• Des médecins s’inquiètent déjà au 19e siècle des effets des #pesticides sur la #santé

    Si l’usage des pesticides s’est généralisé dans les années 1960, il avait commencé bien avant, explique l’historienne des sciences #Nathalie_Jas. Dès le 19e siècle, des médecins se sont aussi inquiétés de leurs effets sur la santé. Entretien.
    Basta ! : Quand a commencé l’usage des pesticides en agriculture ?

    Nathalie Jas : Dès la fin du 18e siècle, des savants et des représentants de l’élite agricole ont essayé d’utiliser des produits chimiques en agriculture. À partir des années 1830, une industrie des engrais se développe aux États-Unis et dans les pays européens. Ce mouvement est étroitement lié à des formes d’intensification de la production agricole qui se mettent d’abord en place dans les zones qui s’urbanisent et s’industrialisent.

    Dans ces territoires, les agriculteurs doivent alors produire plus, en étant moins nombreux, pour nourrir les personnes qui ont quitté les campagnes. L’utilisation de produits chimiques comme les insecticides, anti-parasitaires ou anti-cryptogamiques (c’est-à-dire les antifongiques, contre les champignons, ndlr) en agriculture est ainsi initié dès la première moitié du 19e siècle puis se répand dans la viticulture ou la production de certains fruits. Ce processus ne va jamais cesser.

    Après la Seconde Guerre mondiale, et en particulier dans les années 1960, on assiste à une accélération de l’industrialisation de l’agriculture qui repose, entre autres, sur l’usage des pesticides. Les transformations profondes qui s’opèrent à ce moment-là s’inscrivent dans différentes dynamiques initiées antérieurement, à commencer par la longue confrontation avec des problèmes sanitaires, que ce soit pour les végétaux ou les animaux, qui restaient sans véritables solutions. Par exemple, dès la fin du 18e siècle, on a cherché à utiliser des substances chimiques pour la conservation des semences et des récoltes attaquées par des champignons ou des insectes.

    Est-ce la course au rendement agricole qui a poussé à l’utilisation toujours plus poussée des pesticides ?

    Des textes d’agronomes au début du vingtième siècle décrivent bien les conséquences phytosanitaires des logiques d’intensification que requièrent des cultures orientées vers le rendement. Des formes de monoculture se mettent en place, avec des choix de variétés qui ne sont pas forcément les plus résistantes face aux insectes, aux maladies et champignons. La monoculture réduisant les possibilités de stratégie agronomiques, on se tourne, avec plus ou moins de succès, vers des produits chimiques afin de limiter les dégâts.

    À partir du dernier tiers du 19e siècle, les marchés globaux se développent, notamment avec l’arrivée du chemin-de-fer et des bateaux à vapeur. Cette densification des échanges de produits agricoles s’accompagne d’un accroissement conséquent des circulations de pathogènes, d’insectes, d’adventices. De nouveaux problèmes phytosanitaires s’installent dans des régions où ils n’étaient pas présents auparavant.

    C’est le cas du très célèbre phylloxéra, un puceron venu des États-Unis et, qui, en une trentaine d’années détruit l’ensemble du vignoble européen. Une solution efficace via un système de greffe est mise au point à la fin des années 1870 à Montpellier. Elle n’est cependant adoptée qu’à la fin du 19e siècle, après plus d’une vingtaine d’années d’utilisation massive de produits chimiques pulvérisés sans succès et avec le soutien de l’État. Cette histoire est une illustration parmi d’autres de l’importance qu’a pu prendre la lutte chimique en agriculture avant la Seconde Guerre mondiale, dans certains secteurs agricoles au moins.

    Cette émergence de la chimie dans l’agriculture s’accompagne-t-elle de tentatives de réglementations, liées à la peur de l’empoisonnement collectif ?

    C’est ce que l’on appelle les législations sur les substances vénéneuses, qui ont une très longue histoire, antérieure même au 18e siècle. Ces législations ont été revues et développées à différentes époques. Au-delà de la question de la consommation de produits alimentaires potentiellement contaminés, on trouve des traces de l’inquiétude de médecins, d’agronomes et de chimistes du 19e face aux conséquences sur la santé des ouvriers et ouvrières agricoles et des paysans et paysannes de l’utilisation de produits chimiques.

    Ainsi, à la fin du 19e siècle, ce qui est considéré comme le premier manuel de « médecine agricole » rédigé par un médecin, décrit les maux de santé rencontrés en milieu agricole et rural. Quelques pages sont consacrées à l’utilisation de produits chimiques pour protéger les récoltes et les animaux, et sur les effets délétères de ces produits sur la santé de ceux et celles qui y sont exposés.

    L’ordonnance de 1846, qui vise à encadrer les multiples usages de l’arsenic en agriculture, est-elle appliquée ?

    À cette époque, on utilisait des produits à base d’arsenic pour traiter les semences et les cultures, et lutter contre certaines maladies cutanées animales comme la gale, qui pouvaient rendre les animaux très malades et engendrer d’importantes pertes. Cet usage s’est notamment développé parmi certains éleveurs de moutons qui plongeait leurs bêtes dans des bains d’arsenic. Il y avait aussi un usage domestique pour lutter contre les mouches.

    Dans les années 1840, les autorités publiques s’inquiètent des empoisonnements criminels alimentaires à l’arsenic. Pour tenter de lutter contre ce qui est présenté comme un problème majeur de sécurité publique, elles ont inclus cette préoccupation dans la législation les « substances vénéneuses » via un article d’une ordonnance royale de 1846 qui la réforme.

    L’usage des « composés arsenicaux » est interdit en 1846 sur les cultures et les récoltes ainsi que dans la sphère domestique. Mais cette ordonnance continue à autoriser l’usage de ces produits pour le bain des animaux. Les autorités considèrent alors que pour les semences, il y a des solutions alternatives, mais qu’il n’en existe pas pour les animaux. C’est une première manifestation de ce que j’appelle une « politique de segmentation » pour les produits chimiques toxiques utilisés en agriculture.

    Cette politique est toujours structurante : les politiques publiques différencient les mesures appliquées à ces produits suivant les produits, mais aussi suivant l’usage qui en est fait. Ce qui est intéressant aussi avec la législation de 1846, c’est qu’elle n’est pas appliquée. Les écarts plus ou moins importants aux normes prescrites par les réglementations portant sur les toxiques en agriculture que l’on désigne comme pesticides après la Seconde Guerre mondiale sont aussi très structurants dans le long terme.

    Est-ce aussi ce qui s’est passé pour la vigne ?

    La vigne est soumise à de nombreuses problématiques phytosanitaires que l’on a très tôt cherché à solutionner en utilisant des produits chimiques : produits à base de cuivre, nicotine (dont les stocks nationaux sous la Troisième République font l’objet d’une répartition départementale âprement négociée, votée chaque année au Parlement), souffre, arsenicaux notamment. Le cas du phylloxéra montre bien que le réflexe « produits chimiques » étaient déjà bien installé dans certains secteurs agricoles dans le dernier tiers du 19e siècle. Ce que le cas du phylloxéra nous enseigne aussi, c’est que ce réflexe était aussi le produit de l’activité voire de l’activisme d’un ensemble d’acteurs : des élites viticoles, mais aussi des industries.

    Mais à cette époque, ce n’était pas forcément les industries fabricant les produits chimiques qui conduisaient ce que l’on appellerait aujourd’hui du lobbying. En France, ce secteur était alors très éclaté, et peu organisé. Les entreprises qui organisent la promotion des solutions chimiques auprès des autorités publiques et agricoles afin de lutter contre le phylloxera, c’est la compagnie ferroviaire PLM (pour Paris Lyon Marseille), qui assure le transport de produits et de pulvérisateurs mais aussi l’entreprise Vermorel, alors le premier fabricant de pulvérisateurs du pays.

    Bien que la crise du phylloxera ait été solutionnée par le greffage, la viticulture n’a pas alors remis en cause l’utilisation de produits chimiques dans la lutte phytosanitaire. Au contraire, le coût pour replanter les vignes était conséquent : la vigne est donc devenue à la fin du 19e siècle une importante culture qui reposait sur la minimisation des risques de perte de récoltes. La logique de la solution chimique va se poursuivre.

    En 1916, en plein milieu de la Première Guerre mondiale, une autre loi encadrant l’usage des pesticides voit le jour. Qu’apporte-elle de nouveau ?

    Le décret-loi du 14 septembre 1916 concernant l’importation, le commerce, la détention et l’usage des substances vénéneuses est une législation très importante qui ne concerne pas principalement l’agriculture, mais qui jette les bases d’un ensemble de règles qui encadrent encore aujourd’hui l’usage des pesticides.

    Ce texte mentionne par exemple l’obligation d’avoir un local séparé et fermé pour stocker les produits définis réglementairement comme toxiques ou dangereux et utilisés en agriculture, l’obligation de mentionner des informations précises sur les étiquettes des sacs ou des bidons contenants ces produits ou encore l’obligation de porter des vêtements de protection pour manipuler ou épandre les produits, vêtements qui devaient être enlevés et lavés systématiquement après chaque utilisation. Les employeurs étaient tenus d’informer les ouvriers et les ouvrières agricoles des dangers des produits utilisés. Et ces travailleurs et travailleuses devaient avoir des endroits où se laver avant de repartir à leur domicile

    Pourquoi les préoccupations pour la santé publique apparaissent à ce moment-là dans les débats politiques ?

    Il y a plusieurs raisons. La fin du 19e siècle et le début du 20e siècle ont été marqués par un ensemble de luttes ouvrières visant, entre autres, à supprimer l’utilisation de certains produits toxiques dans les industries. De ces luttes ont résulté des législations sur les accidents du travail et les maladies professionnelles qui ne concernaient pas le secteur agricole.

    Cependant, certains médecins hygiénistes et chimistes toxicologues, forts de leur expérience du milieu industriel, s’inquiètent de l’utilisation de certains toxiques en agriculture, au premier rang desquels les arsenicaux. Ils craignent ce qu’ils nomment l’épidémie d’« arsenicisme à venir » résultant d’expositions répétées à de petites doses (la cancérogénicité de l’arsenic n’est pas encore identifiée) via le travail agricole, la contamination des habitations par les travailleurs et travailleuses agricoles (et donc des enfants) et l’alimentation.

    Au-delà, ils s’interrogent aussi des effets sur la faune, notamment les abeilles. Par ailleurs, les préfets sont préoccupés par la circulation de produits à base d’arsenicaux non seulement interdits mais pouvant aussi contaminer les aliments. Des intoxications collectives visibles retentissantes confirment cette préoccupation.

    Les interpellations de l’État sont suffisamment importantes pour qu’il intervienne. Sa réponse, via le décret-loi de 1916 tente d’articuler développement de l’agriculture à la protection de la santé publique via l’instauration de réglementations qui encadrent les usages. Non seulement l’efficacité de ces mesures n’est pas évaluée, mais aucun moyen n’est alloué pour s’assurer de leur mise en œuvre. Elles restent donc largement ignorées.

    Est-ce en vertu de ce pragmatisme économique et industriel que la notion « d’usage contrôlé » fait son entrée dans la loi ?

    La notion d’ « usage contrôlé » est postérieure mais c’est bien cette logique qui guide le décret-loi de 1916. Il établit trois tableaux dans lesquels les substances sont classées. Les substances qui ne sont classées dans aucun des trois tableaux ne sont pas soumises au décret-loi. On trouve des substances utilisées en agriculture à des fins vétérinaires ou phytosanitaires dans les tableaux A (substances toxiques) et C (substances dangereuses). Les substances classées dans ces tableaux sont soumises à des réglementations spécifiques qui encadrent leur commercialisation, leur détention et leurs usages et qui visent à protéger la santé publique.

    La loi dit que les produits classés comme A, qui sont considérés comme les plus toxiques, ne sont théoriquement pas autorisés à être utilisés en agriculture. C’était le cas des arsenicaux. Le décret-loi institue cependant un système dérogatoire au bénéfice de certains arsenicaux. Il est à noter que des systèmes similaires se mettent alors en place dans d’autres pays et que ce type de classement des substances chimiques suivant leur toxicité qui organise leur encadrement réglementaire se retrouve aujourd’hui dans de nombreuses législations internationales, dont la législation européenne.

    Ce système dérogatoire va être largement utilisé dans l’entre-deux-guerres, et le nombre de produits utilisés ne va cesser de croître...

    Oui, il va y avoir une extension des dérogations à d’autres substances en fonction de ce qui est considéré comme étant des urgences. C’est le cas de l’arseniate de plomb, qui était totalement interdit en 1916 et qui est autorisé dans l’entre-deux-guerres via un système dérogatoire pour lutter contre les invasions de doryphores sur les pommes de terre.

    Si les médecins hygiénistes s’indignent, les agronomes et nombre d’agriculteurs considèrent alors que c’est l’unique solution pour préserver les récoltes de pommes de terre qui est un aliment essentiel dans l’Entre-deux guerre. De nombreux autres produits sont utilisés, le souffre, le cuivre et la nicotine déjà évoqués mais aussi les huiles de pétrole ou des produits comme la chloropicrine, issus des recherches sur les gaz de guerre. À partir des années 1930, de nouveaux produits font leur apparition sur les marchés par exemple pour la désinfection des semences (dont le Zyklon B, utilisé dans les chambres à gaz par les nazis) ou des herbicides élaborés à partir de produits pétroliers.

    Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, il y a une accélération de la structuration des industries phytosanitaires. Co-construite avec l’État, cette structuration et cet encadrement de l’usage des pesticides ne riment pas nécessairement avec une meilleure protection des usagers. Pourquoi ?

    Avant la Seconde Guerre mondiale, il existait une multitude de petites entreprises qui produisaient des insecticides, des anti-parasitaires, des produits anti-cryptogamiques voir des herbicides. On ne parlait pas encore de pesticides. Ces entreprises avaient mauvaise réputation car la qualité de leurs produits n’étaient pas contrôlée et et encore moins réglementée, à l’exception des produits à base de cuivre.

    Les plus grosses entreprises dont celles qui constituèrent ensuite Rhône-Poulenc et Péchiney – les deux très grandes entreprises françaises des pesticides post Seconde Guerre mondiale, ainsi que Vermorel, le gros fabricant français de pulvérisateurs – étaient d’un avis différent. Elles voulaient gagner en crédibilité pour développer leur marché. Elles ont donc travaillé avec certains haut-fonctionnaires du ministère de l’Agriculture, des scientifiques convaincus par la lutte chimique et des représentants du monde agricole.

    https://basta.media/des-medecins-s-inquietent-des-le-19e-siecle-des-effets-des-pesticides-sur-l
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  • Hommage à George Orwell
    https://ecologiesocialeetcommunalisme.org/2024/09/20/hommage-a-george-orwell

    George Orwell est un homme qui symbolise parfaitement l’engagement conjointement à l’honnêteté intellectuelle. Dans son cas, ce fut l’engagement de toute une vie. Avec dans un premier temps, le constat des conséquences désastreuses du colonialisme britannique durant son séjour en Birmanie (1922-1927). Puis, dès son retour en Europe (en 1927), l’expérience vécue des méfaits inhumains […]

    #Orientation_bibliographique #[VF] #1984 #Hommage_à_la_Catalogne #La_ferme_des_animaux


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  • Immigration : l’Allemagne assume de se replier sur elle-même

    La ministre de l’intérieur sociale-démocrate a annoncé lundi 9 septembre rétablir les contrôles aux frontières. Un sommet s’est tenu mardi pour discuter d’éventuelles mesures supplémentaires en matière migratoire, en présence des conservateurs de la CDU-CSU.

    En théorie, les contrôles aux frontières intérieures ne devraient pas avoir lieu au sein de l’Union européenne (UE). Mais ils sont exceptionnellement possibles, depuis une récente réforme du #code_Schengen, lorsqu’un pays estime que l’#ordre_public ou sa #sécurité_intérieure sont susceptibles d’être menacés.

    Il n’en fallait pas plus à l’Allemagne pour décider de rétablir les contrôles à ses frontières, et à Nancy Faeser, ministre de l’intérieur, pour l’annoncer publiquement, lundi 9 septembre. Ceux-ci démarreront le 16 septembre. « Nous renforçons la sécurité intérieure et poursuivons notre #ligne_dure contre l’immigration irrégulière », a assumé la ministre, mettant en avant les « #menaces actuelles du #terrorisme_islamiste et de la #criminalité_transfrontalière ».

    Le gouvernement a, selon elle, informé la Commission européenne et ses voisins directs de cette décision, qui semble surtout vouloir satisfaire le parti d’extrême droite AfD (Alternative für Deutschland, Alternative pour l’Allemagne) – arrivé en tête des dernières élections régionales en Thuringe et en Saxe, dans l’est du pays – mais aussi les conservateurs de la CDU-CSU.

    Mardi 10 septembre après-midi, un sommet sur les migrations se tenait pour acter cette mesure et trouver des compromis avec l’opposition, insatisfaite, réclamant toujours davantage de restrictions sur les mouvements migratoires. Si les conservateurs de la CDU-CSU n’étaient pas certains d’y participer jusqu’à la dernière minute, ils ont finalement annoncé leur présence au sommet mardi matin : « Nous verrons si nous avons le même point de vue et si nous pouvons agir ensemble », a glissé Friedrich Merz, chef du groupe, au journal Der Spiegel.

    Enfermer les exilés à la frontière

    Très vite, les Verts ont dénoncé des « tentatives de chantage tout simplement ridicules ». « Friedrich Merz se comporte comme un enfant rebelle », a estimé la cheffe du groupe parlementaire des Verts, Irene Mihalic. Les représentant·es de la CDU-CSU ont d’ailleurs décidé de claquer la porte, en pleine réunion, comme le rapporte Der Spiegel, estimant que les négociations avaient échoué.

    La principale mesure évoquée lors du sommet vise à créer des #centres pour y enfermer les personnes migrantes à la frontière en attendant d’examiner leur situation, et de les expulser si elles n’expriment pas le souhait de demander l’asile, ou de les renvoyer vers le premier pays de l’UE par lequel elles sont passées, responsable de leur demande d’asile en vertu du règlement Dublin. Si les capacités de #détention ne sont pas suffisantes, les intéressées pourraient être placées en #garde_à_vue, « en raison d’un #risque_de_fuite, afin de sécuriser la procédure et les empêcher de se cacher », précise Der Spiegel.

    Pour renforcer l’idée de « #fermeté » sur la question migratoire, le gouvernement a en effet annoncé lundi que des #refoulements seraient organisés aux frontières, pour empêcher les exilé·es d’accéder au territoire allemand de manière dite illégale. Une mesure demandée par le chef du groupe d’opposition, et qui peut être contraire au droit international et à la convention de Genève relative aux réfugié·es si les personnes concernées ne parviennent pas à demander l’asile alors qu’elles le souhaitent.

    La Commission européenne a réclamé des mesures « proportionnées » et « strictement exceptionnelles », estimant que le retour des contrôles aux frontières intérieures de l’UE était une possibilité. Elle a déjà annoncé qu’elle « évaluerait la situation » une fois toutes les mesures annoncées de manière officielle.

    Les pays voisins, de leur côté, voient déjà d’un mauvais œil que des exilé·es passé·es par leur territoire pour rejoindre l’Allemagne leur soient « retourné·es ». Dès lundi et l’annonce de ces mesures, le ministre autrichien de l’intérieur, Gerhard Karner, a prévenu que son pays n’accueillerait aucune personne migrante refoulée par l’Allemagne à la frontière. « Il n’y a pas de marge de manœuvre là-bas », a-t-il déclaré, cité par le journal Bild.

    30 000 personnes refoulées depuis octobre

    Mardi, le premier ministre polonais a qualifié la décision du gouvernement d’Olaf Scholz d’« inacceptable », précisant que dans les prochaines heures, il s’adresserait « aux autres pays affectés afin de se concerter d’urgence sur une réaction au sein de l’UE, avec tous les voisins de l’État allemand ». Donald Tusk a par ailleurs plaidé pour « la surveillance et la sécurisation des frontières extérieures » de l’UE, expliquant que c’était ce dont « la Pologne avait besoin ».

