• #Cyclone à #Mayotte : et voilà que les immigrés sont responsables des catastrophes climatiques

    Les déclarations rejetant la faute sur les personnes issues de l’immigration comorienne s’enchaînent dans le débat public. Une manière pour les personnalités politiques de se défausser de leurs responsabilités dans le drame humain que traverse l’île depuis plusieurs jours.

    À chaque fois qu’on pense avoir touché le fond, on creuse encore un peu plus. Les #déclarations indécentes de plusieurs personnalités politiques ou médiatiques après les ravages du cyclone #Chido à Mayotte démontrent, une fois de plus, combien les personnes immigrées servent de #bouc_émissaire et sont présentées comme les responsables de tous les maux de la société.

    Face à l’ampleur de la catastrophe et à l’urgence d’agir pour acheminer l’aide alimentaire, l’eau et autres produits de première nécessité, le ministre démissionnaire de l’intérieur, #Bruno_Retailleau, n’a rien trouvé d’autre que de s’attaquer à l’immigration. « Il faut déjà penser au jour d’après. On ne pourra pas reconstruire Mayotte sans traiter, avec la plus grande détermination, la #question_migratoire », a-t-il déclaré sur le réseau social X.

    Et le ministre d’ajouter : « Mayotte est le symbole de la #dérive que les gouvernements ont laissé s’installer sur cette question. Il faudra légiférer pour qu’à Mayotte, comme partout sur le territoire national, la France reprenne le contrôle de son immigration. »

    Au micro de BFMTV et RMC, mercredi 18 décembre, il a développé : « On ne pourra plus faire comme avant. Il faut trois actions : être beaucoup plus dur vis-à-vis des #Comores, envisager de nouveaux moyens de lutte en utilisant un certain nombre d’outils modernes pour prévenir les arrivées de #kwassa-kwassa, et enfin modifier notre législation. »

    Dans une comparaison qui n’a pas lieu d’être, par laquelle il surfe habilement sur la théorie d’extrême droite du « #grand_remplacement » sans toutefois la nommer, Bruno Retailleau a affirmé que « c’était comme si, en France, on avait à peu près 20 millions de clandestins ». « Est-ce qu’une société peut vivre dans la concorde civile avec un tel #déséquilibre_démographique ? eh bien, je dis non. »

    Le député de la #Marne_Charles de Courson (Liot) a emprunté la même voie de la déraison, allant jusqu’à parler d’« #invasion » : « Le plus grand problème de Mayotte, ce qui explique d’ailleurs le vote de nos compatriotes de ce département, c’est une forme d’invasion, il faut bien le dire, par des immigrants venant surtout des Comores, mais pas uniquement, et qui essaient de pénétrer en Europe via Mayotte. »

    #Hiérarchisation_des_vies

    #Barbara_Lefebvre, essayiste et chroniqueuse dans l’émission « Les Grandes Gueules » sur RMC, a quant à elle assumé de hiérarchiser les vies : « Maintenant, on vient nous expliquer “Oh on va faire une minute de silence pour les Mahorais”. C’est pas pour les Mahorais. L’essentiel des morts, ça doit être des clandestins comoriens qui de toute façon n’ont pas voulu écouter les alertes quand on leur a dit de s’en aller de leur #bidonville. »

    Ce #racisme décomplexé est d’une violence inouïe. Pendant ce temps, le premier ministre à peine nommé a préféré se rendre à Pau en jet privé, pour présider le conseil municipal de sa commune. Un premier choix révélateur de son sens des priorités face à une telle catastrophe, touchant le département le plus pauvre de France. Mais il ne s’est pas arrêté là.

    Interrogé mardi 17 décembre sur France 2 à l’occasion d’une soirée spéciale visant à récolter des dons pour Mayotte, #François_Bayrou a souligné la situation administrative d’une partie des victimes du cyclone, évoquant une « population qui, du point de vue des papiers, est illégale, mais du point de vue de la vie, sont des hommes et des femmes ». « Est-ce que c’est le sujet, aujourd’hui, de savoir si c’est légal ou pas ? », a rétorqué Nagui, le présentateur.

    C’est sans doute la seule et unique question qui compte aujourd’hui dans le drame que traversent Mayotte et ses habitant·es, peu importe la couleur de leur passeport. Car personne n’est illégal dans ce monde : il a simplement été décrété que les personnes blanches pouvaient migrer n’importe où, en étant qualifiées d’« expatriées », et que les autres n’en avaient pas le droit, au prétexte qu’elles ne seraient nées du bon côté de la planète.

    Au lieu de s’interroger sur l’efficacité de leurs politiques, nos dirigeants ont donc choisi de se défausser de leurs responsabilités. Tout serait la faute des « migrants », qui participeraient à l’« invasion » de Mayotte et créeraient un « déséquilibre » sur le territoire.

    Pas de remise en question

    Personne ou presque ne rappelle l’histoire de cette île, qui appartenait à l’archipel des Comores avant d’être colonisée par la France en 1941 et d’en être isolée lorsque la population mahoraise a voté contre l’indépendance.

    Personne n’explique pourquoi, en gardant une telle scission géographique, Mayotte continuera d’attirer toujours plus de personnes cherchant à fuir la misère et à améliorer leurs conditions de vie, en rejoignant l’île voisine, située à une soixantaine de kilomètres.

    Qui pour évoquer le rapport caché rédigé par six ministères, révélé par Mediapart en mars 2023, qui annonçait déjà la couleur d’une situation explosive, dans un territoire rongé par la pauvreté, un système de santé à la dérive et une politique migratoire contre-productive basée sur le non-accueil ?

    Personne ne s’attarde, enfin, sur les retards effrayants de développement sur l’île, qui manque cruellement de logements, d’infrastructures, d’accès à l’eau ou d’accès à la santé. Il suffit pourtant de s’y rendre pour que tout cela saute aux yeux : les bidonvilles – dans lesquels vivent aussi des personnes en situation régulière ou de nationalité française –, le système éducatif, l’état des routes, l’absence de lignes de transport en commun, les coupures d’eau régulières qui contraignent les habitant·es à faire des stocks dans des bidons pour pouvoir se doucher…

    Que l’on ne s’y trompe pas, ces retards ne sont pas imputables aux personnes migrantes ; et les personnes migrantes ne sont pas responsables du dérèglement climatique. Elles sont d’ailleurs bien souvent les premières à en pâtir, et deviennent, pour certaines, des réfugié·es climatiques. Les accuser de tous ces maux se résume à une grande lâcheté.

    Le ministre de l’intérieur l’a dit lui-même, « l’île est dévastée » et « ce qui attend la France à Mayotte est colossal ». Il est temps d’accompagner enfin ce département français de manière digne – comme les autres départements et régions d’outre-mer (Drom) – et d’y investir, tout en veillant à ce que la corruption ne réduise pas à néant les chances de survie des habitant·es les plus vulnérables.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/181224/cyclone-mayotte-et-voila-que-les-immigres-sont-responsables-des-catastroph
    #immigration #migrations #immigrés #responsabilité

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    • Mayotte face au cyclone Chido : quand l’obsession migratoire écrase la justice climatique

      Après le passage, ce samedi 14 décembre, d’un cyclone d’une violence inédite sur l’île de Mayotte, département français d’outre-mer, les conséquences matérielles et humaines sont colossales. Comment expliquer ce désastre climatique en brandissant la carte de la migration clandestine ? #Bruno_Retailleau, (ex)-ministre de l’Intérieur français y parvient très bien en attisant le délire fasciste du recours aux boucs émissaires pour tout justifier, de la catastrophe climatique à la #pauvreté extrême. Pour lui, ce sont les migrants en situation illégales qui expliquent les dégats causés par le passage de Chido.

      Les 14 décembre 2024, Mayotte est frappée par un violent cyclone, dévastant l’île et emportant des centaines de vies. Les destructions sont massives, tant au niveau des infrastructures où, par exemple, un hôpital a été gravement impacté, qu’au niveau d’habitations entières emportées. Au-delà de la destruction de lieux de vie, les pertes en vies humaines sont estimées à plusieurs centaines, voire milliers, selon le préfet de Mayotte. S’ajoutent au bilan humain et matériel des milliers de personnes sinistrées après le passage de ce tourbillon meurtrier. Alors que l’heure est au deuil et à l’appel à la solidarité internationale, à l’envoi de secours afin de soigner, nourrir et loger celles et ceux qui se retrouvent sans toit, l’(ex)-ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dont la #rhétorique des trois derniers mois s’est concentrée sur un appel général au rétablissement de “l’#ordre”, explique sur X (ex-Twitter) :


      https://x.com/BrunoRetailleau/status/1868920034598306010

      Justifier le désastre du cyclone par la présence de l’immigration clandestine

      Reconnaître la #responsabilité du gouvernement français dans l’extrême pauvreté qui touche le département français de Mayotte n’a pas semblé être une priorité pour Bruno Retailleau, qui appelle à poursuivre la course contre l’immigration irrégulière plutôt que de s’attaquer aux causes du désastre dû à la catastrophe climatique. Faire appel à la “#question_migratoire” pour justifier l’écart de pauvreté entre la France métropole et Mayotte n’est pas une nouveauté pour le ministère de l’Intérieur français. En 2018, alors qu’un large mouvement social secouait l’île pour dénoncer les conditions de vie difficiles, la priorité du gouvernement était déjà donnée à la lutte contre l’immigration dite “irrégulière” des Comorien·nes cherchant refuge à Mayotte. Il est important de rappeler que Mayotte fait historiquement partie intégrante de l’archipel des Comores. Ce peuple forme une unité historique et culturelle avec les trois autres îles (Grande Comore, Mohéli et Anjouan). Lors des décolonisations, l’État français a isolé Mayotte, où une majorité s’était prononcée contre l’indépendance lors d’un référendum alors que les autres îles se prononcaient pour. Devenue département français en 1974, cette décision a été largement dénoncée par l’ONU comme une violation du droit international et une atteinte à l’intégrité territoriale des Comores.

      Le #déni_colonial de la France

      La catastrophe écologique du passage du cyclone Chido met en lumière les enjeux politiques et environnementaux des territoires d’outre-mer français. L’intensité du cyclone et les ravages qu’il a causés rappellent « les conséquences mortelles des inégalités en termes de ressources et d’infrastructures dans ces régions » [1]. En moyenne le niveau de vie à Mayotte est sept fois plus bas que la moyenne nationale, avec 77% des habitant·es vivant sous le seuil de pauvreté, soit cinq fois plus qu’en France et un tiers vivant dans des habitations trop précaires pour résister à la force du cyclone. Le désastre auquel font face les Mahorais aujourd’hui ne peut être dissocié, contrairement à ce qu’affirme Bruno Retailleau, de l’héritage colonial. La longue histoire de violences, d’accaparement des terres, de reconfiguration des paysages et de traumatismes liés à la colonisation et à l’esclavage, apparait aujourd’hui indissociable de la situation dans laquelle se trouve Mayotte.

      Aujourd’hui, appartenir à un département français tout en laissant des milliers de personnes dans une pauvreté extrême ne peut être interprété comme le résultat d’une « dérive » liée à la présence de Comorien·nes considérés comme clandestins sans-papiers. Le ministre de l’intérieur promet la chasse à celles et ceux qui demandent asile ou vivent clandestinement, sous-entendant que celle-ci pourrait solutionner les difficultés économiques de l’Outre-mer. Dans la clandestinité, nombreuses sont les personnes sans-papiers qui vivent dans des bidonvilles, souvent construits avec des matériaux largement dévastés par le cyclone. De plus, selon certaines informations, des personnes non régularisées ne se seraient pas rendues dans les centres d’hébergement indiqués pendant l’alerte rouge du cyclone, par crainte de répression et d’arrestation. Nombreux sont celles et ceux qui ont probablement perdu la vie dans le cyclone, victimes d’une nécropolitique répressive menée par la France à leur égard.

      Comme le rappellent Malcom Ferdinand et Mélissa Manglou, la vulnérabilité des territoires d’Outre-mer aux dégradations environnementales et aux perturbations climatiques n’est pas naturelle, mais résulte d’une « longue construction sociale et politique ». [2] Elle découle d’un héritage colonial qui a détruit les écosystèmes et fragilisé la souveraineté de territoires entiers. Mayotte fait partie de la France suite à un travail acharné visant des enjeux économiques et géopolitiques, notamment en raison de sa position stratégique dans l’Océan Indien, près du Mozambique, un pays riche en ressources exploitées par l’extractivisme. Le cyclone Chido illustre de manière poignante comment les habitant·es de Mayotte subissent la destruction des lieux fragilisés par des années de difficultés économiques et de chasse aux « clandestin·es » causée par la nécropolitique française. Ce processus reflète également une forme de dette écologique, où les conséquences des pratiques extractivistes et de l’exploitation des ressources naturelles se manifestent de manière disproportionnée sur les populations locales, amplifiant leur précarité face aux catastrophes climatiques. Aujourd’hui, la mort de nombreuses personnes lors de cette catastrophe climatique ne peut être comprise que comme le résultat d’un long processus d’anéantissement colonial. Bruno Retailleau, en l’associant à une « dérive » dans la gestion de l’immigration, utilise une rhétorique dangereuse et fascisante pour légitimer la position de la France en Outre-mer.

      https://www.cadtm.org/Mayotte-face-au-cyclone-Chido-quand-l-obsession-migratoire-ecrase-la-justice

  • Accusée d’ « #islamo-gauchisme », une chercheuse en #procès contre le vice-président de LR

    Ce mercredi a eu lieu l’audience d’appel pour #injure_publique après la #plainte de #Christelle_Rabier, enseignante-chercheuse, ciblée dans un tweet de l’actuel vice-président LR #Julien_Aubert l’accusant d’ « islamo-gauchisme ». Le délibéré sera rendu le 8 janvier prochain.

    C’est dans un contexte d’institutionnalisation et d’intensification de la #traque à l’ « islamo-gauchisme » que s’inscrit ce procès opposant Christelle Rabier, maîtresse de conférences à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), à l’ex-député LR (et actuel vice-président du parti) Julien Aubert. Quelques jours après l’assassinat de Samuel Paty du 16 octobre 2021, Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’éducation, dénonce le 22 octobre au micro d’Europe 1 une « #complicité_intellectuelle du #terrorisme » derrière laquelle est désigné « l’islamo-gauchisme » qui « fait des #ravages à l’université » et favorise « une #idéologie qui, de près ou de loin, mène évidemment au pire ». Revenant sur l’assassinat de #Samuel_Paty, il soutient que « ce n’est pas un assassin seul, c’est un assassin qui est conditionné par d’autres gens, en quelque sorte les auteurs intellectuels de cet assassinat ». Des accusations qu’il réitérera le même jour devant le Sénat.

    Dans la foulée de ces déclarations, les députés Les Républicains Julien Aubert et #Damien_Abad réclament l’ouverture d’une #mission_d’information_parlementaire sur « les #dérives_idéologiques dans les milieux universitaires », dénonçant l’emprise « des courants islamo-gauchistes puissants dans l’enseignement supérieur » et la « #cancel_culture ». Une offensive réactionnaire annoncée dans un communiqué de presse le 25 novembre, et de nouveau par Julien Aubert sur le plateau de Cnews le lendemain, avant de publier deux tweets qui feront l’objet du procès face à Christelle Rabier. Après avoir déclaré dans un premier tweet titré « #Dérives_idéologiques dans les universités » qu’ « il y a deux mouvements, la #CancelCulture et l’#Islamogauchisme, qui nient le débat contradictoire et plaident pour une ostracisation de ceux qui ne pensent pas comme eux », le député en publie un second quelques heures plus tard ciblant explicitement dans un photomontage sept enseignants-chercheurs, dont l’enseignante de l’#EHESS :

    C’est à la suite de ces accusations que Christelle Rabier et son avocat décident, le 13 février 2021, de porter plainte contre Julien Aubert pour injure publique. L’ancien président de l’EHESS, #Christophe_Prochasson, avait alors refusé de lui accorder la #protection_fonctionnelle, refusant de fait de soutenir la chercheuse attaquée dans le cadre de ses recherches universitaires par un député réactionnaire. Après avoir déposé un recours en annulation contre cette décision auprès du #tribunal_administratif, l’enseignante finit par obtenir une prise en charge des frais d’avocat par son administration le 9 décembre 2022. Le rôle de la présidence de l’EHESS dans la traque à l’ « islamo-gauchisme » et à la répression des voix dissidentes s’est depuis affermie avec le successeur de Prochasson, #Romain_Huret, qui a sévèrement réprimé la mobilisation étudiante en soutien à la Palestine. Le 15 novembre 2023, le #tribunal_correctionnel rejette l’accusation de Christelle Rabier et innocente le député LR. L’audience d’appel avait lieu aujourd’hui, à la #Cour_d’appel de Paris. Le délibéré sera rendu le 8 janvier prochain.

    Ce procès pour « injure publique » reflète plus largement l’intensification sur les trois dernières années de la #chasse_aux_sorcières orchestrée par les gouvernements successifs. Après la demande d’une #mission_parlementaire par les deux députés LR, #Frédérique:Vidal mandatait en février 2021 le CNRS pour mener une « étude » sur l’ « islamo-gauchisme » dans les universités. En janvier 2022 se tenait à la Sorbonne le colloque « « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture » salué par des figures telles que Blanquer, Zemmour ou Ciotti, qui visait à faire un état des lieux de la pensée « #woke » et « décoloniale » dans les universités et à y restaurer un #ordre_moral_réactionnaire. La liste de ces initiatives est longue. La récente nomination par le nouveau gouvernement de #Patrick_Hetzel à la tête du ministère de l’ESR vient couronner cette #traque aux opposants politiques en promettant de renforcer la #répression et la #criminalisation de toute contestation de l’État radicalisé. La récente tribune de Hetzel laisse présager que les procès pour « islamo-gauchisme » fleuriront dans les prochains mois.

    Face à ces #intimidations et aux tentatives de #musèlement des #voix_dissidentes qui se multiplient, dans un contexte où le gouvernement prépare des offensives austéritaires d’ampleur, nous avons besoin de construire une riposte des organisations étudiantes, syndicales et politiques. Contre la criminalisation et la répression de l’État, de sa police et de sa justice, nous affirmons notre solidarité à Christelle Rabier et réitérons notre soutien inconditionnel à toutes celles et ceux qui se mobilisent contre l’ensemble des politiques réactionnaires et austéritaires du gouvernement, pour une société libérée des oppressions et de l’exploitation.

    https://www.revolutionpermanente.fr/Accusee-d-islamo-gauchisme-une-chercheuse-en-proces-contre-le-v
    #justice #France #ESR #enseignement_supérieur #université

    –-

    ajouté à la #métaliste de la saga autour du terme l’#islamo-gauchisme... mais aussi du #woke et du #wokisme, #cancel_culture, etc.
    https://seenthis.net/messages/943271

  • Des SDF occupent un parc à Rennes : la Ville retire les bancs | Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/ille-et-vilaine/rennes-35000/des-sdf-occupent-un-parc-a-rennes-la-ville-retire-les-bancs-6698016.php


    La Ville a enlevé les bancs de la place Général-Giraud sur la demande des habitants. (Le Télégramme/Quentin Ruaux)

    Dans le #centre-ville de Rennes, plusieurs bancs publics ont été retirés pour empêcher les rassemblements de #sans-abri et de #marginaux.

    Où sont passés les bancs du square Général-Giraud à Rennes ? Située près de la dalle Colombier, au niveau du passage du Plélo, cette petite place légèrement bucolique avait été entièrement réaménagée par la Ville de Rennes en 2022 afin de devenir un lieu de détente. Plusieurs bancs avaient été installés dans ce but, mais un peu plus de deux ans plus tard, ils viennent d’être retirés.

    La raison : « les bancs ont été enlevés à la demande d‘habitants et de commerçants indisposés par des rassemblements fréquents de personnes souvent alcoolisées et bruyantes », indique la Ville de Rennes.

    Des rassemblements de sans-abri

    Une décision pas vraiment du goût de l’association La Cloche qui vient en aide aux sans-abri. « Quand on enlève des bancs, on enlève des espaces pour se rencontrer », indique l’association. « De notre côté, on invite plutôt les gens à se rencontrer pour mieux vivre ensemble. Ce genre de décision ne va pas vraiment dans le bon sens ».

    Ce n’est pas la première fois que la Ville est pointée du doigt pour ce type d’actions. L’année dernière, La Cloche avait déjà souligné la présence dans le centre de dispositifs « anti SDF » comme ces pics installés devant la façade de la banque Crédit Mutuel, place de Bretagne ou encore les nombreux bancs avec un gros trou central entre République et le Colombier qui empêchent les sans-abri de s’installer.

    Pas touche au #centre-ville !
    #ordre_public #commerce #PS #EELV

  • #Allemagne : comprendre la nouvelle « #procédure_aéroportuaire »

    Dans le cadre du nouveau pacte européen sur l’asile, le gouvernement allemand a approuvé des « procédures aéroportuaires » plus rapides. Il s’agit d’une disposition du #RAEC qui permettra d’accélérer le traitement des demandes d’asile et le renvoi des personnes arrivant directement en provenance d’un « pays d’origine sûr ».

    Voici ce que cela signifie.

    Le gouvernement allemand vient d’approuver un projet de loi visant à mettre en œuvre certains aspects du nouveau #Régime_d’asile_européen_commun (RAEC)

    Il s’agit notamment de la #procédure_accélérée_aux_frontières. Il s’agit d’une disposition du RAEC qui permettra d’accélérer le traitement des demandes d’asile et le renvoi des personnes arrivant directement en provenance d’un « #pays_d'origine_sûr ».

    Or, le seul moyen pour un migrant d’enter en Allemagne en provenance d’un pays situé en dehors de l’espace Schengen est par avion ou par bateau.

    C’est la raison pour laquelle les nouvelles mesures concernent les procédures dans les #aéroports allemands.

    Fonctionnement du système jusqu’à présent

    L’Allemagne dispose déjà de procédures spéciales pour les migrants sans papiers originaires de pays figurant sur la liste officielle des pays d’origine sûrs - qui comprend actuellement les États membres de l’UE et 10 autres pays - et qui demandent l’asile à l’aéroport.

    Ils se retrouvent alors dans une #zone_de_transit à l’intérieur de l’aéroport dans lesquelles ils ne sont pas encore considérés comme étant entrés sur le territoire allemand.

    Selon la réglementation actuelle, les personnes dont les demandes sont traitées dans ces zones de transit, peuvent être retenues pendant un maximum de 19 jours.

    En quoi la « procédure aéroportuaire » va-t-elle évoluer ?

    Le nouveau règlement élargit la définition des pays d’origine sûrs. À l’avenir, un pays sera considéré comme « sûr » si son #taux_de_protection, c’est-à-dire la part de demandeurs d’asile originaires de ce pays obtenant une protection en Allemagne, est inférieur à 20 %. Selon le ministère de l’Intérieur, c’est le cas pour un « grand nombre de pays d’origine ».

    La procédure aéroportuaire accélérée doit également s’appliquer aux personnes qui représentent un danger pour la #sécurité_nationale ou l’#ordre_public, ainsi qu’aux migrants qui falsifient leur identité.

    Les #mineurs_non_accompagnés ne seront pas soumis à ces procédures, sauf s’ils sont considérés comme un risque pour la #sécurité de l’Allemagne. La procédure s’appliquera toutefois aux enfants accompagnés d’un membre de leur famille.

    Autre évolution : les migrants pourront être retenus pendant huit à douze semaines dans la zone de transit à l’aéroport, auxquelles s’ajoute un délai supplémentaire de douze semaines appelé « #procédure_de_retour », qui intervient si la demande d’asile de la personne est rejetée - contre 19 jours aujourd’hui.

    Un « signal important pour l’Europe »

    « Nous envoyons un signal important à l’Europe en montrant que l’Allemagne met en œuvre la nouvelle loi de manière rapide et complète », a déclaré la ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser, qui assure que Berlin veut accélérer les mises en œuvre du Pacte européen sur l’asile plus vite qu’exigé par Bruxelles.

    Elle s’est ainsi félicité que l’Allemagne soit le premier pays européen a mettre en œuvre les nouvelles règles du RAEC.

    Reste que le cas de l’Allemagne est bien plus simple, comparé à la Grèce, l’Italie, l’Espagne ou la Hongrie, qui observent beaucoup plus d’arrivées en provenance de pays tiers.

    Préoccupations en matière de droits de l’homme

    Les procédures accélérées aux frontières - plus que tout autre aspect de la réforme du RAEC - ont été fortement critiquées.

    Clara Bünger, députée du parti de gauche allemand, affirme que le fait de fournir une définition des pays d’origine sûrs dans le nouveau règlement permet à des États d’être déclarés sûrs « par une voie détournée ».

    D’autres dénoncent la nouvelle période de détention des demandeurs d’asile dans les zones de transit, qui peut durer potentiellement jusqu’à six mois, y compris des enfants et des personnes vulnérables. Pour Anna Suerhoff, assistante de recherche à l’Institut allemand des droits de l’Homme, le dispositif est contraire à la Convention de Genève.

    Le ministère allemand de l’Intérieur précise que les personnes ne seront détenues que sur décision de justice, comme lorsqu’un demandeur d’asile débouté présente un risque de fuite.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/61131/allemagne--comprendre-la-nouvelle-procedure-aeroportuaire
    #pacte #asile #migrations #accélération #procédures_accélérées #pays_sûrs #rétention #détention_administrative

    ajouté à la métaliste sur #Pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile :
    https://seenthis.net/messages/1019088

    ping @karine4

  • Comment les #centres_de_rétention se sont transformés en outil sécuritaire pour l’État

    Alors que le nouveau ministre de l’intérieur multiplie les déclarations autour de ces lieux de #privation_de_liberté, Mediapart retrace l’évolution de leur utilisation, désormais assumée comme l’espace où doivent être enfermés en priorité les étrangers dits « dangereux ».

    Le tournant a sans doute été pris au lendemain de la mort de la petite #Lola, tuée à l’âge de 12 ans par une ressortissante algérienne, le 14 octobre 2022 à Paris. À l’époque, un sigle se répand à une vitesse éclair sur les plateaux télé et dans les pages des grands titres nationaux : #OQTF, pour « #Obligation_de_quitter_le_territoire_français ». La meurtrière de la fillette était visée par cette #mesure_d’éloignement qui permet à l’État d’expulser les étrangers qui n’ont pas, selon lui, vocation à rester sur le territoire.

    Peu après le drame, et son #instrumentalisation par la droite et l’extrême droite, Gérald Darmanin, alors ministre de l’intérieur, annonce vouloir rendre « impossible » la vie des étrangers faisant l’objet d’une OQTF, déplorant un « droit trop complexe » pour y parvenir. « [Nous nous sommes] intéressés aux étrangers qui posaient des questions d’#ordre_public, soit parce qu’ils étaient #fichés_S, soit parce qu’ils étaient auteurs de crimes ou de délits très graves », déclare-t-il alors.

