organization:armée syrienne libre

  • La chute d’Afrin
    http://www.enbata.info/articles/les-enjeux-de-la-bataille-dafrin

    Depuis cinq ans, #Afrin faisait figure de havre de paix en #Syrie. Mobilisée sur d’autres fronts plus urgents, l’armée Syrienne avait abandonné le canton d’Afrin aux forces kurdes du YPG en 2012. Mais depuis plusieurs semaines ce territoire est l’enjeu d’une attaque d’envergure de la part de la Turquie. Voici un éclairage sur les raisons qui ont poussé le dictateur Turc à engager cette opération militaire contre les #Kurdes.

    Bien qu’isolée des autres régions tenues par le #YPG et ses alliés des Forces Démocratiques Syriennes (#FDS), situées plus à l’Est, le canton d’Afrin avait été épargnée par les combats. Ce n’est plus le cas depuis que la Turquie a lancé le 20 janvier l’opération “Rameau d’olivier”, un nom bien singulier pour une opération militaire de grande ampleur visant à reprendre le canton d’Afrin aux Kurdes.

    Cette opération militaire, le président turc Erdogan la souhaitait depuis longtemps. La perspective d’un #Rojava (#Kurdistan syrien) autonome et aux mains d’une organisation proche du PKK, la formation politique et militaire des Kurdes de Turquie, est en effet inconcevable pour les Turcs.

    Ces derniers vivent également très mal le fait que les États-Unis aient fait des FDS leur principal allié dans leur lutte contre l’État Islamique.

    En annonçant le 14 janvier que les #Etats-Unis allaient construire une force de 30.000 hommes incluant le YPG pour surveiller le frontière entre la Syrie et la Turquie, Washington a mis le feu aux poudres et servi de prétexte à Erdogan pour envoyer ses troupes à l’assaut d’Afrin.

    Changer l’équilibre ethnique

    Avec l’opération “Rameau d’olivier”, Erdogan cherche bien plus qu’une victoire sur le YPG : “D’abord, nous éliminons les terroristes, expliquait- il le 24 janvier, puis nous rendons l’endroit vivable. Pour qui ? Pour les 3,5 millions de Syriens qui sont chez nous. Nous ne pouvons pas pour toujours les héberger dans des tentes”. Ces réfugiés ne sont pourtant pas d’anciens habitants d’Afrin ayant fui la férule du YPG car la population de la ville a doublé depuis 2012, accueillant des réfugiés attirés par cette zone apaisée. L’objectif d’Erdogan est donc de changer l’équilibre ethnique de la région afin d’affaiblir l’emprise des Kurdes et de renforcer celle de ses alliés de l’Armée Syrienne Libre (#ASL). Il peut donc paraître surprenant que la Russie, qui combat l’ASL aux côtés des forces de Bachar el Assad, ait donné son aval à la Turquie pour qu’elle lance une telle offensive. C’est pourtant ce qui s’est passé : le 18 janvier, une délégation turque était reçue à Moscou, et le lendemain les forces russes en poste à Afrin se retiraient. L’opération “Rameau d’olivier” pouvait commencer… La première raison qui explique cet apparent revirement russe est la volonté de Moscou de distendre les liens entre les États-Unis et la Turquie. Si la #Turquie quittait l’OTAN dont elle est une pièce maîtresse pour se rapprocher de la Russie et de l’Iran, ce serait une véritable révolution géopolitique. On n’en est pas encore là, mais la tension entre les deux alliés atteint des niveaux inédits. Le 6 février, Erdogan a dévoilé son intention de ne pas s’arrêter à Afrin et de continuer son offensive jusqu’à Manbij, 60km plus à l’Est. Mais contrairement à Afrin, #Manbij héberge des troupes américaines “très fières de leurs positions, et qui tiennent à ce que tout le monde le sache”.

    Pas de quoi intimider le vice-premier ministre turc qui rétorque : “Si des soldats US sont habillés comme des terroristes et traînent avec eux, et qu’ils attaquent des soldats turcs, pas de doute que nous n’auront aucune chance de les distinguer”.

    Du coup, les gradés US plastronnent : “Si vous nous frappez, nous répondrons agressivement”

    On a vu atmosphère plus cordiale entre alliés !

    Le projet de Poutine

    La volonté d’enfoncer un coin dans les relations américano-turques n’est pas la seule motivation de Moscou qui avait explicité ses projets pour la Syrie lors du premier sommet d’Astana entre la Turquie, l’Iran et la Russie, en janvier 2017.

    Ces projets prévoient une reconnaissance politique et administrative pour les Kurdes, mais à l’Est de l’Euphrate. Le canton d’Afrin, situé nettement à l’Ouest, doit quant à lui revenir à Damas. Poutine a donc vu dans l’offensive turque un moyen de parvenir à ses fins.

    Al-Monitor rapporte ainsi les propos d’un leader kurde d’Afrin : “Les forces Kurdes de Syrie ont reçu un ultimatum : laissez vos positions au régime syrien ou affrontez la fureur d’Ankara. Ils ont choisi de rester et la Turquie a lancé son assaut sur Afrin”.

    Les Kurdes semblent avoir réagi selon les prévisions du Kremlin en demandant à Damas “de protéger ses frontières avec la Turquie des attaques de l’occupant turc”. Au terme de négociations secrètes et après de nombreuses fausses rumeurs, des forces pro-régime sont arrivées à Afrin pour prêter main forte aux Kurdes, mais ce soutien n’a pas été suffisant : au terme de 58 jours de combats, Afrin est tombée le 18 mars. Selon les estimations, entre 100.000 et 150.000 habitants ont fui la ville à l’arrivée des forces turques et de leurs alliés… Erdogan peut maintenant se concentrer sur Manbij où sont stationnées des troupes américaines. La perspective d’un affrontement entre la Turquie et les Etats-Unis semble donc se concrétiser chaque jour davantage. Pour Poutine, il semblerait que ce soit un enjeu qui justifie le sacrifice des Kurdes

    • Il s’agit simplement de dire qu’amalgamer djihadistes, salafistes et islamistes est une aberration sans nom et confine, osons le mot, à la médiocrité d’analyse voire à la manipulation éhontée.

      Et à ce moment précis de la lecture de l’article, nous eussions aimé en savoir davantage. Mais ce n’est (sûrement) qu’une question de temps ...

    • Oui on en saura pas plus de Marwen Belkaid ! Pourquoi ne pas dire tout simplement et malheureusement que les démocrates laïques de gauche se sont fait voler leur révolution par des fondamentalistes, salafistes, et djihadistes avérés (source Robert Fisk, Caroline Galactéros ...) @sombre
      Triste dérive des religions et des dictatures...

    • Donc, critiqué en 280 caractères par la meute sur Twitter, El Khal est coupable de ne pas avoir la subtilité et la complexité, dans son intervention télévisée, d’un article du Monde diplomatique ou d’un « écrivain » façon Camus. La question du format se pose tout de même un petit peu, non ? (Et c’est d’ailleurs pour cela que je ne suis jamais les news à la télé.)

    • Là où réside le problème est précisément dans le fait de renvoyer dos à dos une armée soutenue par la Russie et l’Iran à des groupes rebelles hétérogènes (allant des djihadistes à l’Armée Syrienne Libre, nous y reviendrons) alors même que l’artillerie ne saurait être la même entre les multiples camps.

    • Mais par contre quand Marwen Belkaid dit :

      Je crois qu’il nous faut, sur ce sujet comme sur bien d’autres, parvenir à ne pas sombrer dans le manichéisme ambiant tout en refusant le simplisme. Voilà quel est notre chemin de crête.

      nous sommes évidemment tou·tes d’accord
      Et donc Belkaid n’a d’autres choix que de renvoyer dos à dos la presse « aux ordres » et Le Média. Désolé @marielle mais je ne pense pas que tout ce qui se lit ou se visionne dans Le Média soit parole d’évangile (si je puis m’exprimer ainsi). Donc tenir une ligne éditoriale en s’inscrivant en faux contre tout ce qui se dit dans les médias « mainstream » ne va pas vraiment apporter du grain à moudre à celles et ceux qui essaient de faire une opinion sur la question syrienne et proche-orientale en général (D’autre part, je pense ne pas être le seul à soupçonner depuis le départ l’enfumage systématique de cette presse servile que tu dénonces à propos du conflit en Syrie. Je n’avais pas attendu que Le Média me le dise. Donc les pudeurs de vierge effarouchée de El Khal)

      Pour ma part, je ne me suis jamais permis d’apporter une quelconque contribution aux discussions qui ont lieu ici sur la Syrie vu que j’ai beaucoup de mal à me faire une opinion par rapport à une problématique d’une grande complexité (désolé d’insister).
      Je ne peux que m’émouvoir (comme chacun·e de nous) des souffrances des habitant·es désarmé·es pris·es en tenaille dans les combats entre factions belligérantes.
      Ma remarque de tout à l’heure était somme toute assez « innocente » vu que je ne connais pas les différences qui existent dans les différentes tendances de l’Islam politique. Et je suis resté sur ma faim, voilà.

      Ce qu’il faut retenir de l’article (je pense) serait plutôt ça :

      Dans son discours de Suède, Albert Camus définit le rôle de l’écrivain en ces mots : « Le rôle de l’écrivain, du même coup, ne se sépare pas de devoirs difficiles. Par définition, il ne peut se mettre aujourd’hui au service de ceux qui font l’histoire : il est au service de ceux qui la subissent. […] Aucun de nous n’est assez grand pour une pareille vocation. Mais dans toutes les circonstances de sa vie, obscur ou provisoirement célèbre, jeté dans les fers de la tyrannie ou libre pour un temps de s’exprimer, l’écrivain peut retrouver le sentiment d’une communauté vivante qui le justifiera, à la seule condition qu’il accepte, autant qu’il peut, les deux charges qui font la grandeur de son métier : le service de la vérité et celui de la liberté. Puisque sa vocation est de réunir le plus grand nombre d’hommes possible, elle ne peut s’accommoder du mensonge et de la servitude qui, là où ils règnent, font proliférer les solitudes. Quelles que soient nos infirmités personnelles, la noblesse de notre métier s’enracinera toujours dans deux engagements difficiles à maintenir : le refus de mentir sur ce que l’on sait et la résistance à l’oppression ». Je crois personnellement que ces mots s’appliquent pleinement au journaliste – Camus l’était. Il est plus que temps de les faire nôtres.

      ... plutôt que de dire que les confrères « d’en face » font de la merde.

    • Au moment où l’idée d’une solution politique s’est imposée, celle d’une victoire militaire des rebelles s’est éloignée.

