organization:commission de bruxelles

  • La sécession des « élites » ou comment la démocratie est en train d’être abolie, par Coralie Delaume
    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/04/20/31003-20180420ARTFIG00185-la-secession-des-elites-ou-comment-la-democratie-

    Coralie Delaume analyse les raisons de la fracture qu’elle observe entre les « élites », une classe minoritaire de privilégiés, et la masse qui n’a pas accès aux études prestigieuses ou qui n’a pas son mot à dire dans les orientations économiques de l’Union européenne.

    La Révolte des élites et la trahison de la démocratie est le titre d’un livre du sociologue américain Christopher Lasch, publié à titre posthume en 1995. Bien sûr, l’ouvrage analysait l’Amérique de son temps. Pourtant, il s’applique parfaitement à la France et à l’Europe d’aujourd’hui, dont il semble avoir anticipé l’évolution des classes favorisées avec une acuité visionnaire.

    Le livre pose l’hypothèse que ce n’est plus la « révolte des masses » qui menace désormais la vie démocratique, mais la coupure de plus en plus prononcée entre le peuple et les « élites ». Une coupure tant économique et matérielle qu’éducative et intellectuelle, dont résulte le repli sur eux-mêmes des privilégiés. Ces derniers ne parlent plus qu’à leurs pareils, c’est-à-dire non seulement à ceux qui bénéficient d’un même niveau de richesses, mais également à ceux qui partagent le même niveau d’instruction. Ils adorent mettre en scène leur pouvoir et le font de mille façons : exhibition des signes extérieurs de richesse, bien sûr, mais également - et de plus en plus - de leur patrimoine culturel. Le discours, ahurissant de cuistrerie, du président Macron sur l’intelligence artificielle (29 mars 2018) en est un exemple qui confine au grotesque. En revanche, ils n’assument plus que de mauvaise grâce les charges et responsabilités qui devraient leur incomber, et préfèrent le service de leur intérêt bien compris à celui d’un « intérêt général », dont ils ne conçoivent même plus qu’il pût exister.

    Vingt ans après Lasch, le phénomène du séparatisme élitaire qu’il voyait poindre dans son pays vient de faire l’objet, pour la France cette fois, d’une étude chiffrée. Jérôme Fourquet a en effet publié, pour le compte de la Fondation Jean Jaurès, une note au titre évocateur : « 1985-2017, quand les classes favorisées ont fait sécession ». Il y explique notamment que la cohésion de la société française « est mise à mal aujourd’hui par un processus presque invisible à l’œil nu, mais néanmoins lourd de conséquences : un séparatisme social qui concerne toute une partie de la frange supérieure de la société, les occasions de contacts et d’interactions entre les catégories supérieures et le reste de la population étant en effet de moins en moins nombreuses ».

    Le dépérissement du cadre national permet aux « élites » de vivre de plus en plus dans une sorte d’alter-monde en suspension.

    Le sondeur illustre ensuite. Il note que le cœur des grandes villes est massivement investi par les cadres, certains centres urbains leur tenant désormais lieu de ghettos dorés. Les CSP+ sont ainsi passés de 25 % à 46 % de la population parisienne en 30 ans, cependant que le pourcentage des ouvriers a décru, passant de 18 % à 7 %. Fourquet analyse ensuite la désertion de l’enseignement public et la scolarisation massive des enfants de cadres dans le privé, le séparatisme électoral des plus aisés ou, pour les cas extrêmes, l’exil fiscal, ce dernier signant le refus d’une partie de la population de financer le fonctionnement la collectivité dans son ensemble. Pour l’auteur de l’étude, nous faisons face à l’« autonomisation d’une partie des catégories les plus favorisées, qui se sentent de moins en moins liées par un destin commun au reste de la collectivité nationale ». On voit en effet combien le phénomène est lié au dépérissement du cadre national, dépérissement qui permet aux « élites » de vivre de plus en plus dans une sorte d’alter-monde en suspension, cependant que les autres sont rivés à un ici-bas qui commence à se changer en friche, et finira par se muer en jungle.

    Jérôme Fourquet n’est pas le premier à faire ce constat. L’anthropologue Emmanuel Todd l’a fait également, et donne dans son dernier ouvrage (Où en sommes nous, Seuil, 2017) une explication convaincante. Pour lui, c’est la fracture éducative qui est en cause, le développement de l’éducation supérieure ayant eu un effet pervers inattendu en tronçonnant le corps social en deux catégories de personnes : les éduqués supérieurs et les autres. Alors que la massification des éducations primaire et secondaire avait contribué à égaliser le niveau éducatif général et favorisé l’épanouissement de la démocratie, c’est à l’inverse qu’on assiste aujourd’hui. La raison en est simple : l’éducation supérieure ne s’est pas (encore ?) généralisée. « L’accès universel à l’instruction primaire puis secondaire avait nourri un subconscient social égalitaire ; le plafonnement de l’éducation supérieure a engendré, (...) un subconscient social inégalitaire », énonce le chercheur.

    De ce « subconscient inégalitaire », on perçoit chaque jour les effets. On constate que ne se mélangent plus guère ces éduqués supérieurs contents d’eux, étrangement persuadés de ne rien devoir qu’à leur talent. De toute façon, ils sont suffisamment nombreux pour pouvoir fonctionner en circuit fermé et pour ne plus avoir à s’adresser qu’aux autres « manipulateurs de symboles », ainsi que l’économiste Robert Reich qualifiait les gagnants de la mondialisation, ces diplômés, plurilingues, mobiles, à l’aise dans le domaine de la communication et qui font l’opinion. Car ce sont eux, bien sûr, qui tiennent les plumes et parlent dans les micros. Ils nous font partager leur manière propre d’appréhender la masse des « gens qui ne sont rien » comme dirait Macron, autrement dit des gens qui ne sont pas comme eux. Ils nous les peignent comme frileux, « réacs », hostiles de façon primitive et irrationnelle aux réformes ainsi qu’à tout type changement. Ils nous expliquent que s’ils votent « populiste », c’est parce qu’ils sont xénophobes, et que s’ils votent mal aux référendums c’est parce qu’ils ne comprennent pas les questions. Peut-être cette partition de la société devrait-elle nous conduire à reconsidérer le contour des classes sociales ? Si celles-ci existent encore (et c’est évidemment le cas) la sécession des « élites » n’est pas seulement le fait des « riches » et des propriétaires des moyens de productions. Elle est également celui des détenteurs d’un capital éducatif et culturel, lequel s’hérite de plus en plus d’ailleurs, sur fond de destruction de l’école publique et de dégraissage perpétuel du « Mammouth ».

