Ces spécialistes de la santé mentale qui diagnostiquent Donald Trump
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Le même mois, le Dr John Gartner, enseignant la psychiatrie à l’université John-Hopkins, spécialiste des personnalités borderline, lançait sur Change.org une pétition, et incitait les professionnels de santé à la signer, demandant que Donald Trump soit démis au nom de l’article 4 du 25e amendement de la Constitution des Etats-Unis : le président doit être remplacé s’il s’avère « incapable de s’acquitter des pouvoirs et des devoirs de sa charge ». Elle a recueilli à ce jour 68 435 signatures.
Cette pétition a suscité une vaste polémique : bafoue-t-elle l’éthique médicale ? Aux Etats-Unis, la « règle Goldwater » de l’American Psychiatric Association interdit aux psychiatres de donner un avis professionnel sur une personnalité s’ils ne l’ont pas examinée personnellement. En 1964, le sénateur Barry Goldwater, jugé inapte à être président par plusieurs psychiatres, avait porté plainte contre eux et il avait gagné.
Mais concernant Donald Trump, beaucoup de médecins estiment qu’il est de leur « responsabilité éthique » d’« alerter » le public. Certains ont lancé le mouvement Duty To Warn (« devoir d’alerter », Adutytowarn.org), où ils ne proposent pas d’analyse psychiatrique du président mais décryptent sa « dangerosité » – comme ils le feraient pour toute personne qu’ils verraient comme un « danger public ».
« Sociopathe »
Pour préciser cette « dangerosité », vingt-sept spécialistes de la santé mentale ont publié en octobre The Dangerous Case of Donald Trump (ed. Thomas Dunne, non traduit). Rosemary K.M. Sword et Philip Zimbardo, s’appuyant sur les tweets et les déclarations du président, voient en lui un « hédonisme du présent extrême et débridé » : il surréagit à l’événement comme un « junkie à l’adrénaline » sans penser aux conséquences de ses actes. Il se conduit de façon « infantile » en multipliant les mensonges, les « remarques immatures sur le sexe » ou la taille de son pénis, manifestant un besoin perpétuel d’attention.
Lance Dodes, ancien professeur à Harvard, estime pour sa part qu’un homme puissant qui ment, triche, trompe, arnaque, manipule et n’a cure de ceux qu’il blesse n’est pas seulement cynique et immoral, il souffre d’insuffisance d’humanité et d’un manque d’empathie : il s’agit d’un « sociopathe ».
La troisième partie du livre analyse les effets psychologiques de la présidence Trump sur les Américains. Jennifer Panning évoque un « syndrome post-électoral » : beaucoup de gens s’inquiètent et s’efforcent de trouver « normal » ce qui leur semble « anormal » dans cette présidence. Elizabeth Mika et Harper West s’intéressent au « triangle toxique » qui s’établit entre un dirigeant narcissique arrogant, ses partisans et la société : cela renforce l’agressivité entre les gens, fait reculer la tolérance et la responsabilité et facilite une « déshumanisation ».