      Les rebelles n’ont pas assez fait la guerre. Tout s’explique.

      Prises à la gorge par l’absence de soutien matériel et financier, elles n’ont pas pu maîtriser les négociations avec leurs mécènes étrangers. Les acteurs extérieurs ont donc cultivé vis à vis de ces brigades un régime de dépendance sur le terreau de leurs vulnérabilités. Progressivement, les sponsors étrangers ont pu mettre la main sur un certain nombre de brigades ASL, jusqu’à les détourner de leurs objectifs originels fondamentaux.

      En fait, les mécènes, ils ont détourné la guerre, et c’est à cause d’eux que la guerre civile a été gagnée par Assad et l’armée régulière (armée qui je le rappelle est composée uniquement de zombies redoutables contrôlés par le démon du deuxième cercle Assad, ce dernier lui même contrôlé par le démon du premier cercle Poutine).

    • A propos de Jabhat al Nusra, qu’on nous expliquait ci-dessous n’existait plus. Ben en fait si, il existe encore. J’vais aller le dire à Lundi Matin que Lundi Matin a dit que Jabhat al Nusra existait encore, mais avec un autre nom, et que Jabhat al Nusra était bien des terroristes, et que d’ailleurs, ils commettent des attentats (pardon, ils résistent contre les oppresseurs).

      Y paraît que les américains veulent éradiquer certains rebelles. J’imagine que ces derniers ont des armes russes ?

      Les Américains, qui dans ce conflit ont pour obsession l’éradication d’al-Qaida en Syrie, c’est-à-dire du Jabbhat al-Nusra, ont voulu utiliser ces trêves afin que les rebelles se retournent contre eux. Ils ont en tête ce qu’il s’est passé en janvier 2014, quand les rebelles se sont coordonnés et ont écrasé en deux semaines l’État Islamique à Idlib et à Alep. La différence c’est qu’à cette époque, l’État Islamique ne se battait jamais contre le régime. Leur faire la guerre n’impliquait pas pour la rébellion la rupture d’une alliance. En revanche, s’attaquer au Jabbhat al-Nusra pour l’ASL, c’est perdre les meilleurs combattants et se créer un ennemi localement. Sur le front Jabbhat al-Nusra est un allié militaire de taille pour quiconque souhaite la chute du régime. Même s’il peut ne s’agir que d’une alliance de circonstance des brigades ASL avec Jabbhat al-Nusra, on ne peut pas la briser aussi simplement.

      puis

      Les islamistes, quant à eux, préparent déjà la suite. L’attentat récent perpétré à Homs le 25 février 2017 par Hayat Tahrir al-Sham (anciennnement Jabbhat al-Nusra), a tué une cinquantaine de membres importants des services secrets de la sécurité militaire de la ville. Parmi eux se trouvait le général Hassan Daaboul, chef de la sécurité militaire de Homs.

      Et enfin, donc, ci-dessous, en guise d’argument contre Le Média, ce qu’on trouvait dans cet autre article de Lundi Matin, qui décidément se jette à fond dans la bataille des idées (J’ai tapé Yémen dans le moteur de recherche de la publication, et j’ai fait chou blanc. C’est sans doute absurde comme façon de juger...)

      https://seenthis.net/messages/672813

      Si le groupe salafiste Jaysh al Islam et bel et bien présent et représente environ 60% des forces sur place, 30% sont constitués par le groupe Faylaq al Rahman — affilié à l’armée syrienne libre — et non par le Jabhat al Nusra [17] [18] [19]. Celui-ci qui d’ailleurs - nous l’annonçons à M. el Khal — n’existe plus depuis juillet 2016, depuis qu’il a rompu avec al Qaida [20], contrairement ce que le chroniqueur avance, probablement dans le but de fourrer tous les combattants de la Ghouta dans le même infâme panier.

  • Bataille d’Afrine : la trahison des Kurdes par les Occidentaux

    http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2018/02/09/31002-20180209ARTFIG00284-bataille-d-afrine-la-trahison-des-kurdes-par-les-

    Face à l’intervention turque et de ses alliés syriens, les Kurdes du canton d’Afrine qui résistent depuis plus de trois semaines, n’ont d’autre perspective que de vendre chèrement leur peau. En effet les forces russes, après négociations avec la Turquie, ont quitté l’enclave et les États Unis ne se sont pas opposés à l’offensive turque.

    Les forces alliées syriennes de la Turquie ne sont, pour l’essentiel, rien d’autre que des djihadistes, soit de « l’État Islamique », soit d’autres organisations aux idéologies similaires. Ces alliés sont qualifiés d’« Armée Syrienne Libre », - une entité plus ou moins fantôme aujourd’hui - et l’intervention militaire turque s’appelle « rameau d’olivier ». On a beau être une dictature, les apparences sont respectées avec une pointe d’humour noir.

    Les Kurdes de Syrie constituent un mouvement politico-militaire, qui depuis plusieurs années s’est battu contre l’Organisation de l’État Islamique. Il est discipliné et hautement motivé (comme j’ai pu le constater sur le terrain en 2016), avec une importante participation de combattantes, à la fois par choix politique et sociétal mais aussi pour permettre de quasiment doubler les forces armées d’une communauté minoritaire. Leur efficacité est perçue haineusement par les mâles d’une société où la femme est considérée comme un objet, ainsi que le démontrent les exactions commises à l’encontre de cadavres féminins.

    Par Gérard Chaliand

    • Ils eurent pour leur part la chance d’être filmés par des caméras occidentales. C’est grâce à l’ingérence française, relayée par les Britanniques, que les États-Unis consentirent à établir un sanctuaire pour les Kurdes d’Irak.

      Il est à peu près certain que les assiégés d’Afrine n’auront pas cette chance.

  • Un journaliste français vivant à Damas raconte son quotidien sous les bombes - Sputnik France
    https://fr.sputniknews.com/france/201801161034766446-damas-journaliste-francais

    Afin de contrer à l’avance les tweets des intellectuels visionnaires favorables à l’opposition et notamment à l’Armée Syrienne Libre, de Nicolas Hénin à Raphaël Glucksmann, signalons d’emblée que Jean-Pierre Duthion n’est pas un zélé défenseur du président syrien. Compliqué de l’étiqueter « pro-Assad » lorsqu’il ose déclarer en direct sur RMC dans l’émission d’Éric Brunet depuis Damas que « le régime syrien est un régime sanguinaire » et qu’il continue aujourd’hui de proclamer que « c’est un régime d’attardés ». Si sa vie dans le pays s’est terminée par un séjour de quatre jours dans les geôles damascènes, il admet sans ciller qu’il n’a jamais cru à la « rébellion modérée ».

    Sur l’accusation d’être un propagandiste français de Bachar al-Assad, insinuée tout au long de cet article de l’Obs, j’ai souhaité en avoir le cœur net en contactant deux journalistes avec qui il a travaillé à Damas : Antoine Mariotti de France 24 et Marion Mertens de Paris Match. Le premier est venu à Damas, la veille de l’attaque chimique de la Ghouta en 2013 et témoigne sur son fixeur d’alors :

    « Il ne jouait pas les experts militaires, il ne s’est pas présenté comme directeur de recherche. Je suis Français, j’habite à Damas voilà ce que je vois, voilà ce que je ressens, voilà ce qui se passe autour de moi. »

    Et Mariotti de dire ce qu’il en était des relations de Duthion avec les autorités : « quand on est fixeur, on est forcément en lien avec les autorités », ne serait-ce que pour la délivrance de visas pour les journalistes. Mais ajoute-t-il, il serait « caricatural de dire que c’était un soldat du régime ou un sous-fifre ». Et le journaliste de France 24 de conclure : « par contre, il avait "les boules", parce qu’il avait des amis qui évidemment étaient décédés parce qu’ils avaient pris des mortiers. »

    Quant à Marion Mertens, elle souligne que l’intérêt de la chronique de Jean-Pierre Duthion sur le site de Paris Match, c’était d’avoir « son point de vue sur ce qu’il se passait, de la vie civile alors que le pays bascule dans la guerre ». Et elle confirme la perception du personnage rencontré, « assez drôle, cultivé et foutraque » ainsi qu’un « type assez libre et qui n’est pas du tout conformiste ».

    30’ (avec un plan fixe assez Straubien) nettement plus instructives que ce que nous racontent la plupart des « Syriologues » patentés.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=3rLEqCqTD5o

    #syrie

  • La principale référence sur les massacres de civils à Alep avant-hier, c’était l’article de The Daily Beast, désormais titré Women in Aleppo Choose Suicide Over Rape, Rebels Report
    http://www.thedailybeast.com/articles/2016/12/12/last-rebels-in-aleppo-say-assad-forces-are-burning-people-alive.html

    Sa plus sensationnelle affirmation, présentée sur une ligne sortie du paragraphe, ce qui en renforce l’impact :

    “This morning 20 women committed suicide in order not to be raped.”

    Phrase attribuée à « Abdullah Othman, the head of the Consultative Council in the Levant Front ».

    Personne ne semble avoir relevé que l’un des auteurs de l’article est Michael Weiss.