    Le dégraissage concerne d’ailleurs l’ensemble de l’appareil d’État et des services publics, ceux-ci ayant le tort de présenter des vertus égalisatrices qui entravent le séparatisme élitaire. Pour leur régler leur compte, les pays européens membres de l’UE ont inventé un prétexte ingénieux et unique au monde : la nécessite de respecter les « critères de convergence » de Maastricht. Notamment celui des 3 % de déficit public, et c’est en son nom que les gouvernements détruisent ou vendent tout le patrimoine collectif. La France vient d’ailleurs de passer sous la barre fatidique (2,6 % pour 2017), avant même d’avoir fini de brader la SNCF.

    La construction européenne est un formidable outil de déresponsabilisation des « élites » nationales.

    D’une manière générale, la construction européenne est un formidable outil de déresponsabilisation des « élites » nationales, notamment des élites politiques. Celles-ci, toutes ointes qu’elles sont de la légitimité offerte par le suffrage universel, n’en assument pas pour autant les vraies charges. La capacité à faire les grands choix a été massivement transférée au niveau supranational, qui lui ne rend pas de comptes. Les dirigeants de la Banque centrale européenne ne rendent pas de compte pour la politique monétaire qu’ils conduisent. La Commission de Bruxelles ne risque pas d’affronter une grève pour s’être mêlée d’un peu trop près, dans le cadre du « Semestre européen », du contenu des budgets des États membres. La Cour de justice de l’UE ne risque pas la sanction des citoyens (de quel État au demeurant ?) pour les jurisprudences de dérégulation économique qu’elle pond à la chaîne. De toute façon, en « constitutionnalisant » les traités européens de sa propre initiative via des arrêts datant des années 1960, la Cour a très tôt permis que ces traités et tous les éléments de politique économique qu’ils contiennent, se situent au-dessus des lois dans la hiérarchie des normes des États-membres. C’est-à-dire hors de portée des Parlements, donc des électeurs.

    La manière dont est organisée l’UE a pour effet de décorréler les élections (qui ont lieu au niveau national) et la prise de décision (qui se fait à l’échelon supranational), ce qui en fait une véritable machine de défilement au service « d’élites » politiques en rupture de ban avec leurs nations d’origines - et qui ressemblent bien plus à une oligarchie qu’à une véritable élite désormais. Par ailleurs, l’UE offre de multiples possibilités d’évitement fiscal grâce à ses paradis fiscaux intégrés (Irlande, Luxembourg...). Enfin, la libre circulation du capital et du travail dans le Marché unique contribue à mettre les deux en concurrence au profit du plus mobile et du rapide (le capital) et au détriment du plus sédentaire (le travail). Le tout pour la grande joie des catégories possédantes, cette fois.

    Dans ce cadre, il n’est pas étonnant qu’un politiste spécialisé sur les questions européennes tel le Bulgare Ivan Krastev, consacre de longues pages de son dernier ouvrage (Le destin de l’Europe, Premier Parallèle, 2017), à décrire le phénomène de sécession des classes dirigeantes à l’échelle continentale. « Les élites aristocratiques traditionnelles avaient des devoirs et des responsabilités, et leur éducation les préparait à se montrer à leur hauteur », écrit-il. « En comparaison, les nouvelles élites sont formées pour gouverner mais sont tout sauf prêtes au sacrifice ». Pas même au sacrifice financier, aurait-il pu ajouter, en tout cas de moins en moins puisque l’optimisation fiscale est devenue l’un des sports phares de notre époque. Puis Krastev d’ajouter : « La nature et la convertibilité des compétences des nouvelles élites les affranchissent très concrètement de leur propre nation. Elles ne dépendent pas des systèmes éducatifs publics nationaux (leurs enfants étudient dans les établissements privés) ni des systèmes de protection sociale nationaux (elles peuvent se permettre les meilleurs établissements hospitaliers). Elles ont perdu la capacité de partager les passions et les émotions de leur communauté ».

    En même temps que l’on « dépasse » les nations et que l’on détruit l’État, c’est la démocratie qu’on abolit.

    Dès lors, la montée de ce qu’on appelle « les populismes » correspondrait avant tout à une quête de loyauté. D’ailleurs, le discours « souverainiste » ou anti-mondialisation desdits « populistes » est probablement l’une des clés de leur succès. Il correspond à un désir de plus en plus profond, de la part des peuples, de « rapatrier » leurs classes dirigeantes, afin qu’elles ne se défilent plus. Afin qu’il redevienne possible d’exiger qu’elles assument leurs devoirs autant qu’elles jouissent de leurs droits, et qu’elles rendent à la collectivité une part au moins de ce qu’elles ont reçu, c’est-à-dire beaucoup (sécurité des biens et des personnes, système de santé, système éducatif, etc.). Enfin et concernant le personnel politique, son « rapatriement » et le fait de refaire coïncider les mandats nationaux avec la conduite effective des politiques, est le seul moyen de rendre à nouveau possible l’exercice d’un contrôle démocratique normal.