    Le revirement de l’Allemagne en matière migratoire en surprend plus d’un. Avec plus de deux millions de personnes accueillies depuis 2015 (sans parler des Ukrainien·nes, plus d’un million de réfugié·es pour cette seule nationalité), le pays suit aujourd’hui un schéma de #repli, poussé par les extrêmes droites européennes, faisant le lien direct entre #sécurité et #immigration et criminalisant les personnes exilées qui, dans l’écrasante majorité des cas, souhaitent trouver refuge en Allemagne et reconstruire leur vie après avoir connu la guerre ou la misère.

    Nancy Faeser s’est déjà targuée d’avoir permis de refouler près de 30 000 personnes migrantes depuis octobre 2023, notamment grâce à un renforcement des contrôles à ses frontières avec la Pologne, la #République_tchèque, la #Suisse et l’Autriche. Pire, l’Allemagne a également repris les #expulsions de ressortissant·es afghan·es en août dernier – soit trois ans après la prise de pouvoir par les talibans.

    Une première dans un tel contexte, visant à répondre à certains #attentats et crimes impliquant des exilés, comme l’attaque au couteau perpétrée dans la nuit du 23 au 24 août à Solingen par un Syrien faisant l’objet d’une mesure d’éloignement, ou celle de Mannheim, perpétrée par un jeune Afghan, en mai dernier.

    « Il s’agit de ressortissants afghans, tous condamnés par la justice et sans droit de rester en Allemagne et qui ont fait l’objet d’ordres d’expulsion », s’est justifié le porte-parole du gouvernement Steffen Hebestreit dans un communiqué.

    Celui-ci a expliqué avoir demandé à « des partenaires régionaux clés un soutien », sans toutefois préciser lesquels, pour faciliter ces expulsions vers l’Afghanistan, où de nombreux hommes et femmes risquent leur vie. Vingt-huit réfugiés afghans ont alors été éloignés.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/100924/immigration-l-allemagne-assume-de-se-replier-sur-elle-meme

    #contrôles_frontaliers #frontières #migrations #réfugiés #asile #fermeture_des_frontières #Autriche #refoulements #push-backs #Pologne #criminalisation_de_la_migration

  • Unterversorgt : Geschäfte mit Flüchtlingsunterkünften

    Die Unterbringung von Asylsuchenden ist ein lukratives Geschäft, das längst private Unternehmen für sich entdeckt haben. Mit Niedrigpreisen gewinnen sie Ausschreibungen für das Betreiben der Unterkünfte und machen doch gute Gewinne. MONITOR-Recherchen zeigen, wie im Betrieb und beim Personal gespart wird – und wie Geflüchtete sich selbst überlassen werden.

    Georg Restle: „Der Anschlag in Solingen hat zu einem regelrechten Überbietungswettbewerb der Parteien geführt, bei der inneren Sicherheit und klar, auch in der Migrationspolitik. Heute hat die Bundesregierung eine Ausweitung bei Messerverboten beschlossen und Kürzungen bei den Leistungen für Asylbewerber, die über andere EU-Staaten eingereist sind. Ein Thema spielt bei alledem erstaunlicherweise überhaupt keine Rolle: Die Flüchtlingsunterkünfte nämlich, wo vor allem junge Männer regelmäßig sich selbst überlassen werden. Wo sich oft genug niemand wirklich kümmert, niemand wirklich hinschaut – wie in dieser Flüchtlingsunterkunft. Wochenlang lag hier die Leiche eines jungen Geflüchteten in seinem Zimmer, ohne das sein Tod irgendjemandem aufgefallen wäre. Und nein, das Schicksal dieses Mannes ist kein bedauerlicher Einzelfall, sondern das bittere Resultat eines systematischen Versagens. Eine gemeinsame Recherche von MONITOR und Süddeutscher Zeitung – Andreas Maus und Till Uebelacker.“

    Ein unscheinbares Grab in Berlin-Pankow – zugewuchert, das Namensschild von der Friedhofsverwaltung. Sanoussy Barry kannte den Verstorbenen kaum. Aber er hat sich um seine Beerdigung gekümmert.

    Sanoussy Barry: „Ist ein junger Asylant aus Guinea. Diallo ist gestorben in seinem Asylheim. Nach vier Wochen erst hat man festgestellt, dass er gestorben ist. Sehr tragischer Fall. Sehr traurig.“

    Vier Wochen unentdeckt, tot in einer Flüchtlingsunterkunft? Wie kann das sein? Unsere Recherchen beginnen hier, in Berlin Steglitz-Zehlendorf. Irgendwo in dieser Flüchtlingsunterkunft lebte Mamadou Diallo. Im Oktober letzten Jahres muss er hier in seinem Zimmer gestorben sein. Geblieben sind zwei Fotos des 24-jährigen. Spurensuche.

    Reporter: "Du kannst Dich jetzt nicht erinnern, ihn gesehen zu haben?

    Junger Mann: „Ich weiß nicht. Also es gibt mal Familie … hat einen Teil der Familie hier, aber hn habe ich nicht gesehen.“

    Entdeckt wurde Mamadou Diallo erst nach etwa vier Wochen – sein Leichnam war da schon stark verwest. Wie es dazu kommen konnte, fragen wir Sebastian Büchner von der Berliner Staatsanwaltschaft, die hat den Todesfall untersucht.

    Sebastian Büchner, Staatsanwaltschaft Berlin: „Es ist keine Vermisstenanzeige erstattet worden. Es gab auch keine Meldung, dass da irgendwie jemand nicht im Zimmer sich befinden könnte. Es scheint auch offensichtlich in diesem verbliebenen Monat – zwischen dem letzten Mal sehen und dem Auffinden – jetzt niemand großartig danach geguckt zu haben, was mit ihm passiert ist.“

    Keine Vermisstenanzeige – keine Meldung. Könnte Mamadou Diallo noch leben, wenn Mitarbeiter der Unterkunft nach ihm geschaut hätten? Wer war für die Berliner Flüchtlingsunterkunft zuständig? Die Betreiber-Firma damals war ORS. Ein privates Unternehmen. Flüchtlingsunterkünfte werden längst nicht immer von Ländern oder Kommunen selbst geführt, meist wird der Betrieb ganz oder teilweise ausgeschrieben, oft bekommt der günstigste Bieter den Zuschlag – Bieter wie ORS. Hinter ORS steht ein milliardenschwerer Konzern – die Serco Group. Das britische Unternehmen gehört unter anderem Vermögensverwaltern wie Blackrock und macht weltweit über 5 Milliarden Pfund Umsatz – als Dienstleister für Militärs, Raumfahrt, Grenzschutz – als Betreiber von Gefängnissen und – Flüchtlingsunterkünften. Laut Selbstdarstellung bietet die Serco-Tochter ORS „beste Betreuungsdienstleistungen im Asylwesen.“ Ein großes Versprechen. Warum wurde dann Mamadou Diallos Leichnam über Wochen hier nicht entdeckt? Dienstleister wie ORS sind verpflichtet, den Aufenthalt von Geflüchteten regelmäßig zu dokumentieren. Wir bekommen Kontakt zu einer Bewohnerin – in der Unterkunft. Sie möchte unerkannt bleiben. An Mamadou kann sie sich nicht erinnern, aber an ORS. Deren Mitarbeiter seien oft gar nicht anwesend gewesen, sagt sie.

    Bewohnerin der Unterkunft: „Bei denen war das Büro immer geschlossen, die Fenster, die Jalousien waren immer runter. Es waren sehr wenig Betreuer da und so, was Familien angeht, die halt auch sehr viel Probleme mit der Sprache haben. Die haben auch nicht so geholfen halt, so papierkrammäßig.“

    Zu wenig Personal, mangelnde Betreuung in der Sozialarbeit? Serco weist diese Vorwürfe zurück. Dem Personal sei es vertraglich nicht gestattet, ohne Zustimmung der Bewohner eine Wohnung zu betreten, schreibt man uns. Mitbewohner hätten gesagt, es sei alles in Ordnung. Sozialarbeit oder eine Beaufsichtigung der Bewohner habe nicht zu den vertraglichen Pflichten des Unternehmens gehört. Das Landesamt für Flüchtlingsangelegenheiten (LAF) in Berlin teilt hingegen mit, zu den Aufgaben der Betreiber gehöre grundsätzlich auch „die Betreuung der Bewohner durch qualifizierte Sozialarbeiter und Sozialassistenten.“ Und wie sieht es in anderen ORS-Unterkünften aus? Wir fragen nach bei Behörden in anderen Bundesländern, wo ORS tätig ist. Und erfahren, auch hier setzte das Unternehmen in etlichen Unterkünften zu wenig Personal ein: zwei Regierungspräsidien – in Baden-Württemberg etwa – verhängten in den zurückliegenden Jahren deswegen insgesamt 35 Vertragsstrafen gegen ORS. Dann meldet sich ein ehemaliger Mitarbeiter von ORS. Er war Führungskraft in einer Unterkunft in Deutschland.

    Ehemaliger Mitarbeiter ORS: „Wir haben die Anzahl, die erfordert wurde oder die vertraglich festgehaltene Anzahl der Mitarbeiter nie erreicht. Sei es in der Kinderbetreuung, in der Hausbetreuung selber oder Freizeitgestaltung, was auch gefordert wurde Die Unterbesetzung war schon 50 Prozent, teilweise auch drunter. Vor allem in den Nachtschichten war es extrem.“

    Seine Schilderungen decken sich mit internen Dokumenten aus dem Unternehmen, die MONITOR und der Süddeutschen Zeitung vorliegen. Diese Tabelle zeigt, dass ORS hohe Summen abgezogen wurden – offenbar wegen zu wenig Personal in mehr als zehn Unterkünften. Die Summe der Abzüge betrug allein in den ersten drei Monaten des vergangenen Jahres über 760.000,- Euro. Auf unsere Nachfrage erklärt ORS die Unterbesetzung mit dem allgemeinen Fachkräftemangel in Deutschland. Weniger Betreuung in der Unterkunft? Weniger Angebote? Die Bewohner häufig auf sich allein gestellt? Die Stadt Berlin hat im März die Reißleine gezogen und den Vertrag mit ORS für drei Unterkünfte außerordentlich gekündigt. Man habe "gravierende Mängel” und "umfangreiche strukturelle Probleme” festgestellt. ORS weist auch das zurück. Es habe zuvor keine Beanstandungen gegeben, die die Kündigung rechtfertigen würden. Anderswo in Deutschland boomt das Geschäft mit den Unterkünften weiter. Der britische Konzern Serco kaufte nach der Übernahme von ORS letztes Jahr auch den deutschen Betreuungsdienstleister European Homecare (EHC). Damit ist Serco mit rund 130 Einrichtungen jetzt der größte private Anbieter in diesem Bereich. Eine Entwicklung, die der Betriebswissenschaftler Werner Nienhüser mit Sorge betrachtet. Seit Jahren beschäftigt er sich mit der Privatisierung von Flüchtlingsunterkünften und den Folgen.

    Prof. Werner Nienhüser, Universität Duisburg-Essen: „In erster Linie geht es darum, Gewinne zu erzielen, gute Renditen zu erzielen und sichere Renditen zu erzielen. Wenn ich Dienstleistungen anbiete, wo der Kunde letztlich der Staat ist, habe ich immer einen sicheren Kunden, einen zahlungskräftigen Kunden. Und die Renditen in diesem Bereich sind außerordentlich hoch. Und darum geht es.“

    Serco weist den Vorwurf zurück. Die Gewinnmarge liege nur im einstelligen Bereich, das Hauptaugenmerk liege auf dem Wohlbefinden der anvertrauten Menschen und der Mitarbeiter. Sanoussy Barry sieht das anders. Der Tod von Mamadou Diallo, sagt er, sollte ein Weckruf sein.

    Sanoussy Barry: „Die Menschen leiden hier, weil die keinen Ansprechpartner haben in diesen Asyleinrichtungen, habe ich das Gefühl. Ich möchte, also ich wünsche mir von Herzen, dass die Sozialarbeiter – die sind ja vor Ort – mit Menschen zu reden und zu helfen, aber das fehlt. Das fehlt viel in Deutschland momentan.“

    Georg Restle: „Und diese Frage stellt sich dann eben auch, wenn es schon nicht auffällt, dass der Leichnam eines Geflüchteten wochenlang in seinem Zimmer verwest, wie soll es dann irgendjemandem auffallen, wenn junge Männer sich in solchen Unterkünften radikalisieren? Aber klar, mehr Personal kostet eben viel Geld – Messerverbote sind da deutlich billiger.“

    https://www1.wdr.de/daserste/monitor/sendungen/unterversorgt-geschaefte-mit-fluechtlingsunterkuenften-100.html

    #ORS #Allemagne #privatisation #asile #réfugiés #business #hébergement #décès #cimetière #Berlin-Pankow #Steglitz-Zehlendorf #Serco #European_Homecare #profit

    Image du cimetière et de la tombe de #Mamadou_Djoulde_Diallo :

    via @_kg_

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    ajouté à la métaliste sur ORS en Allemagne :
    https://seenthis.net/messages/883653

    elle-même ajoutée à la métaliste sur ORS :
    https://seenthis.net/messages/802341

  • #Soudan : la #guerre de l’#or

    Dans cet article, le chercheur Mohamed Salah Abdelrahmane analyse le rôle central de l’économie de l’or dans la guerre au Soudan. La défaillance de l’État entraîne le développement d’une économie parallèle qui permet aux factions armées de financer leur guerre, tout en satisfaisant les intérêts des puissances étrangères. Il propose également des pistes pour lutter contre les économies de guerre.

    La guerre entre les Forces armées soudanaises (SAF) et l’armée parallèle connue sous le nom de Forces de soutien rapide (RSF) ravage le Soudan depuis avril 2023. (…) La situation est sombre. Le Soudan a plongé vers une véritable guerre civile et un effondrement total de l’État. Cet article analyse l’évolution de l’économie de l’or depuis le début de la guerre actuelle, et interroge les politiques qui ont contribué à créer cette économie de guerre.

    La nature du conflit et des ressources

    L’or est la ressource la plus précieuse du Soudan, son principal produit d’exportation et sa première source de devises étrangères. Le secteur de l’or mobilise une main-d’œuvre intensive. Pas moins de 2,8 millions de travailleurs sont engagés dans l’extraction minière, et environ cinq millions de travailleurs exercent des professions liées à la production ou le commerce de l’or.

    Au cours de la dernière décennie, (…) les conflits au Soudan se sont concentrés autour de sites aurifères, tels que Jabal Amir. L’apparition des conflits coïncide avec une expansion des activités d’extraction d’or. Les bénéfices engendrés par l’économie de l’or contribuent ensuite à financer ces conflits.

    (…) Tous les groupes armés ont des activités économiques dans le secteur aurifère. Ces acteurs ont commencé à se disputer férocement le secteur de l’or, surtout après le coup d’État d’octobre 2021 [réalisé par l’armée soudanaise], qui s’est terminé par, ou plutôt a culminé dans la guerre entre l’armée soudanaise (SAF) et la milice paramilitaire des Forces de Soutien Rapide (RSF) qui ravage actuellement le pays.

    L’or et la guerre soudanaise

    (…) Lorsque la guerre a éclaté à Khartoum aux premières heures du matin du 15 avril 2023, tous les yeux étaient rivés sur les affrontements qui se déroulaient dans les différents endroits stratégiques de la capitale. Simultanément, cependant, une autre guerre éclatait loin de Khartoum. Une guerre pour l’or. Dans l’État du Darfour-Nord, les RSF resserraient leur emprise sur les célèbres mines de Jabal Amir.

    Cet assaut est intervenu dans un contexte précis. En 2020, la propriété des mines de Jabal Amir avait été transférée à l’Etat Soudanais d’une compensation financière versée par l’Etat à la société Al-Junaid, possédée par Abd al-Rahim Dagalo, le second commandant des RSF. Celui-ci a également reçu 33% des parts de Sudamin, une entreprise possédée par l’Etat, affiliée au ministère des Minerais. Cet accord avait été vivement critiqué par la société civile (…). De plus, le gouvernement a attribué aux RSF la mission de sécuriser les mines de Jabal Amir. Quand la guerre éclate le 15 avril 2023, les RSF prennent totalement le contrôle de la région de Kabkabiya, au nord du Darfour, où Jabal Amir est localisée. (…)

    Le 24 mai 2023, la principale raffinerie d’or du Soudan est à son tour tombée aux mains des RSF. La raffinerie a pour fonction de filtrer l’or pour le préparer à l’export. Selon les témoignages, 1,6 tonnes d’or (…) (dont 800 kilogrammes déjà raffinés), étaient stockés dans le bâtiment au moment où il a été pris d’assaut par les RSF. (…) Considérant le prix de l’or sur le marché mondial en avril 2023, la quantité d’or passé sous le contrôle des RSF dans cette opération est estimée à plus 150,5 millions de dollars. (…)

    Au Soudan, les familles riches conservent leur épargne sous forme de bijoux en or et de devises étrangères, gardés dans des coffres privés gérés par des banques commerciales. Ces banques[1], qui se trouvent en majorité dans les zones contrôlées par les RSF à Khartoum, ont été systématiquement pillées depuis le début de la guerre. D’après les témoignages, les soldats des RSF utilisent des instruments de détection d’or lorsqu’ils pillent les maisons des habitants. Cela indique qu’ils disposent des connaissances et de la technologie nécessaire au pillage de l’or (…).

    L’évolution du front militaire montre que les RSF cherchent à contrôler les réserves d’or et les sites de production minière, ce qui leur permet de financer leurs opérations militaires coûteuses. (…) Leur emprise s’étend sur de vastes zones dans le Sud Darfour, à Al Radom, Singo, Aghbash, Dharaba, et dans toutes les terres riches en or dispersées au sud de Buram près de la frontière Centrafricaine. Le 13 juin 2023, ils s’emparent d’Um Dafouk, une zone frontalière stratégique et une route logistique centrale pour l’exportation de l’or.

    Or, l’armée soudanaise n’a pas mené d’opérations pour protéger ces sites. Aucun autre mouvement armé, y compris l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS-Nord) dirigée par Abdelaziz al Hilu, n’a non plus tenté d’interférer dans les opérations minières.

    Les politiques de l’État depuis le début de la guerre

    Depuis le début de la guerre, les failles sécuritaires, et la généralisation des vols et du braconnage (…) ont entraîné la faillite et la fermeture des principales entreprises d’extraction d’or[2]. La production illégale de l’or de cesse de s’accroître. Des substances nocives pour l’environnement, telles que le cyanure et la thiourée, sont utilisées pour des projets d’extraction illégale. (…)

    Le ministère des Finances a modifié les conditions d’exportation de l’or depuis Port-Soudan, la nouvelle capitale dirigée par l’armée soudanaise, en stipulant que les ventes d’or devraient être payées avant le début des opérations d’exports. Cette décision occasionne de grandes difficultés pour les exportateurs légaux et facilitent le développement des opérations de contrebande (…).

    Aux frontières du Darfour-Nord, de l’État du Nord et de la Libye, les activités de pillage s’intensifient au fur et à mesure que les gangs (…) se multiplient. Les routes du trafic d’or convergent avec les trajectoires des trafics d’armes, de drogues, et d’êtres humains.

    La communauté régionale et les impacts de la guerre sur le commerce de l’or

    Les pays voisins qui entretiennent des liens historiques avec le Soudan sont eux aussi impliqués dans cette économie de guerre. L’Égypte, notamment, cherche à augmenter ses réserves d’or pour gérer sa crise économique interne et empêcher sa monnaie de s’effondrer (…). L’or représente 25% des réserves brutes totales du pays.

    Le début de la guerre actuelle au Soudan a coïncidé avec un pic des prix de l’or en Egypte. Le 10 mai, le premier ministre égyptien Mostafa Madbouly a publié une décision favorisant l’importation d’or en l’exonérant des frais de douanes. Ces mesures ont permis de stabiliser les prix de l’or en Égypte (…) et d’introduire plus de 306 kilogrammes d’or raffiné en seulement un mois (le volume d’or brut importé en Egypte n’est pas connu). Depuis, les réserves d’or égyptiennes ont continué à augmenter.

