organization:banque centrale européenne

  • Mensonge et barbarie
    http://www.greekcrisis.fr/2015/09/Fr0464.html

    “Le Parlement européen a décidé de nous attribuer le Prix du Citoyen européen pour 2015, en reconnaissance de la lutte que nous menons depuis près de 4 ans, au bénéfice des abandonnés de l’État officiel, des chômeurs, des patients non assurés, pour enfin bâtir une société meilleure. Cette lutte cependant, a été si nécessaire, justement parce que les politiques appliquées et qui continuent à s’appliquer dans notre pays, sont le résultat direct des pressions et des chantages exercés par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et l’Union européenne (UE), ce qui conduit à exclure du système de la santé, plus de trois millions de citoyens, chômeurs, sans abri et démunis”. Source : greek (...)

  • Yanis Varoufakis à Frangy
    http://blogs.mediapart.fr/blog/monica-m/250815/yanis-varoufakis-frangy

    Je suis ici parce que notre Printemps d’Athènes a été écrasé, comme le fut celui de Prague. Bien sûr pas par des tanks, mais par des banques. Comme Berthold Brecht l’a dit une fois « Pourquoi envoyer des assassins quand nous pouvons recourir à des huissiers ? » Pourquoi faire un coup d’état quand vous pouvez envoyer le président de l’Eurogroupe dire, au nouveau ministre des finances d’un gouvernement fraîchement élu, trois jours après son entrée en fonction, qu’il a le choix entre le programme d’austérité antérieur qui a plongé son pays dans une énorme dépression, ou la fermeture de ses banques nationales ? Pourquoi envoyer des troupes quand des visites mensuelles de la Troika peuvent contrôler chaque département du gouvernement et écrire chaque loi du pays ?

    • Je vais vous dire pourquoi je suis ici, avec des mots que j’ai empruntés à un vieux manifeste célèbre. Je suis ici parce que :

      Un spectre hante l’Europe - le spectre de la démocratie. Toutes les puissances de la vieille Europe ont conclu une sainte alliance pour exorciser ce spectre : les banquiers parrainés par les États et l’Eurogroupe, la Troïka et le Dr Schäuble, les héritiers du legs politique de Franco, le leadership berlinois du SPD, les gouvernements baltes qui ont soumis leurs populations à une récession terrible et inutile, et l’oligarchie grecque en résurgence.

      Je suis ici en face de vous parce qu’une petite nation a choisi de s’opposer à cette sainte alliance. Pour la regarder dans les yeux et lui dire : Notre liberté n’est pas à vendre, notre dignité n’est pas aux enchères. Si nous renonçons à la liberté et à la dignité, comme vous l’exigez, l’Europe perdra son intégrité et renoncera à son âme.

      Je suis ici en face de vous parce que rien de bon ne peut arriver en Europe qui ne parte pas de la France.

      Je suis ici en face de vous parce que le printemps d’Athènes qui a uni les Grecs leur a redonné :

      • Leur sourire

      • Leur courage

      • Leur liberté contre la peur

      • La force de dire non à l’irrationalité

      • Non à la non-liberté

      • Non à la subjugation qui au final ne bénéficie même pas à l’Europe forte et puissante

      Le magnifique Printemps d’Athènes, qui a culminé à 62% par un Non majestueux à la non-raison et à la misanthropie,

      Notre Printemps d’Athènes, qui était aussi une chance pour un printemps de Paris, un printemps de Frangy, de Berlin, de Madrid, de Dublin, d’Helsinki, de Bratislava, de Vienne.

      Je suis ici parce que notre Printemps d’Athènes a été écrasé, comme le fut celui de Prague. Bien sûr pas par des tanks, mais par des banques. Comme Berthold Brecht l’a dit une fois "Pourquoi envoyer des assassins quand nous pouvons recourir à des huissiers ?" Pourquoi faire un coup d’état quand vous pouvez envoyer le président de l’Eurogroupe dire, au nouveau ministre des finances d’un gouvernement fraîchement élu, trois jours après son entrée en fonction, qu’il a le choix entre le programme d’austérité antérieur qui a plongé son pays dans une énorme dépression, ou la fermeture de ses banques nationales ? Pourquoi envoyer des troupes quand des visites mensuelles de la Troika peuvent contrôler chaque département du gouvernement et écrire chaque loi du pays ?

      Les élections ne peuvent rien changer

      Lorsque, durant ma première réunion de l’Eurogroupe, en février, j’ai suggéré aux ministres des finances un compromis entre le programme antérieur d’austérité de la Troika et l’agenda de réformes de notre nouveau gouvernement, Michel Sapin a pris la parole pour me donner raison – pour argumenter avec éloquence en faveur d’un terrain d’entente entre le passé et le futur, entre le programme de la Troika et le manifeste électoral de notre nouveau gouvernement que les Grecs venaient juste d’élire.

      Le ministre des finances allemand intervint immédiatement : "Les élections ne peuvent pas changer quoi que ce soit. Si à chaque fois qu’il y a une élection les règles changeaient, l’Eurozone ne pourrait pas fonctionner.”

      Reprenant la parole, je répondis que, vu la façon dont notre Union était conçue (très, très mal !) peut-être que le Dr Schäuble marquait un point. Mais j’ajoutai “S’il est vrai que les élections ne peuvent rien changer, nous devrions être honnêtes et le dire à nos citoyens. Peut-être devrions-nous amender les traités européens et y insérer une clause suspendant le processus démocratique dans les pays obligés de d’emprunter auprès de la Troika. Suspendre les élections jusqu’â ce que la Troïka décide qu’elles pourront se tenir. Pourquoi soumettrions-nous notre peuple au rituel d’élections coûteuses si les élections ne peuvent rien changer ? Mais, ai-je demandé à mes collègues ministres, est-ce que l’Europe est d’accord avec ça ? Est-ce que nos peuples ont voté pour ça ?”

      Pensez-y, admettre une telle chose serait le meilleur cadeau à faire au parti communiste de Chine, qui lui aussi croit que les élections constituent une complication dangereuse entravant l’efficacité du gouvernement. Bien sûr ils ont tort. Comme Churchill l’a dit, la démocratie est un système terrible. Mais c’est la meilleure de toutes les alternatives, également en termes d’efficience économique à long terme.

      Un silence glacé s’est installé pendant quelques secondes dans l’Eurogroupe. Personne, même le si souvent abrasif Mr Djisselbloem, ne trouvait quoi que ce soit à dire, jusqu’à ce que des collègues d’Europe de l’Est brisent le silence avec une autre incantation sortie du Livre des psaumes de l’austérité de la Troïka. Du coin de l’oeil je voyais l’air désolé de Michel Sapin. Je me rappelais une chose qu’il m’avait dite à Paris, quand je l’avais rencontré pour la première fois dans son bureau : "La France n’est plus ce qu’elle était".

      Depuis mon jeune âge je trouvais dans la France mon inspiration, peut-être me souvenant de la façon dont la réémergence de la Grèce dans le monde moderne avait été inspirée par la révolution française, et alors des citations de Voltaire et Rousseau résonnaient dans ma tête. En ce moment-là, le silence de Michel fut très difficile à supporter. La perception de l’impuissance est le signe avant-coureur d’une Europe qui s’est égarée.

      Un coup d’état très européen

      Retour vers les jours de notre dictature 1967-1974, quand les tanks occupaient les rues d’Athènes, et que les démocrates Grecs venaient en France, voyageant vers l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, le Canada, l’Australie, afin d’obtenir un soutien pour la nation grecque assiégée. Afin de galvaniser la solidarité avec le peuple grec dans sa lutte contre la dictature fasciste.

      Amis, je ne suis pas ici aujourd’hui afin de rallier un soutien pour la démocratie grecque écrasée.

      Je suis ici pour exprimer le soutien du peuple grec et sa solidarité avec la démocratie française.

      Pour ce qui est vraiment en jeu. La démocratie française. La démocratie espagnole. La démocratie italienne. La démocratie à travers toute l’Europe. La Grèce a été, et demeure malheureusement, un laboratoire où les forces destructrices de l’austérité ont été essayées et testées. La Grèce n’a jamais été la question pour la Troïka et ses favoris. Vous l’êtes !

      Il n’est pas vrai que l’intérêt de nos créanciers soit d’obtenir leur argent de l’état grec. Ou qu’ils veuillent voir la Grèce réformée. Si tel avait été le cas, ils auraient discuté sérieusement nos propositions de restructurer la dette publique grecque de façon à le permettre. Ils ont plutôt insisté sur notre reddition. C’est la seule chose qui les préoccupait. Ils voulaient une seule chose : confirmer la maxime du Dr Schäuble selon laquelle les élections ne sont pas autorisées à changer quoi que ce soit en Europe. Que la démocracie s’arrête quand l’insolvabilité commence. Que les fières nations confrontées à des questions de dettes doivent être condamnées à la prison de dette, dans laquelle il est impossible de produire la richesse nécessaire pour rembourser les dettes et obtenir la libération. Et c’est ainsi que l’Europe, maison commune, est devenue cage de fer partagée.

      C’est important. Vous lisez des journaux et écoutez des programmes de radio et de télévision qui vous bombardent avec des douces histoires selon lesquelles l’Eurogroupe, la Troïka autour desquels l’Europe est construite, proposent à la Grèce des programmes d’austérité à titre de RÉFORMES, pour la forcer à développer son économie défaillante afin qu’elle paie ses dettes et cesse de peser sur le reste de l’Europe.

      Seulement, ce n’est pas ainsi que l’Europe fonctionne en pratique. Si vous étiez une mouche sur le mur observant nos négociations, vous verriez comme je l’ai vu qu’une seule chose intéressait Mme Lagarde, M. Draghi, M. Juncker, certainement le Dr Schäuble : nous dicter les "termes de la reddition". Des termes qui mettent fin au Printemps d’Athènes. Des termes qui effacent le sourire de ceux qui à travers l’Europe nous regardaient et pensaient qu’une nouvelle politique est possible. Des termes incroyables imposés par les créanciers, garantissant que nous, l’endetté, ne pourrions pas rembourser nos dettes, anciennes et nouvelles.

      Remède toxique

      Beaucoup d’entre vous demanderont, à juste titre : Mais pourquoi les créanciers imposent-ils à la Grèce des conditions qui réduisent sa capacité à leur rembourser ses dettes ? Pourquoi les créanciers demandent-ils au gouvernement grec de faire des choses qui l’empêchent de mettre en oeuvre de vraies réformes ? Des réformes qui amélioreraient la place de la Grèce en Europe ? Se pourrait-il que la Troïka soit simplement en train d’essayer de faire prendre à la Grèce un remède amer mais nécessaire ? Et que les Grecs ne veuillent pas prendre leur remède ? Ne veuillent pas faire leurs devoirs, comme pourrait le dire Mme Merkel ?

      Ce sont des questions cruciales. Pour vous, pour le peuple de France. Pourquoi ? Parce que si nous, Grecs, sommes responsables de nos propres problèmes, et s’il est vrai que nous soyons gâtés, paresseux, refusant de faire nos devoirs et de prendre nore remède amer, alors vous n’avez rien à craindre. Vous ne devriez pas perdre de temps à écouter des gens comme moi.

      Mais si, en fait, le remède que l’on nous demande de prendre encore et encore est toxique, si nous avons fait nos devoirs mais que le maître ne veut même pas les lire, alors ce qui arrive dans des endroits comme la Grèce n’a rien à voir avec la Grèce. Cela concerne la politique de l’Europe, de la France en particulier.

      Aussi soyons clairs : le remède n’est pas juste amer. Il est toxique. Un médecin délivrant une telle potion à un patient serait arrêté et radié de l’Ordre des médecins. Mais dans l’Eurogroupe le fait que la potion tue le patient est vue comme la preuve que le remède est bon. Que la dose doit être augmentée !

      Pendant cinq ans, le programme d’austérité de la Troïka a créé la récession la plus longue et la plus profonde de notre histoire. Nous avons perdu un tiers de notre revenu collectif. Le chômage est passé de 10% à 30% dans un pays où seulement 9% des chômeurs ont déjà reçu des allocations de chômage. La pauvreté a submergé 2 de nos 10 millions de concitoyens.

      En 2010, l’Etat grec a fait faillite. Il ne pouvait pas payer ses dettes aux banques françaises et allemandes. Alors, qu’est-ce que l’Europe a fait ? Elle a décidé de donner à l’Etat grec en faillite le prêt le plus important dans l’histoire, sous des conditions d’austérité qui ont réduit le revenu devant permettre de payer les énormes prêts, anciens et nouveaux. Un enfant de dix ans pourrait dire que la personne en faillite ne peut pas s’en sortir avec de nouveaux prêts si on lui impose des conditions faisant chuter ses revenus.

      L’austérité diminue les revenus tandis que les dettes grossissent. Toujours plus de dette, sous la forme de nouveaux prêts d’urgence, à condition qu’une austérité de plus en plus forte sape de plus en plus les revenus : cela conduit avec une précision mathématique à une catastrophe.

      Tout le monde le savait. Alors, pourquoi l’Europe l’a-t-elle fait ? Parce que l’objectif n’était pas de renflouer la Grèce, l’Irlande, le Portugal ou l’Espagne ! L’objectif était de sauver la Deutsche Bank, BNP Paribas, Finanz Banque, la Société Générale, les banques allemandes et françaises avec l’argent des contribuables, et de faire peser le fardeau sur le plus faible des Européens, en provoquant une crise humanitaire en Grèce et une récession à combustion lente en France.

      Et puis, quand il fut révélé que toute cette austérité avait augmenté la dette grecque de 120% à 180% du revenu national, au lieu de la réduire, que fit l’Europe officielle ? La même chose en 2012, en 2013, en 2014. Les revenus ont continué à baisser, la pauvreté a augmenté, le chômage a atteint le record du monde, tout le monde devait de l’argent à tout le monde et personne ne pouvait payer. Une politique économique consistant à prêter à l’état plus d’argent payé par les plus faibles des citoyens ne pouvait pas marcher. Comme Macbeth qui a commis crime après crime, essayant de cacher son crime précédent en en commettant un nouveau, la Troïka a ajouté sauvetage toxique après sauvetage toxique, étendant la crise, l’approfondissant, en ne cessant de prétendre qu’elle était sur le point d’être résolue.

      C’est ce processus misanthrope qui a éteint l’espoir en Grèce de 2010 à 2015. En janvier dernier, nous avons été élus pour redonner espoir. Plutôt que de nous asseoir dans l’ombre et de maudire l’obscurité, nous avons décidé d’allumer une bougie. Pour donner de l’espoir et une autre chance à la rationalité. Et les gens l’ont remarqué. La petite bougie que nous avons allumée a illuminé les visages des gens, et pas seulement en Grèce.

