À Mayotte, l’#opération_Wuambushu a repris. La police et les gendarmes détruisent des bidonvilles et expulsent des Comoriens. Les autorités prétendent démanteler des bandes criminelles mais en réalité, c’est une chasse aux pauvres qui est menée. Les familles de Mayotte et des autres îles des Comores sont entremêlées : il y a 50 ans, Mayotte a été séparée par le colonialisme français du reste de l’archipel. La France avait dominé ces îles pendant 130 ans, et a voulu garder un confetti d’empire dans la région. Aujourd’hui, les Comores sont ravagées par la pauvreté, et de nombreux habitants cherchent à gagner Mayotte, au péril de leur vie. Et c’est à eux que la France, un des pays les plus riches au monde, refuse l’accès aux soins, aux écoles et à une vie un peu moins dure.
Les 1 800 gendarmes et CRS envoyés par Darmanin n’éclairent pas les quartiers de #Mayotte où l’électricité est intermittente, ne construisent pas les écoles qui font défaut et ne soignent pas les malades dans les centres de santé sous-dimensionnés. La mise en scène de Wuambushu vise à dédouaner l’État français et à embrigader la partie de la population la moins pauvre derrière les forces de répression. L’objectif de cette révoltante opération, amplifiée par des politiciens locaux prêts à appeler au meurtre ou à organiser le blocage de l’hôpital, est de faire croire que les responsables des problèmes des Mahorais sont d’autres pauvres.
Dans l’Hexagone, les choses ne sont pas très différentes. À Vintimille, la police française refoule les migrants qui arrivent d’Afrique du Nord par l’Italie. À Calais et dans sa région, dès que des migrants se regroupent, ils sont brutalement dispersés et leurs tentes sont détruites. Les opérations quotidiennes de la police ne les empêchent pas d’affluer vers le littoral, ni de tenter de franchir la Manche sur des embarcations de fortune, comme un nombre croissant d’entre eux le font. Mais elles rendent leur vie impossible et les obligent à prendre tous les risques.
Contre celles et ceux qui fuient les guerres et la misère, toute l’Europe mobilise des forces armées, dresse des barbelés, voire construit des murs d’acier. En Grèce, la police renvoie des migrants sur un canot pneumatique et les abandonne en pleine mer. Le Danemark et le Royaume-Uni veulent les déporter au Rwanda. En Turquie, la campagne pour l’expulsion des Syriens bat son plein. Partout, les migrants sont montrés du doigt, refoulés et pourchassés.
Avec la crise économique, des politiciens comme Le Pen, Bardella ou Zemmour font leur fonds de commerce du repli sur soi et de l’hostilité aux étrangers. Les Républicains réclament un durcissement de la politique migratoire. Et le ministre de l’Intérieur Darmanin multiplie les coups de menton. Le gouvernement, toujours serviable vis-à-vis des capitalistes, mène une guerre sans merci aux damnés de la terre.
Le maire démissionnaire de #Saint-Brévin-les-Pins en a fait l’amère expérience. Après avoir accueilli un centre de réfugiés, il a été harcelé par l’#extrême_droite, qui l’a menacé de mort et a incendié sa maison. Comme il l’a expliqué au Sénat, il n’a obtenu aucun soutien ni protection. La leçon mérite d’être retenue : contre les nervis d’extrême droite, nul ne peut compter sur la protection de l’État, bien au contraire. De nombreux migrants, qui ne sont pas auditionnés au Sénat, eux, en font l’expérience quotidienne.
En montrant du doigt les étrangers, Le Pen et #Darmanin cherchent à dresser des pauvres contre d’autres pauvres, comme ils tentent d’opposer des travailleurs à d’autres travailleurs. Macron et ses ministres accusent les demandeurs d’emploi de ne pas faire assez d’efforts, et les bénéficiaires du RSA de profiter de leur allocation. Pour assurer sa domination, la grande bourgeoisie a toujours cherché à diviser les ouvriers pour mieux régner.
Mais les ennemis des travailleurs ne sont pas d’autres travailleurs, quelle que soient leur origine, leur nationalité ou la couleur de leur peau. Leurs ennemis sont cette minorité capitaliste qui s’enrichit sur leur dos par l’exploitation, augmente les prix et bloque les salaires ; c’est le gouvernement qui la sert, prêt à maintenir au travail deux années supplémentaires des ouvriers qui y ont usé leur santé.
Alors, à la lutte contre les migrants, opposons la lutte des travailleurs contre leurs seuls ennemis de classe, et pour leurs véritables intérêts.