    Trois mois plus tôt, en août 2022, il adressait déjà une circulaire à tous les préfets de France les invitant à enfermer et à éloigner en priorité les étrangers en situation irrégulière auteurs de #troubles_à_l’ordre_public. « En cas de manque de places disponibles [en centre de rétention – ndlr], il convient de libérer systématiquement les places occupées par les étrangers sans antécédents judiciaires non éloignables et de les assigner à résidence », assumait-il.

    C’est ainsi que la population placée en centre de rétention administrative (CRA) semble avoir évolué, sous l’impulsion de l’ancien locataire de la Place-Beauvau. Et désormais avec la validation de son successeur, #Bruno_Retailleau, qui a affirmé vouloir une nouvelle #loi_immigration pour augmenter la #durée_maximale de rétention pour les auteurs de crimes sexuels ; une exception jusqu’alors uniquement possible pour les terroristes.

    Lundi 28 octobre, c’est dans une #circulaire adressée aux préfets que le ministre officialise la chose, les appelant à « utiliser tous les moyens de droit à disposition face aux étrangers considérés comme menaçant l’ordre public ». Le document fuite dans le contexte de la visite présidentielle d’Emmanuel Macron au Maroc, en compagnie de Bruno Retailleau.

    Lors de sa visite du CRA du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) le 11 octobre, le nouveau ministre de l’intérieur n’a pas manqué de surfer sur une autre affaire, celle de Philippine, une jeune étudiante tuée par un ressortissant marocain, déjà condamné pour viol et lui aussi visé par une OQTF et libéré de centre de rétention faute de laissez-passer consulaire – nécessaire pour mettre en œuvre son expulsion – obtenu à temps par les autorités.

    Bruno Retailleau insiste lourdement sur « des profils très, très dangereux, qui ont écopé de plusieurs années de prison », et souligne que désormais, « le peu de places » disponibles sont « réservées » aux « cas les plus lourds ».

    La quasi-totalité des retenus connus pour « trouble à l’ordre public »

    Le 20 septembre, lors d’une visite parlementaire dans ce même centre de rétention, les député·es Ersilia Soudais et Aurélien Taché (La France insoumise) sont d’abord alerté·es par les #conditions_de_vie des retenus, leurs problèmes de santé et le manque d’#accès_aux_soins, ou encore les #tensions et #violences qui découlent de l’enfermement.

    Les deux parlementaires aperçoivent notamment une minuscule pièce servant à l’« #isolement », avec une couchette, séparée d’un WC par un muret. L’homme enfermé là aurait cherché à fuir du centre la veille et restera là jusqu’à ce qu’il se « calme ».

    Un peu plus loin, la question sécuritaire s’illustre encore différemment. Plusieurs agents du greffe sont réunis dans un bureau, dont les murs sont entièrement habillés de tableaux, sur lesquels figurent les nom, prénom, nationalité, préfecture de rattachement, date et motif d’arrivée de chaque retenu. « Aujourd’hui, 100 % des retenus sont connus pour des troubles à l’ordre public », lance l’un des policiers. Cela date « d’un an ou deux », poursuit-il, soit au moment de la fameuse #circulaire_Darmanin.

    Le chiffre a de quoi surprendre. Durant des années, de nombreuses personnes #sans-papiers, et sans histoire aucune avec la police ou la justice, se retrouvaient enfermées en CRA et menacées d’#expulsion alors qu’elles résidaient, travaillaient et avaient parfois des enfants scolarisés en France, victimes du cycle infernal des expulsions mis en place par les autorités.

    « Ils ont tous 30 à 40 faits [derrière eux] pour violences, etc. Donc le but du jeu, c’est qu’ils soient éloignés, et pas sur le territoire français pour commettre d’autres violences », poursuit cet agent du greffe. La tendance s’est donc inversée, comme le souhaitait l’ancien ministre de l’intérieur, confirmant que les CRA sont devenus des outils purement sécuritaires.

    « Avant, on voyait beaucoup de simples personnes en situation irrégulière. Maintenant, ce sont des sortants de prison », confirme en off un policier qui travaille en CRA.

    Une annexe de la prison

    Une information que confirme Thierry*, agent de sécurité dans un CRA de France, qui souhaite garder l’anonymat. « On reçoit beaucoup de #sortants_de_prison. À peine libérés, on les voit arriver ici. Ils n’ont pas le temps de repasser chez eux ou de s’échapper. » Il décrit une #machine_infernale où dès qu’une « #mise_à_l’avion » est effectuée – autrement dit, une expulsion – ou qu’une libération a lieu, la place est immédiatement attribuée à un autre et ne reste « jamais vacante ».

    Et puisqu’il ne s’agit désormais que de ces profils, sur son lieu de travail, l’aile consacrée aux femmes a quasiment disparu. La majorité des hommes retenus ici « se comportent bien », souligne-t-il, tout en sachant que dans le lot, certains ont pu commettre un viol, une agression, ou baigner dans les trafics.

    « On a une petite minorité qui est dans la provocation. Mais quand on sait qu’ils vivent reclus, à quatre dans une chambre, sans aucune intimité, je les comprends. C’est normal que ça rende fou. »

    « Les gens sont enfermés, on dirait un lieu pénitentiaire. D’ailleurs, quand les femmes viennent rendre visite à leur conjoint, elles parlent souvent d’un #parloir. Ça en dit long », relève Thierry. Dans son imaginaire, avant de travailler en CRA, l’homme se figurait un lieu où étaient placés les sans-papiers censés être renvoyés dans leur pays. « Pas un endroit où on enferme des criminels ou des bandits… »

    Interrogés sur l’évolution des profils parmi les retenus, les services du ministère de l’intérieur indiquent à Mediapart qu’au niveau national 96 % des retenus sont « des étrangers en situation irrégulière ayant un profil évocateur d’une menace à l’ordre public », pouvant être fichés S, connus pour des faits de terrorisme ou de droit commun, ou sortir de prison.

    L’expulsion des étrangers « dont le profil est évocateur de risques de trouble à l’ordre public est prioritairement recherché », poursuivent-ils, précisant que cela ne concerne pas uniquement des individus condamnés, mais « plus largement des individus défavorablement connus des services de police », qui ont pu faire l’objet de classement sans suite, de mesures alternatives ou encore d’un fichage pour radicalisation.

    C’est une « priorité d’action » depuis plusieurs années, assume le ministère, en citant les attentats d’Arras et d’Annecy, qui ont conduit à une meilleure « prise en compte de l’#ordre_public dans le cadre de la rétention […], que l’étranger soit en situation irrégulière, qu’il soit détenteur d’un titre de séjour, demandeur d’asile ou bénéficiaire de la protection internationale ».

    Elsa Faucillon, députée NFP des Hauts-de-Seine, dit constater un changement de profil parmi les retenus : « On voit beaucoup moins qu’avant des personnes placées en rétention après un “simple” contrôle d’identité, et quasi exclusivement des personnes qui représentent un “#danger” ou une “#menace”. » Mais cette dernière notion « relève d’un grand #flou et de beaucoup d’#arbitraire », estime-t-elle.

    « Dans un même lieu, on va retrouver des personnes suspectées ou accusées d’actions terroristes, passées par la case prison, et d’autres pour qui la rétention est uniquement administrative », précise la députée, avec le souvenir d’un homme accusé de trouble à l’ordre public pour avoir mendié dans la rue.

    « Moi, je sors de prison, mais je ne mérite pas de me retrouver ici, j’ai purgé ma peine », nous glisse un Algérien rencontré au CRA du Mesnil-Amelot, avec le sentiment d’être puni une seconde fois. À ses côtés, un jeune homme fulmine : « J’ai une carte d’identité italienne et je me retrouve ici. Je me suis battu avec un collègue dehors, on m’a mis la mention “trouble à l’ordre public”. J’ai dit que je pouvais rentrer dans mon pays par mes propres moyens, mais ils n’ont rien voulu savoir. »

    Un autre, de nationalité égyptienne, explique avoir été « ramassé » à l’aube, alors qu’il travaillait au noir sur un marché. Près des chambres où sont parqués les retenus apparaissent des lits superposés et un matelas posé à même le sol. Mounir, du haut de ses 20 ans, a le visage déconfit. Il dit en chuchotant avoir utilisé l’identité d’un autre pour pouvoir travailler. « Ils m’ont chopé alors que je faisais une livraison, je n’avais pas de permis. » Son dossier a été estampillé d’un « trouble à l’ordre public ».

    Non expulsables et enfermés malgré tout

    De toute façon, commente un Tunisien derrière le grillage qui entoure la cour, comparant lui aussi les lieux à une « prison », « ils ramènent les gars ici juste pour faire du #chiffre ». L’obsession est telle que, parmi les personnes enfermées au Mesnil-Amelot lors de notre visite, se trouvent également des étrangers considérés comme non expulsables, parce que leur pays connaît une situation de conflit et de chaos – à l’instar de l’Afghanistan, du Soudan ou d’Haïti.

    Lorsque notre regard se pose sur la mention « Afghan », inscrite au tableau du bureau du greffe, le responsable de la visite l’admet : « Celui-là sera relâché à l’issue des trois mois, il ne peut pas être expulsé. »

    Quant aux Algériens, en théorie expulsables, il devient presque impossible pour les autorités d’obtenir le fameux #laissez-passer_consulaire nécessaire à leur éloignement, selon l’agent de sécurité déjà cité.

    « Tous les retenus de nationalité algérienne restent trois mois, soit la durée maximale de rétention, et ressortent ensuite, le plus souvent avec une #assignation_à_résidence, rapporte-t-il. J’en ai vu faire trois passages d’affilée en CRA, à chaque fois libérés, puis replacés en rétention, puis de nouveau libérés… » La situation ne risque pas de s’arranger avec la « réconciliation » opérée par la France avec le Maroc, au détriment de ses relations avec l’Algérie.

    Mais au milieu de ces profils dits « dangereux », dont certains ont le visage marqué par la vie et les bras balafrés, il arrive encore de croiser des hommes sans histoire. Tel ce cinquantenaire burkinabé, vivant en France depuis vingt ans.

    Lorsque nous l’interrogeons sur d’éventuels antécédents judiciaires, celui-ci est catégorique. « Je sais quand je fais des bêtises, et je n’en ai pas fait. Je ne suis pas un danger pour la France. Je vis avec les Français, je n’ai pas de problèmes avec eux. Je me sens français », déclare-t-il, précisant que ses enfants, qui résident sur le territoire français, sont aujourd’hui majeurs.

    Selon le ministère de l’intérieur, à l’heure actuelle « seuls 6 % [des retenus] sont des étrangers non connus pour des menaces à l’ordre public » en France.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/301024/comment-les-centres-de-retention-se-sont-transformes-en-outil-securitaire-

    #CRA #détention_administrative #rétention #migrations #réfugiés #enfermement #politique_du_chiffre #expulsabilité

  • Immigration : Bruno Retailleau exige « des résultats » dans une circulaire adressée aux préfets
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/10/30/immigration-bruno-retailleau-exige-des-resultats-dans-une-circulaire-adresse

    Immigration : Bruno Retailleau exige « des résultats » dans une circulaire adressée aux préfets
    Le Monde avec AFP
    « Des résultats » pour « la reprise du contrôle de notre immigration » : le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a adressé une circulaire aux préfets pour qu’ils appliquent les nouvelles orientations de ce tenant d’une politique migratoire à la ligne dure. « L’obtention des résultats demandés par nos concitoyens exige votre complète mobilisation », écrit le ministre aux représentants de l’Etat dans ce document de sept pages, dont l’Agence France-Presse a eu connaissance mardi 29 octobre. Dans cette circulaire, le nouveau locataire de la Place Beauvau détaille la marche à suivre, en attendant une nouvelle loi sur l’immigration promise par l’exécutif pour 2025.
    Le contenu du document a fuité au moment où le ministre était lui-même à Rabat pour discuter coopération en matière d’immigration illégale avec son homologue marocain. Ils ont convenu d’« approfondir » un « cadre de travail », « que ce soit en matière de retour, de lutte contre les filières ou de surveillance des frontières terrestres et maritimes », a expliqué M. Retailleau devant la presse. Les deux pays entendent « raccourcir les délais » concernant les « réadmissions de ressortissants marocains en situation irrégulière » en France afin de « mieux faire en termes de nombre de personnes réadmises », a-t-il précisé.
    Dans l’Hexagone, ce sont des « résultats » qu’attend tout d’abord Bruno Retailleau des préfets : « De votre implication personnelle dépend la reprise du contrôle de notre immigration », affirme-t-il dans ce document particulièrement détaillé. « Ces orientations visent tant les étrangers en situation régulière […] que ceux en situation irrégulière, en particulier pour ce qui concerne le maintien en rétention administrative et les mesures et dispositifs de suivi à mettre en place lorsque les possibilités de recourir à cette dernière sont épuisées », écrit le ministre.
    Le responsable liste une série de mesures destinées, par exemple, à « amplifier » et « systématiser » les mesures d’éloignement visant les étrangers susceptibles de présenter des menaces à l’ordre public en France. Ces orientations ne doivent pas se « limiter aux flux de situations nouvelles », mais doivent « porter sur les dossiers qui n’avaient pu, par le passé, faire l’objet de mesures appropriées, désormais rendues possibles » par la loi Darmanin, promulguée au début de 2024. Soucieux d’utiliser toutes les dispositions ouvertes par la loi de son prédécesseur, Bruno Retailleau veut, par exemple, que les préfets mobilisent « pleinement le levier de l’interdiction de retour en complément de l’OQTF [obligation de quitter le territoire français] », « lorsqu’un arrêt d’expulsion n’est pas juridiquement valable ». Pour mener à bien cette politique, le ministre demande aux préfets d’abonder « en ressources humaines, matérielles et budgétaires » les services des étrangers afin d’absorber la charge de travail supplémentaire. Il souhaite également « chaque mois des réponses exhaustives » sur l’activité de police des étrangers de chaque préfecture.
    La circulaire insiste, par ailleurs, sur la situation des étrangers sortants de prison, quelques semaines après le viol et le meurtre d’une étudiante parisienne, Philippine, dont le principal suspect est un Marocain visé par une OQTF qui venait d’être remis en liberté après une condamnation en 2021 pour viol. Parmi le rappel des mesures déjà existantes, M. Retailleau enjoint aux préfets, concernant le placement en rétention, de « systématiquement faire appel » en cas de remise en liberté d’un étranger en situation irrégulière potentiellement dangereux « pour l’ordre public ».
    Après cette circulaire de « pilotage de la politique migratoire » devrait suivre dans les prochaines semaines une révision de la circulaire Valls afin de durcir certains critères de régularisation prévus par ce document de 2012. Le ministre de l’intérieur a annoncé sa réécriture. Quant à la future loi annoncée à la mi-octobre par le gouvernement, M. Retailleau a déjà annoncé qu’il souhaitait qu’elle reprenne les mesures votées dans le texte Darmanin en décembre 2023 et qui avaient été ensuite censurées par le Conseil constitutionnel. Cette prise de position a aussitôt réveillé les fractures apparues l’an dernier dans le camp présidentiel lors des débats sur la loi Darmanin.

    #Covid-19#migration#migrant#france#politiquemigratoire#OQTF#ordrepublic#prefecture#regularisation#sante

  • Mapping One Month of Announced Strikes in South Beirut (September 27 - October 28, 2024)

    Since September 27, Israel’s war on Lebanon has expanded its brutal violence to Lebanon’s capital, Beirut, as well as many regions across the country.1 No less than 325 buildings2 have been destroyed south of the city where the radius of devastation (seen in the outlined gray zones) extends over 11.87km2, or more than half the capital’s immediate urbanization perimeter.3

    The map tracks the “evacuation orders” issued by the Israeli Army warning the civilian populations of South Beirut between September 27 and October 24, 2024. Each order delineates a building or more as well as a number of urban blocks, where one or several impeding strikes are planned. These orders are supposed to act as warnings. They are published in Arabic a few minutes to an hour ahead of the strike(s) on the “X” social media platform (formerly known as Twitter), mostly during the late evening hours. The orders instruct residents to immediately evacuate the premises within a radius of 500m (0.311 miles) from the targeted cluster of buildings (1-4), framed in red on an aerial photo clipped with specific landmarks in the neighborhood. The order is accompanied by a text listing the names of the neighborhoods targeted and justifying the forthcoming attacks in relation to their proximity to “facilities related to Hizballah.”

    No less than 99 announced strikes extending over 152 buildings were counted between September 27 and October 24, 2024, and they constitute less than half the total number of destroyed buildings in this part of the city.4 Indeed, not all strikes are accompanied by an evacuation order. Still, the geography of the red crosses reflects the scale and intensity of the violence throughout South Beirut, all the way to the campus of the Lebanese University in Hadath, the borders of Lebanon’s International Airport’s runway, and the industrial areas of Choueifat. One blue mark indicates the single post-strike announcement made following the assassination of the secretary general of Hizballah, Hassan Nasrallah on September 27.

    We focus on the mapping on South Beirut where the municipal districts of Ghobeyri, Haret Hreik, Burj Al-Brajneh, Mrayjeh-Tahweeta-Laylaki and Hadath have borne the brunt of the airstrikes during the past month. Each of these districts has been subjected to over 60 evacuation orders and struck several folds more. These districts are within the area popularly referred to as Dahiya, where Israel’s multiple and repeated aggression since September 27 has displaced hundreds of thousands of inhabitants and destroyed multi-story residential and commercial buildings.

    By reducing Dahiya to a political stronghold and associating the term “stronghold” to the name of Hizballah, a political party with ministers in Lebanon’s government and parliamentary representation in Lebanon’s Assembly in addition to its strong (non-state) military power, Israel (and much of the Western media) conflates political support, allegiance, and armed force—hence declaring it legitimate to target civilians because of (assumed) political preferences. In doing so, Israel denies the reality of multiple and diverse districts, composed of dozens of neighborhoods rich with an urban, social, economic and political history that precedes Hizballah by decades. The bombing is akin to an urbicide that is erasing an entire urban fabric, the palimpsest of socio-spatial practices and the embodiment of collective memory. Finally, the “stronghold” qualifier occults the historical conditions where the use of armed resistance was endorsed as a mode of struggle against the Israeli armed forces that invaded South Lebanon repeatedly, occupied its territories, violated its airspace daily, and inflicted immense damage on its populations.

    These evacuation orders are far from acting as a genuine call to protect civilians. Instead, we read them as part of Israel’s strategy to manufacture consent for the incoming strikes, legitimizing the bombings by claiming the presence of a so-called “terrorist” threat. These orders further serve as an integral component of Israel’s strategy at mounting the Lebanese people against Hizballah, discounting the socio-political and urban realities of a society that has come to rely on this party for all of its social needs. This strategy finally enables the claim that the air raids only target “Hizballah facilities”, while in practice the damage extends to an entire civilian infrastructure.

    To residents, the so-called evacuation orders constitute an integral element of the terror apparatus deployed by the Israeli army, a key ingredient of the psychological warfare waged against them, in addition to being precursors of announced destruction and killing. They terrorize numerous city households who await the strikes in deep fear, sometimes sleeping in shifts to take turn monitoring social media for possible warnings. These orders work along with the perpetual whirring of surveillance drones, the robot-calls that announce impeding bomb attacks (often erroneously), the targeted drone attacks that extend to every corner of the country, along with the lethally violent daily air and land bombings that have wiped out entire villages in the south and east of the country.

    The Beirut Urban Lab continues to monitor the strikes on Beirut, develop further base maps, and extend our documentation to visualize and denounce the size and intensity of Israel’s aggression. The hope remains that this work will further contribute to hold Israel accountable in front of international courts and, looking ahead, to contribute to a just recovery.

    https://beiruturbanlab.com/en/Details/2009/mapping-one-month-of-strikes-in-south-beirut-(27-september-24-octobe
    #Beyrouth #Liban #Israël #frappes #bombardements #destruction #Ghobeyri #Haret_Hreik #Burj_Al-Brajneh #Mrayjeh-Tahweeta-Laylaki #Hadath
    #cartographie #visualisation #Dahiya #urbicide #évacuation #mémoire_collective #ordres_d'évacuation
    ping @reka @fil

  • Un détecteur de rire obligatoire dans les bureaux ? L’assurance La Baloise tente un essai nr avec l’ats

    Ce n’est pas une plaisanterie : l’assureur Baloise teste dans un bureau la fréquence des rires pour une meilleure satisfaction au travail. Et ceux et celles qui rient rarement reçoivent un message d’encouragement par e-mail, par exemple avec une vidéo amusante.

    L’appareil, qui ressemble à un haut-parleur maniable, dispose d’un microphone et mesure les sons dans l’environnement grâce à l’intelligence artificielle, explique la responsable du projet Alexandra Toscanelli dans une interview publiée vendredi dans les journaux alémaniques de Tamedia.

    La Baloise a installé le dénommé Chief LOL Officer ("chef du rire") dans les bureaux d’un client commercial de longue date comptant dix collaborateurs, le portail appenzellois de création d’entreprises en ligne Fasoon. Le test doit durer quatre semaines.


    « Un adulte rit en moyenne environ 15 fois par jour, c’est pourquoi nous avons dit : quatre rires en deux heures devraient être possibles, tout ce qui est en dessous est insuffisant », indique Mme Toscanelli. Si l’on rit moins souvent, par exemple parce que l’on est stressé, on reçoit un message d’encouragement par e-mail.

    Selon Mme Toscanelli, il peut s’agir d’un mème, d’une vidéo d’un chat qui tombe d’une table, ou de quelqu’un qui fait accidentellement une cascade amusante avec une trottinette. Une agence spécialisée dans les médias sociaux a rassemblé le meilleur de l’Internet.

    Renforcer la santé mentale
    Avec ce projet, la Bâloise veut renforcer la santé mentale. Les petites et moyennes entreprises sont l’un des groupes cibles. L’absentéisme et la santé mentale y sont des sujets importants, notamment parce qu’ils coûtent beaucoup d’argent aux entreprises. Selon la Baloise, les entreprises suisses perdent 6,5 milliards de francs par an parce que la santé mentale des collaborateurs est atteinte.

    « On parle encore beaucoup moins des problèmes psychiques que d’une jambe cassée », relève Mme Toscanelli, en reconnaissant que « le rire n’est pas la solution à tout. Il faut aussi des personnes de contacts, des hotlines et des centres d’aide ».

    Cependant, Caroline Wittmann, co-fondatrice de l’observatoire des risques psychosociaux, craint que cet outil ajoute une pression supplémentaire sur les employés. « On a tous une tonne d’injonction (...) et là, on en met une de plus : ’vous n’avez pas rigolé depuis deux heures’ », illustre-t-elle. Mais Ludovic Chevalier, marketing manager chez la Bâloise, estime qu’au contraire, « il ne faut pas du tout le voir comme ça, ni comme une obligation, ni comme du stress. Sinon ça ne fonctionne pas ».

    Source : https://www.rts.ch/info/societe/2024/article/un-detecteur-de-rire-dans-les-bureaux-la-baloise-tente-un-essai-28659699.html
    #obligation #ordre #obéissance #contrôle #conformisme #injonction #surveillance #suisse #rire #esclaves #esclavage #santé_mentale

  • Perdre le Sud. Décoloniser la #solidarité_internationale

    Travailleuse d’usine mexicaine, cultivateur de riz indien, ménagère ougandaise, fermière aymara : ces personnes ont en commun d’être nées dans des nations exploitées ou opprimées. C’est le résultat de l’#ordre_mondial institutionnalisé : la prospérité de l’Occident vient en grande partie de l’appauvrissement du reste du globe. Pourtant, les positions antimondialisation actuelles sont trop souvent synonymes de #fermeture_des_frontières et de #repli sur soi. Pour faire contrepoids, #Maïka_Sondarjee développe une position internationale pour la #gauche qui est réellement solidaire avec les nations du Sud : l’#internationalisme_radical. Avec cette vision anticapitaliste, décoloniale et féministe de la coopération internationale, elle souhaite intégrer l’Autre au cœur de nos préoccupations. Une invitation à décoloniser la solidarité internationale et à envisager une transition globale juste, seule façon de ne pas perdre le Sud.

    https://ecosociete.org/livres/perdre-le-sud
    #exploitation #oppression #Sud_global #anti-capitalisme #décolonial #féminisme #coopération_internationale #transition_globale #ressources_pédagogiques
    #livre

    ping @karine4 @_kg_

  • Immigration : l’Allemagne assume de se replier sur elle-même

    La ministre de l’intérieur sociale-démocrate a annoncé lundi 9 septembre rétablir les contrôles aux frontières. Un sommet s’est tenu mardi pour discuter d’éventuelles mesures supplémentaires en matière migratoire, en présence des conservateurs de la CDU-CSU.

    En théorie, les contrôles aux frontières intérieures ne devraient pas avoir lieu au sein de l’Union européenne (UE). Mais ils sont exceptionnellement possibles, depuis une récente réforme du #code_Schengen, lorsqu’un pays estime que l’#ordre_public ou sa #sécurité_intérieure sont susceptibles d’être menacés.

    Il n’en fallait pas plus à l’Allemagne pour décider de rétablir les contrôles à ses frontières, et à Nancy Faeser, ministre de l’intérieur, pour l’annoncer publiquement, lundi 9 septembre. Ceux-ci démarreront le 16 septembre. « Nous renforçons la sécurité intérieure et poursuivons notre #ligne_dure contre l’immigration irrégulière », a assumé la ministre, mettant en avant les « #menaces actuelles du #terrorisme_islamiste et de la #criminalité_transfrontalière ».

    Le gouvernement a, selon elle, informé la Commission européenne et ses voisins directs de cette décision, qui semble surtout vouloir satisfaire le parti d’extrême droite AfD (Alternative für Deutschland, Alternative pour l’Allemagne) – arrivé en tête des dernières élections régionales en Thuringe et en Saxe, dans l’est du pays – mais aussi les conservateurs de la CDU-CSU.

    Mardi 10 septembre après-midi, un sommet sur les migrations se tenait pour acter cette mesure et trouver des compromis avec l’opposition, insatisfaite, réclamant toujours davantage de restrictions sur les mouvements migratoires. Si les conservateurs de la CDU-CSU n’étaient pas certains d’y participer jusqu’à la dernière minute, ils ont finalement annoncé leur présence au sommet mardi matin : « Nous verrons si nous avons le même point de vue et si nous pouvons agir ensemble », a glissé Friedrich Merz, chef du groupe, au journal Der Spiegel.

    Enfermer les exilés à la frontière

    Très vite, les Verts ont dénoncé des « tentatives de chantage tout simplement ridicules ». « Friedrich Merz se comporte comme un enfant rebelle », a estimé la cheffe du groupe parlementaire des Verts, Irene Mihalic. Les représentant·es de la CDU-CSU ont d’ailleurs décidé de claquer la porte, en pleine réunion, comme le rapporte Der Spiegel, estimant que les négociations avaient échoué.