    (…) Dans de nombreux pays, comme la Syrie, le Yémen, la Libye, la Centrafrique, les liens économiques et politiques avec d’autres acteurs régionaux et internationaux contribuent à la persistance et à l’aggravation des conflits. Mais au Soudan, les intérêts enchevêtrés des différents acteurs rendent la situation peu lisible à ce stade. L’évolution des économies façonnées par la guerre nous permettra de clarifier, au fil du temps, les différents intérêts étrangers.

    Recommandations

    |La sortie du conflit armé au Soudan] requière discussion sérieuse sur la redéfinition du rôle des ressources dans la transition vers un gouvernement civil et démocratique, pour s’assurer que les ressources serviront à financer la reconstruction du Soudan.

    Au gouvernement « de facto » [dirigé par l’armée soudanaise et issu du coup d’État de 2021] :

    – Adopter des lois de réforme du secteur minier pour lutter contre les opérations de contrebande en obligeant efficacement les producteurs à payer leurs taxes à l’État
    - Restructurer en profondeur le secteur de la production (et en particulier de l’or), en vue d’une plus grande transparence et en permettant la participation populaire dans la gestion de cette économie

    A la communauté internationale :

    – Prendre en compte l’impact du secteur minier sur la perpétuation des conflits armés
    – Classifier de toute urgence l’or en provenance du Soudan comme de « l’or de guerre », en appliquant les règlements déjà en vigueur dans le droit européen et dans différentes législations nationales[3].
    - Placer sous embargo les entreprises qui utilisent de l’or produit par les acteurs de la guerre (gangs, milices, RSF, etc).

    Aux entreprises travaillant dans le commerce de l’or ou utilisant ces produits :

    – Renforcer la transparence et les contrôles rigoureux de la chaîne d’approvisionnement
    – Promouvoir des pratiques responsables dans le secteur des minerais.

    A la société civile soudanaise :

    - Surveiller et empêcher les abus liés aux interventions de l’armée dans les activités économiques
    - Mettre en place un observatoire des ressources naturelles et des abus liés à leur usage afin de mettre en lumière leur rôle dans le financement de la guerre au Soudan.

    https://blogs.mediapart.fr/sudfa/blog/270824/soudan-la-guerre-de-lor

    Traduction de :
    Sudan’s Other War : The Place of Gold in War Economics


    https://sudantransparency.org/sudans-other-war-the-place-of-gold-in-war-economics

    #économie_de_l'or #économie #économies_de_guerre #économie_de_guerre #Forces_armées_soudanaises (#SAF) #Forces_de_soutien_rapide (#RSF) #guerre_civile #extraction_minière #mines #Jabal_Amir #Al-Junaid #Abd_al-Rahim_Dagalo #Sudamin #Kabkabiya #Darfour #exportation #prix #Um_Dafouk #Armée_populaire_de_libération_du_Soudan (#APLS-Nord) #Abdelaziz_al_Hilu #cyanure #thiourée #pillage #Egypte #or_de_guerre

  • How fascism begins

    An acquaintance, whose name is unimportant for this story, once talked about this board game. He is a German who works for an Israeli company, and his colleagues invited him one day to a game evening. They game they proposed was "Secret Hitler,” the point of which is to identify Adolf Hitler and kill him before he can become chancellor of Germany. It is, the colleagues assured him, much funnier than it sounds. But the acquaintance declined. He, as a German, playing "Secret Hitler”? It seemed like a bad idea.

    Hardly anyone in Germany knows of the game "Secret Hitler,” which shouldn’t come as a surprise. It sounds rather toxic, bad karma. In fact, though, it is a rather interesting game about how mistrust develops. A game that focuses on the art of lying – about the naivete of good and the cunning of evil. About how the world can plunge into chaos. And about how ultimately, the course of history is largely decided by chance.

    The game is set in 1932, in the Berlin Reichstag. The players are divided into two groups: fascists against democrats, with the democrats in the majority, which might sound familiar. But the fascists have a decisive advantage: They know who the other fascists are, which is also reflective of historical reality. The democrats, though, are not privy to such knowledge – any of the other players could be a friend or an enemy. The fascists win the game if they are able to pass six laws in the Reichstag or if Hitler is elected as chancellor. For the democrats to win, they have to pass five laws or expose and kill Hitler.

    The game starts with everyone acting as though they are democrats. To win, all the democrats have to do is trust each other, but it’s not quite that easy, since the democrats sometimes have to vote for a fascist law for lack of a better alternative, and they thus begin looking like fascists themselves. Which is exactly what the fascists want.

    One insight from the game is that there is no strategy for guaranteeing a democratic victory and a fascist defeat. One wrong decision, that might feel right in the moment, can lead to Hitler becoming chancellor. It’s all by chance, just as there was no inevitability about how things turned out in 1933. Another insight: Being a fascist can be fun.

    "Secret Hitler” hit the market in 2016, shortly before Donald Trump was elected president in the United States. The game’s authors, a couple of guys from the progressive camp, collected $1.5 million from the crowdfunding platform Kickstarter for the project. Their goal was to introduce a bit of skepticism about the political process, apparently channeling the zeitgeist of the time: Euro crisis, Russia’s annexation of the Crimea, Brexit, the refugee crisis. The public debate at the time focused on the crisis of democracy, the threat from the right and authoritarian tendencies. But fascism? Adolf Hitler?

    Accusations of fascism have been part of the extreme-left arsenal since World War II. The West German, far-left terror group known as the Baader-Meinhof Gang justified its "armed struggle” by arguing that the postwar German republic was little more than a fascist police state. Accusing someone of being a Nazi was both an insult and a way of demonizing one’s political opponent – a slightly paranoid barb that trivialized German history. Isn’t fascism defined by Germany’s slaughter of 6 million Jews? Who, aside from a handful of nutcases, could seriously be a fascist?

    The reversion to fascism is a deep-seated fear of modern democratic societies. Yet while it long seemed rather unlikely and unimaginable, it has now begun to look like a serious threat. Vladimir Putin’s imperial ambitions in Russia. Narendra Modi’s Hindu nationalism in India. The election victory of Giorgia Meloni in Italy. Marine Le Pen’s strategy of normalizing right-wing extremism in France. Javier Milei’s victory in Argentina. Viktor Orbán’s autocratic domination of Hungary. The comebacks of the far-right FPÖ party in Austria and of Geert Wilders in the Netherlands. Germany’s AfD. Nayib Bukele’s autocratic regime in El Salvador, which is largely under the radar despite being astoundingly single-minded, even using the threat of armed violence to push laws through parliament. Then there is the possibility of a second Trump administration, with fears that he could go even farther in a second term than he did during his first. And the attacks on migrant hostels in Britain. The neo-Nazi demonstration in Bautzen. The pandemic. The war in Ukraine. The inflation.

    The post-Cold War certainty that democracy is the only viable form of government and would cement its supremacy on the global political stage has begun to crumble – this feeling that the world is on the right track and that the almost 80 years of postwar peace in Western Europe has become the norm.

    Now, though, questions about fascism’s possible return have become a serious topic of debate – in the halls of political power, in the media, in the population, at universities, at think tanks and among political scientists and philosophers. Will history repeat itself? Are historical analogies helpful? What went wrong? And might it be that democracy itself helped create a monster of which it is deathly afraid?

    IS TRUMP A FASCIST?

    In May 2016, Donald Trump emerged as the last Republican standing following the primaries, and the world was still a bit perplexed and rather concerned when the historian Robert Kagan published an article in the Washington Post under the headline "This is how fascism comes to America.”

    The piece was one of the first in the U.S. to articulate concerns that Trump is a fascist. It received significant attention around the world and DER SPIEGEL published the article as well. It was an attention-grabbing moment: What if Kagan is right? Indeed, it isn’t inaccurate to say that Kagan reignited the fascism debate with his essay. Interestingly, it was the same Robert Kagan who had spent years as an influential member of the Republican Party and was seen as one of the thought leaders for the neocons during the administration of George W. Bush.

    The article has aged well. Its characterization of Trump as a "strongman.” It’s description of his deft use of fear, hatred and anger. "This is how fascism comes to America, not with jackboots and salutes,” Kagan wrote, "but with a television huckster, a phony billionaire, a textbook egomaniac ’tapping into’ popular resentments and insecurities, and with an entire national political party – out of ambition or blind party loyalty, or simply out of fear – falling into line behind him.”

    It is an early summer’s day in Chevy Chase, a residential suburb of Washington, D.C. Kagan, whose Jewish ancestors are from Lithuania, was born in Athens in 1958. He is an expert on foreign policy. Kagan supported George W. Bush’s wars in Iraq and Afghanistan and, even if the reasons for going to war in Iraq were ultimately revealed to have been fabricated and both conflicts ended with undignified withdrawals, he continues to defend the idea of American interventionism and the country’s global leadership role.

    These days, Kagan works for The Brookings Institution, the liberal think tank. In our era, he says, it has been possible to believe that liberal democracy and its dedication to human rights were unavoidable, almost inevitable. But, he continues, that’s not necessarily true. The rise of liberal democracy was the result of historical events like the Great Depression. And of World War II, which was, Kagan says, fought in the name of freedom and created a completely new, better world.

    What Kagan means is that because liberal democracy was never inevitable, it must constantly be defended. It cannot relax, it can never rest on its laurels out of a conviction that the end of history has been reached. There is no natural law that defends democracy from someone like Trump, or from fascism, or from the Christian nationalists who believe in Trump.

    Freedom is difficult. It gives people space, but it also leaves them largely to their own devices. It doesn’t offer security and fails to provide many things that people need. It atomizes societies, destroys hierarchies and disempowers established institutions such as religion. Freedom has many enemies.

    Kagan’s ninth book has just hit the shelves in the U.S. It is called "Rebellion: How Antiliberalism Is Tearing America Apart Again” and describes Christian, white nationalism in America as a challenge to liberal democracy. Its goal: a country rooted in Christianity in which the Bible is more important than the principles expressed in the Declaration of Independence and the Constitution. For Christian nationalists, Trump is an instrument, the perfect leader for this revolution precisely because he cares little for the values of liberalism and the Constitution. When he told a late July gathering of Evangelical Christians in Florida that if they voted for him, "you won’t have to vote anymore,” it was precisely the kind of thing Kagan warns against.

    And it could be even worse this time around. If Trump wins the election, Kagan believes, the old system will be destroyed. It will be, the historian believes, an unimaginable political disruption, as though everything would collapse on the first day. Kagan believes he will use the Department of Justice to take revenge on his enemies and militarize migration policy to round up hundreds of thousands of illegal immigrants. The system of checks and balances would gradually be eroded. First, the immigrants would lose their rights, followed by opposition activists, who would be arrested and prosecuted.” For me, that’s enough,” says Kagan. "Even if the system looks the same.”

    We always thought there was no going back to the dark times, says Kagan. “I don’t think history moves in a direction. It just walks around. The Greeks had a cyclical view of history, not one of progress. The Chinese have a view that nothing changes. The Chinese historically don’t believe in progress. They believe in a single world system.”

    His opponents view Kagan as one of those neocons who now want to become part of the anti-fascist coalition to turn attention away from their own role in paving the way for Trumpism. They refer to him as "the most dangerous intellectual in America.” Kagan is rather fond of the label.

    WHAT IS FASCISM?

    If Robert Kagan is a conservative, then Jason Stanley, a professor of philosophy at Yale University, is on the exact opposite end of the spectrum. He is a liberal leftist, and yet his views are similar to Kagan’s. Or are they similar for precisely that reason?

    Stanley’s son has his Bar Mitzva on the weekend, the Jewish ritual celebrating a boy’s 13th birthday and his entry into adulthood. Stanley pulls out a box full of diaries written by his grandmother Ilse in 1930s Berlin. Her elegantly sweeping handwriting exudes conscientiousness. Stanley also shows a ticket from August 1939 for the America Line from Hamburg to Southampton in New York. It feels odd to flip through her diaries.

    Jason Stanley’s biography and the story of his family closely tracks 20th century history. It is an exuberant narrative that allows but a single conclusion: fervent anti-fascism.

    Ilse Stanley is the central character in this narrative. Born in the Schlesian town of Gleiwitz in 1906, her father was an opera singer and later the senior cantor at the synagogue on Fasanenstrasse in Berlin. She became an actress, trained by Max Reinhardt at Berlin’s Deutsches Theater, and secured a minor role in Fritz Lang’s famous film "Metropolis.” She was an elegant Berlin woman who led a double life. She felt thoroughly German and used falsified papers to free more than 400 Jewish and political prisoners from the Sachsenhausen concentration camp just north of Berlin.

    Her son, Jason Stanley’s father, was born in 1932 and, as a small boy, he would watch Hitler Youth marches from this grandparent’s balcony overlooking Kurfürstendamm. He was amazed by the torches, flags and uniforms, and asked if he could join them. He saw the synagogue on Fasanenstrasse burning during the Night of Broken Glass, seeking safety in the car of Gustav Gründgens, an acquaintance of his mother’s. He was beat so badly by the Nazis that he suffered from epileptic seizures for the rest of his life. In 1938, Ilse’s husband, a concert violinist, received a visa for Britain and left his wife and son behind in Berlin. The boy was seven when he and his mother had to go into hiding as they waited for their visa to travel to the U.S. After the war, he became a professor of sociology and spent the rest of his life studying how societies can descend into evil. Jason Stanley’s resemblance to his father is astounding.

    Six years ago, Stanley published a book in the U.S. called "How Fascism Works: The Politics of Us and Them.” The German translation only appeared two months ago, a source of annoyance for Stanley. He also has German citizenship and says that he loves the country despite everything.

    So how does fascism work? Modern-day fascism, Stanley writes, is a cult of the leader in which that leader promises rebirth to a disgraced country. Disgraced because immigrants, leftists, liberals, minorities, homosexuals and women have taken over the media, the schools and cultural institutions. Fascist regimes, Stanley argues, begin as social and political movements and parties – and they tend to be elected rather than overthrowing existing governments.

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    Stanley describes 10 characteristics of fascism.

    First: Every country has its myths, its own narrative of a glorious past. The fascist version of a national myth, however, requires greatness and military power.

    Second: Fascist propaganda portrays political opponents as a threat to the country’s existence and traditions. "Them” against "us.” If "they” come into power, it translates to the end of the country.

    Third: The leader determines what is true and what is false. Science and reality are seen as challenges to the leader’s authority, and nuanced views are viewed as a threat.

    Fourth: Fascism lies. Truth is the heart of democracy and lies are the enemy of freedom. Those who are lied to are unable to vote freely and fairly. Those wanting to tear the heart out of democracy must accustom the people to lies.

    Fifth: Fascism is dependent on hierarchies, which inform its greatest lie. Racism, for example, is a lie. No group of people is better than any other – no religion, no ethnicity and no gender.

    Sixth: Those who believe in hierarchies and in their own superiority can easily grow nervous and fearful of losing their position in that hierarchy. Fascism declares its followers to be victims of equality. German Christians are victims of the Jews. White Americans are victims of equal rights for Black Americans. Men are victims of feminism.

    Seventh: Fascism ensures law and order. The leader determines what law and order means. And he also determines who violates law and order, who has rights and from whom rights can be withdrawn.

    Eighth: Fascism is afraid of gender diversity. Fascism feeds fears of trans-people and homosexuals – who aren’t simply leading their own lives, but are seeking to destroy the lives of the "normal people” and coming after their children.

    Ninth: Fascism tends to hate the cities, seeing them as places of decadence and home to the elite, immigrants and criminality.

    Tenth: Fascism believes that work will make you free. The idea behind it is that minorities and leftists are inherently lazy.

    If all 10 points apply, says Stanley, then the situation is rather dicey. Fascism tells people that they are facing and existential fight: Your family is in danger. Your culture. Your traditions. And fascists promise to save them.

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    Fascism in the U.S., Stanley says, has a long tradition stretching back deep into the last century. The Ku Klux Klan, he says, was the first fascist movement in history. "It would be misguided to assume that this fascist tradition simply vanished.”

    That tradition can still be seen today, says Stanley, in the fact that a democratic culture could never fully develop in the American South. That has now resulted in election officials being appointed in Georgia that aren’t likely to stand up to repeated election manipulation attempts by Trump followers. "Trump,” says Stanley, "won’t just spend another four years in the White House and then disappear again. These are not normal elections. They could be the last.”

    Some of Stanley’s friends believe he is overreacting. For antagonistic Republicans, he is likely the amalgamation of all their nightmares – one of those leftist, East Coast professors who holds seminars on critical race theory and lectures as a guest professor in Kyiv about colonialism and racism. At 15, he spent a year as an exchange student in Dortmund and had "Bader Meinhof” (with the missing second "a” in Baader) needlepointed onto his jacket. He went on to marry a Black cardiologist who was half Kenyan and half American. His children, who are nine and 13 years of age, are Black American Jews with German, Polish and African roots.

    He says that he reads Plato with them – the same Plato who says that democracy is impossible and ends in tyranny – because he wants them to understand how difficult democracy is, but also how strong. Stanley carries so many identities around with him that the result is a rather unique citizen of the world who is well-versed in numerous perspectives and in the world’s dark sides. Which hasn’t been enough to protect him from an ugly divorce. He is a philosopher who seeks to find order in the world’s chaos while finding support from the pillars of his identity.

    In her diaries, Ilse Stanley doesn’t write about the dark politics in the dark prewar years, instead looking at her own dark life. She writes about her husband who no longer speaks with her, treats her with disdain and cheats on her. She writes about her depression, her loneliness and her affairs. Ilse Stanley was divorced three years after World War II finally came to an end. She began a new life.

    IS PUTIN A FASCIST?

    Timothy Snyder speaks thoughtfully and quietly, but with plenty of confidence. Putin is a fascist. Trump is a fascist. The difference: One holds power. The other does not. Not yet.

    "The problem with fascism,” Snyder says, "is that it’s not a presence in the way we want it to be. We want political doctrines to have clear definitions. We don’t want them to be paradoxical or dialectical.” Still, he says, fascism is an important category when it comes to understanding both history and the present, because it makes differences visible.

    Lunchtime at the Union League Café in the heart of New Haven. The campus of Yale University begins on the other side of the street. Snyder, professor of Eastern European history, is one of the most important intellectuals in the U.S. He is an author, having written books like "Bloodlands: Europe Between Hitler and Stalin,” which examines the political violence in Ukraine, Belarus, Poland and the Baltics which killed 14 million people – at the hands of both Nazis and Communists. He is an activist, whose pamphlet "On Tyranny: Twenty Lessons from the Twentieth Century” became a global bestseller. And he is a self-professed Cassandra, having foreseen a Russian military intervention just weeks before the country’s annexation of the Crimea, in addition to predicting, in 2017, a Trump putsch attempt. When he met Volodymyr Zelenskyy in Kyiv in 2022, the first thing the Ukrainian president told him was that both he and his wife had read "On Tyranny.”

    Putin, says Snyder, has been quoting fascist thinkers like Ivan Ilyin for 15 years. The Russian president, he continues, is waging a war that is clearly motivated by fascist motives. It targets a country whose population Putin considers to be inferior and a state that he believes has no right to exist. And he has the support of an almost completely mobilized society. There is, Snyder writes, a cult surrounding the leader, a cult surrounding those who have fallen in past battles and a myth of a golden empire that must be reestablished through the cleansing violence of war.

    A time traveler from the 1930s, Snyder wrote in a May 2022 article for the New York Times, would immediately recognize Putin’s regime as fascist. The Z symbol, the rallies, the propaganda, the mass graves. Putin attacked Ukraine just as Hitler attacked the Soviet Union, Snyder wrote – as an imperial power.

    But Putin’s version of fascism, the historian argues, also has post-modern characteristics. Post-modernism assumes that there is no such thing as truth, and if there is no truth, then anything can be labeled as truth. Such as the "fact” that the Ukrainians are Nazis in addition to being Jewish and gay. The decision as to what truth is and who defines it is made on the battlefield.

