ICJ case against Israel praised

    This was the powerful closing statement in South Africa’s genocide case against Israel.

    Senior advocate #Blinne_Ní_Ghrálaigh addressed the International Court of Justice on day one of the hearing.

    ICJ: Blinne Ní Ghrálaigh’s powerful closing statement in South Africa case against Israel
    https://www.youtube.com/watch?v=ttrJd2aWF-Y&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.thenational.sco

    https://www.thenational.scot/news/24042943.blinne-ni-ghralaigh-lawyers-closing-statement-icj-case-israel

    #Cour_internationale_de_justice (#CIJ) #Israël #Palestine #Afrique_du_Sud #justice #génocide

    • Israël commet-il un génocide à #Gaza ? Le compte rendu d’une #audience historique

      Alors que les massacres israéliens à Gaza se poursuivent, l’Afrique du Sud a tenté de démontrer, jeudi 11 et vendredi 12 janvier devant la justice onusienne, qu’un génocide est en train d’être commis par Israël à Gaza.

      « Une #calomnie », selon l’État hébreu.

      Devant le palais de la Paix de #La_Haye (Pays-Bas), la bataille des #mots a commencé avant même l’audience. Jeudi 11 janvier au matin, devant la #Cour_de_justice_internationale_des_Nations_unies, des manifestants propalestiniens ont exigé un « cessez-le-feu immédiat » et dénoncé « l’#apartheid » en cours au Proche-Orient. Face à eux, des familles d’otages israélien·nes ont montré les photos de leurs proches kidnappés le 7 octobre par le Hamas.

      Pendant deux jours, devant 17 juges internationaux, alors que les massacres israéliens à Gaza continuent de tuer, de déplacer et de mutiler des civils palestiniens (à 70 % des femmes et des enfants, selon les agences onusiennes), le principal organe judiciaire des Nations unies a examiné la requête, précise et argumentée, de l’Afrique du Sud, destinée à imposer au gouvernement israélien des « #mesures
      _conservatoires » pour prévenir un génocide de la population palestinienne de Gaza.

      La première et plus urgente de ces demandes est l’arrêt immédiat des #opérations_militaires israéliennes à Gaza. Les autres exigent des mesures urgentes pour cesser les tueries, les déplacements de population, faciliter l’accès à l’eau et à la nourriture, et prévenir tout génocide.

      La cour a aussi entendu les arguments d’Israël, qui nie toute #intention_génocidaire et a martelé son « #droit_à_se_défendre, reconnu par le droit international ».

      L’affaire ne sera pas jugée sur le fond avant longtemps. La décision sur les « mesures conservatoires », elle, sera rendue « dès que possible », a indiqué la présidente de la cour, l’États-Unienne #Joan_Donoghue.

      Rien ne dit que les 17 juges (dont un Sud-Africain et un Israélien, Aharon Barak, ancien juge de la Cour suprême israélienne, de réputation progressiste mais qui n’a jamais critiqué la colonisation israélienne) donneront raison aux arguments de l’Afrique du Sud, soutenue dans sa requête par de nombreux États du Sud global. Et tout indique qu’une décision sanctionnant Israël serait rejetée par un ou plusieurs #vétos au sein du #Conseil_de_sécurité des Nations unies.

      Cette #audience solennelle, retransmise sur le site de l’ONU (revoir les débats du jeudi 11 et ceux du vendredi 12), et relayée par de nombreux médias internationaux, a pourtant revêtu un caractère extrêmement symbolique, où se sont affrontées deux lectures radicalement opposées de la tragédie en cours à Gaza.

      « Israël a franchi une limite »

      Premier à prendre la parole, l’ambassadeur sud-africain aux Pays-Bas, #Vusi_Madonsela, a d’emblée replacé « les actes et omissions génocidaires commis par l’État d’Israël » dans une « suite continue d’#actes_illicites perpétrés contre le peuple palestinien depuis 1948 ».

      Face aux juges internationaux, il a rappelé « la Nakba du peuple palestinien, conséquence de la #colonisation_israélienne qui a [...] entraîné la #dépossession, le #déplacement et la #fragmentation systématique et forcée du peuple palestinien ». Mais aussi une « #occupation qui perdure depuis cinquante-six ans, et le siège de seize ans imposé [par Israël] à la bande de Gaza ».

      Il a décrit un « régime institutionnalisé de lois, de politiques et de pratiques discriminatoires, mises en place [par Israël – ndlr] pour établir sa #domination et soumettre le peuple palestinien à un apartheid », dénonçant des « décennies de violations généralisées et systématiques des #droits_humains ».

      « En tendant la main aux Palestiniens, nous faisons partie d’une seule humanité », a renchéri le ministre de la justice sud-africain, #Ronald_Ozzy_Lamola, citant l’ancien président Nelson Mandela, figure de la lutte contre l’apartheid dans son pays.

      D’emblée, il a tenté de déminer le principal argument du gouvernement israélien, selon lequel la procédure devant la Cour internationale de justice est nulle et non avenue, car Israël mènerait une #guerre_défensive contre le #Hamas, au nom du #droit_à_la_légitime_défense garanti par l’article 51 de la charte des Nations unies – un droit qui, selon la Cour internationale de justice, ne s’applique pas aux #Territoires_occupés. « Gaza est occupée. Israël a gardé le contrôle de Gaza. [...] Ses actions renforcent son occupation : la légitime défense ne s’applique pas », insistera un peu plus tard l’avocat Vaughan Lowe.

      « L’Afrique du Sud, affirme le ministre sud-africain, condamne de manière catégorique la prise pour cibles de civils par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens le 7 octobre 2023. Cela étant dit, aucune attaque armée contre le territoire d’un État, aussi grave soit-elle, même marquée par la commission des #crimes atroces, ne saurait constituer la moindre justification ni le moindre prétexte, pour se rendre coupable d’une violation, ni sur le plan juridique ni sur le plan moral », de la #convention_des_Nations_unies_pour_la_prévention_et_la_répression_du_crime_de_génocide, dont est accusé l’État hébreu.

      « La réponse d’Israël à l’attaque du 7 octobre, a-t-il insisté, a franchi cette limite. »

      Un « génocide » au caractère « systématique »

      #Adila_Hassim, principale avocate de l’Afrique du Sud, s’est évertuée à démontrer méthodiquement comment Israël a « commis des actes relevant de la définition d’#actes_de_génocide », dont elle a martelé le caractère « systématique ».

      « Les Palestiniens sont tués, risquent la #famine, la #déshydratation, la #maladie, et ainsi la #mort, du fait du siège qu’Israël a organisé, de la #destruction des villes, d’une aide insuffisante autorisée à atteindre la population, et de l’impossibilité à distribuer cette maigre aide sous les #bombardements incessants, a-t-elle énuméré. Tout ceci rend impossible d’avoir accès aux éléments essentiels de la vie. »

      Adila Hassim s’est attelée à démontrer en quoi la #guerre israélienne cochait les cases du génocide, tel qu’il est défini à l’article 2 de la convention onusienne : « Des actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. »

      Le « meurtre des membres du groupe », premier élément du génocide ? Adila Hassim évoque le « meurtre de masse des Palestiniens », les « 23 000 victimes dont 70 % sont des femmes ou des enfants », et « les 7 000 disparus, présumés ensevelis sous les décombres ». « Il n’y a pas de lieu sûr à Gaza », dit-elle, une phrase empruntée aux responsables de l’ONU, répétée de nombreuses fois par la partie sud-africaine.

