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  • Licencié pour avoir envoyé un e-mail « irrespectueux »…

    Le directeur adjoint d’un centre d’animation à Paris a été remercié pour avoir sollicité une réunion sur les salaires.

    Pour la direction de l’association Actisce, revendiquer est une faute grave. C’est ce qu’ont appris à leurs dépens cinq salariés du centre d’animation La Jonquière, structure municipale dont la gestion a été déléguée à l’association, dans le 17e arrondissement de Paris. Après avoir sollicité par e-mail une réunion avec la direction d’Actisce sur la question des salaires et des conditions de travail, le directeur adjoint du centre, Pierre Borker, a été licencié, fin mars, à son retour de congé d’adoption. Ses supérieurs ont jugé que le cadre, simple syndiqué CGT dépourvu de mandat syndical, outrepassait ses droits en se faisant le porte-voix d’une revendication collective. Le mode de communication aurait en outre été jugé «  irrespectueux  » et «  contraire à toute règle de bienséance et de bonne conduite  » par les dirigeants, ce qui à leurs yeux a suffi à caractériser une «  faute grave  ». «  Pourtant, il est marqué dans ma fiche de poste que je dois faire appliquer le droit du travail et rapporter les demandes des salariés  », se défend Pierre Borker. Les quatre autres salariés signataires ont quant à eux écopé d’un avertissement.

    Révoltés par ces pratiques antisociales, une grande partie des salariés du centre d’animation sont en grève depuis lundi dernier pour exiger la réintégration du directeur adjoint et la levée des avertissements contre les quatre autres signataires de l’e-mail incriminé. Mais face à une nouvelle attaque de la direction, qui accuse ses salariés de mener une grève illicite, le cadre licencié a décidé de faire monter la pression d’un cran en entamant à partir d’aujourd’hui une grève de la faim. Pierre Borker et ses collègues grévistes en sont persuadés : le directeur adjoint un peu trop soucieux des conditions de travail et de la qualité du service gênait les dirigeants de l’association. «  Pierre m’avait soutenu il y a dix-huit mois quand l’association a supprimé l’atelier poterie – pourtant plein – et mon poste avec  », se rappelle Claudia Galvez, déléguée CGT au centre La Jonquière. «  Nous avions demandé à plusieurs reprises d’être entendus sur les revendications salariales et l’amélioration des conditions de travail : toutes nos demandes sont restées sans réponse  », explique Pierre Borker.

    «  Au-delà de mon cas personnel, cela met en lumière les effets de la privatisation rampante des activités municipales  », juge le cadre, qui dénonce «  l’exigence de rentabilité  » qui dicte les pratiques du centre d’animation. Pour autant, la mairie, en tant que donneur d’ordre, reste responsable et les grévistes dénoncent l’inaction de la municipalité, alertée «  largement à temps  » pour s’opposer au licenciement du directeur adjoint, d’après Pierre Borker. Malgré le soutien de plusieurs élus municipaux Front de gauche et même PS, la Ville de Paris n’aurait pour l’instant proposé qu’une réunion fin avril à l’Union locale de la CGT du 17e arrondissement.

    Loan Nguyen