    The paradox of Putin’s fascism – Snyder refers to it as "schizo-fascism” – is that he claims to be acting in the name of anti-fascism. The Soviet Union under Stalin, he says, never formed a clear position on fascism, and even allied itself with Nazi Germany in the form of the Hitler-Stalin pact, thus fueling World War II. After the war, though, the Soviet Union didn’t just declare Nazi Germany fascist, but also all those by which the leadership felt threatened or those it didn’t particularly like. "Fascist” became just another word for enemy. Putin’s regime feeds off that Soviet past: Russia’s enemies are all declared fascists. And it is precisely in Putin’s supposed anti-fascism, argues Snyder, that his fascism can be seen. Those who label their enemies "fascists” and “Nazis,” provide a justification for war and for crimes against humanity.”’Nazi’ just means ’subhuman enemy’ – someone Russians can kill,” he wrote.

    A Putin victory would be more than just the end of democratic Ukraine. "Had Ukraine not resisted, this would have been a dark spring for democrats around the world,” Snyder concluded. "If Ukraine does not win, we can expect decades of darkness.”

    Snyder is from Dayton, Ohio, located right in the middle of the "flyover zone.” His parents are Quakers, former members of the Peace Corps with a weakness for Latin American revolutionaries. Ivory tower colleagues like Samuel Moyn of Yale Law School believe that Snyder suffers from "tyrannophobia.” Others think he is paranoid. Snyder says that hardly anyone at the time predicted World War I or the Holocaust. Things are possible, he argues, that cannot be seen in the present.

    If Trump win the election, he believes, organized resistance will be the result. Would Trump then send in the FBI or even the military to quell such unrest? What might happen to state institutions? Snyder believes the economy would collapse and institutions like the FBI and the military could be torn apart by conflicts. A few weeks ago, Snyder wrote on the newsletter platform Substack: "Old-guy dictatorship involves funeral planning.” Trump, Snyder argues, is afraid of dying in prison or being killed by his opponents. Autocracies are not forever, and the defeat of autocrats is closely linked to their end.

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    How, though, was the rise of Trump made possible in the first place? How can it be that a democracy plunges so deeply into irrationality?

    First, says Snyder, Trump’s career is based on a bluff. He was never a successful businessman, Snyder argues, and he only found success as an entertainer, as a television personality. He knows what you have to do to reach people, which, Snyder says, is an important prerequisite for a developing charismatic leader. It is precisely this talent that makes him so successful on social media platforms, where emotions are all that matter – the feeling of "them or us.”

    Second: Social media influence our perceptive abilities, Snyder says. Indeed, the academic argues, they themselves have something fascist about them, because they take away our ability to exchange arguments in a meaningful way. They make us more impatient and everything becomes black or white. They confirm that we are right, even if our positions are objectively false. They produce a cycle of anger. Anger confirms anger. And anger produces anger.

    Third: The Marxists of the 1920s and ’30s, Snyder says, believed that fascism was merely a variant of capitalism – that the oligarchs, as we would call them today, made Hitler’s rise possible in the first place. But that’s not true, Snyder argues. Big Business, of course, supported Hitler’s grab for power because they hoped he would liberate them from the labor unions. But most of the oligarchs didn’t support his ideas. "So there is a funny way in which the Marxist diagnosis, I think, is now true in a way that it wasn’t a hundred years ago,” says Snyder, “but there aren’t many proper Marxists left to make this argument.”

    One of these new oligarchs, Snyder points out, is Elon Musk. Nobody, he says, has done more than him in the last year and a half to advance fascism. He unleashed Twitter, or X, and the platform has become even more emotional, says Snyder, more open to all kinds of filth, Russian propaganda in particular. Musk, Snyder says, uses the platform to spread even the most disgusting conspiracy theories.

    Like Robert Kagan, Snyder also believes that democracies have underestimated the danger posed by fascism because they believed for too long that there is no alternative to democracy. "Gerhard Schröder tells us Putin is a convinced Democrat, right? It’s an obvious lie, but you can believe it only if you believe there is no alternative to democracy.” The result, he says, is that "Germany has been supporting this fascist for a long time while being concerned about Ukrainian fascism.”

    IS FASCISM A PROCESS?

    Paul Mason lives in one of those central London neighborhoods that was repeatedly struck by German rockets during World War II. Which is why there are entire blocks of new buildings from the 1950s and ’60s among the old rowhouses. In Europe, fascism and its consequences are never far away.

    Mason is a figure that used to be more common: an intellectual in a center-left party. He is from the working class and was the first in his family to attend university. He has made films for the BBC and worked for Channel 4, he wrote a column for the Guardian and works on Labour Party campaigns.

    His books are characterized by big ideas and the broad horizons they open up. "How to Stop Fascism: History, Ideology, Resistance” is his best-known work – dark, alarmist and combative. But in contrast to Kagan, Snyder and Stanley, he was a real Antifa activist who took to the streets in the 1970s and ’80s against the skinheads.

    Fascism, according to the core of Mason’s argument, is the "fear of freedom triggered by a glimpse of freedom.” Just as the fascist movement of the 20th century was a reaction to the labor movement, he writes, neo-liberalism has today, on the one hand, dissolved postwar societies, destroyed the power of the labor unions and annulled the privileges of the primarily white and male working class. On the other hand, women have acquired more influence and Western societies have become more pluralistic. The consequence: the collapse of common sense.

    Mason is interested in something he calls, citing the historian Robert Paxton, the "fascist process.” Fascism, he says, is not static. Rather, it is a type of "political behavior” that feeds off its own dynamism and is not reliant on complicated ideologies. Fascism, it would seem, can be rather difficult to grasp. Just like Stanley, Mason uses a checklist. Somehow, the chaos of fascism must be forced into order.

    –-

    Here is Mason’s 10-point "fascist process”: A deep crisis starts things off – such as the loss of World War I for the Germans early last century or, today, the cluster of recent crises including the financial crisis, migration, COVID and climate change. Such crises produce, second, a deep feeling of threat and the loss of sovereignty. Then, third, come suppressed groups that begin to rise up: women, climate activists, Black Lives Matter activists. People trying to find a path to the future through the crisis.

    That triggers, fourth, a culture war. Fifth, a fascist party appears. Sixth, panic develops among members of the middle class, who don’t know whether to succumb to their fears of losing prosperity or to their fears of the radical right. Seventh, the rule of law is weakened in the hope that it might pacify the developing conflicts. Eighth, a weakened left begins arguing about with whom to form alliances in an effort to stand up to the radical right wing. Similar to, ninth, the conservative wing’s handwringing about the degree to which the right wing must be accommodated in order to contain them. And once all those steps have taken place, the hour of fascism has struck. Point 10, the end of democracy. The fascists make up the societal elite.

    All of that seems rather schematic, which is how it is intended. But aren’t all Western societies familiar with the steps Mason has sketched out? Hasn’t the feeling that the government can no longer control the borders advanced deep into the center of society? The fear of vaccination mandates? The fear of shifting gender identities, the favorite target of the right wing, along with animosity toward the German draft law intended to make it easier for trans-people to change their genders? The fear of a shift toward the radical climate activists and toward people who fight against racism? The culture war is real – it is already underway. We are right in the middle of Mason’s "fascist process.”

    The foundation of the fascist process can today be found online and the networks that have developed there. That is where the fantasies are developed that fuel the process. End-of-the-world delusions. The dream of restoring a national greatness that never actually existed. The idea that our world is heading for an unavoidable ethnic war. And that it is necessary to get ready for the coming battle.

    AND THE CONSERVATIVES?

    Thomas Biebricher, a professor for political theory and the history of ideas in Frankfurt, has an unusual job: He is one of the few political scientists in Germany who focuses on conservatism.

    Germany’s Christian Democratic Union (CDU) is one of the most successful conservative parties in Europe. It is a party born during the postwar period and rooted in the realization that fascism was made possible in part due to the lack of a commitment to democracy.

    The CDU, Biebricher argues in his large study called "Mitte/Rechts” (Center/Right), which appeared last year, has become the exception in Europe. Everywhere else, including in Italy, France and the United Kingdom, the conservative camp has almost completely disintegrated, with center-right parties having lost the ability to integrate the right-wing fringe. Italy was first, when Silvio Berlusconi took over the right with his Forza Italia party – and today, the post-fascists under Prime Minister Giorgia Meloni are in power. In France, Gaullism, which held sway in the country for decades, has become little more than a fringe phenomenon while Marine Le Pen has become President Emmanuel Macron’s primary challenger. And in Britain, the Tories lost votes to the right-wing populists behind Nigel Farage in the last election.

    The term "fascism” only seldom appears in "Mitte/Rechts.” Why? "Because it doesn’t add anything analytically or politically, it immediately sparks the final level of escalation,” he says. Biebricher teaches in Frankfurt, but lives in the Berlin neighborhood of Prenzlauer Berg. He shares an office with the organizers of a literary office.

    Conservatism, Biebricher says, is one of the three large political currents of the modern era, along with socialism and liberalism. Born out of the aristocratic and clerical resistance to the French Revolution, it has, the professor argues, diminished over the years to a simple desire to put the brakes on progress. While socialism and liberalism strive toward the future, conservatism is eager to preserve as much of the present as possible. Even if that present is the future that it was recently fighting against.

    But ever since the Eastern Bloc collapsed and the speed of technological and societal change has increased, says Biebricher, the principle of pragmatic deceleration is no longer working. Some conservatives see the world passing them by and have given up. Others have begun to fantasize about a past that may never have existed but which seems worthy of defending – "Make America Great Again,” "Make Thuringia Great Again.” Conservatism, he argues, has fragmented into a number of different streams: pessimists, pragmatists and the radicals, who aren’t actually conservative anymore because they have abandoned the traditional conservative value of moderation.

    "Those who are eager to brand the radicals as fascists,” says Biebricher, "should go ahead and do so. The term primarily targets the past and doesn’t reflect what is genuinely new. It primarily serves to create distance.”

    The authoritarian conservatives, says Biebricher, have dispensed with all of the historical trappings of fascism, instead attempting to rebuild liberal democracy to their liking. "But I would use the term when it comes to Trump and his MAGA movement – because the storm of the Capitol was actually an attempt to violently overthrow the system.”

    But this kind of violence can be seen everywhere, says the Austrian political scientist Natascha Strobl. It merely manifests itself differently than it did in the 1920s, when, early on in the fascist movement in northern Italy, gangs of thugs were going from village to village attacking farmer organizations and the offices of the socialist party, killing people and burning homes to the ground. Today, says Strobl, violence is primarily limited to the internet. "And it is,” says Strobl, "just as real. The people who perpetrate it believe they are involved in a global culture war, a struggle that knows no boundaries. An ideological civil war against all kinds of chimeras, such as ’cultural Marxism’ or the ’Great Replacement.’”

    Strobl writes against the background of Austria’s recent past, which saw the party spectrum change in the 1990s in a manner similar to Italy’s, with the Freedom Party of Austria (FPÖ) growing in strength, a party that didn’t just exude characteristics of right-wing populism, but also maintained ties to the radical right, such as the right-wing extremist Identitarian Movement. And despite all of the scandals that have rocked the party, it is again leading in the polls. Parliamentary elections are set for late September, and an FPÖ chancellor is far from unrealistic. Strobl herself has been the target of threats for many years, even finding a bullet hole in her kitchen window on one occasion.

    POPULISTS OR FASCISTS?

    The accusation of fascism is the most potent weapon in the arsenal of democratic discourse. It is, says political scientist Jan-Werner Müller, the last card that one can play to wake people up and warn them of the gathering storm. But, he argues, it is not particularly useful as a category for describing the political developments of the present. That which reminds some people of fascism, he says, is actually right-wing extremist populism. And the "F-word” isn’t adequate for describing the phenomenon. Indeed, he says, it is so inadequate that it may even serve to reduce the urgency because the comparison with the 1930s seems so implausible and alarmist.

    Müller has been teaching at Princeton University in New Jersey since 2005. He has produced one of the most influential theories on populism, and he is the only German author in the widely discussed anthology "Did It Happen Here? Perspectives on Fascism and America,” which was published in the U.S. in March.

    Historical fascism, says Müller, is rooted in the massive violence of World War I. Its initial promise was the creation of a new human being in a nation of ethnic peers. It celebrated violence as a source of meaning, and death on the battlefield as not only necessary, but as a fulfillment of humanity. It was, argues Müller, a blueprint for anti-modernity, a thoroughly mobilized and militarized society with a cult of masculinity. An ideology which assigned women one single role, that of child-bearer. It was a movement that presented itself as a revolution – one that promised not only national rebirth but also a completely different future.

    Müller sees little of that in today’s right-wing political movements. What he does see, he says, is a right-wing extremist populism that reduces all political issues to questions of belonging and portrays opponents as a threat, or even as enemies. It is a movement that wants to turn back the clock, a movement without a utopia.

    The fascism debate has become stuck in the question of "Weimar” or "democracy”? But, he says, it is possible to imagine a different path. You have to think in your own era, says Müller. Which does not mean that there are no dark clouds on the horizon. Populism can also destroy democracy, as it has in Hungary, and it has the potential to trigger racist radicalization.

    But how should democracies deal with the populist threat? "There are two extremes,” says Müller, "and both are wrong.” The first extreme is complete exclusion. "Don’t talk to them.” That strategy only serves to confirm the narratives of such parties, which claim that they are the only one’s speaking the truth. "Look at how the elite are treating us. They are ignoring us!”

    But the other extreme is just as misguided. Believing that populists are telling the truth about our society and handing them a monopoly over our "concerns and needs.” That, says Müller, only leads to a legitimatization of their positions – to trying to keep up and joining them in unconditional coalitions. Müller refers to this path as the "mainstreaming of right-wing extremism – a development that can be seen virtually everywhere in Europe.”

    What is the correct path? "To talk with them, but to avoid talking like them.” It is possible to discuss immigration, he says, without talking about vast conspiracy theories like the Great Replacement,” which holds that former German Chancellor Angela Merkel intended to replace the German people with the Syrians. It is important, he says, to set aside the moral cudgel and make clear: "We are prepared to treat you as a legitimate part of the political landscape if you change your behavior.” Müller says even that is a slightly paternalistic, didactic approach, but that’s not forbidden in a democracy. Particularly given that there is plenty of debate about where, exactly, the red lines run that may actually strengthen democracy.

    There is one thing, though, he argues, that makes the situation more complicated. Democracies and their leaders long thought that they had a systematic advantage. That democracy is the only political system that can learn and correct its own mistakes. Today, when authoritarian systems emerge, he says, we tend to underestimate them. When Viktor Orbán appeared and turned Budapest, as Müller describes it, into a kind of Disneyland for the new right, many thought for far too long that things would take care of themselves as they always had. "As an ardent fan of FC Cologne, I know from experience that things don’t always go well.”

    But right-wing populist politicians are also capable of learning: They shun images that remind people of the 20th century, says Müller. They avoid large-scale repressions. They limit press freedoms but maintain a couple of alibi newspapers. They rule such that they can always say: "We are democrats. Come to Budapest. Is this what fascism looks like?”

    Orbán refers to his government as an "illiberal democracy.” Hungary continues to hold elections, but media pluralism is a thing of the past as are fundamental democratic rights such as freedom of opinion and assembly. Müller says that Orbán’s Hungary should not be seen as a "democracy” just because he is still popular among many Hungarians. Doing so would mean that his critics could only argue in the name of liberalism. And that is exactly what illiberals want, says Müller. But if he is shown to be a kleptocrat and an autocrat, that is when things could grow uncomfortable for Orbán.

    And what about Germany, a country Müller sees as the motherland of robust democracy? Are the country’s defenses not failing in the face of the AfD?

    "In Germany,” he says, "a more nuanced toolkit is available.” You can ban state party chapters or individual organizations, and you can also strip politicians of certain rights, says Müller. You don’t have to immediately ban an entire party. "You can demonstrate to those elements of the party that haven’t become completely radicalized: ’People, we are showing you where the limits of democracy lie.’ And maybe that can trigger a moderation.” That, too, is a didactic approach, but democracy is ultimately allowed to declare its principles and defend them. "If the party pursues the Höcke path, then it may ultimately have to be banned,” says Müller, referring to Björn Höcke, the ultra-radical head of the AfD state chapter in Thuringia.

    But hasn’t the party grown too large for that? "Not necessarily. It would, to be sure, produce political martyrs. But right-wing populists pose as victims anyway.”

    AND THE DEMOCRATS?

    Sometimes, the debate about the threats facing democracy can give the impression that evil spirits have suddenly been let loose on the world. An attack of the lunatics, a storm of irrationality, an impending relapse into barbarianism. An onslaught that must be fended off with united forces using the biggest guns available. All of that is a reasonable conclusion and it sounds both logical and correct, but might it be that democracies and democrats have also had a role to play in the rise of their enemies?

    Philip Manow, born in 1963, is a political science professor at the University of Siegen. His most recent book, which was published by Suhrkamp in May, takes a closer look at the future of liberal democracy. Manow is a provocateur, and he quotes Paul Valéry, the philosopher, who wrote: “That which has always been accepted by everyone, everywhere, is almost certain to be false.” Manow says: The problem isn’t populism, it is liberal democracy itself.

    We met for lunch in late-July at the restaurant inside Cologne’s Museum Ludwig – an encounter that turned into a two-and-a-half-hour deconstruction of the political discourse.

    A liberal democracy, as Jan-Werner Müller also says, consists of more than just free elections with ballots cast in secret. It is shaped by the idea of human dignity and other universalist ideas. It is rooted in the separation of powers, freedom of opinion, press freedoms, the protection of minorities, the independence of its institutions and the rule of law. It must be robust, which is why, Manow says, democracies are equipped with a high court and domestic intelligence agencies designed to protect the constitution – along with the possibility, though the hurdles are high, of banning political parties. There is also, he says, a kind of political dictum that democracies and its parties erect a kind of firewall against the enemies of democracy.

    Liberal democracy, says Manow, sees itself as the product of lessons learned in the first half of the 20th century. On the one hand, the tyrants must be prevented from securing parliamentary power. The events of 1933 Germany must not be repeated. On the other hand, the abyss of the Holocaust, the political scientist continues, led to the establishment of a catalog of human rights by the newly established United Nations as a path to a better world. But the human rights discourse only experienced a breakthrough starting in the 1970s, when communism was definitively discredited by the publication of Alexandr Solzhenitsyn’s anti-Stalin tract "The Gulag Archipelago” and when the West lost its shine in the wake of the Vietnam War, Watergate and the Civil Rights Movement.

    The resulting vacuum of ideals was, says Manow, filled with the idea of human rights universalism as the final utopia – one that didn’t just become a reference point for dissidents in the Eastern Bloc but also came to shape the debate in Western democracies. The institutional manifestation of this debate following the collapse of communism, says Manow, was ultimately decisive. The nations of Eastern Europe took their cue from the liberal-democratic model of Western countries, particularly the German version with its strong constitutional defenses. At the same time, European integration progressed in the 1990s, with borders opening up and a joint currency being introduced. The EU increasingly defined itself as a community of shared values, led primarily by the rule of law and the court system.

    Populism, says Manow, should primarily be seen as a counterreaction – as an illiberal democratic response to an increasingly undemocratic liberalism. The political-economic upheavals, whether it was the Euro crisis in 2010 or the migration crisis starting in 2015, put wind in the sails of the populist parties, says Manow, because there was no meaningful opposition within the established parties to policies declared by Merkel (and elsewhere) as being without alternative. Indeed, Merkel herself, he says, became just as inevitable as her policies. When elections were held, the primary question on the ballot was what party would become her junior coalition partner. "That paved the way for the AfD.”

    Liberal democracy, says Manow, responded robustly with an arsenal of morally charged values. The populist problem was to be resolved through the judiciary, a strategy adopted without considering the possibility that using law as a replacement for politics was perhaps part of the problem.