    Lequel était présenté par Richard Silverstein, en janvier 2012, comme « Pro-Israel neocon hawk Michael Weiss » et « a Perle-Wolfowitz-type ». Rien que ça. L’article réagissait à un article dans Foreign Affairs Magazine dans lequel Weiss se vantait d’avoir écrit un « plan » pour appeler à une « intervention militaire étrangère » en Syrie, plan adopté par le SNC. Article explicitement titré What it Will Take to Intervene in Syria :
    https://www.foreignaffairs.com/articles/syria/2012-01-06/what-it-will-take-intervene-syria

    …The SNC [Syrian National Council] launched its official Web site [which], drawing on a blueprint I prepared…[made an] aggressive call for foreign military intervention…

    Moon of Alabama avait tracé (10 janvier 2012) le portait de ce Michael Weiss au sein de la Henry Jackson Society :
    http://www.moonofalabama.org/2012/01/neocon-israel-mouthpiece-writes-syrian-opposition-policy-paper.html

    En juillet 2012, un billet de Charlie Skelton dans le Guardian complétait un portrait tout à fait édifiant :
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2012/jul/12/syrian-opposition-doing-the-talking
    Traduit en français par Djazaïri sur le blog Mounadil :
    https://mounadil.wordpress.com/2012/07/16/syrie-et-propagande-guerriere-un-article-essentiel-de-charlie-sk

    Un des experts de la Syrie les plus cités dans les médias occidentaux – et un enthousiaste d’une intervention occidentale – Michael Weiss fait écho à l’ambassadeur Ross quand il dit : Une intervention militaire en Syrie n’est pas tant une question de préférence que d’inévitabilité. »

    Certains écrits interventionnistes de Weiss peuvent être trouvés sur le site web beyrouthin pro-Washington appelé ‘NOW Lebanon’ – dont la section ‘NOW Syria’ est une source importante d’actualités syriennes. NOW Lebanon a été créé en 2007 par Eli Khoury, un cadre de Saatchi & Saatchi. Khoury est présenté dans l’industrie publicitaire comme « un spécialiste de la communication stratégique, spécialisé dans le développement de l’image de marque des entreprises et des gouvernements. »

    En mai dernier, Weiss avait déclaré à NOW Lebanon que grâce à la fourniture d’armes aux rebelles Syriens, « nous avons déjà commencé à voir quelques résultats. » Il avait montré une approbation semblable pour les développements militaires quelques mois auparavant dans un article pour le New Republic : « Au cours des dernières semaines, l’Armée Syrienne Libre et d’autres unités rebelles indépendantesont fait de gros progrès – à la suite de quoi, comme tout blogueur peut le faire, il avait présenté son « Plan d’action pour une intervention militaire en Syrie. »

    Mais Weiss n’est pas seulement un blogueur. Il est aussi le directeur de la communication et des relations publiques de la Henry Jackson Society, un thinktank de politique étrangère ultra-ultra-belliciste.

    Parmi les parrains de la Henry Jackson Society à l’international, figurent : James « ex-CIA boss » Woolsey, Michael « secrétaire à la sécurité intérieure » Chertoff, William « PNAC » [Project for a New American Century] Kristol, Robert « PNAC » Kagan’, Joshua « Bomb Iran » Muravchick, et Richard « Prince des Ténèbres » Perle. La société est dirigé par Alan Mendoza, conseiller en chef du groupe parlementaire interpartis sur la sécurité internationale et transatlantique.

    La Henry Jackson Society est intransigeante sur sa « stratégie avancée » pour la démocratie. Et Weiss est chargé du message. La Henry Jackson Society est fière de la grande influence de son chef des relations publiques : « Il est l’auteur de l’influent rapport « Intervention en Syrie ? Une évaluation de la légalité, de la logistique et des risques, » qui a été repris et approuvé par le Conseil national Syrien. »

    Le rapport original de Weiss a été rebaptisé « Safe Area for Syria » – et a fini sur le site web officiel syriancouncil.org, comme pièce de la littérature stratégique de leur bureau militaire. La reprise du rapport de la Hery Jackson Society a été orchestrée par le fondateur et directeur exécutif du Strategic Research and Communication Centre (SRCC) – un certain Ausama Monajed.

    Je ne sais pas comment on peut citer un type aussi toxique de manière aussi unanime. Vraiment, ça me dépasse.

    Accessoirement, en fin de page, on nous informe qu’il y a du « additional reporting by Musab Al-Hamadee ». Sans préciser que Musab al-Hamadee n’est un pas simple journaliste, mais un activiste qui, dès août 2012, réclamait déjà une intervention militaire étrangère :
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/08/08/comment-s-organise-l-opposition-interieure-en-syrie_1743592_3232.html

    Contrairement à la CGRS, les CLC comptent dix représentants au Conseil national syrien (CNS) : Omar Idlibi, Leïla Al-Safadi, Suzanne Al-’Ilmi, Yasser Al-Najar, Humam Hadad, Jawan Yousef, Khalil Al-Haj Saleh, Rami Nakhla, Muhammad Al-Abdallah et Yasmine Barazi. Interrogé sur sa position vis-à-vis du CNS, Musab Al-Hamadee, 30 ans, professeur d’anglais, responsable du bureau médiatique de Hama, répond : « Notre Comité fait partie du Conseil national syrien. […] Nous savons que certains opposants ne peuvent pas travailler sur le terrain car ils seraient immédiatement emprisonnés ou tués. Pour ces raisons, j’accepte personnellement qu’ils parlent en notre nom et je voudrais que la communauté internationale les intègre et les soutienne mieux ».

    Tout comme la CGRS, les CLC travaillent en étroite coopération avec l’Armée syrienne libre (ASL) et sont pour une intervention internationale limitée. « Nous voulons que la communauté internationale réalise que le régime de Bachar Al-Assad ne comprend que le langage de la violence, des meurtres et des bombardements, et qu’il n’a rien à nous offrir sur le plan politique. Nous voulons qu’elle aide le peuple syrien à se débarrasser de ce régime en fournissant des armes et un soutien militaire à l’ASL, en mettant en place une zone d’exclusion aérienne et en lançant des frappes aériennes ciblées », explique Musab.

    La seconde très importante source, ce jour-là, utilisée pour affirmer qu’il y a des massacres de civils était attribuée à l’« ONU ». Mais en pratique, documente Moon of Alabama, il s’agissait du Haut commissaire aux droits humains, le prince Zeid Ra‘ad al Hussein, qui était auparavant le représentant de la Jordanie auprès de l’ONU :
    http://www.moonofalabama.org/2016/12/-msm-create-fakenews-storm-as-rebel-aleppo-vanishes.html

    La troisième « source » incontournable a été un « message vidéo » de Lina Shamy posté sur Twitter. C’est le message qui a lancé le terme « génocide » ce jour-là :
    https://twitter.com/Linashamy/status/808422105809387520

    • La représentante de « Médecins du Monde » a affirmé avoir recueilli les témoignages de gens qui sont sortis d’Alep : des femmes et des enfants ont été séparés des hommes de leur famille et ne les ont plus revus depuis.
      Médecins du Monde travaille avec plusieurs organisations/groupes humanitaires sur place.

      Il y a plusieurs témoignages de gens qui amènent à penser qu’il y a eu des exactions sexuelles sur des femmes. Difficiles d’avoir des preuves dans les conditions actuelles. Mais n’importe quelle armée, on le sait, abuse des femmes quand il n’y a pas de témoins.

      L’ONU semble avoir des témoignages sérieux que des gens aient été exécutés à l’arme blanche, en dehors des combats.

      Ni Poutine ni Assad ne laissent accéder des observateurs témoins, journalistes ou autres.

      Il y a un grand nombre de forces diverses milices, armées, individus, et pas d’observateurs. Les crimes sont nombreux dans ces conditions. Ceux qui sont en position de force risquent bien évidemment de faire les crimes les plus grands.

      Je trouve que dans la période actuelle ou tant de gens meurent et risquent leur vie (Assad et Poutine ont déjà fait la preuve de leur absence totale d’humanité, et leur société bouclée le leur permet), c’est vraiment ignoble de mettre en doute le fait qu’une masse de gens est en très grand danger.

      C’est la même chose quand la télé occidentale euphémise les massacres à Gaza et les meurtres réguliers d’enfants par l’armée ou les colons israéliens (avec du matériel américain). C’est ignoble.

      Peut importe que ceux qui sont menacés soient 100, 1000, 10 000, ou 100 000, il faut appuyer les pressions pour qu’ils soient épargnés.
      Tout comme il faut faire pression quand le matériel militaire ou le renseignement, américain et/ou français, sert à des crimes de guerre.

      Il n’y a pas à choisir son camps en dehors de celui de l’opposition aux guerres contre des gens qui ne nous agressent pas.

    • Par contre ce commentaire là est parfaitement bienvenu :

      https://twitter.com/HaddadScarlett/status/808932778645536768

      Ce qui se passe à Alep est il pire que atrocités commises au Yémen ? On dirait que le plus choquant pour certains c la victoire pas les crimes

      https://twitter.com/CouPichu/status/808968918006112256
      @HaddadScarlett @JGleizes ou plutôt il faut une pression immédiate sur l’Arabie saoudite pour faire cesser la famine

  • Le Parti islamique du Turkestan (Turkistan Islamic Party), groupe jihadiste principalement composé de Ouïghours, qui opère désormais aussi dans le Nord-Ouest de la Syrie en collaboration notamment avec al-Nusra, vient de publier sur son compte twitter des photos les montrant en train d’utiliser des missiles anti-tanks américains TOW dans des combats récents contre l’armée syrienne dans les plaines du Ghab (nord de Hama).
    Photo du compte twitter : https://twitter.com/turkstanIslamia/status/679199894654074880

    Si la chose est avérée, la question se pose une nouvelle fois, comme pour d’autres groupes jihadistes, de savoir qui leur a livré ces armes. Certains des alliés des Américains qui en ont récemment acheté (Arabie saoudite/Qatar) ou bien des groupes labellisés modérés de l’Armée Syrienne Libre équipés avec ces missiles par la CIA ?
    Précision : le Parti Islamique du Turkestan - très probablement soutenu par la Turquie (voir l’article de Sy Hersh) - est classé organisation terroriste par l’ONU, l’UE, les USA, la Russie et la Chine...

    Turkistan Islamic Party claims using US-made anti-tank missile in northwest Syria
    http://www.longwarjournal.org/archives/2015/12/turkistan-islamic-party-claims-using-us-made-anti-tank-missile-in-no

    The Turkistan Islamic Party (TIP), an al Qaeda-linked Uighur jihadist group, has posted a photo to social media claiming its fighters recently used at least one US-made TOW anti-tank missile against Syrian regime forces in northwestern Syria. This photo is part of a wider release from the strategic Al Ghab plain in northern Hama province.
    The photo above was released on one of the TIP’s official Twitter accounts with an English caption saying, “The Turkistani mujahideen brothers deliver a strong response to the Nusayri [derogatory term referring to the Assad regime] army by the Russians.” However, it is unclear if the jihadist group is actually using the American-made missile. It is entirely possible that a TOW-supplied rebel group belonging to the Free Syrian Army (FSA) was operating alongside the TIP at the time of the photo. While many jihadist groups, including al Qaeda’s official branch in the country, operate in the Al Ghab plain, several FSA groups operate alongside these forces against the Assad regime and its allies.
    If the missile was operated by an FSA group, this would offer more evidence that TOW-supplied rebel groups continue to support jihadist operations in the country

  • Il y a plus d’État que d’Islamisme dans l’État Islamique

    http://www.spiegel.de/international/world/islamic-state-files-show-structure-of-islamist-terror-group-a-1029274.html

    Cet article a fait l’objet d’une traduction partielle publiée dans « Le Monde » du 25 avril 2015 et reprise ici :

    https://larmurerie.wordpress.com/2015/04/26/a-lire-haji-bakr-le-cerveau-de-letat-islamique

    On a bien affaire à un phénomène « de notre époque » et non pas à la résurgence d’une barbarie d’un autre temps. Ce phénomène s’inscrit parfaitement dans la décomposition de toutes les catégories qui structure notre forme de vie globalisée (et dont la nostalgie forme le terreau des pires saloperies) : travail, valeur, marchandise, État...