    La principale mesure évoquée lors du sommet vise à créer des #centres pour y enfermer les personnes migrantes à la frontière en attendant d’examiner leur situation, et de les expulser si elles n’expriment pas le souhait de demander l’asile, ou de les renvoyer vers le premier pays de l’UE par lequel elles sont passées, responsable de leur demande d’asile en vertu du règlement Dublin. Si les capacités de #détention ne sont pas suffisantes, les intéressées pourraient être placées en #garde_à_vue, « en raison d’un #risque_de_fuite, afin de sécuriser la procédure et les empêcher de se cacher », précise Der Spiegel.

    Pour renforcer l’idée de « #fermeté » sur la question migratoire, le gouvernement a en effet annoncé lundi que des #refoulements seraient organisés aux frontières, pour empêcher les exilé·es d’accéder au territoire allemand de manière dite illégale. Une mesure demandée par le chef du groupe d’opposition, et qui peut être contraire au droit international et à la convention de Genève relative aux réfugié·es si les personnes concernées ne parviennent pas à demander l’asile alors qu’elles le souhaitent.

    La Commission européenne a réclamé des mesures « proportionnées » et « strictement exceptionnelles », estimant que le retour des contrôles aux frontières intérieures de l’UE était une possibilité. Elle a déjà annoncé qu’elle « évaluerait la situation » une fois toutes les mesures annoncées de manière officielle.

    Les pays voisins, de leur côté, voient déjà d’un mauvais œil que des exilé·es passé·es par leur territoire pour rejoindre l’Allemagne leur soient « retourné·es ». Dès lundi et l’annonce de ces mesures, le ministre autrichien de l’intérieur, Gerhard Karner, a prévenu que son pays n’accueillerait aucune personne migrante refoulée par l’Allemagne à la frontière. « Il n’y a pas de marge de manœuvre là-bas », a-t-il déclaré, cité par le journal Bild.

    30 000 personnes refoulées depuis octobre

    Mardi, le premier ministre polonais a qualifié la décision du gouvernement d’Olaf Scholz d’« inacceptable », précisant que dans les prochaines heures, il s’adresserait « aux autres pays affectés afin de se concerter d’urgence sur une réaction au sein de l’UE, avec tous les voisins de l’État allemand ». Donald Tusk a par ailleurs plaidé pour « la surveillance et la sécurisation des frontières extérieures » de l’UE, expliquant que c’était ce dont « la Pologne avait besoin ».

    Le revirement de l’Allemagne en matière migratoire en surprend plus d’un. Avec plus de deux millions de personnes accueillies depuis 2015 (sans parler des Ukrainien·nes, plus d’un million de réfugié·es pour cette seule nationalité), le pays suit aujourd’hui un schéma de #repli, poussé par les extrêmes droites européennes, faisant le lien direct entre #sécurité et #immigration et criminalisant les personnes exilées qui, dans l’écrasante majorité des cas, souhaitent trouver refuge en Allemagne et reconstruire leur vie après avoir connu la guerre ou la misère.

    Nancy Faeser s’est déjà targuée d’avoir permis de refouler près de 30 000 personnes migrantes depuis octobre 2023, notamment grâce à un renforcement des contrôles à ses frontières avec la Pologne, la #République_tchèque, la #Suisse et l’Autriche. Pire, l’Allemagne a également repris les #expulsions de ressortissant·es afghan·es en août dernier – soit trois ans après la prise de pouvoir par les talibans.

    Une première dans un tel contexte, visant à répondre à certains #attentats et crimes impliquant des exilés, comme l’attaque au couteau perpétrée dans la nuit du 23 au 24 août à Solingen par un Syrien faisant l’objet d’une mesure d’éloignement, ou celle de Mannheim, perpétrée par un jeune Afghan, en mai dernier.

    « Il s’agit de ressortissants afghans, tous condamnés par la justice et sans droit de rester en Allemagne et qui ont fait l’objet d’ordres d’expulsion », s’est justifié le porte-parole du gouvernement Steffen Hebestreit dans un communiqué.

    Celui-ci a expliqué avoir demandé à « des partenaires régionaux clés un soutien », sans toutefois préciser lesquels, pour faciliter ces expulsions vers l’Afghanistan, où de nombreux hommes et femmes risquent leur vie. Vingt-huit réfugiés afghans ont alors été éloignés.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/100924/immigration-l-allemagne-assume-de-se-replier-sur-elle-meme

    #contrôles_frontaliers #frontières #migrations #réfugiés #asile #fermeture_des_frontières #Autriche #refoulements #push-backs #Pologne #criminalisation_de_la_migration

  • How fascism begins

    An acquaintance, whose name is unimportant for this story, once talked about this board game. He is a German who works for an Israeli company, and his colleagues invited him one day to a game evening. They game they proposed was "Secret Hitler,” the point of which is to identify Adolf Hitler and kill him before he can become chancellor of Germany. It is, the colleagues assured him, much funnier than it sounds. But the acquaintance declined. He, as a German, playing "Secret Hitler”? It seemed like a bad idea.

    Hardly anyone in Germany knows of the game "Secret Hitler,” which shouldn’t come as a surprise. It sounds rather toxic, bad karma. In fact, though, it is a rather interesting game about how mistrust develops. A game that focuses on the art of lying – about the naivete of good and the cunning of evil. About how the world can plunge into chaos. And about how ultimately, the course of history is largely decided by chance.

    The game is set in 1932, in the Berlin Reichstag. The players are divided into two groups: fascists against democrats, with the democrats in the majority, which might sound familiar. But the fascists have a decisive advantage: They know who the other fascists are, which is also reflective of historical reality. The democrats, though, are not privy to such knowledge – any of the other players could be a friend or an enemy. The fascists win the game if they are able to pass six laws in the Reichstag or if Hitler is elected as chancellor. For the democrats to win, they have to pass five laws or expose and kill Hitler.

    The game starts with everyone acting as though they are democrats. To win, all the democrats have to do is trust each other, but it’s not quite that easy, since the democrats sometimes have to vote for a fascist law for lack of a better alternative, and they thus begin looking like fascists themselves. Which is exactly what the fascists want.

    One insight from the game is that there is no strategy for guaranteeing a democratic victory and a fascist defeat. One wrong decision, that might feel right in the moment, can lead to Hitler becoming chancellor. It’s all by chance, just as there was no inevitability about how things turned out in 1933. Another insight: Being a fascist can be fun.

    "Secret Hitler” hit the market in 2016, shortly before Donald Trump was elected president in the United States. The game’s authors, a couple of guys from the progressive camp, collected $1.5 million from the crowdfunding platform Kickstarter for the project. Their goal was to introduce a bit of skepticism about the political process, apparently channeling the zeitgeist of the time: Euro crisis, Russia’s annexation of the Crimea, Brexit, the refugee crisis. The public debate at the time focused on the crisis of democracy, the threat from the right and authoritarian tendencies. But fascism? Adolf Hitler?

    Accusations of fascism have been part of the extreme-left arsenal since World War II. The West German, far-left terror group known as the Baader-Meinhof Gang justified its "armed struggle” by arguing that the postwar German republic was little more than a fascist police state. Accusing someone of being a Nazi was both an insult and a way of demonizing one’s political opponent – a slightly paranoid barb that trivialized German history. Isn’t fascism defined by Germany’s slaughter of 6 million Jews? Who, aside from a handful of nutcases, could seriously be a fascist?

    The reversion to fascism is a deep-seated fear of modern democratic societies. Yet while it long seemed rather unlikely and unimaginable, it has now begun to look like a serious threat. Vladimir Putin’s imperial ambitions in Russia. Narendra Modi’s Hindu nationalism in India. The election victory of Giorgia Meloni in Italy. Marine Le Pen’s strategy of normalizing right-wing extremism in France. Javier Milei’s victory in Argentina. Viktor Orbán’s autocratic domination of Hungary. The comebacks of the far-right FPÖ party in Austria and of Geert Wilders in the Netherlands. Germany’s AfD. Nayib Bukele’s autocratic regime in El Salvador, which is largely under the radar despite being astoundingly single-minded, even using the threat of armed violence to push laws through parliament. Then there is the possibility of a second Trump administration, with fears that he could go even farther in a second term than he did during his first. And the attacks on migrant hostels in Britain. The neo-Nazi demonstration in Bautzen. The pandemic. The war in Ukraine. The inflation.

    The post-Cold War certainty that democracy is the only viable form of government and would cement its supremacy on the global political stage has begun to crumble – this feeling that the world is on the right track and that the almost 80 years of postwar peace in Western Europe has become the norm.

    Now, though, questions about fascism’s possible return have become a serious topic of debate – in the halls of political power, in the media, in the population, at universities, at think tanks and among political scientists and philosophers. Will history repeat itself? Are historical analogies helpful? What went wrong? And might it be that democracy itself helped create a monster of which it is deathly afraid?

    IS TRUMP A FASCIST?

    In May 2016, Donald Trump emerged as the last Republican standing following the primaries, and the world was still a bit perplexed and rather concerned when the historian Robert Kagan published an article in the Washington Post under the headline "This is how fascism comes to America.”

    The piece was one of the first in the U.S. to articulate concerns that Trump is a fascist. It received significant attention around the world and DER SPIEGEL published the article as well. It was an attention-grabbing moment: What if Kagan is right? Indeed, it isn’t inaccurate to say that Kagan reignited the fascism debate with his essay. Interestingly, it was the same Robert Kagan who had spent years as an influential member of the Republican Party and was seen as one of the thought leaders for the neocons during the administration of George W. Bush.

    The article has aged well. Its characterization of Trump as a "strongman.” It’s description of his deft use of fear, hatred and anger. "This is how fascism comes to America, not with jackboots and salutes,” Kagan wrote, "but with a television huckster, a phony billionaire, a textbook egomaniac ’tapping into’ popular resentments and insecurities, and with an entire national political party – out of ambition or blind party loyalty, or simply out of fear – falling into line behind him.”

    It is an early summer’s day in Chevy Chase, a residential suburb of Washington, D.C. Kagan, whose Jewish ancestors are from Lithuania, was born in Athens in 1958. He is an expert on foreign policy. Kagan supported George W. Bush’s wars in Iraq and Afghanistan and, even if the reasons for going to war in Iraq were ultimately revealed to have been fabricated and both conflicts ended with undignified withdrawals, he continues to defend the idea of American interventionism and the country’s global leadership role.

    These days, Kagan works for The Brookings Institution, the liberal think tank. In our era, he says, it has been possible to believe that liberal democracy and its dedication to human rights were unavoidable, almost inevitable. But, he continues, that’s not necessarily true. The rise of liberal democracy was the result of historical events like the Great Depression. And of World War II, which was, Kagan says, fought in the name of freedom and created a completely new, better world.

    What Kagan means is that because liberal democracy was never inevitable, it must constantly be defended. It cannot relax, it can never rest on its laurels out of a conviction that the end of history has been reached. There is no natural law that defends democracy from someone like Trump, or from fascism, or from the Christian nationalists who believe in Trump.

    Freedom is difficult. It gives people space, but it also leaves them largely to their own devices. It doesn’t offer security and fails to provide many things that people need. It atomizes societies, destroys hierarchies and disempowers established institutions such as religion. Freedom has many enemies.

    Kagan’s ninth book has just hit the shelves in the U.S. It is called "Rebellion: How Antiliberalism Is Tearing America Apart Again” and describes Christian, white nationalism in America as a challenge to liberal democracy. Its goal: a country rooted in Christianity in which the Bible is more important than the principles expressed in the Declaration of Independence and the Constitution. For Christian nationalists, Trump is an instrument, the perfect leader for this revolution precisely because he cares little for the values of liberalism and the Constitution. When he told a late July gathering of Evangelical Christians in Florida that if they voted for him, "you won’t have to vote anymore,” it was precisely the kind of thing Kagan warns against.

    And it could be even worse this time around. If Trump wins the election, Kagan believes, the old system will be destroyed. It will be, the historian believes, an unimaginable political disruption, as though everything would collapse on the first day. Kagan believes he will use the Department of Justice to take revenge on his enemies and militarize migration policy to round up hundreds of thousands of illegal immigrants. The system of checks and balances would gradually be eroded. First, the immigrants would lose their rights, followed by opposition activists, who would be arrested and prosecuted.” For me, that’s enough,” says Kagan. "Even if the system looks the same.”

    We always thought there was no going back to the dark times, says Kagan. “I don’t think history moves in a direction. It just walks around. The Greeks had a cyclical view of history, not one of progress. The Chinese have a view that nothing changes. The Chinese historically don’t believe in progress. They believe in a single world system.”

    His opponents view Kagan as one of those neocons who now want to become part of the anti-fascist coalition to turn attention away from their own role in paving the way for Trumpism. They refer to him as "the most dangerous intellectual in America.” Kagan is rather fond of the label.

    WHAT IS FASCISM?

    If Robert Kagan is a conservative, then Jason Stanley, a professor of philosophy at Yale University, is on the exact opposite end of the spectrum. He is a liberal leftist, and yet his views are similar to Kagan’s. Or are they similar for precisely that reason?

    Stanley’s son has his Bar Mitzva on the weekend, the Jewish ritual celebrating a boy’s 13th birthday and his entry into adulthood. Stanley pulls out a box full of diaries written by his grandmother Ilse in 1930s Berlin. Her elegantly sweeping handwriting exudes conscientiousness. Stanley also shows a ticket from August 1939 for the America Line from Hamburg to Southampton in New York. It feels odd to flip through her diaries.

    Jason Stanley’s biography and the story of his family closely tracks 20th century history. It is an exuberant narrative that allows but a single conclusion: fervent anti-fascism.

    Ilse Stanley is the central character in this narrative. Born in the Schlesian town of Gleiwitz in 1906, her father was an opera singer and later the senior cantor at the synagogue on Fasanenstrasse in Berlin. She became an actress, trained by Max Reinhardt at Berlin’s Deutsches Theater, and secured a minor role in Fritz Lang’s famous film "Metropolis.” She was an elegant Berlin woman who led a double life. She felt thoroughly German and used falsified papers to free more than 400 Jewish and political prisoners from the Sachsenhausen concentration camp just north of Berlin.

    Her son, Jason Stanley’s father, was born in 1932 and, as a small boy, he would watch Hitler Youth marches from this grandparent’s balcony overlooking Kurfürstendamm. He was amazed by the torches, flags and uniforms, and asked if he could join them. He saw the synagogue on Fasanenstrasse burning during the Night of Broken Glass, seeking safety in the car of Gustav Gründgens, an acquaintance of his mother’s. He was beat so badly by the Nazis that he suffered from epileptic seizures for the rest of his life. In 1938, Ilse’s husband, a concert violinist, received a visa for Britain and left his wife and son behind in Berlin. The boy was seven when he and his mother had to go into hiding as they waited for their visa to travel to the U.S. After the war, he became a professor of sociology and spent the rest of his life studying how societies can descend into evil. Jason Stanley’s resemblance to his father is astounding.

    Six years ago, Stanley published a book in the U.S. called "How Fascism Works: The Politics of Us and Them.” The German translation only appeared two months ago, a source of annoyance for Stanley. He also has German citizenship and says that he loves the country despite everything.

    So how does fascism work? Modern-day fascism, Stanley writes, is a cult of the leader in which that leader promises rebirth to a disgraced country. Disgraced because immigrants, leftists, liberals, minorities, homosexuals and women have taken over the media, the schools and cultural institutions. Fascist regimes, Stanley argues, begin as social and political movements and parties – and they tend to be elected rather than overthrowing existing governments.

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    Stanley describes 10 characteristics of fascism.

    First: Every country has its myths, its own narrative of a glorious past. The fascist version of a national myth, however, requires greatness and military power.

    Second: Fascist propaganda portrays political opponents as a threat to the country’s existence and traditions. "Them” against "us.” If "they” come into power, it translates to the end of the country.

    Third: The leader determines what is true and what is false. Science and reality are seen as challenges to the leader’s authority, and nuanced views are viewed as a threat.

    Fourth: Fascism lies. Truth is the heart of democracy and lies are the enemy of freedom. Those who are lied to are unable to vote freely and fairly. Those wanting to tear the heart out of democracy must accustom the people to lies.

    Fifth: Fascism is dependent on hierarchies, which inform its greatest lie. Racism, for example, is a lie. No group of people is better than any other – no religion, no ethnicity and no gender.

    Sixth: Those who believe in hierarchies and in their own superiority can easily grow nervous and fearful of losing their position in that hierarchy. Fascism declares its followers to be victims of equality. German Christians are victims of the Jews. White Americans are victims of equal rights for Black Americans. Men are victims of feminism.

    Seventh: Fascism ensures law and order. The leader determines what law and order means. And he also determines who violates law and order, who has rights and from whom rights can be withdrawn.

    Eighth: Fascism is afraid of gender diversity. Fascism feeds fears of trans-people and homosexuals – who aren’t simply leading their own lives, but are seeking to destroy the lives of the "normal people” and coming after their children.

    Ninth: Fascism tends to hate the cities, seeing them as places of decadence and home to the elite, immigrants and criminality.

    Tenth: Fascism believes that work will make you free. The idea behind it is that minorities and leftists are inherently lazy.

    If all 10 points apply, says Stanley, then the situation is rather dicey. Fascism tells people that they are facing and existential fight: Your family is in danger. Your culture. Your traditions. And fascists promise to save them.

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    Fascism in the U.S., Stanley says, has a long tradition stretching back deep into the last century. The Ku Klux Klan, he says, was the first fascist movement in history. "It would be misguided to assume that this fascist tradition simply vanished.”

    That tradition can still be seen today, says Stanley, in the fact that a democratic culture could never fully develop in the American South. That has now resulted in election officials being appointed in Georgia that aren’t likely to stand up to repeated election manipulation attempts by Trump followers. "Trump,” says Stanley, "won’t just spend another four years in the White House and then disappear again. These are not normal elections. They could be the last.”

    Some of Stanley’s friends believe he is overreacting. For antagonistic Republicans, he is likely the amalgamation of all their nightmares – one of those leftist, East Coast professors who holds seminars on critical race theory and lectures as a guest professor in Kyiv about colonialism and racism. At 15, he spent a year as an exchange student in Dortmund and had "Bader Meinhof” (with the missing second "a” in Baader) needlepointed onto his jacket. He went on to marry a Black cardiologist who was half Kenyan and half American. His children, who are nine and 13 years of age, are Black American Jews with German, Polish and African roots.

    He says that he reads Plato with them – the same Plato who says that democracy is impossible and ends in tyranny – because he wants them to understand how difficult democracy is, but also how strong. Stanley carries so many identities around with him that the result is a rather unique citizen of the world who is well-versed in numerous perspectives and in the world’s dark sides. Which hasn’t been enough to protect him from an ugly divorce. He is a philosopher who seeks to find order in the world’s chaos while finding support from the pillars of his identity.

    In her diaries, Ilse Stanley doesn’t write about the dark politics in the dark prewar years, instead looking at her own dark life. She writes about her husband who no longer speaks with her, treats her with disdain and cheats on her. She writes about her depression, her loneliness and her affairs. Ilse Stanley was divorced three years after World War II finally came to an end. She began a new life.

    IS PUTIN A FASCIST?

    Timothy Snyder speaks thoughtfully and quietly, but with plenty of confidence. Putin is a fascist. Trump is a fascist. The difference: One holds power. The other does not. Not yet.

    "The problem with fascism,” Snyder says, "is that it’s not a presence in the way we want it to be. We want political doctrines to have clear definitions. We don’t want them to be paradoxical or dialectical.” Still, he says, fascism is an important category when it comes to understanding both history and the present, because it makes differences visible.

    Lunchtime at the Union League Café in the heart of New Haven. The campus of Yale University begins on the other side of the street. Snyder, professor of Eastern European history, is one of the most important intellectuals in the U.S. He is an author, having written books like "Bloodlands: Europe Between Hitler and Stalin,” which examines the political violence in Ukraine, Belarus, Poland and the Baltics which killed 14 million people – at the hands of both Nazis and Communists. He is an activist, whose pamphlet "On Tyranny: Twenty Lessons from the Twentieth Century” became a global bestseller. And he is a self-professed Cassandra, having foreseen a Russian military intervention just weeks before the country’s annexation of the Crimea, in addition to predicting, in 2017, a Trump putsch attempt. When he met Volodymyr Zelenskyy in Kyiv in 2022, the first thing the Ukrainian president told him was that both he and his wife had read "On Tyranny.”

    Putin, says Snyder, has been quoting fascist thinkers like Ivan Ilyin for 15 years. The Russian president, he continues, is waging a war that is clearly motivated by fascist motives. It targets a country whose population Putin considers to be inferior and a state that he believes has no right to exist. And he has the support of an almost completely mobilized society. There is, Snyder writes, a cult surrounding the leader, a cult surrounding those who have fallen in past battles and a myth of a golden empire that must be reestablished through the cleansing violence of war.

    A time traveler from the 1930s, Snyder wrote in a May 2022 article for the New York Times, would immediately recognize Putin’s regime as fascist. The Z symbol, the rallies, the propaganda, the mass graves. Putin attacked Ukraine just as Hitler attacked the Soviet Union, Snyder wrote – as an imperial power.

    But Putin’s version of fascism, the historian argues, also has post-modern characteristics. Post-modernism assumes that there is no such thing as truth, and if there is no truth, then anything can be labeled as truth. Such as the "fact” that the Ukrainians are Nazis in addition to being Jewish and gay. The decision as to what truth is and who defines it is made on the battlefield.

    The paradox of Putin’s fascism – Snyder refers to it as "schizo-fascism” – is that he claims to be acting in the name of anti-fascism. The Soviet Union under Stalin, he says, never formed a clear position on fascism, and even allied itself with Nazi Germany in the form of the Hitler-Stalin pact, thus fueling World War II. After the war, though, the Soviet Union didn’t just declare Nazi Germany fascist, but also all those by which the leadership felt threatened or those it didn’t particularly like. "Fascist” became just another word for enemy. Putin’s regime feeds off that Soviet past: Russia’s enemies are all declared fascists. And it is precisely in Putin’s supposed anti-fascism, argues Snyder, that his fascism can be seen. Those who label their enemies "fascists” and “Nazis,” provide a justification for war and for crimes against humanity.”’Nazi’ just means ’subhuman enemy’ – someone Russians can kill,” he wrote.

    A Putin victory would be more than just the end of democratic Ukraine. "Had Ukraine not resisted, this would have been a dark spring for democrats around the world,” Snyder concluded. "If Ukraine does not win, we can expect decades of darkness.”

    Snyder is from Dayton, Ohio, located right in the middle of the "flyover zone.” His parents are Quakers, former members of the Peace Corps with a weakness for Latin American revolutionaries. Ivory tower colleagues like Samuel Moyn of Yale Law School believe that Snyder suffers from "tyrannophobia.” Others think he is paranoid. Snyder says that hardly anyone at the time predicted World War I or the Holocaust. Things are possible, he argues, that cannot be seen in the present.

    If Trump win the election, he believes, organized resistance will be the result. Would Trump then send in the FBI or even the military to quell such unrest? What might happen to state institutions? Snyder believes the economy would collapse and institutions like the FBI and the military could be torn apart by conflicts. A few weeks ago, Snyder wrote on the newsletter platform Substack: "Old-guy dictatorship involves funeral planning.” Trump, Snyder argues, is afraid of dying in prison or being killed by his opponents. Autocracies are not forever, and the defeat of autocrats is closely linked to their end.

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    How, though, was the rise of Trump made possible in the first place? How can it be that a democracy plunges so deeply into irrationality?

    First, says Snyder, Trump’s career is based on a bluff. He was never a successful businessman, Snyder argues, and he only found success as an entertainer, as a television personality. He knows what you have to do to reach people, which, Snyder says, is an important prerequisite for a developing charismatic leader. It is precisely this talent that makes him so successful on social media platforms, where emotions are all that matter – the feeling of "them or us.”

    Second: Social media influence our perceptive abilities, Snyder says. Indeed, the academic argues, they themselves have something fascist about them, because they take away our ability to exchange arguments in a meaningful way. They make us more impatient and everything becomes black or white. They confirm that we are right, even if our positions are objectively false. They produce a cycle of anger. Anger confirms anger. And anger produces anger.

    Third: The Marxists of the 1920s and ’30s, Snyder says, believed that fascism was merely a variant of capitalism – that the oligarchs, as we would call them today, made Hitler’s rise possible in the first place. But that’s not true, Snyder argues. Big Business, of course, supported Hitler’s grab for power because they hoped he would liberate them from the labor unions. But most of the oligarchs didn’t support his ideas. "So there is a funny way in which the Marxist diagnosis, I think, is now true in a way that it wasn’t a hundred years ago,” says Snyder, “but there aren’t many proper Marxists left to make this argument.”

    One of these new oligarchs, Snyder points out, is Elon Musk. Nobody, he says, has done more than him in the last year and a half to advance fascism. He unleashed Twitter, or X, and the platform has become even more emotional, says Snyder, more open to all kinds of filth, Russian propaganda in particular. Musk, Snyder says, uses the platform to spread even the most disgusting conspiracy theories.

    Like Robert Kagan, Snyder also believes that democracies have underestimated the danger posed by fascism because they believed for too long that there is no alternative to democracy. "Gerhard Schröder tells us Putin is a convinced Democrat, right? It’s an obvious lie, but you can believe it only if you believe there is no alternative to democracy.” The result, he says, is that "Germany has been supporting this fascist for a long time while being concerned about Ukrainian fascism.”

    IS FASCISM A PROCESS?

    Paul Mason lives in one of those central London neighborhoods that was repeatedly struck by German rockets during World War II. Which is why there are entire blocks of new buildings from the 1950s and ’60s among the old rowhouses. In Europe, fascism and its consequences are never far away.

    Mason is a figure that used to be more common: an intellectual in a center-left party. He is from the working class and was the first in his family to attend university. He has made films for the BBC and worked for Channel 4, he wrote a column for the Guardian and works on Labour Party campaigns.

    His books are characterized by big ideas and the broad horizons they open up. "How to Stop Fascism: History, Ideology, Resistance” is his best-known work – dark, alarmist and combative. But in contrast to Kagan, Snyder and Stanley, he was a real Antifa activist who took to the streets in the 1970s and ’80s against the skinheads.

    Fascism, according to the core of Mason’s argument, is the "fear of freedom triggered by a glimpse of freedom.” Just as the fascist movement of the 20th century was a reaction to the labor movement, he writes, neo-liberalism has today, on the one hand, dissolved postwar societies, destroyed the power of the labor unions and annulled the privileges of the primarily white and male working class. On the other hand, women have acquired more influence and Western societies have become more pluralistic. The consequence: the collapse of common sense.