    But that is a dangerous development in Manow’s view because the political battlefield was brought into the courtroom. The judiciary itself becomes politicized. Ultimately, the high court morphs into just another party-political body, says Manow, like the Supreme Court in the U.S., where in many instances, justices vote along the lines of the party that nominated them. Those who stand for positions that find no place in the institutions, however, develop a kind of fundamental opposition: "The system is ailing and broken and the whole thing must go.”

    Instead of legal system, the focus should be returned to electoral principles, says Manow. A body politic includes people with a variety of opinions, convictions and values. There is, unfortunately, no better way, he says, than allowing the people to decide on controversial issues following a public debate. Competition among political parties, elections and public discourse, Manow says, make up the fundamental mechanism of stability in democracies. Liberal democracy, the political scientist argues, produces its crises, while electoral democracy processes those crises.

    And what if the populists win the elections? Wait it out, says Manow. Those who believe that voters are fundamentally complicit in their own disempowerment should stay away from democracy, he says. Poland showed that it is possible to vote populists out of power. Orbán suffered significant losses in the European elections. And up until a month ago, it looked like Trump would be the next president of the U.S. Nothing is as certain as it seems. Trump, not Biden, is now the one who looks like a doddering old man – weird, in fact. Kamala Harris’ strategy: a rejection of gloom and hate. An approach of uniting rather than dividing, with a happily relaxed tone, positivity and an undertone of gentle derision. Looking forward rather than backward.

    THE VERTIGO MOMENT

    The Bulgarian political scientist and adviser Ivan Krastev spends his summer vacations on the Black Sea. In the evenings, his son and his son’s friends play games, and last year their game of choice was "Secret Hitler.” It is certainly possible that Krastev gave them the game to see what would happen. It was his son who said that it was more fun to be a fascist in the game. Why? Because the fascists play as a team, and because the democrats are their own worst enemies, paralyzed by distrust and mutual suspicions. The game, says Krastev, clearly shows why the populists win. Not because they are so strong, but because the democrats are so confused. They want the right thing, but they frequently make the wrong decisions.

    Berlin, the Grand Hyatt Hotel on Potsdamer Platz. Krastev, born in 1965 and a fellow at the Institute for Human Sciences in Vienna, is on his way to Poland via the German capital. He is someone political leaders call when things are complicated. German Chancellor Olaf Scholz and Economy Minister Robert Habeck have both met with him in the past and he is in demand in other capitals as well as one of the continent’s most interesting thinkers, an analyst who pulls the world apart for them before then reassembling it. For his part, he sees himself more as the kind of uncle that exists in every Bulgarian village, the guy who others find both funny and clever. A person who others come to when they need advice, almost like going to the psychiatrist. Listen, Krastev says in his rapid, Bulgarian-accented English, what he is going to say may be rather interesting, but it might not actually be true.

    “Listen, he says, I think we are dealing with something that I would call the other ’Extinction Rebellion.’” The "Great Replacement” right wing, he believes, cannot be understood without looking at demographic developments and especially the fears they trigger. That, for years, has been Krastev’s greatest focus. People cross borders, some on their way in, others on their way out. European societies are aging. And birthrates are falling, without, Krastev says, anyone offering a plausible explanation as to why.

    “It’s the fear of disappearing,” he says. The fear of “one’s own language and culture vanishing.” The fear that migrants could change political realities by voting for those who were allowed to come into the country. That the many new people will change life and change the cities – and that those who have long been here will be stuck, because the newcomers can simply leave if they don’t like it anymore, while they are damned to stay. Everything shifts, says Krastev, the relationships of people to each other and to their own country. The racist fantasies that result, Krastev believe, can certainly be interpreted as a new form of fascism, as the fascism of the 21st century.

    What now unites society, from the left to the right, he says, is their feeling of impending doom. Which is challenging for democracy. If fascism is knocking on the door, Krastev says, then urgent action is necessary, but democracy depends on compromise, which takes time. While democracy may not really have clear ideas for the future, he says, it definitely wants to prevent the past from becoming that future.

    Krastev says that he searched long and hard for a metaphor for our times before finally finding it in Milan Kundera’s "The Unbearable Lightness of Being,” an Eastern European author, of course. Europe, says the Bulgarian, is experiencing a vertigo moment. Vertigo essentially means fear of heights, dizziness on the precipice, the fear of plunging into the depths. But Kundera has a different definition of vertigo: As the emptiness beneath us that lures and seduces us. We want to fall, yet desperately fight against it. There is, says Krastev, this right-wing desire to finally put an end to everything, to Europe; a feeling that everything must fundamentally change. A century ago, fascism had an agenda and a promise: Mussolini propagated an imperial Italian future while Hitler promised to expunge all that was foreign. The new parties, though, says Krastev, don’t have such a vision. They only have suicidal fantasies.

    Never mind the fact that most populists, Krastev believes, don’t even believe that they will ever hold power. They often win by chance. Brexit? Bad luck. Trump? Also. "It’s as if the right wing just date their fears the whole time, and one day, they’re married to them.” The paradox, Krastev believes, is that fascists suspect that the other side might actually be right. Which is their greatest fear.

    Fascism in the 20th century was rooted in dread of the evil other – the communists, the Jews, the enemies. Fascism in the 21st century is rooted in fear. What is the difference between dread and fear? During the pandemic, people dreaded the virus, a deadly attacker. There was an enemy that could be identified. But fear is less specific. There is no clear attacker, it is inside oneself, and in a certain sense, says Krastev, it is the fear of oneself.

    Krastev says that he has developed patience with politicians. The world is changing quickly; things happen, and politicians must respond with decisions. But that doesn’t mean that their decisions will solve the problems. Politics, Krastev believes, is learning to live with the problems, and politics knows no clear victories. Politics is the management of panic. A battle against vertigo, the endless emptiness beneath us.

    So if this fear within is the precondition for modern-day fascism, could any one of us become a fascist? It is, says Krastev, interesting to watch what happens when people play "Secret Hitler.”

    Captain Höcke

    Greiz, a town deep in Germany’s east, south of Gera and west of Zwickau, calls itself the "Pearl of Vogtland,” as the region is called. It is a beautiful town with a castle on the rocks above and another down below on the banks of the river. The Thuringian chapter of the AfD is holding its summer festival here, with blue balloons and a bouncy castle. It is in the heart of Björn Höcke’s electoral district.

    The posters for the event include a photo of Höcke where he looks a little bit like Tom Cruise in "Top Gun.” He is wearing mirrored sunglasses, a bit like aviator sunglasses. And if you look closely, you can see a passenger plane reflected in the lenses. It takes a bit for the penny to drop. The plane is supposed to be a deportation flight of the kind Höcke is constantly talking about, a flight taking illegal immigrants back where they came from once the AfD secures power. As if Captain Höcke were flying the plane himself. Did AfD finally discover irony? Or is it just weird?

    Greiz looks like many other towns in eastern Germany. Nice looking and clean, but seemingly devoid of people. Almost 40,000 people lived here in 1970, but now the population is just over 20,000. There isn’t much life on the streets of the old town, almost as though the townsfolk still believe they are living in a dictatorship and have elected to remain in the safety of their own homes. It isn’t difficult to imagine a resident of a western German city quickly growing lonely here and perhaps even entertaining radical thoughts. On the other hand: Wouldn’t a Greiz native also feel rather lost in Hamburg?

    Around 500 people have gathered in the castle gardens on the shores of the river. There are a few hooligans, some Identitarians with their severely parted hair and polo shirts, rockers with Trump T-shirts, militia types and vaccine truthers who look like aging hippies. Beyond that, the crowd includes people from the working class and middle-class laborers. The police presence is not overwhelming.

    The sun is shining, some are sipping beer – real Thuringians. The mood is neither hostile nor inflamed. Perhaps that has something to do with the fact that the Antifa has only been allowed to hold their counter-protest across the river. In other cities, as colleagues have said, things can get wild.

    Höcke’s appearances in the media are often tense, his eyes flickering with panic and disgust. Here in his electoral district, though, he exudes control. He is, it must be granted, a good speaker and holds forth without notes. He seems to feel right at home on stage. He is wearing jeans and a white shirt, and he begins his speech by talking about the Olympic Games that just got started two days ago. His focus is the scene during the opening ceremony in which drag queens and trans-people, as Höcke describes them, portray da Vinci’s "Last Supper.” It is, the AfD politician insists, an expression of "what is going fundamentally wrong not just in this country, but in all of Europe and the West.” He speaks about the self-hatred of Germans and Europeans and of wanting to overcome European culture and identity. "There is no self-hatred with the AfD. Period. Those who feel a sense of self-hatred should go to a therapist.”

    The German manner in which he says terms like "drag queens” and "trans-gender models” clearly expresses his disgust. He speaks of the widespread decadence in the West and of the urge "to shred our gender identity.” In his speech, he is constantly sending people into therapy. And to those who have their doubts about there only being two biological genders, he says: "My recommendation is that you just open your pants and see what it looks like down there.” Applause.

    Much of his speech focuses on the destruction of "European culture,” the destruction of what is "normal.” He talks about the schools and the childcare centers, about the new draft law in Germany that will make it easier for people to change their genders, about public broadcasters, about freedom of opinion and about the German government’s coronavirus policies, which he portrays as a state crime. And he focuses on migration as the mother of all crises, one which, he says, has transformed Germany into the world’s welfare office. For airplanes full of migrants, he says, only permission to take off will be granted in the future, not to land.

    Höcke’s speech flirts with what allegedly cannot be said and can only be hinted at. As though there was a secret and dangerous truth. "You know what I’m talking about,” he says. Or: "I want to express myself diplomatically.” Or: "You’re not allowed to say that.” Or: "I don’t have to expound on that.” Dark powers are out and about that are targeting him and targeting Germany, that is his message. In conclusion, he warns his listeners in Greiz to avoid voting by mail. He tells them to only go to their polling station late in the day and to remain there as the votes are counted – and to report any irregularities to the AfD. He also tells them to make sure that the care-worker in the retirement home doesn’t fill out grandma’s ballot. You know what I’m talking about.

    It is all rather perplexing. Back in Berlin, Ivan Krastev makes one of his Krastevian jokes. An American judge, he relates, once said that he may not be able to define pornography, "but I know it when I see it.” The reverse is true with fascism, says Krastev: It is simple to define, but difficult to recognize when you see it.

    The "F-word.” F as in fascism or F as in "Fuck you.” It is permissible, as a court in Meiningen ruled, to refer to Höcke as a fascist. The question remains, though, what doing so actually achieves.

    https://www.spiegel.de/international/zeitgeist/finding-the-secret-hitler-how-fascism-begins-a-32c1f376-0086-45b3-bab9-35734

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  • Les voix de la #Saint-Barthélemy - Regards protestants

    Tout ou presque semble avoir été écrit sur le massacre de la Saint-Barthélemy, ses acteurs, ses causes et ses conséquences... Mais, a t-on tout entendu ? Découvrez le résultat de vingt-cinq enquêtes haletantes où l’historien #Jérémie_Foa retrouve les victimes et les tueurs dans leur humaine trivialité.

    Une passionnante enquête tirée du livre « Tous ceux qui tombent, visages du #massacre_de_la_Saint-Barthélemy » de l’historien Jérémie Foa. Un podcast à la croisée du true crime à la première personne, du livre audio et de la #fiction_sonore.

    https://shows.acast.com/les-voix-de-la-saint-barthelemy-regards-protestants
    #histoire
    #podcast #audio

  • Betreuungsdienstleister #ORS und #European_Homecare wollen sich künftig gemeinsam als Markt- und Qualitätsführer präsentieren

    • Die Flüchtlingskrisen der vergangenen Jahre zeigen, dass es professionelle Strukturen zur Bewältigung dieser Herausforderungen braucht
    • In Europa ist die Organisation for Refugee Services (ORS Group) mit Qualitätszertifikat einer der Vorreiter auf diesem Gebiet
    • European Homecare wird mit der ORS Group zusammengehen – dies führt zu positiven Synergien bei der Betreuungsqualität und der Flexibilität zur Bewältigung von Flüchtlingskrisen
    • Die ORS Group mit Sitz in der Schweiz ist in vier europäischen Ländern tätig, hat 2’900 Mitarbeitende und gehört zur international tätigen #SERCO Group in London
    • Die European Homecare ist in Deutschland mit mehr als 100 Einrichtungen flächendeckend vertreten und beschäftigt rund 2’000 Mitarbeitende

    London, Zürich, Essen – Die in Deutschland tätige European Homecare mit Sitz in Essen und die ORS Group mit Sitz in Zürich sollen zusammengeführt werden. Beide Unternehmen sollen dann Teil der Serco Group plc werden, einem internationalen Dienstleistungskonzern, der weltweit Dienstleitungen für die öffentliche Hand erbringt.

    Die auf Unterbringung, Betreuung und Integration von Flüchtlingen und Asylsuchenden spezialisierten Dienstleister European Homecare und ORS wollen ihre Kräfte bündeln und künftig gemeinsam aus einer Hand Unterstützungsangebote für öffentliche Auftraggeber offerieren. Dadurch entsteht ein europäischer Marktführer mit einer starken und führenden Position in Deutschland, die es erlaubt, Synergien zu nutzen, Kapazitäten auszuweiten und bessere Standards bei der Betreuung von Flüchtlingen anzubieten.

    Seit den 90er-Jahren gehört European Homecare in Deutschland zu den führenden Anbieterinnen für Sozialbetreuung. Mandate für Regierungspräsidien, Landkreise und Kommunen in 11 Bundesländern gehören zum Portfolio des von Essen aus operierenden mittelständigen Unternehmens.

    Die in der Schweiz gegründete Organisation for Refugee Services (ORS) ist seit mehr als 30 Jahren im Auftrag der öffentlichen Hand in der Schweiz, in Deutschland, Italien und Österreich aktiv. Seit 2022 ist sie Teil der Serco Group. Hohe Betreuungsqualität und Flexibilität, Effizienz und uneingeschränkte Loyalität gegenüber den auftraggebenden Behörden zeichnen die ORS Group aus und sind die Basis für den weiteren Ausbau ihrer Marktposition im europäischen Raum.

    Umfragen und Kundenfeedbacks von ORS belegen: Das Entscheidende für den Kunden sind Kontinuität und Verlässlichkeit sowie die Einhaltung vorgegebener Budgets und gemachter Leistungsversprechen. Dafür steht ORS mit zertifizierter Schweizer Qualität. Darüber hinaus gehört ein respektvoller Umgang mit den zu betreuenden Menschen seit jeher zum Selbstverständnis der ORS Group.

    Die Kunden werden künftig von der Bündelung der Betreuungskompetenzen und dem hohen Qualitätsanspruch beider Unternehmen profitieren. Die Kontinuität bei den Ansprechpersonen bleibt dabei im Interesse der Auftraggeber erhalten.

    «ORS und European Homecare haben sehr viel Erfahrung, wenn es um die Bewältigung der aktuellen Herausforderungen der Flüchtlingskrise geht. Gemeinsam haben wir künftig die Chance, unsere Kompetenz und Qualität zum Wohl der Flüchtlinge und zum Nutzen unserer Kunden im deutschsprachigen Raum und in Europa auf ein noch höheres Level zu heben», sagt Gaëtan Desclée, Managing Director von Serco Europe.

    Jürg Rötheli, CEO von ORS und Managing Director Immigration bei Serco Europe, ergänzt: «Wir freuen uns auf die neuen Kolleginnen und Kollegen, mit denen wir gemeinsam wichtige Aufgaben in der Flüchtlingsbetreuung übernehmen können. Damit leisten wir zusammen einen gesellschaftlichen Beitrag und schaffen die Basis für erfolgreiche Integrationsmaßnahmen.»

    Und Oliver Tangermann, CEO von European Homecare betont: «EHC und ORS haben jetzt die Chance, im Markt gemeinsam noch stärker und überzeugender aufzutreten. Damit dies gelingt, werden wir auch eine neue gemeinsame Kultur brauchen, die uns hilft, beim Kunden den Unterschied zu machen. Und diese neue Kultur werden wir gemeinsam entwickeln.»

    Beide Unternehmen werden mit dem bestehenden Management die laufenden Mandate ohne Änderungen weiterführen. Der Integrationsprozess unter der Leitung von ORS beginnt in der ersten Hälfte des Jahres 2024. Der Erwerb von European Homecare durch die Serco Group am 13. Dezember und die anschließende Integration durch die ORS Group stehen noch unter dem Genehmigungsvorbehalt der Wettbewerbsbehörden.

    https://eu-homecare.com/de/betreuungsdienstleister-ors-und-european-homecare-wollen-sich-kuenftig-

    #Allemagne #European_Homecare (#EHC) #privatisation #asile #hébergement #multinationale #business

    ping @_kg_

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    Ajouté à la métaliste sur ORS:
    https://seenthis.net/messages/802341

    • Hampshire’s Serco completes £34m European Homecare acquisition

      Serco Group has acquired European Homecare (EHC), a specialist provider of immigration services to German public sector customers.

      The Hampshire firm agreed to purchase EHC from Korte-Stiftung for £34 million last December – a deal it completed this week.

      EHC has been delivering social services in Germany since 1989, including accommodation, medical and social care, training and education.

      It now employs over 2,000 people and manages more than 100 facilities, with revenue for the year ended 31 December 2023 expected to reach £130 million.

      The acquisition is set to widen the reach and capability of Serco’s international immigration services platform, which already operates across the UK, Europe and Australia.

      Mark Irwin, chief executive of Serco Group, said: “This strategic acquisition will complement our ORS operations and strengthen our position as a leading partner in immigration services for European governments.

      “There are complex and growing requirements for immigration and asylum seeker support services globally, and we have a strong track record of providing high standards of service underpinned by our commitment to ensuring that service users are treated with care and respect.”

      https://hampshirebiznews.co.uk/news/hampshires-serco-completes-34m-european-homecare-acquisition

    • Serco completes acquisition of European Homecare

      Serco completes acquisition of European Homecare

      4 March 2024

      Further to the announcement of 14 December 2024 regarding the acquisition of European Homecare (EHC), Serco is pleased to confirm that, following receipt of the required approvals, the transaction completed on 1 March.

      EHC is a leading provider of immigration services to public sector customers in Germany. This strategic acquisition will complement our ORS operations and strengthen our position as a leading partner in immigration services for European governments.

      Serco - Impact a better future.

      https://www.londonstockexchange.com/news-article/SRP/serco-completes-acquisition-of-european-homecare/16358934

  • Jean-Pierre Filiu, Le Moyen-Orient en 2050 : un essai de prospective. Institut Diderot. 2024. - Ops & Blogs | The Times of Israël
    https://frblogs.timesofisrael.com/jean-pierre-filiu-le-moyen-orient-en-2050-un-essai-de-prospec

    Une petite perle... #orientalisme

    Les diplomates européens ne comprennent pas l’âme arabe, ils ne savent pas que très peu de gens sur cette planète sont cartésiens. C’est triste, mais c’est ainsi.

    à propos de l’auteur
    Né en 1951 à Agadir, père d’une jeune fille, le professeur Hayoun est spécialiste de la philosophie médiévale juive et judéo-arabe et du renouveau de la philosophique judéo-allemande depuis Moses Mendelssohn à Gershom Scholem, Martin Buber et Franz Rosenzweig. Ses tout derniers livres portent sur ses trois auteurs.

  • Les « #Trois_Rouges » ou le mystère de l’#Orchestre_Rouge_Suisse

    Les nazis les appelaient ’les Trois Rouges’ ! Trois émetteurs clandestins situés en Suisse par lesquels ont transité vers Moscou des #renseignements_militaires de première importance...

    Des informations précises qui ont peut-être permis à l’#Armée_rouge de remporter des victoires décisives à partir de 1942... Mais, si l’on sait qui étaient les opérateurs de ces ’Trois Rouges’, on s’interroge toujours sur l’origine de leurs sources et leur identité.

    Qui étaient-ils ? Des officiers supérieurs appartenant à l’entourage proche d’Hitler ? Ou bien des membres éminents de ses services de renseignement ? Et comment ces précieuses informations parvenaient-elles en Suisse ? Par quel canal ?