      Du point de vue de la Sainte Alliance de la vieille Europe, c’était un crime terrible pour lequel nous, et ceux qui avaient voté pour nous, devions être punis. Avec un autre prêt énorme. Avec plus d’austérité autodestructrice portant notre dette publique à 205% du revenu national. Avec une autre décision de l’Eurogroupe condamnant notre peuple à des souffrances inutiles pour le crime odieux d’avoir espéré et, pire encore, que l’espoir se propage dans le reste de l’Europe.

      Un terrain d’entente ?

      Pour en revenir à mes premiers pas dans l’Eurogroupe, je dois dire que j’y allais avec la volonté de trouver un terrain d’entente, comme Michel Sapin. Permettez-moi de vous lire des extraits de mon intervention dans laquelle je proposais un nouveau partenariat avec les institutions et avec mes collègues, les autres ministres des Finances :

      Le nouveau partenariat que nous vous proposons devrait être basé sur des objectifs réalistes et des politiques efficaces.

      Nous, le nouveau gouvernement grec, devons gagner une monnaie très précieuse sans dilapider un bien capital : nous devons gagner votre confiance, sans perdre la confiance de notre peuple - des électeurs qui, pour le moment, nous approuvent fortement. Une telle approbation est un important capital dans la lutte de l’Europe pour réformer la Grèce et la rendre stable et normale.

      En cette période de changement, nous percevons vos préoccupations au sujet des intentions de notre gouvernement. Nous devons, de toute évidence, les apaiser.

      Je suis ici aujourd’hui pour vous transmettre un message clair sur le programme et les engagements du nouveau gouvernement envers ses partenaires de l’Eurogroupe.

      La Grèce, en tant que membre de la zone euro, s’engage pleinement à trouver une solution discutée conjointement entre les partenaires, afin de renforcer notre union monétaire.

      Nous nous engageons à coopérer de bonne foi avec tous nos partenaires européens et internationaux, sur un pied d’égalité.

      Nous nous engageons à des finances publiques saines. La Grèce a fait un vaste ajustement au cours des cinq dernières années avec un immense coût social. Son déficit est maintenant en dessous de 3% en termes nominaux, en baisse de 15% en 2010. Nous avons maintenant un excédent primaire et notre excédent structurel, tel que mesuré par le Fonds monétaire international, est le plus grand dans l’UE.

      Le nouveau gouvernement prend cet ajustement comme point de départ. Nous souhaitons maintenant aller de l’avant, sur la base d’un nouveau partenariat mutuellement bénéfique avec nos partenaires européens.

      Nous nous engageons à de profondes réformes structurelles.

      Notre programme de réforme vise à recréer la confiance entre les citoyens grecs, la croissance de l’économie, et la crédibilité en Europe. Il reconnaît le besoin de réformes profondes pour ancrer la prospérité à long terme de la Grèce dans la zone euro.

      Nous reconnaissons que le programme d’ajustement précédent reflète les engagements pris par la Grèce et ses partenaires de l’Eurogroupe.

      Nous reconnaissons les efforts considérables déployés par les contribuables de vos pays pour soutenir la dette de la Grèce et maintenir l’intégrité de l’euro.

      Cependant, des objectifs budgétaires autodestructeurs et irréalistes ont été imposés à notre pays et à la population : ils doivent être révisés. Un objectif d’excédent primaire de plus de 3% du revenu national n’a pas de précédent historique dans une situation ressemblant à celle de la Grèce aujourd’hui. Il sera tout simplement impossible pour notre pays de se développer si nous continuons sur la voie de l’austérité imposée à notre économie car elle sape la croissance. C’est également tout à fait incompatible avec la réalisation d’un ratio durable dette-revenu.

      Le nouveau contrat que nous proposons de discuter avec vous devrait reconnaître cette évidence.

      Le nouveau contrat se fondera sur les réformes qui sont « possédées » par des citoyens et des institutions nationales, en utilisant de nombreux éléments de l’ordre du jour politique convenu précédemment. Cela signifie également que l’espoir de prospérité partagée doit être relancé à travers l’Europe.

      Nous voulons discuter avec vous de ce programme du pays qui reflète à la fois nos contraintes potentielles et spécifiques. Nous souhaitons que notre croissance soit inclusive, fondée sur l’investissement, et des gains de productivité. Une croissance fondée sur une compression supplémentaire du coût du travail ne peut pas marcher en Grèce et a été rejetée par notre peuple.

      Basé sur des objectifs d’excédent primaire plus réalistes et sur le programme de réforme et de croissance de notre pays, le nouveau contrat que nous proposons permettra de restaurer une trajectoire durable de la dette.

      Nous invitons le Fonds monétaire international à travailler avec nous pour évaluer la soutenabilité de la dette grecque fondée sur les engagements du gouvernement. La Grèce sera prête à faire des propositions concrètes à ses partenaires, en temps voulu, sur une série d’instruments novateurs pour réduire le fardeau de la dette de manière efficace, y compris les échanges de dettes.

      Ensuite, j’ai conclu avec ces mots :

      Chers collègues,

      L’Europe est entière et indivisible, et le gouvernement de la Grèce estime que la Grèce est un membre permanent et inséparable de l’Union européenne et de notre union monétaire.

      Certains d’entre vous, je le sais, ont été mécontents d’une victoire d’un parti de gauche, de gauche radicale. A ceux-là je dis ceci : Ce serait une occasion perdue de nous voir comme des adversaires.

      Nous sommes résolument européistes. Nous nous soucions profondément de notre peuple, mais nous ne sommes pas populistes, promettant tout à tout le monde. En outre, nous pouvons mener le peuple grec le long d’un accord véritablement bénéfique pour l’Européen moyen. En nous, vous trouverez des partenaires de confiance qui ne voient pas ces réunions comme un moyen d’extraire quelque chose de rien, de gagner au détriment de qui que ce soit.

      Je suis impatient de discuter avec vous maintenant, dans un véritable esprit de coopération et de partenariat, et d’écrire ensemble cette nouvelle page de notre relation.

      Je vous remercie beaucoup pour votre attention.

      Pardon d’avoir lu tous ces extraits. Mais je voulais vous donner une idée de l’esprit de coopération avec lequel nous avons approché l’Eurogroupe. Alors que je récitais ces lignes dans l’Eurogroupe, des "sources" de Bruxelles prétendaient que j’étais impoli, que je faisais des cours à mes collègues, que je rejetais les « réformes » de la Troïka. Je ne prenais pas ces rumeurs personnellement parce qu’elles ne me visaient pas personnellement. Elles faisaient partie d’une campagne de propagande brutale visant à justifier la diabolisation de notre gouvernement, à nous peindre comme des communistes radicaux afin de préparer l’opinion publique européenne à notre renversement.

      Pendant cinq longs mois, de notre côté il y eut clarté et propositions sophistiquées :

      • sur la réforme de l’administration fiscale, qui la rendrait totalement indépendante de mon ministère, mais aussi de l’oligarchie
      • sur une restructuration de la dette qui minimiserait les nouveaux prêts de la Grèce et maximiserait nos remboursements à nos créanciers
      • sur une nouvelle banque de développement qui ferait appel à des biens publics, en partenariat avec la Banque européenne d’investissement
      • sur une nouvelle mauvaise banque avec laquelle faire face aux dettes privées non performantes du système bancaire grec, aux mauvaises dettes privées qui bouchent les circuits de crédit, et permettrait d’empêcher les banques de prêter même à des taux rentables, les entreprises axées sur l’exportation
      • sur les mécanismes de lutte contre la corruption, la fixation des prix dans les marchés de détail, le travail non déclaré dans les marchés du travail, la réforme des retraites qui a réduit la retraite anticipée sans pousser plus de personnes âgées dans la pauvreté.

      Chaque fois que nous avons proposé une mesure ou une réforme sensible, nous avons été repoussés. Mes collègues français étaient clairement sans épaisseur, avec un déprimant manque d’influence. Même lorsque nous convenions d’une certaine mesure avec Michel Sapin ou Pierre Moscovici, que se passait-il ? Si le président de l’Eurogroupe en décidait ainsi, notre accord n’était même pas entendu dans l’Eurogroupe - pas sûr que M. Djisselbloem n’ait jamais pris ces décisions de son propre fait. Lorsque, conscient de cela, je posai la question au Dr Schäuble, il a refusé de négocier avec moi sur quoi que ce soit de substantiel : C’est le programme existant (échoué) ou la route, telle était sa ligne. "Allez aux institutions." Ce que j’ai dûment fait.

      Mur de pierre

      Sauf que nos négociations avec les institutions, la Troïka, étaient l’expérience la plus frustrante que l’on puisse avoir. Comme certains personnes ennuyeuses qui veulent tellement vous parler de tout à la fois que vous finissez par ne parler de rien du tout, les institutions ont insisté sur un "examen complet" conduisant à un "accord global", ce qui signifiait qu’ils voulaient parler à propos de tout.

      Ils disaient : nous avons besoin de toutes vos données sur la trajectoire budgétaire actuelle de l’économie grecque, nous avons besoin de toutes les données sur les entreprises publiques, toutes les données sur les fonds de pension, sur les sociétés d’énergie, sur ceci, cela et autre chose. Pour démontrer notre coopération nous avons avancé, répondu aux questionnaires, tenu d’innombrables réunions et nous fournissions les données. Après avoir perdu beaucoup de temps à chercher des données qu’ils avaient déjà, et avant que nous les ministres en prenions connaissance, ils nous demandaient ce que nous avions l’intention de faire à propos de la TVA. Nous faisions de notre mieux pour leur expliquer nos plans modérés sensibles pour la TVA. Ils écoutaient, semblant sceptiques, rejetaient notre proposition mais ne parvenaient pas à en faire une. Et puis, avant d’avancer vers un accord sur la TVA, ils passaient à une autre question, comme la privatisation. Ils demandaient ce que nous voulions faire au sujet de la privatisation, nous mettions en avant quelque chose de sensé et de modéré, ils le rejetaient. Ensuite, ils se déplaçaient sur un autre sujet, comme les pensions, puis sur les marchés de produits, puis sur les relations de travail, etc. C’était comme un chat qui court après sa queue.

      Peut-être le plus grand obstacle à la conduite d’une négociation raisonnable était la fragmentation de la Troïka. Le FMI était proche de nous pour reconnaître l’importance de la restructuration de la dette, mais il a insisté pour que nous retirions toutes les protections restantes des droits des travailleurs et des professionnels de la classe moyenne, comme les pharmaciens ou les ingénieurs. La Commission était beaucoup plus sympathique à notre égard sur ces questions sociales, mais interdisait toute référence à la restructuration de la dette de peur que ça ne dérange Berlin ou Francfort. La BCE avait son propre ordre du jour. En bref, chacune des institutions avait différentes lignes rouges, ce qui signifiait que nous étions emprisonnés dans une grille de lignes rouges.

      Pire encore, nous avons dû faire face à la "désintégration verticale " de nos créanciers, car les patrons du FMI et de la Commission avaient un programme différent de leurs sbires ou que les ministres des finances allemands et autrichiens avaient un ordre du jour en contradiction totale avec celui de leurs chanceliers.

      Pendant ce temps, comme les jours et les semaines passaient en raison de la détermination de nos créanciers à retarder, retarder et retarder, tandis que des fuites dans la presse prétendaient dans le même temps que nous empêchions les négociations, notre gouvernement a été asphyxié par la BCE. Même avant notre élection, la BCE avait indiqué qu’elle réduirait en Grèce l’accès bancaire aux liquidités. Nos adversaires dans la presse ont tourné cela en une gigantesque campagne de peur, incitant efficacement les déposants à retirer leur argent des banques. Il n’y a rien de plus facile au monde que de provoquer un bank run - bank run que les banques centrales ont été créées pour empêcher.

      Quelques jours après notre élection, je me suis précipité à Londres pour parler aux financiers de la ville afin de calmer leurs nerfs et de les convaincre que notre gouvernement était favorable à l’entreprise, tout en étant déterminé à sauvegarder l’intérêt de notre population en difficulté. Ça a marché. Le lendemain matin, la bourse grecque a augmenté de 12% et la Banque d’actions de 20% et plus. Le jour d’après, la BCE a annoncé qu’elle devait limiter l’accès de nos banques au mécanisme de liquidité. La bourse fut de nouveau écrasée. Pourquoi la BCE fit-elle cela à notre nouveau gouvernement ?

      La réponse officielle fut que « le programme » de la Grèce venant à expiration à la fin de Février, cela "soulevait des questions sur la garantie des banques grecques". En réalité, la BCE mettait la pression sur notre gouvernement afin qu’il arrête le rêve de rallumer l’espoir et accepte le programme échoué de la Troïka tel qu’il était - peut-être avec quelques modifications cosmétiques.

      Il est intéressant de comparer ce que la BCE nous a fait avec ce qu’elle avait fait l’été 2012, lorsqu’un nouveau gouvernement avait été élu et que, à nouveau, le « programme » grec était dans les limbes. La BCE avait alors augmenté la liquidité des banques à des niveaux très hauts en une seule fois et l’augmentation du crédit de la carte (ou T-Bill) limite de l’Etat grec de 15 milliards à 18. 3 milliards. Dans notre cas ? Dans notre cas, la BCE a augmenté la liquidité des banques peu à peu, jour après jour, créant chez les déposants la peur que peut-être demain la limite ne serait pas relevée et que les banques seraient à sec. Naturellement, le bank run a empiré.

      Quant à la limite de la carte de crédit du gouvernement, au lieu de la pousser jusqu’à 15 à 18.3 milliards, la BCE a poussé vers le bas, utilisant une astuce juridique sans précédent, passant de 15 à 9 milliards. Et tout cela à un moment où je devais trouver 7 milliards pour effectuer des paiements au FMI, paiements devant à l’origine être faits avec de nouveaux prêts qui ne nous ont été jamais donnés.

      Leur stratégie était très, très simple : retarder tout accord avec nous, nous en faire porter le blâme, parler du manque de « crédibilité » de nos propositions, jusqu’à ce que notre gouvernement, l’État, soit à court de liquidités. Puis nous poser un ultimatum sous la menace de la fermeture immédiate de la banque. Ce ne fut rien d’autre qu’un coup d’Etat.

      Comme je l’ai déjà dit : en 1967, il y eut les tanks et en 2015 il y eut les banques. Mais le résultat a été est le même : renverser le gouvernement ou le forcer à se renverser - en tant que Premier ministre Tsipras malheureusement a décidé de le faire le soir de notre magnifique référendum, et je démissionnais alors de mon ministère, et puis il le fit de nouveau le 12 juillet.

      Les gros poissons à frire

      Pour en revenir à Février, je pouvais voir l’écriture sur le mur. Je pouvais voir que la Troïka n’était pas intéressée par les réformes touchant l’oligarchie, en partie parce qu’ils étaient dans une relation confortable avec les oligarques (dont la presse a soutenu la Troïka dans sa lutte contre nous) et en partie parce qu’ils avaient d’autres poissons à frire, la France étant le plus gros.