    Mason is interested in something he calls, citing the historian Robert Paxton, the "fascist process.” Fascism, he says, is not static. Rather, it is a type of "political behavior” that feeds off its own dynamism and is not reliant on complicated ideologies. Fascism, it would seem, can be rather difficult to grasp. Just like Stanley, Mason uses a checklist. Somehow, the chaos of fascism must be forced into order.

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    Here is Mason’s 10-point "fascist process”: A deep crisis starts things off – such as the loss of World War I for the Germans early last century or, today, the cluster of recent crises including the financial crisis, migration, COVID and climate change. Such crises produce, second, a deep feeling of threat and the loss of sovereignty. Then, third, come suppressed groups that begin to rise up: women, climate activists, Black Lives Matter activists. People trying to find a path to the future through the crisis.

    That triggers, fourth, a culture war. Fifth, a fascist party appears. Sixth, panic develops among members of the middle class, who don’t know whether to succumb to their fears of losing prosperity or to their fears of the radical right. Seventh, the rule of law is weakened in the hope that it might pacify the developing conflicts. Eighth, a weakened left begins arguing about with whom to form alliances in an effort to stand up to the radical right wing. Similar to, ninth, the conservative wing’s handwringing about the degree to which the right wing must be accommodated in order to contain them. And once all those steps have taken place, the hour of fascism has struck. Point 10, the end of democracy. The fascists make up the societal elite.

    All of that seems rather schematic, which is how it is intended. But aren’t all Western societies familiar with the steps Mason has sketched out? Hasn’t the feeling that the government can no longer control the borders advanced deep into the center of society? The fear of vaccination mandates? The fear of shifting gender identities, the favorite target of the right wing, along with animosity toward the German draft law intended to make it easier for trans-people to change their genders? The fear of a shift toward the radical climate activists and toward people who fight against racism? The culture war is real – it is already underway. We are right in the middle of Mason’s "fascist process.”

    The foundation of the fascist process can today be found online and the networks that have developed there. That is where the fantasies are developed that fuel the process. End-of-the-world delusions. The dream of restoring a national greatness that never actually existed. The idea that our world is heading for an unavoidable ethnic war. And that it is necessary to get ready for the coming battle.

    AND THE CONSERVATIVES?

    Thomas Biebricher, a professor for political theory and the history of ideas in Frankfurt, has an unusual job: He is one of the few political scientists in Germany who focuses on conservatism.

    Germany’s Christian Democratic Union (CDU) is one of the most successful conservative parties in Europe. It is a party born during the postwar period and rooted in the realization that fascism was made possible in part due to the lack of a commitment to democracy.

    The CDU, Biebricher argues in his large study called "Mitte/Rechts” (Center/Right), which appeared last year, has become the exception in Europe. Everywhere else, including in Italy, France and the United Kingdom, the conservative camp has almost completely disintegrated, with center-right parties having lost the ability to integrate the right-wing fringe. Italy was first, when Silvio Berlusconi took over the right with his Forza Italia party – and today, the post-fascists under Prime Minister Giorgia Meloni are in power. In France, Gaullism, which held sway in the country for decades, has become little more than a fringe phenomenon while Marine Le Pen has become President Emmanuel Macron’s primary challenger. And in Britain, the Tories lost votes to the right-wing populists behind Nigel Farage in the last election.

    The term "fascism” only seldom appears in "Mitte/Rechts.” Why? "Because it doesn’t add anything analytically or politically, it immediately sparks the final level of escalation,” he says. Biebricher teaches in Frankfurt, but lives in the Berlin neighborhood of Prenzlauer Berg. He shares an office with the organizers of a literary office.

    Conservatism, Biebricher says, is one of the three large political currents of the modern era, along with socialism and liberalism. Born out of the aristocratic and clerical resistance to the French Revolution, it has, the professor argues, diminished over the years to a simple desire to put the brakes on progress. While socialism and liberalism strive toward the future, conservatism is eager to preserve as much of the present as possible. Even if that present is the future that it was recently fighting against.

    But ever since the Eastern Bloc collapsed and the speed of technological and societal change has increased, says Biebricher, the principle of pragmatic deceleration is no longer working. Some conservatives see the world passing them by and have given up. Others have begun to fantasize about a past that may never have existed but which seems worthy of defending – "Make America Great Again,” "Make Thuringia Great Again.” Conservatism, he argues, has fragmented into a number of different streams: pessimists, pragmatists and the radicals, who aren’t actually conservative anymore because they have abandoned the traditional conservative value of moderation.

    "Those who are eager to brand the radicals as fascists,” says Biebricher, "should go ahead and do so. The term primarily targets the past and doesn’t reflect what is genuinely new. It primarily serves to create distance.”

    The authoritarian conservatives, says Biebricher, have dispensed with all of the historical trappings of fascism, instead attempting to rebuild liberal democracy to their liking. "But I would use the term when it comes to Trump and his MAGA movement – because the storm of the Capitol was actually an attempt to violently overthrow the system.”

    But this kind of violence can be seen everywhere, says the Austrian political scientist Natascha Strobl. It merely manifests itself differently than it did in the 1920s, when, early on in the fascist movement in northern Italy, gangs of thugs were going from village to village attacking farmer organizations and the offices of the socialist party, killing people and burning homes to the ground. Today, says Strobl, violence is primarily limited to the internet. "And it is,” says Strobl, "just as real. The people who perpetrate it believe they are involved in a global culture war, a struggle that knows no boundaries. An ideological civil war against all kinds of chimeras, such as ’cultural Marxism’ or the ’Great Replacement.’”

    Strobl writes against the background of Austria’s recent past, which saw the party spectrum change in the 1990s in a manner similar to Italy’s, with the Freedom Party of Austria (FPÖ) growing in strength, a party that didn’t just exude characteristics of right-wing populism, but also maintained ties to the radical right, such as the right-wing extremist Identitarian Movement. And despite all of the scandals that have rocked the party, it is again leading in the polls. Parliamentary elections are set for late September, and an FPÖ chancellor is far from unrealistic. Strobl herself has been the target of threats for many years, even finding a bullet hole in her kitchen window on one occasion.

    POPULISTS OR FASCISTS?

    The accusation of fascism is the most potent weapon in the arsenal of democratic discourse. It is, says political scientist Jan-Werner Müller, the last card that one can play to wake people up and warn them of the gathering storm. But, he argues, it is not particularly useful as a category for describing the political developments of the present. That which reminds some people of fascism, he says, is actually right-wing extremist populism. And the "F-word” isn’t adequate for describing the phenomenon. Indeed, he says, it is so inadequate that it may even serve to reduce the urgency because the comparison with the 1930s seems so implausible and alarmist.

    Müller has been teaching at Princeton University in New Jersey since 2005. He has produced one of the most influential theories on populism, and he is the only German author in the widely discussed anthology "Did It Happen Here? Perspectives on Fascism and America,” which was published in the U.S. in March.

    Historical fascism, says Müller, is rooted in the massive violence of World War I. Its initial promise was the creation of a new human being in a nation of ethnic peers. It celebrated violence as a source of meaning, and death on the battlefield as not only necessary, but as a fulfillment of humanity. It was, argues Müller, a blueprint for anti-modernity, a thoroughly mobilized and militarized society with a cult of masculinity. An ideology which assigned women one single role, that of child-bearer. It was a movement that presented itself as a revolution – one that promised not only national rebirth but also a completely different future.

    Müller sees little of that in today’s right-wing political movements. What he does see, he says, is a right-wing extremist populism that reduces all political issues to questions of belonging and portrays opponents as a threat, or even as enemies. It is a movement that wants to turn back the clock, a movement without a utopia.

    The fascism debate has become stuck in the question of "Weimar” or "democracy”? But, he says, it is possible to imagine a different path. You have to think in your own era, says Müller. Which does not mean that there are no dark clouds on the horizon. Populism can also destroy democracy, as it has in Hungary, and it has the potential to trigger racist radicalization.

    But how should democracies deal with the populist threat? "There are two extremes,” says Müller, "and both are wrong.” The first extreme is complete exclusion. "Don’t talk to them.” That strategy only serves to confirm the narratives of such parties, which claim that they are the only one’s speaking the truth. "Look at how the elite are treating us. They are ignoring us!”

    But the other extreme is just as misguided. Believing that populists are telling the truth about our society and handing them a monopoly over our "concerns and needs.” That, says Müller, only leads to a legitimatization of their positions – to trying to keep up and joining them in unconditional coalitions. Müller refers to this path as the "mainstreaming of right-wing extremism – a development that can be seen virtually everywhere in Europe.”

    What is the correct path? "To talk with them, but to avoid talking like them.” It is possible to discuss immigration, he says, without talking about vast conspiracy theories like the Great Replacement,” which holds that former German Chancellor Angela Merkel intended to replace the German people with the Syrians. It is important, he says, to set aside the moral cudgel and make clear: "We are prepared to treat you as a legitimate part of the political landscape if you change your behavior.” Müller says even that is a slightly paternalistic, didactic approach, but that’s not forbidden in a democracy. Particularly given that there is plenty of debate about where, exactly, the red lines run that may actually strengthen democracy.

    There is one thing, though, he argues, that makes the situation more complicated. Democracies and their leaders long thought that they had a systematic advantage. That democracy is the only political system that can learn and correct its own mistakes. Today, when authoritarian systems emerge, he says, we tend to underestimate them. When Viktor Orbán appeared and turned Budapest, as Müller describes it, into a kind of Disneyland for the new right, many thought for far too long that things would take care of themselves as they always had. "As an ardent fan of FC Cologne, I know from experience that things don’t always go well.”

    But right-wing populist politicians are also capable of learning: They shun images that remind people of the 20th century, says Müller. They avoid large-scale repressions. They limit press freedoms but maintain a couple of alibi newspapers. They rule such that they can always say: "We are democrats. Come to Budapest. Is this what fascism looks like?”

    Orbán refers to his government as an "illiberal democracy.” Hungary continues to hold elections, but media pluralism is a thing of the past as are fundamental democratic rights such as freedom of opinion and assembly. Müller says that Orbán’s Hungary should not be seen as a "democracy” just because he is still popular among many Hungarians. Doing so would mean that his critics could only argue in the name of liberalism. And that is exactly what illiberals want, says Müller. But if he is shown to be a kleptocrat and an autocrat, that is when things could grow uncomfortable for Orbán.

    And what about Germany, a country Müller sees as the motherland of robust democracy? Are the country’s defenses not failing in the face of the AfD?

    "In Germany,” he says, "a more nuanced toolkit is available.” You can ban state party chapters or individual organizations, and you can also strip politicians of certain rights, says Müller. You don’t have to immediately ban an entire party. "You can demonstrate to those elements of the party that haven’t become completely radicalized: ’People, we are showing you where the limits of democracy lie.’ And maybe that can trigger a moderation.” That, too, is a didactic approach, but democracy is ultimately allowed to declare its principles and defend them. "If the party pursues the Höcke path, then it may ultimately have to be banned,” says Müller, referring to Björn Höcke, the ultra-radical head of the AfD state chapter in Thuringia.

    But hasn’t the party grown too large for that? "Not necessarily. It would, to be sure, produce political martyrs. But right-wing populists pose as victims anyway.”

    AND THE DEMOCRATS?

    Sometimes, the debate about the threats facing democracy can give the impression that evil spirits have suddenly been let loose on the world. An attack of the lunatics, a storm of irrationality, an impending relapse into barbarianism. An onslaught that must be fended off with united forces using the biggest guns available. All of that is a reasonable conclusion and it sounds both logical and correct, but might it be that democracies and democrats have also had a role to play in the rise of their enemies?

    Philip Manow, born in 1963, is a political science professor at the University of Siegen. His most recent book, which was published by Suhrkamp in May, takes a closer look at the future of liberal democracy. Manow is a provocateur, and he quotes Paul Valéry, the philosopher, who wrote: “That which has always been accepted by everyone, everywhere, is almost certain to be false.” Manow says: The problem isn’t populism, it is liberal democracy itself.

    We met for lunch in late-July at the restaurant inside Cologne’s Museum Ludwig – an encounter that turned into a two-and-a-half-hour deconstruction of the political discourse.

    A liberal democracy, as Jan-Werner Müller also says, consists of more than just free elections with ballots cast in secret. It is shaped by the idea of human dignity and other universalist ideas. It is rooted in the separation of powers, freedom of opinion, press freedoms, the protection of minorities, the independence of its institutions and the rule of law. It must be robust, which is why, Manow says, democracies are equipped with a high court and domestic intelligence agencies designed to protect the constitution – along with the possibility, though the hurdles are high, of banning political parties. There is also, he says, a kind of political dictum that democracies and its parties erect a kind of firewall against the enemies of democracy.

    Liberal democracy, says Manow, sees itself as the product of lessons learned in the first half of the 20th century. On the one hand, the tyrants must be prevented from securing parliamentary power. The events of 1933 Germany must not be repeated. On the other hand, the abyss of the Holocaust, the political scientist continues, led to the establishment of a catalog of human rights by the newly established United Nations as a path to a better world. But the human rights discourse only experienced a breakthrough starting in the 1970s, when communism was definitively discredited by the publication of Alexandr Solzhenitsyn’s anti-Stalin tract "The Gulag Archipelago” and when the West lost its shine in the wake of the Vietnam War, Watergate and the Civil Rights Movement.

    The resulting vacuum of ideals was, says Manow, filled with the idea of human rights universalism as the final utopia – one that didn’t just become a reference point for dissidents in the Eastern Bloc but also came to shape the debate in Western democracies. The institutional manifestation of this debate following the collapse of communism, says Manow, was ultimately decisive. The nations of Eastern Europe took their cue from the liberal-democratic model of Western countries, particularly the German version with its strong constitutional defenses. At the same time, European integration progressed in the 1990s, with borders opening up and a joint currency being introduced. The EU increasingly defined itself as a community of shared values, led primarily by the rule of law and the court system.

    Populism, says Manow, should primarily be seen as a counterreaction – as an illiberal democratic response to an increasingly undemocratic liberalism. The political-economic upheavals, whether it was the Euro crisis in 2010 or the migration crisis starting in 2015, put wind in the sails of the populist parties, says Manow, because there was no meaningful opposition within the established parties to policies declared by Merkel (and elsewhere) as being without alternative. Indeed, Merkel herself, he says, became just as inevitable as her policies. When elections were held, the primary question on the ballot was what party would become her junior coalition partner. "That paved the way for the AfD.”

    Liberal democracy, says Manow, responded robustly with an arsenal of morally charged values. The populist problem was to be resolved through the judiciary, a strategy adopted without considering the possibility that using law as a replacement for politics was perhaps part of the problem.

    But that is a dangerous development in Manow’s view because the political battlefield was brought into the courtroom. The judiciary itself becomes politicized. Ultimately, the high court morphs into just another party-political body, says Manow, like the Supreme Court in the U.S., where in many instances, justices vote along the lines of the party that nominated them. Those who stand for positions that find no place in the institutions, however, develop a kind of fundamental opposition: "The system is ailing and broken and the whole thing must go.”

    Instead of legal system, the focus should be returned to electoral principles, says Manow. A body politic includes people with a variety of opinions, convictions and values. There is, unfortunately, no better way, he says, than allowing the people to decide on controversial issues following a public debate. Competition among political parties, elections and public discourse, Manow says, make up the fundamental mechanism of stability in democracies. Liberal democracy, the political scientist argues, produces its crises, while electoral democracy processes those crises.

    And what if the populists win the elections? Wait it out, says Manow. Those who believe that voters are fundamentally complicit in their own disempowerment should stay away from democracy, he says. Poland showed that it is possible to vote populists out of power. Orbán suffered significant losses in the European elections. And up until a month ago, it looked like Trump would be the next president of the U.S. Nothing is as certain as it seems. Trump, not Biden, is now the one who looks like a doddering old man – weird, in fact. Kamala Harris’ strategy: a rejection of gloom and hate. An approach of uniting rather than dividing, with a happily relaxed tone, positivity and an undertone of gentle derision. Looking forward rather than backward.

    THE VERTIGO MOMENT

    The Bulgarian political scientist and adviser Ivan Krastev spends his summer vacations on the Black Sea. In the evenings, his son and his son’s friends play games, and last year their game of choice was "Secret Hitler.” It is certainly possible that Krastev gave them the game to see what would happen. It was his son who said that it was more fun to be a fascist in the game. Why? Because the fascists play as a team, and because the democrats are their own worst enemies, paralyzed by distrust and mutual suspicions. The game, says Krastev, clearly shows why the populists win. Not because they are so strong, but because the democrats are so confused. They want the right thing, but they frequently make the wrong decisions.

    Berlin, the Grand Hyatt Hotel on Potsdamer Platz. Krastev, born in 1965 and a fellow at the Institute for Human Sciences in Vienna, is on his way to Poland via the German capital. He is someone political leaders call when things are complicated. German Chancellor Olaf Scholz and Economy Minister Robert Habeck have both met with him in the past and he is in demand in other capitals as well as one of the continent’s most interesting thinkers, an analyst who pulls the world apart for them before then reassembling it. For his part, he sees himself more as the kind of uncle that exists in every Bulgarian village, the guy who others find both funny and clever. A person who others come to when they need advice, almost like going to the psychiatrist. Listen, Krastev says in his rapid, Bulgarian-accented English, what he is going to say may be rather interesting, but it might not actually be true.

    “Listen, he says, I think we are dealing with something that I would call the other ’Extinction Rebellion.’” The "Great Replacement” right wing, he believes, cannot be understood without looking at demographic developments and especially the fears they trigger. That, for years, has been Krastev’s greatest focus. People cross borders, some on their way in, others on their way out. European societies are aging. And birthrates are falling, without, Krastev says, anyone offering a plausible explanation as to why.

    “It’s the fear of disappearing,” he says. The fear of “one’s own language and culture vanishing.” The fear that migrants could change political realities by voting for those who were allowed to come into the country. That the many new people will change life and change the cities – and that those who have long been here will be stuck, because the newcomers can simply leave if they don’t like it anymore, while they are damned to stay. Everything shifts, says Krastev, the relationships of people to each other and to their own country. The racist fantasies that result, Krastev believe, can certainly be interpreted as a new form of fascism, as the fascism of the 21st century.

    What now unites society, from the left to the right, he says, is their feeling of impending doom. Which is challenging for democracy. If fascism is knocking on the door, Krastev says, then urgent action is necessary, but democracy depends on compromise, which takes time. While democracy may not really have clear ideas for the future, he says, it definitely wants to prevent the past from becoming that future.

    Krastev says that he searched long and hard for a metaphor for our times before finally finding it in Milan Kundera’s "The Unbearable Lightness of Being,” an Eastern European author, of course. Europe, says the Bulgarian, is experiencing a vertigo moment. Vertigo essentially means fear of heights, dizziness on the precipice, the fear of plunging into the depths. But Kundera has a different definition of vertigo: As the emptiness beneath us that lures and seduces us. We want to fall, yet desperately fight against it. There is, says Krastev, this right-wing desire to finally put an end to everything, to Europe; a feeling that everything must fundamentally change. A century ago, fascism had an agenda and a promise: Mussolini propagated an imperial Italian future while Hitler promised to expunge all that was foreign. The new parties, though, says Krastev, don’t have such a vision. They only have suicidal fantasies.

    Never mind the fact that most populists, Krastev believes, don’t even believe that they will ever hold power. They often win by chance. Brexit? Bad luck. Trump? Also. "It’s as if the right wing just date their fears the whole time, and one day, they’re married to them.” The paradox, Krastev believes, is that fascists suspect that the other side might actually be right. Which is their greatest fear.

    Fascism in the 20th century was rooted in dread of the evil other – the communists, the Jews, the enemies. Fascism in the 21st century is rooted in fear. What is the difference between dread and fear? During the pandemic, people dreaded the virus, a deadly attacker. There was an enemy that could be identified. But fear is less specific. There is no clear attacker, it is inside oneself, and in a certain sense, says Krastev, it is the fear of oneself.

    Krastev says that he has developed patience with politicians. The world is changing quickly; things happen, and politicians must respond with decisions. But that doesn’t mean that their decisions will solve the problems. Politics, Krastev believes, is learning to live with the problems, and politics knows no clear victories. Politics is the management of panic. A battle against vertigo, the endless emptiness beneath us.

    So if this fear within is the precondition for modern-day fascism, could any one of us become a fascist? It is, says Krastev, interesting to watch what happens when people play "Secret Hitler.”

    Captain Höcke

    Greiz, a town deep in Germany’s east, south of Gera and west of Zwickau, calls itself the "Pearl of Vogtland,” as the region is called. It is a beautiful town with a castle on the rocks above and another down below on the banks of the river. The Thuringian chapter of the AfD is holding its summer festival here, with blue balloons and a bouncy castle. It is in the heart of Björn Höcke’s electoral district.

    The posters for the event include a photo of Höcke where he looks a little bit like Tom Cruise in "Top Gun.” He is wearing mirrored sunglasses, a bit like aviator sunglasses. And if you look closely, you can see a passenger plane reflected in the lenses. It takes a bit for the penny to drop. The plane is supposed to be a deportation flight of the kind Höcke is constantly talking about, a flight taking illegal immigrants back where they came from once the AfD secures power. As if Captain Höcke were flying the plane himself. Did AfD finally discover irony? Or is it just weird?

    Greiz looks like many other towns in eastern Germany. Nice looking and clean, but seemingly devoid of people. Almost 40,000 people lived here in 1970, but now the population is just over 20,000. There isn’t much life on the streets of the old town, almost as though the townsfolk still believe they are living in a dictatorship and have elected to remain in the safety of their own homes. It isn’t difficult to imagine a resident of a western German city quickly growing lonely here and perhaps even entertaining radical thoughts. On the other hand: Wouldn’t a Greiz native also feel rather lost in Hamburg?

    Around 500 people have gathered in the castle gardens on the shores of the river. There are a few hooligans, some Identitarians with their severely parted hair and polo shirts, rockers with Trump T-shirts, militia types and vaccine truthers who look like aging hippies. Beyond that, the crowd includes people from the working class and middle-class laborers. The police presence is not overwhelming.

    The sun is shining, some are sipping beer – real Thuringians. The mood is neither hostile nor inflamed. Perhaps that has something to do with the fact that the Antifa has only been allowed to hold their counter-protest across the river. In other cities, as colleagues have said, things can get wild.

    Höcke’s appearances in the media are often tense, his eyes flickering with panic and disgust. Here in his electoral district, though, he exudes control. He is, it must be granted, a good speaker and holds forth without notes. He seems to feel right at home on stage. He is wearing jeans and a white shirt, and he begins his speech by talking about the Olympic Games that just got started two days ago. His focus is the scene during the opening ceremony in which drag queens and trans-people, as Höcke describes them, portray da Vinci’s "Last Supper.” It is, the AfD politician insists, an expression of "what is going fundamentally wrong not just in this country, but in all of Europe and the West.” He speaks about the self-hatred of Germans and Europeans and of wanting to overcome European culture and identity. "There is no self-hatred with the AfD. Period. Those who feel a sense of self-hatred should go to a therapist.”

    The German manner in which he says terms like "drag queens” and "trans-gender models” clearly expresses his disgust. He speaks of the widespread decadence in the West and of the urge "to shred our gender identity.” In his speech, he is constantly sending people into therapy. And to those who have their doubts about there only being two biological genders, he says: "My recommendation is that you just open your pants and see what it looks like down there.” Applause.

    Much of his speech focuses on the destruction of "European culture,” the destruction of what is "normal.” He talks about the schools and the childcare centers, about the new draft law in Germany that will make it easier for people to change their genders, about public broadcasters, about freedom of opinion and about the German government’s coronavirus policies, which he portrays as a state crime. And he focuses on migration as the mother of all crises, one which, he says, has transformed Germany into the world’s welfare office. For airplanes full of migrants, he says, only permission to take off will be granted in the future, not to land.

    Höcke’s speech flirts with what allegedly cannot be said and can only be hinted at. As though there was a secret and dangerous truth. "You know what I’m talking about,” he says. Or: "I want to express myself diplomatically.” Or: "You’re not allowed to say that.” Or: "I don’t have to expound on that.” Dark powers are out and about that are targeting him and targeting Germany, that is his message. In conclusion, he warns his listeners in Greiz to avoid voting by mail. He tells them to only go to their polling station late in the day and to remain there as the votes are counted – and to report any irregularities to the AfD. He also tells them to make sure that the care-worker in the retirement home doesn’t fill out grandma’s ballot. You know what I’m talking about.

    It is all rather perplexing. Back in Berlin, Ivan Krastev makes one of his Krastevian jokes. An American judge, he relates, once said that he may not be able to define pornography, "but I know it when I see it.” The reverse is true with fascism, says Krastev: It is simple to define, but difficult to recognize when you see it.

    The "F-word.” F as in fascism or F as in "Fuck you.” It is permissible, as a court in Meiningen ruled, to refer to Höcke as a fascist. The question remains, though, what doing so actually achieves.

    https://www.spiegel.de/international/zeitgeist/finding-the-secret-hitler-how-fascism-begins-a-32c1f376-0086-45b3-bab9-35734

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  • Les déplacements forcés épuisent le peuple de la bande de Gaza

    Depuis le début de la guerre contre la bande de Gaza, l’armée israélienne a émis des dizaines d’ordre d’« #évacuation », des déplacements forcés qui obligent la population à aller d’un endroit à l’autre sans répit. Nous avons enquêté sur ces exodes infligés.

    « Sommes-nous du bétail pour être ballottés sans arrêt d’un endroit à l’autre, avec ces “Allez là, allez ici, partez à telle heure, partez encore” ? » Ce cri de détresse et d’exaspération tout à la fois, c’est celui de Mohamed Abou Moughaisib, médecin gazaoui, coordinateur médical de l’ONG Médecins sans frontières (MSF).

    Transformé en Gazaoui errant, il est à la fois victime et témoin.

    Mediapart a recueilli son témoignage et celui d’autres personnes par téléphone fin juillet, les journalistes étrangers étant toujours interdits de pénétrer dans la bande de Gaza.

    Il est difficile de savoir le nombre exact de personnes actuellement déplacées dans l’enclave palestinienne. Selon le Fonds des Nations unies pour la population, 1,9 million d’habitant·es, sur une population de 2,1 millions, soit 9 personnes sur 10, l’ont été. Sur un territoire minuscule de 41 km de long pour une largeur de 6 à 12 km.

    Comme toutes et tous, Hamza Ibrahim a passé ces dix derniers mois à quitter un endroit pour un autre, dans un exil interne sans fin. « C’est comme un film qui ne s’arrête jamais », déplore ce jeune diplômé en anglais de 23 ans. Ses fuites successives résument à elles seules la vie de nombre de Gazaoui·es depuis octobre : le départ de Gaza City vers le centre de l’enclave, puis vers le sud, près de la frontière égyptienne, et le retour vers le centre, de maison surpeuplée en abri précaire, dans une course folle dictée par les ordres de l’armée israélienne.

