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  • Statistiques de l’islamophobie : misère du journalisme mensonger

    http://blogs.mediapart.fr/blog/abdellali-hajjat/260215/statistiques-de-lislamophobie-misere-du-journalisme-mensonger

    Dans sa chronique du 15 décembre 2014 sur France Culture, la journaliste Caroline Fourest remet en cause notre intégrité professionnelle et le caractère scientifique de notre livre Islamophobie (La Découverte). Elle est récidiviste puisque lors de sa parution en 2013, elle nous avait déjà attaqué, sur la même antenne, en nous accusant d’être des « chercheurs-militants », dont le livre aurait eu pour « fil conducteur » le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), « association communautariste » influencée par Tariq Ramadan et financée par le milliardaire George Soros et le Qatar. Sous-entendu : nous ne mènerions pas un travail scientifique, mais une action militante « communautariste » financée par des puissances financières étrangères... Cette chronique dissimulait mal la contrariété de la journaliste apprenant la véritable origine du mot « islamophobie », qui n’est pas une invention iranienne comme elle l’a prétendu dans un article de 2003, mais bien française, comme l’ont montré Fernando Bravo Lopez, Alain Gresh et Thomas Deltombe. Elle est même allée jusqu’à falsifier son article de 2003 en supprimant l’expression « pour la première fois » sur le site internet de ProChoix...

    Dans cette chronique de décembre 2014, elle persiste à nous disqualifier en s’appuyant sur le livre d’Isabelle Kersimon et Jean-Christophe Moreau, Islamophobie : la contre-enquête (Plein jour, 2014), qui serait selon elle une « réponse implacable, argumentée et chiffrée, à la flopée de livres, bien moins rigoureux, qui sont parus ces derniers mois pour nous annoncer une vague islamophobe en France », notamment le nôtre. Selon la journaliste, notre livre « se base presque exclusivement sur une association, le Collectif contre l’islamophobie en France, présentée comme une « source statistique de référence », alors qu’il s’agit d’une association extrêmement douteuse ». Voici son syllogisme simpliste : notre livre se fonde « presque exclusivement » sur les statistiques du CCIF, or le CCIF est une association « communautariste » et « douteuse » dont les données sont contestables, donc notre livre n’est pas rigoureux et participe à la « confusion » entre « la critique légitime envers la religion et l’intégrisme et des actes réellement racistes envers les musulmans » (sur ce dernier point, il suffit de lire notre introduction).

    Comment une journaliste ouvertement militante, épinglée à plusieurs reprises pour ses approximations sur divers sujets de l’actualité nationale et internationale, peut-elle nous donner des leçons de scientificité ? Pour une journaliste épinglée par le CSA pour son traitement de la crise ukrainienne, il faut avoir un sentiment de supériorité intellectuelle inouïe pour disqualifier en quelques mots deux docteurs en sociologie, l’un chargé de recherche du CNRS et l’autre maître de conférences en science politique, ayant mené un travail de plusieurs années sur le sujet de l’islamophobie. Bien que nous ne pensons pas pouvoir convaincre cette journaliste avec des arguments rationnels (la lecture attentive de notre livre aurait dû suffire à l’empêcher de prononcer ces approximations), il nous semble important de répondre point par point aux critiques du livre de Kersimon et Moreau pour le grand public peu familier du sujet, en mettant en lumière les citations tronquées, les approximations, les mensonges et l’ignorance de la sociologie et de l’histoire.