      Que pouvais-je faire pour qu’il leur soit difficile d’ignorer nos propositions ? J’ai fait deux choses. Je leur ai d’abord suggéré que ce que je proposais était un compromis décent et raisonnable pour le processus de négociations. Je leur ai dit : nous convenons de trois ou quatre réformes importantes, comme le système fiscal, la TVA, un système pour lutter contre la corruption dans les marchés publics, et nous les mettons en œuvre immédiatement, pendant que la BCE assouplit les restrictions sur notre liquidité. Vous voulez un accord global ? Continuons la négociation pour y arriver - mais en attendant, laissez-nous nous soumettre ces réformes au parlement.

      Leur réponse ? "Non, non, non, ce doit être un examen complet. Rien ne sera mis en œuvre si vous osez introduire une législation. Ce sera considéré comme une action unilatérale hostile au processus pour parvenir à un accord".

      Donc, en réponse, j’ai essayé une autre chose, qui m’avait été recommandé par une personne très haut placée dans le Fonds monétaire international. Avec une équipe d’experts talentueux, j’ai élaboré un plan de 60 pages pour le redressement de la Grèce, un programme de réformes pour la Grèce, un plan directeur pour mettre fin à la crise grecque. Dans cette équipe travaillaient des experts non grecs : le ministre britannique des finances, Thomas Mayer, ancien économiste en chef de la Deutsche Bank, mon grand ami Jamie Galbraith, de l’Université du Texas, et Mariana Mazzucato, de l’Université de Sussex. Ensuite, Jeff Sachs, de l’Université Columbia, qui a partucipé à l’élaboration de nombreux programmes nationaux de réforme au nom du Fonds monétaire international, m’a aidé à modifier et à éditer le document.

      J’ai remis ce document aux autres ministres des Finances, l’ai envoyé aux gouvernements et aux fonctionnaires des institutions. Quelqu’un y a-t-il porté attention ? Bien sûr que non. Même mon Premier ministre a été trop timide pour oser le soumettre à d’autres chefs de gouvernement, de peur que la Troïka ne le voie comme un défi à son autorité, à son "processus d’examen complet".

      Pendant ce temps, la Troïka, diverses personnes de la Commission, du ministère allemand des Finances et d’autres sources de pouvoir, ont multiplié les fuites dans les médias, disant que nous refusions de réformer le pays, que nous perdions notre temps, que nous n’avions rien crédible à offrir !

      Je vous invite à regarder mon site où j’ai téléchargé ce document et, si vous en avez le temps et l’énergie, de le comparer à l’« accord » qui a finalement été imposé au Premier ministre Tsipras. Un rapide coup d’œil vous convaincra que notre plan, celui dont personne ne discute, que même le gouvernement grec n’a pas réussi à faire connaître, mettrait fin à la crise grecque, contrairement aux termes de la reddition dictée le 12 Juillet, que notre Parlement a adoptée récemment, et qui va alimenter la crise avec en outre des effets catastrophiques sur les plus faibles des citoyens grecs.

      Jeu final

      Et la négociation s’est poursuivie sans fin, jusqu’à ce que notre Etat manque complètement de liquidités. A la 11ème heure, le 25 Juin, quatre jours avant que les banques grecques ne soient fermées par la BCE, la Troïka nous a donné sa proposition d’accord. C’était un ultimatum. Vous acceptez, ou vos banques ne rouvriront jamais leurs portes.

      Nous lisons leurs propositions. Elles étaient absolument toxiques ... totalement non viables et toxiques. Ils voulaient que nous engagions une nouvelle austérité ridicule, que nous augmentions la TVA sur les hôtels de nos îles de l’Egée de 6% à 23%, quand en Turquie, il est de 7%, que nous réduisions les pensions des retraités les plus pauvres d’un tiers. La liste des horreurs sur lesquelles ils insistaient était sans fin.

      Pendant des mois, ils ont asphyxié notre gouvernement et l’économie avec simultanément un bank run et un resserrement des liquidités, ils exigeaient que notre état stressé rembourse le Fonds Monétaire International au détriment de sa propre substance en décomposition, et ils ont freiné les négociations jusqu’à ce que nous arrivions au bord de la falaise. Et à ce moment ils ont fait le genre de proposition qu’on fait quand on ne veut pas d’accord. La question est : Pourquoi donc faisaient-ils cela ?

      Ont-ils tout fait pour que nous acceptions ces réformes ? Bien sûr que non. Nous souhaitions désespérément introduire des réformes. Quand ils parlaient de réformes, ce n’est pas de réformes qu’ils parlaient. Ce n’est pas une réforme de réduire la pension mensuelle d’un retraité de 300 euros par mois à 200 euros par mois. Nos propositions de réforme du système de retraite étaient de véritables réformes - nous avions un plan pour utiliser comme levier les biens publics afin de créer des investissements versant des dividendes qui, à leur tour, soutiendraient les fonds de pension. Nous avons proposé une restructuration des fonds de pension et des restrictions drastiques sur la retraite anticipée. Mais cela ne les a pas intéressés.

      Permettez-moi maintenant d’aborder la question de la dette. L’objectif d’une restructuration de la dette est de réduire les nouveaux prêts nécessaires pour sauver un débiteur en faillite. Les créanciers offrent un allègement de la dette pour obtenir plus de valeurs en retour et réduire les nouveaux financements. Les créanciers de la Grèce ont fait le contraire. Ils ont refusé de restructurer la dette et insisté pour que nous nous endettions de plus en plus, dans des conditions rendant le remboursement impossible.

      Au cours des négociations, je ne cessais de suggérer à nos créanciers une série de swaps intelligents de la dette qui auraient deux objectifs : réduire au minimum les nouveaux prêts, et s’assurer que la Grèce bénéficie du même soutien de la BCE dont le reste des Etats membres de la zone euro bénéficient quotidiennement, ce qui est la meilleure façon de cesser d’emprunter auprès des contribuables européens. Ils ont rejeté mes propositions et ont imposé un nouveau prêt qui est le double de ce qui était nécessaire.

      Nos propositions n’ont même pas été rejetées : elles n’ont jamais été discutées, c’est ça le vrai problème ! Même si nous étions habilités à dire qu’elles étaient techniquement rigoureuses et juridiquement solides, la volonté politique de l’Eurogroupe était de les ignorer, de laisser les négociations échouer, de fermer nos banques, et de forcer le gouvernement grec à capituler sur tout - y compris sur un nouveau prêt massif beaucoup plus important que ce que nous avions proposé.

      Pourquoi ?

      Donc, retour à la terrible question : Pourquoi les créanciers de la Grèce préfèrent-ils un nouveau paquet de prêts plus grand que nécessaire ? Pourquoi ignoraient-ils nos propositions de réforme dont ils savaient que nous pouvions et voulions les mettre en œuvre ? Pourquoi ont-ils gaspillé l’opportunité que nous représentions en tant que gouvernement ayant le soutien de la grande majorité du peuple grec ? Nous pouvions demander aux Grecs de prendre un remède amer, mais pas toxique, de la médecine réformiste. Pourquoi ont-ils exigé que le médicament soit toxique et non thérapeutique ?

      Il n’y a pas de réponse économique ici. La seule réponse est en termes de puissance politique. La plus grande crainte de la Troïka était que notre gouvernement puisse réussir. Que sa grande sagesse et son autorité à elle, la Troïka, soient mises en cause par vous, chers amis, par les peuples d’Europe. La Troïka ne se préoccupe pas de la plaie purulente permanente qu’est la Grèce. Le ministre allemand des Finances n’est même pas préoccupé par le remboursement des contribuables allemands.

      Ceux qui dirigent le spectacle en Europe sont prêts à verser beaucoup plus d’argent de leurs contribuables dans la fosse sans fond grecque, pendant que les Grecs souffrent, si c’est la seule façon qu’ils ont de perpétuer leur contrôle sur leur propre peuple.

      • La dette est le pouvoir du créancier et la dette insoutenable donne aux créanciers encore plus de puissance.

      • Ils ne voulaient pas rembourser votre argent.

      • Ils voulaient renverser notre gouvernement à vos frais.

      • Encore mieux, ils nous voulaient étendus un lit de clous, dépendant de leur bon vouloir, et les en remerciant.

      • Ils voulaient humilier le seul gouvernement qui a osé questionner la logique d’une politique économique illogique.

      Notre longue négociation de cinq mois fut un conflit entre le droit des créanciers de gouverner un pays débiteur et le droit démocratique des citoyens de cette nation d’être autogouvernés. Il n’y a jamais eu une négociation entre l’UE et la Grèce en tant qu’Etat membre de l’UE.

      Voilà pourquoi je suis ici. Je suis ici parce que ce qui nous est arrivé est en train de vous arriver. La Grèce est un champ de bataille sur lequel une guerre contre la démocratie européenne, contre la démocratie française, a été tentée et testée.

      En mai dernier, en marge d’une autre réunion de l’Eurogroupe, encore un autre, j’avais eu le privilège d’une conversation fascinante avec le Dr Schäuble. Nous avions parlé longuement à la fois de la Grèce et de l’avenir de la zone euro. Plus tard ce jour-là, l’ordre du jour de la réunion de l’Eurogroupe comportait un article sur les changements institutionnels à venir pour renforcer la zone euro. Dans ces conversations, ce que le Dr Schäuble prévoyait pour l’Europe est devenu très clair. Il était également clair que la grande majorité des ministres des Finances étaient d’accord. Michel Sapin n’était pas parmi ceux-là, mais, je ne me souviens pas de l’avoir vu contester ouvertement la vision de Dr Schäuble. Clairement, la France n’est plus ce qu’elle a été...

      Et quel est le plan ? François Mitterrand savait que la zone euro avait été mal construite. Il croyait que la première grande crise de l’euro obligerait ses successeurs à introduire l’union politique nécessaire pour sauver l’Europe d’une fragmentation semblable à celle des années 1930. Il avait tort.

      Une crise à grande échelle est bien sûr inévitable lorsque le contrôle sur l’argent de différentes nations est concédé à des "technocrates" déconnectés de tout processus parlementaire susceptible de l’infléchir si nécessaire. Une fois que la crise inévitable éclate, les intérêts nationaux refont surface sur un mode vengeur. L’histoire a prouvé que Mitterrand avait tort : La crise a opposé une nation fière à un autre et a repoussé à un avenir lointain une solution fédérale.

      Nous sommes restés avec le plan de Dr Schäuble : Un seigneur du budget Eurozonal (peut-être une version glorifiée de président de l’Eurogroupe) muni uniquement de pouvoir négatif, ou de veto, sur les budgets nationaux. Sur le budget de la France, pour être précis. Un Eurogroupe qui devient de plus en plus puissant pendant que la Commission européenne se fane à l’arrière-plan, confinée à des questions d’importance mineure.

      A ceux qui disent « plus d’Europe » et parlent en faveur d’une « union politique », je dis : méfiez-vous ! L’Union soviétique était aussi une union politique. La question est : Quel genre d’union politique ? Un royaume démocratique de prospérité partagée ? Ou une cage de fer pour les peuples d’Europe ?

      Une démocratie fédérale comme l’Allemagne, les Etats-Unis ou l’Australie, permettez-moi de vous le rappeler, est fondée sur la souveraineté de ses citoyens, comme en témoigne le pouvoir de ses représentants fédéraux de légiférer au nom du peuple souverain.

      En contraste, le Plan Schäuble conçoit seulement des pouvoirs négatifs : Un seigneur du budget qui peut seulement dire « non », mais a une capacité très limitée de recycler les excédents vers les régions déficitaires de l’Europe - ce qu’un système fédéral ferait.

      Le problème posé par ce plan est double. Premièrement, il ne permet pas de protéger et de gérer la macro-économie de la zone euro. Deuxièmement, il viole les principes fondamentaux de la démocratie libérale occidentale.

      Alors, que vient faire la Grèce dans tout cela ? Elle est utilisée dans une sorte de conte moral, pour vous démontrer à vous ce qui vous attend si vous résistez à cette version disciplinaire de l’union politique. Le Grexit est conçu comme une menace pour forcer le peuple de France à accepter comme un moindre mal l’austérité permanente, la crise permanente et le contrôle de votre destin par des irresponsables, des gens sans visage, des pseudo-technocrates économiquement analphabètes.

      Ne vous méprenez pas : Notre gouvernement a été écrasé, car nous avons osé dire non à la Troïka à une époque où elle avait des plans pour venir à Paris. Vous ne pourrez pas dire que vous n’avez pas été prévenus. "Nous sommes tous des Grecs désormais" non pas parce qu’il y a quelque chose de supérieur chez les Grecs, mais parce que le printemps d’Athènes a allumé une petite bougie d’espoir chez tous les Européens. Une bougie que la Troïka devait éteindre à tout prix, de peur que son autorité soit contestée par le spectre de la démocratie.

      Perte de la souveraineté sur les ministères clés de l’Etat

      Une des choses les plus choquantes pour moi, après que je fus devenu ministère des Finances, fut de comprendre à quel point cinq ans de règne de la Troïka avaient transformé l’Etat grec en fromage suisse. Des pans entiers de notre gouvernement avaient été engloutis par la Troïka, leur répondant directement à eux, ne rendant pas compte aux ministres, voire au Parlement.

      Et ce n’était pas seulement la Banque de Grèce, qui était incorporée dans la Banque centrale européenne et qui, au lieu d’aider notre gouvernement (comme il était prévu que les banques centrales le fassent), nous a asphyxiés. Non, je pense à d’autres institutions cruciales comme le Fonds hellénique de stabilité financière - HFSF - (qui détient pour le compte de l’Etat toutes les banques), à l’instance qui gère toutes les privatisations, à l’Office statistique et, bien sûr, au secrétariat de mon propre ministère.

      Quand j’ai décidé de réduire les énormes salaires des gestionnaires de HFSF, nommés en grande partie par la Troïka, je reçus une lettre de M. Thomas Wieser, le président du groupe de travail euro, un fonctionnaire clé de la Troïka, qui m’a dit que je ne pouvais pas le faire sans son approbation. Dans un pays où la Troïka exige des réductions de salaire et de retraite constants, le ministre ne peut pas réduire les salaires exorbitants des favoris garçons et filles de la Troïka - salaires versés par notre nation en faillite.

      À une autre occasion, je essayé d’interroger le secrétariat de mon propre ministère à propos du retard de quatre mois qui affectait l’ouverture de l’application Web par laquelle les entreprises soumettent leurs déclarations de revenus. Or durant ces quatre mois notre état était asphyxié et avait grand besoin de recettes fiscales. On m’a dit que je n’avais aucune autorité sur le Secrétariat des recettes publiques, qui était effectivement directement relié à la Troïka. Bientôt, au cours des négociations, la Troïka donna plus d’autonomie au secrétariat général qui aidait à l’asphyxie de notre état !

