Je pense que l"histoire de l’#esclavage et de la colonisation n’est pas terminée et qu’au jour d’aujourd’hui, aucun Etat occidental ne considère de son intérêt d’en voir un jour la fin.
Que les naufrages d’esquifs et de rafiots où de misérables petits profiteurs (en rapport aux intérêts économiques en jeu, ce sont de tous petits profiteurs) entassent des centaines de migrant-e-s, qui évoquent brutalement d’autres navires #négriers, sont une parmi les innombrables, atroces et inévitables conséquences du glorieux passé colonisateur de l’occident.
Passé dont un négationnisme permanent assure la continuité. Nous - l’occident blanc et capitaliste qui est le premier responsable de chacun de ces morts - sommes profondément englués dans le déni. C"est la monstruosité de cette histoire qui est la nôtre, jalonnée de génocides, de déportations, de ravages et de massacres, que nous refusons ici comme ailleurs de regarder en face, comme nous refusons aussi bien de nous regarder en face sur tout le reste.
Nos politiques, nos médiatiques, nos intellectuels et nous-mêmes, tous autant que nous sommes avons ce sang là sur les mains, que nous le voulions ou non, quoi que nous puissions en penser.
Je pense que l’occident tout entier doit réparation, entre autres, à l’Afrique et aux africains, que la facture ne cesse de s’alourdir chaque jour depuis déjà six siècles, et qu’elle ne cessera de s’alourdir tant que la reconnaissance pleine et entière des crimes commis et entraînés n’aura pas eu lieu. Entre le nord et le sud, il n’y a qu’une seule dette, c’est celle-ci. S’agissant d’une dette en vies humaines niées et détruites, elle ne saurait être négociée et remise comme peuvent l’être toutes les sordides opérations d’extorsions de fond que l’on connaît habituellement sous ce terme.
Je t’en foutrai, du « besoin de main d’oeuvre peu qualifiée » ou de « tourner le dos au migrants les plus vulnérables » ! Il s’agit bien de ça !
Alors que la question est celle de la continuation de la mise à sac de l’Afrique et de la nécessaire déshumanisation toujours renouvelée et entretenue de celleux qui l’habitent, que cette exploitation requiert et exige.
Prétendre « sauver des vies » dont les occidentaux ont organisé sans discontinuer le ravage des pays et des cultures depuis quelque chose comme six cent ans est tout de même d’un cynisme achevé, et témoigne encore d’une volonté d’aveuglement qui n’ont l’une comme l’autre pas grand chose à envier à celleux des politiques répressives brutalement mises en oeuvre sous le nom de frontex.
Nous nous devons d’accueillir ces migrants, et sans condition. Mais c’est encore très insuffisant.
Avant d’avoir le droit de « recevoir une protection » lors d’un exil désespéré, les réfugié-e-s auraient surtout besoin de voir reconnu, ou mieux, de ne pas voir bafoué, leur droit à être considérés comme des êtres humains, et à ce titre, à minima , de ne pas voir le lieu où ellils vivaient et leur culture détruites et exploitées au profit de qui que ce soit. C’est qu’ellils comptent pour rien ou si peu bien avant de le manifester en se retrouvant des centaines sur un bateau prévu pour dix personnes.
Mais une telle reconnaissance n’est pas plus à l’ordre du jour d’aucun humaniste que celles, par exemple, du droit de chacun-e à ne pas être réduit à vendre sa force de travail et à consommer en ravageant le monde, ou à ne pas être genré.
A ce monde il ne suffit pas d’aller « droit dans le mur » : il lui faut foncer simultanément dans plusieurs en même temps . Et nous entassons les œillères pour tacher de parvenir à nous dissimuler le chemin parcouru.