    Cela est-il possible ? Le moins que l’on puisse dire est que pour l’heure, on n’en prend pas le chemin. À l’inverse et jour après jour, en même temps que l’on « dépasse » les nations et que l’on détruit l’État, c’est la démocratie qu’on abolit.

    pas encor lu

    • « L’UE a mis jeudi sous pression les réseaux sociaux et les plateformes, tels Facebook et Twitter, pour qu’ils luttent davantage contre la désinformation en ligne »

      Mot-clé : désinformation = discours critique envers l’UE et l’OTAN
      Teasing (désolé pour le franglais, mais il est adapté à la vulgarité de la chose) : quel autre mot doit venir logiquement après une telle introduction ?
      Cherchez bien… il arrive à la ligne 27… Oui, vous l’avez deviné, c’est « russe » !
      « l’UE s’est par le passé inquiété des interférences russes présumées dans le scrutin présidentiel américain et le référendum sur le Brexit en 2016 »

      Suivent trois lignes obligées sur le couple franco-allemand…

      Et le meilleur : « L’exécutif européen propose aussi de soutenir la création d’un réseau indépendant de vérificateurs de faits et une série de mesures visant à stimuler un journalisme de qualité et à promouvoir l’éducation aux médias. »

      Comment appeler ce réseau « indépendant » proposé par « l’exécutif » ? Eurodecodex ? Et comment réagirait notre grande presse indépendante si une agence leur annonçait : « Le Kremlin propose aussi de soutenir la création d’un réseau indépendant de vérificateurs de faits et une série de mesures visant à stimuler un journalisme de qualité et à promouvoir l’éducation aux médias » ?

      La différence, c’est que le Kremlin est le siège d’un pouvoir élu, contrairement à la Commission de Bruxelles.

  • Perturbateurs endocriniens : le rapport-choc de l’IGAS

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2018/02/02/perturbateurs-endocriniens-le-rapport-choc-de-l-igas_5250660_3244.html

    Le document, que « Le Monde » a pu consulter, remis au gouvernement en janvier, est l’un des premiers textes officiels décrivant les problèmes posés par ces pesticides, plastifiants et solvants, qui interfèrent avec le système hormonal des êtres vivants.


    Deux grenouilles mâles copulent. L’une d’elle est devenue femelle à la suite d’une exposition à l’atrazine, un pesticide.

    L’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) et le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) ont remis à leurs ministères de tutelle, courant janvier, un rapport d’évaluation de la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) commandé en août 2017 par le gouvernement.

    Très attendu, le texte, que Le Monde a pu consulter, n’est pas encore rendu public ; il est singulièrement percutant. S’il dresse un bilan positif de l’action de l’Etat engagée depuis 2014 dans ce domaine, il en souligne de nombreuses limites au regard des enjeux, qualifiés de « majeurs pour la santé et l’environnement ». Les rapporteurs se montrent aussi, en creux, très critiques vis-à-vis de l’action conduite au niveau européen, notamment par la Commission de Bruxelles, et s’interrogent sur la « crédibilité » de l’action communautaire.

    Incidemment, le rapport des trois institutions forme l’un des premiers documents officiels résumant, dans un langage non technique, l’étendue des problèmes posés par les perturbateurs endocriniens (PE). Ces substances – pesticides, plastifiants, solvants, etc. – sont présentes dans une grande diversité d’objets ou de produits du quotidien et dans la chaîne alimentaire. Elles ont en commun d’interférer avec le système hormonal des humains et des animaux.

    Défi scientifique et réglementaire

    « Un certain nombre d’affections de la santé humaine sont aujourd’hui suspectées d’être la conséquence d’une exposition aux PE : baisse de la qualité du sperme, augmentation de la fréquence d’anomalies du développement des organes ou de la fonction de reproduction, abaissement de l’âge de la puberté, détaille le rapport. Le rôle des PE est aussi suspecté dans la survenue de certains cancers hormonodépendants, ainsi que des cas de diabète de type 2, d’obésité ou d’autisme. »

    Les rapporteurs ajoutent que les effets de ces substances dépendent de l’âge de l’exposition, les impacts majeurs étant la conséquence d’une exposition « au cours du développement foeto-embryonnaire, de la petite enfance et de la puberté ». Les effets attendus étant différés dans le temps ou le résultat d’une exposition chronique, « le lien de causalité reste souvent difficile à établir », ajoutent les auteurs.

    Mise en place en avril 2014, la stratégie nationale pour répondre aux défis scientifiques et réglementaires liés à ces substances est identifiée comme l’une des trois seules initiatives de ce type en Europe – avec la Suède et le Danemark. « Dans un contexte où l’Union européenne [UE], pourtant chargée de réglementer le risque chimique, est en manque de stratégie cohérente, [cette stratégie nationale] était très opportune pour affirmer la volonté politique française d’agir sur un sujet complexe (…) prioritaire en santé-environnement », estiment les auteurs du rapport.

    Inquiétudes quant aux moyens consacrés à la recherche

    Mesures de réduction de l’exposition des populations (en particulier au bisphénol A), formation de professionnels de santé, investissement dans la recherche scientifique, identification des substances les plus problématiques : la stratégie française, estiment les trois institutions, a donné des résultats positifs.

    Même s’ils « restent le plus souvent à amplifier ». En particulier, les rapporteurs notent que les travaux de recherche conduits en France sur les PE ont produit des résultats mais sont menacés par un tarissement des financements. « La réduction des moyens nationaux consacrés à la recherche depuis 2014, aggravée par les évolutions à l’échelon européen (…), a fragilisé la petite communauté scientifique qui s’est constituée depuis quelques années sur le thème des PE, ajoutent les auteurs. Celle-ci a tendance à se réduire par manque d’attractivité, avec un risque de pertes de compétences. »

    Les travaux de recherche fondamentale sont d’autant plus cruciaux que certains PE échappent aux principes classiques de la toxicologie, selon lesquels l’effet délétère attendu est toujours proportionnel à la dose. « La quantité d’hormones nécessaire au fonctionnement du système endocrinien étant extrêmement faible, la perturbation de celui-ci peut résulter d’une très faible concentration de substances perturbatrices, notent les rapporteurs, ce qui rend inopérante l’analyse toxicologique classique consistant à définir des seuils à partir desquels le produit devient nocif. »

    « Manque de confiance dans l’action publique »

    Quant à la surveillance de l’exposition des populations aux PE ou de l’imprégnation de l’environnement, le rapport la juge « hétérogène », soulignant que « la surveillance des sols est quasi inexistante, et la surveillance de l’air est très en retard comparée à la surveillance de l’eau, cadrée par une directive européenne ».