      Et quand, après ma démission, je parlai à un groupe de financiers de mon plan pour rétablir la souveraineté nationale sur ce secrétariat particulier, je fus soudain confronté à une campagne, par les médias grecs amis de la Troïka, dont le but était de me faire inculper pour ... haute trahison.

      Je vous dis tout cela afin que vous soyez avertis. Lorsque la Troïka viendra à Paris, en personne ou en esprit, sachez ceci : une privation hideuse de souveraineté nationale sera imposée aux ministres français aussi - si ce n’est pas déjà fait.

      Déficit démocratique

      Permettez-moi de revenir à la fin Juin. Le premier ministre Tsipras avait annoncé le référendum car nous n’avions le mandat ni d’accepter un accord non-viable, ni d’entrer en conflit avec l’Europe. Donc, nous avons demandé au peuple grec de donner son avis sur l’ultimatum.

      Lors de la réunion de l’Eurogroupe qui a suivi, le 27 Juin, je suis fustigé par plusieurs ministres des Finances pour avoir posé des questions financières complexes à des gens ordinaires. Quoi ? N’est-ce pas une question de démocratie ? Poser des questions complexes aux gens ordinaires, sur la base de : une personne, une voix ? Avais-je bien entendu ? L’Eurogroupe - l’organe de la plus grande économie du monde où toutes les décisions qui façonnent nos économies sociales sont prises - me jetait la démocratie au visage ?

      Lors de cette réunion, le président Dijsselbloem a annoncé qu’il était sur le point de convoquer une deuxième réunion tard dans la soirée, sans moi : sans que la Grèce ne soit représentée. Je protestais qu’il ne pouvait pas, de lui-même, exclure le ministre des Finances d’un État-membre de la zone euro et j’ai demandé un avis juridique sur la question.

      Après une courte pause, l’avis est tombé du Secrétariat de l’Eurogroupe : "L’Eurogroupe n’existe pas dans le droit européen. C’est un groupe informel et, par conséquent, aucune règle écrite ne peut contraindre son président". Aucune règle écrite, aucun procès-verbal (permettant aux citoyens de voir ce qui a été dit en leur nom), aucun respect pour la démocratie. Voilà l’institution qui décide pour vous et moi, pour vos enfants et les miens. Est-ce l’Europe pour laquelle Adenauer, De Gaulle, Brandt, Giscard, Schmidt, Kohl, Mitterrand, etc. avaient travaillé ? Ou est-ce l’épitaphe de l’Europe que nous avions toujours pensée être notre point de référence, notre boussole ?

      Une semaine plus tard, le peuple de Grèce, malgré les banques fermées et la peur exploitée par des médias grecs corrompus, a prononcé un NON retentissant au référendum. Le lendemain, le Sommet Euro a répondu en imposant à notre Premier ministre un accord qui ne peut être décrit qu’en termes de capitulation de notre gouvernement. Et l’arme de choix du Sommet Euro ? La menace illégale d’amputer la Grèce de la zone euro.

      Quoi qu’on pense de notre gouvernement, et malgré les divisions que cette capitulation a occasionnées entre nous, cet épisode restera dans l’histoire de l’Europe comme le moment où l’Europe officielle a déclaré la guerre à la démocratie européenne. La Grèce a capitulé, mais c’est l’Europe qui a été défaite.

      Notre mécontentement

      Comme vous avez pu l’entendre, cette nuit-là j’ai été en désaccord avec le Premier ministre Tsipras et j’ai démissionné. Nous avions été en désaccord sur un certain nombre de questions auparavant.

      Le fait d’avoir concédé à la Troïka fin avril des excédents primaires ridiculement élevés, sans mon consentement, a été une façon d’enhardir nos créanciers. Une fois que vous acquiescez sur des excédents primaires élevés, vous acceptez une nouvelle austérité, vous signalez que vous n’êtes pas vraiment sérieux quand vous parlez de restructuration de la dette. Et une fois que vous cédez sur l’austérité et la dette, la Troïka sait que vous êtes battu. Tout ce qu’ils avaient à faire était d’attendre notre capitulation.

      La raison pour laquelle je ne l’ai pas démissionné alors, fin Avril et début mai, c’était que j’étais certain que la Troïka ne donnerait pas à mon Premier ministre un accord à moitié décent, même après qu’il leur eut accordé presque tout ce qu’ils avaient demandé. Car leur but était notre humiliation, plutôt qu’un accord très dur d’austérité. Et donc j’ai attendu que Alexis durcisse le ton. Le référendum lui a donné cette chance.

      Lorsque l’Eurogroupe a demandé à la BCE de fermer nos banques en représailles à notre référendum - les mêmes banques que la BCE avait déclaré à plusieurs reprises être insolvables - je recommandais deux ou trois actes en représailles de notre côté. Quand je fus mis en minorité au sein de notre cabinet de guerre, je savais que c’était fini.

      Et pourtant les personnes courageuses de Grèce, en dépit de la propagande menée par les oligarques de la télévision et de la radio, ignorant les banques fermées, avaient voté un retentissant « Non » à la capitulation. Cette nuit-là Danae et moi avons senti que nous avions une autre chance. Ou que, à tout le moins, nous devrions démissionner si nous pensions que nous avions usé toutes nos armes, prenant la rue avec notre peuple courageux. « Pas en notre nom » aurait dû être notre réponse de défi à la demande de la Troïka que nous signions son catastrophique « nouveau » plan.

      Ces désaccords entre Alexis Tsipras et moi sont maintenant de l’eau sous le pont. Je suis désolé que nos chemins aient divergé. En particulier, je me désole d’entendre mon camarade se battre pour appuyer un programme dont il sait qu’il n’est pas fait pour marcher.

      Pouvons-nous aller de l’avant unis dans la différence ? La gauche n’a pas si le faire dans le passé. Cela s’améliore maintenant. Nous devons laisser la porte ouverte à tous ceux qui ont l’envie et la capacité de nous rejoindre dans la lutte pour récupérer l’intégrité et l’âme de l’Europe. Pour démocratiser la zone euro.

      Une fausse, mais divertissante, histoire de l’euro

      Pourquoi nous, Européens, avons créé l’euro ? Une réponse peu analytique mais divertissante :

      Les Français craignent les Allemands

      Les Irlandais voulaient échapper à la Grande-Bretagne

      Les Grecs étaient terrifiés par la Turquie

      Les Espagnols voulaient devenir comme les Français

      Les Italiens du Sud voulaient des droits migrateurs vers... l’Allemagne

      Les Italiens du Nord voulaient devenir allemands

      Les Néerlandais et les Autrichiens étaient presque tous devenus allemands

      Les Belges ont cherché à guérir leurs profondes divisions en rejoignant à la fois la Hollande et la France sous l’égide d’un Deutsch mark reconfiguré

      Les pays baltes frissonnaient à la pensée d’une résurgence de la Russie

      Les Slovaques n’avaient nulle part où aller après la séparation d’avec leurs frères tchèques

      La Slovénie fuyait les Balkans

      La Finlande devait faire quelque chose que la Suède ne ferait pas

      Et, enfin, les Allemands craignaient les ...Allemands !

      Comme tous les gros mensonges, cette liste contient d’importantes petites vérités. Les Français craignaient vraiment les Allemands. Et les Allemands avaient des raisons de craindre cette peur, ainsi que la capacité à l’autodestruction de leur propre État-nation.

      Sur ce point, je tiens à différer de ceux qui ont imputé la crise de l’Europe "à l’Allemagne" et "aux Allemands". Je me suis toujours opposé à cela pour deux raisons.

      Tout d’abord, "les Allemands" ça n’existe pas. Pas plus que "les" Grecs. Ou "les" Français. Quiconque connaît les sociétés allemande, grecque, française sait qu’il y a beaucoup plus de différences de caractère, de vertu ou d’opinion parmi les Grecs, les Français ou les Allemands qu’il n’y a de différences entre Allemands, Français et Grecs.

      La deuxième raison pour laquelle je m’oppose à la censure de l’Allemagne est que Paris porte une plus grande responsabilité que Berlin dans notre pagaille actuelle. Permettez-moi de vous ramener au 18 Septembre 1992. Ce jour-là, deux jours avant que les Français ne votent lors du référendum sur le traité de Maastricht, Le Figaro avait écrit :

      Les adversaires de Maastricht craignent que la monnaie commune et la nouvelle Banque centrale ne fortifient la supériorité du Deutsche Mark et de la Bundesbank. Mais c’est exactement le contraire qui va se passer. Si elle vient à Maastricht, l’Allemagne devra partager sa puissance financière avec les autres. « L’Allemagne paiera », disaient-ils dans les années 1920. Aujourd’hui, l’Allemagne paie vraiment. Maastricht est le Traité de Versailles sans la guerre.

      Aucun Allemand ne pouvait pardonner une telle insensibilité. Que l’establishment français lutte de cette façon pour convaincre un électorat français sceptique de voter « OUI » au référendum n’était pas une excuse.

      Le Traité de Versailles de 1919 a condamné les Allemands à la misère indicible, a humilié la fière nation allemande, et a préparé le terrain aux voyous nazis. Les nazis seraient restés une note historique en bas de page s’il n’y avait pas eu les réparations impossibles du traité de Versailles.

      Ce ne fut pas seulement le capricieux éditorial de certains journaux français. Le Président De Gaulle avait également envisagé l’union monétaire avec l’Allemagne comme "la guerre par d’autres moyens », précisément dans l’esprit du Figaro. Et puis en 1983, lorsque François Mitterrand a décidé d’abandonner les politiques anti-austérité du gouvernement socialiste pour apaiser les marchés et la Bundesbank, Jacques Delors a fait valoir qu’il embrassait l’austérité parce que l’austérité pouvait être seulement vaincue au niveau européen. Le plan de Delors était de capturer une institution chérie par le peuple allemand, la Bundesbank, de la subsumer dans une banque centrale française dominée, et d’étendre en Allemagne et au reste de l’Europe des politiques chères au coeur de Paris.

      Oui, il est vrai que j’en ai eu assez d’entendre les politiciens allemands, comme Wolfgang Schäuble, parler et encore parler sur la sainteté de règles inapplicables. Mais nous devons être honnêtes : les élites de la France sont responsables d’avoir mis les élites de l’Allemagne sur la défensive. Les diplômés des Grand Écoles françaises tiennent des beaux discours sur le bien commun de l’Europe, mais en réalité, ils ont tenu à sacrifier les intérêts de la majorité du peuple français sur l’autel de leur étroit intérêt. Ils n’ont cessé d’exiger de leur propre peuple et du reste de l’Europe de faire des sacrifices afin que la classe dirigeante de la France prospère, avec des Deutsch mark ou des euros plein les poches.

      L’euro a changé tout cela. Enfermés dans son étreinte d’acier, les administrateurs sophistiqués de la France se rendent compte maintenant que l’union monétaire ne va pas leur offrir l’Allemagne sur un plateau. En effet, ils se rendent compte que non seulement ils ne gagnent pas sur l’Allemagne mais qu’ils perdent la France. Cela ne nous offre, à nous humanistes européens engagés, aucun réconfort. Nos peuples en France, en Allemagne, en Grèce, en Finlande souffrent de la manipulation inepte par nos prétendues élites de la crise inévitable de l’euro.

      Les fourmis et les sauterelles

      Pour en revenir à ce vieux manifeste avec lequel j’ai commencé mon discours, il reste vrai que l’histoire de l’humanité est l’histoire de la lutte de classes. La seule force politique qui l’a oublié est la ... Gauche. La droite n’a jamais cessé de poursuivre la guerre de classe dans la pratique tout en utilisant chaque crise pour opposer les unes aux autres les nations fières.

      L’idée que les fourmis vivent toutes dans le Nord et les sauterelles toutes dans le Sud, en plus de l’Irlande, est absurde. Il y a des fourmis et il y a des sauterelles dans chacune de nos nations. Pendant les « bons » moments de la zone euro, les sauterelles du Nord et les sauterelles du Sud ont dévoré frénétiquement. Et quand leurs péchés ont conduit à la crise, ce sont les fourmis du Nord et les fourmis du Sud qui ont été forcées de payer la facture.

      La Troïka et l’Eurogroupe sont les instances qui ont endossé l’agenda des sauterelles de l’Europe officielle, partout en Europe, tournant les fourmis du Nord contre les fourmis du Sud dans une Europe qui est en train de perdre son âme du fait des stéréotypes, des dénis et à cause des sales prétendues élites extrêmement déterminées à ne pas lâcher les leviers du pouvoir mal acquis.

      En 1929, un accident à Wall Street a commencé le processus qui a démantelé la monnaie commune de l’époque - le Gold Standard. En 2008, un autre accident à Wall Street a commencé le processus de fragmentation de la zone euro. À ces deux occasions, les Français se retournèrent contre les Allemands, les Allemands contre les Français, avant que les Français ne se retournent contre les Français, les Grecs contre les Grecs et les Allemands contre les Allemands. À ces deux occasions, dans les années 1930 et maintenant, les seuls bénéficiaires ont été les bigots, les nationalistes, les xénophobes, les misanthropes. L’œuf du serpent n’a pas mis longtemps à éclore dans de telles circonstances.

      Anti-nationaliste, anti-nazi

      Voilà pourquoi il est si important que nous évitions de commencer des phrases par « Les Allemands ceci » ou « Les Français qui" ou "Les Grecs". Voilà pourquoi il est impératif que nous comprenions que "les" Allemands, "les" Grecs ou "les" Français n’existent pas. Que nous sommes tous des Européens face à une crise très européenne.

      Lors de ma première visite à Berlin, au cours de la conférence de presse que je donnais avec le Dr. Wolfgang Schäuble, j’ai dit :

      En tant que ministre des Finances d’un gouvernement confronté à des circonstances d’’urgence causées par une crise de dette déflationniste sauvage, je pense que la nation allemande est celle qui peut le mieux nous comprendre. Personne ne peut mieux comprendre que les gens de ce pays à quel point une économie très déprimée, soumise à un rituel d’humiliation nationale et de désespoir sans fin, peut voir éclore l’œuf du serpent en son sein. Quand je rentrerai à la maison ce soir, je vais me retrouver dans un Parlement où le troisième plus grand parti est un parti nazi.

      L’Allemagne peut être fière du fait que le nazisme a été éradiqué ici. Mais c’est l’une des ironies cruelles de l’histoire que le nazisme ait montré son visage laid en Grèce, un pays qui a mené une forte lutte contre lui. Nous avons besoin du peuple de l’Allemagne pour nous aider à lutter contre la misanthropie. Nous avons besoin que nos amis allemands restent fermes dans le projet européen de l’après-guerre ; c’est à dire, ne plus jamais permettre une dépression comme celle des années 1930, divisant les fières nations européennes. Nous ferons notre devoir à cet égard. Et je suis convaincu que c’est ce que feront nos partenaires européens.