    « C’est le plus grand déplacement du peuple palestinien depuis la guerre de 1948, affirme Juliette Touma, porte-parole de l’Unrwa, l’agence des Nations unies de secours et d’assistance aux réfugié·es palestinien·nes. Ils se déplacent en moyenne une fois par mois. Certains ont déménagé neuf ou dix fois. Les personnes âgées qui ont survécu à la guerre de 1948 revivent leurs traumatismes. Les jeunes générations qui ont grandi avec les souvenirs de leurs ancêtres le vivent aujourd’hui. »

    Ainsi Montheir al-Firani, 38 ans, avocat, ne cesse de rapprocher son sort de celui de son grand-père : « Je suis d’une famille de réfugiés de 1948, raconte-t-il. Mon grand-père a toujours conservé le rêve de retourner dans son village de Hamameh, qu’il a dû quitter en 1948. Aujourd’hui, mon père, moi, mes frères, nous sommes tous des réfugiés. Une nouvelle fois. »
    Harcelés par des ordres de déplacement

    Les exodes d’aujourd’hui sont directement liés aux opérations de l’armée israélienne, qui ordonne aux habitant·es de quitter telle ou telle zone pour se diriger vers telle ou telle autre.

    La première injonction date du 13 octobre, soit six jours après les massacres du 7 octobre commis par la branche armée du Hamas, d’autres factions et des civils palestiniens dans les villes et les villages israéliens autour de la bande de Gaza. Ordre est donné à tous les habitants et habitantes du nord de l’enclave et de Gaza City de se diriger au sud de Wadi Gaza, la rivière qui traverse le territoire d’est en ouest et marque traditionnellement la séparation entre le nord et le sud de la bande. 1,1 million de personnes sont concernées, estime Tel-Aviv.

    Cet ordre est suivi de dizaines d’autres, tout au long de ces jours, semaines, mois de guerre.

    Les images d’un peuple en exode perpétuel occupent les réseaux sociaux. À pied, les bras pleins de sacs et les épaules croulant sous les enfants en bas âge, poussant des fauteuils roulants ou des poussettes, sur des charrettes tirées par des chevaux faméliques ou des ânes étiques, dans des voitures presque neuves ou hors d’âge, juchés sur des matelas eux-mêmes entassés sur les plateaux de camions. Sous le soleil d’automne, sous la pluie hivernale, dans le froid glacé de janvier et la brûlure de juillet.

    Tant d’images finissent par faire oublier la réalité de cette errance sans fin. C’est pourquoi Mediapart a voulu la documenter.

    Nous avons d’abord cherché à collecter tous ces ordres. Ils sont communiqués de mille manières : par SMS, par appel téléphonique, par tracts lâchés depuis les avions, par les hauts-parleurs installés sur les drones quadricoptères, par Internet, sur X (anciennement Twitter) et sur les différents canaux de communication de l’armée israélienne.

    Les SMS et les appels téléphoniques étaient déjà utilisés lors des guerres précédentes, mais concernaient en général un immeuble, un pâté de maisons, en prévision d’une frappe.

    Jamais les « évacuations », selon le mot de l’armée pour faire croire qu’il s’agit là d’épargner des vies civiles, fiction que le carnage actuel a dissipée, n’avaient concerné autant de monde sur d’aussi larges parties du territoire.

    Aucun organisme ou institution que nous avons contacté n’a conservé l’ensemble des ordres diffusés par l’armée israélienne. Celle-ci n’a pas répondu à notre demande.

    Nous en avons collecté 31, de façon empirique et sans prétendre à l’exhaustivité. Ils figurent sur la carte ci-dessous.

    Après les premiers ordres de déplacement, l’armée a innové en créant une carte de la bande de Gaza quadrillée en centaines de blocs. Elle est apparue pour la première fois le 4 décembre 2023. Les gens se trouvant dans les blocs indiqués en général par une couleur doivent partir vers les zones désignées par des flèches.

    Nos témoignages montrent que les personnes n’ont pas forcément accès à cette carte car la connexion à Internet est aléatoire. Elles ne savent pas forcément dans quel bloc elles se trouvent.

    « Nous étions réfugiés dans la maison d’un collègue à Nousseirat et nous avons vu l’ordre de déplacement sur la carte, explique Mohamed Abou Moughsaib. Il m’a dit : “Notre bloc est loin de la zone à évacuer”, j’ai répliqué : “Mais pas du tout, nous sommes très proches.” Nous sommes partis pour Rafah. »

    Quant aux « zones humanitaires sûres » vers lesquelles les personnes sont dirigées, c’est une fiction : « Il n’existe pas de “zone humanitaire” ou de “zone de sécurité”. Une partie au conflit ne peut pas déclarer unilatéralement qu’un endroit est une zone sûre, assure Juliette Touma. C’est une violation du droit humanitaire international. »

    Les familles s’y sont quand même précipitées et entassées au fil des semaines. Mais elles ne sont pas épargnées par les bombardements. « Les gens ricanent maintenant quand on leur parle de zones humanitaires. Les Israéliens ont bombardé plusieurs fois Al-Mawassi, censé être sûr, après Nousseirat, Deir al-Balah, alors quelle est la différence ? », interroge Mohamed Abou Moughaisib.
    Le premier départ

    Le 7 octobre, depuis sa maison de Shajaiya-Est, proche de la frontière, Siham Jindiya a tout vu : les roquettes du Hamas, puis « les hommes passant la barrière ». Elle poursuit : « J’ai compris qu’il allait se passer quelque chose de terrible, que les Israéliens allaient tout détruire. » Avec son mari et ses cinq enfants, ils quittent leur maison le jour même, à 7 heures du matin, pour se réfugier dans une école de l’Unrwa du sud de Gaza City, avec les habits qu’ils portent.

    « On revient dans trois jours », a aussi pensé Mohamed Abou Moughaisib en quittant sa maison du quartier de Rimal à Gaza City. Le 7 octobre, lui, sa femme et leurs trois enfants ont fait cinq minutes de voiture pour loger temporairement dans les bureaux de MSF, pensant y être en sécurité. Par chance, la veille, le médecin avait par hasard rassemblé les passeports de toute la famille dans un sac.

    Mais quelques jours après, quand Israël envoie ses premiers tracts demandant aux habitant·es du nord de l’enclave de « partir immédiatement », Mohamed Abou Moughaisib monte dans sa voiture pour retourner chez lui chercher quelques affaires. Sur la route, il constate les dégâts causés par les bombardements des premiers jours, les rues « complètement détruites ». « [Une fois arrivé,] j’étais tellement stressé que j’ai choisi n’importe quoi, raconte le père de famille, les mauvaises lunettes pour mon père, des vêtements que je n’aime pas porter. »

    Puis il prend la route avec ses proches dans sa voiture MSF en passant par la voie de la plage, direction Nousseirat, au centre de la bande de Gaza. Ce 13 octobre, la route était vide. « Peu de voitures partaient vers le sud, se remémore Mohamed, parce que les gens étaient encore choqués. Nous n’avons jamais eu de tels ordres d’évacuation pendant les guerres à Gaza. »

    Siham fait partie de celles et ceux qui sont d’abord restés malgré les appels à quitter la ville. « Nous avons cru qu’il s’agissait juste de menaces », admet-elle. Puis le bâtiment de l’ONU où elle pensait être en sécurité a été assiégé par des chars israéliens. « Il y a eu les bombardements autour de nous, surtout avec les bombes au phosphore [que plusieurs ONG ont documentés ici et là – ndlr] », décrit-elle. Avec son mari et ses cinq enfants, ils courent s’installer dans une autre école de la ville, proche de l’hôpital Al-Shifa. Quelques jours plus tard, elle aussi est assiégée. Ils prennent alors la route pour le sud à pied, « un sac en plastique à bout de bras avec des habits dedans », décrit-elle.

    Quelque temps après l’arrivée de Siham chez sa sœur à Al-Bureij, un nouvel ordre de déplacement est diffusé. Siham et sa famille marchent jusqu’à Nusseirat, où peu de temps après, de nouveaux tracts sont envoyés par les airs et des SMS sur les portables des habitant·es, avec des horaires déterminés. « On est partis tout de suite, explique Siham, on a appris la leçon de Tell al-Hawa. C’était trop dur. »

    Arrivée à Rafah à pied, elle y reste « quatre ou cinq mois » avant l’ordre d’évacuation de début mai qui a précédé l’attaque terrestre du sud de l’enclave, alors que plus d’un million de personnes étaient réfugiées dans la ville frontalière. Elle arrive alors à Az-Zawayda, une ville à presque cinq heures de marche de Rafah.
    Conséquences sanitaires

    « Nous vivons de déplacement en déplacement, de mort en mort, pour trouver une vie et échapper aux bombardements », souffle Hamza. L’étudiant de 23 ans est réfugié depuis quelques mois dans une maison à Deir al-Balah, une ville au centre de l’enclave. Ils sont une cinquantaine dans la maison à deux étages de son grand-père, dont une trentaine d’enfants.

    « Nous ressentons une peur permanente, reprend-il, renforcée par l’instabilité. Ils ne laissent pas de délai pour que nous puissions empaqueter nos affaires. Quand on vous dit que vous avez une heure pour partir, ça n’a aucun sens. »

    Monther al-Firani aurait voulu prendre des photos de son mariage, de ses enfants, de l’ouverture de son cabinet d’avocat. « J’étais si fier. »

    Les déplacements forcés brassent la population, brisent les solidarités de quartier, les liens établis sur les lieux de travail, mais unissent les gens dans de mêmes obsessions : trouver un abri, nourrir sa famille, la vêtir, lui permettre de se laver et de se soigner.

    Pour dénicher un toit, les ressources sociales et les réseaux familiaux sont essentiels. La sœur de Mohamed Abou Moughaisib travaille pour les Nations unies et dans ce chaos, c’est une chance. « Elle a obtenu grâce aux Nations unies une petite chambre dans un complexe au bord de la mer, à Rafah, qui, avant la guerre, comprenait un restaurant et des paillotes, explique Mohamed. Tout a été transformé pour loger les déplacés. Ils ont aussi accepté sa famille, notre père, moi, sa femme et mes enfants. Nous étions neuf personnes dans une chambre prévue pour trois, mais nous avions l’électricité et l’eau. »

    Un véritable privilège, de plus en plus rare au fil des semaines et des mois d’errance. Hamza Ibrahim vit dans la maison de deux étages de son grand-père à Deir al-Balah, dans le centre de l’enclave, avec une bonne cinquantaine d’autres personnes. L’eau est une denrée précieuse, la nourriture aussi : « Chaque matin, je marche jusqu’au point de distribution, ça me prend une heure, raconte Hamza. Il faut ensuite faire la queue, au moins encore une heure aussi pour la nourriture, et une nouvelle heure pour l’eau. »

    À Ezzawaideh, Siham Jindiya, son mari et ses cinq enfants vivent « une vie de misère ». « C’est le seul endroit où on a trouvé de la place après avoir fui Rafah, relate-t-elle. Ce sont des dunes. Il n’y a pas de surface plane pour planter une tente. Nous vivons sous des bâches. Il n’y a pas d’eau, les enfants trouvent une bouteille tous les trois ou quatre jours pour se laver. Le sol est argileux, les eaux usées stagnent. »

    La promiscuité, l’impossibilité d’une hygiène même basique, le stress : tout concourt à l’explosion des maladies, notamment dermatologiques. « Tout le monde est couvert de boutons, et nous n’avons pas de quoi nous soigner, reprend Siham. À l’hôpital, ils privilégient les blessés dans les bombardements. »

    Après dix mois de guerre, les Gazaoui·es sont épuisé·es par l’errance. « Ces déplacements constants ont tout détruit de la société d’avant, déplore Mohamed Abou Moughaisib. Ils ont détruit les vies, les liens sociaux, nous ne vivons plus que dans un état de manque permanent. Il n’y a pas d’eau, il n’y a pas de nourriture, il n’y a pas, il n’y a pas… Nous en sommes à un tel point que des gens refusent maintenant de bouger. Ils restent dans les blocs qui, selon la carte, doivent être évacués, prêts à mourir. »

    Hamza fait partie de celles et ceux qui ne veulent plus obéir aux ordres de déplacement : « Si je reçois un nouvel appel de l’armée israélienne me demandant de partir, je ne le ferai pas. Je ne vais plus nulle part, car il n’y a nulle part où aller. »

    Sauf là où sont ensevelis les souvenirs et les projets d’une vie. C’est le seul horizon d’espoir pour beaucoup. « Si je rentre au nord, j’installerai une tente sur les décombres de ma maison, affirme Siham. Au moins, je serai sur ma terre, à ma place. »

    https://www.mediapart.fr/journal/international/080824/les-deplacements-forces-epuisent-le-peuple-de-la-bande-de-gaza

    #containment_through_mobility #Gaza #im/mobilité #mobilité #mobilité_forcée #déplacements #déplacements_forcés #réfugiés #Palestine #épuisement #errance #ordres_d'évacuation

  • #Massacre_de_Thiaroye et la mention « #Mort_pour_la_France »

    Depuis quelques jours, nous assistons à une tempête médiatique suite à l’octroi de la mention « Mort pour la France » pour six ex-#prisonniers_de_guerre assassinés à Thiaroye par l’armée française. Un décryptage me paraît indispensable.

    J’ai souvent regretté que les médias ne s’emparent pas de ce fait historique ou donnent la parole à des personnalités qui n’y connaissaient pas grand chose. Avec l’octroi de la mention "Mort pour la France" pour seulement six hommes et une dépêche AFP, ce fut l’emballement dont j’aurais pu me réjouir si son contenu n’avait pas véhiculé des inexactitudes. En premier lieu, évoquer l’attribution de la mention "Mort pour la France à titre posthume" est un regrettable #pléonasme. Avez-vous vu des vivants réclamer cette mention ?

    La dépêche, reprise par je ne sais combien de médias, évoque une "révolte" alors qu’ils ont réclamé leur dû avant de quitter le camp de Thiaroye et ce chiffre de 1300 rapatriés (chiffre officiel) alors qu’ils étaient plus de 1600. Puis "des #troupes_coloniales et des gendarmes français avaient tiré sur ordre d’officiers de l’#armée_française sur des tirailleurs rapatriés qui réclamaient leurs arriérés de solde". Les archives consultables sont très claires. Les tirailleurs "sénégalais" du service d’ordre n’ont pas pu tirer puisque leurs fusils n’étaient pas chargés et les gendarmes ont eu un rôle mineur. Le massacre a été perpétré par des armes automatiques dont des automitrailleuses commandées par des officiers. L’#ordre_de_tirer a été donné par le lieutenant-colonel #Le_Berre. Ce dernier a été sanctionné. Amnistié en 1947 comme les condamnés, le motif de sa sanction a été caviardé à tort. En avril 2023, le ministère m’a autorisée à me rendre au SHD, avec un laboratoire spécialisé, pour tenter de lire les lettres. Au prétexte d’une instruction complémentaire, le RDV programmé a été annulé et finalement, en avril 2024, le cabinet de la Secrétaire d’État m’a annoncé que je n’étais pas autorisée à faire cette opération de "désoccultation" alors que le rapporteur public du Conseil d’État, Alexandre Lallet, a suggéré dans ses conclusions du 4 octobre 2019 : "Par conséquent, la description des faits reprochés au lieutenant-colonel A, si elle n’avait pas été occultée, aurait été à notre avis communicable et l’administration pourrait accepter que soit déployé un dispositif technique de révélation des mentions originales, sans qu’on puisse l’y contraindre juridiquement".
    J’y vois là une nouvelle tentative d’#obstruction à la manifestation de la #vérité sur un #crime_colonial commis. Cet officier a peut-être outrepassé les ordres en faisant venir des automitrailleuses qui n’ont rien à voir avec une opération de maintien de l’ordre.

    La genèse de la liste des six

    En 2013, ne parvenant pas à trouver des documents et notamment des circulaires afin de connaître les droits de ces rapatriés, j’ai alerté le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lorientais comme moi, qui a sollicité le SHD (service historique de la Défense). Le 22 novembre 2013, j’ai reçu une réponse du ministre avec, dans une note de bas de page cette indication "quelques dossiers individuels conservés à Caen par la division des archives des victimes des conflits contemporains qui ont pu être identifiés comme concernant des victimes des événements de Thiaroye". C’est ainsi que j’ai pu obtenir les six dossiers. Ne possédant pas les noms de ces victimes, je n’aurais jamais pu les trouver sans cette intervention. Quelque temps plus tard, j’ai reçu la circulaire du 4 décembre 1944 qui fait croire que les rapatriés avaient perçu l’intégralité des soldes.

    Le contenu des dossiers

    Contrairement à ce que prétend le ministère des armées comme indiqué dans Le Monde Afrique Le massacre de Thiaroye, enjeu politique entre le Sénégal et la France (lemonde.fr), "dont les dossiers, en possession du Service historique de la défense, mentionnent qu’ils sont décédés à la suite du massacre de Thiaroye", il n’y a aucune mention du massacre. Bien au contraire. Dans le dossier #N'Gour_N'Dour, on trouve un courrier daté du 26 mai 1952 avec : "décédé le 1er décembre 1944 à Thiaroye (Dakar) au cours d’une rébellion du détachement, n’est pas Mort pour la France". Sur des dossiers de décès est effectivement estampillé "N’a pas droit à la mention Mort pour la France".

    Dans un autre courrier daté du 31 août 1951, le commandement supérieur des forces terrestres d’AOF écrit au Gouverneur du Sénégal que "le tirailleur N’Gour N’Dour est décédé au camp de Tiaroye, le 1er décembre 1944, jour de la #répression dans ce camp d’une mutinerie fomentée par les tirailleurs rapatriés de France". Il arrive de découvrir des propos ubuesques comme ce rapport provenant du DIC (Dépôt des Isolés coloniaux) de Dakar : "Aucun décès n’étant survenu parmi les militaires du service d’ordre, la mort du soldat de 2e classe #Ibrahima_N'Diaye ne peut donc être considérée comme survenue en service commandé". C’est un argumentaire incompréhensible et un non sens.

    Récemment j’ai saisi la justice administrative pour obtenir les archives du DIC de Dakar et le ministère invariablement répond que ces archives n’existent pas ou plus. Pourtant on en trouve mais que pour montrer le fait de rébellion et de mutinerie.

    Ces six dossiers existent au SHD vraisemblablement parce que les familles ou l’administration ont réclamé des explications.

    Dans le dossier de #M'Bap_Senghor, le plus volumineux avec les courriers de son fils Biram que j’ai pu ainsi retrouver, on trouve une demande d’enquête par le ministre Hernu et son chef de cabinet Serge Daël (que j’ai rencontré alors qu’il était président de la CADA). Il n’y a pas eu d’enquête car le département de la Défense a prétendu qu’il n’y avait pas de dossier.

    Thiaroye n’est qu’une succession de #mensonges pour camoufler l’#ignominie.

    L’octroi de la mention "Mort pour la France"

    Le dernier courrier de Biram Senghor demandant la mention "Mort pour la France" à l’ONaCVG date de janvier 2023, il n’a eu aucune réponse et il s’apprêtait à saisir le tribunal judiciaire, seul compétent et non la justice administrative. Mais le 18 avril 2023, les conseillers de la secrétaire d’État Patricia Mirallès, m’annoncent que le gouvernement réfléchit à une loi mémorielle et que les victimes de Thiaroye sont reconnues "Mort pour la France", c’est acquis. Ils m’ont demandé les cotes des dossiers. J’ai tout de suite informé Biram Senghor mais il n’a reçu aucun courrier, RIEN. J’ai évidemment demandé des explications à cette annonce non suivie d’effet. Pour moi, il y avait urgence. Il a fallu attendre le 8 juillet 2024, lendemain des législatives, pour recevoir enfin de l’ONaCVG, un courriel avec l’octroi de la mention pour cinq des victimes et avec une précision importante, la signature de la décision collective. J’ai réclamé la liste des cinq noms et cette décision collective. Je n’ai reçu que la liste non pas de cinq mais de six noms. J’ai signalé que le SHD possède un feuillet nominatif de contrôle (FNC) au nom de #Fara_Gomis qui prouve qu’il est décédé le 1er décembre 1944 et j’ai adressé un acte de décès d’un autre rapatrié. J’ai mentionné également que les trois condamnés morts durant leur détention doivent obtenir la mention "MPF". Ils sont bien décédés des suites de la guerre et n’ont pas été amnistiés. En parallèle, depuis des années je réclame au ministère, la liste des rapatriés et des victimes avec les archives du DIC de Dakar.

    Je dois comprendre que l’annonce officielle a été retardée pour l’inscrire dans un chemin mémoriel, une communication voulue par l’Elysée. Mais ont-ils pensé au seul descendant d’une victime âgé de 86 ans ? Cela donne un goût amer.

    Les conséquences de la mention "Mort pour la France" dans le cas du massacre de Thiaroye

    Je ne connais pas de situation similaire dans l’histoire militaire contemporaine avec la mention "Mort pour la France" attribuée par l’État français suite à une #exécution_extrajudiciaire commise par ce même État.

    En octobre 2023, j’ai été reçue par la direction des Affaires criminelles et des grâces comme en 2014. Les conseillères du Garde des Sceaux ont clairement indiqué qu’en cas d’officialisation de la mention "#MPF", le ministre pourra saisir la commission d’instruction de la Cour de cassation afin de faire aboutir le procès en révision pour les 34 condamnés. Cette mention "MPF" peut être considérée comme un élément nouveau.

    Le ministère pourra t-il et osera t-il refuser une #indemnisation à Biram Senghor dont le père a bien été assassiné et qui, du fait du #mensonge_d'Etat, a perdu tous ses droits. Comment évaluer un tel préjudice ?

    M’Bap Senghor désormais reconnu "Mort pour la France" repose dans une #fosse_commune. Je me demande si l’État français n’a pas obligation à faire des test ADN pour identifier son corps afin qu’il repose dans une sépulture individuelle à son nom.

    En tant qu’historienne qui avait, dès 2014, transmis au ministère et au président Hollande la synthèse de mes travaux faisant état du massacre prémédité, je veux comprendre comment la DMPA (Direction de la mémoire du patrimoine et des archives) a pu mettre en place trois panneaux réitérant le mensonge d’État alors que le ministère possédait les mêmes documents qu’en 2024.

    La décision d’attribuer la mention "Mort pour la France" n’a pu se faire qu’avec des documents qui prouvent qu’ils ne sont pas des mutins alors que les archives consultables montrent la rébellion armée, la #mutinerie, les revendications illégitimes. Le ministère ne peut plus prétendre que ces #archives n’existent pas ou plus ou ont été perdues ou détruites. Une enquête interne s’impose afin de voir au plus près l’origine de ces dysfonctionnements.

    Il va falloir procéder à la fouille des fosses communes et des tombes du cimetière. Le Sénégal a tout pouvoir pour le décider. Le ministère des armées a mentionné, pour un rapport de l’assemblée nationale, que des #tombes in mémoriam avaient été construites sur trois fosses communes, information gravée dans le marbre de notre République. Pour la DMPA (devenue DPMA puis DMCA), l’Islam interdit d’exhumer des corps. C’est leur credo, tout faire pour ne pas connaître l’étendue du massacre.

    L’octroi de la mention "MPF" est une petite avancée dans une étendue de renoncements, de manque de courage politique et de #racisme. Il n’y aurait pas eu d’#affaire_Thiaroye - qui rappelle l’affaire Dreyfus - si ces soldats avaient été des métropolitains blancs.

    Puisque le 15 août le président Macron ne pourra donc pas annoncer l’octroi de la mention "Mort pour la France", il peut annoncer que le Garde des Sceaux (qui est toujours ministre) a saisi la Cour de Cassation, qu’il y aura réparation et que le ministère des Armées a versé au SHD toutes les archives sans exception et que je pourrais lire les lettres du motif de la sanction. Ces décisions sont du ressort de l’État français.

    Je signale par ailleurs que le ministère des Armées et l’ONaCVG, par un jugement du 24 juin ont injonction à me transmettre dans les deux mois les documents qui prouvent que les disparus nommés sur les plaques du "#Tata " de #Chasselay inaugurées en janvier 2022 par Geneviève Darrieussecq, devenue vice-présidente de la Commission défense, sont bien inhumés dans cette nécropole militaire. Le ministère a d’abord fait croire à des recherches génétiques. Thiaroye c’est un massacre commis par l’armée française avec l’impossibilité de nommer les victimes (sauf 6) et à Chasselay c’est un massacre commis par l’ennemi allemand. Si je ne reçois pas ces documents, nous serons confrontés à une #imposture_mémorielle.

    https://blogs.mediapart.fr/armelle-mabon/blog/010824/massacre-de-thiaroye-et-la-mention-mort-pour-la-france
    #Thiaroye #assassinat #massacre #massacre_de_Tiaroye #Sénégal #France #mémoire #histoire

  • Désobéir lorsqu’on est fonctionnaire : que dit le droit ?

    Depuis 10 jours, la question de l’#obéissance ou de la désobéissance est particulièrement présente chez les fonctionnaires. Et à cette question intime, déontologique, politique, le statut de la fonction publique apporte de premiers éléments de réponse structurants et salutaires.

    Obéissance ou désobéissance : que dit le droit ? Depuis 10 jours, la question de l’obéissance est particulièrement présente chez les fonctionnaires. Une question déontologique, intime, politique, mais sur laquelle il faut commencer par rappeler les bases : le droit.

    Un statut pour des fonctionnaires-citoyen.ne.s

    Le premier statut de la fonction publique entre en vigueur le 20 octobre 1946, soit à peine plus d’un an après la fin de la seconde guerre mondiale. Il est marqué par une urgence : reconnaître le fait que les fonctionnaires ne sont plus, ne doivent plus être considérés comme des sujets, mais comme des citoyennes et des citoyens à part entière.

    Ce texte consacre le choix des fonctionnaires par #concours (et non par cooptation) ou le #droit_syndical (grande nouveauté). Mais il proclame également des #principes_déontologiques forts, et notamment celui de #responsabilité. L’article 11 de ce statut est ainsi rédigé : “Tout fonctionnaire, quel que soit son rang dans la hiérarchie, est responsable de l’exécution des tâches qui lui sont confiées”. “Responsable”, le mot est écrit. Près de 80 ans après, cette rédaction est toujours en vigueur, et même renforcée d’une seconde phrase : “Il n’est dégagé d’aucune des responsabilités qui lui incombent par la responsabilité propre de ses subordonnés.”

