organization:association des producteurs cinématographiques

  • Comment converser avec un lobbyiste anti-partage ? | Philippe Aigrain (Communs / Commons)
    http://paigrain.debatpublic.net/?p=4115

    ul n’est à l’abri en ces temps pré-électoraux. Vous risquez de rencontrer chez des amis un responsable de l’Association des Producteurs Cinématographiques, des lobbyistes de grandes sociétés des médias, leurs conjoints ou leurs amis, un ancien ministre de la culture ou des artistes et auteurs sincèrement convaincus que l’internet du partage est un repaire de brigands et celui des vendeurs de contenus une bénédiction pour la culture. Or ces personnes s’emploient en ce moment à plein temps à avertir nos concitoyens, et parmi eux particulièrement un candidat à l’élection présidentielle, des immenses dangers que la mise en place de nouveaux financements associés à la reconnaissance du partage non-marchand entre individus des œuvres numériques feraient courir aux fleurons français de la culture. Voici donc quelques éléments qui vous permettront de relancer la conversation tout en restant polis, bien sûr. (...) Source : Communs / Commons

    • Oui mais j’ai toujours trouvé que cette logique (ceux qui piratent le plus sont ceux qui achètent le plus) pouvait nous être parfaitement opposée.

      Ça deviendrait : nos plus gros consommateurs ont réduit leurs dépenses. Avant, ils consommaient beaucoup en achetant tout ce qu’ils écoutaient ; maintenant, ils consomment toujours beaucoup, mais ils ont réduit de moitié leurs dépenses. Donc il y a bien un manque à gagner.

      S’il, par ailleurs, on imagine que le marché est plus ou moins soutenu par ses gros consommateurs qui consomment beaucoup et régulièrement (c’est-à-dire des gens qui achètent plus d’un disque par mois), et non par l’achat annuel de Papy qui achète le dernier Lady Gaga pour l’anniversaire de la petite (plus de monde, mais moins de dépenses), on peut suspecter justement que l’effet du piratage sur les gros consommateurs est celui qui a le plus d’effet sur le bizness.

      Je veux dire : il suffit qu’une personne qui achetait 12 albums par an décide que, désormais, elle en achète 6 et en pirate 6, ça fait une « perte » de six albums pas vendus. Mais une personne qui achète un album par an, si elle décide qu’elle va de toute façon pirater son Lady Gaga, ça ne fait jamais qu’une seule « perte ». Du coup, si on « sonde », on trouve bien que ceux qui piratent six albums par an sont aussi ceux qui achètent le plus d’albums, mais c’est justement là qu’est le plus gros manque à gagner.

      C’est une statistique que je ne trouve pas tellement intéressante, parce qu’elle peut très bien être retournée par l’industrie.

      Nous on lit assez simplement :
      – les gens piratent, donc ils aiment ce produit, donc ils achètent plus au final.
      L’industrie peut nous opposer :
      – de toute façon, les gens veulent ce produit, donc ils achètent déjà, mais ils réduisent leurs achats en piratant. La logique est inversée : les gens consomment un produit qu’ils aiment, donc ils piratent.

    • Alors les majors doivent attaquer encore plus fort ceux qui restent ses plus gros clients payants... En fait il serait intéressant de voir qui elles poursuivent, tiens. Plutôt des pappys qui ne connaissent rien aux alternatives que des pro2web qui seraient définitivement dégoûtés ?

    • @suske : attention, hein, je ne défends pas les majors (si tu as suivi les échanges précédents). C’est juste l’argument « les plus gros pirateurs sont aussi ceux qui achètent le plus » que je ne trouve pas très pertinent, parce qu’il peut nous être retourné.

      Après, je note que la répression du comportement de plusieurs millions de personnes n’a jamais été d’envoyer ces millions de personnes en prison, ni de leur couper l’accès internet à toutes. C’est beaucoup plus simple et totalitaire : tu en prends un et tu le massacres de manière ouvertement arbitraire pour l’exemple. La répression passe par la méthode dite Fear Uncertainty and Doubt : tous leurs clients n’iront pas en prison. Il suffit d’un ou deux cas totalement disproportionnés (une gamine de 13 ans condamnée à plusieurs millions de dollars d’amende, ça suffit) pour calmer les autres. De fait, « qui ils poursuivent » me semble assez indifférent : s’ils poursuivent une petite grand mère de 85 ans au motif que des films olé-olé ont été téléchargés depuis sa ligne, c’est pas parce qu’elle est en train de leur couter des sous, c’est juste parce que ça va vraiment foutre la trouille aux autres.

    • Yes #fud. J’étais énervé « hier » :-p . La fermeture de sites genre « la caverne » me fout les boules...

      Et donc, oui l’argument peut être retourné mais d’un autre côté, ils (ceux à qui on exposera l’argument) pourraient quand même prendre conscience que leur service est mauvais, que plein d’internautes offrent ce service et que ceux qui les utilisent sont aussi (voire surtout) leurs « clients consommateurs de biens culturels ». Mais bon.

  • Comment converser avec un lobbyiste anti-partage ? – Communs / Commons
    http://paigrain.debatpublic.net/?p=4115

    Nul n’est à l’abri en ces temps pré-électoraux. Vous risquez de rencontrer chez des amis un responsable de l’Association des Producteurs Cinématographiques, des lobbyistes de grandes sociétés des médias, leurs conjoints ou leurs amis, un ancien ministre de la culture ou des artistes et auteurs sincèrement convaincus que l’internet du partage est un repaire de brigands et celui des vendeurs de contenus une bénédiction pour la culture. Or ces personnes s’emploient en ce moment à plein temps à avertir nos concitoyens, et parmi eux particulièrement un candidat à l’élection présidentielle, des immenses dangers que la mise en place de nouveaux financements associés à la reconnaissance du partage non-marchand entre individus des œuvres numériques feraient courir aux fleurons français de la culture. Voici donc quelques éléments qui vous permettront de relancer la conversation tout en restant polis, bien sûr.

    Vous remarquerez tout d’abord que vos interlocuteurs s’en prennent à une créature baptisée licence globale. Petit cours de rattrapage pour les plus jeunes : la licence globale est une proposition élaborée en 2004 et 2005 qui fut assassinée à coups de pelle en 2006, avant que nul n’ait eu le temps de concevoir et encore moins d’expliquer comment elle fonctionnerait. Quelques défenseurs de la légalisation du partage continuèrent à employer le terme par la suite (Jacques Attali par exemple, ou Juan Branco dans le cas du cinéma, qui en précisèrent le contenu). Pour l’essentiel, cependant, l’expression devint le moyen de désigner ce dont on ne parlerait pas dans les divers comités présidés par des représentants d’intérêts particuliers mis en place par la médiocratie sarkozienne. Aujourd’hui, deux grandes classes de propositions sont discutées au niveau international : la contribution créative, à laquelle j’ai consacré deux livres, et différentes formes de « licences pour le partage », dont en France la proposition de Création, Public, Internet ou les documents élaborés par des groupes de travail au sein du PS et d’EELV. Demandez donc à votre interlocuteur pourquoi il ne fait pas référence à ces propositions, qui sont celles qui sont effectivement discutées.