      Donc, jamais plus de stéréotypes sur les Grecs, les Allemands, les Français, tout le monde. Tendons la main à tous ceux qui veulent refaire de l’Europe un royaume démocratique de prospérité partagée.

      CONCLUSION

      Je vous ai assez fatigués. Laissez-moi en mon nom et en celui de Danaé, exprimer nos profonds remerciements à Arnaud Montebourg et Aurélie Filippatti pour leur hospitalité, leur amitié et pour nous avoir permis de vous rencontrer vous tous aujourd’hui - pour cette occasion de commencer quelque chose d’important, ici, à Frangy.

      La France est le laboratoire de l’Europe. En apportant en France l’esprit du printemps d’Athènes on peut donner à l’espoir une autre chance.

      Chers amis, la diversité et la différence n’ont jamais été le problème de l’Europe.

      Notre continent a commencé à se réunir avec de nombreuses langues et des cultures différentes, mais il est en train de finir divisé par une monnaie commune.

      Pourquoi ? Parce que nous laissons nos dirigeants faire quelque chose qui ne peut pas être fait : dépolitiser l’argent, pour faire de Bruxelles, de l’Eurogroupe, de la BCE, des zones franches apolitiques.

      Quand la politique et l’argent sont dépolitisés, ce qui se passe c’est que la démocratie meurt. Et quand la démocratie meurt, la prospérité est confinée au très petit nombre de gens qui ne peuvent même pas en profiter derrière les portes et les clôtures qu’ils ont eu besoin de construire pour se protéger de leurs victimes.

      Pour contrer cette dystopie les peuples d’Europe doivent croire à nouveau que la démocratie n’est pas un luxe offert aux créanciers et refusé aux endettés.

      Peut-être le temps est-il venu d’un réseau européen dont l’objectif explicite soit la démocratisation de l’euro. Pas un autre parti politique, mais une coalition inclusive paneuropéenne de Helsinki à Lisbonne et de Dublin à Athènes, s’engageant à passer de l’Europe de « Nous, les gouvernements » à l’Europe « Nous, le peuple ». S’engageant à mettre fin au jeu du blâme. Attaché à la maxime selon laquelle il n’existe rien de tel que "les" Allemands, "les" Français ou "les" Grecs.

      Le modèle des partis nationaux qui forment des alliances fragiles au Parlement européen est obsolète. Les démocrates européens doivent se réunir d’abord, former un réseau, établir un programme commun, et ensuite trouver des façons de se connecter avec les communautés locales et au niveau national.

      Le réalisme exige de notre nouveau réseau européen de chercher des moyens d’adapter les institutions européennes existantes aux besoins de nos peuples. D’être modestes et d’utiliser les institutions existantes de façon créative. Pour oublier, au moins pour l’instant, les modifications des traités et les mesures fédérales qui ne pourront suivre que lorsque nous, et le spectre de la démocratie, aurons mis fin à la crise.

      Prenez les quatre domaines où la crise de l’Europe se déroule. La dette, les banques, l’insuffisance des investissements et la pauvreté. Ils sont tous les quatre actuellement laissés dans les mains des gouvernements qui sont impuissants à agir sur eux. Européanisons les !

      Que les institutions existantes gèrent une partie de la dette des États-membres, place les banques en faillite sous une juridiction européenne commune, donne à la BCE la tâche d’administrer un programme pan-européen de récupération de l’investissement. Et, enfin, utilisons les bénéfices comptables accumulés dans le Système européen de banques centrales pour financer un programme de lutte contre la pauvreté partout en Europe - y compris en Allemagne.

      J’appelle ça un programme primordial d’européanisation décentralisée car il européanise nos problèmes communs, mais ne propose pas de trésor fédéral, pas de perte de souveraineté, pas de transferts fiscaux, pas de garanties allemandes ou françaises pour la dette irlandaise ou grecque, pas de modifications des traités, pas de nouvelles institutions. Il donne plus de liberté aux gouvernements élus. Il limite leur impuissance. Il rétablit le fonctionnement démocratique de nos parlements.

      Il y a quelques années, Michel Rocard a défendu cette proposition, et en a même écrit la préface. Ce peut être le point de départ des réflexions de notre réseau paneuropéen réunissant la gauche française, la gauche radicale grecque, une société allemande plus confiante, et même les conservateurs qui reconnaissent que les dispositions actuelles empoisonnent la démocratie et font dérailler nos économies.

      Nous ne sommes pas d’accord sur tout. Démarrons avec l’idée commune que la zone euro doit être démocratisée.

      Lorsqu’on a demandé à Gandhi ce qu’il pensait de l’Union Européenne, il a répondu par son célèbre : "... Ce serait une très bonne idée".

      Si l’on nous demandait ce que nous pensons de notre Union européenne aujourd’hui, nous dirions : "Quelle idée splendide ! Si seulement nous pouvions la retirer !"

      Nous pouvons la retirer. Tout ce que nous devons faire est d’aider le spectre de la démocratie à hanter ceux qui la détestent.

      Permettez-moi de terminer en ajoutant aux idéaux français de la liberté, de fraternité et d’égalité des notions que notre Printemps d’Athènes a mises en avant et que la nouvelle Europe doit de nouveau embrasser : l’espoir, la rationalité, la diversité, la tolérance et, bien sûr, la démocratie.

      –-----

      Le texte anglais de cette conférence à été publié et introduit hier par Christian Salmon :

      http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-salmon/240815/notre-printemps-dathenes-par-yanis-varoufakis

  • « L’Europe doit abandonner l’euro »
    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2015/03/02/l-europe-doit-abandonner-l-euro_4585513_3232.html

    W.Streeck, tribune du Monde, 2/03/2015

    Peut-être les artistes bruxellois de la négociation réussiront-ils à immobiliser la Grèce dans un premier temps et à faire passer l’été à l’euro. Cela produira peut-être l’effet collatéral désiré : provoquer la scission de Syriza et ruiner sa réputation auprès des électeurs

    #euro #Syriza #Grèce #Europe

    • C’est de début mars, mais je voulais l’archiver. Voilà :

      Si tout se passe bien, nous assistons au commencement de la fin de l’union monétaire européenne. « Si l’euro échoue, l’Europe échoue », disait Angela Merkel. Aujourd’hui, c’est exactement l’inverse. L’euro est en train de détruire l’Europe. Si l’euro échoue, il se pourrait quand même que l’Europe finisse par ne pas échouer. Ce n’est pas certain : les blessures qu’a causées l’union monétaire sont trop profondes.

      Avec l’arrivée au pouvoir en Grèce du parti de gauche Syriza, en alliance avec un parti groupusculaire d’extrême droite, le projet monstrueux consistant à greffer une monnaie commune à des sociétés ayant des économies différentes semble devoir connaître la fin qu’il mérite.

      On en avait pourtant fait, des tentatives ! On avait commencé par installer à la place des gouvernements élus des technocrates issus des bureaucraties financières privées et publiques, mais les peuples ingrats les ont renvoyés chez eux. L’ère de la docilité européenne est ainsi révolue : les institutions démocratiques ont rejeté les implants bruxellois. Et cela va continuer : en Espagne, le parti frère de Syriza, Podemos, enverra aux pâquerettes le Partido Popular.

      Personne ne peut savoir ce qui va sortir des négociations que l’on vient d’entamer. Syriza a des avis divergents quant à savoir si la Grèce doit rester ou non dans l’euro. Beaucoup de choses sont possibles. De l’autre côté, l’Italie et l’Espagne jurent qu’elles soutiennent la politique commune de « réforme » et de « sauvetage » – mais il est clair qu’elles réclameront pour elles les concessions que négociera la Grèce. Cela va coûter très cher au Nord. Syriza en chien démineur, chargé de repérer jusqu’où l’Allemagne est prête à aller pour préserver la cohésion de l’union monétaire ?
      Restrictions humiliantes

      Peut-être les artistes bruxellois de la négociation réussiront-ils à immobiliser la Grèce dans un premier temps et à faire passer l’été à l’euro. Cela produira peut-être l’effet collatéral désiré : provoquer la scission de Syriza et ruiner sa réputation auprès des électeurs. En menant à bien l’assainissement fiscal de la Grèce, puis celui, dès lors inévitable, des autres pays débiteurs, on n’aura rien gagné.

      Même si l’économie grecque se stabilisait à son niveau actuel, les gigantesques disparités que les « réformes » ont fait naître entre l’Europe du Nord et du Sud persisteraient, et cela vaudrait aussi pour l’Italie et pour l’Espagne si elles se rendaient « compétitives » au sens où l’entendent les normes de la Banque centrale européenne (BCE) et de l’Union européenne (UE).

      On réclamerait alors des compensations par redistribution ou par « relance » de la croissance, sous forme de crédits ou d’aides structurelles relevant de la politique régionale, ou du moins le rétablissement des relations telles qu’elles étaient avant la crise et le sauvetage : un conflit de redistribution déplacé au niveau des relations entre Etats. Et cette revendication, c’est à l’Allemagne qu’on l’adresserait, en même temps qu’à quelques pays de plus petite taille, comme les Pays-Bas, l’Autriche et la Finlande – la France intervenant alors comme « médiateur ».

      Ainsi débuterait un conflit durable qui provoquerait l’éclatement de l’Europe. L’Allemagne, le Nord, ne pourraient échapper aux négociations prévisibles. On peut s’attendre à ce que les bailleurs considèrent que les paiements qui leur sont réclamés sont trop élevés tandis que les pays bénéficiaires jugeront que l’argent ne coule pas assez, et seulement au prix de restrictions humiliantes de leur souveraineté.

      Ce conflit structurel existera tant que l’union monétaire subsistera. Si celle-ci ne se brise pas sur le conflit en question parce que les gouvernements s’accrochent obstinément à leur « expérimentation frivole » ou si le secteur allemand de l’exportation croit devoir s’accrocher jusqu’à la victoire finale à son « idée européenne », alors cet idéalisme provoquera l’éclatement de l’Europe. Mettre un terme, dès que possible, à l’union monétaire sous sa forme actuelle est donc avant tout dans l’intérêt, sinon économique, du moins politique de l’Allemagne.

      Haïe

      Dans les pays de l’espace méditerranéen, y compris en France, l’Allemagne est aujourd’hui plus haïe qu’elle ne l’a jamais été depuis la seconde guerre mondiale. L’injection financière de la BCE en janvier n’a eu qu’un seul effet certain : le sentiment de triomphe qu’a provoqué dans le sud de l’Europe la défaite allemande au conseil de la banque. Le héros de l’Italie s’appelle Mario Draghi, parce qu’on considère qu’il a pris les Allemands par la ruse et les a humiliés.

      Le dévalement européen de l’Allemagne est en bonne partie un héritage à long terme de cet « Européen passionné » qu’était Helmut Kohl. Quand des accords menaçaient d’échouer en raison d’un désaccord sur la répartition des frais, Kohl se montrait toujours disposé à payer la facture. Ce qui peut avoir été dans l’intérêt de l’Allemagne pour des raisons historiques, le folklore politique l’a porté au compte de convictions personnelles de Kohl, mais cette attitude a suscité des espoirs qui sont allés au-delà de son mandat.

      Pour les successeurs de Kohl de tous bords, les intérêts de l’économie exportatrice allemande et de ses syndicats justifieraient à eux seuls qu’ils fassent tout en vue de répondre à ces attentes et, le cas échéant, qu’ils financent seuls la cohésion de l’union économique européenne. Or cela, ces héritiers n’en sont plus capables.

      L’approfondissement du processus d’intégration, souhaité par nombre de bons Européens, a eu pour conséquence sa politisation et la naissance d’une opinion publique qui a mis un terme au « consensus permissif » sur la politique européenne d’intégration.

      Contrairement à ce que l’on expliquait, la vie publique européenne ne s’est pas installée sous forme de politique intérieure, mais d’une politique extérieure dans laquelle dominent les conflits entre Etats et où l’objectif d’une union sans cesse plus étroite, auquel on ne prêtait jadis qu’une attention secondaire, est devenu de plus en plus contesté. Au sein de l’union monétaire, les indispensables subventions d’intégration ont atteint un tel niveau qu’elles dépassent largement les possibilités de l’Allemagne.

      On peut considérer que le gouvernement Merkel serait volontiers disposé à faire payer un prix très élevé à ses contribuables pour imposer son « idée européenne » d’un marché intérieur supranational sans dévaluation pour les machines et les automobiles allemandes, et l’on peut en dire autant, même si c’est pour des raisons en partie différentes, de l’opposition rassemblée au Bundestag. L’émergence en 2013 du parti anti-euro AfD dans la politique intérieure allemande ne l’a toutefois pas permis.

      Catastrophe géostratégique

      Comme le consensus permissif a lui aussi toujours été lié à un système où tout ce qui devait servir l’intégration n’était pas connu du public, on pourrait continuer à travailler pour dissimuler les concessions allemandes dans de quelconques galeries technocratiques creusées en profondeur, ce à quoi se prêterait en particulier très bien la BCE. Mais cela aussi est devenu impossible avec les élections en Grèce.

      Les tiraillements auxquels on peut s’attendre autour du « programme de croissance », des remises de dettes et de la mutualisation des risques, d’une part, des droits d’entrée dans les gouvernements, de l’autre, se dérouleront sous l’impitoyable lumière de l’opinion publique, sous les cris d’alarme ou de triomphe, selon la situation, de l’AfD en Allemagne et de presque tous les partis dans les pays débiteurs.

      L’union monétaire a réduit à néant la politique européenne allemande et les succès qu’elle avait obtenus au fil de longues décennies. Si nous ne faisons pas attention, elle peut aussi à présent avoir des conséquences catastrophiques sur le plan géostratégique. La Russie est prête à accorder à la Grèce les crédits qui lui seraient refusés par l’UE.

      La même idée pourrait s’appliquer en cas de faillite de l’Etat grec ou si ce pays était exclu de l’union monétaire européenne. Si l’on en arrivait là, on se retrouverait face à une asymétrie aussi spécifique qu’unique : de la même manière que l’UE, encouragée par les Etats-Unis, tente de mettre un pied en Ukraine, la Russie pourrait travailler à établir en Grèce une tête de pont vers l’Europe de l’Ouest.
      L’instant de vérité

      Chacune des deux parties se verrait alors contrainte de remplir un puits sans fond dans la zone d’influence de l’autre (les Grecs auraient ici motif de s’étonner que Bruxelles, Berlin et compagnie aient encore de l’argent pour une Ukraine largement oligarchique, mais pas pour une Grèce dirigée par un gouvernement de gauche). De la même manière que l’Ouest a voulu étendre son emprise en direction de Sébastopol, avec son port militaire russe vers les mers chaudes, la Russie pourrait vouloir pousser la sienne vers l’Egée, espace de manœuvre de la 6e Flotte des Etats-Unis. Ce serait un retour aux conflits géostratégiques de l’après-guerre, qui virent, en 1946, l’intervention des troupes britanniques dans la guerre civile grecque.