      Hasssim dénonce « une des campagnes de bombardement les plus lourdes dans l’histoire de la guerre moderne » : « 6 000 bombes par semaine dans les trois premières semaines », avec des « #bombes de 900 kilos, les plus lourdes et les plus destructrices », campagne qui vise habitations, abris, écoles, mosquées et églises, dans le nord et le sud de la bande de Gaza, camps de réfugié·es inclus.

      « Les Palestiniens sont tués quand ils cherchent à évacuer, quand ils n’ont pas évacué, quand ils ont pris la #fuite, même quand ils prennent les itinéraires présentés par Israël comme sécurisés. (...) Des centaines de familles plurigénérationelles ont été décimées, personne n’ayant survécu (...) Personne n’est épargné, pas même les nouveau-nés (...) Ces massacres ne sont rien de moins que la #destruction_de_la_vie_palestinienne, infligée de manière délibérée. » Selon l’avocate, il existe bien une #intention_de_tuer. « Israël, dit-elle, sait fort bien combien de civils perdent leur vie avec chacune de ces bombes. »

      L’« atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe », et la « soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle », autres éléments constitutifs du génocide ? Adila Hassim évoque « la mort et la #mutilation de 60 000 Palestiniens », les « civils palestiniens arrêtés et emmenés dans une destination inconnue », et détaille le « #déplacement_forcé de 85 % des Palestiniens de Gaza » depuis le 13 octobre, sans retour possible pour la plupart, et qui « répète une longue #histoire de #déplacements_forcés de masse ».

      Elle accuse Israël de « vise[r] délibérément à provoquer la faim, la déshydratation et l’inanition à grande échelle » (93 % de la population souffrent d’un niveau critique de faim, selon l’Organisation mondiale de la santé), l’aide empêchée par les bombardements et qui « ne suffit tout simplement pas », l’absence « d’eau propre », le « taux d’épidémies et de maladies infectieuses qui s’envole », mais aussi « les attaques de l’armée israélienne prenant pour cible le système de santé », « déjà paralysé par des années de blocus, impuissant face au nombre de blessures ».

      Elle évoque de nombreuses « naissances entravées », un autre élément constitutif du génocide.

      « Les génocides ne sont jamais annoncés à l’avance, conclut-elle. Mais cette cour a devant elle 13 semaines de #preuves accumulées qui démontrent de manière irréfutable l’existence d’une #ligne_de_conduite, et d’#intentions qui s’y rapportent, justifiant une allégation plausible d’actes génocidaires. »

      Une « #déshumanisation_systématique » par les dirigeants israéliens

      Un autre avocat s’avance à la barre. Après avoir rappelé que « 1 % de la population palestinienne de Gaza a été systématiquement décimée, et qu’un Gazaoui sur 40 a été blessé depuis le 7 octobre », #Tembeka_Ngcukaitobi décortique les propos des autorités israéliennes.

      « Les dirigeants politiques, les commandants militaires et les représentants de l’État d’Israël ont systématiquement et explicitement exprimé cette intention génocidaire, accuse-t-il. Ces déclarations sont ensuite reprises par des soldats, sur place à Gaza, au moment où ils anéantissent la population palestinienne et l’infrastructure de Gaza. »

      « L’intention génocidaire spécifique d’Israël, résume-t-il, repose sur la conviction que l’ennemi n’est pas simplement le Hamas, mais qu’il est à rechercher au cœur même de la société palestinienne de Gaza. »

      L’avocat multiplie les exemples, encore plus détaillés dans les 84 pages de la requête sud-africaine, d’une « intention de détruire Gaza aux plus hauts rangs de l’État » : celle du premier ministre, #Benyamin_Nétanyahou, qui, à deux reprises, a fait une référence à #Amalek, ce peuple que, dans la Bible (I Samuel XV, 3), Dieu ordonne d’exterminer ; celle du ministre de la défense, qui a comparé les Palestiniens à des « #animaux_humains » ; le président israélien #Isaac_Herzog, qui a jugé « l’entièreté de la nation » palestinienne responsable ; celle du vice-président de la Knesset, qui a appelé à « l’anéantissement de la bande de Gaza » (des propos condamnés par #Nétanyahou) ; ou encore les propos de nombreux élus et députés de la Knesset appelant à la destruction de Gaza.

      Une « déshumanisation systématique », dans laquelle les « civils sont condamnés au même titre que le Hamas », selon Tembeka Ngcukaitobi.

      « L’intention génocidaire qui anime ces déclarations n’est nullement ambiguë pour les soldats israéliens sur le terrain : elle guide leurs actes et leurs objectifs », poursuit l’avocat, qui diffuse devant les juges des vidéos où des soldats font eux aussi référence à Amalek, « se filment en train de commettre des atrocités contre les civils à Gaza à la manière des snuff movies », ou écoutent un réserviste de 95 ans les exhorter à « tirer une balle » sur leur « voisin arabe » et les encourager à une « destruction totale ».

      L’avocat dénonce le « manquement délibéré de la part du gouvernement à son obligation de condamner, de prévenir et de réprimer une telle incitation au génocide ».

      Après une plaidoirie technique sur la capacité à agir de l’Afrique du Sud, #John_Dugard insiste : « Gaza est devenu un #camp_de_concentration où un génocide est en cours. »

      L’avocat sud-africain #Max_du_Plessis exhorte la cour à agir face à Israël, qui « depuis des années (...) s’estime au-delà et au-dessus de la loi », une négligence du droit rendue possible par l’#indifférence de la communauté internationale, qui a su, dans d’autres conflits (Gambie, Bosnie, Ukraine) décider qu’il était urgent d’agir.

      « Gaza est devenu inhabitable », poursuit l’avocate irlandaise #Blinne_Ni_Ghralaigh. Elle énumère d’autres chiffres : « Au rythme actuel », égrène-t-elle, « 247 Palestiniens tués en moyenne chaque jour », dont « 48 mères » et « plus de 117 enfants », et « 629 blessés ». Elle évoque ces enfants dont toute la famille a été décimée, les secouristes, les enseignants, les universitaires et les journalistes tués dans des proportions historiques.

      « Il s’agit, dit-elle, du premier génocide de l’Histoire dont les victimes diffusent leur propre destruction en temps réel, dans l’espoir vain que le monde fasse quelque chose. » L’avocate dévoile à l’écran les derniers mots du docteur #Mahmoud_Abu_Najela (Médecins sans frontières), tué le 23 novembre à l’hôpital Al-Awda, écrits au feutre sur un tableau blanc : « À ceux qui survivront. Nous avons fait ce que nous pouvons. Souvenez-vous de nous. »

      « Le monde, conclut Blinne Ni Ghralaigh, devrait avoir #honte. »

      La réponse d’Israël : une « calomnie »

      Vendredi 12 janvier, les représentants d’Israël se sont avancés à la barre. Leur argumentation a reposé sur deux éléments principaux : un, la Cour internationale de justice n’a pas à exiger de « mesures conservatoires » car son armée ne commet aucun génocide ; deux, si génocide il y a, il a été commis par le Hamas le 7 octobre 2023.

      Premier à prendre la parole, #Tal_Becker, conseiller juridique du ministère des affaires étrangères israélien, invoque l’Histoire, et le génocide infligé aux juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, « le meurtre systématique de 6 millions de juifs dans le cadre d’une destruction totale ».