    Autant le dire tout de suite, il s’agit là de l’un des plus grands mystères de la #Seconde_Guerre_mondiale. Et ceux qui ont tenté de le résoudre ont émis les hypothèses les plus échevelées... Monsieur X a bien sûr son idée. C’est aussi l’occasion pour lui de brosser le portrait de quelques personnages étonnants, les protagonistes de ce redoutable Orchestre rouge suisse...

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/rendez-vous-avec-x/politique-et-gangsterisme-a-marseille-avant-et-apres-guerre-1-3842496
    #podcast #audio
    #radio #résistance #Suisse #WWII #URSS

    via @reka

  • @resistenze_in_cirenaica a publié 5 « carnets de Cyrène » (I quaderni di Cirene), publiés par #Resistenze_in_Cirenaica (https://resistenzeincirenaica.com).
    #Cyrène, du nom d’une ville de Cyrénaïque, en Libye actuelle...

    Les cahiers sont peuvent être achetés sur ce site : https://openddb.it/case-editrici/ric

    Moi, je les ai achetés lors d’un événement qu’ils ont organisés à Bologne en mai 2024 :
    https://resistenzeincirenaica.com/2024/05/14/24-e-25-maggio-due-giorni-di-ibridazioni-in-cirenaica
    (https://seenthis.net/messages/1053726)

    https://resistenzeincirenaica.com/category/i-quaderni-di-cirene

  • Hommage aux Reclus
    https://ecologiesocialeetcommunalisme.org/2024/08/11/hommage-aux-reclus

    De cette lignée libertaire et anarchiste durant un siècle et demi, précurseurs de l’Écologie Sociale et du Communalisme, cette liste présentera les principaux ouvrages disponibles.« Là où le sol s’est enlaidi, là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent […]

    #Orientation_bibliographique #[VF]


    https://0.gravatar.com/avatar/f4ffc1b00ed412e4578ae06b96dcc9e8b2a1ac722f797958cac984106850a6a2?s=96&d=

  • Les déplacements forcés épuisent le peuple de la bande de Gaza

    Depuis le début de la guerre contre la bande de Gaza, l’armée israélienne a émis des dizaines d’ordre d’« #évacuation », des déplacements forcés qui obligent la population à aller d’un endroit à l’autre sans répit. Nous avons enquêté sur ces exodes infligés.

    « Sommes-nous du bétail pour être ballottés sans arrêt d’un endroit à l’autre, avec ces “Allez là, allez ici, partez à telle heure, partez encore” ? » Ce cri de détresse et d’exaspération tout à la fois, c’est celui de Mohamed Abou Moughaisib, médecin gazaoui, coordinateur médical de l’ONG Médecins sans frontières (MSF).

    Transformé en Gazaoui errant, il est à la fois victime et témoin.

    Mediapart a recueilli son témoignage et celui d’autres personnes par téléphone fin juillet, les journalistes étrangers étant toujours interdits de pénétrer dans la bande de Gaza.

    Il est difficile de savoir le nombre exact de personnes actuellement déplacées dans l’enclave palestinienne. Selon le Fonds des Nations unies pour la population, 1,9 million d’habitant·es, sur une population de 2,1 millions, soit 9 personnes sur 10, l’ont été. Sur un territoire minuscule de 41 km de long pour une largeur de 6 à 12 km.

    Comme toutes et tous, Hamza Ibrahim a passé ces dix derniers mois à quitter un endroit pour un autre, dans un exil interne sans fin. « C’est comme un film qui ne s’arrête jamais », déplore ce jeune diplômé en anglais de 23 ans. Ses fuites successives résument à elles seules la vie de nombre de Gazaoui·es depuis octobre : le départ de Gaza City vers le centre de l’enclave, puis vers le sud, près de la frontière égyptienne, et le retour vers le centre, de maison surpeuplée en abri précaire, dans une course folle dictée par les ordres de l’armée israélienne.

    « C’est le plus grand déplacement du peuple palestinien depuis la guerre de 1948, affirme Juliette Touma, porte-parole de l’Unrwa, l’agence des Nations unies de secours et d’assistance aux réfugié·es palestinien·nes. Ils se déplacent en moyenne une fois par mois. Certains ont déménagé neuf ou dix fois. Les personnes âgées qui ont survécu à la guerre de 1948 revivent leurs traumatismes. Les jeunes générations qui ont grandi avec les souvenirs de leurs ancêtres le vivent aujourd’hui. »

    Ainsi Montheir al-Firani, 38 ans, avocat, ne cesse de rapprocher son sort de celui de son grand-père : « Je suis d’une famille de réfugiés de 1948, raconte-t-il. Mon grand-père a toujours conservé le rêve de retourner dans son village de Hamameh, qu’il a dû quitter en 1948. Aujourd’hui, mon père, moi, mes frères, nous sommes tous des réfugiés. Une nouvelle fois. »
    Harcelés par des ordres de déplacement

    Les exodes d’aujourd’hui sont directement liés aux opérations de l’armée israélienne, qui ordonne aux habitant·es de quitter telle ou telle zone pour se diriger vers telle ou telle autre.

    La première injonction date du 13 octobre, soit six jours après les massacres du 7 octobre commis par la branche armée du Hamas, d’autres factions et des civils palestiniens dans les villes et les villages israéliens autour de la bande de Gaza. Ordre est donné à tous les habitants et habitantes du nord de l’enclave et de Gaza City de se diriger au sud de Wadi Gaza, la rivière qui traverse le territoire d’est en ouest et marque traditionnellement la séparation entre le nord et le sud de la bande. 1,1 million de personnes sont concernées, estime Tel-Aviv.

    Cet ordre est suivi de dizaines d’autres, tout au long de ces jours, semaines, mois de guerre.

    Les images d’un peuple en exode perpétuel occupent les réseaux sociaux. À pied, les bras pleins de sacs et les épaules croulant sous les enfants en bas âge, poussant des fauteuils roulants ou des poussettes, sur des charrettes tirées par des chevaux faméliques ou des ânes étiques, dans des voitures presque neuves ou hors d’âge, juchés sur des matelas eux-mêmes entassés sur les plateaux de camions. Sous le soleil d’automne, sous la pluie hivernale, dans le froid glacé de janvier et la brûlure de juillet.

    Tant d’images finissent par faire oublier la réalité de cette errance sans fin. C’est pourquoi Mediapart a voulu la documenter.

    Nous avons d’abord cherché à collecter tous ces ordres. Ils sont communiqués de mille manières : par SMS, par appel téléphonique, par tracts lâchés depuis les avions, par les hauts-parleurs installés sur les drones quadricoptères, par Internet, sur X (anciennement Twitter) et sur les différents canaux de communication de l’armée israélienne.

    Les SMS et les appels téléphoniques étaient déjà utilisés lors des guerres précédentes, mais concernaient en général un immeuble, un pâté de maisons, en prévision d’une frappe.

    Jamais les « évacuations », selon le mot de l’armée pour faire croire qu’il s’agit là d’épargner des vies civiles, fiction que le carnage actuel a dissipée, n’avaient concerné autant de monde sur d’aussi larges parties du territoire.

    Aucun organisme ou institution que nous avons contacté n’a conservé l’ensemble des ordres diffusés par l’armée israélienne. Celle-ci n’a pas répondu à notre demande.

    Nous en avons collecté 31, de façon empirique et sans prétendre à l’exhaustivité. Ils figurent sur la carte ci-dessous.

    Après les premiers ordres de déplacement, l’armée a innové en créant une carte de la bande de Gaza quadrillée en centaines de blocs. Elle est apparue pour la première fois le 4 décembre 2023. Les gens se trouvant dans les blocs indiqués en général par une couleur doivent partir vers les zones désignées par des flèches.

    Nos témoignages montrent que les personnes n’ont pas forcément accès à cette carte car la connexion à Internet est aléatoire. Elles ne savent pas forcément dans quel bloc elles se trouvent.

    « Nous étions réfugiés dans la maison d’un collègue à Nousseirat et nous avons vu l’ordre de déplacement sur la carte, explique Mohamed Abou Moughsaib. Il m’a dit : “Notre bloc est loin de la zone à évacuer”, j’ai répliqué : “Mais pas du tout, nous sommes très proches.” Nous sommes partis pour Rafah. »

    Quant aux « zones humanitaires sûres » vers lesquelles les personnes sont dirigées, c’est une fiction : « Il n’existe pas de “zone humanitaire” ou de “zone de sécurité”. Une partie au conflit ne peut pas déclarer unilatéralement qu’un endroit est une zone sûre, assure Juliette Touma. C’est une violation du droit humanitaire international. »

    Les familles s’y sont quand même précipitées et entassées au fil des semaines. Mais elles ne sont pas épargnées par les bombardements. « Les gens ricanent maintenant quand on leur parle de zones humanitaires. Les Israéliens ont bombardé plusieurs fois Al-Mawassi, censé être sûr, après Nousseirat, Deir al-Balah, alors quelle est la différence ? », interroge Mohamed Abou Moughaisib.
    Le premier départ

    Le 7 octobre, depuis sa maison de Shajaiya-Est, proche de la frontière, Siham Jindiya a tout vu : les roquettes du Hamas, puis « les hommes passant la barrière ». Elle poursuit : « J’ai compris qu’il allait se passer quelque chose de terrible, que les Israéliens allaient tout détruire. » Avec son mari et ses cinq enfants, ils quittent leur maison le jour même, à 7 heures du matin, pour se réfugier dans une école de l’Unrwa du sud de Gaza City, avec les habits qu’ils portent.

    « On revient dans trois jours », a aussi pensé Mohamed Abou Moughaisib en quittant sa maison du quartier de Rimal à Gaza City. Le 7 octobre, lui, sa femme et leurs trois enfants ont fait cinq minutes de voiture pour loger temporairement dans les bureaux de MSF, pensant y être en sécurité. Par chance, la veille, le médecin avait par hasard rassemblé les passeports de toute la famille dans un sac.

    Mais quelques jours après, quand Israël envoie ses premiers tracts demandant aux habitant·es du nord de l’enclave de « partir immédiatement », Mohamed Abou Moughaisib monte dans sa voiture pour retourner chez lui chercher quelques affaires. Sur la route, il constate les dégâts causés par les bombardements des premiers jours, les rues « complètement détruites ». « [Une fois arrivé,] j’étais tellement stressé que j’ai choisi n’importe quoi, raconte le père de famille, les mauvaises lunettes pour mon père, des vêtements que je n’aime pas porter. »

    Puis il prend la route avec ses proches dans sa voiture MSF en passant par la voie de la plage, direction Nousseirat, au centre de la bande de Gaza. Ce 13 octobre, la route était vide. « Peu de voitures partaient vers le sud, se remémore Mohamed, parce que les gens étaient encore choqués. Nous n’avons jamais eu de tels ordres d’évacuation pendant les guerres à Gaza. »

    Siham fait partie de celles et ceux qui sont d’abord restés malgré les appels à quitter la ville. « Nous avons cru qu’il s’agissait juste de menaces », admet-elle. Puis le bâtiment de l’ONU où elle pensait être en sécurité a été assiégé par des chars israéliens. « Il y a eu les bombardements autour de nous, surtout avec les bombes au phosphore [que plusieurs ONG ont documentés ici et là – ndlr] », décrit-elle. Avec son mari et ses cinq enfants, ils courent s’installer dans une autre école de la ville, proche de l’hôpital Al-Shifa. Quelques jours plus tard, elle aussi est assiégée. Ils prennent alors la route pour le sud à pied, « un sac en plastique à bout de bras avec des habits dedans », décrit-elle.

    Quelque temps après l’arrivée de Siham chez sa sœur à Al-Bureij, un nouvel ordre de déplacement est diffusé. Siham et sa famille marchent jusqu’à Nusseirat, où peu de temps après, de nouveaux tracts sont envoyés par les airs et des SMS sur les portables des habitant·es, avec des horaires déterminés. « On est partis tout de suite, explique Siham, on a appris la leçon de Tell al-Hawa. C’était trop dur. »

    Arrivée à Rafah à pied, elle y reste « quatre ou cinq mois » avant l’ordre d’évacuation de début mai qui a précédé l’attaque terrestre du sud de l’enclave, alors que plus d’un million de personnes étaient réfugiées dans la ville frontalière. Elle arrive alors à Az-Zawayda, une ville à presque cinq heures de marche de Rafah.
    Conséquences sanitaires

    « Nous vivons de déplacement en déplacement, de mort en mort, pour trouver une vie et échapper aux bombardements », souffle Hamza. L’étudiant de 23 ans est réfugié depuis quelques mois dans une maison à Deir al-Balah, une ville au centre de l’enclave. Ils sont une cinquantaine dans la maison à deux étages de son grand-père, dont une trentaine d’enfants.

    « Nous ressentons une peur permanente, reprend-il, renforcée par l’instabilité. Ils ne laissent pas de délai pour que nous puissions empaqueter nos affaires. Quand on vous dit que vous avez une heure pour partir, ça n’a aucun sens. »

    Monther al-Firani aurait voulu prendre des photos de son mariage, de ses enfants, de l’ouverture de son cabinet d’avocat. « J’étais si fier. »

    Les déplacements forcés brassent la population, brisent les solidarités de quartier, les liens établis sur les lieux de travail, mais unissent les gens dans de mêmes obsessions : trouver un abri, nourrir sa famille, la vêtir, lui permettre de se laver et de se soigner.

    Pour dénicher un toit, les ressources sociales et les réseaux familiaux sont essentiels. La sœur de Mohamed Abou Moughaisib travaille pour les Nations unies et dans ce chaos, c’est une chance. « Elle a obtenu grâce aux Nations unies une petite chambre dans un complexe au bord de la mer, à Rafah, qui, avant la guerre, comprenait un restaurant et des paillotes, explique Mohamed. Tout a été transformé pour loger les déplacés. Ils ont aussi accepté sa famille, notre père, moi, sa femme et mes enfants. Nous étions neuf personnes dans une chambre prévue pour trois, mais nous avions l’électricité et l’eau. »

    Un véritable privilège, de plus en plus rare au fil des semaines et des mois d’errance. Hamza Ibrahim vit dans la maison de deux étages de son grand-père à Deir al-Balah, dans le centre de l’enclave, avec une bonne cinquantaine d’autres personnes. L’eau est une denrée précieuse, la nourriture aussi : « Chaque matin, je marche jusqu’au point de distribution, ça me prend une heure, raconte Hamza. Il faut ensuite faire la queue, au moins encore une heure aussi pour la nourriture, et une nouvelle heure pour l’eau. »

    À Ezzawaideh, Siham Jindiya, son mari et ses cinq enfants vivent « une vie de misère ». « C’est le seul endroit où on a trouvé de la place après avoir fui Rafah, relate-t-elle. Ce sont des dunes. Il n’y a pas de surface plane pour planter une tente. Nous vivons sous des bâches. Il n’y a pas d’eau, les enfants trouvent une bouteille tous les trois ou quatre jours pour se laver. Le sol est argileux, les eaux usées stagnent. »

    La promiscuité, l’impossibilité d’une hygiène même basique, le stress : tout concourt à l’explosion des maladies, notamment dermatologiques. « Tout le monde est couvert de boutons, et nous n’avons pas de quoi nous soigner, reprend Siham. À l’hôpital, ils privilégient les blessés dans les bombardements. »

    Après dix mois de guerre, les Gazaoui·es sont épuisé·es par l’errance. « Ces déplacements constants ont tout détruit de la société d’avant, déplore Mohamed Abou Moughaisib. Ils ont détruit les vies, les liens sociaux, nous ne vivons plus que dans un état de manque permanent. Il n’y a pas d’eau, il n’y a pas de nourriture, il n’y a pas, il n’y a pas… Nous en sommes à un tel point que des gens refusent maintenant de bouger. Ils restent dans les blocs qui, selon la carte, doivent être évacués, prêts à mourir. »

    Hamza fait partie de celles et ceux qui ne veulent plus obéir aux ordres de déplacement : « Si je reçois un nouvel appel de l’armée israélienne me demandant de partir, je ne le ferai pas. Je ne vais plus nulle part, car il n’y a nulle part où aller. »

    Sauf là où sont ensevelis les souvenirs et les projets d’une vie. C’est le seul horizon d’espoir pour beaucoup. « Si je rentre au nord, j’installerai une tente sur les décombres de ma maison, affirme Siham. Au moins, je serai sur ma terre, à ma place. »

    https://www.mediapart.fr/journal/international/080824/les-deplacements-forces-epuisent-le-peuple-de-la-bande-de-gaza

    #containment_through_mobility #Gaza #im/mobilité #mobilité #mobilité_forcée #déplacements #déplacements_forcés #réfugiés #Palestine #épuisement #errance #ordres_d'évacuation

  • Voilà ce à quoi je me suis attelée ces derniers jours, la cartographie d’une exposition d’oeuvres d’art open air à #Giubiasco (ma ville de naissance) avec #OpenStreetMap (#OSM) :

    Cela m’a pris pas mal d’heures de travail (j’y ai travaillé presque deux jours entre travail de relevé sur le terrain et photos + travail à l’ordi pour saisir les données collectées), mais je suis fière d’avoir contribué (et appris à le faire) parallèlement à OpenStreetMap et à #WikimediaCommons, en y ajoutant les #sculptures de l’exposition.

    Sculptures qui ne sont recensées nulle part sur le site web de la municipalité ou ailleurs (en tout cas, moi je n’ai pas trouvé...).

    Les #photographies sont à voir ici (elles ne sont pas, elles, des oeuvres d’art, mais le but était surtout de faire une sorte de recensement public) :


    https://commons.wikimedia.org/w/index.php?search=giubiasco+scultura&title=Special:MediaSearch&go=

    Et la belle surprise, un message reçu par un utilisateur OSM :
    Since you’ve added images and their link, the artworks now show up nicely on dedicated web maps, for example mapcomplete/artworks : https://mapcomplete.org/artwork?z=18.4&lat=46.17221265391086&lon=9.011433464468382

    Je ne savais pas l’existence de #mapcomplete, et ça donne ça (c’est wow) :

    #cartographie #cartographie_participative

  • Schwundfuge und Fugenlaut
    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Fugenlaut

    J’aime la #grammaire et l’ #orthographe de la #langue_allemande car elles sont les déesses et l’incarnation du #chaos.

    https://www.youtube.com/watch?v=uBgv_O4PZaQ&pp=ygUfUGlnb3IgUmFjaGUgZsO8ciBkZW4gU3Viam9uY3RpZg%3D%3D


    Pigor & Eichhorn dans Subjonctif ne mentionnent qu’une petite fraction des phénomènes de la langue allemande qui échappent plus ou moin à la pensée logique. Après on trouvera toujours quelqu’un qui aime se faire payer un salaire de prof pour nous inventer une énième règle qui justifie quelques pratiques linguistiques pas systematiques du tout.

    Fugenlaute werden in der deutschen Sprache und in einigen anderen Sprachen bei Wortzusammensetzungen (Komposita) sowie manchmal bei Wortableitungen an den Nahtstellen (Fugen) der Zusammensetzung eingefügt[1] bzw. können dort eingefügt werden. Beispiele sind: Arbeit-s-zeit, Seite-n-zahl, Gelenk(-s-)rheumatismus (hier optional).
    Kompositum ohne Fugen-s

    Die Bezeichnung Fugenlaut ist traditionell gängig, es kann sich aber um eine Einheit aus mehreren Lauten (im Sinne von Segmenten) handeln, z. B. -es in Tag-es-zeit. Alternative Bezeichnungen sind Fugenelement, Fugenzeichen, Fugenmorphem, Kompositionsfuge, Fusem. Die alternativen Bezeichnungen als „Laut“ oder als „Morphem“ zeigen an, dass der Status von Fugenelementen in der Sprachwissenschaft unterschiedlich bewertet wird.

    Das Fugenelement kann als ein Spezialfall der Epenthese eingestuft werden, wenn im Vordergrund steht, dass ein zusätzlicher Laut in der Fuge erscheint. Wird das Fugenelement als Bestandteil mit einer Funktion für den Wortaufbau gesehen (also als Morphem), zählt es als Spezialfall eines Interfixes.