    Si nous devons nous sentir concernés par la menace Daesh, ce n’est pas parce qu’ils nous agressent, ni même parce qu’ils seraient le produit de notre ingérence, mais parce qu’ils préfigurent une trajectoire de décomposition de la société capitaliste dans laquelle rien n’exclut que nous ne bifurquions.

    • Si les documents d’Haji Bakr ne contiennent aucun message sur la tradition des prophètes ou les promesses d’un « Etat islamique » prétendûment voulu par Dieu, la raison en est simple : son auteur était convaincu que l’on ne peut remporter aucune victoire avec des convictions religieuses, aussi fanatiques soient-elles. En revanche, on pouvait très bien mettre à profit la croyance des autres. C’est ainsi qu’Haji Bakr et un petit groupe d’anciens officiers des services secrets irakiens élurent en 2010 comme chef officiel de l’EI Abou Bakr Al-Baghdadi, émir et futur « calife ». Baghdadi, religieux et érudit, devait, selon leurs calculs, donner à ce groupe une apparence de religion.

      et

      En 2003, le pouvoir de Damas était paniqué à l’idée que le président américain de l’époque, George W. Bush, après sa victoire sur Saddam Hussein, puisse envahir la Syrie pour y changer de régime. Dans les années qui suivirent, les services syriens organisèrent le transfert de milliers d’extrémistes de Libye, d’Arabie saoudite et de Tunisie vers Al-Qaida en Irak : 90 % des aspirants kamikazes étrangers arrivèrent dans le pays en passant par la Syrie. Il s’ensuivit une étrange partie à trois entre les généraux syriens, les djihadistes venus du monde entier et les anciens officiers de Saddam Hussein : une joint-venture d’ennemis jurés pour rendre la vie des Américains en Irak infernale.
      Dix ans plus tard, Bachar Al-Assad avait une bonne raison de revitaliser cette alliance : il voulait montrer au monde qu’il était le moindre mal. Les relations du régime syrien avec l’EI étaient empreintes d’un pragmatisme tactique, chaque camp cherchant à utiliser l’autre. Dans les combats opposant l’EI et les rebelles, les avions d’Assad n’ont pendant longtemps bombardé que les positions rebelles, pendant que les émirs de l’EI donnaient l’ordre à leurs combattants de ne pas tirer sur l’armée gouvernementale.

    • Les documents retrouvés chez Haji Bakr permettent pour la première fois de mieux comprendre comment est organisée la direction de l’EI et quel rôle y jouent les anciens cadres du dictateur Saddam Hussein. (...)

      On a l’impression que George Orwell a porté sur les fonts baptismaux ce monstrueux rejeton de surveillance paranoïaque. Mais c’était en fait beaucoup plus simple. Haji Bakr se contentait d’adapter ce qu’il avait toujours connu : le service de renseignements tentaculaire de Saddam Hussein où personne, même un général des services de renseignement, ne pouvait être sûr de ne pas être surveillé à son tour. L’auteur irakien en exil Kanan Makiya a bien décrit cette « république de la peur » : un Etat où n’importe qui pouvait disparaître à tout moment et qui vit son avènement lorsque Saddam prit le pouvoir en 1979, en dévoilant un complot fictif.

      En pensant au mode opératoire de l’attaque du 13, me disait que la voiture piégée, ou l’explosion dans un lieu peuplé avait cédé la place à l’exécution en grand nombre par armes à feu, le tir dans les foules (bien qu’il semble que le projet mal ficelé était aussi de se faire sauter dans les tribunes du stade), ce qui est tout de même assez particulier et qui fut le mode opératoire dominant des première ripostes du régime syrien au soulèvement qui visait à le destituer.

      je crois utile de rappeler ici les entretiens avec Pierre Torres
      http://seenthis.net/messages/311579
      https://lundi.am/Pierre-Torres
      http://seenthis.net/messages/329636
      http://seenthis.net/messages/332937

    • @petit_ecran_de_fumee sans compter que face au soulèvement, Assad a fait de libérer grand nombre de prisonniers islamistes des geôles syriennes...
      C’est sans doute trop analogique pour être sérieux pour les bons connaisseurs de la région mais je persiste à penser que c’est l’invasion du Liban par Israel qui a enfanté le Hamas, c’est-à-dire l’émergence du « meilleur ennemi possible » pour Israel. Et que ce processus historique là est médité par tous les régimes qui peuvent faire usage de ses lignes de force.

    • Non, mais que Assad a joué de leur liberté pour écraser une révolte que son armée (aux nombreux déserteurs) à elle seule ne pouvait assurer, et que Daech fonctionne et agit pour partie en miroir avec le régime syrien (et pas tant selon un mode Stasi, comme le soutiens l’article allemand, pour se faire comprendre de ses lecteurs). Mais vous en savez plus que moi, n’hésitez pas à me dire en quoi ces approximations seraient fausses.

    • http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/maher-esber-ancien-chef-islamiste-627427

      Maher Esber estime que « le régime syrien savait très bien ce qu’il faisait. Dès les premières manifestations il a qualifié les protestataires d’extrémistes, de terroristes affiliés à Al Qaeda. En libérant ces djihadistes il n’a fait qu’accréditer ces accusations et cette stratégie a réussi ». Maher Esber reconnait qu’après avoir libéré des centaines de djihadistes le régime de Bachar Al Assad a su tirer profit de leur montée en puissance.

    • Les jeux de billards à 5 ou 6 bandes, rien de tel pour rendre la compréhension des évènements impossible.

      « Alors vous comprenez, si Al Qaeda et Daesh sont nés, c’est parce que Assad les détenaient dans ses prisons et qu’il les a libéré. Et s’ils possèdent des chars d’assaut américain de dernière génération, c’est parce que Assad les a entrainé à les utiliser pendant qu’ils étaient en prison et que Assad leur a ensuite donné les clefs. Et si Al Qaeda et Daesh vendent du pétrole à la Turquie et à qui en veut, c’est parce que Assad, par machiavélisme anti-américain, les a laissé passer la frontière. Et même que c’est Assad qui prête des camions pour le transporter ».

      Plus j’t’embrouille, mieux c’est. Et s’il te plait, oublie vite le rôle des Saoudiens et des Qataris. Ce ne sont que des second rôles dans l’histoire. Et encore. Comme ils donnent de l’argent à tout l’monde, c’est comme s’ils n’en donnaient à personne.

    • @colporteur : l’article comporte à mon sens effectivement plusieurs « approximations fausses ».

      Quelques remarques sur l’article lui-même:

      1° - Même si les circonstances de sa découverte sont évoquées, la source qui a donné la 1ère série de documents au Spiegel n’est pas mentionnée. Pas même le groupe qui l’aurait fait. Je ne prétends pas contester l’authenticité de ces documents qui, malgré ce bémol, et pour les parties strictement tirées des documents présente peut-être un intérêt, mais celui-ci est nettement contrebalancé par des omissions et des supputations du seul journaliste présentées fallacieusement comme tirées des documents.
      2° - Ainsi le passage que vous citez sur le fait que Assad aurait noué certaines alliances en 2003 qu’il aurait « revitalisé 10 ans plus tard » n’est manifestement pas tiré de la deuxième série de documents, ce qui n’est pas clairement indiqué dans l’article. Le procédé me paraît du coup un peu manipulatoire. Car d’une part le journaliste fait simplement écho aux déclarations de l’époque de l’administration Bush, sans les contextualiser, lorsqu’il évoque l’époque de 2003 – les choses ont probablement été bien plus complexes que cela. D’autre part il n’évoque aucun fait précis qui permettrait de justifier cette idée qu’Assad aurait ensuite directement contribué à créer Daesh "10 ans plus tard" si ce n’est que le journaliste pense être que ça aurait été l’"intérêt" d’Assad. J’insiste donc sur le fait que la thèse implicite de ce passage qui est qu’Assad a directement et délibérément créé ou contribué à créer Daesh ne repose sur rien d’autre que le sentiment du journaliste tout en étant dans l’article à la suite des révélations tirées de la 2e série de documents, sans que la séparation entre ce qui provient des documents et les seules supputations du journaliste ne soit marquée.
      3° - La deuxième série de documents a été donnée au Spiegel, de leur aveu, par le groupe Liwaa al-Tawhid. Or celui-ci est un groupe islamiste (de l’avis de beaucoup émanation des Frères musulmans) qui a initialement rejoint la fameuse armée syrienne libre avant d’adhérer au Front islamique (en 2013). Le but de ce « Front » était d’établir un Etat islamique reposant sur la charia, et rejettait l’établissement d’un Etat démocratique. Les deux principales organisations de ce Front islamique sont Ahrar al-Cham et Jaysh al-islam. Toutes les deux sont d’idéologie salafiste, la première soutenue par le Qatar et la Turquie, la seconde par l’Arabie saoudite. Ajoutons qu’Ahrar al-cham a depuis rejoint au Nord une coalition qu’il domine conjointement avec al-Qaïda en Syrie (Jabhat al-Nusra) au sein de la coalition nommée Jaysh al-Fateh. Quant à Liwaa al-Tawhid elle a largement depuis disparu des radars. Je dois donc en conclure que le journaliste du Spiegel considère qu’un groupe islamiste qui mène une lutte armée contre la dictature syrienne pour le remplacer par un Etat non-démocratique reposant la charia, allié à des groupes salafistes dont les chefs se proposent publiquement de massacrer tous les alaouites (voir les déclarations de Zahran Alloush) et qui sont financés par les pétromonarchies du Golfe constitue ceux que le journaliste du Spiegel appelle indistinctement « les rebelles « et vous - à moins que je n’ai mal compris ? - « la révolte ».
      4° - Ce point est fondamental. L’article occulte le fait que jusqu’à la scission al-Nusra/Etat islamique en Irak, le groupe d’al-Baghdadi a été considéré par les plus hauts représentants de l’Armée Syrienne Libre comme une composante de la rébellion syrienne et ce jusqu’en 2013. Contrairement à ce que dit l’article ce groupe n’était pas présent que sous la forme de cellules dormantes se cachant derrière des bureaux de Da3wah (prédication). Il a combattu auprès de l’ASL durant la période 2012-2013 qui lui en rendait grâce. Alors quoi l’ASL était aussi manipulée par Assad ?