      « Israël, dit-il, a été un des premiers États à ratifier la convention contre le génocide. » « Pour Israël, insiste-t-il, “#jamais_plus” n’est pas un slogan, c’est une #obligation_morale suprême. »

      Dans « une époque où on fait bon marché des mots, à l’heure des politiques identitaires et des réseaux sociaux », il dénonce une « #instrumentalisation » de la notion de génocide contre Israël.

      Il attaque une présentation sud-africaine « totalement dénaturée des faits et du droit », « délibérément manipulée et décontextualisée du conflit actuel », qualifiée de « calomnie ».

      Alors que les avocats sud-africains avaient expliqué ne pas intégrer les massacres du Hamas dans leur requête devant la justice onusienne, car « le Hamas n’est pas un État », Tal Becker estime que l’Afrique du Sud « a pris le parti d’effacer l’histoire juive et tout acte ou responsabilité palestiniens », et que les arguments avancés « ne se distinguent guère de ceux opposés par le Hamas dans son rejet d’Israël ». « L’Afrique du Sud entretient des rapports étroits avec le Hamas » et le « soutient », accuse-t-il.

      « C’est une guerre qu’Israël n’a pas commencée », dit-il en revenant longuement, images et enregistrements à l’appui, sur les atrocités commises par le Hamas et d’autres groupes palestiniens le 7 octobre, « le plus important massacre de juifs en un jour depuis la #Shoah ».

      « S’il y a eu des actes que l’on pourrait qualifier de génocidaires, [ils ont été commis] contre Israël », dit-il, évoquant le « #programme_d’annihilation » des juifs par le Hamas. « Israël ne veut pas détruire un peuple, poursuit-il. Mais protéger un peuple : le sien. »

      Becker salue les familles d’otages israéliens présentes dans la salle d’audience, et montre certains visages des 130 personnes kidnappées dont le pays est toujours sans nouvelle. « Y a-t-il une raison de penser que les personnes que vous voyez à l’écran ne méritent pas d’être protégées ? », interroge-t-il.

      Pour ce représentant de l’État israélien, la demande sud-africaine de mesures conservatoires revient à priver le pays de son droit à se défendre.

      « Israël, poursuit-il, se défend contre le Hamas, le Djihad palestinien et d’autres organisations terroristes dont la brutalité est sans limite. Les souffrances sont tragiques, sont déchirantes. Les conséquences sont parfaitement atroces pour les civils du fait du comportement du Hamas, qui cherche à maximiser les pertes de civils alors qu’Israël cherche à les minorer. »

      Becker s’attarde sur la « #stratégie_méprisable » du Hamas, une « méthode de guerre intégrée, planifiée, de grande ampleur et odieuse ». Le Hamas, accuse-t-il, « a, de manière systématique, fondu ses opérations militaires au sein de zones civiles densément peuplées », citant écoles, mosquées et hôpitaux, des « milliers de bâtiments piégés » et « utilisés à des fins militaires ».

      Le Hamas « a fait entrer une quantité innombrable d’armes, a détourné l’aide humanitaire ». Remettant en cause le chiffre « non vérifié » de 23 000 victimes (pourtant confirmé par les Nations unies), Tal Becker estime que de nombreuses victimes palestiniennes sont des « militants » qui ont pu prendre « une part directe aux hostilités ». « Israël respecte le droit », martèle-t-il. « Si le Hamas abandonne cette stratégie, libère les otages, hostilités et violences prendront fin. »

      Ponte britannique du droit, spécialiste des questions juridiques liées aux génocides, #Malcom_Shaw embraie, toujours en défense d’Israël. Son discours, technique, est parfois interrompu. Il se perd une première fois dans ses notes, puis soupçonne un membre de son équipe d’avoir « pris [sa] #plaidoirie pour un jeu de cartes ».

      Shaw insiste : « Un conflit armé coûte des vies. » Mais Israël, dit-il, « a le droit de se défendre dans le respect du #droit_humanitaire », citant à l’audience les propos de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 19 octobre 2023. Il poursuit : « L’#usage_de_la_force ne peut constituer en soi un acte génocidaire. » « Israël, jure-t-il, ne cible que les cibles militaires, et ceci de manière proportionnée dans chacun des cas. »

      « Peu d’éléments démontrent qu’Israël a eu, ou a, l’intention de détruire tout ou partie du peuple palestinien », plaide-t-il. Shaw estime que nombre de propos tenus par des politiciens israéliens ne doivent pas être pris en compte, car ils sont « pris au hasard et sont sortis de leur contexte », parce qu’ils témoignent d’une « #détresse » face aux massacres du 7 octobre, et que ceux qui les ont prononcés n’appartiennent pas aux « autorités pertinentes » qui prennent les décisions militaires, à savoir le « comité ministériel chargé de la sécurité nationale » et le « cabinet de guerre ».

      Pour étayer son argumentation, Shaw cite des directives (non publiques) de Benyamin Nétanyahou destinées, selon lui, à « éviter un désastre humanitaire », à proposer des « solutions pour l’approvisionnement en eau », « promouvoir la construction d’hôpitaux de campagne au sud de la bande de Gaza » ; les déclarations publiques de Benyamin Nétanyahou à la veille de l’audience (« Israël n’a pas l’intention d’occuper de façon permanente la bande de Gaza ou de déplacer sa population civile ») ; d’autres citations du ministre de la défense qui assure ne pas s’attaquer au peuple palestinien dans son ensemble.

      « La requête de l’Afrique du Sud brosse un tableau affreux, mais incomplet et profondément biaisé », renchérit #Galit_Rajuan, conseillère au ministère de la justice israélien, qui revient longuement sur les #responsabilités du Hamas, sa stratégie militaire au cœur de la population palestinienne. « Dans chacun des hôpitaux que les forces armées israéliennes ont fouillés à Gaza, elles ont trouvé des preuves d’utilisation militaire par le Hamas », avance-t-elle, des allégations contestées.

      « Certes, des dommages et dégâts ont été causés par les hostilités dans les hôpitaux, parfois par les forces armées israéliennes, parfois par le Hamas, reconnaît-elle, mais il s’agit des conséquences de l’utilisation odieuse de ces hôpitaux par le Hamas. »

      Rajuan martèle enfin qu’Israël cherche à « atténuer les dommages causés aux civils » et à « faciliter l’aide humanitaire ». Des arguments connus, que de très nombreuses ONG, agences des Nations unies et journalistes gazaouis présents sur place réfutent régulièrement, et que les journalistes étrangers ne peuvent pas vérifier, faute d’accès à la bande de Gaza.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/120124/israel-commet-il-un-genocide-gaza-le-compte-rendu-d-une-audience-historiqu

    • Gaza, l’accusa di genocidio a Israele e la credibilità del diritto internazionale

      Il Sudafrica ha chiesto l’intervento della Corte internazionale di giustizia dell’Aja per presunte violazioni di Israele della Convenzione sul genocidio del 1948. Triestino Mariniello, docente di Diritto penale internazionale alla John Moores University di Liverpool, presente alla storica udienza, aiuta a comprendere il merito e le prospettive

      “Quello che sta succedendo all’Aja ha un significato che va oltre gli eventi in corso nella Striscia di Gaza. Viviamo un momento storico in cui la Corte internazionale di giustizia (Icj) ha anche la responsabilità di confermare se il diritto internazionale esiste ancora e se vale alla stessa maniera per tutti i Paesi, del Nord e del Sud del mondo”. A parlare è Triestino Mariniello, docente di Diritto penale internazionale alla John Moores University di Liverpool, già nel team legale delle vittime di Gaza di fronte alla Corte penale internazionale (Icc), che ha sede sempre all’Aja.