    Fugenelemente können bei diachronischer Betrachtung mit Flexionsendungen aus dem Plural (Mehrzahl) oder Genitiv (Wesfall) in Verbindung gebracht werden. Tatsächlich und somit synchron gesehen haben die Fugenelemente diese Bedeutung jedoch verloren:[1] Zum Beispiel sind Gästehaus und Gasthaus einfach zwei verschiedene Ausdrucksformen desselben Begriffs; es geht dabei nicht um einen Unterschied darin, ob es einen oder mehrere Gäste aufnehmen kann. Im Kindergarten befinden sich zwar mehrere Kinder, während die Kindsmutter die Mutter eines bestimmten Kindes ist; aber nicht jede Kinderfrau und nicht jedes Kindermädchen hat sich um mehr als ein Kind zu kümmern. Ein Kirchenschiff ist ebenso wie ein Kirchturm ein Teil einer Kirche.

    Bei der Bildung zusammengesetzter Wörter im Deutschen erscheint der erste Teil in verschiedenen Formen:

    Das Vorderwort erscheint ohne Fugenelement als der gewöhnliche Wortstamm.
    Beim Substantiv entspricht dies der Einzahlform: Haustür, Gasthaus
    Beim Verb entspricht der Wortstamm einer Form ohne Endungen, die sonst kaum frei vorkommen kann: Rührgerät, Fahrgemeinschaft, Senkfuß (Senk-Knick-Spreizfuß)
    Das Vorderwort ist ein gekürzter Substantiv-Stamm, bei dem ein auslautendes -e wegfällt: Kronprinz, Seelsorger, … Das fehlende e wird gelegentlich als Subtraktionsfuge,[2] subtraktive Fuge[3] oder Schwundfuge bezeichnet.
    Das Vorderwort erscheint mit einem Fugenelement, das der Mehrzahlform gleicht: Kartenhaus, Gänsebraten, …
    Das Vorderwort erscheint mit einem Fugenelement, das einer Genitivform gleicht: Bundesbank, Verkehrszeichen usw. – Diese Fälle sind aus der Zusammenrückung zweier ursprünglich selbständiger Wörter entstanden („des Institúts Diréktor“ → der Institútsdirektor).
    Ebenso stehen in der Genitivform die Vorderwörter von Bildungen wie keinesfalls, nötigenfalls usw. Auch sie sind ursprünglich Zusammenziehungen (aus „keines Fall[e]s“, „nötigen Fall[e]s“ usw.).
    Schließlich steht manchmal ein reiner Fugenlaut zwischen Vorder- und Hinterwort: Mauseloch u. Ä. Dieser Fall findet sich auch bei Wörtern, die keine Komposita, sondern Wortableitungen sind: eigentlich, wesentlich, aber morgendlich (!), hoffentlich (aus *hoffend-lich) uvam. – All dies entstammt einesteils Aussprache-Erleichterungen oder anderenteils einem „parasitären“ -t (/-d) (wie in „Saf-t“, aus althochdeutsch “saf”).
    In seltenen Fällen verändert die Dativform des Vorderworts nach dem Einfügen des Fugenlautes t ihre Gestalt: meinetwegen, deinetwegen usw. (aus „von meinentwegen“, „von deinentwegen“ usw.).[4]
    Das Fugen-s, auch Binde-s genannt, ist der häufigste Fugenlaut und gleicht oft der Genitivform des Vorderworts. Es erscheint jedoch auch bei Wörtern, die gar kein Genitiv-s kennen, beispielsweise Wohnungsmiete, Hochzeitskleid, Liebeslied, Abfahrtszeit, Arbeitsamt.

    In der deutschen Sprache ist das Vorkommen von Fugenelementen besonders ausgeprägt, während es im Englischen auf s beschränkt ist. Deutsche Fugenelemente sind:[1] -e-, -s-, -es-, -n-, -en-, -er-, -ens-.

    Das Fehlen eines segmentierbaren Fugenelements wird häufig aus systematischen Gründen als „Nullfuge“[5] (auch: „-ø-Fuge“)[6] bezeichnet und der Liste der Fugenelemente hinzugefügt. In der Literatur finden sich dann Notationen wie: „Haus-ø-tür“, „Tisch-ø-decke“, „Wald-ø-weg“. Da Fugenelemente keinerlei morphologische Merkmale tragen, fallen sie aber dennoch nicht unter Standarddefinitionen des Nullmorphems.

    Fasst man rein lautliche Erscheinungen ebenfalls als Fugen auf, kann man ergänzen: -o- (nur bei Konfixkomposita) und -i- (sehr selten). Die Liste kann um vergleichbare Phänomene bei Ableitungen ergänzt werden, etwa um -t- (willen-t-lich).

    Je ein Beispiel in der angegebenen Reihenfolge: Hundeleine, Ansichtskarte, Freundeskreis, Urkundenfälschung, Heldentat, Kindergeld, Schmerzensgeld; Haustür (Nullfuge: Haus-ø-tür); Elektroschock, Bräutigam; eigentlich.

    Die Fugenelemente treten auf:

    Nicht bei Komposita, bei denen an erster Stelle ein Adjektiv steht, wohl jedoch bei Komposita von Nomen + Adjektiv (z. B. erfolgsorientiert, liebestoll, mausetot, personenzentriert) oder von Verb + Adjektiv (werbewirksam)
    Ausnahme hierzu: Eigennamen (zum Beispiel Altenburg)
    Ebenfalls nicht bei Komposita, bei denen an erster Stelle ein Adverb oder ein Pronomen steht
    Bei Komposita mit Verben an erster Stelle nur als -e- (zum Beispiel Lesebuch, Ratefuchs)

    In der einschlägigen Literatur werden zumeist zwei mögliche Quellen für Fugenelemente genannt: zum einen stammbildende Suffixe, zum anderen Flexionssuffixe.[7] Im Germanischen verbanden stammbildende Suffixe die sog. Wortwurzel mit Flexionssuffixen und Wortbildungselementen, z. B. ðag-a-z ’Tag’: Die Wurzel ðag und das Suffix -a bilden zusammen den Wortstamm, das Flexionssuffix -z markiert Nominativ Singular. Im Althochdeutschen ist aus dem einstigen stammbildenden Suffix ein Fugenelement entstanden, das in sog. eigentlichen Komposita (deren Erstglied keine Flexionsendung aufweist) die Wortbildungskonstituenten verknüpft, z. B. tag+a+sterro ‚Morgenstern‘.[8] Die Hypothese, dass sich alle Fugenelemente außer -(e)s auf stammbildende Suffixe zurückführen lassen,[9] hält der empirischen Überprüfung jedoch nicht stand: Lediglich einige -e-Fugen im Gegenwartsdeutschen lassen sich auf stammbildende Suffixe zurückführen; dieses Fugenelement tritt jedoch nur selten auf und ist nicht mehr produktiv.[10] Die zweite Quelle, nämlich vorangestellte Genitivattribute, ist daher die deutlich wichtigere, z. B. des Tages Licht > Tageslicht.[11] Aus synchroner Sicht haben die Fugenelemente diese Genitivbedeutung jedoch verloren.[1] Zwar stimmen verfugte Erstglieder in vielen Fällen mit der Genitiv- oder Pluralform des entsprechenden freien Wortes überein: des Tages – des Tageslichts; die Hühner – das Hühnerei. In solchen Fällen spricht man von paradigmischen Fugenelementen.[12] Daher wird gelegentlich auch versucht, die produktive Verwendung von Fugenelementen zumindest teilweise semantisch zu erklären.[13] Psycholinguistische Evidenz legt indes den Schluss nahe, dass die Genitiv- bzw. Pluralbedeutung bei der Verarbeitung verfugter Komposita nicht aktiviert wird.[14] Von unparadigmischen Fugenelementen spricht man, wenn das verfugte Erstglied keiner Flexionsform des freien Wortes entspricht. In einigen Fällen lassen sich unparadigmische Fugenelemente auf historische Genitivformen zurückführen (z. B. Schwanengesang: alte Genitivform des Schwanen, heute: des Schwans); vor allem bei zahlreichen mit -s- verfugten Feminina ist dieses jedoch weder historisch noch synchron im Paradigma enthalten (z. B. Geburt-s-tag, Religion-s-freiheit).[15]
    Häufigkeit und Gesetzmäßigkeit der Fugen in Substantivkomposita

    Die Fugenelemente sind in deutschen Komposita (Zusammensetzungen) mit deutlich unterschiedlicher Häufigkeit vertreten, je nachdem, ob man gesprochene oder geschriebene Sprache, Gemein- oder Fach-/Wissenschaftssprache und so weiter untersucht. Als Beispiel folgt eine Tabelle, in der die Verteilung der Fugen in Substantivkomposita fachsprachlicher Artikel verschiedener Provenienz dargestellt wird. Die Tabelle enthält zugleich die Anpassung der 1-verschobenen Singh-Poisson-Verteilung, die zeigt, dass die Häufigkeiten, mit denen die einzelnen Fugen auftreten, einer speziellen Form des Diversifikationsgesetzes folgen.[16][17]
    Rang Fugenelement n(x) Anteil NP(x)
    1 -ø- (Nullfuge) 2405 72,8 % 2402,76
    2 -(e)s- 489 14,8 % 532,87
    3 -(e)n- 321 9,7 % 258,66
    4 -e- 43 1,3 % 83,71
    5 -er- 23 0,7 % 20,32
    6 sonstige 22 0,7 % 4,68

    Insgesamt handelt es sich um 3303 Kompositionsfugen, von denen 2405 oder 72,8 % nicht durch eine segmentierbare (lautlich oder schriftlich vorhandene) Einheit im Wort ausgedrückt werden. In der Tabelle steht n(x) für die beobachtete Häufigkeit des betreffenden Fugenelements; % gibt an, wie viel Prozent aller beobachteten Fugen dies sind; NP(x) ist die Häufigkeit des betreffenden Fugenelements, die berechnet wird, wenn man die 1-verschobene Singh-Poisson-Verteilung an die beobachteten Daten anpasst. Ergebnis: die 1-verschobene Singh-Poisson-Verteilung ist für diesen Datenbestand ein gutes Modell mit dem Testkriterium C = 0,0068 (= Diskrepanzkoeffizient), wobei C als gut erachtet wird, wenn es kleiner gleich 0,01 ist. Zur Anpassung des Modells wurden die Ränge 4–6 zusammengefasst.

    Die relative Häufigkeit, mit der die verschiedenen Fugenelemente verwendet werden, ist keineswegs immer gleich. So ergab sich in der Untersuchung von Wellmann und anderen (1974), dass in Max Frischs Homo faber das Fugenelement -(e)n- fast doppelt so häufig wie -(e)s- vorkommt.[18] Dieser Befund ergab sich auch bei der Analyse von Neologismen in Frauenzeitschriften des Jahres 1996.[19]

    Auch im Fall einer Erzählung von Gabriele Wohmann[20] kann die 1-verschobene Thomas-Verteilung an die Fugen der Substantivkomposita mit sehr gutem Ergebnis angepasst werden:
    Rang Fugenelement n(x) Anteil NP(x)
    1 -ø- (Nullfuge) 75 70,09 % 75,33
    2 -n- 14 13,08 % 14,00
    3 -s- 11 10,28 % 10,20
    4 -e- (+Umlaut) 4 3,74 % 4,56
    5 -en- 2 1,87 % 1,81
    6 -es- 1 0,93 % 1,10

    Insgesamt handelt es sich um 107 Kompositionsfugen, von denen 75 oder 70,09 % nicht durch eine segmentierbare (lautlich oder schriftlich vorhandene) Einheit im Wort ausgedrückt werden. In der Tabelle steht n(x) für die beobachtete Häufigkeit des betreffenden Fugenelements; % gibt an, wie viel Prozent aller beobachteten Fugen dies sind; NP(x) ist die Häufigkeit des betreffenden Fugenelements, die berechnet wird, wenn man die 1-verschobene Thomas-Verteilung an die beobachteten Daten anpasst. Ergebnis: die 1-verschobene Thomas-Verteilung ist für diesen Datenbestand ein gutes Modell mit dem Testkriterium P = 0,98 (= Überschreitungswahrscheinlichkeit des Chiquadrats), wobei P als gut erachtet wird, wenn es größer/ gleich 0,05 ist. (+Umlaut): Die -e-Fuge trat mit und ohne Umlaut auf. (Für ausführlichere Erläuterungen sei auf die angegebene Literatur verwiesen.)

    Da eine semantische Motivation, wenn überhaupt, nur bei einem Teil der verfugten Komposita angenommen werden kann, stellt sich die Frage, welche Kriterien über die Verfugung entscheiden. In der Regel haben Muttersprachler des Deutschen „eine klare Intuition darüber, wann und welche Fugenelemente in Komposita zu setzen sind“.[21] Zugleich jedoch gibt es viele Schwankungs- und Zweifelsfälle wie Erbschaft(s?)steuer, Hauptseminar(s?)arbeit oder Namen(s?)forschung; die Beispiele „gehen in die Hunderte.“[22] Die in populärwissenschaftlicher Literatur,[23] teilweise auch in wissenschaftlicher Literatur[24] bisweilen geäußerte Annahme, dass Fugenelemente der Ausspracheerleichterung dienten, trifft keineswegs auf alle Fugenelemente zu: Gerade das hochproduktive Fugen-s erschwert vielmehr die Aussprache,[25] denn es führt „zu einer Komplexitätssteigerung der Silbenkoda, häufig sogar zu extrasilbischen Einheiten: Mehrheit+s+meinung, Wissenschaft+s+markt.“[26] In der jüngeren linguistischen Diskussion lassen sich vor allem zwei Positionen unterscheiden: a) Fugenelemente als Indikatoren morphologischer Komplexität, b) Fugenelemente als Indikatoren für schlechte phonologische Wörter.
    Fugenelemente als Marker morphologischer Komplexität

    Fuhrhop zufolge zeigen Fugenelemente die Morphologisierung von Komposita an, die sich umgekehrt auch als Entsyntaktisierung beschreiben lässt.[27] Dabei unterscheidet sie zwischen „syntaktischer“ und „morphologischer“ Komposition, wobei erstere „weitgehend der ‚syntaktischen‘ Konstruktion entspricht“[28] z. B. (das/ein) Auto waschen – das Autowaschen. Das Fugenelement macht deutlich, dass es sich um ein Kompositum und eben nicht um eine syntaktische Konstruktion handelt, weshalb es auch bei zunehmender Lexikalisierung eines Kompositums eher zu erwarten ist (z. B. Richtung weisend > richtungsweisend).[29] „Bei verfugten Verbindungen handelt es sich immer um zweifelsfreie Komposita.“[30] Demzufolge zeigen Fugenelemente also an, dass eine ehemalige syntaktische Fügung gleichsam den Weg in die Morphologie vollendet hat.
    Fugenelemente als Indikatoren „schlechter“ phonologischer Wörter

    In einer Reihe jüngerer Arbeiten plädieren Nübling und Szczepaniak dafür, Fugenelemente als prosodisches Mittel zur Optimierung des phonologischen Wortes zu interpretieren.[31] Sie gehen dabei davon aus, dass sich das Deutsche im Laufe seiner Geschichte von einer Silben- zu einer Wortsprache entwickelt hat: Während Silbensprachen dazu tendieren, die Silbe als phonologische Einheit zu optimieren (mit dem Ideal von CV-Silben, d. h. einer Alternanz von Konsonant und Vokal wie in Mama), profiliert eine Wortsprache das phonologische Wort, das in seiner Größe und Form reguliert wird (Trochäus als prototypisches phonologisches Wort: z. B. Mutter, Kanne).[32] Das Fugen-s macht in Komposita die Koda des Erstglieds komplexer und hebt damit den Endrand des phonologischen Wortes deutlicher hervor. Folgerichtig wird vor allem dann verfugt, wenn das Erstglied ein „schlechtes“ phonologisches Wort darstellt, etwa bei einem Erstglied mit unbetontem Präfix (das dem trochäischen Ideal diametral entgegensteht), z. B. Vertrieb – Vertrieb-s-kosten. Anruf hingegen stellt ein prototypisches phonologisches Wort mit trochäischer Struktur dar und wird daher nicht verfugt: Anrufbeantworter, nicht *Anrufsbeantworter.[33] Korpusanalysen auf Grundlage des Archivs W der Korpora des IDS bestätigen diese Tendenz: Während Erstglieder mit unbetontem Präfix (Typ Berúf) zu 85 % verfugt werden, wird bei betonten Präfixen (Typ Ánruf) nur in 36 % der Fälle ein Fugenelement gesetzt.[34]
    Weitere Aspekte der Verwendung von Fugenelementen

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    Die Abschnitte zur regionalen Distribution und zur fachsprachlichen Verwendung sind nicht hinreichend belegt.

    Die Verwendung der Fugenlaute folgt dem Sprachgefühl und ist nicht immer einheitlich (vgl. Abschnitt Distribution). Existieren mehrere unterschiedliche Fugen für ein Erstglied, können Neubildungen häufig nur mit einem davon vorgenommen werden, die anderen Formen sind lexikalisiert (etwa: Manneskraft, aber nicht Manneshose, sondern nur Männerhose). Erstglieder mit bestimmten Suffixen wie -keit, -heit, -ion (mit Ausnahme des Erstgliedes Kommunion), -ung und anderen bilden Komposita prinzipiell mit Fugen-s. Komposita, bei denen der erste Teil selbst wieder komplex ist, haben häufig ein s als Fugenelement (Bahnhofs-halle, aber Hof-hund).

    In der Rechtssprache ist in Deutschland das Fugen-s üblich:

    Schadensersatz, Schmerzensgeld, Forderungsübergang, Terminsvereinbarung (beim Anwalt); in Österreich dagegen: Schadenersatz und Schmerzengeld, auch Rechtsprechung; und in der Schweiz wiederum: Schadenersatz und Schmerzensgeld
    Arbeitsrecht, Verwaltungsrecht, Arzthaftungsrecht
    mit anderem Fugenzeichen: Lastenübergang, aber ganz ohne: Gefahrübergang

    Die offizielle Benennung von Steuern erfolgt in Deutschland und Österreich[35] und der Schweiz ohne Fugen-s. Beispiele:

    Einkommensteuer, aber: Einkommensverteilung
    Ertragsteuer, aber: Ertragssteigerung
    Körperschaftsteuer, aber: Körperschaftsstatus
    Verkehrsteuer, aber: Verkehrszeichen
    Vermögensteuer, aber: Vermögensbildung
    Versicherungsteuer, aber: Versicherungspolice

    Übrigens wird das Fugen-s bei Zusammensetzungen mit -besteuerung wieder aktiv.

    Daneben gibt es regionale Unterschiede: Beim Fugen-s gibt es einen Nord-Süd-Unterschied. Es tritt manchmal in Österreich, in Süddeutschland und in der Schweiz (oberdeutsches Sprachgebiet) bei Wörtern auf, bei denen es in Norddeutschland (niederdeutsches Sprachgebiet) nicht auftritt, Beispiel: Schweinebraten und Schweinsbraten (wohingegen die Importspezialität Schweinshaxe zum Beispiel im Rheinland statt des einheimischen Eisbeins bzw. Hämmchens auf einer Speisenkarte erscheinen kann, die anderswo als Speisekarte gilt)[36]. Bei anderen Wörtern tritt ein Fugenlaut in Österreich nicht auf, Beispiel: Adventkalender gegenüber Adventskalender, oder aber in der Schweiz nicht auf, etwa Jahrzahl gegenüber Jahreszahl. Teilweise sind aber Begriffe, die sich nur durch das Fugen-s unterscheiden, in Deutschland und Österreich mit verschiedenen Bedeutungen belegt. So entspricht der deutsche Zugführer nicht dem österreichischen Zugsführer.

