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  • L’étonnant parcours du hackeur de Sciences Po

    http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/03/07/l-etonnant-parcours-du-hackeur-de-sciences-po_5090598_4408996.html

    A la mi-février, au Parc des expositions de Villepinte, au nord de Paris. Plusieurs milliers de candidats planchent sur le concours d’entrée à Science Po Paris. Parmi les postulants à la prestigieuse formation parisienne, un candidat connaissait probablement un peu mieux que les autres certains aspects de la grande école. Quelque temps plus tôt, il avait piraté une partie du site de Sciences Po, mettant la main sur deux bases de données comportant quantité de données personnelles, dont les mots de passe, de 4 000 étudiants en cours de scolarité ou fraîchement diplômés, ainsi qu’une liste de 200 000 adresses e-mail de personnes ayant assisté à des événements organisés par la grande école.

    Après son piratage, mais avant de passer le concours, le hackeur a contacté Le Monde. Il utilise le pseudonyme « Rabbin des Bois » – « Je prends aux puissants pour montrer aux petits ce qui peut leur arriver », dit-il. Il n’a pas publié ni revendu le contenu des deux bases de données et assure n’avoir eu aucune intention criminelle, mais avoir pris les données uniquement « parce que c’était possible » et pour « avertir le grand public » :

    « Si un type comme moi peut, avec un PC à 400 euros, récupérer les données de la plus prestigieuse école de France depuis sa chambre de HLM. Vous imaginez tout ce qu’il est possible de faire… Il est plus que temps que l’on prenne la sécurité informatique au sérieux. »

    Le discours de Rabbin des Bois sur le système éducatif dans son ensemble est très critique. Il vit comme une injustice fondamentale le fait de ne pas réussir à « rentrer dans le moule » alors même que dans « son » domaine, la sécurité informatique, les grandes écoles et les universités sont « nulles » – avant Science Po, il avait aussi piraté « très facilement » les données personnelles des anciens élèves de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille, l’une des plus réputées en France, et a ensuite signalé la faille à l’établissement, qui l’a corrigée. La faute, estime-t-il, à un système de reproduction des élites inadapté aux élèves ayant un profil différent.

    « J’adorerais faire Sciences Po. Mais le système de sélection des grandes écoles n’est pas fait pour des étudiants comme moi », estime-t-il. Reçu à l’écrit d’une autre grande école parisienne, il a eu le sentiment d’avoir été rejeté à l’oral parce qu’il ne « parle pas comme les gens qui sortent d’Henri-IV ou de Louis-le-Grand . « Moi, je voulais juste avoir un putain de futur. »
    Amer, le hackeur dit avoir du mal à comprendre ce décalage, d’autant plus qu’il a vu, aux premières loges, l’importance qu’a et qu’aura la sécurité informatique dans le futur. « J’ai vu des hackeurs ruiner des vies », explique-t-il :

    « Aujourd’hui, votre vie vaut moins que les données que vous produisez. Tout le monde se dit que se faire pirater, ça n’est pas possible, jusqu’à ce que ça leur arrive… Mais en réalité, c’est le Far West. Des mecs comme moi, dans dix ou quinze ans, il n’y aura plus que ça, et personne ne semble en avoir conscience. Le “hack” de Sciences Po, c’est juste la partie émergée de l’iceberg. »

  • SPI / Sénilité précoce intelligente – Des mots Bleu
    https://lacabanebleu.wordpress.com/2016/09/25/spi-senilite-precoce-intelligente
    https://lacabanebleu.files.wordpress.com/2016/09/img_2274.jpg?w=800

    C’est toujours étonnant comme des mots badigeonnent nos quotidiens sans crier gare, s’en vont et s’en viennent comme les vagues font la marée. Je me faisais la remarque avec un mot tout con : intelligence. C’est marrant. Je ne sais pas si vous l’avez noté, mais de nos jours, alors qu’on ne cesse de maudire la crasse qui enrhume les cerveaux de nos congénères, alors qu’on étouffe de ne plus assez échanger paraît-il, alors que l’on pleure l’école de France qui ne saurait plus instruire les siens à coups de diplômes déclassés, alors que le moindre débat se crêpe le chignon, le mot intelligent nous est cuisiné à toutes les sauces. Car en effet oui : tout devient intelligent !
    Un compteur électrique, une maison, une voiture et même un pansement (je l’ai lu ici). Comme ils doivent se sentir bien, les concepteurs !

    #Bleu #Société #Intelligence

  • Le bon air revivifiant du numérique | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/26437855105/le-bon-air-revivifiant-du-numerique

    L’école traditionnelle, celle de Jules Ferry, est ainsi faite que le maître y dispense l’instruction publique dans une salle de classe close pendant un temps limité, généralement légèrement inférieur à une heure.

    Dans cet espace, généralement rectangulaire, le maître, face à ses élèves, y exerce une domination absolue. Cette domination, cette hégémonie n’est d’ordinaire contestée par personne. Les élèves bien sûr, mais aussi les autres professeurs ou acteurs et partenaires de l’école s’y conforment et ne pénètrent dans l’antre qu’avec moult autorisations et précautions.

    Chacun se souvient sans doute avoir un jour franchi timidement, pour une raison ou une autre, l’huis d’une classe d’école, de collège ou de lycée occupée d’un maître et de ses élèves et avoir ressenti combien cette intrusion rompait l’ordre d’un cérémonial républicain ordonné et complexe. La salle de classe, toujours fermée par sa porte mais aussi, le plus souvent par ses fenêtres, même aux plus fortes chaleurs, est un lieu sanctuarisé dans lequel les troubles et les turpitudes du monde ne pénètrent que rarement et toujours par mégarde.

    Le maître dispense son savoir dans la plus grande autonomie pédagogique, dans le plus grand respect aussi des programmes disciplinaires nationaux, et son enseignement n’est confronté à la tutelle sourcilleuse d’un inspecteur qu’à l’occasion des visites bien rares de ce dernier. Cette autonomie pédagogique très forte est aussi la marque jalousement préservée de l’école française de la République. Les méthodes, les formes mêmes d’enseignement sont rarement confrontées, comparées, d’une classe à l’autre, d’un maître à l’autre, d’une discipline à l’autre.

    Ainsi va l’école de France…

    Mais il y a eu un accident tectonique. La plaque du numérique est venue, dès le début de ce millénaire, percuter de plein fouet la Pangée de l’école républicaine.

    À l’heure du numérique, comme on dit, la classe doit s’ouvrir. Et cela ne se fera pas sans que soit justement et profondément remis en cause, à l’heure où il va être question d’y réfléchir à nouveau, les fondements mêmes de l’enseignement traditionnel.