    Les impacts de ces substances sur les milieux et les écosystèmes ne sont pas suffisamment étudiés, plaident les auteurs, et ce alors qu’historiquement, les premiers effets des PE ont été relevés sur la faune et « ont servi de signal d’alarme pour la santé humaine ».

    Les rapporteurs le disent sans fard : la question n’est pas seulement sanitaire ou environnementale, mais concerne aussi la crédibilité des pouvoirs publics. « Le différentiel entre la vitesse des avancées des connaissances scientifiques et la capacité d’adaptation des règlements sur ce type de sujet émergents est de nature à nuire à la crédibilité de l’action communautaire », écrivent-ils. Or, relèvent-ils, « les perturbateurs endocriniens s’inscrivent parmi les situations à risques caractérisées par un manque de confiance dans l’action publique ».

    La Commission européenne condamnée

    Outre le renforcement de la recherche, la réduction des expositions pour les populations à risque, et la surveillance de l’environnement, les trois institutions enjoignent le gouvernement à peser au niveau communautaire pour faire évoluer la réglementation européenne. A ce jour, les textes réglementaires de l’UE ne permettent pas d’exclure les PE, la Commission ayant accumulé un retard de plus de quatre ans dans l’adoption des critères d’identification de ces substances (dans le cas particulier des pesticides) – les rapporteurs rappellent d’ailleurs que l’exécutif européen a, dans ce dossier, été condamné en décembre 2015 par la Cour de justice de l’UE, pour carence.

    Au total, le rapport plaide pour un renouvellement et un renforcement de la stratégie nationale lancée en 2014. Mais celle-ci doit être portée par l’ensemble des ministères concernés, au-delà de la santé et l’écologie, plaident les rapporteurs. « Il en va, écrivent-ils, de l’efficacité de sa mise en œuvre et de la crédibilité de l’action de l’Etat ».

    Stéphane Foucart

    Extrait :
    « Les travaux de recherche français récents sur les PE ont montré que :

    • les perturbateurs endocriniens (avérés ou potentiels) sont omniprésents ;
    • le spectre de pathologies est bien plus large que celles relevant du système reproducteur ;
    • les effets de molécules prises individuellement ne permettent pas de prédire l’effet du
    mélange ;
    • les méthodes développées pour analyser les substances semi-volatiles ayant
    des propriétés de perturbateurs endocriniens, contenues dans l’air et les poussières ont
    permis de démontrer que ces substances étaient très répandues dans l’habitat, notamment
    dans les poussières des logements, avec des concentrations très variables ;
    • l’exposition périnatale de souris à de faibles doses de bisphénol A (BPA) ou de l’un de ses
    substituts, le BPS, perturbe le métabolisme des lipides, source d’obésité ;
    • une revue de la littérature indique que les substituts peuvent être potentiellement aussi
    dangereux que la molécule interdite ;
    • les risques concernent aussi la faune sauvage et sont alarmants ;
    • les perturbateurs endocriniens représentent un coût énorme pour la société. »

  • Nicolas Hulot va-t-il avaler la nouvelle couleuvre du prolongement de la #licence du #glyphosate ?
    http://reformeraujourdhui.blogspot.com/2017/10/nicolas-hulot-va-t-il-avaler-la.html

    Au printemps 2016, pour sortir de l’impasse et éviter un vide juridique, la Commission de Bruxelles avait temporairement prolongé de 18 mois la licence du glyphosate qui arrivait à expiration. Cette autorisation de prolongation s’achève fin décembre 2017 et le renouvellement de la licence fait l’objet d’un nouveau débat à Bruxelles… Depuis les années 2000, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour dénoncer la nocivité du glyphosate sur l’environnement comme sur la santé. De l’Amérique latine à l’Europe, les preuves scientifiques pleuvent. En 2012, l’étude du professeur Gilles-Éric Séralini sur la toxicité à long-terme du Roundup fait grand bruit avant que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui dépend de l’OMS, classe le glyphosate parmi les cancérogènes probables pour (...)

    #pesticides #tribunal

  • « Le macronisme ou le spectre de l’#épistocratie »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/18/le-macronisme-ou-le-spectre-de-l-epistocratie_5202341_3232.html

    Emmanuel Macron a dû se résoudre, dimanche 15 octobre, à se soumettre à l’exercice démocratique de l’interview télévisée pour tenter de redresser l’image condescendante que son vocabulaire et sa posture jupitérienne, faite de parole rare et distante, ont pu générer dans l’opinion.

    Il a dû, chemin faisant, déroger à un principe qu’il s’était fixé en estimant, à l’occasion du défilé du 14-Juillet, que la « pensée complexe » dont il est porteur, ni de gauche ni de droite, ne saurait se prêter au jeu médiatique habituel.

    Cette esquive, qu’il ne pourra donc pas toujours pratiquer – comme en atteste sa récente confrontation avec trois journalistes –, est révélatrice d’un trait caractéristique du macronisme dont on a encore peu parlé et qui est de nature à susciter d’inquiétantes interrogations sur l’évolution contemporaine de nos sociétés démocratiques.

    Ni de droite ni de gauche, le libéralisme qu’incarne Emmanuel Macron est le nom d’une forme de gouvernement qui se présente comme un défi à la démocratie : dans la doctrine politique anglo-saxonne, on l’appelle « épistocratie ».