      Non vanno confuse: l’aula di tribunale ripresa dalle tv di tutto il mondo l’11 e il 12 gennaio scorsi, infatti, con il team legale sudafricano schierato contro quello israeliano, è quella della Corte internazionale di giustizia, il massimo organo giudiziario delle Nazioni Unite, che si esprime sulle controversie tra Stati. L’Icc, invece, è indipendente e legifera sulle responsabilità penali individuali.

      Il 29 dicembre scorso il Sudafrica ha chiesto l’intervento della prima per presunte violazioni da parte di Israele della Convenzione sul genocidio del 1948, nei confronti dei palestinesi della Striscia di Gaza. Un’udienza storica a cui Mariniello era presente.

      Professore, qual era innanzi tutto l’atmosfera?
      TM A mia memoria mai uno strumento del diritto internazionale ha avuto tanto sostegno e popolarità. C’erano centinaia, probabilmente migliaia di persone all’esterno della Corte, emittenti di tutto il mondo e apparati di sicurezza, inclusi droni ed elicotteri. Sentire anche le tv più conservatrici, come quelle statunitensi, parlare di Palestina e genocidio faceva comprendere ancora di più l’importanza storica dell’evento.

      In estrema sintesi, quali sono gli elementi più importanti della tesi sudafricana?
      TM Il Sudafrica sostiene che Israele abbia commesso atti di genocidio contro la popolazione di Gaza, ciò significa una serie di azioni previste dall’articolo 2 della Convenzione sul genocidio, effettuate con l’intento di distruggere del tutto o in parte un gruppo protetto, in questo caso i palestinesi di Gaza. Questi atti, per il Sudafrica, sono omicidi di massa, gravi lesioni fisiche o mentali e l’imposizione di condizioni di vita volte a distruggere i palestinesi, come l’evacuazione forzata di circa due milioni di loro, la distruzione di quasi tutto il sistema sanitario della Striscia, l’assedio totale all’inizio della guerra e la privazione di beni essenziali per la sopravvivenza. Ciò che caratterizza un genocidio rispetto ad altri crimini internazionali è il cosiddetto “intento speciale”, la volontà cioè di voler distruggere del tutto o in parte un gruppo protetto. È l’elemento più difficile da provare, ma credo che il Sudafrica in questo sia riuscito in maniera solida e convincente. Sia in aula sia all’interno della memoria di 84 pagine presentata, vi sono, infatti, una serie di dichiarazioni dei leader politici e militari israeliani, che proverebbero tale intento. Come quella del premier Benjamin Netanyahu che, a inizio guerra, ha invocato la citazione biblica di Amalek, che sostanzialmente significa: “Uccidete tutti gli uomini, le donne, i bambini e gli animali”. O una dichiarazione del ministro della Difesa, Yoav Gallant, che ha detto che a Gaza sono tutti “animali umani”. Queste sono classiche dichiarazioni deumanizzanti e la deumanizzazione è un passaggio caratterizzante tutti i genocidi che abbiamo visto nella storia dell’umanità.

      Qual è stata invece la linea difensiva israeliana?
      TM Diciamo che l’impianto difensivo di Israele è basato su tre pilastri: il fatto che quello di cui lo si accusa è stato eseguito da Hamas il 7 ottobre; il concetto di autodifesa, cioè che quanto fatto a Gaza è avvenuto in risposta a tale attacco e, infine, che sono state adottate una serie di precauzioni per limitare l’impatto delle ostilità sulla popolazione civile. Israele, inoltre, ha sollevato il tema della giurisdizione della Corte, mettendola in discussione, in quanto non vi sarebbe una disputa in corso col Sudafrica. Su questo la Corte si dovrà pronunciare, ma a tal proposito è stato ricordato come Israele sia stato contattato dal Sudafrica in merito all’accusa di genocidio e non abbia risposto. Questo, per l’accusa, varrebbe come disputa in corso.

      Che cosa chiede il Sudafrica?
      TM In questo momento l’accusa non deve dimostrare che sia stato commesso un genocidio, ma che sia plausibile. Questa non è un’udienza nel merito, siamo in una fase d’urgenza, ma di richiesta di misure cautelari. Innanzitutto chiede il cessate fuoco, poi la rescissione di tutti gli ordini che possono costituire atti di genocidio. Si domanda alla Corte di imporre un ordine a Israele per preservare tutte le prove che potrebbero essere utili per indagini future e di porre fine a tutti gli atti di cui il Sudafrica lo ritiene responsabile.

      Come valuta le due memorie?
      TM La deposizione del Sudafrica è molto solida e convincente, sia in merito agli atti genocidi sia all’intento genocidiario. E credo che anche alla luce dei precedenti della Corte lasci veramente poco spazio di manovra. Uno dei punti di forza è che fornisce anche una serie di prove in merito a quello che è successo e che sta accadendo a Gaza: le dichiarazioni dei politici israeliani, cioè, hanno ricevuto un’implementazione sul campo. Sono stati mostrati dei video di militari, ad esempio, che invocavano Amalek, la citazione di Netanyahu.

      In realtà il Sudafrica non si limita allo scontro in atto, ma parla di una sorta Nakba (l’esodo forzato dei palestinesi) ininterrotto.
      TM Ogni giurista dovrebbe sempre analizzare qualsiasi ostilità all’interno di un contesto e per questo il Sudafrica fa riferimento a 75 anni di Nakba, a 56 di occupazione militare israeliana e a 16 anni di assedio della Striscia.

      Come valuta la difesa israeliana?
      TM Come detto, tutto viene ricondotto all’attacco di Hamas del 7 ottobre e a una risposta di autodifesa rispetto a tale attacco. Ma esiste sempre un contesto per il diritto penale internazionale e l’autodifesa -che per uno Stato occupante non può essere invocata- non può comunque giustificare un genocidio. L’altro elemento sottolineato dal team israeliano, delle misure messe in atto per ridurre l’impatto sui civili, è sembrato più retorico che altro: quanto avvenuto negli ultimi tre mesi smentisce tali dichiarazioni. Basti pensare alla privazione di beni essenziali e a tutte le informazioni raccolte dalle organizzazioni internazionali e dagli organismi delle Nazioni Unite. A Gaza non esistono zone sicure, ci sono stati casi in cui la popolazione evacuata, rifugiatasi nelle zone indicate da Israele, è stata comunque bombardata.

      Ora che cosa pensa succederà?
      TM La mia previsione è che la Corte si pronuncerà sulle misure cautelari entro la fine di gennaio e l’inizio di febbraio, quando alcuni giudici decadranno e saranno sostituiti. In alcuni casi ha impiegato anche solo otto giorni per pronunciarsi. Ora ci sono delle questioni procedurali, altri Stati stanno decidendo di costituirsi a sostegno di Israele o del Sudafrica.

      Che cosa implica tale sostegno?
      TM La possibilità di presentare delle memorie. La Germania sosterrà Israele, il Brasile, i Paesi della Lega Araba, molti Stati sudamericani, ma non solo, si stanno schierando con il Sudafrica.