      L’instant de vérité est arrivé pour une politique d’intégration européenne qui a échappé à tout contrôle, dont le moteur est le capital financier. Pour que l’Europe ne se transforme pas en un marécage d’incriminations réciproques entre nations, avec des frontières ouvertes et en courant à tout moment le risque d’être submergée de l’extérieur, il faut démanteler ce monstre qu’est l’union monétaire.

      Le démantèlement doit se dérouler sur la base du contrat social, avant que l’atmosphère ne soit trop empoisonnée pour cela. Comment s’y prendre : voilà ce dont on doit débattre. Il faut permettre aux pays du Sud une sortie en douceur, peut-être au sein d’un euro du Sud qui n’exigera pas de leur part des « réformes » détruisant leurs sociétés.

      Quant à ceux qui, au début de l’union monétaire, leur ont fait l’article en leur promettant qu’ils pourraient jouir sans fin des crédits issus des subprimes, ils doivent le payer, tout comme ceux qui savaient de quoi il retournait et n’ont rien dit. Au lieu de l’étalon-or de fait que l’on utilise dans le rapport avec l’Europe du Nord, il faut mettre en place un régime monétaire qui permette la flexibilité tout en excluant l’arbitraire. Les économistes sont de plus en plus nombreux à le réclamer, et l’on compte parmi eux des poids lourds comme l’Américain Alan Meltzer. Nous devons faire ce qui est nécessaire – non pas pour sauver l’euro, mais pour sauver l’Europe (Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni).

      Wolfgang Streeck (Sociologue de l’économie et professeur à l’université de Cologne

    • Merci !
      Suis en train de lire son Du temps acheté, la crise sans cesse ajournée du #capitalisme démocratique sur le passage de l’état- fiscal à l’#état_débiteur, qui comporte pas mal de notations intéressantes (malgré le démocratisme un peu creux de l’auteur : "opinion publique, « citoyen », et toute la camelote associée). Amusé de voir les gvts de « #grande_coalition » décrits comme les plus fonctionnels pour obvier à l’illégitimité de la représentation politique et assurer la confiance_des_marchés (l’état débiteur est tributaire du citoyen -isolé et conduit à l’#abstention faute de pouvoir peser par le vote - et l’émergence d’un « peuple des gens du marché », comme le définit l’auteur). L’union européenne fait directement penser à cela, comme le cas allemand, et demain le Grec (?) où déjà pas mal de Pasok a intégré Syriza avant des alliances post électorales à venir. La crise radicale du PS français a des chances de se régler de la même façon. Malgré le bipartisme imposé par une constitution présidentialiste.
      #aide-en-tant-que-punition dit #Wolfgang_Streeck, une punition administré par une politique de la #dette qui est #interétatique. Le constat ressassé de l’"impuissance de l’état" est mis en en cause par l’existence de ce nouveau pouvoir des états.

      Ai bien aimé les passages où il renvoie dos à dos les caricatures nationalistes (Grecs et métèques sont des feignants à rédimer, Merkel et Allemagne, les nouveaux « nazis » de l’Europe), un type de vision destinées ( de Sapir à Mélenchon) à louper le pouvoir interétatique

      A-t-on accordé assez d’attention aux propos de Varoufakis indiquant que la « crise grecque » prélude à une (contre) réforme de l’#état-providence français ? A une homogénéisation de fait de la « politique sociale » européenne qui réinitie l’axe franco-allemand ?

  • Grèce : le « système bancaire parallèle » de Varoufakis
    http://www.lapresse.ca/international/europe/201507/27/01-4888401-grece-le-systeme-bancaire-parallele-de-varoufakis.php

    [Yanis Varoufakis] a expliqué au cours d’une téléconférence le 16 juillet avec des responsables de fonds spéculatifs, dont des extraits ont été publiés dimanche par deux quotidiens grecs, qu’il avait l’intention de mettre en place « un système bancaire parallèle » en piratant le logiciel de l’administration fiscale grecque.

    [...]

    M. Varoufakis explique que l’idée était de « créer clandestinement des comptes secrets reliés au numéro fiscal de chaque contribuable » grec, pour que, le moment venu, les contribuables puissent utiliser « cette espèce ce mécanisme parallèle de paiement vis-à-vis des gens à qui ils doivent de l’argent ou pour payer leurs impôts à l’État ».

    « Cela aurait créé un système bancaire parallèle au moment où les banques étaient fermées à cause de l’action agressive de la Banque centrale européenne (BCE) visant à nous étrangler », a ajouté l’ex-ministre selon cette retranscription.

    [...]

    [I]l accuse les médias grecs d’avoir « complètement déformé ses propos » en voulant le faire passer pour « un escroc » alors qu’il cherchait une solution de remplacement face au manque de liquidités entraîné par la politique de la BCE à l’égard de la Grèce et était « complètement contre le démantèlement de l’euro ».

    Be creative.

    #Banque_centrale_européenne #Crise_de_la_dette_publique_grecque #Do_it_yourself #Finance #Grèce #Union_européenne #Yánis_Varoufákis #Zone_euro #Économie

  • Pourquoi l’Allemagne ne veut-elle pas résoudre la crise de la zone euro ? Parce qu’elle y gagne... | AlterEco+ Alterecoplus
    http://www.alterecoplus.fr/infographies/pourquoi-lallemagne-ne-veut-elle-pas-resoudre-la-crise-de-la-zone-euro-

    Pourquoi ? Parce qu’elle fait des titres de dettes allemands une valeur refuge, ce qui, associé à la politique monétaire laxiste de la Banque centrale européenne, permet à l’Allemagne de profiter de taux d’intérêts exceptionnellement bas.
    Depuis 2008, l’Allemagne a fait 193 milliards d’euros d’économie grâce à la crise

    Alors que nos voisins payaient 69 milliards d’intérêts sur leur dette publique en 2008, ils ne devraient plus en payer que 48 cette année bien que cette dette se soit accrue de 490 milliards d’euros depuis. Si les Allemands avaient dû servir cette année les intérêts de leur dette publique au taux où ils le faisaient en 2008, ils auraient dû payer au contraire 93 milliards d’euros, plus de deux fois plus, selon les chiffres fournis par la Commission européenne.

    Loin de coûter quoi que ce soit à l’Allemagne, la crise de la zone euro lui rapporte beaucoup

    Au total, entre 2008 et 2015 les contribuables allemands ont économisé ainsi 193 milliards d’euros ! Malgré les aides apportées par l’Allemagne à la Grèce, à l’Irlande, à Chypre et au Portugal (qui ne sont en réalité que des prêts à des taux plus élevés que ceux de la dette allemande), la crise, et sa poursuite, sont donc une excellente affaire pour l’Etat allemand. Sans compter bien sûr qu’elle permet de résoudre le problème démographique du pays en important les jeunes grecs, italiens, portugais, espagnols qualifiés et bien formés. Tandis que la crise et la politique monétaire laxiste de la BCE font baisser le cours de l’euro par rapport au dollar, ce qui permet à l’industrie allemande de compenser hors de la zone les exportations qu’elle perd dans la zone euro du fait de sa crise…

    Pas de complot mais…

    Il ne s’agit pas, bien entendu, de prétendre ici qu’au sein du ministère des Finances de Wolfgang Schäuble existerait une cellule secrète qui aurait fait ces calculs et chercherait sciemment à prolonger la crise. Mais le fait que la crise soit une bonne affaire pour l’Allemagne n’incite évidemment ni ses dirigeants ni son opinion publique à chercher à vraiment la résoudre…

    #Allemagne #Grexit #dette_publique

  • La Grèce offre à l’Allemagne un grand Cheval de Bois pour la remercier de l’Accord
    http://www.brujitafr.fr/2015/07/la-grece-offre-a-l-allemagne-un-grand-cheval-de-bois-pour-la-remercier-de-

    La Grèce a décidé d’offrir à la nation allemande un immense cheval de bois. Le cadeau a été déposé cet après-midi devant le siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Kaiserstrasse 29 60311 Francfort-sur-le-Main en Allemagne. Selon les informations...

  • CADTM - Courrier de Zoe Konstantopoulou, Présidente du Parlement grec au Président du Parlement européen, Martin Schultz
    http://cadtm.org/Courrier-de-Zoe-Konstantopoulou

    Je vous demande de ce fait de vous abstenir de déclarations comme celles que vous avez faites dans les derniers jours - tant avant qu’après le référendum -. Par vos déclarations vous sous-entendez que le « NON » doit donner lieu à une punition contre le peuple grec. Je vous demande également de vous abstenir de déclarations qui contiennent des interprétations arbitraires et fausses du résultat du référendum visant à contester une procédure démocratique dans un Etat membre de l’Union européenne.

    Je voudrais également souligner le comportement de la Banque centrale européenne qui continue à refuser la fourniture de liquidités adéquates aux banques grecques. Cette mesure a pour conséquence la fermeture des banques, ce qui renforce l’impression que le peuple et le gouvernement grecs sont punis pour l’exercice d’un droit politique fondamental - le droit de vote. Le fait que les déclarations officielles y compris la vôtre envisagent une aide humanitaire à la Grèce si la situation persiste indique qu’il y a la conscience que la survie même du peuple grec est mise en danger par le refus de la BCE de fournir des liquidités. Cela souligne le besoin urgent d’une solution démocratique et humaine en lieu et place de mesures aux conséquences antidémocratiques et inhumaines et révèle le degré de responsabilité des officiels et dirigeants européens.

    La tragédie grecque n’est pas un jeu et ne peut être dissociée des erreurs et manquements flagrants des créanciers de la Grèce, que ces derniers ont publiquement reconnus. Punir une population pour corriger de telles erreurs est une solution insupportable qui entre en contradiction avec les principes européens.

    J’en appelle de ce fait à votre sens de la solidarité européenne et je demande votre contribution pour résoudre cette crise, pour garantir le respect de la démocratie, des droits humains fondamentaux et de l’égalité dans l’Union européenne et d’exercer à cet effet le contrôle démocratique nécessaire des institutions européennes.

  • Yanis Varoufakis full transcript: our battle to save Greece
    http://www.newstatesman.com/world-affairs/2015/07/yanis-varoufakis-full-transcript-our-battle-save-greece
    Yanis Varoufakis full transcript: our battle to save Greece

    The full transcript of the former Greek Finance Minister’s first interview since resigning.
    This conversation took place before the deal.

    HL: What was it like? Did you like any aspect of it?

    YV: Oh well a lot of it. But the inside information one gets… to have your worst fears confirmed … To have “the powers that be” speak to you directly, and it be as you feared – the situation was worse than you imagined! So that was fun, to have the front row seat.

    HL: What are you referring to?

    YV: The complete lack of any democratic scruples, on behalf of the supposed defenders of Europe’s democracy. The quite clear understanding on the other side that we are on the same page analytically – of course it will never come out at present. [And yet] To have very powerful figures look at you in the eye and say “You’re right in what you’re saying, but we’re going to crunch you anyway.”

    HL: You’ve said creditors objected to you because “I try and talk economics in the Eurogroup, which nobody does.” What happened when you did?

    YV: It’s not that it didn’t go down well – it’s that there was point blank refusal to engage in economic arguments. Point blank. … You put forward an argument that you’ve really worked on – to make sure it’s logically coherent – and you’re just faced with blank stares. It is as if you haven’t spoken. What you say is independent of what they say. You might as well have sung the Swedish national anthem – you’d have got the same reply. And that’s startling, for somebody who’s used to academic debate. … The other side always engages. Well there was no engagement at all. It was not even annoyance, it was as if one had not spoken.

    #Grèce #Yanis_Varoufakis

    • Varoufakis révèle les raisons de sa démission
      AFP / 13 juillet 2015
      http://www.romandie.com/news/Varoufakis-revele-les-raisons-de-sa-demission_RP/611971.rom

      Athènes - L’ancien ministre des Finances grec Yanis Varoufakis a révélé, dans un entretien publié lundi, avoir démissionné après avoir été mis en minorité, le soir du référendum, sur sa ligne dure prévue face à la BCE après la fermeture des banques grecques.

      L’économiste au fort tempérament, qui assurait avant le référendum qu’il démissionnerait en cas de victoire du oui, avait assez inexplicablement démissionné au lendemain de la victoire à 61,1% du non, le 5 juillet.

      Officiellement, il avait jeté l’éponge parce que les créanciers ne l’aimaient pas et que le Premier ministre Alexis Tsipras jugeait son départ utile pour un accord.

      Mais dans un entretien au magazine britannique New Statesman, réalisé juste avant l’accord de lundi matin pour négocier une nouvelle aide à l’économie grecque, il révèle avoir en fait perdu à deux contre quatre lors d’une réunion de cabinet après la victoire du non, au cours de laquelle il prônait une ligne dure.

      Les banques grecques sont fermées depuis le 29 juin, pour éviter une hémorragie de l’épargne, alors que la Banque centrale européenne a cessé d’ajuster le plafond de son aide d’urgence à ces établissements.

      M. Varoufakis, persuadé d’avance que cette situation voulue par la BCE pour sceller un accord allait se produire, avait prévu un triptyque d’actions pour y répondre : émettre des IOUs (phonétiquement I owe you, je vous dois, des reconnaissances de dettes en euros) ; appliquer une décote sur les obligations grecques détenues par la BCE depuis 2012, pour réduire d’autant la dette, et prendre le contrôle de la Banque de Grèce des mains de la BCE.

      Cela laissait, selon lui, entrevoir une possible sortie de la Grèce de l’euro mais avec la certitude, explique-t-il, qu’il n’y avait de toute façon aucun moyen légal de la pousser dehors. Le tout pour faire peur et obtenir un meilleur accord des créanciers, selon lui.

  • « #Grexit », un coût élevé mais temporaire
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/07/LAPAVITSAS/53222

    (…) Pour commencer, Athènes suspend sa participation à l’#UEM sans revenir sur son adhésion à l’Union européenne. Les traités prévoient en effet la sortie de l’Union ; or ce qui s’applique au tout (l’Union) s’applique nécessairement à la partie (l’UEM).

    La #Grèce interrompt le remboursement de sa #dette publique à l’étranger, c’est-à-dire, principalement, au Fonds monétaire international (#FMI) et à la Banque centrale européenne (#BCE). Le pays pourrait choisir de continuer à honorer ses engagements auprès des créanciers privés, de façon à faciliter son retour ultérieur sur les marchés. Athènes propose une conférence internationale afin d’obtenir une restructuration de ses créances, y compris celles liées au FMI. Le gouvernement s’emploie à rembourser l’ensemble des agents domestiques.