    Devoir de désobéissance

    Le vote du statut de 1983 a complété et élargi ces dispositions. D’abord il les a rendues applicables aux fonctionnaires comme aux contractuels, sur les trois versants de la fonction publique : d’État, hospitalière et territoriale. Il a ensuite ajouté, au même article, une phrase déterminante (elle aussi encore en vigueur) : “Il doit se conformer aux instructions de son #supérieur_hiérarchique, sauf dans le cas où l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un #intérêt_public.” Une seule phrase, qui ne saurait être découpée. Aucune mention du terme “obéissance” mais une “conformité aux instructions”. Et surtout, immédiatement après ce principe, une mention d’un #devoir fondamental : le devoir de désobéissance.

    Ce devoir avait été dégagé par le Conseil d’État dès 1944, dans les mêmes termes. Un fonctionnaire qui avait, sur instruction de son maire, versé des allocations chômage de manière illégale, s’était vu sanctionner disciplinairement, et la sanction confirmée par le Conseil d’État. La désobéissance, dans ce cas, n’était pas une possibilité : c’était un devoir. Le #code_pénal (article 122-4) a depuis complété ses dispositions : obéir à un #ordre_manifestement_illégal, c’est mettre en jeu sa propre #responsabilité_pénale

    Prendre conscience de nos responsabilités

    Les principes dégagés par la loi sont limpides : les fonctionnaires ont une responsabilité propre.

    Ils sont cohérents avec le principe proclamé à l’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : “La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration.” Chaque agent public doit individuellement des comptes à la société dans son ensemble.

    C’est cela le sens du statut. Une protection particulière pour pouvoir exercer ces responsabilités énormes. Nous sommes déjà dans une période où ces responsabilités sont mises à rude épreuve, et où il nous faut être plus vigilant.e.s que jamais

    A toutes et à tous mes collègues fonctionnaires et agents publics : alors que l’extrême-droite a la possibilité d’arriver demain au pouvoir, et avec elle un projet xénophobe, d’exclusion, de remise en cause des libertés et des droits fondamentaux, il nous faut en prendre conscience de nos responsabilités, en parler à nos collègues dès aujourd’hui et nous organiser collectivement. Demain il sera trop tard.

    https://blogs.mediapart.fr/arnaud-bontemps/blog/200624/desobeir-lorsquon-est-fonctionnaire-que-dit-le-droit

    #désobéissance #fonctionnaires #fonction_publique

    • #Devoir_de_réserve : les agents ont le droit de prendre la parole

      Dans cette période préoccupante, entendre le point de vue de celles et ceux qui font vivre au quotidien nos services publics est important. Mais nombre d’#agents_publics se demandent s’ils ont le droit de s’exprimer sur les événements en cours. On entend souvent que les fonctionnaires seraient tenus au silence s’agissant des événements politiques, surtout en période électorale, en raison du devoir de réserve qui s’impose à eux. Qu’en est-il vraiment ?

      On s’est penchés sur le sujet, et on a publié un guide du devoir de réserve et de la #liberté_d'expression des agents publics. En substance : on exagère souvent l’importance du devoir de réserve, dont la portée est encadrée. Dans le cadre de ses fonctions, l’agent est tenu à un devoir de #neutralité. Il ne peut tenir des propos qui pourraient mettre en doute la neutralité du service public. Il est aussi tenu à un devoir de #discrétion : ne pas divulguer d’#informations_confidentielles.

      Quid des propos tenus par l’agent en dehors de l’exercice de ses fonctions. Cette situation est différente : la seule règle légale est la #liberté_d'opinion, garantie aux agents publics. Le devoir de réserve n’apparaît pas dans le code général de la fonction publique. C’est une invention jurisprudentielle, par les juges. Une sorte d’"exception" au principe de liberté d’opinion, ayant moindre valeur que celui-ci.

      Le devoir de réserve signifie que l’agent peut exprimer publiquement ses #opinions, mais avec #retenue et #modération. Le devoir de réserve est plus restrictif dans les domaines régaliens (magistrats, forces de l’ordre) et plus souple dans d’autres (enseignants, universitaires). Il varie également selon le niveau hiérarchique et le niveau de publicité des propos. Les propos tenus dans un cadre privé, la parole des agents est parfaitement libre. Le devoir de réserve ne vaut que pour les prises de parole publiques.

      A condition de rester modéré dans ses propos, la liberté d’opinion est donc la règle. Période électorale ou non, les agents peuvent participer à des meetings, être candidats, manifester, signer des tribunes, poster sur les réseaux sociaux...

      La jurisprudence le confirme : même en période électorale, critiquer un candidat est possible tant que les propos respectent “les limites de la polémique électorale” et que l’on ne s’exprime pas en sa qualité d’agent public. En dehors de l’exercice de nos fonctions, nous sommes donc avant tout des citoyens. Alors qu’une prise de pouvoir par l’extrême droite aurait des conséquences concrètes pour les agents publics, leur parole est d’#utilité_publique.

      Enfin, la première des protections reste et restera le collectif. Alors prenons la parole, partout et collectivement.

      https://blogs.mediapart.fr/collectif-nos-services-publics/blog/210624/devoir-de-reserve-les-agents-ont-le-droit-de-prendre-la-parole

  • Virgilio Hernández E sur X :
    https://twitter.com/virgiliohernand/status/1776494978664997261

    Urgente: Está foto será la vergüenza mundial:
    El Embajador encargado de México #RobertoCanseco golpeado y en el piso, luego que policías y militares irrumpieron la Embajada mexicana para detener al ex vicepresidente @JorgeGlas, a quien México había concedido asilo político, precisamente, por ser víctima de persecución!

    En este momento se desconoce la ubicación del ex vicepresidente!

    Esto se vive en el Ecuador, se perdieron las formas democráticas y solo queda el autoritarismo, ciego y sin sentido, el odio los enloqueció!

    #loi_de_la_jungle
    #ordre_fondé_sur_des_règles
    #états-unis
    #leadership

  • Puisque l’Inde n’est pas la Chine, par Renaud Lambert (Le Monde diplomatique, avril 2024)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2024/04/LAMBERT/66752

    Imagine-t-on Washington découvrant que Pékin projette d’assassiner des opposants sur son territoire sans que l’affaire produise davantage que quelques vaguelettes diplomatiques ? C’est ce qui vient de se produire avec New Delhi. En novembre dernier, le ministère de la justice américain met au jour une opération des services secrets indiens visant à éliminer des opposants sikhs aux États-Unis et au Canada. Réaction du président Joseph Biden à la découverte ? Il se contente de décliner l’invitation de M. Narendra Modi à célébrer le jour de la République avec lui, le 26 janvier, en se gardant de détailler publiquement ses motivations. La proposition indienne dégringole dans la hiérarchie des capitales du « monde libre » pour atterrir sur le bureau du président français Emmanuel Macron. Lequel s’empresse d’accepter, et d’apporter l’assurance que la contrariété occidentale sera de courte durée.

    L’« ordre international fondé sur des règles », celui dont se prévaut le Nord pour imposer ses préférences, se montre ainsi d’une singulière souplesse. Certains pays jouissent d’une forme de blanc-seing dont on peine à imaginer l’élargissement au reste du monde. Géant asiatique, l’Inde dispose en effet d’un atout géopolitique considérable : elle n’est pas la Chine. Or, dans le bras de fer qui l’oppose à Pékin, Washington compte sur New Delhi pour jouer le rôle de contrepoids économique et diplomatique à l’essor de l’empire du Milieu. Ce qui rend l’Occident très compréhensif.

  • #Chowra_Makaremi : « Le #viol devient le paradigme de la loi du plus fort dans les #relations_internationales »

    En #Ukraine, Poutine revendique de faire la guerre au nom du genre. En #Iran, le régime réprime implacablement la révolution féministe. Dans d’autres pays, des populistes virilistes prennent le pouvoir. Une réalité que décrypte l’anthropologue Chowra Makaremi.

    IranIran, Afghanistan, invasion russe en Ukraine, mais aussi les discours des anciens présidents Donald Trump ou Jair Bolsonaro ou du chef de l’État turc, Recep Tayyip Erdogan : tous ont en commun de s’en prendre aux #femmes, comme l’explique l’anthropologue Chowra Makaremi.

    L’autrice de Femme ! Vie ! Liberté ! Échos du soulèvement en Iran (La Découverte, 2023) fait partie des chercheuses sollicitées par Mediapart pour #MeToo, le combat continue, l’ouvrage collectif publié récemment aux éditions du Seuil et consacré à la révolution féministe qui agite le monde depuis l’automne 2017 et le lancement du fameux mot-clé sur les réseaux sociaux. Depuis, toutes les sociétés ont été traversées de débats, de controverses et de prises de conscience nouvelles. Entretien.

    Mediapart : « Que ça te plaise ou non, ma jolie, il va falloir supporter. » Cette phrase a été prononcée le 7 février 2022 par le président russe, #Vladimir_Poutine, devant Emmanuel Macron. Elle était adressée à l’Ukraine et à son président, Volodymyr Zelensky, qui venait de critiquer les accords de Minsk, signés en 2015 pour mettre fin à la guerre dans le Donbass. Quelle lecture en faites-vous ?

    Chowra Makaremi : Le viol devient le paradigme de la #loi_du_plus_fort dans les relations internationales. La philosophe #Simone_Weil souligne dans un texte combien la #guerre relève de la logique du viol, puisque sa matrice est la #force qui, plus que de tuer, a le pouvoir de changer l’être humain en « une #chose » : « Il est vivant, il a une âme ; il est pourtant une chose. [L’âme] n’est pas faite pour habiter une chose ; quand elle y est contrainte, il n’est plus rien en elle qui ne souffre violence », écrit-elle.

    Cette comptine vulgaire de malfrats que cite #Poutine dit la culture criminelle qui imprègne sa politique. Elle me fait penser à ce que l’anthropologue Veena Das nomme la dimension voyou de la souveraineté étatique : la #truanderie comme n’étant pas seulement un débordement illégitime du pouvoir mais, historiquement, une composante de la #souveraineté, une de ses modalités.

    On le voit avec le pouvoir de Poutine mais aussi avec ceux de #Narendra_Modi en #Inde (dont parle Veena Das), de #Donald_Trump aux #États-Unis, de #Jair_Bolsonaro au #Brésil, de #Recep_Tayyip_Erdogan en #Turquie. Quand Poutine a dit sa comptine, personne n’a quitté la salle, ni Emmanuel Macron ni la presse, qui a cherché, au contraire, à faire parler la symbolique de cette « remarque ». Tout le réseau de sens et de connexions qui permet à cette cruelle boutade de tenir lieu de discours guerrier intuitivement compréhensible et audible montre que le type d’#outrage dont elle relève est une #transgression qui appartient, à la marge, à l’#ordre.

    On parle de la #masculinité_hégémonique au pouvoir avec Poutine, mais elle fait écho à celle de nombreux autres chefs d’État que vous venez de citer. Quelles sont les correspondances entre leurs conceptions de domination ?

    Il n’y a pas, d’un côté, les théocraties comme l’Iran et l’Afghanistan, et, de l’autre, les populismes virilistes de Trump, Erdogan, Bolsonaro, qui s’appuient sur des « #paniques_morales » créées par la remise en cause des rôles traditionnels de #genre, pour s’adresser à un électorat dans l’insécurité. Bolsonaro, très lié à l’armée et à l’Église, s’est appuyé sur je ne sais combien de prêcheurs pour mener sa campagne. Dimension religieuse que l’on retrouve chez Poutine, Modi, Erdogan.

    La #religion est un des éléments fondamentaux d’un #pouvoir_patriarcal très sensible à ce qui peut remettre en question sa #légitimité_symbolique, sa #domination_idéologique, et dont la #puissance est de ne pas paraître comme une #idéologie justement. Cette bataille est menée partout. Il y a un même nerf.

    Quand l’anthropologue Dorothée Dussy parle de l’inceste et de sa « fonction sociale » de reproduction de la domination patriarcale, son analyse est inaudible pour beaucoup. C’est ainsi que fonctionne l’#hégémonie : elle est sans pitié, sans tolérance pour ce qui peut en menacer les ressorts – et du même coup, en cartographier le pouvoir en indiquant que c’est là que se situent les boulons puisque, précisément, la puissance de l’hégémonie est dans l’invisibilité de ses boulons.

    Si on prend le #droit_de_disposer_de_son_corps, en Occident, il s’articule autour de la question de la #santé_contraceptive et du #droit_à_l’avortement et dans les mondes musulmans, autour de la question du #voile. De façon troublante, une chose est commune aux deux situations : c’est le viol comme la vérité des rapports entre genres qui organise et justifie la #contrainte sur les femmes à travers leur #corps.

    En Occident, le viol est le cas limite qui encadre juridiquement et oriente les discussions morales sur l’#avortement. Dans les sociétés musulmanes, la protection des femmes – et de leur famille, dont elles sont censées porter l’honneur – contre l’#agression_masculine est la justification principale pour l’obligation du voile. Il y a de part et d’autre, toujours, cet impensé du #désir_masculin_prédateur : un état de nature des rapports entre genres.

    C’est ce qu’assènent tous les romans de Michel Houellebecq et la plupart des écrits du grand Léon Tolstoï… « L’homme est un loup pour l’homme, et surtout pour la femme », dit un personnage du film Dirty Dancing. Cette population définie par ces rapports et ces #pulsions, il s’agit de la gouverner à travers l’#ordre_patriarcal, dont la domination est posée dès lors comme protectrice.

    L’Iran et l’#Afghanistan figurent parmi les pays les plus répressifs à l’encontre des femmes, les régimes au pouvoir y menant un « #apartheid_de_genre ». Concernant l’Afghanistan, l’ONU parle même de « #crime_contre_l’humanité fondé sur la #persécution_de_genre ». Êtes-vous d’accord avec cette qualification ?

    Parler pour la persécution de genre en Afghanistan de « crime contre l’humanité » me semble une avancée nécessaire car elle mobilise les armes du #droit pour désigner les #violences_de_masse faites aux femmes et résister contre, collectivement et transnationalement.

    Mais il me paraît tout aussi important de libérer la pensée autour de la #ségrégation_de_genre. À la frontière entre l’Iran et l’Afghanistan, au #Baloutchistan, après la mort de Jina Mahsa Amini en septembre 2022, les femmes sont sorties dans la rue au cri de « Femme, vie, liberté », « Avec ou sans le voile, on va vers la révolution ». Dans cette région, leur place dans l’espace public n’est pas un acquis – alors qu’il l’est à Téhéran – et elles se trouvent au croisement de plusieurs dominations de genre : celle d’un patriarcat traditionnel, lui-même dominé par la puissance étatique centrale, iranienne, chiite.

    Or, en participant au soulèvement révolutionnaire qui traversait le pays, elles ont également renégocié leur place à l’intérieur de ces #dominations_croisées, chantant en persan, avec une intelligence politique remarquable, le slogan des activistes chiliennes : « Le pervers, c’est toi, le salopard, c’est toi, la femme libérée, c’est moi. »

    C’est en écoutant les femmes nommer, en situation, la #ségrégation qu’on saisit le fonctionnement complexe de ces #pouvoirs_féminicides : en saisissant cette complexité, on comprend que ce n’est pas seulement en changeant des lois qu’on les démantèlera. On se trouve ici aux antipodes des #normes_juridiques, lesquelles, au contraire, ressaisissent le réel dans leurs catégories génériques. Les deux mouvements sont nécessaires : l’observation en situation et le #combat_juridique. Ils doivent fonctionner ensemble.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/040124/chowra-makaremi-le-viol-devient-le-paradigme-de-la-loi-du-plus-fort-dans-l

  • Finland: Concern over right to seek asylum and need for human rights safeguards after full closure of Eastern land border

    In a letter addressed to the Minister of Interior of Finland, #Mari_Rantanen, published today, the Council of Europe Commissioner for Human Rights, Dunja Mijatović, raises concerns about the rights of refugees, asylum seekers and migrants following the temporary closure of Finland’s Eastern land border.

    While acknowledging concerns about the potential instrumentalisation by the Russian Federation of the movement of asylum seekers and migrants, “it is crucial that Council of Europe member states, even when dealing with challenging situations at their borders, react in a manner that fully aligns with their human rights obligations”, writes the Commissioner.

    The Commissioner expresses her concern that decisions to restrict and subsequently close access to the border may impact notably on the right to seek asylum, as well as the principle of non-refoulement and prohibition of collective expulsion. She asks for several clarifications on safeguards implemented and measures taken to ensure human rights protection, and to prevent a humanitarian crisis from unfolding in the context of worsening weather conditions at the border.

    The letter follows up on previous dialogue regarding legislative amendments allowing the Finnish government to restrict access to the border and concentrate applications for international protection at one or more crossing points.

    Read the Commissioner’s letter addressed to the Minister of Interior of Finland: https://rm.coe.int/letter-to-the-minister-of-interior-of-finland-concerning-the-human-rig/1680adab75

    https://www.coe.int/en/web/commissioner/-/finland-concern-over-right-to-seek-asylum-and-need-for-human-rights-safeguards-

    #Finlande #frontières #migrations #asile #réfugiés #fermeture_des_frontières #lettre #Russie

    • Il confine tra Russia e Finlandia è «un inferno fatto di ghiaccio».

      Il governo finlandese chiude i valichi di frontiera fino al 14 gennaio.

      Il 14 dicembre 2023, in una sessione straordinaria, il governo finlandese ha deciso la chiusura dell’intero confine orientale della Finlandia con la Russia. I valichi di frontiera di #Imatra, #Kuusamo, #Niirala, #Nuijamaa, #Raja-Jooseppi, #Salla, #Vaalimaa e #Vartius sono stati chiusi e lo saranno fino al 14 gennaio 2024. «Di conseguenza, le domande di protezione internazionale alle frontiere esterne della Finlandia saranno ricevute solo dai valichi di frontiera degli aeroporti e dei porti marittimi» ha comunicato il governo guidato da Petteri Orpo, entrato in carica il 20 giugno scorso.

      La decisione, motivata dalla difesa della sicurezza nazionale e l’ordine pubblico in Finlandia, è avvenuta nello stesso giorno in cui si erano riaperti due valichi di frontiera, dopo una prima chiusura di tutto il confine iniziata il 18 novembre 2023.

      Il governo di Helsinki accusa il governo russo di aver orchestrato l’arrivo dei richiedenti asilo ai valichi di frontiera come ritorsione per l’adesione del Paese nordico all’alleanza militare della NATO, formalizzata il 4 aprile scorso.

      «Questo è un segno che le autorità russe stanno continuando la loro operazione ibrida contro la Finlandia. È una cosa che non tollereremo», ha dichiarato la ministra dell’Interno Mari Rantanen.

      Intanto anche la Lettonia e la Lituania 2 stanno prendendo in considerazione l’idea di chiudere le loro frontiere.

      Per far fronte alla situazione sul confine orientale la guardia di frontiera ha chiesto supporto a Frontex (Agenzia europea della guardia di frontiera e costiera), che aveva già inviato personale alla fine di novembre in Carelia settentrionale (una regione storica, la parte più orientale della Finlandia).

      Oltre alla sorveglianza del territorio, l’adesione della Finlandia alla Nato porterà alla costruzione di una recinzione sul confine con la Russia che è lungo 1.340 chilometri. L’opera richiede circa 380 milioni di euro e dai tre ai quattro anni di tempo per essere completata. Rappresenterà la struttura fisica di “protezione” più lunga tra il blocco dell’alleanza atlantica e la Federazione russa.

      I lavori di costruzione della barriera, che sarà situata sul confine sud-orientale per una lunghezza complessiva di circa 200 km, sono partiti con una prima recinzione pilota di circa 3 chilometri che è stata costruita a Pelkola.

      https://www.youtube.com/watch?v=8d_qVqN3yUo&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.meltingpot.org%

      Ora è iniziata l’implementazione della fase successiva, che prevede la costruzione di circa 70 chilometri di barriera ai valichi di frontiera e nell’area circostante nel periodo 2024-2025. La barriera, secondo quanto riporta la guardia di frontiera, è una combinazione di una recinzione, una strada adiacente, un’apertura libera da alberi e un sistema di sorveglianza tecnica. Quest’ultimo è definito come uno strumento importante per il controllo delle frontiere.

      In occasione della prima chiusura dei valichi di frontiera, avvenuta nel mese di novembre, diverse istituzioni e ONG hanno criticato questa scelta che compromette il diritto a chiedere asilo. Da Amnesty international all’UNHCR fino al Commissario per l’uguaglianza finlandese.

      Fra le prese di posizione anche quella della Commissaria per i diritti umani del Consiglio d’Europa, Dunja Mijatović, che in una lettera alla Ministra degli Interni finlandese, Mari Rantanen, ha ricordato che «è fondamentale che gli Stati membri del Consiglio d’Europa, anche in situazioni difficili alle loro frontiere, reagiscono in modo pienamente conforme ai loro obblighi in materia di diritti umani». Ha, inoltre, chiesto chiarimenti sulle salvaguardie attuate e sulle misure adottate per garantire la tutela dei diritti umani e per evitare che si verifichi una crisi umanitaria a causa del peggioramento delle condizioni meteorologiche.

      In un comunicato del mese di dicembre, Amnesty International 3 ha affermato che «chiedere asilo è un diritto umano. Il Ministro degli Interni Rantanen sta ignorando i richiedenti asilo e la loro situazione in modo disumano. Nel mondo ci sono più persone che sono state costrette a lasciare le loro case che mai, e limitare il diritto di chiedere asilo non è la risposta».

      L’organizzazione per i diritti umani ha sottolineato che dalle loro precedenti ricerche si è dimostrato che la chiusura delle frontiere ha aumentato la violenza e spinto le persone in cerca di asilo su rotte ancora più pericolose.

      «Nel profondo sono davvero disperato e spero solo che arrivino giorni migliori, il prima possibile. Mi sento come se vivessi in un inferno fatto di ghiaccio, dove la mia vita è arrivata a un punto in cui non c’è via d’uscita, la fine del mio lungo cammino da quando ho lasciato il mio Paese, la Siria». E’ la testimonianza di Nasser, siriano di 43 anni, raccolta da InfoMigrants 4.

      Secondo le informazioni diffuse dal governo finlandese la chiusura dei valichi di frontiera è prevista fino al 14 gennaio. Sarà da capire se questa decisione verrà prorogata e cosa ne è del diritto di asilo in Finlandia.

      1. Studentessa di lettere moderne a Padova. Proseguirò i miei studi con una magistrale in relazioni internazionali in quanto sono molto interessata alla politica, internazionale e al sociale
      2. Border Closure Raises Fears Among Latvia, Lithuania and Estonia, Ecre (15 dicembre 2023)
      3. Il comunicato stampa (finlandese)
      4. Stuck at the Russian-Finnish border: ‘I feel that I will die here, in the cold’, Michaël Da Costa – InfoMigrants (4 dicembre 2023)

      https://www.meltingpot.org/2024/01/il-confine-tra-russia-e-finlandia-e-un-inferno-fatto-di-ghiaccio

      #sécurité_nationale #ordre_public #Frontex #murs #barrières_frontalières #Pelkola #technologie #asile #droit_d'asile

    • Entre 2 000 et 3 000 migrants massés à la frontière russo-finlandaise, toujours fermée

      Entre 2 000 et 3 000 exilés sont actuellement bloqués à la frontière russo-finlandaise, fermée totalement depuis décembre 2023 et jusqu’en février prochain. Helsinki accuse Moscou d’avoir orchestré cet afflux de migrants pour déstabiliser la Finlande, après son adhésion à l’OTAN en avril dernier. Les relations diplomatiques entre les deux pays n’ont cessé de se dégrader depuis l’offensive russe en Ukraine en 2022.

      La pression migratoire s’accroît à la frontière russo-finlandaise. Entre 2 000 et 3 000 migrants sont actuellement bloqués dans la zone frontalière, depuis la fermeture totale de la frontière finlandaise orientale en décembre 2023.

      Le pays scandinave reproche à la Russie de laisser passer délibérément un flux de migrants sur le sol finlandais, à des fins politiques, pour ébranler l’Union européenne (UE). De son côté, le Kremlin nie et rejette ces accusations.

      Selon Le Monde, la plupart des migrants sont entrés légalement en Russie avant de bénéficier de la complicité d’agents de police russes pour les déposer à la frontière finlandaise qu’ils franchissent en vélo, le franchissement à pied étant interdit.

      D’après Euronews, les exilés payent jusqu’à 6 000 euros les passeurs pour atteindre la frontière finlandaise. Dans un témoignage aux Observateurs de France 24, un passeur a également expliqué soudoyer des garde-frontières finlandais pour laisser passer les migrants : « On donne 500 dollars [457 euros, ndlr] aux garde-frontières par migrant ». Depuis la fermeture de la frontière, les passages réussis sont cependant plus rares - voire impossibles. La semaine dernière, quatre migrants ont été interpellés par les garde-frontières finlandais à Parikkala, en Carélie du Sud, alors qu’ils tentaient de franchir la frontière.
      Volume inhabituel de demandeurs d’asile

      Depuis début août 2023, les autorités finlandaises assure que près de 1 000 demandeurs d’asile sans-papiers, originaires de Somalie, du Yémen ou encore d’Irak, se sont présentés aux postes-frontières séparant les deux pays, pour entrer en Finlande. Un volume inhabituel pour le petit pays nordique de 5,5 millions d’habitants, qui comptabilise d’ordinaire plutôt une dizaine de demandeurs d’asile chaque mois à cette frontière.

      En réponse à ces mouvements de population, la Finlande a renforcé ses patrouilles le long de sa frontière. Elle a fait état sur X (ex-Twitter) de « plus de patrouilles que d’habitude, un contrôle technique plus étendu et un équipement plus polyvalent que d’habitude pour les patrouilles ». L’agence des garde-côtes européenne Frontex a également déployé 55 agents à la frontière finlandaise début décembre.

      https://twitter.com/rajavartijat/status/1747196574554349673

      La Finlande a, par ailleurs, entamé en février 2023 la construction d’une clôture de trois mètres de hauteur sur 200 km à sa frontière avec la Russie, longue de 1 340 km, pour anticiper les futurs mouvements de populations.
      Détérioration des relations entre la Finlande et la Russie

      Helsinki accuse aussi le Kremlin de lui faire payer le prix de sa coopération militaire avec les États-Unis. Le 18 décembre dernier, Washington a signé un accord lui permettant d’accéder à 15 bases militaires en Finlande, et d’y prépositionner du matériel.

      Pendant des années, la Finlande a refusé de rejoindre l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) pour éviter de contrarier son voisin russe. Mais les relations entre les deux pays se sont progressivement dégradées depuis l’invasion russe en l’Ukraine, en février 2022. En avril 2023, la Finlande a finalement rejoint l’OTAN, craignant que l’offensive russe ne s’étende à d’autres pays limitrophes. De son côté, Vladimir Poutine a accusé les Occidentaux d’avoir « entraîné la Finlande dans l’Otan » et affirmé que cette adhésion allait créer des « problèmes » là où il n’y « en avait pas ».


      https://www.infomigrants.net/fr/post/54531/entre-2-000-et-3-000-migrants-masses-a-la-frontiere-russofinlandaise-t

    • Finland extended the closure of crossing points at the border with Russia until at least mid-April yesterday.