    Le terme « épistocratie » est un néologisme très peu usité. Il désigne un mode de gouvernement au sein duquel le pouvoir serait confié aux savants. L’idée n’est pourtant pas totalement neuve. Platon en rêvait en écrivant La République et en estimant souhaitable de confier le pouvoir aux philosophes.

    #paywall

    • Dans une tribune au « Monde », le constitutionnaliste Alexandre Viala avance que le président incarne une nouvelle forme de gouvernement qui confie la conduite des affaires aux experts. Mais cet exercice du pouvoir, en délégitimant toute opposition, met en danger la démocratie.

      Emmanuel Macron a dû se résoudre, dimanche 15 octobre, à se soumettre à l’exercice démocratique de l’interview télévisée pour tenter de redresser l’image condescendante que son vocabulaire et sa posture jupitérienne, faite de parole rare et distante, ont pu générer dans l’opinion.

      Il a dû, chemin faisant, déroger à un principe qu’il s’était fixé en estimant, à l’occasion du défilé du 14-Juillet, que la « pensée complexe » dont il est porteur, ni de gauche ni de droite, ne saurait se prêter au jeu médiatique habituel.

      Cette esquive, qu’il ne pourra donc pas toujours pratiquer – comme en atteste sa récente confrontation avec trois journalistes –, est révélatrice d’un trait caractéristique du macronisme dont on a encore peu parlé et qui est de nature à susciter d’inquiétantes interrogations sur l’évolution contemporaine de nos sociétés démocratiques.

      Ni de droite ni de gauche, le libéralisme qu’incarne Emmanuel Macron est le nom d’une forme de gouvernement qui se présente comme un défi à la démocratie : dans la doctrine politique anglo-saxonne, on l’appelle « épistocratie ».

      Le terme « épistocratie » est un néologisme très peu usité. Il désigne un mode de gouvernement au sein duquel le pouvoir serait confié aux savants. L’idée n’est pourtant pas totalement neuve. Platon en rêvait en écrivant La République et en estimant souhaitable de confier le pouvoir aux philosophes.

      Cette idée a connu une forme d’illustration dans la Chine confucéenne à travers le système du mandarinat. Et, d’une certaine manière, on en trouve un peu l’esprit dans la position hégémonique qu’occupent, au cœur des démocraties occidentales et au service du « Prince », les hauts fonctionnaires issus des grandes écoles.

      Mouvement mondial

      La composition du deuxième gouvernement d’Edouard Philippe, consécutive à la large victoire de La République en marche (LRM) aux élections législatives, respire cette culture épistocratique en raison de la forte présence de personnalités au profil technicien, à l’instar de Nicole Belloubet (justice) ou Jean-Michel Blanquer (éducation nationale), issus d’un univers qui relève davantage de l’expertise que de la politique.

      Le comte de Saint-Simon, au début du XIXe siècle, érigea l’épistocratie en idéal de gouvernement avec le secret espoir de confier le pouvoir aux plus compétents, parmi lesquels il faisait figurer les scientifiques et les industriels. La sociologie de la nouvelle Assemblée nationale, composée d’un nombre significatif de cadres du secteur privé, réhabilite d’ailleurs cet idéal saint-simonien.

      Le gouvernement épistocratique fait également son chemin partout dans le monde, depuis qu’à la faveur de la globalisation du droit, de l’épuisement des grands récits idéologiques et de la technicisation des problématiques auxquelles est confrontée la société, le pouvoir s’appuie de plus en plus, avant de prendre ses décisions, sur l’éclairage scientifique des experts.

      La montée du populisme dans certaines démocraties européennes et les récentes surprises électorales comme le Brexit ou l’accession du climato-sceptique Donald Trump à la Maison Blanche ont conduit certains auteurs, notamment anglo-saxons (l’économiste Bryan Caplan, le philosophe Jason Brennan), à s’interroger, à l’heure de la post-vérité, sur les failles du vote populaire. Leur mise en garde consiste à mettre en cause la fonction épistémique de la démocratie et à se demander si le peuple est suffisamment éclairé pour pouvoir décider rationnellement.

      Moment post-politique

      Alors ministre de l’économie, Emmanuel Macron affirmait que « l’autre politique », celle qui ne s’inscrit pas dans le paradigme ordo-libéral qu’impose la Commission de Bruxelles aux pays membres de l’Union européenne, était une « illusion ».

      Voici que « l’autre politique » se voit implicitement assigner le statut pragmatique d’erreur scientifique, au détour d’une phrase symptomatique d’une culture qui nie l’essence du politique au sens que lui prêta le philosophe et sociologue Julien Freund, pour qui, à l’inverse de la sphère privée dominée par la nécessité, la sphère publique est normalement le lieu de l’échange, de la liberté voire de l’irrationalité (Julien Freund, L’Essence du politique, 1965).

      La conversion des majorités gouvernementales au social-libéralisme et la relégation de l’opposition dans les marges du populisme, de droite comme de gauche, sur fond d’épuisement de l’alternance entre la droite et la gauche de gouvernement (que Jean-Claude Michéa qualifia d’« alternance unique ») signeraient-elles l’avènement subreptice d’une épistocratie qui afficherait, sous la bannière de la Raison, la prétention de prendre les bonnes décisions ?

      De là à abolir le suffrage universel, à instaurer un suffrage capacitaire ou à confier un vote plural aux diplômés ou aux habitants des grandes métropoles – comme d’aucuns l’ont suggéré au lendemain du Brexit avec un sens de la provocation qui n’était pas dénué de sincérité –, il n’y a qu’un pas, qu’accompliraient volontiers les esprits nostalgiques du despotisme éclairé, quand bien même le suffrage démocratique, fort heureusement, reste un tabou que nul n’oserait bafouer.

      Quoi qu’il en soit, la victoire de LRM aux élections de juin sur les décombres d’un système bipartisan à bout de souffle est particulièrement révélatrice de ce moment post-politique par lequel le conflit entre le pouvoir et l’opposition est en train de changer de nature.