    Le pays reprend le contrôle de sa banque centrale, laquelle quitte l’Eurosystème, mais pas le Système européen des banques centrales (3). Le système bancaire est nationalisé et de nouveaux établissements, sains, voient le jour. L’Etat organise la restructuration des emprunts réalisés par des entreprises et des particuliers en difficulté (notamment dans le domaine immobilier), dont le montant n’a cessé de croître au cours de la crise pour dépasser 100 milliards d’euros. Il met par ailleurs en place un contrôle des changes et des transactions bancaires, comme l’Union européenne l’a fait à Chypre en 2013, mais sans ponctionner les dépôts, lesquels sont convertis en nouvelles drachmes au taux de un pour un, tout comme les emprunts sous loi grecque.

    La nouvelle drachme se dévalue, probablement beaucoup, au cours des premières semaines, avant de se stabiliser quelques mois plus tard autour d’une décote de 10 à 20 % de sa valeur initiale (sachant que le compte courant est déjà pratiquement à l’équilibre et que l’Etat aura mis en place un contrôle des changes). Les travaux empiriques montrent que l’impact sera positif sur la production et l’emploi, tandis que l’inflation ne devrait connaître qu’une augmentation modeste.

    La satisfaction des besoins des groupes les plus vulnérables de la société en produits de base — principalement l’essence, la nourriture et les médicaments — est élevée au rang de priorité. Un minimum de préparation devrait suffire à éviter le recours aux carnets de rationnement.

    Personne ne nie qu’un défaut et une sortie de l’euro auraient un coût social élevé, en particulier dans les premiers temps. Mais il s’agirait d’une épreuve temporaire ; cela ne justifie pas que le pays tout entier accepte l’austérité qu’exige le maintien au sein de l’UEM.

    La période d’ajustement de quelques mois verra sans doute l’économie entrer en récession. Le pays peut par la suite compter sur une reprise de la croissance, grâce à la libération d’une demande domestique jusque-là comprimée et grâce à la mobilisation de ressources que l’austérité a rangées dans la naphtaline : travailleurs, usines et équipements. Sur cette base, la Grèce serait en mesure de réformer à la fois son économie et sa société, notamment en opérant un basculement des activités de service vers l’industrie et l’agriculture. En restaurant la souveraineté monétaire du pays et sa capacité à générer ses propres liquidités, un défaut suivi d’une sortie de l’UEM autoriserait en effet Athènes à procéder à des transformations aussi profondes. Le pays retrouverait par ailleurs une marge de manœuvre budgétaire qui lui permettrait de relancer l’investissement public et de soutenir son équivalent privé.

    Nous aurions, bien sûr, à défendre le nouveau taux de change, mais les ressources mobilisées n’auraient rien de comparable à celles requises par la camisole de l’UEM. Sans compter que les événements monétaires de ce type ouvrent en général de nouvelles possibilités à l’activité économique.

    A l’heure actuelle, le coût de l’austérité repose en grande partie sur les salariés, les retraités, les pauvres et les classes moyennes inférieures. Un gouvernement de gauche profiterait d’une sortie de l’euro pour reporter ce fardeau sur les épaules des mieux lotis et pour transformer le rapport de forces au sein du pays.

    A n’en pas douter, l’épisode réduirait le pouvoir d’achat de la population à travers un renchérissement des importations. Mais il raboterait d’autant la valeur réelle des crédits immobiliers et autres emprunts. La reprise de l’activité économique après le choc initial favoriserait les travailleurs en protégeant l’emploi et en facilitant une hausse progressive des salaires. La politique du gouvernement autoriserait de surcroît la redistribution du revenu national de façon à améliorer la situation des plus pauvres. L’activation du marché intérieur bénéficierait aux petites et moyennes entreprises.

    #seenthis-paywall-done cc @cie813

  • Le ministre grec Varoufakis accuse les créanciers de terrorisme - 04/07/2015 -
    04/07/2015- La Nouvelle République
    http://www.lanouvellerepublique.fr/Toute-zone/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2015/07/04/Le-ministre-grec-Varoufakis-accuse-les-creanciers-de-terrorisme

    Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a accusé samedi les créanciers du pays de « terrorisme » et de vouloir « humilier les Grecs », qui se prononceront lors du référendum de dimanche sur leurs dernières propositions de réformes.

    « Ce qu’ils font avec la Grèce a un nom : terrorisme », accuse Yanis Varoufakis, connu pour sa liberté de ton, dans un entretien au quotidien espagnol El Mundo.

    « Pourquoi est-ce qu’ils nous ont forcés à fermer les banques ? Pour insuffler la peur aux gens. Et quand il s’agit de répandre la peur, on appelle ce phénomène le terrorisme », développe le ministre en parlant de la politique menée par les créanciers d’Athènes, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et l’Union européenne.

  • Dans la tête d’Alexis Tsipras
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/06/29/dans-la-tete-de-tsipras_4663514_3214.html

    Le ton n’est ni menaçant ni véhément. Calme, posé, solennel. Cette nuit-là, Alexis Tsipras, l’homme qui donne de l’urticaire à une partie des dirigeants européens depuis six mois, crée en toute conscience un nouvel électrochoc, au risque d’éloigner un peu plus son pays de l’euro et de l’Europe. Il est environ une heure du matin à Athènes, ce samedi 27 juin, quand le premier ministre du parti de la gauche radicale Syriza annonce, vêtu d’un costume sombre et sans cravate, que les conditions imposées par les créanciers du pays pour éviter la banqueroute seront soumises à référendum.

    La démocratie contre la « troïka ». Un dernier geste de défi à l’encontre de cet attelage formé par la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne, accusé d’avoir mis la Grèce à terre en exigeant des mesures d’austérité déraisonnables. Un ultimatum. Qui entraîne des Grecs hagards dans les rues à la recherche de distributeurs pour vider leurs comptes en banque et sauver leurs économies.

    Un peu plus tôt, Alexis Tsipras a réuni son gouvernement pour le prévenir. « Cela s’est passé dans une ambiance très joyeuse, explique Georges Katrougalos, le ministre de la fonction publique et de la réforme de l’Etat. Nous étions unanimes pour considérer que les créanciers se moquaient de nous. Nous devions reprendre le contrôle de la situation. » La famille composite de Syriza était soulagée de retrouver sa cohésion après des semaines de tensions. De nombreux cadres et militants redoutaient qu’Alexis Tsipras ne fasse trop de concessions à Bruxelles.

    Car pendant des heures, des jours, des semaines, le jeune premier ministre a cru qu’il parviendrait à ses fins, à la recherche d’un compromis. Naïf peut-être, novice sans doute. Un « bon garçon » tombé sur des « monstres de la politique, dont il sous-estimait la puissance », selon l’eurodéputé Stelios Kouloglou (Syriza). « Un Che Guevara non repenti », soupire une source proche de la Commission. L’un de ses fils ne s’appelle-t-il pas Orphée-Ernesto ?

  • « Nous n’avons peur que de la peur » (Alexis Tsipras au peuple grec, 28 juin 2015) | ou la vie sauvage

    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2015/06/29/nous-navons-peur-que-de-la-peur-alexis-tsipras-au-peuple-g
    https://secure.gravatar.com/blavatar/fbff544e751a012cf407fcbfd5e6a699?s=200&ts=1435537667

    « La décision prise hier par l’Eurogroupe de ne pas accéder à la requête du gouvernement grec, qui lui demandait de prolonger de quelques jours le programme d’assistance de façon à ce que le peuple ait la possibilité de se prononcer par référendum sur l’ultimatum des créanciers, constitue un acte ― sans précédent dans les annales européennes ― remettant directement en cause le droit d’un peuple souverain à effectuer un choix démocratique, le droit suprême et sacré de tout peuple à exprimer son opinion.

    Cette décision a conduit aujourd’hui la Banque Centrale Européenne à ne pas augmenter la liquidité des banques grecques et a contraint la Banque de Grèce à proposer l’activation de mesures de fermeture temporaire des banques et de limitation des retraits bancaires.

    Il ne fait désormais plus aucun doute que cette décision a pour seul et unique objectif de faire pression par la voie du chantage sur la volonté du peuple grec et d’entraver le déroulement régulier du processus de consultation démocratique.

    Ils ne parviendront pas à leurs fins. Ces actes produiront le résultat exactement inverse de celui qui est escompté.

    #dette #austérité #capitalcontrol #Syriza #Tsipras #Grèce #Grexit #bankrun #FMI #UE #Commission #Europe

  • Tyrannie européenne ? | RussEurope
    http://russeurope.hypotheses.org/4019

    Alexis Tsipras avait décidé de convoquer un référendum le 5 juillet, demandant au peuple souverain de trancher dans le différent qui l’oppose aux créanciers de la Grèce. Il avait pris cette décision devant les menaces, les pressions, et les ultimatums auxquels il avait été confronté durant les derniers jours de la négociation avec ce que l’on appelle la « Troïka », soit la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fond Monétaire International. Ce faisant, et dans un geste que l’on peut qualifier de « gaullien », il avait délibérément renvoyé au domaine politique une négociation que les partenaires de la « Troïka » voulaient maintenir dans le domaine technique et comptable. Ce geste à provoqué une réaction de l’Eurogroupe d’une extrême gravité. Nous sommes en présence d’un véritable abus de pouvoir qui a été commis ce 27 juin dans l’après-midi, quand l’Eurogroupe a décidé de tenir une réunion sans la Grèce. Ce qui se joue désormais n’est plus seulement la question du devenir économique de la Grèce. C’est la question de l’Union européenne, et de la tyrannie de la Commission et du Conseil, qui est ouvertement posée.

  • Tsipras va soumettre le plan d’aide à la Grèce à référendum
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/06/27/tsipras-va-organiser-un-referendum-sur-le-plan-d-aide-a-la-grece_4662977_323

    « Au peuple de parler sans pression ni chantage. » 1 heure 20 du matin en Grèce (minuit 20 à Paris), samedi 27 juin : dans une déclaration très solennelle, le premier ministre Alexis Tsipras annonce qu’un référendum se tiendrait le 5 juillet sur le plan d’aide au pays. Selon des sources gouvernementales, la question posée sera : « Oui ou non à la proposition des créanciers » — Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire internationale.

    « Nous avons livré depuis cinq mois une bataille » a continué Alexis Tsipras. « Mais malheureusement les créanciers nous ont fait une proposition en forme d’ultimatum » et nous « n’avons jamais cédé. Nous n’avons jamais trahi votre confiance (…). Nous allons répondre à l’ultimatum en consultant le peuple et je m’engage à respecter votre décision quelle qu’elle soit ».

    Dans les cafés, pleins en ce vendredi soir, les écrans de télévision retransmettent en direct l’événement. « D’un seul coup le silence a été total », nous dira une heure plus tard Dimitris Latsos, serveur d’un café très fréquenté du quartier de Pangrati. « Tout le monde était sidéré ». Et puis le débat a commencé. « Entre d’un côté ceux l’insultant, l’accusant de conduire le pays à la ruine et ceux le félicitant et le traitant de héros ». Certains se sont levés pour aller chercher un peu d’argent dans les distributeurs voisins. Alors que ces dernières semaines, les Grecs les plus simples avaient résisté à l’impulsion d’aller retirer leur argent massivement à la banque, là en pleine nuit, vers 2 heures du matin, environ une vingtaine de personnes attendaient déjà devant chaque distributeur du quartier.


    Des Grecs font la queue vendredi soir pour retirer un peu d’argent aux distributeurs.
    EUROKINISSI / REUTERS

    C’est sûr que l’image d’un débat animé dans un bistrot grec, qui pourrait symboliser un débat démocratique, est certainement moins vendeuse que le énième cliché du (futur) bank run : vous voyez bien, les Grecs votent avec leurs pieds (et leurs billets de banque).

  • Même pour ceux qui ne sont pas intéressés par les propos de l’UPR, la deuxième partie technique expliquant ce qu’est l’euro (ni monnaie unique, ni monnaie commune, mais un faisceau de n+2 monnaies, n étant le nombre de pays de l’euro-zone) devrait apporter un éclairage intéressant sur le fonctionnement de cette monnaie (ou plutôt « ces monnaies »).

    Vincent Brousseau : L’Euro, avant, pendant et après - Union Populaire Républicaine | UPR
    http://www.upr.fr/conferences/vincent-brousseau-leuro-avant-pendant-et-apres

    Après un début de carrière dans une grande banque parisienne comme « trader », il intégra en 1998 ce qui allait devenir la Banque centrale européenne à Francfort, où il participa à la mise en place de l’euro.

    [...]

    #monnaie #euro
    C’est donc à la BCE qu’il effectua l’essentiel de sa carrière. Il devait y rester 15 ans, de septembre 1998 à janvier 2014.

  • Juste pour le lol :

    Grèce : ne laissons pas M. Tsipras braquer les banques !, Editos & Analyses
    http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/021137279879-grece-ne-laissons-pas-m-tsipras-braquer-les-banques-1128409.ph

    les Grecs ont d’ailleurs depuis arrêté de payer leurs impôts, y compris sur le capital, et retiré leur argent des banques, ce qui force la Banque Centrale Européenne à envoyer des liquidités tous les jours

    Mouhahahaha

  • Grèce : vers le défaut ? | RussEurope
    http://russeurope.hypotheses.org/3962

    Les conséquences d’un défaut.

    Un défaut de la part de la Grèce impliquerait non seulement la dévalorisation radicale des créances grecques détenues à titre bilatéral par différents Etats de la zone Euro ou détenues par le MES, mais aussi l’impossibilité d’user de ces titres comme collatéral dans le cadre du mécanisme d’aide d’urgence à la liquidité (ELA) mis sur pied par la Banque Centrale Européenne. Le défaut entraînerait la suspension immédiate de l’ELA et obligerait le gouvernement grec à user d’instruments monétaires constituant une proto-monnaie, instruments qui en quelques semaines deviendraient une monnaie alternative. Notons que, dans ce scénario le gouvernement grec est obligé de créer ces instruments et qu’il peut prétendre que c’est contraint et forcé par l’attitude de la BCE qu’il le fait. Ouvertement, le gouvernement grec pourrait continuer à prétendre qu’il entend rester au sein de la zone Euro, tout en mettant sur pied le processus qui dans les faits aboutira à la recréation de la Drachme. Le gouvernement grec pourrait continuer à prétendre qu’il n’a pas voulu ce défaut et cette sortie de l’Euro, tout en préparant à encaisser les bénéfices de ces événements. Et ces bénéfices sont bien plus importants que ce que l’on pense et que l’on dit.

    #grexit

  • Les fédéralistes européens renouvellent leurs demandes d’une Union économique et fiscale de la zone euro, d’une armée commune de l’UE et d’une politique d’immigration de l’UE
    http://www.uef.fr/les-federalistes-europeens-renouvellent-leurs-demandes-d-une-union

    Le Comité fédéral de l’Union des fédéralistes européens, présidé par M. Elmar Brok (MPE, Président de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen) s’est réuni à Bruxelles les 17 et 18 avril 2015. Concernant l’avenir de l’Union monétaire européenne et la perspective d’une Union économique et fiscale, l’UEF salue l’initiative des Présidents de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne, du Conseil européen et de l’Eurogroupe, de préparer un rapport pour la réunion du Conseil européen (...)