      This also means that no asylum applications can be submitted there.

      🇫🇮 first started closing the border in November, after the arrival of hundreds of asylum seekers.

      https://twitter.com/InfoMigrants/status/1755974773224378457

    • Face à la menace russe, le virage vers l’ouest de la Finlande

      Helsinki accuse Moscou d’envoyer des migrants à la frontière entre les deux pays, une « #attaque_hybride » en réponse à son adhésion à l’Otan. La fin des échanges, amorcée dès l’épidémie de Covid, transforme la vie locale, mais le pays reste décidé à regarder vers l’Ouest.

      Le capitaine Jyrki Karhunen marche seul au milieu d’une nationale enneigée du sud-est de la Finlande. Celle-ci mène au poste-frontière d’Imatra, désert, dans la région de Carélie du Sud. La Russie n’est qu’à quelques kilomètres, cachée derrière les vastes forêts de pins, de sapins et de bouleaux.

      « Aujourd’hui, il ne se passe plus rien ici, c’est paisible », explique Jyrki Karhunen. Ce matin de février, seul un SUV de touristes s’introduit dans le paysage figé. « Il est impossible de passer côté russe », indique le capitaine à ces Finlandais en doudoune et lunettes de soleil miroirs. Pour cela, il faut maintenant transiter par l’Estonie ou la Turquie, à plus de 2 000 kilomètres.

      En novembre, le gouvernement d’Helsinki a en effet fermé la totalité de sa frontière orientale avec la Russie, longue de 1 340 kilomètres. Ses points de passage resteront fermés au moins jusqu’au 14 avril, à l’exception d’une entrée ouverte au fret. La Finlande, voisine de la Norvège et de la Suède au nord, ouverte sur la mer Baltique à l’ouest et au sud, se coupe ainsi totalement de la Russie, son unique voisine à l’est.

      Avant la pandémie de Covid et l’invasion de l’Ukraine par Moscou en 2022, 9 millions de personnes franchissaient chaque année cette longue frontière peu habitée où règne la taïga. Les commerciaux y transportaient le bois des riches forêts et ses produits dérivés. Les 90 000 Russes de Finlande retournaient voir leurs proches. Les touristes russes affluaient sur les rives du grand lac Saimaa, dépensant chaque jour 1 million d’euros dans la région de Carélie du Sud.

      Mais l’attaque russe en Ukraine a progressivement affecté ces passages. La Finlande a cessé d’octroyer des visas touristiques aux Russes. Les entreprises locales et russes ont cessé leurs collaborations.
      Un pays neutre jusqu’en 2022

      La fermeture totale de la frontière est finalement tombée fin 2023, en raison d’une « attaque hybride » de Moscou, selon les termes du gouvernement finlandais. La Russie envoie volontairement des migrants à la frontière, accuse Helsinki. L’opération « hybride » serait une réponse de Moscou à l’entrée de la Finlande dans l’Otan, en avril 2023.

      La Finlande, officiellement neutre militairement jusqu’en 2022, était une zone stratégique manquante sur le flanc oriental de l’Alliance atlantique. L’adhésion du pays le plus septentrional de l’UE bouscule la donne militaire de la Baltique à l’Arctique. Le Kremlin avait vite annoncé qu’il prendrait des « contre-mesures ».

      Marko Saareks, adjoint à la direction opérationnelle des gardes-frontières, ne « croi[t] pas à une intervention armée russe à la frontière dans l’immédiat ». Mais « la déstabilisation migratoire » est la principale pression, dit-il.

      Entre août et novembre 2023, environ 1 300 exilés irakiens, syriens, afghans, yéménites ou d’autres pays d’Asie ou d’Afrique sont arrivés via la Russie, des hommes pour la plupart et quelques familles. Ils ont été « aidés et escortés ou transportés jusqu’à la frontière par les gardes-frontières russes », affirme le premier ministre, Petteri Orpo.

      Les arrivées « restent faibles », concèdent les autorités finlandaises, proportionnellement à celles d’autres pays aux frontières externes de l’UE, comme la Grèce. Mais elles sont « inhabituelles » dans ce pays nordique de 5,5 millions d’habitant·es, loin d’être situé sur une route migratoire fréquentée.
      La crainte de l’espionnage

      « Des migrants attendent de l’autre côté. Ils viendront très probablement dès que nous ouvrirons la frontière. Notre crainte est qu’il y ait des espions parmi eux, précise Marko Saareks. Des migrants sont surveillés par Moscou. Les services de renseignement des consulats russes ont quitté la Finlande. Nous soupçonnons Moscou de vouloir renvoyer des agents. »

      Pour être sûre de « contrôler les flux migratoires », poursuit-il, la Finlande construit également une barrière antimigrants de 200 kilomètres de long. Dissimulés derrière les hauts arbres près du poste-frontière d’Imatra, des poteaux d’acier hauts de 3 mètres sortent de la terre gelée. Le chantier, à l’arrêt pendant l’hiver, où le mercure descend jusqu’à − 25 °C, ne doit s’achever qu’en 2026.

      Aujourd’hui, rares sont les exilés qui franchissent la frontière fermée. Un seul y est parvenu, frigorifié, mi-février. Il a été envoyé dans l’un des centres de rétention ou d’accueil du pays. Celui de Joutseno, une ancienne prison rénovée perdue entre les bouleaux, à une quinzaine de kilomètres de la frontière, héberge une centaine de réfugié·es.

      « Nous ne sommes pas utilisés comme armes par Moscou, personne ne m’a poussé vers la Finlande, c’est mon choix, se défend Moayad Salami, un Syrien venu en novembre, qui parle ouvertement à la presse. C’était pour moi le chemin le plus accessible pour rejoindre l’UE. » Pour cet avocat, « depuis que cette frontière est fermée, les réfugiés tentent leur chance ailleurs ». Mais lui raconte une traversée « facile ».

      Il a d’abord acheté un visa russe 2 700 euros à des passeurs pour rejoindre la Russie. Il envisageait de tenter un passage en Pologne via le Bélarus, « mais c’était trop dangereux » au Bélarus, dit-il. Moayad a alors payé des passeurs pour rejoindre la frontière finlandaise en taxi depuis Saint-Pétersbourg, à 160 kilomètres d’ici.

      Avant 2022, un filtrage aux postes-frontières était censé être opéré selon un accord tacite entre la Russie et la Finlande. « Les gardes-frontières russes m’ont laissé partir sans problème, relate Moayad. Mais ils m’ont forcé à leur acheter un vélo à 270 euros pour traverser. » Il ajoute : « Des gardes-frontières russes m’ont ensuite suivi en voiture à distance, pour être sûrs, j’imagine, que je partais bien du pays. »

      Comme lui, plusieurs exilés interrogés assurent avoir été contraints d’acheter à un prix trop élevé des vélos « de mauvaise qualité, qui ne valaient même pas 15-20 euros », à des gardes-frontières ou à leurs « complices ».

      D’autres réfugiés expliquent être restés quelque temps en Russie avant de rejoindre la Finlande. Viku*, un ressortissant pakistanais qui ne souhaite pas donner son nom, a ainsi vécu deux ans à Saint-Pétersbourg. « J’ai étudié les technologies de l’information, je ne trouvais pas d’emploi dans mon secteur et je me sentais harcelé par les autorités. Alors je suis venu en Finlande pour travailler. On dit que c’est le pays où l’on est le plus heureux au monde ! », sourit-il.

      Samir*, un Afghan de 23 ans, en doute, tant le temps s’écoule lentement dans le centre isolé. Étudiant en Russie, il a fui après l’expiration de son visa, « de peur d’être renvoyé en Afghanistan sous la coupe des talibans ». Comme la majorité des réfugiés ici, il attend un entretien qui ne vient pas pour sa demande d’asile.

      « Ces personnes viennent de pays en tension, ou en guerre, comme le Yémen et la Syrie, et sont pour la plupart éligibles à l’asile. Il est absurde de les considérer soudain comme les armes d’une opération hybride, déplore Pia Lindfors, directrice du Centre finlandais de conseil pour les réfugiés, à Helsinki. S’ils étaient des espions, comme l’ont suggéré certaines autorités et hommes politiques, ils ne seraient pas arrivés en tant que demandeurs d’asile. Ils ne seraient pas isolés dans des camps comme ils le sont actuellement. »

      Pia Lindfors déplore la fermeture de cette frontière, contraire au droit d’asile. Tout comme le discours radicalement antimigrants, porté par le Parti des Finlandais, qui gagne du terrain. Cette force politique d’extrême droite a placé ses membres à des postes clés du gouvernement de Petteri Orpo, formé en juin 2023. Celui-ci comprend des membres de quatre partis : la Coalition nationale, présidée par Petteri Orpo, le Parti populaire suédois de Finlande, les chrétiens-démocrates et le Parti des Finlandais. Ce dernier parti extrémiste affiche de longue date son hostilité à l’immigration, qu’il juge « préjudiciable aux finances et à la sécurité ».

      La politique de défense se mélange aujourd’hui à la politique migratoire, au nom de la « sécurité nationale ». La tendance se retrouve dans d’autres pays de l’UE. La Pologne, à titre d’exemple, est accusée de bafouer les droits des demandeurs et demandeuses d’asile à sa frontière avec le Bélarus, qu’elle accuse aussi de « guerre hybride ». Mais ces dérogations d’accès à l’asile pourraient devenir légales à l’échelle européenne, alertent des ONG : la Commission européenne discute de mesures exceptionnelles à mettre en place en cas de « situations d’instrumentalisation de l’immigration ».
      Une logique de « dissuasion »

      La pression migratoire est-elle la seule « menace russe » qui pousse à la fermeture totale de la frontière ? La Baltique, qui borde la Finlande, est un point de tension. Le sabotage des gazoducs Nord Stream, en 2022, n’a toujours pas été élucidé. La Russie a lancé en août des manœuvres navales et aériennes dans cette vaste mer, baptisées « Bouclier océanique 2023 ». Enfin, en décembre, Vladimir Poutine a déclaré : « Il n’y avait aucun problème [à la frontière finlandaise], mais il y en aura maintenant, car nous allons créer le district militaire de Léningrad et y concentrer un certain nombre d’unités. »

      « En Finlande, nous n’avons pas peur de Poutine, mais nous surveillons de près ses actions, déclare avec assurance Pekka Toveri, un député du parti de la Coalition nationale. Comme lui, six anciens militaires siègent aujourd’hui dans l’hémicycle de 200 député·es, un nombre inédit.

      Pekka Toveri étale les atouts militaires d’une Finlande « qui est prête » en cas d’attaque. « Nous avons une bonne armée, 12 000 soldats et quelque 870 000 réservistes, nos entreprises sont prêtes à contribuer à l’effort de guerre », expose l’ancien officier qui veut maintenant « participer au défi d’adhésion à l’Otan ». Environ 60 à 65 % de la population y était réticente avant le conflit ukrainien, « mais la grande majorité y est favorable depuis la guerre en Ukraine », plaide-t-il.

      Partisan d’un engagement sans limite dans l’Alliance atlantique, le président élu en février et investi le 1er mars, Alexander Stubb, est maintenant prêt à autoriser le stockage et le transport d’armes nucléaires sur le territoire. Parallèlement, Helsinki a renforcé sa coopération militaire avec les États-Unis, autorisant l’armée américaine à accéder à quinze installations et zones finlandaises.

      Le virage vers l’ouest est indispensable, considère Pekka Toveri. « Nous connaissons bien les Russes, nous savons que la technique du bâton est celle qui fonctionne le mieux. Il faut rester ferme, la plainte ne fonctionne pas », détaille-t-il, basant son analyse sur un siècle de relations avec le voisin russe.

      La Finlande a fait partie de l’empire russe jusqu’en 1917, avant d’être indépendante. Elle n’a jamais appartenu à l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Mais l’attaque de la Finlande par les Soviétiques en 1939, dite guerre d’hiver, a marqué les esprits. « Nous savions que Moscou était capable de nous menacer. Notre principe de neutralité [revendiqué depuis la fin des années 1940 – ndlr] était comme une politique du Yin et du Yang, estime Pekka Toveri. Nous avions une politique de bon voisinage mais nous étions prudents et avions une bonne défense. Nous avons par exemple construit des bunkers capables d’abriter 900 000 personnes depuis le début de la guerre froide. »

      Pour Heikki Patomaki, professeur de relations internationales à l’université d’Helsinki, une mentalité basée sur une « croyance presque exclusive dans la dissuasion et à travers la militarisation rapide de la société » s’intensifie depuis 2022.

      À la chute de l’URSS, surtout, les liens des deux pays s’étaient réchauffés : « Le non-alignement militaire persistant et les nombreuses formes de commerce et de coopération avec la Russie ont facilité de bonnes relations, au moins jusqu’à l’invasion de la Crimée en 2014 et, d’une certaine manière, jusqu’en 2021-2022, note-t-il. Rompre tout dialogue et continuer dans cette logique pourrait être dangereux. Nous avons une longue histoire avec la Russie et ne pouvons pas appliquer cette solution simple à une relation complexe. La Russie ne va pas disparaître et nous avons également un futur avec elle. »

      Signe que la situation est incertaine, les officiels l’accordent : la fermeture de la frontière ne peut être définitive. « Ce n’est pas notre but. Nous avons des échanges commerciaux et une diaspora russe, souligne l’adjoint à la direction opérationnelle des gardes-frontières, Marko Saareks. Mais nous cherchons encore les solutions pour l’ouvrir sans risques. »

      https://www.mediapart.fr/journal/international/010324/face-la-menace-russe-le-virage-vers-l-ouest-de-la-finlande

      #Joutseno #Imatra

    • Finland decides to close border with Russia indefinitely

      The Finnish government has decided to keep the border with Russia closed “until further notice,” Finland’s Interior Ministry reported on April 4.

      Finland closed its border with Russia in late November 2023 after Russia orchestrated an influx of migrants as a way to pressure Helsinki.

      In November alone, around 900 asylum seekers from countries like Kenya, Morocco, Pakistan, Somalia, and Yemen entered Finland from Russia.

      Finland decided in February to keep the border closed until April 14, but the latest decision means that the border crossing will remain shut until the risk of “instrumentalized migration” falls, the Interior Ministry said.

      “The threat assessment is the same and also the assessment that if the border stations were to be opened, it would probably have led to the same situation as before, when they were opened,” Prime Minister Petteri Orpo said in parliament, according to Finnish newspaper Helsingin Sanomat.

      Finland’s government also decided to close several crossing points for maritime traffic to leisure boating due to concerns that Russia may encourage migrants to reach Finland by sea or over lakes.

      “This would be dangerous for people trying to land and would put a burden on sea rescue,” the Interior Ministry said.

      Russia’s strategy of sending asylum seekers to Finland’s eastern border was similar to the situation at the border between Belarus and Poland in 2021, when Minsk encouraged thousands of asylum seekers from the Middle East and Africa to try to reach the EU via the Polish border.

      Most of the migrants were violently pushed back by Polish border guards who set up a no-access zone at the border for nine months.

      https://kyivindependent.com/finland-decides-to-close-border-with-russia-indefinitely

    • Finland closes border crossings with Russia indefinitely

      The Finnish government has announced the country’s border with Russia will remain closed indefinitely. The decision comes on the heels of several closures and reopenings over the past five months.

      On Thursday (April 4), the Finnish Ministry of the Interior said the country’s border crossings with neighboring Russia will remain closed.

      The move comes after the government in February ordered the closure of the border until April 14. As of April 4, this measure has now been extended until further notice.

      In addition, the sea crossings on the island of Haapasaari, in the port of Nuijamaa and on the island of Santio will be closed to “leisure boating” from April 15. Finland wants to prevent the threat of targeted migration from Russia in the spring by closing the harbors to maritime traffic.

      In the press release, the government said that irregular migration into Finland from Russia “could expand to maritime traffic” during spring. “This would be dangerous to people seeking to enter Finland and would burden maritime search and rescue,” the government claims.

      The indefinite closure means that migrants will still not be able to apply for asylum at the border crossings — with the exception of “other border crossing points for maritime traffic and at border crossing points for air traffic,” a corresponding press release (https://intermin.fi/en/-/finland-s-eastern-border-to-remain-closed-until-further-notice) reads.

      ’Instrumentalized migration’ expected to increase

      According to the press release, the Finnish government expects the “instrumentalized migration” from Russia to continue and increase. This would pose a “serious threat to Finland’s national security and public order,” the press release reads.

      “Finnish authorities see this as a long-term situation. We have not seen anything this spring that would lead us to conclude that the situation has changed meaningfully,” Finland’s Minister of the Interior Mari Rantanen is quoted in the press release. “In addition, spring will provide opportunities to put more pressure on Finland. There are hundreds and possibly thousands of people close to Finland’s border on the Russian side that could be instrumentalized against Finland.”

      Finland, which shares a more than 1,300-kilometer-long border with Russia, began gradually closing (https://www.infomigrants.net/en/post/53925/finland-to-close-entire-border-with-russia-again) the frontier crossings in November.

      Despite both being external borders for the EU and NATO following Finland’s inclusion in the military alliance a year ago, the Finnish-Russian border runs mostly through taiga forests and does not follow any rivers.

      Rights groups including the Council of Europe have been raising concerns over the rights of refugees, asylum seekers and migrants amid the border closures with Russia.

      The Finnish authorities, meanwhile, accuse Moscow of deliberately bringing undocumented asylum seekers to the posts in order to cause problems for the EU and NATO country. The Kremlin denies this.

      There were no immediate reactions to Finland’s move by the Kremlin in Moscow.

      https://www.infomigrants.net/en/post/56264/finland-closes-border-crossings-with-russia-indefinitely

  • Un collectif de plus de 120 médecins généralistes dénonce des pressions de l’assurance maladie pour réduire les #arrêts_de_travail
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/arrets-de-travail-des-medecins-denoncent-des-pressions-de-lassurance-mala

    En cette fin 2023, des milliers de médecins traitants sont « priés » par l’Assurance maladie de prescrire moins d’arrêts de travail, sur ordre de Bercy. « Priés », ou, plus exactement menacés de sanctions s’ils n’appliquent pas les procédures de mises sous objectif (MSO), et de mises sous accord préalable (MSAP).

    La MSO consiste à faire signer au médecin un contrat avec l’#Assurance_maladie, l’engageant à baisser ses prescriptions d’arrêt de travail d’un certain pourcentage. Si le médecin n’y parvient pas, il est sanctionné par une #amende de 6 800 euros en moyenne, renouvelable après chaque période d’observation… S’il refuse la MSO, le médecin se voit imposer la MSAP, qui l’oblige, pour chaque prescription d’arrêt, à solliciter l’accord préalable du médecin-conseil de l’Assurance maladie. Il est en quelque sorte mis sous tutelle : à la fois infantilisé vis-à-vis de ses patients, et culpabilisé puisqu’il sera rendu responsable par la Sécurité sociale du retard de paiement des indemnités journalières que cela entraîne.

    Ces procédures sont appliquées tous les ans depuis 2004 à de nombreux médecins désignés « forts prescripteurs ». Mais en 2023, le nombre de médecins déclarés en excès statistique et donc inquiétés par la Sécurité sociale a explosé, touchant plusieurs milliers d’entre eux, soit environ un quart des médecins traitants.

    Dans le viseur de la Sécu

    Chaque médecin traitant est statistiquement comparé à un groupe de médecins estimé comparable, alors que cette comparaison repose presque exclusivement sur des critères socio-économiques de sa commune d’exercice, et non pas sur les pathologies de ses patients. Or, une patientèle peut être très différente d’un médecin à l’autre, et donc générer d’importants écarts de prescription.

    Par exemple, un médecin installé dans un quartier « populaire » risque d’avoir beaucoup de patients pratiquant des travaux manuels et pénibles, présentant des pathologies musculo-squelettiques, par exemple des tendinites, nécessitant souvent des arrêts de #travail.

    D’autres médecins traitants qui pratiquent la psychothérapie prennent en charge de nombreux patients fragiles au niveau psychiatrique, dont l’état de santé nécessite parfois des prescriptions d’arrêts longs ou répétés. Ces médecins se trouvent de facto dans le viseur de la Sécurité sociale.

    En outre, cette comparaison se base sur des indicateurs parfois inexacts : arrêts de travail prescrits par d’autres médecins imputés au médecin traitant, failles quotidiennes dans les logiciels de l’Assurance maladie. Il est fréquent que des médecins se voient attribuer certains actes techniques qu’ils ne pratiquent jamais !

    L’Assurance maladie ne semble plus s’intéresser à la #santé des #patients. Lors de nos convocations à la Sécurité sociale, nous devons nous justifier sans donner d’éléments médicaux. Quelles que soient nos explications, l’entretien se termine presque toujours par une menace de sanctions… Seuls les chiffres comptent, aux dépens de la santé du patient. C’est le #délit_statistique. Nous n’exerçons plus sereinement notre métier : dans notre esprit se télescopent l’intérêt du patient et le nôtre. Soit nous choisissons de prioriser la santé du patient et prescrivons l’arrêt qui nous met en danger statistique, soit nous priorisons notre sécurité statistique et mettons de côté la santé du patient, en contradiction avec notre éthique.

    Des symptômes de souffrance au travail

    Nous appréhendons à présent les consultations qui pourraient mener à la prescription d’un arrêt, perdant parfois l’empathie nécessaire pour nos patients et développons nous-mêmes des symptômes traduisant notre souffrance au travail. Le « #management » que l’Assurance maladie exerce sur nous a de sérieuses analogies avec le management funeste qui fut celui de grandes entreprises… et avec celui que subissent nombre de nos patients en burn-out.

    Par ailleurs, tenir pour seuls responsables les médecins traitants de la hausse du montant des #indemnités_journalières est injuste et contre-productif.

    Cette hausse a bien été expliquée par de nombreux économistes : hausse du nombre d’actifs, de leurs salaires et donc du montant des indemnités journalières, vieillissement des actifs, hausse des maladies de longue durée, des maladies mentales, les suites de Covid, etc. Sans oublier l’impact déprimant et angoissant du monde, entre pandémie, guerres, perte du pouvoir d’achat et bien sûr la question climatique… De plus, le manque global de toutes les spécialités médicales, dont les médecins du travail et de médecins-conseils de la Sécurité sociale chargés de favoriser le retour au travail des patients, ne fait que retarder leur prise en charge et leur retour au travail.

    Par ailleurs, trop de médecins d’autres spécialités délèguent au #médecin_traitant la prescription de l’arrêt de travail qu’ils pourraient rédiger eux-mêmes.

    La France manque cruellement de médecins traitants, avec une baisse des effectifs de plus de 10% depuis 2010. C’est une spécialité très exigeante et l’une des moins rémunérées.

    Laissez-nous soigner !

    Les pressions croissantes de l’Assurance maladie ne font qu’aggraver ce déficit : les jeunes ne veulent plus s’installer, et de nombreux médecins déjà installés se déconventionnent ou se désinstallent, blessés et épuisés.

    Nous acceptons bien entendu les contrôles de l’Assurance maladie, car il s’agit d’argent public, mais uniquement sur des critères médicaux, dossier par dossier. Nous refusons le contrôle statistique, déshumanisé, déconnecté des pathologies de nos patients. Ce ne sont ni des individus standards que nous recevons, ni des chiffres, ce sont des êtres humains, tous différents.

    Laissez-nous exercer notre métier sereinement, qui nous fait accompagner le patient de la naissance jusqu’à la mort, nous place en première ligne, et parfois en dernier rempart quand tout s’effondre.

    Laissez-nous soigner en toute humanité !

    Ni complaisants, ni délinquants. Soignants, tout simplement.

    #soins #maltraitance #médecine #médecine_générale

  • Germany aims for a ‘war-ready’ military

    It’s the most momentous shift in German defense priorities since 2011.

    Russia’s invasion of Ukraine is forcing Germany to turn its military into a powerful and well-financed fighting force focused on defending the country and NATO allies, Germany’s chancellor said on Friday.

    “Today, nobody can seriously doubt what we in Germany have been avoiding for a long time, namely that we need a powerful Bundeswehr,” Olaf Scholz said on the second day of a political-military conference presenting the deep change in Berlin’s strategic thinking.

    “Our peace order is in danger,” he warned, also mentioning the war between Hamas and Israel and adding that Germany needs “a long-term, permanent change of course.”

    But to defend Germany and its allies, the German military, or Bundeswehr, “needs to be upgraded for this. Only a Bundeswehr that is so strong … can ultimately prevent the worst from happening,” said Defense Minister Boris Pistorius. “We need a Bundeswehr that can defend itself and wage war in order to defend our security and our freedom.”

    Just how to get there is laid out in a 34-page military and strategic doctrine.

    The change in thinking is apparent from the first paragraph of the text: “War has returned to Europe. Germany and its allies once again have to deal with a military threat. The international order is under attack in Europe and around the globe. We are living in a turning point.”

    The enemy is also clear: “The Russian Federation will remain the greatest threat to peace and security in the Euro-Atlantic area.” China also gets a nod for "increasingly aggressively claiming regional supremacy.”

    It’s the first new doctrine since 2011 — a time when Dmitri Medvedev was Russia’s president, Russia was seen as the source of cheap energy to fuel Germany’s economic miracle and Berlin’s defense spending had shrivelled.

    Russia’s full-scale invasion of Ukraine, killing thousands and wreaking destruction across the country, has ended any remaining illusion in Berlin that the Kremlin can be a partner and not a foe.

    “The first defense policy guidelines in over a decade are a response to this new reality,” Pistorius said.

    Since the end of the Cold War, Berlin has missed NATO’s current defense-spending target of 2 percent of GDP for over three decades.

    Germany will hit the goal this year — thanks in large part to the €100 billion special fund created in the wake of the Russian invasion. Scholz insisted that this isn’t a one-off. “We will guarantee this 2 percent in the long term, throughout the ’20s and ’30s.”

    It’s going to take more than just money to get the Bundeswehr back into fighting trim.

    The new doctrine says Germany will scale back foreign missions to focus on European and national defense to become “war-ready.”

    It also promises the “expansion of robust and secure defense industry capacities," as well as using civilians and not soldiers to do functions where military personnel are not needed, and to cut the red tape to speed up military procurement.

    “The central action that follows from the turning point is overcoming the organizational and bureaucratic sluggishness that has slowed down the troops for years,” Scholz said.

    Germany’s military has been hollowed out over recent years. At a military exercise last December to prepare a tank brigade for inclusion in NATO’s “high readiness” response force, all 18 of the modern German infantry fighting vehicles failed. There have also been problems with the readiness of other parts of the military.