      Comme l’a écrit la philosophe Chantal Mouffe dans ses travaux récents sur le libéralisme (L’Illusion du consensus, Albin Michel, 2016), cette compétition avait jusqu’à présent pris la forme, entre la droite et la gauche, d’un conflit agonistique entre valeurs démocratiques qui se disputaient, de manière égale et alternative, le marché des idées : mues par des valeurs qui ne sont ni vraies ni fausses, les deux camps s’opposaient de façon irréconciliable, tout en se considérant respectivement comme légitimes.

      Impasse populiste

      Désormais, à la faveur de cette quête social-libérale du consensus qu’incarne en France le macronisme, le conflit entre la droite et la gauche s’efface au profit d’un conflit antagonistique. Celui-ci n’oppose plus deux visions de la société aux prétentions relatives mais installe, au centre de l’offre politique, une rationalité libérale (de droite comme de gauche), qui se pare d’une prétendue objectivité scientifique dans le but non avoué d’imposer l’évidence d’une seule vision du monde face à laquelle les oppositions, désormais morcelées, se trouvent reléguées dans le camp de ceux qui ont tort – et n’ont dès lors d’autre perspective, pour exister, que de se radicaliser.

      Tout se passe comme si le pouvoir était capable d’adopter les « bonnes décisions », cautionnées par la Raison. Cette illusion cognitiviste – aux termes de laquelle le politique serait en mesure de connaître la réponse juste – est le moteur de l’idéal épistocratique, qui s’évertue à soustraire le gouvernant, réputé connaître et non vouloir, à l’épreuve de la discussion.

      Le représentant, en France, de ce nouveau pouvoir se plaît d’ailleurs à définir ses opposants comme constitutifs de « l’ancien monde ». Fort habile, l’étiquette permet au chef de l’Etat d’éluder la controverse démocratique, en faisant pénétrer dans les esprits l’idée selon laquelle le programme qu’il porte ne peut avoir d’alternative, dans la mesure où il exprimerait, pour utiliser le vocabulaire de Michel Foucault, un épistémè, qui est une parole désignée par son temps comme l’expression de la vérité.

      Le discours macronien consistant à substituer au clivage gauche-droite la frontière entre l’ancien et le nouveau monde relègue dans le temps une opposition qui n’occupe désormais plus l’espace. Celle-ci n’est plus à droite ni à gauche. Elle est d’hier, et le nouveau pouvoir fait tout pour se présenter, à l’image du progrès scientifique, comme tourné vers le futur.

      La montée en puissance de l’économisme, le développement des logiques comptables et des structures technocratiques en amont de la fabrication des lois entourent cet épistémè, au point de délégitimer le suffrage démocratique, peu à peu considéré comme inutile, et de provoquer dans les urnes, par voie de conséquence, l’abstention ou la tentation populiste, dont Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon offrent deux versions concurrentes.

      Telle est l’impasse dans laquelle le spectre épistocratique est susceptible de conduire le peuple. Seule la revitalisation du clivage entre une droite et une gauche de gouvernement, proposant deux alternatives irréductibles l’une à l’autre, pourrait déjouer ce scénario que la « révolution » issue des urnes du printemps est en train d’écrire au péril de la démocratie, dont le ressort intime n’est pas le consensus, faussement auréolé de la caution des experts, mais l’alternance franche et politique.

    • J’aurais plutot dit que le gouvernement Macron est un « épisiocratie » c’est à dire un gouvernement fondé sur l’art de te couper la parois entre le vagin et l’anus afin de te provoqué des fistules anales jusqu’à la fin de ta vie. Le boulot de "savants" dans ce contexte consiste à te recoudre plus serré pour que Jupiter prenne son pied quant il est d’humeur Rome-antique.

  • #NDDL : l’Europe balaie l’obstacle environnemental
    Par Jean-François MARIVAL. | Modifié le 27/04/2017
    http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nddl-l-europe-balaie-l-obstacle-environnemental-4953776

    La Commission européenne, par une circulaire publiée ce jeudi 27 avril, fait sauter le dernier verrou au lancement du chantier d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

    Et voilà rouvert le dossier NDDL entre deux tours d’élection présidentielle ! Thomas Dubreuil, l’avocat des opposants, note « un timing surprenant » alors que Françoise Verchère (collectif des élus opposés au transfert) brocarde la décision d’une Commission de Bruxelles « aussi politique que technique ».

    Un calendrier dont se saisit à l’inverse Alain Mustière, le président des Ailes pour l’Ouest, association favorable au transfert : « Je ne vais pas m’encombrer de considérations politiques et je dis au gouvernement de tenir sa parole : évacuez la ZAD et commencez les travaux, il en est encore temps ! »

    Dans la circulaire, la Commission européenne annonce, sans livrer d’argumentaire, sa décision de classer sans suite la procédure ouverte à l’encontre de la France. Elle interrogeait l’État français sur sa manière de découper les projets, empêchant ainsi toute vision globale des impacts environnementaux.

    Tel est le cas avec Notre-Dame-des-Landes où, sur un même territoire, les dossiers de l’aéroport, des routes et de la desserte ferroviaire sont menés distinctement.

  • Un budget d’#austérité validé au préalable et sans hésitation par la Commission de Bruxelles
    http://groupe-crc.org/activite-des-senateurs/la-discussion-et-le-vote-de-la-loi/finances/article/un-budget-d-austerite-valide-au-prealable-et-sans-hesitation-par-la-comm

    L’IS ne représente qu’environ 1,3 % du produit intérieur brut marchand, un niveau quasi inconnu en Europe, malgré des taux d’imposition prétendus plus faibles que le taux français !

    Par contre la TVA produirait en 2017 16 Mds de plus de rendement qu’en 2012, 16 Mds dont l’essentiel sera prélevé dans le porte-monnaie des consommateurs salariés ou demandeurs d’emploi, des familles, des retraités modestes. La TVA devient donc la recette la plus importante du budget de l’Etat.