      Il ministro degli Esteri italiano, Antonio Tajani, ha dichiarato che non si tratta di genocidio.
      TM L’Italia non appoggerà formalmente Israele dinnanzi all’Icj. La Francia sarà neutrale. I Paesi del Global South stanno costringendo quelli del Nord a verificare la credibilità del diritto internazionale: vale per tutti o è un diritto à la carte?

      Se la Corte decidesse per il cessate il fuoco, quali sarebbero le conseguenze, visto che non ha potere politico?
      TM Il parere della Corte è giuridicamente vincolante. Il problema è effettivamente di esecuzione: nel caso di un cessate il fuoco, se non fosse Israele ad attuarlo, dovrebbe intervenire il Consiglio di sicurezza.

      Con il rischio del veto statunitense.
      TM Siamo sul terreno delle speculazioni, ma se la Corte dovesse giungere alla conclusione che Israele è responsabile di un genocidio a Gaza, onestamente riterrei molto difficile un altro veto degli Stati Uniti. È difficile al momento prevedere gli effetti dirompenti di un’eventuale decisione positiva della Corte. Certo è che, quando si parla di Israele, la comunità internazionale, nel senso dei Paesi occidentali, ha creato uno stato di eccezione, che ha sempre posto Israele al di sopra del diritto internazionale, senza rendersi conto che le situazioni violente che viviamo in quel contesto sono il frutto di questo eccezionalismo anche a livello giuridico. Fino a quando si andrà avanti con questo contesto di impunità non finiranno le spirali di violenza.

      https://altreconomia.it/gaza-laccusa-di-genocidio-a-israele-e-la-credibilita-del-diritto-intern

    • La Cour internationale de justice ordonne à Israël d’empêcher un génocide à Gaza

      Selon la plus haute instance judiciaire internationale, « il existe un #risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé » aux Palestiniens de Gaza. La Cour demande à Israël de « prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission […] de tout acte » de génocide. Mais n’appelle pas au cessez-le-feu.

      Même si elle n’a aucune chance d’être appliquée sur le terrain, la #décision prise vendredi 26 janvier par la plus haute instance judiciaire des Nations unies marque incontestablement un tournant dans la guerre au Proche-Orient. Elle intervient après quatre mois de conflit déclenché par l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a fait plus de 1 200 morts et des milliers de blessés, conduit à la prise en otage de 240 personnes, et entraîné l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, dont le dernier bilan s’élève à plus de 25 000 morts.

      La Cour internationale de justice (CIJ), basée à La Haye (Pays-Bas), a expliqué, par la voix de sa présidente, la juge Joan Donoghue, « être pleinement consciente de l’ampleur de la #tragédie_humaine qui se joue dans la région et nourri[r] de fortes #inquiétudes quant aux victimes et aux #souffrances_humaines que l’on continue d’y déplorer ». Elle a ordonné à Israël de « prendre toutes les #mesures en son pouvoir pour prévenir la commission à l’encontre des Palestiniens de Gaza de tout acte » de génocide.

      « Israël doit veiller avec effet immédiat à ce que son armée ne commette aucun des actes » de génocide, affirme l’#ordonnance. Elle « considère également qu’Israël doit prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide à l’encontre des membres du groupe des Palestiniens de la bande de Gaza ».

      La cour de La Haye, saisie à la suite d’une plainte de l’Afrique du Sud, demande « en outre » à l’État hébreu de « prendre sans délai des #mesures_effectives pour permettre la fourniture des services de base et de l’#aide_humanitaire requis de toute urgence afin de remédier aux difficiles conditions d’existence auxquelles sont soumis les Palestiniens de la bande de Gaza ».

      Enfin, l’ordonnance de la CIJ ordonne aux autorités israéliennes de « prendre des mesures effectives pour prévenir la destruction et assurer la conservation des #éléments_de_preuve relatifs aux allégations d’actes » de génocide.

      La juge #Joan_Donoghue, qui a donné lecture de la décision, a insisté sur son caractère provisoire, qui ne préjuge en rien de son futur jugement sur le fond des accusations d’actes de génocide. Celles-ci ne seront tranchées que dans plusieurs années, après instruction.

      La cour « ne peut, à ce stade, conclure de façon définitive sur les faits » et sa décision sur les #mesures_conservatoires « laisse intact le droit de chacune des parties de faire valoir à cet égard ses moyens » en vue des audiences sur le fond, a-t-elle poursuivi.

      Elle considère cependant que « les faits et circonstances » rapportés par les observateurs « suffisent pour conclure qu’au moins certains des droits » des Palestiniens sont mis en danger et qu’il existe « un risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé ».

      Environ 70 % de #victimes_civiles

      La CIJ avait été saisie le 29 décembre 2023 par l’Afrique du Sud qui, dans sa requête, accuse notamment Israël d’avoir violé l’article 2 de la Convention de 1948 sur le génocide, laquelle interdit, outre le meurtre, « l’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe » visé par le génocide, l’imposition de « conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle » ou encore les « mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ».

      Le recours décrit longuement une opération militaire israélienne qualifiée d’« exceptionnellement brutale », « tuant des Palestiniens à Gaza, incluant une large proportion de femmes et d’enfants – pour un décompte estimé à environ 70 % des plus de 21 110 morts [au moment de la rédaction du recours par l’Afrique du Sud – ndlr] –, certains d’entre eux apparaissant avoir été exécutés sommairement ».

      Il soulignait également les conséquences humanitaires du déplacement massif des populations et de la destruction massive de logements et d’équipements publics, dont des écoles et des hôpitaux.

      Lors des deux demi-journées d’audience, jeudi 11 et vendredi 12 janvier, le conseiller juridique du ministère des affaires étrangères israélien, Tal Becker, avait dénoncé une « instrumentalisation » de la notion de génocide et qualifié l’accusation sud-africaine de « calomnie ».

      « C’est une guerre qu’Israël n’a pas commencée », avait poursuivi le représentant israélien, affirmant que « s’il y a eu des actes que l’on pourrait qualifier de génocidaires, [ils ont été commis] contre Israël ». « Israël ne veut pas détruire un peuple mais protéger un peuple : le sien. »
      Gaza, « lieu de mort et de désespoir »

      La CIJ, de son côté, a fondé sa décision sur les différents rapports et constatations fournis par des organisations internationales. Elle cite notamment la lettre du 5 janvier 2024 du secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, décrivant la bande de Gaza comme un « lieu de mort et de désespoir ».

      L’ordonnance rappelle qu’un communiqué de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) du 21 décembre 2023 s’alarmait du fait que « 93 % de la population de Gaza, chiffre sans précédent, est confrontée à une situation de crise alimentaire ».

      Le 12 janvier 2024, c’est l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui lançait un cri d’alerte. « Cela fait maintenant 100 jours que cette guerre dévastatrice a commencé, que la population de Gaza est décimée et déplacée, suite aux horribles attaques perpétrées par le Hamas et d’autres groupes contre la population en Israël », s’alarmait-il.

      L’ordonnance souligne, en miroir, les multiples déclarations de responsables israéliens assumant une répression sans pitié dans la bande de Gaza, si nécessaire au prix de vies civiles. Elle souligne que des rapporteurs spéciaux des Nations unies ont même pu s’indigner de « la rhétorique manifestement génocidaire et déshumanisante de hauts responsables du gouvernement israélien ».