      Quelques remarques plus générales:

      1° - Je vous demande le nom d’un des islamistes libérés dans le cadre de l’amnistie de 2011 d’Assad qui aurait ensuite tenu une position importante au sein de Daesh ce qui permettrait d’étayer votre thèse sous-entendue ici : « sans compter que face au soulèvement, Assad a fait de libérer grand nombre de prisonniers islamistes des geôles syriennes... » . En réalité ceux qui soutiennent cette thèse n’ont que 3 noms à donner : Hassan Aboud et Abou Khaled al-Souri d’une part, qui ont en fait tous deux fondé le groupe Ahrar al-Cham considéré par l’Armée syrienne Libre comme des gens très bien et que nos médias continuent à intituler la « rébellion », et Abou Moussab al-Souri d’autre part dont la libération est une rumeur infondée puisqu’il était censé avoir rejoint al-Qaïda et qu’al Dhawaïri en personne a démenti cette rumeur assurant qu’il était toujours emprisonné en Syrie.
      2° - Je vous fais remarquer par ailleurs qu’avec le même genre d’argument et en adoptant la même logique, mais cette fois-ci étayée sur des faits, on pourrait en venir à dire que Daesh est en fait une création des Etats-unis puisque le « calife » de l’Etat islamique a été détenu puis libéré du camp américain d’al-Bucca avant de devenir le chef de l’Etat islamique en Irak puis de l’EIIL (Daesh) et d’EI. J’ajoute que le commandant militaire de l’Etat islamique, Abu Omar al-Shishani, un géorgien d’origine tchétchène qui combattu les forces russes dans les forces spéciales de la Géorgie de Saakachvili, a reçu la formation militaire d’instructeurs américains.
      En passant, que Daesh soit une création des Etats-Unis, est, d’après un sondage, une opinion majoritaire en Syrie.
      3° - L’hypothèse selon laquelle Assad aurait « revitalisé son alliance » avec l’Etat islamique en Irak en 2013 ("10 ans plus tard") par intérêt perd de vue le fait qu’à la même époque Nouri al-Maliki en Irak se rapproche d’Assad, a poussé les soldats américains vers la sortie (en 2011) et se rapproche de la Russie à qui il se met à commander des armes. Il est par ailleurs très proche de l’Iran. Croit-on Assad assez sot pour aider l’Etat islamique en Irak au risque qu’il élimine le seul allié qu’il ait à ses frontières, et ce au moment même ou après des relations tendues il est justement en train de devenir son allié ? Croyez-vous par ailleurs que les services iraniens en savent moins que vous ou bien qu’ils auraient continué à soutenir à Assad alors que ce jeu comportait ce risque – qui a effectivement eu lieu puisqu’al-Maliki est tombé à la suite des conquêtes de Da3ich en Irak, permettant ainsi aux Américains d’imposer un al-Abadi plus souple envers eux et de se réimpliquer en Irak - alors que c’était, selon le Spiegel, la hantise d’Assad en 2003 ?
      4° - Puisque le texte du Spiegel fait remonter toute cette histoire à 2003 il aurait été bon qu’il mentionne l’organisation qui, par changement de noms et agrégation de forces, est devenue l’Etat islamique : le groupe al-Zarqawi. Celui-ci a été porté à la connaissance du monde et élevé au rang de menace mondiale par les Etats-Unis dans leur justification de l’invasion de l’Irak en prétextant que ce groupe, jusque là cantonné aux confins du Kurdistan irakien, était en fait al-Qaïda et lié à Saddam Hussein – vous ne voyez pas comme une analogie ? J’ajoute que ce groupe, du fait de sa stratégie ultrasectariste et ses massacres de chiites, me paraît être un candidat très improbable pour avoir reçu le soutien, même machiavélique et très intéressé, d’Assad.
      5 - Je vous invite vivement à consulter ce document de la DIA de 2012 (services secrets de l’armée américaine), authentifié dans deux émissions de télé (al-Jazeera english et RT) par le chef de la DIA de l’époque, Michael Flynn : http://seenthis.net/messages/372860

      Je me tiens prêt à faire le travail fastidieux de vous donner des sources consultables pour vérifier les faits que j’évoque ici si vous me le demandez.

    • @colporteur : Je ne suis pas là pour dire qu’Assad n’est responsable de rien dans cette guerre : c’est une ordure, rien à redire à cela... mais il a une armée et une population derrière lui qui représentent tous ensemble la Syrie légale : en face, des terroristes dans l’acception la plus stricte, telle que définie par la plupart des états dans le monde. Et ces terroristes, leur financement est connu et documenté, leurs soutiens sont connus et documentés ("ils font du bon boulot", comme on dit en langage diplomatique français).

      En somme mon seul propos était que les false flags de la part de journalistes manipulés, c’est lourd. Surtout quand c’est aussi stupide que « ça ».

      Comme dirait d’autres seenthisiens, quand y-a #un_complot_qu_on_a_le_droit_de, faut se demander pourquoi celui-là et pas les autres.

    • Merci pour ta contribution @souriyam, elle est effectivement beaucoup plus informée que je ne le suis. Sans plus d’ironie que précédemment. Tes remarques étayées sur les fragilités de l’article me paraissent recevables. Sur la libération d’islamistes par le régime d’Assad, je me fondais sur le souvenir de lectures
      http://seenthis.net/messages/357346
      http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/06/10/debut-de-la-liberation-de-prisonniers-en-syrie_4435430_3218.html
      http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/maher-esber-ancien-chef-islamiste-627427
      que parmi ces libérés il y en ait peu qui aient atteint ensuite une renommé comme membres importants de Daech ne me semble pas démontrer grand chose quant à leur implication effective, je peux me tromper.
      Ici même, je le retrouve maintenant, des posts ont contesté qu’il s’agisse dune manipulation d’Assad
      http://seenthis.net/messages/283373

      L’intérêt principal de cet article tient à ses sources (dont je ne sais si elles sont critiquables, ciritiquées) qui permettent de donner à voir comment se manage la construction d’une organisation fasciste, à quel type d’organisation étatique est-il fait recours pour battre une révolution (question déjà présente dans les entretiens avec Pierre Torres).
      Vous ne citez pas Haji Bakr, comment situeriez-vous son rôle ? Le journaliste allemand cite la Stasi, et pas les Moukhabarat... mais pour le coup, en ce qui concerne des méthodes d’organisation clanico-maffieuses, empreintes de toute la violence de sujétion interne et externe possible, on vérifierait, ici, que la rivalité conduit au mimétisme (pas besoin d’adhérer pour cela à une théorie générale de la rivalité mimétique).

      L’approximation grossière dont je me réclame est plus grossière encore que celle de l’article qui prétend lui s’appuyer sur de faits. Elle admet a priori que toutes le forces en présence ont des raisons et des possibilités de recourir à des manipulations, sans admettre pour autant que ces manipulations puissent à elles seules expliquer une situation ; d’admettre qu’un pouvoir a tout intérêt à se choisir le meilleur ennemi possible. Cela je le tiens de quelques exemples qui ne sont pas syriens, celui du PS jouant du FN depuis les années 80 (ce qui n’ôte rien à la dynamique propre de ce parti) ou de la politique israélienne de destruction de la résistance palestinienne qui a conduit l’essentiel de celle-ci à renaître depuis le repli sur le noyau de la foi.

      Pour ce qui est de la Syrie, j’ai l’impression que pendant que la population continue d’être décimée et alors que tout espoir d’émancipation (pour dire vite) semble désormais intenable on peut s’attendre à tout ... Depuis pas grand chose si ce n’est mon expérience d’ado ayant par le passé joué au Risk :) : puisque les américains ne se lanceront pas dans une intervention terrestre, la suite reste imprévisible. Un renversement d’alliances ne parait pas à exclure, la Russie et la France imposant conjointement à Assad et à l’ASL de coopérer pour endiguer ou « exterminer » (comme dit Valls) Daech...

    • @colporteur : pardon pour le ton inutilement véhément. Je m’emporte peut-être un peu vite quand il est question de la Syrie.
      Pour ce qui est de la libération par Assad dans le cadre de l’amnistie de 2011 d’un certain nombre d’islamistes, elle ne fait pas de doutes. Il n’est pas interdit de faire l’hypothèse d’une certaine manipulation du régime à cette occasion mais il faut bien voir tout de même que tous les noms qu’on nous cite n’accréditent pas la thèse d’une création de Da3ich par Assad. De plus beaucoup de ceux qui utilisent cet argument - je ne parle pas de vous - soutiennent par ailleurs que nous aurions dû armer ces groupes, dont Ahrar al-Cham voire al-Nusra. On ne peut pas d’un côté prétendre qu’Assad a libéré des monstres et d’un autre côté se proposer de soutenir les groupes que ces monstres ont fondé ! Ainsi Robert Ford, ambassadeur américain en Syrie de 2010 à 2014 a soutenu cette thèse et chantonne maintenant que l’Occident devrait soutenir Ahrar al-Sham : http://www.mei.edu/content/at/yes-talk-syria%E2%80%99s-ahrar-al-sham
      Quant à David Petraeus, directeur de la CIA de 2011 à 2012, il propose maintenant publiquement de soutenir certains éléments d’al-Nusra (soit al-Qaïda en Syrie) :
      http://edition.cnn.com/2015/09/01/politics/david-petraeus-al-qaeda-isis-nusra

      It was an arresting headline in The Daily Beast on Monday: “Petraeus: Use Al Qaeda Fighters to Beat ISIS.” The report didn’t quote retired Gen. David Petraeus directly, but suggested he had told associates that he supports using “so-called moderate members of al Qaeda’s Nusra Front to fight ISIS in Syria.”
      In an exclusive statement to CNN, Petraeus clearly feels that his view requires much more explanation, back story and nuance.
      “We should under no circumstances try to use or coopt Nusra, an Al Qaeda affiliate in Syria, as an organization against ISIL,” the retired general and former CIA director told CNN, using another name for ISIS. “But some individual fighters, and perhaps some elements, within Nusra today have undoubtedly joined for opportunistic rather than ideological reasons: they saw Nusra as a strong horse, and they haven’t seen a credible alternative, as the moderate opposition has yet to be adequately resourced.”

