@baroug mouhahahahaha !
@arno C’est assez récent, mais ma gosse (9 ans, CE2) y a eu le droit dès la grande section, à doses homéopathiques cependant, parce que ça dépend pas mal de la bonne volonté des enseignants, et chez nous, en dehors du blaireau de l’exemple, ils sont très conscients des travers de l’introduction précoce des notations.
Le truc, c’est que oui, les parents sont demandeurs, parce qu’ils ont intégré la dimension compétition-tri précoce de l’école et ils y adhèrent.
J’ai laissé tombé les parents d’élèves parce que j’y étais inaudible. Tous les ans, c’est mobilisation pour sauver SON école, SON prof, en concurrence directe avec l’école d’à côté. J’ai déjà dit que je voulais bien aller secouer le bureau de l’inspecteur de l’académie à condition que le discours soit :
On ne lâche rien, aucune fermeture de postes est justifiable, on est tous unis contre vous, tout le département !
Mais non, c’est chacun pour sa gueule et tout le monde dans le cul. Le recteur a parfaitement compris le truc et alterne les fermetures entre voisins : une année, le bled d’à côté perd son poste, et l’année suivante, c’est nous. Comme on ne les a pas soutenu quand ils étaient dans la merde (trop contents de n’y pas être nous-mêmes !) ben ils nous ignorent l’année suivante. En 3 rotations, tu peux fermer les écoles rurales et arriver à des écoles cantonales avec 20 mn de transport matin et soir et 35 élèves par classe.
Voilà ce qu’on gagne à ne pas jouer collectif.
De la même manière, impossible de faire entendre que les devoirs sont interdits au primaire. Ils sont ravis que les gosses aient des devoirs tous les soirs, et quand il n’y en n’a pas, c’est que la maîtresse fait mal son boulot et ils les réclament.
L’inégalité des chances creusée par les variables domestiques des devoirs du soir, en fait, ça les arrangent bien aussi : parce qu’ils savent que si la mère a sacrifié sa carrière ou si elle n’est pas obligée de bosser pour des horaires et un salaire de merde (et si elle a eu un bon niveau d’éducation initial, mais bon, parfois, ils n’ont pas toutes les données !), les gosses seront avantagés d’office dans la compétition. Voilà ce qui leur importe : non pas d’éviter que l’école répète les inégalités sociales, mais au contraire, qu’elle les accentue afin de favoriser leurs gosses dans la course à l’échalote, tant ils ont parfaitement intégré qu’il n’y aura pas de gamelles pour tout le monde, que les places sont chères et que le tri est de plus en plus précoce.
Donc, bienvenue, les gars, dans la grande foire d’empoigne de l’Éducation Nationale : vous n’avez pas fini d’en chier !