    Das Weglassen eines in der Alltagssprache üblichen und als richtig empfundenen Fugen-s ist kennzeichnend für das Amtsdeutsch und findet außer in Behörden insbesondere in der Versicherungswirtschaft Anwendung. So ist offiziell von Schadenmanagement, Verbandkasten, Dreiecktuch, Essenmarke, Offizierheimgesellschaft und Arbeitsuchenden die Rede.

    Die Frage, ob das Fugen-s in verfassungsgebende Gewalt, wie es in der Präambel des Grundgesetzes steht, tolerierbar ist, war Gegenstand gegengerichteter Petitionen, mit denen sich Bundesregierung und Bundestag jahrelang beschäftigt haben.[37][38]

    Zu Beginn des 19. Jahrhunderts regte der Schriftsteller Jean Paul an, das Fugen-s solle abgeschafft werden,[39] denn er hielt den s-Laut für unschön und erachtete das Fugen-s für unregelmäßig und unnötig. Also ließ er in den späteren Ausgaben seiner Werke alle Fugen-s eliminieren. Sein Vorhaben stieß auf massiven Widerstand der Brüder Grimm, die das Fugen-s als einen historisch gewachsenen Bestandteil der deutschen Sprache verteidigten.

  • #Massacre_de_Thiaroye et la mention « #Mort_pour_la_France »

    Depuis quelques jours, nous assistons à une tempête médiatique suite à l’octroi de la mention « Mort pour la France » pour six ex-#prisonniers_de_guerre assassinés à Thiaroye par l’armée française. Un décryptage me paraît indispensable.

    J’ai souvent regretté que les médias ne s’emparent pas de ce fait historique ou donnent la parole à des personnalités qui n’y connaissaient pas grand chose. Avec l’octroi de la mention "Mort pour la France" pour seulement six hommes et une dépêche AFP, ce fut l’emballement dont j’aurais pu me réjouir si son contenu n’avait pas véhiculé des inexactitudes. En premier lieu, évoquer l’attribution de la mention "Mort pour la France à titre posthume" est un regrettable #pléonasme. Avez-vous vu des vivants réclamer cette mention ?

    La dépêche, reprise par je ne sais combien de médias, évoque une "révolte" alors qu’ils ont réclamé leur dû avant de quitter le camp de Thiaroye et ce chiffre de 1300 rapatriés (chiffre officiel) alors qu’ils étaient plus de 1600. Puis "des #troupes_coloniales et des gendarmes français avaient tiré sur ordre d’officiers de l’#armée_française sur des tirailleurs rapatriés qui réclamaient leurs arriérés de solde". Les archives consultables sont très claires. Les tirailleurs "sénégalais" du service d’ordre n’ont pas pu tirer puisque leurs fusils n’étaient pas chargés et les gendarmes ont eu un rôle mineur. Le massacre a été perpétré par des armes automatiques dont des automitrailleuses commandées par des officiers. L’#ordre_de_tirer a été donné par le lieutenant-colonel #Le_Berre. Ce dernier a été sanctionné. Amnistié en 1947 comme les condamnés, le motif de sa sanction a été caviardé à tort. En avril 2023, le ministère m’a autorisée à me rendre au SHD, avec un laboratoire spécialisé, pour tenter de lire les lettres. Au prétexte d’une instruction complémentaire, le RDV programmé a été annulé et finalement, en avril 2024, le cabinet de la Secrétaire d’État m’a annoncé que je n’étais pas autorisée à faire cette opération de "désoccultation" alors que le rapporteur public du Conseil d’État, Alexandre Lallet, a suggéré dans ses conclusions du 4 octobre 2019 : "Par conséquent, la description des faits reprochés au lieutenant-colonel A, si elle n’avait pas été occultée, aurait été à notre avis communicable et l’administration pourrait accepter que soit déployé un dispositif technique de révélation des mentions originales, sans qu’on puisse l’y contraindre juridiquement".
    J’y vois là une nouvelle tentative d’#obstruction à la manifestation de la #vérité sur un #crime_colonial commis. Cet officier a peut-être outrepassé les ordres en faisant venir des automitrailleuses qui n’ont rien à voir avec une opération de maintien de l’ordre.

    La genèse de la liste des six

    En 2013, ne parvenant pas à trouver des documents et notamment des circulaires afin de connaître les droits de ces rapatriés, j’ai alerté le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lorientais comme moi, qui a sollicité le SHD (service historique de la Défense). Le 22 novembre 2013, j’ai reçu une réponse du ministre avec, dans une note de bas de page cette indication "quelques dossiers individuels conservés à Caen par la division des archives des victimes des conflits contemporains qui ont pu être identifiés comme concernant des victimes des événements de Thiaroye". C’est ainsi que j’ai pu obtenir les six dossiers. Ne possédant pas les noms de ces victimes, je n’aurais jamais pu les trouver sans cette intervention. Quelque temps plus tard, j’ai reçu la circulaire du 4 décembre 1944 qui fait croire que les rapatriés avaient perçu l’intégralité des soldes.

    Le contenu des dossiers

    Contrairement à ce que prétend le ministère des armées comme indiqué dans Le Monde Afrique Le massacre de Thiaroye, enjeu politique entre le Sénégal et la France (lemonde.fr), "dont les dossiers, en possession du Service historique de la défense, mentionnent qu’ils sont décédés à la suite du massacre de Thiaroye", il n’y a aucune mention du massacre. Bien au contraire. Dans le dossier #N'Gour_N'Dour, on trouve un courrier daté du 26 mai 1952 avec : "décédé le 1er décembre 1944 à Thiaroye (Dakar) au cours d’une rébellion du détachement, n’est pas Mort pour la France". Sur des dossiers de décès est effectivement estampillé "N’a pas droit à la mention Mort pour la France".

    Dans un autre courrier daté du 31 août 1951, le commandement supérieur des forces terrestres d’AOF écrit au Gouverneur du Sénégal que "le tirailleur N’Gour N’Dour est décédé au camp de Tiaroye, le 1er décembre 1944, jour de la #répression dans ce camp d’une mutinerie fomentée par les tirailleurs rapatriés de France". Il arrive de découvrir des propos ubuesques comme ce rapport provenant du DIC (Dépôt des Isolés coloniaux) de Dakar : "Aucun décès n’étant survenu parmi les militaires du service d’ordre, la mort du soldat de 2e classe #Ibrahima_N'Diaye ne peut donc être considérée comme survenue en service commandé". C’est un argumentaire incompréhensible et un non sens.

    Récemment j’ai saisi la justice administrative pour obtenir les archives du DIC de Dakar et le ministère invariablement répond que ces archives n’existent pas ou plus. Pourtant on en trouve mais que pour montrer le fait de rébellion et de mutinerie.

    Ces six dossiers existent au SHD vraisemblablement parce que les familles ou l’administration ont réclamé des explications.

    Dans le dossier de #M'Bap_Senghor, le plus volumineux avec les courriers de son fils Biram que j’ai pu ainsi retrouver, on trouve une demande d’enquête par le ministre Hernu et son chef de cabinet Serge Daël (que j’ai rencontré alors qu’il était président de la CADA). Il n’y a pas eu d’enquête car le département de la Défense a prétendu qu’il n’y avait pas de dossier.

    Thiaroye n’est qu’une succession de #mensonges pour camoufler l’#ignominie.

    L’octroi de la mention "Mort pour la France"

    Le dernier courrier de Biram Senghor demandant la mention "Mort pour la France" à l’ONaCVG date de janvier 2023, il n’a eu aucune réponse et il s’apprêtait à saisir le tribunal judiciaire, seul compétent et non la justice administrative. Mais le 18 avril 2023, les conseillers de la secrétaire d’État Patricia Mirallès, m’annoncent que le gouvernement réfléchit à une loi mémorielle et que les victimes de Thiaroye sont reconnues "Mort pour la France", c’est acquis. Ils m’ont demandé les cotes des dossiers. J’ai tout de suite informé Biram Senghor mais il n’a reçu aucun courrier, RIEN. J’ai évidemment demandé des explications à cette annonce non suivie d’effet. Pour moi, il y avait urgence. Il a fallu attendre le 8 juillet 2024, lendemain des législatives, pour recevoir enfin de l’ONaCVG, un courriel avec l’octroi de la mention pour cinq des victimes et avec une précision importante, la signature de la décision collective. J’ai réclamé la liste des cinq noms et cette décision collective. Je n’ai reçu que la liste non pas de cinq mais de six noms. J’ai signalé que le SHD possède un feuillet nominatif de contrôle (FNC) au nom de #Fara_Gomis qui prouve qu’il est décédé le 1er décembre 1944 et j’ai adressé un acte de décès d’un autre rapatrié. J’ai mentionné également que les trois condamnés morts durant leur détention doivent obtenir la mention "MPF". Ils sont bien décédés des suites de la guerre et n’ont pas été amnistiés. En parallèle, depuis des années je réclame au ministère, la liste des rapatriés et des victimes avec les archives du DIC de Dakar.

    Je dois comprendre que l’annonce officielle a été retardée pour l’inscrire dans un chemin mémoriel, une communication voulue par l’Elysée. Mais ont-ils pensé au seul descendant d’une victime âgé de 86 ans ? Cela donne un goût amer.

    Les conséquences de la mention "Mort pour la France" dans le cas du massacre de Thiaroye

    Je ne connais pas de situation similaire dans l’histoire militaire contemporaine avec la mention "Mort pour la France" attribuée par l’État français suite à une #exécution_extrajudiciaire commise par ce même État.

    En octobre 2023, j’ai été reçue par la direction des Affaires criminelles et des grâces comme en 2014. Les conseillères du Garde des Sceaux ont clairement indiqué qu’en cas d’officialisation de la mention "#MPF", le ministre pourra saisir la commission d’instruction de la Cour de cassation afin de faire aboutir le procès en révision pour les 34 condamnés. Cette mention "MPF" peut être considérée comme un élément nouveau.

    Le ministère pourra t-il et osera t-il refuser une #indemnisation à Biram Senghor dont le père a bien été assassiné et qui, du fait du #mensonge_d'Etat, a perdu tous ses droits. Comment évaluer un tel préjudice ?

    M’Bap Senghor désormais reconnu "Mort pour la France" repose dans une #fosse_commune. Je me demande si l’État français n’a pas obligation à faire des test ADN pour identifier son corps afin qu’il repose dans une sépulture individuelle à son nom.

    En tant qu’historienne qui avait, dès 2014, transmis au ministère et au président Hollande la synthèse de mes travaux faisant état du massacre prémédité, je veux comprendre comment la DMPA (Direction de la mémoire du patrimoine et des archives) a pu mettre en place trois panneaux réitérant le mensonge d’État alors que le ministère possédait les mêmes documents qu’en 2024.

    La décision d’attribuer la mention "Mort pour la France" n’a pu se faire qu’avec des documents qui prouvent qu’ils ne sont pas des mutins alors que les archives consultables montrent la rébellion armée, la #mutinerie, les revendications illégitimes. Le ministère ne peut plus prétendre que ces #archives n’existent pas ou plus ou ont été perdues ou détruites. Une enquête interne s’impose afin de voir au plus près l’origine de ces dysfonctionnements.

    Il va falloir procéder à la fouille des fosses communes et des tombes du cimetière. Le Sénégal a tout pouvoir pour le décider. Le ministère des armées a mentionné, pour un rapport de l’assemblée nationale, que des #tombes in mémoriam avaient été construites sur trois fosses communes, information gravée dans le marbre de notre République. Pour la DMPA (devenue DPMA puis DMCA), l’Islam interdit d’exhumer des corps. C’est leur credo, tout faire pour ne pas connaître l’étendue du massacre.

    L’octroi de la mention "MPF" est une petite avancée dans une étendue de renoncements, de manque de courage politique et de #racisme. Il n’y aurait pas eu d’#affaire_Thiaroye - qui rappelle l’affaire Dreyfus - si ces soldats avaient été des métropolitains blancs.

    Puisque le 15 août le président Macron ne pourra donc pas annoncer l’octroi de la mention "Mort pour la France", il peut annoncer que le Garde des Sceaux (qui est toujours ministre) a saisi la Cour de Cassation, qu’il y aura réparation et que le ministère des Armées a versé au SHD toutes les archives sans exception et que je pourrais lire les lettres du motif de la sanction. Ces décisions sont du ressort de l’État français.

    Je signale par ailleurs que le ministère des Armées et l’ONaCVG, par un jugement du 24 juin ont injonction à me transmettre dans les deux mois les documents qui prouvent que les disparus nommés sur les plaques du "#Tata " de #Chasselay inaugurées en janvier 2022 par Geneviève Darrieussecq, devenue vice-présidente de la Commission défense, sont bien inhumés dans cette nécropole militaire. Le ministère a d’abord fait croire à des recherches génétiques. Thiaroye c’est un massacre commis par l’armée française avec l’impossibilité de nommer les victimes (sauf 6) et à Chasselay c’est un massacre commis par l’ennemi allemand. Si je ne reçois pas ces documents, nous serons confrontés à une #imposture_mémorielle.

    https://blogs.mediapart.fr/armelle-mabon/blog/010824/massacre-de-thiaroye-et-la-mention-mort-pour-la-france
    #Thiaroye #assassinat #massacre #massacre_de_Tiaroye #Sénégal #France #mémoire #histoire

  • Looking to drop Google? Here are the best #Google_Maps alternatives for finding your way.

    With a number of community driven, open source mapping projects picking a navigation app without ads or tracking has never been easier.

    It has never been easier to visit a bustling unknown city or finding a hidden restaurant with the rise of Google Maps. This ease of navigation has not come without a price, that being the erosion of our privacy.

    https://tuta.com/blog/google-maps-alternatives-foss
    #alternatives #alternative #cartographie #app #smartphone #OsmAnd #Organic_Maps #Locus_Maps #OSM #Open_street_map #navigation #offline

    • Je découvre que pour l’Allemagne FALK est une solution intéressante aussi.
      https://www.falk.de

      Pour le monde entier il n’y a que des cartes qu’on trouve aussi ailleurs, mais pour les grande villes allemandes on peut choisir la version en ligne des excellentes cartes Falk qui ont fait la fortune du fondateur des éditions.

      Les informations sur Paris sont drôles :

      Neben bekannten Sehenswürdigkeiten hat Paris auch für Genussfreunde einiges zu bieten. So wird das La Coupole (Boulevard du Montparnasse 102, 75014 Paris) von Einheimischen gerne für eine leckere Mahlzeit ausgewählt. Aber auch viele weitere Lokale werden gerne empfohlen.

      Ah, mon pote, 15 heures à la Coupole, comme tous les jours après la boulot ?

      Leben wie Gott in Frankreich !

      Falk (Verlag)
      https://de.wikipedia.org/wiki/Falk_(Verlag)


      Wikipedia raconte la fascinant histoire des cartes et de la maison d’édition Falk qui depuis le 30.8.2012 fait partie de l’empire MairDumont.

  • La police peut-elle extraire les données de votre téléphone ? Fuite de documents chez Cellebrite - La Grappe
    https://lagrappe.info/?La-police-peut-elle-extraire-les-donnees-de-votre-telephone-Fuite-de-doc

    Des documents internes de Cellebrite datant d’avril ont récemment fuités. Ils révèlent les avancées techniques de leurs dernières mise à jour et les appareils dont ils sont capables d’extraire des données.

    Cellebrite est une entreprise israélienne qui, depuis 2020, a déployé dans les comicos Francais un de leurs UFED « le kiosk » : un outil d’extraction de données. Pour en savoir plus n’hésitez pas à aller voir cet article précédemment publié sur Rebellyon.

    Des documents internes de l’entreprise datant d’avril et destinés à leurs clients ont récemment fuités. Ils révèlent les avancées techniques de leurs dernières mise à jour. D’après leur support de communication seul les iPhone récents et les Google Pixel resteraient inaccessibles au logiciel.
    Toutes les infos de l’article sont à mettre au conditionnel étant donné qu’elles sont basées sur des documents promotionnels de l’entreprise. À noter également qu’elles représentent l’état des capacité de Cellebrite à un instant T, capacités qui sont amenées à changer plus ou moins vite.

    #surveillance #police #téléphone #sécurité #ordiphone #smartphone #Cellebrite #Israël

  • De l’hospitalité – Pour un monde commun
    https://ecologiesocialeetcommunalisme.org/2024/07/26/de-lhospitalite-pour-un-monde-commun

    La notion d’hospitalité fut pendant des millénaires au cœur de l’histoire humaine et de ses civilisations. L’on peut même penser que, d’une certaine manière, elle est ce qui donna naissance et matière à cette histoire, permit l’extension d’une conscience du genre humain, donna l’ouverture nécessaire pour sortir de la sclérose de l’esprit due à l’enfermement […]

    #Orientation_bibliographique #[VF]


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  • #Guerre_sociale en Espagne
    https://ecologiesocialeetcommunalisme.org/2024/07/19/guerre-sociale-en-espagne

    La guerre d’Espagne, période charnière de l’histoire du XXème siècle, est aussi celle qui est la plus occultée, la plus déformée, la plus trahie. Les raisons en sont nombreuses et demandent un certain décryptage des nombreuses complicités participant à l’entretien de cette falsification.S’il est assez facile de discerner l’action des franquistes pendant la dictature, qui […]

    #Orientation_bibliographique #[VF] #Guerre_d'Espagne #Les_Anarchistes_espagnols #Révolution_espagnole


    https://0.gravatar.com/avatar/f4ffc1b00ed412e4578ae06b96dcc9e8b2a1ac722f797958cac984106850a6a2?s=96&d=

  • Avoir raison avec... #Edward_Saïd

    À propos de la série
    Américano-palestinien, né à Jérusalem, nourri de l’exil, ce théoricien du #post-colonialisme, et #humaniste infatigable, n’a pas toujours été compris, particulièrement en France, son influence sur les #études_postcoloniales reste pourtant indéniable.

    Comment s’écrit et se conçoit un ouvrage qui marque son époque ? Toute cette semaine nous nous intéressons à l’auteur de L’orientalisme, publié en 1978 aux États-Unis par Edward Saïd. Ce professeur de littérature anglaise et de littérature comparée à l’Université de Columbia est un américano-palestinien né à Jérusalem en 1935. Il a grandi au Caire, et sa famille a vécu douloureusement la création d’Israël en 1948 qui marque la perte de la maison familiale à Jérusalem. Et l’impossibilité d’y retourner.

    Edward Saïd, qui passait alors ses vacances en famille à Beyrouth, est donc l’homme de multiples attachements, puisque son parcours scolaire, d’écoles anglaises en écoles américaines au Caire, lui donnent une grande culture musicale et littéraire européenne.

    Il interrogera cette culture dans un aller-retour entre Occident et Orient dans « l’orientalisme » qui est considéré comme un des livres fondatrices des études post-coloniales.

    C’est cet itinéraire d’exil et d’invention culturelle et intellectuelle que cette série d’émissions se propose d’approcher en compagnie de cinq spécialistes de son œuvre.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-avoir-raison-avec-edward-said
    #podcast #audio #orientalisme #ressources_pédagogiques #Edward_Said

  • La guerre des métaux rares. La face cachée de la #transition_énergétique et numérique

    En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvelle #dépendance : celle aux métaux rares. #Graphite, #cobalt, #indium, #platinoïdes, #tungstène, terres rares… ces ressources sont devenues indispensables à notre nouvelle société écologique (#voitures_électriques, éoliennes, #panneaux_solaires) et numérique (elles se nichent dans nos #smartphones, nos #ordinateurs, tablettes et autre objets connectés de notre quotidien). Or les coûts environnementaux, économiques et géopolitiques de cette dépendance pourraient se révéler encore plus dramatiques que ceux qui nous lient au pétrole.

    Dès lors, c’est une #contre-histoire de la transition énergétique que ce livre raconte – le récit clandestin d’une odyssée technologique qui a tant promis, et les coulisses d’une quête généreuse, ambitieuse, qui a jusqu’à maintenant charrié des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donné pour mission de résoudre.

    https://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-La_guerre_des_m%C3%A9taux_rares-531-1-1-0-1.html
    #métaux_rares #terres_rares #matières_premières #livre #transition_numérique #énergie #Guillaume_Pitron