      Or ces gens là, Petraeus et Ford, pour ne prendre que ces deux là, ont piloté la politique américaine en Syrie. Cela devrait nous donner à penser sur les ambiguïtés - pour le dire gentiment - de la guerre clandestine que l’"Occident" (y compris l’Etat français) a mené contre le régime syrien.
      Vous dîtes :

      L’approximation grossière dont je me réclame est plus grossière encore que celle de l’article qui prétend lui s’appuyer sur de faits. Elle admet a priori que toutes le forces en présence ont des raisons et des possibilités de recourir à des manipulations, sans admettre pour autant que ces manipulations puissent à elles seules expliquer une situation ; d’admettre qu’un pouvoir a tout intérêt à se choisir le meilleur ennemi possible

      Je suis tout à fait d’accord avec vous à la condition d’admettre que cette remarque vaut à la fois pour le régime syrien, la soi-disant rébellion modérée et l’Etat islamique. Mais cela vaut aussi pour l’ensemble des forces régionales et internationales qui soutiennent l’un ou l’autre camp. Et cela fait vraiment beaucoup de monde...

      Pour ce qui est de l’intérêt factuel dans l’article du Spiegel de documents qu’il commente (ayant trait à l’organigramme d’EI, le contrôle des populations et le rôle d’anciens cadres de la dictature de Saddam Hussein), je serai plutôt d’accord. Dommage que le Spiegel n’ait pas rendu public l’ensemble des documents. Des ouvrages évoquent par ailleurs ces mêmes questions, notamment celui d’Haytham al-Manna « Daech, l’Etat de barbarie » : http://www.madaniya.info/2014/09/12/califat-daech-prologue
      et celui, à mon avis plus médiocre et discutable de Loretta Napoleoni : « l’Etat islamique, multinationale de la violence ».

      Cordialement.

      @odilon : malheureusement je suis bien incapable de réaliser un tel travail.

    • Je suis pas choqué @souriyam par vos remarques ni même le ton que vous avez employé, je précisais juste ne pas être ironique (pour l’être il faut se croire sachant). Sinon pour avoir un fréquenté des réfugiés syriens ici, je ne parlerais pas de « modération » à propos de la soif de liberté et des risques encourus qui ont caractérisés le soulèvement là-bas. Modération, c’est une catégorie médiatico journalistique qui ne me va pas. La vie n’est pas modérée. Pour voir connu aussi des Libanais contraints de fuir le Liban pour éviter un embrigadement forcé par les phalangistes en passant par la Syrie, il me semble que la barbarie de ce régime n’ pas à être démontrée. Peu importe, je vais lire le texte que vous conseillez dont le titre s’inspire de celui de Seurat.
      Ce qui reste surprenant, quand même, et qui m’intéresse, c’est comment on mate une révolution

    • @odilon et @rastapopoulos : pas de fausse modestie de ma part quand je dis que j’en suis incapable. Il me manque non seulement les compétences cartographiques mais aussi linguistiques. Baragouiner péniblement quelques mots d’arabe est un niveau très insuffisant pour lire et traiter des sources primaires ou simplement utiliser la presse arabe... Il me semble par ailleurs - mais je ne veux balancer personne ;) - qu’il y a quelques seenthissiens qui seraient beaucoup plus aptes que moi pour un tel travail.

      @colporteur : pour ce qui est de Hajji Bakr, dont je ne sais rien de plus que ce que dit wikipedia, pour une fois les commentaires de Romain Caillet, qui relativise lui aussi l’intérêt de cet article, sont peut-être éclairants :
      https://twitter.com/RomainCaillet/status/590469560303779840

  • Les Syriens, oubliés depuis si longtemps ...
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article772&artpage=2-3#outil_sommaire_1

    Depuis 2011, la Syrie a vécu à la fois des élans révolutionnaires, de violentes attaques contre-révolutionnaires, la monté du fascisme religieux, la perpétuation des atrocités commises par l’Etat d’el-Assad, le tout dans une indifférence internationale parfaitement honteuse. La vie de millions d’êtres humains a basculé dans la tragédie, les destructions sont massives…

    Sans aucune prétention, j’ai cherché ici à faire un point, celui d’un humain qui s’interroge sur la base des informations qu’il a pu recueillir.

    Commençons par le début. Les révolutionnaires syriens ne sont pas sortis dans la rue pour réclamer un Etat islamique, l’application de la charia ou pour obtenir davantage de mosquées. Non, ces gens sont sortis dans la rue pour réclamer liberté et dignité, réclamer leur droit à la parole et ne pas entendre seulement la voix de Bachar. Quoi de plus normal que de voir, dans un pays, des gens se soulever contre un tyran, contre celui et ceux qui les oppriment, c’est-à-dire celui et ceux qui les gouvernent ?

    40 ANS DE DICTATURE ÇA SUFFIT

    En mars 2011, à Deraa (ville du sud-ouest de la Syrie), des enfants, très jeunes – l’aîné avait 14 ans, mais on murit vite dans de telles situations – inspirés par les soulèvements en Egypte et en Tunisie, ont écrit sur un mur «  Le peuple veut la fin du régime  ». Il s’en est suivi un enchainement inouï de violences. Les forces de l’ordre de l’Etat d’el-Assad arrêtent ces enfants, les frappent, les torturent, leur arrachent les ongles… Ce sont leurs méthodes habituelles et c’est ce qu’ils font subir à ces enfants. Des humains de Syrie, ne vont pas rester insensibles face à ce nouvel épisode d’horreur. Ils sortent dans la rue pour tenter de les faire libérer. C’est par des rafales de mitrailleuse que l’Etat barbare leur a répondu. Des enfants, seuls les cada-vres mutilés, brûlés, sacrément amochés, sont rendus aux familles.

    C’est l’étincelle. Tout s’enflamme. D’énormes rassemblements et manifestations pacifiques vont suivre dans tout le pays. C’est principalement chez les plus défavorisés que la révolte gronde, alors que les privilégiés apporteront un soutien incontestable à Bachar le sanguinaire.

    Des actions symboliques comme l’arrachage de posters à l’effigie du tyran ou la destruction de statues des el-Assad (père et fils), l’attaque d’un siège du parti Baas et la colère massive grandissante, seront toujours calomniées par l’impressionnant appareil de propagande de Bachar qui les taxera de « terrorisme ». La rhétorique de Bachar est simple : qui s’oppose à lui ne peut être qu’un dangereux « terroriste », alors que lui-même est un brave pacifiste qui ne recherche que le bonheur de son peuple, comme il l’écrit, par exemple, dans ce communiquée de presse (novembre 2011) :

    « Mon rôle, en tant que président, et c’est mon obsession quotidienne, est de savoir comment mettre un terme à ce bain de sang causé par des terroristes armés qui œuvrent dans plusieurs régions ».

    Comme si les personnes massivement présentes dans cette rébellion, à ce moment-là, étaient des barbus sanguinaires et que lui, maître incontesté du pays, était le garant de la « laïcité » et de la « paix » en Syrie.

    Or, s’il y avait et s’il y a une chose que les Syriens n’ont pas à attendre de l’Etat, c’est bien qu’il combatte le vrai terrorisme. Mais contre la révolution, ce sera une lutte acharnée que les bourgeois syriens mèneront.

    Vouloir transformer l’homme révolté en « terroriste », ne sera pas le gros mensonge de la seule propagande d’Etat d’el-Assad. Il sera repris immédiatement par tous ses alliés et au-delà, c’est-à-dire beaucoup plus de monde que l’on ne croit. Il est vrai que l’Etat de Bachar a su se créer, par sa « générosité », beaucoup d’amis discrets mais actifs…

    La résistance populaire, quant à elle, s’organise autour de « Comités locaux », pour venir en aide aux familles des victimes. Des lieux s’ouvrent, où la parole jusqu’alors muselée, se libère. Face aux problèmes du quotidien, vient alors le « Comment faire face ensemble ».

    « Mener leur vie indépendamment des institutions et organes d’Etat, établir un espace qui permette la collaboration collective des individus, activer la révolution sociale aux niveaux local, régional et national ».

    Voila comment Omar Aziz, révolutionnaire syrien mort en prison, voyait les Comités locaux de coordination, comme le rapportent les propos d’un de ses amis, Buddour Assan.

    Pendant ce temps, les services de police ainsi que des miliciens syriens (très actifs et très fidèles à Bachar) mènent la répression, commettent des tueries, des bains de sang, couverts par le silence médiatique. En réponse, le mouvement populaire donnera alors naissance au premier groupe armé dont nous entendrons parler, l’Armée Syrienne Libre, composée de déserteurs et d’habitants. Leur mission sera de défendre ceux qui se font massacrer par les forces obscures d’el-Assad et du Hezbollah libanais. Un lien soudé existera entre l’ASL et les Comités locaux. Ce mouvement, jusqu’alors resté pacifique, n’aura d’autre choix que de prendre les armes. Les villes d’Alep et de Homs seront des terrains de fortes confrontations. Les chars du pouvoir vont entrer en jeu, puis viendra le tour des bombardements, puis l’utilisation d’armes chimiques, notamment le gaz sarin, faisant des massacres  : 1 400 morts dans les banlieues de Damas le 21 août 2013…

    Selon la propagande d’el-Assad, aussitôt reprise en boucle par ses fidèles alliés, ce sont les rebelles qui se seraient envoyé ce gaz toxique dessus pour qu’interviennent les forces étrangères. Ben voyons. Et devant l’incohérence de ce « message », qui ne passe pas toujours bien, le deuxième argument de la propagande assadienne est de nier les faits  : le rapport sur le gaz sarin serait un faux. Difficile à croire quand on voit la tournure des événements (mais les alliés de Bachar ont quand même réussi à semer le doute en Occident) ! Toujours est-il qu’il n’y a eu aucune intervention pour arrêter les massacres. El-Assad a pu continuer ses crimes aux yeux de la terre entière, sans qu’il y ait de grande réaction. Il a pu franchir la fameuse « ligne rouge » sans que l’action (ou plutôt l’inaction) internationale bouge d’un iota.

    Résumons  : Quand les Syriens s’expriment pacifiquement, par un tag ou des manifestations, ils ont des balles comme réponse. Quand ils s’arment défensivement pour se protéger, c’est l’artillerie lourde. Et quand cela n’est pas assez « efficace » ce sont les bombardements. Une fois le gaz sarin confisqué (1), c’est à coup de barils de TNT que la population sera exterminée. C’est comme ça que le régime el-Assad procède quand il veut mettre un terme à « un bain de sang ». Le cynisme ajouté à la cruauté !

    Quant à la « laïcité » de Bachar, qu’on nous a servi ici comme « justificatif », quant à sa volonté de « réconciliation », c’est de la pacotille. Les deux principaux slogans de ses sbires en disent plus long que tous les discours : «  Bachar, ou nous brûlons tout  » et «  Dieu, la Syrie, Bachar et c’est tout  » . Résultat, 4 ans plus tard  : pas loin de 200 000 morts et des millions d’êtres humains fuyant la Syrie.