      La CIJ pointe par exemple les propos du ministre de la défense Yoav Gallant du 9 octobre 2023 annonçant « un siège complet de la ville de Gaza », avant d’affirmer : « Nous combattons des animaux humains. »

      Le 12 octobre, c’est le président israélien Isaac Herzog qui affirmait : « Tous ces beaux discours sur les civils qui ne savaient rien et qui n’étaient pas impliqués, ça n’existe pas. Ils auraient pu se soulever, ils auraient pu lutter contre ce régime maléfique qui a pris le contrôle de Gaza. »

      Et, à la vue des intentions affichées par les autorités israéliennes, les opérations militaires dans la bande de Gaza ne sont pas près de s’arrêter. « La Cour considère que la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza risque fort de se détériorer encore avant qu’elle rende son arrêt définitif », affirme l’ordonnance.

      « À la lumière de ce qui précède, poursuivent les juges, la Cour considère qu’il y a urgence en ce sens qu’il existe un risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé aux droits qu’elle a jugés plausibles avant qu’elle ne rende sa décision définitive. »

      Si la décision de la CIJ est juridiquement contraignante, la Cour n’a pas la capacité de la faire appliquer. Cependant, elle est incontestablement une défaite diplomatique pour Israël.

      Présente à La Haye, la ministre des relations internationales et de la coopération d’Afrique du Sud, Naledi Pandor, a pris la parole à la sortie de l’audience. Si elle a regretté que les juges n’aient pas appelé à un cessez-le-feu, elle s’est dite « satisfaite que les mesures provisoires » réclamées par son pays aient « fait l’objet d’une prise en compte » par la Cour, et qu’Israël doive fournir un rapport d’ici un mois. Pour l’Afrique du Sud, lancer cette plainte, a-t-elle expliqué, « était une façon de s’assurer que les organismes internationaux exercent leur responsabilité de nous protéger tous, en tant que citoyens du monde global ».

      Comme l’on pouvait s’y attendre, les autorités israéliennes ont vivement critiqué les ordonnances d’urgence réclamées par les juges de La Haye. Si le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, s’est réjoui de ce que ces derniers n’aient pas réclamé, comme le demandait l’Afrique du Sud, de cessez-le-feu – « Comme tout pays, Israël a le droit fondamental de se défendre. La CIJ de La Haye a rejeté à juste titre la demande scandaleuse visant à nous priver de ce droit », a-t-il dit –, il a eu des mots très durs envers l’instance : « La simple affirmation selon laquelle Israël commet un génocide contre les Palestiniens n’est pas seulement fausse, elle est scandaleuse, et la volonté de la Cour d’en discuter est une honte qui ne sera pas effacée pendant des générations. »

      Il a affirmé vouloir continuer « à défendre [ses] citoyens dans le respect du droit international ». « Nous poursuivrons cette guerre jusqu’à la victoire absolue, jusqu’à ce que tous les otages soient rendus et que Gaza ne soit plus une menace pour Israël », a ajouté Nétanyahou.

      Jeudi, à la veille de la décision de la CIJ, le New York Times avait révélé que les autorités israéliennes avaient fourni aux juges de La Haye une trentaine de documents déclassifiés, censés démonter l’accusation de génocide, parmi lesquels « des résumés de discussions ministérielles datant de la fin du mois d’octobre, au cours desquelles le premier ministre Benyamin Nétanyahou a ordonné l’envoi d’aide, de carburant et d’eau à Gaza ».

      Cependant, souligne le quotidien états-unien, les documents « ne comprennent pas les ordres des dix premiers jours de la guerre, lorsqu’Israël a bloqué l’aide à Gaza et coupé l’accès à l’électricité et à l’eau qu’il fournit normalement au territoire ».

      Nul doute que cette décision de la plus haute instance judiciaire des Nations unies va renforcer les appels en faveur d’un cessez-le-feu. Après plus de quatre mois de combats et un bilan lourd parmi la population civile gazaouie, Nétanyahou n’a pas atteint son objectif d’éradiquer le mouvement islamiste. Selon les Israéliens eux-mêmes, près de 70 % des forces militaires du Hamas sont intactes. De plus, les familles d’otages toujours aux mains du Hamas ou d’autres groupes islamistes de l’enclave maintiennent leurs pressions.

      Le ministre palestinien des affaires étrangères Riyad al-Maliki s’est réjoui d’une décision de la CIJ « en faveur de l’humanité et du droit international », ajoutant que la communauté international avait désormais « l’obligation juridique claire de mettre fin à la guerre génocidaire d’Israël contre le peuple palestinien de Gaza et de s’assurer qu’elle n’en est pas complice ». Le ministre de la justice sud-africain Ronald Lamola, cité par l’agence Reuters, a salué, lui, « une victoire pour le droit international ». « Israël ne peut être exempté du respect de ses obligations internationales », a-t-il ajouté.

      De son côté, la Commission européenne a appelé Israël et le Hamas à se conformer à la décision de la CIJ. L’Union européenne « attend leur mise en œuvre intégrale, immédiate et effective », a-t-elle souligné dans un communiqué.

      La France avait fait entendre pourtant il y a quelques jours une voix discordante. Le ministre des affaires étrangères Stéphane Séjourné avait déclaré, à l’Assemblée nationale, qu’« accuser l’État juif de génocide, c’est franchir un seuil moral ». Dans un communiqué publié après la décision de la CIJ, le ministère a annoncé son intention de déposer des observations sur l’interprétation de la Convention de 1948, comme le lui permet la procédure. « [La France] indiquera notamment l’importance qu’elle attache à ce que la Cour tienne compte de la gravité exceptionnelle du crime de génocide, qui nécessite l’établissement d’une intention. Comme le ministre de l’Europe et des affaires étrangères a eu l’occasion de le noter, les mots doivent conserver leur sens », indique le texte.

      Les États-Unis ont estimé que la décision était conforme à la position états-unienne, exprimée à plusieurs reprises par Joe Biden à son allié israélien, de réduire les souffrances des civils de Gaza et d’accroître l’aide humanitaire. Cependant, a expliqué un porte-parole du département d’État, les États-Unis continuent « de penser que les allégations de génocide sont infondées » et notent « que la Cour n’a pas fait de constat de génocide, ni appelé à un cessez-le-feu dans sa décision, et qu’elle a appelé à la libération inconditionnelle et immédiate de tous les otages détenus par le Hamas ».

      C’est dans ce contexte que se déroulent des discussions pour obtenir une trêve prolongée, la deuxième après celle de novembre, qui avait duré une semaine et permis la libération de plusieurs dizaines d’otages.

      Selon les médias états-uniens, Israël a proposé une trêve de 60 jours et la libération progressive des otages encore retenu·es. Selon ce projet, a affirmé CNN, les dirigeants du Hamas pourraient quitter l’enclave. Selon la chaîne d’informations américaine, « des responsables américains et internationaux au fait des négociations ont déclaré que l’engagement récent d’Israël et du Hamas dans des pourparlers était encourageant, mais qu’un accord n’était pas imminent ».