    #Europe

    / Communiqué

    #Communiqué

  • Vers une « démarkisation » de l’euro ?
    http://www.taurillon.org/vers-une-demarkisation-de-l-euro

    Le 22 janvier 2015, Mario Draghi, président de la #Banque_centrale_européenne, annonçait le rachat de titres (privés et publics) à hauteur de 60 milliards d’euros par mois jusque septembre 2016. Cette pratique est dénommée en économie « QE » ou « Quantitative Easing ». C’est la pratique qui consiste tout simplement à injecter des liquidités dans le circuit économique. La Banque Centrale Européenne avait depuis l’été 2014 semblé aller en cette direction, mais dans des proportions moindres. Cette méthode est pourtant en rupture avec les conceptions classiques de la BCE, dans la mesure où elle avait pour habitude de pratiquer une certaine rigueur monétaire, avec notamment pour but un euro fort et une stabilité des prix. L’euro, fruit d’un compromis.

    Économie & Société

    / Banque centrale européenne, (...)

    #Économie_&_Société #Economie

  • Une alternative à la politique de la BCE est-elle possible ?
    http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/une-alternative-a-la-politique-de-la-bce-est-elle-possible-465780.html

    A qui profite la politique de Quantitative easing (QE) mise en œuvre par la Banque centrale européenne (BCE) depuis le 1er mars ? La BCE s’est engagée à racheter chaque mois sur les marchés pour 60 milliards d’euros d’obligations émises par les États, mais tous les acteurs financiers le disent : à quelques exceptions près, aucune banque ou aucun assureur européen ne souhaite céder ses titres d’État en portefeuille. Question de réglementation prudentielle, le plus souvent.

    Quand la BCE achète des obligations aux Qataris...

    Ne trouvant guère de vendeurs au sein de la zone euro, la BCE (l’ensemble du système monétaire européen) achète des titres, pour une bonne part, à des institutions financières se situant hors Europe (fonds souverains...). Comment espérer soutenir l’économie européenne en achetant des obligations aux Qataris ? Bref, pour massive qu’elle soit, la politique de Quantitative easing risque fort de ne pas atteindre son objectif initial, à savoir ranimer l’investissement en Europe via un soutien au crédit.

    #Quantitative_Easing #BCE #euro

  • 31.03.2015 : Vor der Zerreißprobe (Tageszeitung junge Welt)
    http://www.jungewelt.de/2015/03-31/018.php

    Karl-Heinz Roth sur la situation grecque et les débats internes de Syriza - pas le temps de faire une vraie traduction, résumé à la louche (en gros, il trouve qu’en l’absence de mobilisations fortes ailleurs en Europe, les propositions de l’aile gauche de Syriza sont aussi utopiques que la stratégie actuelle du gouvernement grec) :

    A peine le gouvernement grec avait-il prêté serment qu’il était clair que l’oligarchie européenne au pouvoir en Allemagne et ailleurs ne céderait pas un pouce de terrain. On attend du gouvernement grec qu’il capitule et aggrave la situation des classes pauvres et moyennes par de nouvelles mesures d’austérité. On peut aujourd’hui dire que les efforts du gouvernement grec, soutenu par la population, pour mettre fin à l’austérité dans le cadre de la zone euro ont échoué devant l’intransigeance de ses adversaires allemands et européens. Mais la gauche européenne a contribué indirectement à cet échec, en étant incapable de mettre sur pied une mobilisation réelle - malgré des signes de solidarité et la manifestation de Francfort, qui sont restés des efforts sans lendemain...
    (KHR emploie un verbe qui connote un peu le « pétard mouillé », je le trouve dur avec nous, mais il n’a pas tort...)
    D’où le retour en force des propositions de la minorité de Syriza, par exemple de Costas Lapavitsas, pour une sortie « ordonnée » de la zone euro, l’analyse de l’aile gauche paraissant confirmée par les faits.
    Mais pour éviter un effondrement complet de l’économie, Lapavitsas mentionne trois points devant accompagner une sortie de l’euro :
    1. un accord sur la restructuration de la dette avec les créanciers
    2. un taux de change du drachme garanti par la Banque centrale européenne
    3. une stabilisation du secteur bancaire grec, pour laquelle l’aide de la BCE est également nécessaire.
    Tous ces points supposent que les centres du pouvoir en Allemagne et en Europe soient prêts au compromis.
    Ce qui est problématique. Comme dans le cas de la stratégie actuelle du gouvernement grec, cela implique de penser que ces centres de pouvoir sont prêts à desserrer l’étau pour doper la demande intérieure. Mais une politique de la demande est justement un chiffon rouge pour les fanatiques du marché qui ne croit qu’au dumping sur les salaires tel qu’il a été appliqué en Allemagne et ailleurs pour doper non la demande intérieure, mais les exportations. Et c’est pour cela qu’ils combattront avec autant de rage les propositions de l’aile gauche de Syriza que celle du gouvernement actuel. Schäuble, Dijsselbloem, Draghi, Tusk et Juncker ne veulent pas que soit surmontée la misère grecque, ils ne veulent pas avoir à soutenir le drachme réintroduit, ils ne veulent pas d’une politique qui, d’une façon ou d’une autre, remettrait en question les structures de pouvoir imposées par les investisseurs au niveau mondial.
    Pour eux il n’y a qu’une seule alternative : l’acceptation de leurs diktats ou la chute du gouvernement. Que cette chute passe par une scission de Syriza, de nouvelles élections ou autre, cela leur est complètement indifférent.
    (KHR brosse le scénario du pire dans le cas de l’austérité continuée sous les ordres de la Troika ou d’un Grexit organisé par la BCE - pauvreté abyssale à attendre dans les deux cas)
    Si l’expérience grecque échoue, ce sera une défaite pour l’ensemble de la gauche européenne. Mais c’est en Allemagne que le désastre sera le plus grand. Nous nous demanderons plus tard ce que nous avons fait pour empêcher cela dans ces instants décisifs. Par leur arrogance hystérique, les élites allemandes déstabilisent l’Europe et ouvrent la porte à l’extrême-droite.
    Au début de la seconde semaine d’avril, la Grèce ne pourra plus assurer le service de la dette. Il y aura forcément entrée en action de la Banque Centrale européenne et le show down si longtemps attendu, avec ou sans Grexit. On verra alors les capacités de mobilisation de la gauche européenne, ce qu’elle est prête à réellement faire pour sauver la tentative de libération commencée en Grèce.

    Ich halte die Vorschläge der um ihren Hauptexponenten Lapavitsas gescharten Syriza-Minderheit für problematisch. Woher wissen sie wirklich, dass die Deutschen und die Chefs der europäischen Spitzengremien ihnen und ihrem Konzept gewogener sind als demjenigen der Mehrheit um Tsipras und Varoufakis? In beiden Fällen geht es darum, die finanz- und fiskalpolitische Schlinge abzustreifen, mit der die internationalen Gläubiger die griechische Volkswirtschaft abwürgen, damit anschließend ein an der Binnennachfrage orientiertes Wiederaufbauprogramm in Gang gebracht werden kann. Genau das ist aber – zusammen mit der in beiden Fällen unausweichlichen Abschreibung eines erheblichen Teils der griechischen Schulden – ein rotes Tuch für die marktradikale, auf Lohndumping gegründete Exportfixierung der deutschen und europäischen Entscheidungszentren. Und deshalb bekämpfen sie beides: das Mehrheitsprogramm von Syriza genauso wie die »Grexit«-Option der Syriza-Minderheit.

    #Syriza #Grèce #euro #grexit #BCE

  • 20 000 manifestants à Francfort contre l’austérité prônée par la Banque centrale européenne
    http://www.bastamag.net/Des-milliers-de-manifestants-a-Francfort-au-pied-du-nouveau-siege-de-la-Ba

    Des milliers de citoyens ont participé le mercredi 18 mars à une journée d’action à Francfort, en Allemagne, à l’occasion de l’inauguration du nouveau siège de la Banque centrale européenne. Les blocages et manifestations organisés pat le collectif Blockupy, l’association Attac et la confédération syndicale allemande ont réuni environ 20 000 personnes. Elles sont venues de toute l’Europe pour contester la politique d’austérité imposée à la Grèce et au continent par l’ancienne troïka. Le matin, des voitures (...)

    En bref

    / #Altermondialisme, #Luttes_sociales, #Europe, L’Europe sous la coupe de l’austérité

    #L'Europe_sous_la_coupe_de_l'austérité

  • Inauguration de la Banque centrale européenne : et si on s’invitait à la fête ?
    http://www.bastamag.net/Inauguration-de-la-Banque-centrale-europeenne-et-si-on-s-invitait-a-leur-f

    La Banque centrale européenne (BCE) inaugure son nouveau siège à Francfort. « Les deux tours de cette forteresse de l’austérité, qui ont coûté 1,3 milliard d’euros, sont le symbole du gouffre qui sépare les élites financières et politiques des populations », dénoncent des mouvements sociaux de toute l’Europe, qui invitent à une journée de manifestation. Pour passer à l’action contre l’austérité, ces mouvements organisent un blocage de la BCE, le 18 mars. Voici leur appel. Le 18 mars 2015, la Banque centrale (...)

    ça bouge !

    / #Capitalisme, #Altermondialisme, #Redistribution_des_richesses

    #ça_bouge_ !

  • En Grèce, de l’humanitaire à l’économie solidaire | L’Humanité
    http://www.humanite.fr/en-grece-de-lhumanitaire-leconomie-solidaire-567067

    La crise a eu pour effet de multiplier les initiatives sociales et solidaires. Dans un pays où le rapport aux économies alternatives n’est pas nouveau, le gouvernement compte accompagner l’émergence de ce mouvement et l’installer le plus rapidement possible dans un cadre législatif solide.

    La crise humanitaire grecque, fruit gâté des politiques d’austérité menées depuis six ans par les gouvernements de droite et socio-démocrates sous l’injonction de la troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne), est le terreau bien involontaire d’une série d’initiatives économiques et sociales sans précédent dans le pays. Devant l’urgence de la situation, au lendemain des législatives de 2012, Alexis Tsipras lançait ainsi Solidarité pour tous. Cette structure multipolaire a mis en place, grâce à l’action bénévole de citoyens ou de militants, des centres médicaux, des banques alimentaires, des banques de médicaments ou encore des centres d’accueil pour les réfugiés. Quelque 114 points de ce type ont essaimé dans la seule région de l’Attique. De cette expérience, des cercles vertueux s’esquissent, notamment dans l’agriculture, avec, par exemple, la remise en route de circuits courts entre producteurs et consommateurs, faisant fi de la loi mise en place par le gouvernement Samaras il y a trois mois, qui interdit la vente directe et impose les intermédiaires classiques de type grandes surfaces. Parallèlement, les citoyens grecs ont accumulé les initiatives dans de nombreux secteurs : tout particulièrement dans le commerce de proximité avec l’apparition d’une myriade de petits cafés citoyens, zapatistes et bio vendant des produits locaux et/ou équitables. Le secteur industriel, avec l’usine VioMe, est, lui aussi, touché par le phénomène. Le cas est rare, mais l’exemple n’est pas anodin de ces 23 ouvriers de Thessalonique qui se sont constitués en coopérative en 2013 en rachetant une partie du matériel de l’ex-usine de construction et en tournant la stratégie de l’entreprise vers la création de produits nettoyants naturels à base de savon et de vinaigre.
    Au XVIIIe siècle, l’une des premières coopératives modernes en Europe voit le jour en Thessalie

    Cependant, tout comme l’attachement à la démocratie ne jaillit pas du néant aux pays des Athéniens, l’économie sociale et solidaire en Grèce n’est pas une nouveauté. Au XVIIIe siècle déjà, l’une des premières coopératives modernes en Europe voit le jour en Thessalie, avec la création de la société commune d’Ambélakia. Fondé en 1750, ce regroupement de 22 villages de la région de Tempi réunissait l’ensemble des producteurs de coton et de fil rouge. La réussite économique est fulgurante. En un demi-siècle à peine, la société compte quelque 6 000 membres, 24 usines et 17 filiales dans toute l’Europe. Une réussite doublée d’un modèle social unique, puisque chacun des membres avait droit à une assurance sociale, des hôpitaux, une école et même une université libre. Seul le capitalisme moderne naissant du début du XIXe siècle, avec l’arrivée de gros producteurs munis de nouvelles techniques couplée à des taxes de plus en plus lourdes, aura raison de cette expérience, dix ans avant la révolution grecque de 1821. Il faudra attendre le début du XXe siècle pour que ce type d’économie émerge de nouveau, difficilement en Grèce jusqu’à aujourd’hui encore (voir interview p. III du ministre de l’Économie, Giorgios Stathakis). Les études récentes le montrent bien. D’après les chiffres des chercheuses grecques Ioanna Garefi et Eirini Kalemaki dans leur ouvrage Case Study : Greece, le poids réel de l’économie sociale en 2010 en Grèce, avant les mémorandums, était relativement faible. « 117 123 Grecs travaillaient dans le secteur, principalement dans des organisations à but non lucratif (associations, fondations, etc.), soit 2,67 % de l’emploi rémunéré, contre 6,53 % en moyenne en Europe. » Les mêmes chercheuses observant cependant une forte augmentation de l’emploi dans ce secteur (+ 67,2 %) entre 2003 et 2010. Et qui depuis le pic de la crise continue d’augmenter de manière exponentielle. C’est fort de ce constat et de l’expérience accumulée au cours des deux dernières années que Syriza a décidé de miser sur ce type d’économie. Le programme décliné par Alexis Tsipras, en septembre dernier, à Thessalonique, fait référence très concrètement : «  Nous utiliserons une banque spécialisée en développement local pour financer des projets locaux par des prêts à bas taux d’intérêt et par la création par cette banque d’obligations bancaires pour réaliser des travaux publics. Nous annonçons un grand projet pour la création de 300 000 emplois dans le pays, dans les secteurs public, privé et dans l’économie solidaire.  » Tout le pari sera, pour le nouveau gouvernement, de réussir à transformer cette économie sociale d’urgence en une économie solidaire et durable.

  • Puissante et incontrôlée : la troïka
    https://www.youtube.com/watch?v=TaAaOf73E40&feature=youtu.be

    Pour obtenir les prêts dont ils ont besoin pour faire face à la crise, les Etats européens doivent se soumettre aux exigences de trois institutions phares qui forment la troïka : le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne (CE) et la Banque centrale européenne (BCE). Voici une enquête édifiante sur le rôle controversé de cette troïka. Source : Arte via YouTube