    LES FORCES D’OPPOSITION

    Face à cette montée de la résistance populaire, el-Assad a eu l’astuce de libérer des prisonniers politiques. Mais, ce ne furent pas des communistes, ni des démocrates, ni des personnes incarcérées à la suite de mouvement pacifiques. Non, non, les premiers libérés – très vite libérés - ont été les islamistes radicaux et des droits communs violents (condamnés pour meurtre…).

    Cette manœuvre nauséabonde a largement contribué à faire crever la révolution sociale en la faisant basculer dans une guerre civile, bascule favorisée par l’arrivée du Front islamique.

    Fort de 50 000 à 80 000 hommes, le Front islamique devient alors le plus important groupe rebelle de Syrie, devant ses rivaux de l’Armée syrienne libre, de l’État islamique de l’Irak et du Levant et du Front Al-Nosra, grâce à l’aide financière du Qatar, avec la bénédiction de l’Arabie saoudite et probablement de la Turquie, à ce que l’on peut savoir.

    De l’autre coté, un Conseil National Syrien est formé, composé de membres des comités locaux, de l’ASL, mais aussi des Frères musulmans, puis à la demande des soi-disant pays amis de la Syrie, une Coalition Nationale des Forces de l’Opposition et de la Révolution naîtra en novembre 2012, avec pour président Mouaz al-Khatib, un imam sunnite et homme politique syrien. L’opposition syrienne dite modérée était ainsi prête au cas où Bachar tomberait.

    Plus tard ces forces de l’opposition seront vivement critiquées, notamment par des membres de l’ASL et par les Comités locaux, car leurs préoccupations s’éloignent du terrain de la révolution syrienne. Le président de la CNFOR démissionne. Il dira par la suite  :

    « Les puissances mondiales (…) ne pensent à résoudre la crise syrienne qu’en fonction de leurs souhaits, de leurs intérêts ou selon leurs méthodes, sans tenir compte de la souffrance quotidienne du peuple  » (2).

    Belle conclusion, mais tardive, comme pour tous ceux qui rêvent de pouvoir et de présidence, quand ils sont déçus. D’ailleurs il est curieux que ce chef de l’opposition, sorti du chapeau des «  amis » de la Syrie, ait été prêt à discuter avec le régime (3).

    Si, de 2011 à 2013, les Comités locaux et l’Armée Syrienne Libre se sont développés, et ce de manière exponentielle, il aura fallu deux ans de « questionnements » et de tergiversation sur l’aide qui devrait leur être apportée… le temps que le processus révolutionnaire soit affaibli et en voie de disparition.

    Un aboutissement rapide aurait pu, probablement, éviter tout ce bain de sang. L’absence d’aide d’un côté et la cohésion des soutiens et alliés de Bachar el-Assad (en particulier, le soutien de l’Iran) de l’autre sont bel et bien responsables d’une révolution brisée.

    SYRIE, TERREAU DES FASCISTES ISLAMISTES

    De telles circonstances ont constitué pour le Front al–Nosra et pour Daech un terreau pour se développer à grande vitesse. Le conflit Syrien s’enlise. Les « Amis » de la Syrie font le choix de ne pas fournir en armes les révolutionnaires, et notamment les combattants de l’ASL. Même la demande, présentée par l’opposition au régime, d’obtenir une simple protection anti-aérienne pour la zone nord du pays contrôlée par les révolutionnaires est refusée. Le manque d’armes des révolutionnaires fera le jeu des islamistes de Daech, qui eux, sont financés par le pétrole d’Irak ainsi que par quelques autres mystérieux donateurs, et armés par les stocks laissés à l’abandon après la guerre de 2003 contre Saddam. Daech s’attaquera dès le début de son expansion en Syrie aux combattants de l’Armée syrienne libre. L’arrivée de Daech sera un scoop pour les gros médias qui jusqu’alors n’avaient pas l’air de trop se préoccuper des syriens. Ajoutons que les combattant Kurdes ont défendu Kobané, combat juste et légitime face à Daech, malgré un double jeu du gouvernement Turc, qui peut paraître bien étrange, mais qui correspond tout simplement aux intérêts que défend Erdogan.

    Bachar quant à lui, reste fidèle au poste et règne en prince…

    REACTIONS INTERNATIONALES

    Des députés français sont allé serrer la paluche sanglante de Bachar - on ne sait jamais, si c’est lui qui doit rester (4) ... Pendant qu’une bonne part de la population syrienne criait « Bachar dégage », en Occident, c’était l’insensibilité générale et un silence inquiétant. Il n’y a eu que des initiatives, malheureusement trop rares et de portée limitée, comme la création de collectifs de solidarité avec la révolution syrienne, pour tenter de dénoncer la propagande d’Etat et venir en aide aux populations ou comme le peu de soutien pratique apporté aux combattants kurdes. Nous avons été loin des gros rassemblements, comme ceux que nous avions vus pendant la guerre en Irak ou au cours du conflit israélo-palestinien. La barbarie de l’armée et de la milice el-assadienne, a-telle rendu sourd, muet et aveugle ceux qui auraient dû protester ?

    Les Syriens ont été abandonnés à leur triste sort, condamnés à se battre contre des fascistes de Daech, les fascistes de l’Hezbollah et les soldats de Bachar dans l’indifférence la plus totale.

    Pourtant, 200 000 Syriens tués, des millions de réfugiés, des enfants fuyant la guerre, comment peut-on rester de marbre face à cela ?

    (1) - L’ONU a fini par démanteler ce poison http://www.lepoint.fr/monde/syrie-le-plan-secret-obama-poutine-11-09-2013-1723311_24.php

    (2) - http://www.lepoint.fr/editos-du-point/mireille-duteil/coups-de-trafalgar-pour-l-opposition-syrienne-25-03-2013-1645547_239.php

    (3) - http://www.ladepeche.fr/article/2013/01/30/1549406-syrie-la-russie-tres-preoccupe-par-une-information-sur-un-raid-isr

    (4) - http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/02/25/des-parlementaires-francais-ont-rencontre-bachar-al-el-Assad_4582844_3218.ht

    @anarchosyndicalisme ! n°146
    ---- #Syrie ------------------------

  • Dans le Washington Post : « Les terroristes qui nous combattent en ce moment ? Nous venons juste de finir de les entraîner. ».
    L’article original ici : http://www.washingtonpost.com/posteverything/wp/2014/08/18/the-terrorists-fighting-us-now-we-just-finished-training-them
    Sa traduction en français par Mounadil là : http://mounadil.wordpress.com/2014/08/25/letat-islamique-en-irak-et-au-levant-fruit-dune-erreur-strategiq

    Washington et ses alliés ont aidé des organisations dont les membres avaient dès le départ des idées anti-américaines ou anti-occidentales ou qui avaient été attirés par ces idéees dans le temps du combat. Selon des entretiens réalisés avec des membres d’organisations militantes, comme l’Etat Islamique en Irak et le Front al Nosra en Syrie (qui est affilié à al Qaïda), c’est exactement ce qui s’est passé avec certains des combattants en Libye et même avec des factions de l’Armée Syrienne Libre (ASL).
    « Dans l’Est de la Syrie, il n’y a plus d’Armée Syrienne Libre. Tous ceux qui étaient dans l’Armée Syrienne Libre [dans cette région] ont rejoint l’État islamique », dit Abu Yusaf, un haut cadre militaire de l’Etat islamique, qui a fait l’objet d’un article d’Anthony Faiola la semaine dernière dans le Washington Post.

    La citation d’un membre de Da3ech en guise de conclusion de l’article est magique :

    « Grâce au Printemps Arabe et à l’Occident qui combat tous ces dirigeants pour nous, nous avons eu assez de temps pour nous développer et recruter au Moyen Orient, en Europe et aux Etats Unis, » déclare Abu Farouk. Il sourit et observe une pause de quelques secondes. « En fait, nous devrions dire, merci M. le président. »

  • Dedefensa.org : La paix en Syrie ? Voyez Tal Kalakh
    http://www.dedefensa.org/article-la_paix_en_syrie_voyez_tal_kalakh_27_06_2013.html

    La ville de Tal Kalakh vient d’être reprise par l’armée syrienne, ce week-end. Les conditions de cette reprise sont diversement appréciées : l’armée syrienne y voit une capitulation des rebelles découragés par la chute de Qusayr ; des rebelles ralliés, que Cockburn a rencontrés, y voient plutôt l’effet de leur propre désenchantement de la bataille menée par leur propre bord de l’Armée Syrienne Libre, manipulée par autant de puissances étrangères que de factions internes, gangrenée par les divers groupes étrangers islamistes ou simplement du crime organisée, sous les exclamations énamourées des salons et éditorialistes parisiens nous entretenant de la démocratie et des droits de l’homme. Pendant qu’Aljazeera, la station-TV du Qatar libéré, nous rendait compte des volutes de fumée montant de Tal Kalakh et témoignant de l’intensité de la résistance des héroïques rebelles, Cockburn se baladait dans les rues de la susdite Tal Kalakh, causait ici et là, rencontrait des soldats syriens semblant plutôt en permission qu’en action, et s’entretenait principalement avec le volubile Khalid al-Eid, Syrien, révolté de la première heure, et chef rebelle effectivement rallié à l’armée d’Assad. Quant au reste, et notamment au journalisme postmoderne d’Aljazeera et à ses nouvelles diffusées en toute liberté, – mise à part celle de quelques cigarettes, à Tal Kalakh point de fumée. Voici donc ce qui pourrait être la paix en Syrie, – évidemment et malheureusement, sans l’apport enrichissant de l’hystérie du bloc BAO multiplié par l’hystérie du Système ; on comprend bien qu’à ce compte de l’absence de la touche BAO, et paraphrasant le jugement sur Assad du successeur de Vergennes dans le fameux bureau du Quai d’Orsay, “la paix ne mérite pas d’exister”...

  • http://www.legrandsoir.info/l-avenir-de-la-syrie-liberee-nettoyage-ethnique-religieux-et-genocide-

    L’avenir de la Syrie « libérée » : Nettoyage ethnique religieux et génocide (Countercurrents)

    Shamus COOKE

    Un revirement fascinant s’est opéré dans les médias-systèmes étasuniens : Au bout d’un an de propagande anti-syrienne et de mensonges, des bribes de la vérité commencent à être révélées au public. Il se peut que ce soit trop peu et trop tard : le pays se débat dans un cauchemar de nettoyage ethnique religieux et de massacres.