      Le Washington Post a révélé jeudi que le président américain Joe Biden allait envoyer dans les prochains jours en Europe le directeur de la CIA, William Burns, pour tenter d’obtenir un accord. Il devrait rencontrer les chefs des services de renseignement israélien et égyptien, David Barnea et Abbas Kamel, et le premier ministre qatari Mohammed ben Abdulrahman al-Thani. Vendredi soir, l’Agence France-Presse (AFP) a affirmé qu’ils se retrouveraient « dans les tout prochains jours à Paris », citant « une source sécuritaire d’un État impliqué dans les négociations ».

      https://www.mediapart.fr/journal/international/260124/la-cour-internationale-de-justice-ordonne-israel-d-empecher-un-genocide-ga

  • #Loi_immigration : après l’arrestation de livreurs en situation irrégulière, la colère d’#Éric_Piolle et d’élus de gauche

    Le maire de Grenoble et des représentants EELV et PS critiquent l’#opération_de_police de ce mercredi en Isère, et au passage la loi immigration.

    Le gouvernement voudrait passer à autre chose, la gauche s’y refuse. La loi immigration est revenue à toute vitesse dans les débats en cette fin décembre, conséquence de l’#arrestation d’une dizaine de #livreurs de repas en situation irrégulière mercredi 27 en #Isère, une information rapportée par Le Dauphiné Libéré. Le maire de #Grenoble, Éric Piolle, suivi par d’autres élus de gauche, a dénoncé « une #indignité » pendant que la CGT parlait de « #rafle ».

    L’édile écologiste a directement interpellé le ministre de l’Intérieur #Gérald_Darmanin, déplorant que « ces personnes seraient donc suffisamment ’régulières’ pour attendre dans le froid de vous livrer vos repas, mais pas pour vivre dignement avec nous ».

    « Voici le vrai visage de ce gouvernement »

    Éric Piolle veut ainsi relancer les discussions autour de la #régularisation des #travailleurs_sans_papiers dans les secteurs en tension. Une mesure ardemment défendue par la gauche pendant les débats sur la loi immigration, mais qui a finalement été écartée de la version du texte adoptée par le Parlement.

    https://twitter.com/EricPiolle/status/1740413156227182760

    Dans le sillage du maire, le secrétaire général du PS, #Olivier_Faure, s’est également exprimé les réseaux sociaux : « Si tous les étrangers en situation régulière ou irrégulière se mettaient en grève une journée, chacun se rendrait compte qu’ils sont dans tous les métiers de la seconde ligne, livreurs, auxiliaires de vie, caristes, assistantes maternelles… loués pendant la crise Covid et puis… ».

    Autre élue EELV, la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée #Cyrielle_Chatelain a elle aussi dénoncé l’opération de police, et entre les lignes la loi immigration adoptée définitivement le 19 décembre dernier. « Voici le vrai visage de ce gouvernement : être méchant avec tous les étrangers, même s’ils travaillent, même s’ils s’intègrent », a-t-elle fustigé, là encore sur X (anciennement Twitter).

    Et pour cause : l’opération baptisée « #Uber_Eats », menée simultanément dans plusieurs localités iséroises (Grenoble, #Voiron, #Vienne…), a conduit à l’#interpellation de nombreux livreurs. Des ressortissants algériens, burkinabés, guinéens ou tunisiens qui ont été placés en #garde_à_vue à Lyon et Grenoble après la saisie de leur vélo, et qui ont été libérés après s’être vu notifier des #obligations_de_quitter_le_territoire_français (#OQTF) et des #interdictions_de_retour_sur_le_territoire (#IRTF), comme l’a expliqué #Mohamed_Fofana, responsable CGT des livreurs du département lors d’un point presse organisé ce vendredi.

    Piolle invité à « aimer les policiers »

    « Nous dénonçons cette opération de police (...) dans une période de fêtes où les associations de défense des migrants et beaucoup d’avocats sont en congé et les recours compliqués », a insisté ce responsable. « Nous sommes des travailleurs, pas des délinquants », a-t-il ajouté, rappelant que beaucoup de livreurs travaillent dans des conditions précaires et pour des « rémunérations scandaleusement basses ». « La place Victor Hugo (à Grenoble) a été complètement fermée par des camions de police. C’était une #nasse. Cela s’appelle une rafle quand cela vise une catégorie particulière de personnes », s’est indigné de son côté un responsable de l’Union locale de la CGT, Alain Lavi.

    Le procureur de la République de Grenoble, #Éric_Vaillant, a répondu à Éric Piolle et aux critiques ayant ciblé l’opération : « Ces #contrôles ont été opérés à ma demande. Ils ont aussi permis de constater que les livreurs en situation irrégulière étaient gravement exploités par ceux qui leur sous-louaient leur #licence. Des enquêtes sont engagées », a-t-il indiqué. La préfecture de l’Isère a pour sa part souligné être garante « de l’application des lois de la République ».

    Le ministre de l’Intérieur Gérald #Darmanin, interrogé à ce propos alors qu’il présentait le dispositif de sécurité pour la Saint-Sylvestre, s’est pour sa part contenté de lancer à Éric Piolle : « J’invite le maire de Grenoble à aimer les policiers et à soutenir la loi de la République ».

    https://twitter.com/BFMTV/status/1740687346364739605

    Quelques heures plus heures, l’élu EELV a répondu au ministre dans un tweet, en énumérant « les cinq actes » de la « #tragédie_macroniste : « laisser les #plateformes créer des situations d’#esclavage, voter la loi immigration avec le RN, imposer la politique du chiffre à la police, arrêter des personnes sans défense, inviter à aimer la police ».

    https://twitter.com/EricPiolle/status/1740738174350143880

    https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/loi-immigration-apres-l-arrestation-de-livreurs-en-situation-irreguli
    #Eric_Piolle #résistance #migrations #sans-papiers #Eric_Vaillant

  • La chaîne Al-Jazeera, une arme d’information massive au service du Hamas – Libération
    https://www.liberation.fr/international/la-chaine-al-jazeera-une-arme-dinformation-massive-au-service-du-hamas-20

    Vous aviez aimé l’égérie des rebelles syriens ? Elle se remet au service de l’information "sans parti-pris" en dénonçant l’effroyable Al-Jazeera.

    Le parti pris d’Al-Jazeera pour les Gazaouis qui « tombent en martyrs » sous les frappes de « l’agresseur » ou de « l’occupant israélien » est manifeste et assumé. La chaîne utilise systématiquement la terminologie de « la résistance » pour
    désigner « les groupes armés » qui combattent Israël. Leurs opérations contre « les forces d’invasion » à Gaza sont saluées, et souvent magnifiées ces derniers jours, depuis l’offensive terrestre de Tsahal à l’intérieur de l’enclave palestinienne

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Hala_Kodmani
    En mai 2011, elle fonde et préside l’association française Souria Houria (Syrie Liberté)4,5 qui milite pour « la démocratie, les libertés et les droits de l’homme en Syrie », en soutien à la révolution contre la dictature de Bachar el-Assad, et vient en aide aux Syriens qui se réfugient en France6,7,8. Elle est la sœur de la chercheuse Bassma Kodmani, cofondatrice en 2011 du Conseil national syrien (organe de l’opposition syrienne basé à Paris)9.

    En 2013, elle reçoit le prix de l’Association de la presse diplomatique française (l’APDF) pour ses reportages, notamment à Raqqa, ainsi que pour sa couverture globale de la situation en Syrie.

    • Soft power
      Al-Jazeera, une chaîne d’information massive au service des Gazaouis… et du Hamas

      Assumant un biais #pro-palestinien et glorifiant le mouvement islamiste, la première chaîne satellitaire du monde arabe dispose de moyens considérables grâce à ses financements qataris. Et reste l’un des seuls médias internationaux à informer en direct depuis la bande de #Gaza.