    Ainsi pour tous ceux qui considèrent aujourd’hui qu’une part de la population ne contribue pas à la charge du budget, cette réalité démontre le contraire. Les ménages modestes et moyens paient sans cesse plus d’impôts. La loi de Finances pour 2017 propose un allègement d’1 milliard d’euros. 5 millions de ménages modestes et moyens vont en bénéficier (soit 200 euros en moyenne).

    Mais parallèlement la suppression de la majoration exceptionnelle sur les sociétés dépassant 250 millions de chiffre d’affaires va coûter 2,6 Mds d’euros. Qu’en feront-elles ?

    Le rapporteur du budget vient de produire un rapport d’information intitulé « cinq années sans modération fiscale ».

    Il fait apparaître que la fiscalité directe portant sur les ménages reste, en 2016, plus élevée de 31 Mds d’euros qu’au début du quinquennat. La charge fiscale des ménages au cours des dernières années est passée de 14,5 % à 16 % du PIB entre 2011 et 2016.

    En outre, une simulation inédite des effets des hausses des principales taxes indirectes (dont la TVA, la CSPE [contribution au service public de l’électricité] et les taxes multiples sur les produits de consommation) sur le budget des ménages montre, d’une part, une augmentation de près de 6 % en moyenne du poids des prélèvements indirects entre 2011 et 2015, et, d’autre part, que cette évolution a davantage pesé sur les ménages modestes, du fait du caractère dégressif de la fiscalité indirecte.

  • Tafta : ce que révèlent les documents confidentiels sur la négociation transatlantique

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/05/01/tafta-ce-que-revelent-les-documents-confidentiels-sur-la-negociation-transat

    C’est une première depuis le lancement en 2013 des négociations du « Tafta », le traité commercial entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Le Monde a pu consulter une série de documents de négociation confidentiels très récents, et totalement inédits, obtenus par Greenpeace Netherlands, l’antenne néerlandaise de l’ONG environnementale. Ils abordent quasiment tous les aspects de cette très vaste négociation, de l’abaissement des tarifs douaniers aux mesures sanitaires, en passant par la coopération réglementaire, censée rapprocher les normes des deux rives de l’Atlantique pour faciliter les échanges commerciaux.

    Ces documents permettent d’éclairer un texte qui suscite la méfiance tant par son contenu que par l’opacité des discussions à huis clos qui président à son élaboration. Représentant les deux tiers de l’ensemble des textes discutés, la fuite couvre 13 chapitres. Il s’agit, pour l’essentiel, de ce qui a servi de base au dernier cycle de négociation du TTIP (le nom officiel du futur traité), le treizième, entre l’administration Obama et la Commission européenne, qui s’est tenu du 25 au 29 avril, à New York.

    Des documents inaccessibles même aux parlementaires

    Ces documents seront rendus publics par Greenpeace dans leur intégralité lundi 2 mai à 11 heures. Leur intérêt principal est qu’y figurent non seulement la position de négociation des Européens mais aussi celle des Américains, qui jusqu’à présent, était restée totalement confidentielle. Les eurodéputés, qui ont bataillé pour être mieux informés de la teneur des discussions, n’ont par exemple pas accès à des documents aussi complets.

    A fortiori le grand public même si la Commission de Bruxelles, sous la pression des ONG et des mouvements citoyens anti-Tafta, a accepté, ces derniers mois, de jouer davantage la transparence, en publiant notamment le mandat de la négociation (http://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-11103-2013-DCL- 1/en/pdf) (son périmètre), certaines de ses positions (http://ec.europa.eu/trade/policy/in-focus/ttip/documents-and-events/#eu- position) et en « débriefant » les médias avant ou après chaque « round » de négociation.

    Les Américains campés sur leurs positions

    Cette série de documents confirme à quel point la discussion est déséquilibrée et peu avancée. Les Européens, plus impliqués et plus intéressés à la négociation, ont produit davantage de propositions. Ils veulent notamment obtenir un accès plus grand aux marchés publics américains, la reconnaissance de leurs indications géographiques et appellations d’origine (comme le parmesan ou le chablis), et une harmonisation la plus poussée possible des standards industriels (automobile, cosmétique...).

    Les Américains restent de leur côté campés sur leurs positions, bien peu enthousiastes. Malgré l’insistance européenne, ils se refusaient toujours, après douze cycles de négociation, à ouvrir les discussions sur la coopération réglementaire dans les services financiers, ou à dissiper les interrogations des Européens sur la portée réelle de l’ouverture des marchés publics (que les Etats fédérés pourraient contourner). Ils font également des concessions européennes sur la question du transfert des données numériques (rendue très sensible par les scandales de surveillance de la NSA) une condition sine qua non à des avancées significatives sur le secteur des télécommunications, et restent réticents à lever leurs restrictions d’exportation sur le gaz naturel.

    L’horizon d’un accord fin 2016 s’éloigne

    Les documents consultés par Le Monde confirment que les négociateurs américains utilisent désormais la conclusion du traité transpacifique (TPP), en février 2016, pour peser dans les échanges. L’administration Obama avait clairement signifié à la Commission, en 2015, que sa priorité était de conclure ce accord de libre échange avec onze partenaires d’Amérique latine, d’Asie et d’Océanie, et qu’elle ne s’investirait pleinement dans le Tafta qu’une fois qu’il aurait été conclu.

    Pour forcer la main des Européens, elle exige aujourd’hui sur plusieurs dossiers que le Tafta ne soit pas « moins ambitieux que le TTP ».
    Les Européens avaient encore espoir, fin 2015, qu’un accord politique pourrait être trouvé fin 2016. Un voeu pieux que l’on retrouve bien dans un briefing tactique de la Commission de Bruxelles, qui promet d’accélérer les discussions, avec pour en ligne de mire des « progrès substantiels » d’ici l’été 2016. Mais le document rappelle que le respect des intérêts européens et américains et la « haute ambition » de l’accord « prévaut sur la rapidité ».