    Après avoir incité à la guerre sans discontinuer, le New York Times s’est donné une seconde pour essuyer le sang de ses mains avant de se mettre à décrire le véritable état des choses en Syrie. Apparemment, les reportages précédents affirmant que l’armée syrienne massacrait sans discrimination les citoyens de Homs n’étaient qu’un mensonge qui tournait en boucle dans les médias.

    Il apparaît maintenant que c’était exactement le contraire.

    En réalité, beaucoup des réfugiés qui se sont enfuis de Homs étaient des chrétiens persécutés, attaqués par des membres de l’Armée Syrienne Libre qui ont aussi assassiné des membres de minorités religieuses dans le but de recruter des Sunnites radicaux en Syrie pour mener une guerre religieuse contre l’état laïque syrien.

    Le contexte

    Comme l’Armée Syrienne Libre n’est pas le fruit d’une révolution populaire - mais de l’argent et des armes de l’Arabie Saoudite - il fallait que la guerre pour abattre le gouvernement syrien soit une guerre ethnique et religieuse. L’Arabie Saoudite se sert depuis longtemps du Wahhabisme, une forme rare d’extrémisme de l’Islam sunnite, comme d’une outil politique, en l’exportant dans les pays dont elle veut renverser les gouvernements.

    Les Etats-Unis soutiennent depuis longtemps les efforts de l’Arabie Saoudite dans ce sens dans une dynamique qui a progressivement donné naissance aux Talibans et à Al Qaeda. Les Etats-Unis refusent de renoncer à cette stratégie parce qu’elle est incroyablement efficace pour renverser des gouvernements « hostiles », ce qui n’empêche pas de maintenir de grandes parties du Moyen-Orient dans l’Islam traditionnel qui exerce un bon contrôle des activités politiques de la classe laborieuse, d’autant plus qu’en Arabie Saoudite les manifestations, les syndicats et les droits civils sont illégaux.

    Les minorités religieuses persécutées de Homs considéraient le gouvernement syrien comme leur allié contre les « libérateurs » de l’ASL, les chéris des médias étasuniens et les marionnettes au service de la politique étrangère de l’Arabie Saoudite.

    La persécution des minorités

    Un article d’opinion du New York Times () a décrit les faits mieux qu’aucun reportage précédent :

    "L’opposition [l’armée Syrienne Libre] armée et financée par l’Arabie Saoudite a « nettoyé » la province de Homs de 80 000 chrétiens en les chassant de chez eux... en mars et ces chrétiens ont petit à petit abandonné l’espoir de rentrer chez eux un jour".

    « Le nettoyage ethnique perpétré par les rebelles [l’Armée Syrienne Libre] a conduit une partie des Sunnites qui au départ soutenaient les rebelles et des Syriens qui hésitaient entre les deux camps à se rallier à Assad. Beaucoup de gens qui auparavant considéraient le régime comme une kleptocratie, le voient maintenant comme le meilleur défenseur du pluralisme [ethnique et religieux] en danger. »

    La complicité des Etats-Unis

    Cette soudaine volte-face révèle des faits qui sont connus depuis longtemps par le gouvernement et les médias étasuniens. Le New York Times ajoute :

    « Washington est conscient de l’ampleur du problème [fanatisme religieux et persécution des minorités]. Déjà en juin 2011, Robert Stephen Ford, l’ambassadeur étasunien en Syrie, avait prévenu ses homologues à Damas de ce qu’Al Qaeda avait infiltré les forces de l’opposition. En s’entêtant à soutenir la tentative de l’Arabie Saoudite pour déstabiliser la Syrie, Washington, loin d’aider Israël ou d’affaiblir l’Iran, contribue a créer une crise humanitaire qui reviendra hanter les Etats-Unis. »

    En résumé : les politiciens étasuniens des deux partis politiques ont menti au public sur la vraie nature du conflit en Syrie parce que le spectacle d’un pays non allié des Etats-Unis détruit par de barbares luttes ethniques et religieuses leur donnait un avantage politique.

    Un dernier extrait de l’article du New York Times :

    « L’indifférence apparente de la communauté internationale à la dégradation de la situation des minorités religieuses syriennes -et le fait que les gouvernements occidentaux unis contre Assad n’aient quasiment jamais critiqué les forces d’opposition- nourrit un profond sentiment anti-étasunien parmi les Syrien laïcs qui voient les Etats-Unis s’aligner sur l’Arabie Saoudite, le berceau du Wahhabisme [sunnisme extrémiste], contre l’état le plus résolument laïc du monde arabe. »

    Voilà. il a fallu plus d’un an, mais tout à coup, tout n’est plus blanc ou noir dans la guerre syrienne, ce n’est plus les bons contre les méchants. Il n’est pas question de porter le gouvernement syrien aux nues, mais la dévastation infligée au pays l’a été sur de fausses prémices à l’instigation de puissances étrangères -l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis- qui voulaient à tous prix annihiler le pays pour isoler l’Iran et faciliter le renversement de ce dernier. Prétendre que cette entreprise meurtrière est une avancée de la démocratie -comme l’ont fait les politiciens et les médias étasuniens- n’est pas seulement un sommet d’hypocrisie ; cela rentre dans la catégorie réservée à ceux qu’on appelle des criminels de guerre.

    Shamus Cooke

    Shamus Cooke est assistant social et syndicaliste, et il écrit pour Workers Action (www.workerscompass.org).

    Note : Lien de l’article en question : http://www.nytimes.com/2012/08/04/opinion/syrias-crumbling-p...

    Pour consulter l’original : http://www.countercurrents.org/cooke050812.htm

    Traduction : Dominique Muselet
    URL de cet article 17389
    http://www.legrandsoir.info/l-avenir-de-la-syrie-liberee-nettoyage-ethnique-religieux-et-genocide-

  • Syrie : de la difficulté à comprendre la réalité et de la manipulation de l’information | Yovan Menkevick
    http://reflets.info/syrie-de-la-difficulte-a-comprendre-la-realite-et-de-la-manipulation-de-li

    Il est nécessaire, encore aujourd’hui, et peut-être plus aujourd’hui encore, de s’emparer de nouveau du concept du traitement de l’information au sujet de la Syrie. Il est évident que l’information, dans le cas de conflits aux enjeux internationaux, est une arme. Elle est cruciale. Vitale même. Particulièrement pour ceux pris dans le conflit. Et pour ceux qui veulent en tirer profit. Des analystes, spécialistes de la région, ont depuis plusieurs mois exprimé leur réserve quant à la version officielle renvoyée par les médias occidentaux. A savoir une révolution populaire qui s’étale depuis un an et demi, soutenue par des déserteurs de l’armée régulière et regroupés sous la dénomination d’Armée Syrienne Libre (ASL). Nous avons, à Reflets, tenté de montrer les complexités du conflit armé syrien, des enjeux géopolitiques, stratégiques, confessionnels qui s’y opéraient. Aujourd’hui, le gouvernement américain reconnaît avoir autorisé la CIA à soutenir l’armée d’opposition à Assad, l’ASL. L’exercice qui va suivre est périlleux, mais important, parce qu’il reflète la problématique actuelle : quelle information, avec quelles sources, sur quelles légitimités ? Le personnage est contestable et contesté, sa faculté à créer des théories du complot, ou tout du moins à en voir de partout est bien connue. Parler (...)

  • Le Wall Street Journal rend compte de l’autorisation fédérale reçue par un groupe de lobbying basé aux Etats-Unis et intitulé le Syrian support group de collecter des fonds afin de soutenir l’Armée Syrienne Libre. Notons que ce groupe de lobbying emploie un ex-officier de l’OTAN comme « directeur des relations avec le gouvernement [américain] » :
    http://online.wsj.com/article/SB10000872396390444405804577561482242140956.html#articleTabs%3Darticle

    The Syrian Support Group was established earlier this year to lobby for U.S. backing for the Free Syrian Army. It includes Syrian expatriates and works with retired Syrian military officers, Louay Sakka, a Syrian-Canadian co-founder of the group, said in a June interview. Mr. Sayers, its director of government relations, is a former political officer at the North Atlantic Treaty Organization.

    Il n’est pas autorisé à ce groupe d’acheter directement des armes , mais que l’on se rassure, cela devrait pouvoir se faire indirectement :

    The Syrian Support Group hopes to directly finance FSA’s military councils. The councils could then use the money to fund things such as soldier salaries or buy weapons or medical supplies, Mr. Sayers said.

    En passant, remarquons l’expression « soldier salaries », quand il s’agit de la solde versée à des combattants qui n’appartiennent pas une armée régulière et qu’en bon français (et anglais) on appellerait donc des mercenaires.

    L’article nous dit que le groupe a été fondé « plus tôt » cette année. Un autre article daté du 26 juin du WSJ rendait d’ailleurs compte de la création de ce groupe de lobbying : http://online.wsj.com/article/SB10001424052702304458604577490912251836588.html
    Effectivement le site de ce groupe semble récent et peu étoffé. Il permet surtout de s’inscrire à une mailing list et de faire des dons par paypal : http://syriansupportgroup.org
    Un coup de whois permet d’en savoir plus exactement sur ce « plus tôt » : le site du groupe n’a en effet été enregistré que le 8 juin dernier : http://www.whois.net/whois/syriansupportgroup.org
    Remarquable efficacité de l’administration fiscale américaine qui a délivré l’autorisation, donc !

  • L’unité de l’Armée syrienne libre al-Sahaba a posté une vidéo dans laquelle elle prétend avoir assassiné le chef du renseignement militaire et beau-frère du président Assad, Assef Shawkat, le ministre de la Défense Dawoud Rajiha ; le ministre de l’Intérieur Al-Cha‘ar, le conseiller du vice-président, Hassan Turkmani et quelques autres responsables importants du régime syrien :
    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=xCMEJijY-JE

    Le bataillon Alsahaba de l’Armée Syrienne Libre revendique l’attaque contre les officiers supérieurs du régime à Damas.
    http://contresubversion.wordpress.com/2012/05/20/le-bataillon-alsahaba-de-larmee-syrienne-libre-revendiqu

    Si le document du bataillon Al-Sahabeh n’est pas une “Forgery”, c’est l’Armée Syrienne Libre, par le biais du “Conseil militaire de la province de Damas Libre” qui revendique l’attaque. Sinon, le faux[?] document et l’appel téléphonique du bataillon Al-Sahabeh aux “Comités de Coordination Locaux” serviraient une démarche visant à intoxiquer les médias.