    “We must be the backbone of deterrence and collective defense in Europe,” says the strategy. "Our population, but also our partners in Europe, North America and the world, expect us to face up to this responsibility. As a state and society, we have neglected the Bundeswehr for decades.”

    https://www.politico.eu/article/germany-war-military-bundeswehr-defense-nato
    #Allemagne #armée #paix #guerre #Bundeswehr #liberté #sécurité #ordre_international #Russie #Chine #war-ready #industrie_militaire #OTAN #NATO

  • #Suppression de l’#AME : l’"exemple malheureux" de l’#Espagne

    Alors que, en #France, le Sénat vient de voter la suppression de l’AME dans le cadre du projet de loi « immigration », l’exemple de l’Espagne, qui, après avoir démantelé son dispositif d’aide, l’a remis en place, donne matière à réflexion.

    Adoptée mardi 7 novembre au Sénat, la suppression de l’aide médicale de l’Etat (AME) pour les sans-papiers est décriée jusqu’au sein même du gouvernement. « C’est une profonde #erreur, et il y a des moments où l’erreur confine à la #faute. C’est une faute », a déclaré le soir même le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, invité de l’émission Quotidien. La chambre haute du Parlement s’est par ailleurs attiré les foudres d’une partie du corps médical. C’est « une #hérésie humanitaire, sanitaire et financière », a dénoncé, mercredi 8 novembre, la fédération des hôpitaux publics, le représentant des hôpitaux privés appelant, lui aussi, à « maintenir [ce dispositif] de #santé_publique ».

    « Sur le plan financier, la suppression de l’AME fragiliserait de façon extrêmement forte un #hôpital_public soumis à de fortes tensions budgétaires [en le privant] des financements associés à la prise en charge de personnes malades qui continueraient d’être soignées », a signalé la Fédération hospitalière de France. Un argument également repris par Aurélien Rousseau, qui, lui, cite l’exemple de l’Espagne, qui avait supprimé le dispositif en 2012, pour le rétablir en 2018. « L’Espagne a essayé ce dispositif. Au bout de quelques années, ils se sont aperçus qu’ils avaient 20 % de mortalité en plus dans cette population qui est beaucoup plus sujette aux #maladies_transmissibles… »

    Entre 15 et 20 % de #surmortalité

    En France, dans l’argumentaire de ceux qui s’opposent à la suppression de l’AME, l’"exemple malheureux de l’Espagne" revient systématiquement. « La restriction de l’accès aux soins des étrangers en situation irrégulière, votée en 2012, a entraîné une augmentation de l’incidence des maladies infectieuses ainsi qu’une surmortalité. Cette réforme a finalement été abrogée en 2018 », écrivaient 3 000 soignants dans une tribune publiée dans Le Monde la semaine dernière.

    A l’époque, en 2012, le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy avait justifié la mesure par l’idée qu’elle permettrait l’économie de « plus de 500 millions d’euros » et qu’elle éviterait le « tourisme sanitaire ». Or c’est l’effet l’inverse qui s’est produit, engendrant des conséquences dramatiques.

    Une étude menée par l’Institut d’économie de Barcelone et l’université Pompeu Fabra, publiée en 2018 et intitulée « Les effets mortels de la perte de l’assurance-maladie » (https://editorialexpress.com/cgi-bin/conference/download.cgi?db_name=ESPE2018&paper_id=135), a montré une augmentation de la mortalité des #sans-papiers en Espagne de 15 % en moyenne entre 2012 et 2015, soit au cours des trois premières années de la mesure. L’étude soulignait aussi que ces restrictions « avaient pu provoquer une augmentation des passages aux #urgences, puisque c’était devenu la seule forme d’#accès_aux_soins pour beaucoup ».

    « Pas de preuve d’économies »

    En outre, la presse espagnole a largement souligné que la mesure du gouvernement Rajoy n’avait pas permis de réaliser les #économies souhaitées. Le site d’actualités ElDiario (https://www.eldiario.es/desalambre/exclusion-sanitaria-personas-probar-gobierno_1_4680962.html) soulignait ainsi que les économies faites via la suppression de l’AME étaient finalement annulées par des prises en charge trop tardives de pathologies, notamment aux urgences, et donc beaucoup plus coûteuses. Tandis que le journal El País démontrait les effets d’une « réforme exclusive et finalement très coûteuse » (https://elpais.com/sociedad/2014/04/17/actualidad/1397761517_421716.html?event_log=oklogin). Une étude menée en 2015 par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne avait par ailleurs montré que les économies allaient de 9 à 69 % lorsqu’une maladie était prise en charge de manière précoce par rapport à des #soins_tardifs (https://fra.europa.eu/en/publication/2015/cost-exclusion-healthcare-case-migrants-irregular-situation-summary).

    En 2018, après six ans de restriction de l’accès aux soins pour les étrangers en situation irrégulière, le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez est finalement revenu en arrière pour instaurer à nouveau le dispositif. « La #santé ne connaît pas de frontières, de papiers d’identité, de permis de travail ou de séjour », avait déclaré la ministre de la Santé d’alors, Carmen Montón.

    https://www.lexpress.fr/monde/europe/suppression-de-lame-lexemple-malheureux-de-lespagne-JMBUYCQFYFGYVFUKLXZDZQ3

    #loi_immigration #coût

    –—

    ajouté à ce fil de discussion :
    #AME, #regroupement_familial, #quotas : le Sénat s’acharne contre l’immigration
    https://seenthis.net/messages/1025340

    • Cost of exclusion from healthcare – The case of migrants in an irregular situation – Summary

      The right to health is a basic social right. However, its understanding and application differs across the European Union (EU) Member States, which results in different healthcare services being offered to migrants in an irregular situation. This summary looks into the potential costs of providing migrants in an irregular situation with timely access to health screening and treatment, compared to providing medical treatment only in emergency cases.

      https://fra.europa.eu/en/publication/2015/cost-exclusion-healthcare-case-migrants-irregular-situation-summary

    • La réforme de l’AME « implique que les sans-papiers ne sont dignes d’être soignés que s’ils vont mourir »

      Pour l’économiste #Philippe_Batifoulier, la suppression de l’aide médicale d’Etat pour les sans-papiers est un non-sens. Bien loin des économies promises, cette décision menace l’ensemble de la population et aggrave un peu plus le démantèlement du système de santé publique.

      Mardi 7 novembre, le Sénat a adopté la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME), un dispositif instauré en 2000 permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès régulier aux soins, accordé pour un an sous certaines conditions de résidence et de ressources, et dans la limite des tarifs de la sécurité sociale.

      Le texte prévoit de lui substituer une « aide médicale d’urgence », soit une réduction drastique du panier de soins proposés. Introduit par la droite sénatoriale, l’amendement fait partie du projet de loi immigration et a été adopté à 200 voix contre 136 ; en décembre, l’Assemblée nationale l’examinera à son tour et pourrait choisir de le retoquer. Pour l’économiste Philippe Batifoulier, spécialiste des questions de santé et de protection sociale, l’AME relève de l’humanité la plus élémentaire. La supprimer est selon lui une faute morale, économique et sanitaire.

      Que recouvre l’aide médicale d’Etat et à qui s’adresse-t-elle ?

      Elle permet de dispenser des soins à des personnes sans-papiers aux ressources inférieures à 810 euros par mois, et arrivées en France depuis au moins trois mois – deux situations qu’il faut prouver. Ce panier de soins est inférieur, notamment sur les soins dentaires, à celui proposé par la Complémentaire santé solidaire, accessible aux Français les plus modestes. Les soins médicaux reçus par les migrants à leur arrivée en France ne datent pas de l’AME, mais ce dispositif, qui n’est pas seulement social, permet de recouvrer des créances, et de mieux garantir aux hôpitaux publics le financement de certains soins. Contrairement à ce qu’on entend, ce n’est pas une spécificité française : il y a des dispositifs similaires en Belgique ou en Allemagne, qui ne sont pas restreints aux situations d’urgence.

      Comment analysez-vous cette décision du Sénat ?

      C’est une opportunité politique liée à l’air du temps et à une extrême droite qui a le vent en poupe. Ce débat régulier sur l’AME est un marqueur exemplaire du degré de xénophobie en France. Sa suppression ne repose sur aucun argument scientifique : par contre, ce que cette réforme implique, c’est que les sans-papiers ne sont dignes d’être soignés que s’ils vont mourir. Ce n’est plus la bonne santé qui compte, c’est éviter le pire.

      Quels sont les principaux arguments des détracteurs de cet acquis social ?

      Leur premier objectif est de lutter contre le « tourisme médical », l’idée selon laquelle dès que les migrants posent un pied sur le territoire français, la première chose qu’ils font est de se faire soigner. C’est aussi faux que ridicule. Aujourd’hui, on constate au contraire un non-recours massif : les personnes en situation irrégulière et qui ont besoin de soins ne connaissent pas l’existence de l’AME, et on estime que seuls 50% des concernés entament les démarches nécessaires, ce qui équivaut à environ 380 000 personnes, un nombre relativement faible. Son coût représente environ 1 milliard d’euros par an : soit 0,47% des dépenses de santé ! C’est moins que les dépassements d’honoraires sur un an, qui coûtent bien plus cher à la collectivité. Médecins, chercheurs en santé publique et économistes de toutes obédiences le répètent : cette suppression est un non-sens.

      Si la réforme passe, quelles en seront les conséquences ?

      Il y a fort à parier que les médecins continueront comme ils le pourront à soigner les patients immigrés. Seulement, ils devront composer avec ces bâtons dans les roues, entravant l’exercice de leur profession. Et les créances ne seront pas recouvrées. L’argument de réduction des dépenses est donc battu en brèche, d’autant que soigner les patients en état d’urgence coûte bien plus cher qu’appliquer un traitement en amont !

      Surtout, restreindre les soins à des situations d’urgence pose un vrai problème de santé publique. Si on ne soigne pas les individus qui en ont besoin, les maladies s’aggravent, se développent, dégénèrent en épidémie – la tuberculose par exemple, mais aussi tout simplement l’ensemble des virus de la vie quotidienne, qui se transmettent et qu’il faut soigner. Enfin, du fait de leurs conditions de vie, les migrants concentrent aussi un certain nombre de problèmes de santé mentale, qui peuvent avoir des répercussions sur l’ensemble de la population. Tout le monde a intérêt à ce que son voisin soit en bonne santé.

      Comment expliquer que cette réforme soit adoptée dans le cadre d’un projet de loi immigration ?

      Si on suppose que la santé est une des causes de l’immigration, il faut donc supprimer le besoin de santé pour enrayer l’immigration ! Par ailleurs, certaines personnes très riches viennent en France pour se faire soigner et cela ne pose jamais l’ombre d’un problème. L’AME est une histoire de pauvreté : ce n’est pas l’immigré le problème, c’est l’immigré pauvre. L’objectif est de créer un climat repoussoir. Mais réformer l’AME ne changera rien au nombre d’arrivées, motivées par bien d’autres raisons. De plus, certaines études montrent que ce sont plutôt les personnes en bonne santé qui émigrent, vu les risques que comporte le voyage. C’est quand elles arrivent en France que leur santé se dégrade du fait des conditions d’accueil.

      Quelles pourraient être les conséquences sur le dispositif de santé publique ?

      Cette réforme constitue une attaque à la santé des Français. L’AME a une résonance particulière car elle concerne les migrants, mais finalement ses problèmes ne diffèrent pas de ceux de l’Assurance santé en général, autour de l’idée que « quand les gens sont bien assurés, ils dépensent sans compter ». Selon cette logique, il faudrait donc supprimer les éléments de cette assurance. Cela peut passer par un forfait hospitalier de 20 euros par jour, un ticket modérateur, un forfait aux urgences… Ou par la fin de l’AME pour les étrangers. En France on ne déplore pas le renoncement aux soins : on l’organise, via une politique publique qui met des barrières un peu partout, et crée d’immenses inégalités d’accès aux soins. Mais imaginer que les répercussions concerneront seulement les dépenses futiles et superficielles, c’est profondément illusoire. Les études scientifiques montrent au contraire que quand vous faites payer les gens pour leur santé, ce sont les dépenses utiles que vous fragilisez. Finalement, plus on est pauvre, plus on a des besoins de soin… Et moins on est couvert. Quand vous ne pouvez pas vous permettre d’aller chez le dentiste, vous laissez votre état s’empirer jusqu’à être pris en charge à l’hôpital, ce qui coûte bien plus cher à la collectivité. Ce sont toutes ces absurdités que la réforme de l’AME met tristement en lumière.

      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/suppression-de-laide-medicale-detat-les-migrants-ne-sont-dignes-detre-soi

    • Projet de loi immigration : deux #plaintes déposées devant l’#Ordre_des_médecins contre des sénateurs LR qui ont voté la suppression de l’AME

      Parmi les élus de droite et du centre qui ont voté la suppression de cette aide aux personnes sans papiers figurent une quinzaine de soignants de profession, médecins, pharmaciens ou infirmière.

      Deux praticiens ont déposé des plaintes devant l’Ordre des médecins, vendredi 10 novembre, pour violation du code de la Santé publique contre deux sénateurs Les Républicains (LR), également médecins de profession, qui ont voté la suppression de l’aide médicale d’État (AME) lors des débats sur le projet de loi immigration.

      L’AME couvre intégralement les frais de santé des étrangers en situation irrégulière présents en France depuis au moins trois mois. Les sénateurs ont voté son remplacement par un dispositif plus restreint. Le texte doit désormais être examiné par l’Assemblée nationale.

      Parmi les sénateurs de droite et du centre qui ont voté la réforme figurent une quinzaine de soignants de profession, médecins, pharmaciens ou infirmière. Les plaintes devant l’Ordre des médecins visent spécifiquement deux d’entre eux, Marie Mercier et Jean-François Rapin. Leur vote « [porte] atteinte, directement, à la santé physique et psychique d’une population connue pour être particulièrement vulnérable », écrivent les docteurs Georges Yoram Federmann, psychiatre installé à Strasbourg, et Jean Doubovetzky, généraliste exerçant à Albi.
      La suppression de l’AME considérée comme une « hérésie »

      Selon les plaignants, les deux sénateurs visés, en votant la fin de l’AME, ont violé cinq articles du Code de la Santé publique, dont l’article R.4127-7, selon lequel « le médecin doit écouter, examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les personnes quels que soient leur origine, leurs moeurs et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard. Il doit leur apporter son concours en toutes circonstances ».

      Pour les plaignants, voter la suppression de l’AME est en « contradiction avec le serment prêté par les médecins ». La Fédération des hôpitaux publics avait déjà estimé mercredi que la suppression de l’AME était « une #hérésie ».

      https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/projet-de-loi-immigration-deux-plaintes-ordinales-deposees-contre-des-m

  • Le Sénat vote la fin des allocations familiales et des APL pour les étrangers en France depuis moins de 5 ans - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/politique/le-senat-vote-la-fin-des-allocations-familiales-et-des-apl-pour-les-etran

    La majorité de droite au Sénat a voté mardi cet amendement lors de l’examen du projet de #loi_Immigration et intégration. En séance, Gérald Darmanin a décidé de ne pas s’opposer à cette disposition, qui doit encore passer l’étape de l’Assemblée.

    qu’une durée de séjour légal sur le territoire français soit le préalable obligé à l’accès à un droit social, ça avait commencé avec le RMI en 1988 (#PS).

    puisqu’iels auront plus droit à l’APL, on pourra leur fourguer les logements qui, un jour, ne seront plus autorisés à la location, des places en prison Bouygues-LCI pour cause de squat ou vol. et celleux là achèteront pas d’écran plat avec l’alloc de rentrée scolaire

    faut « être méchant avec les méchants » or les migrants sont méchants

    #ordre #étrangers #Préférence_nationale #FN #RN #xénophobie_d'état #droits_sociaux

  • Violences faites aux enfants : 101 professionnels du droit, de la santé et du monde associatif répliquent à l’Ordre des Médecins
    https://www.nouvelobs.com/opinions/20231020.OBS79768/violences-faites-aux-enfants-101-professionnels-du-droit-de-la-sante-et-d

    - L’Ordre a condamné à de lourdes interdictions d’exercice des médecins qui n’avaient fait que signaler des enfants en danger. Ce faisant, il n’a pas respecté l’article 226-14 du Code pénal qui précise que dans ces cas la responsabilité civile, pénale ou disciplinaire du médecin ne peut être engagée.

    – L’Ordre interdit paradoxalement au médecin de mettre en cause dans ses écrits un parent maltraitant alors que plus de 80 % des violences faites aux enfants le sont dans le cadre de la famille.

    – L’Ordre quand il ne soutient pas des accusés applique aux médecins l’interdiction d’immixtion dans les affaires de famille. Et ce au lieu de privilégier la règle déontologique du devoir de protection des enfants. Récemment encore un médecin (appuyé par le Conseil départemental de l’Ordre) a poursuivi un confrère généraliste. Son seul tort ? Avoir voulu protéger la fille du plaignant. Une enfant de 12 ans qui se scarifiait, ne mangeait plus, ne dormait plus, souffrait de céphalées et de douleurs abdominales. Son père (déchu de son autorité parentale, sous le coup d’une interdiction de détention et de port d’armes, en cours de procédure pour viols sur plusieurs ex-conjointes) tentait de prendre contact avec elle.

    #inceste #ordre_des_médecins_dissolution

  • [en ce jour de recours au 49.3 pour l’adoption du budget] La loi « immigration » contiendra une disposition permettant d’expulser un étranger sans qu’il ait commis d’infraction pénale, selon Olivier Véran
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/18/loi-immigration-un-etranger-expulsable-sans-infraction-penale-selon-olivier-

    « Le but est de faire en sorte que quand une personne étrangère dans notre pays ne respecte pas les valeurs de notre République (…) », que celle-ci « ne soit pas contrainte de la conserver sur son territoire », a insisté le porte-parole du gouvernement.

    Le port ostensible d’un signe religieux à l’école ou le refus d’être reçu par un agent de sexe opposé dans un service public pourront être des motifs pour retirer un titre de séjour si le projet de loi « immigration » est adopté, a fait valoir mercredi 18 octobre le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. « Actuellement, il n’est pas possible de retirer un titre de séjour pour des comportements non constitutifs d’une infraction pénale, mais démontrant des comportements non conformes à nos valeurs », a souligné M. Véran lors de son point presse à l’issue du conseil des ministres.

    Dans son projet de loi qui sera débattu en novembre au Sénat, à l’article 13, le ministre de l’intérieur propose de retirer un titre de séjour en cas de non-respect des principes de la République, a souligné M. Véran.

    « Sortir du tout-pénal » [chic !]

    [ah ben non] Cet article prévoit dans son premier alinéa que « l’étranger qui sollicite un document de séjour s’engage à respecter la liberté personnelle, la liberté d’expression et de conscience, l’égalité entre les femmes et les hommes, la dignité de la personne humaine, la devise et les symboles de la République au sens de l’article 2 de la Constitution et à ne pas se prévaloir de ses croyances ou convictions pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre les services publics et les particuliers ».

    #étrangers #expulsions #droit_au_séjour #valeurs_de_la_république #immigration #loi_immigration

    • Loi sur l’immigration : pourquoi les mesures annoncées sur le retrait des titres de séjour sont contestables du point de vue du droit

      Le gouvernement promet d’agir contre les étrangers en situation régulière mais opposés aux « valeurs de la République ». Des juristes dénoncent un risque d’arbitraire.
      Par Julia Pascual

      Depuis l’attentat d’Arras, perpétré vendredi 13 octobre par un jeune Russe islamiste arrivé à l’âge de 5 ans en France, qui a coûté la vie au professeur Dominique Bernard, l’exécutif multiplie les annonces pour parer aux critiques de la droite et satisfaire une opinion publique que les sondages disent inquiète et avide de fermeté.
      Jeudi 19 octobre, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a estimé, sur BFM-TV, que « si quelqu’un n’est pas en conformité avec les valeurs de la République, on doit pouvoir l’expulser ». Il a invité à cette fin les parlementaires à voter la loi sur l’immigration, qui sera débattue au Sénat, à partir du 6 novembre, « la plus dure et la plus ferme présentée depuis trente ans ». La veille, c’est le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, qui a promis que le texte permettrait de retirer un titre de séjour à un étranger en cas de « comportements non conformes à nos valeurs ».

      Pour rappel, l’auteur de l’attaque d’Arras, Mohammed Mogouchkov, était en situation irrégulière en France. Puisqu’il était arrivé avant l’âge de 13 ans sur le territoire, le droit le protégeait cependant d’une expulsion, sauf, selon la loi en vigueur, en cas de « comportements de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l’Etat, ou liés à des activités à caractère terroriste, ou constituant des actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence ». Selon le projet de loi sur l’immigration, cette protection ne s’opposerait pas à une obligation de quitter le territoire en cas de « menace grave à l’ordre public ».

      Méconnaissance de la loi

      Ce que vise aussi le gouvernement par ses annonces, ce sont les personnes en #situation_régulière. M. Darmanin a lui-même demandé aux préfets de passer au tamis les 2 852 étrangers réguliers inscrits au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (#FSPRT), pour envisager le retrait de leur #titre_de_séjour, préalable à leur éloignement.
      « Actuellement, il n’est pas possible de retirer un titre de séjour pour des comportements non constitutifs d’une infraction pénale », a regretté M. Véran. « La loi empêche le ministre de l’intérieur de faire son travail », a répété M. Darmanin sur BFM-TV. En méconnaissance de la loi. « Dans le droit actuel, le préfet a déjà toute latitude pour ne pas délivrer, ne pas renouveler ou retirer un titre de séjour à tout étranger dont la présence en France constitue une menace pour l’#ordre_public , fait remarquer Camille Escuillié, avocate membre de l’association Avocats pour la défense des droits des étrangers. La loi n’exige pas de condamnation ni même de poursuites pénales. »

      C’est d’ailleurs, selon le ministère de l’intérieur, sur ce motif de menace à l’ordre public que Mohammed Mogouchkov n’avait pas obtenu de titre de séjour en 2021, bien que n’ayant aucun casier judiciaire, parce qu’il était déjà dans le viseur des services de renseignement et fiché au FSPRT.

      Cela correspond par ailleurs aux directives données par M. Darmanin aux préfets depuis une circulaire de septembre 2020. « On a des dossiers de retrait de titre ou de refus de renouvellement ou de délivrance de titre concernant des personnes qui n’ont jamais été condamnées, mais qui sont apparues lors des consultations de #fichiers tels que le traitement d’antécédents judiciaires [#TAJ], le fichier national automatisé des empreintes génétiques [#FNAEG] ou le fichier automatisé des empreintes digitales [#FAED], constate Nicolas De Sa-Pallix, avocat spécialisé dans le droit des étrangers et membre du Syndicat des avocats de France. Généralement, les empreintes sont prises dans le cadre de gardes à vue et, même s’il n’y a pas de suite judiciaire, l’autorité administrative peut considérer que vous représentez une menace pour l’ordre public. »

      « De même, la présence au TAJ indique juste que vous apparaissez dans une procédure pénale comme prévenu ou victime. Et si vous êtes prévenu, il se peut que vous soyez innocenté ou même pas poursuivi. Il y a donc des étrangers auxquels on reproche des faits pour lesquels ils ont déjà été définitivement innocentés, ou jamais formellement poursuivis », complète l’avocat. [où l’on voit que la surreprésentation des étrangers en GàV dénoncée comme "discrimination" est une nécessité technique du #droit_des_étrangers, ndc].

      Censure du Conseil constitutionnel

      Tout à sa volonté de rassurer l’opinion, le gouvernement entend aller plus loin encore. Grâce à l’article 13 du projet de loi sur l’immigration, Olivier Véran promet de « sortir du tout-pénal pour pouvoir retirer un titre en allant sur les valeurs de la République ». Et de citer des motifs en exemple tels que le « port ostensible en milieu scolaire de signes et de tenues religieux »[ce qui fait littéralement kiffer nombre de profs, ndc] ou le « refus d’être reçu ou entendu aux guichets des services publics par un agent de sexe opposé pour des motifs religieux ».

      L’article 13 du texte énonce en effet qu’un document de séjour pourra être retiré ou non renouvelé lorsque les actes délibérés d’un étranger troublent l’ordre public en ne respectant pas les « principes de la République » ainsi listés : « la liberté personnelle, la liberté d’expression et de conscience, l’égalité entre les femmes et les hommes, la dignité de la personne humaine, la devise et les symboles de la République » [refuser de chanter la Marseillaise quand in est en sélection nationale, par exemple, ndc] ou encore si l’étranger se prévaut « de ses croyances ou convictions pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre les services publics et les particuliers ».
      Cet article est en réalité une réécriture de l’article 26 de la loi dite « séparatisme , qui avait été censurée par le Conseil constitutionnel. Dans une décision du 13 août 2021, il avait estimé que le seul prétexte que l’étranger a « manifesté un rejet » des principes de la République n’était pas suffisamment précis. En ayant sommairement répertorié ces principes dans le projet de loi sur l’immigration, le gouvernement croit-il se tirer d’affaire ?

      « Un arbitraire administratif »

      « Si la rédaction de l’article de loi a évolué, le problème demeure le même, estime l’avocate au #Conseil_d’Etat et à la #Cour_de_cassation Isabelle Zribi. A mon sens, la notion d’atteintes graves aux principes de la République, qui est trop vague, méconnaît l’objectif de valeur constitutionnelle d’accessibilité et d’intelligibilité de la loi et le principe de sécurité juridique. On peine à se figurer, par exemple, ce que serait concrètement une atteinte grave à la devise de la République, qui veut tout et rien dire, ou même à l’égalité entre les femmes et les hommes, sachant que c’est une valeur rarement respectée au sein des couples de toutes nationalités. »

      Est-ce que l’administration pourra refuser un titre de séjour à une lycéenne de 18 ans qui a porté l’abaya, à une personne qui tient des propos machistes ou refuse de chanter La Marseillaise ? « Cette disposition est presque incontrôlable, met en garde à son tour Me De Sa-Pallix. Je ne vois pas comment on ne tomberait pas dans un arbitraire administratif particulièrement prononcé. »
      « Il y a un sérieux risque d’inconstitutionnalité », estime encore l’avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation Patrice Spinosi, qui voit dans la manœuvre une instrumentalisation politique du droit. « Si le Conseil constitutionnel censure la loi, le gouvernement pourra dire que les juges vont à l’encontre de la volonté souveraine du peuple, redoute-t-il. C’est jouer le populisme contre la Constitution et c’est précisément ce qui sape l’Etat de droit en Europe aujourd’hui. »

      https://seenthis.net/messages/1022374

      #loi_séparatisme_reloaded #Isabelle_Zribi #droit #droit_des_étrangers #refus_de_renouvellement_de_titre_de_séjour #délivrance_de_titre_de_séjour