      Le cratère géant du camp de #Jabalia, causé par le pilonnage de l’aviation et de l’artillerie israéliennes mardi 31 octobre, n’a pas quitté l’écran d’#Al-Jazeera pendant plus de quarante-huit heures. Une caméra sur drone est restée braquée sur les gravats et la poussière grise des maisons effondrées du plus grand camp de réfugiés de Gaza. Des zooms montrent les équipes de secouristes aidées par les habitants qui fouillent et extraient des décombres des corps, morts ou presque morts. Sur place, le correspondant de la chaîne de télévision insiste sur « la sauvagerie de l’attaque israélienne », détaille le nombre de logements détruits, d’habitants sans abri, de civils tués ou blessés.

      Comme chaque jour depuis le 7 octobre, et à chacun des pics de violence, Al-Jazeera ne fait pas qu’informer, en direct de Gaza, ses dizaines de millions de téléspectateurs à travers le monde arabe. Elle les emmène dans l’enclave sous le feu pour leur faire vivre au plus près le quotidien de la population palestinienne en détresse. Le sort de chaque quartier, camp de réfugiés ou hôpital en péril de Gaza leur est rendu familier par la dizaine de correspondants de la chaîne dans l’enclave.

      L’impact de cette couverture massive, expansive et surtout exclusive [on se demande pourquoi, ndc] d’Al-Jazeera à l’intérieur de la bande de Gaza se mesure à la mobilisation du monde arabe contre les souffrances infligées par #Israël aux #Palestiniens. La colère de « la rue arabe » – qui a manifesté spontanément dans les différentes villes de la région aussitôt après avoir vu les images de la frappe de l’#hôpital Al-Ahli de Gaza, le 17 octobre, ou plus récemment lors du #black-out imposé le 27 octobre, juste avant l’incursion terrestre de l’armée israélienne – confirme l’influence déterminante de la première chaîne satellitaire arabe.

      [passagé cité supra]
      L’opération « Déluge d’Al-Aqsa » des Brigades Al-Qassam, la branche armée du Hamas, le #7_octobre, a été glorifiée par la chaîne. Al-Jazeera a rapporté le nombre d’Israéliens tués en citant des sources israéliennes, sans jamais préciser si les victimes étaient des militaires ou des #civils. Dans les jours suivant l’attaque, la chaîne arabophone a complètement occulté les atrocités et massacres commis par les assaillants sur les familles à la frontière de Gaza. Seule Al-Jazeera English, la chaîne anglophone du groupe, a rapporté « les scènes d’horreur » dans le kibboutz de Kfar Aza, où son correspondant s’est rendu lors d’une visite de presse organisée par l’armée israélienne.

      Le Hamas, son orientation, ses positions, ses agissements comme la légitimité de son gouvernement à Gaza, ne suscitent aucune réserve de la part d’Al-Jazeera. Les déclarations des différents responsables du mouvement à Gaza et ailleurs, à Beyrouth ou Doha, sont transmises en direct à l’antenne. Tous les communiqués du mouvement, comme ceux des Brigades Al-Qassam, sont cités dans le direct. Le bilan du nombre de victimes à Gaza est sourcé « ministère de la Santé de Gaza » et validé officiellement. [bien que sous évalué ?]

      « Calmer le ton »

      « Al-Jazeera est financée entièrement ou partiellement par le gouvernement du Qatar. » En France, cet avertissement s’affiche en bandeau sur le direct de la chaîne, dans la version arabe comme anglophone du site. Récemment, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, aurait demandé au Premier ministre qatari de « calmer le ton de la rhétorique d’Al-Jazeera sur la guerre à Gaza », révélait le site d’information américain Axios. Considérée comme un instrument du soft power du #Qatar, la chaîne clame l’autonomie de sa ligne éditoriale.

      Accusant Al-Jazeera d’être un instrument de propagande du #Hamas, le gouvernement israélien cherche de son côté à supprimer l’accès à la chaîne d’information. En attendant, les correspondants de la chaîne à Gaza auraient été menacés ou délibérément visés ces derniers jours par les forces israéliennes. La famille de Wael al-Dahdouh, principal correspondant à Gaza, a été victime d’un bombardement israélien mercredi 25 octobre dans le camp de Nuseirat, dans le centre de l’enclave palestinienne où elle s’était réfugiée. La femme et deux des enfants du journaliste vedette d’Al-Jazeera ont été tués. Deux jours plus tard, Youmna El-Sayed, correspondante de la chaîne anglophone à Gaza, a dû évacuer son appartement, après un avertissement d’une frappe imminente de l’armée israélienne.

      La fureur israélienne contre Al-Jazeera ne date pas de l’attaque du 7 octobre. L’année dernière, la journaliste star d’Al-Jazeera en Cisjordanie, Shireen Abu Akleh, avait été tuée aux abords du camp de Jénine par une balle que l’armée israélienne a reconnu venir de ses armes, tout en niant l’avoir visée. En 2021, lors d’une précédente campagne contre Gaza, l’armée israélienne avait frappé l’immeuble abritant les locaux de la chaîne satellitaire et de l’agence de presse américaine #Associated_Press. L’immeuble s’était effondré, sans faire de victime.

      Moyens techniques considérables

      La bande de Gaza étant inaccessible à la presse étrangère depuis le 7 octobre, Al-Jazeera est quasiment la seule source d’#images et d’informations en direct sur le conflit en cours. Depuis sa création, en 1996, la chaîne a prospéré en se démarquant dans son traitement des #guerres. Au début de l’invasion de l’Ukraine, elle disposait de #correspondants arabophones dans plusieurs villes ukrainiennes et russes. Et depuis leur plateau, les #journalistes jonglent avec maîtrise entre les reporters et les invités qu’ils interrogent. A leur disposition, une mosaïque de six à huit écrans diffuse en direct des correspondants montrant des manifestations ou recueillant des réactions dans plusieurs villes en Cisjordanie, en Israël et dans la région.

      A Gaza, avec plusieurs journalistes sur le ­terrain et des moyens techniques considérables, la chaîne a continué à diffuser, même pendant les quarante heures de black-out total imposé à l’enclave par l’armée israélienne. « S’il vous plaît, si vous nous entendez, dites au monde que nous sommes isolés maintenant à Gaza », lançait, vendredi 27 octobre, le correspondant de la chaîne en direct depuis la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Intervenant en duplex grâce à une connexion satellite depuis l’enclave privée d’électricité, le journaliste n’avait pas de retour pour savoir s’il était entendu. Sa voix arrivait cependant clairement dans le studio d’Al-Jazeera à Doha.
      #Hala_Kodmani

      #gazaouis #bombardemnts_massifs #opération_terrestre #média #propagande #contre_propagande #presse #information

    • Noter que le titre d’origine était bien :
      La chaîne Al-Jazeera, une arme d’information massive au service du Hamas
      (ce que l’on retrouve dans l’URL de l’article), et que désormais le titre est devenu :
      Soft power - Al-Jazeera, une chaîne d’information massive au service des Gazaouis… et du Hamas
      En revanche je n’arrive pas à voir si le surtitre « Softpower » était dans la version précédente.

      –—

      Je redemande parce que j’oublie à chaque fois : il existait un site qui sauvegardait les versions successives des articles de presse, pour voir ce qui avait été modifié (discrètement ou pas). Ou bien c’était un script à installer chez soi ? Je me souviens plus.