    Peu d’avancées sur les tribunaux d’arbitrage

    L’horizon d’un compromis politique avant la fin du mandat d’Obama se révèle d’autant plus incertain que les discussions sur l’un des volets les plus controversés du Tafta (http://transatlantique.blog.lemonde.fr/2015/04/18/mythes-et-realites-sur-les-tribunaux-darbitrage-prives-) en restent à leurs balbutiements. La reprise en février des négociations (longtemps gelées) sur les tribunaux d’arbitrage (dits « ISDS ») chargés de trancher les litiges entre les entreprises et les Etats n’a donné lieu qu’à une présentation formelle aux Américains de la nouvelle doctrine européenne, le « système de cour d’investissement » (ICS) (http://transatlantique.blog.lemonde.fr/2015/09/16/bruxelles-presente-sa-version-relookee-des- tribunaux-darbitrage-du-tafta/) , doté d’un meilleur encadrement pour prévenir les dérives portant atteintes à l’intérêt général.

    Si les négociateurs se félicitent d’une « atmosphère ouverte et constructive », les échanges se sont cantonnés aux aspects mineurs de la proposition européenne, sans s’attaquer à la grande réforme institutionnelle, qui vise à instaurer une cour dotée de juges permanents et d’un mécanisme d’appel. Impossible donc de savoir si les Américains consentiront à ce compromis, sans lequel le Tafta pourrait bien ne jamais voir le jour, faute de soutien politique.

    Vers une reconnaissance mutuelle des normes

    Cette fuite rappele aussi – notamment en ce qui concerne la partie réglementaire – que les réglementations des deux côtés de l’Atlantique sont très divergentes. Et montre que, pour surmonter cette difficulté, les parties envisagent de pratiquer la reconnaissance mutuelle des réglementations (l’UE reconnaît la norme américaine comme équivalente à la sienne, et donc acceptable), plutôt que l’harmonisation (l’UE et les Etats-Unis modifient leurs normes respectives pour les faire converger).

    « Les promoteurs du Tafta nous disent que son principal intérêt est davantage d’ordre géopolitique qu’économique. Mais ces documents montrent que cet argument ne tient pas. L’UE et les Etats-Unis vont vers une reconnaissance mutuelle de leurs standards, ouvrant la voie à une course vers le bas des multinationales en matière d’environnement et de santé publique. Le Tafta cherche donc bien à consacrer une approche de “si c’est assez bon pour nous, c’est donc assez bon pour eux” », souligne Jorgo Riss, chef du bureau de Greenpeace UE à Bruxelles.

    Une menace pour le principe de précaution

    Les Américains n’entendent pas faire de compromis. C’est particulièrement frappant en ce qui concernent la coopération réglementaire, un des aspects les plus novateurs et les plus importants du Tafta. Les promoteurs de l’accord insistent en effet pour dire que la majorité des avantages de l’accord proviendraient de la réduction des différences réglementaires qui, comme les droits de douane, se révèlent souvent de vraies barrières au commerce.

    Washington insiste sur la nécessité de procéder à des études d’impact en amont de toute réglementation (« regulatory impact assessment »), qui devraient obéir à des règles très strictes et qui ressemblent à autant d’obstacles à franchir avant de pouvoir réglementer. Ces études d’impact devraient prendre en compte « le besoin d’une régulation » et inclure notamment « l’examen des alternatives réglementaires ou non réglementaires raisonnablement envisageables (y compris l’option de ne pas réguler) ».

    « Cette manière de réglementer avec des études d’impact systématiques aurait pour effet probable de retarder ou de prévenir des régulations auxquelles s’opposent les intérêts économiques, souligne M. Riss, de Greenpeace. A Bruxelles, la Commission procède déjà par études d’impact, mais c’est beaucoup moins systématique, et la capitale de l’Europe est bien moins contrôlée par les lobbys que Washington. »

    En l’état, le Tafta serait surtout susceptible de porter un coup au principe de précaution (http://eur- lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/ ?uri=URISERV%3Al32042) , qui permet aujourd’hui à l’Europe de refuser certains produits et pratiques au nom de la santé ou de l’environnement. Il inverserait la charge de la preuve, en contraignant les autorités à justifier chacune de leurs décisions par des preuves tangibles de leur dangerosité – pas toujours consensuelles, comme l’illustre le débat sur les OGM. Malgré les assurances récentes de la commissaire au commerce Cecilia Malmström (http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2016/january/tradoc_154173.pdf) , les Européens ne font référence à aucun moment à ce principe central dans les documents de négociation du Tafta fuités.

    La Commission se défend d’un « accord au rabais »

    Attention toutefois, ces textes sont une photographie, datant d’il y a à peu près un mois, de l’état des négociations entre Europe et Etats-Unis. Depuis, les discussions ont progressé, lors du 13e round. A en croire les négociateurs, qui se sont exprimés lors d’une conférence de presse commune, vendredi 29 avril, des avancées ont eu lieu dans le domaine des procédures douanières, qui devraient faciliter la vie des PME. Ils ont aussi fait des progrès sur la reconnaissance réglementaire dans le domaine des appareils médicaux, des cosmétiques et de la pharmacie.
    Par ailleurs, il s’agit de positions de négociation : chacun campe sur ses positions, et il est évidemment impossible de préjuger du résultat final, de là où les parties choisiront d’« atterrir » dans les mois et les années qui viennent.

    La Commission européenne, consciente des réticences fortes d’une partie des opinions publiques, toujours très mobilisées, a promis qu’elle ne négocierait pas un accord au « rabais ». Dans un état des lieux du Tafta (http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2016/april/tradoc_154477.pdf) , rendu public mercredi 27 avril, en plein milieu du 13e round de négociations à New York, elle insiste ainsi : « Le principe qui nous guide est que le résultat de la coopération réglementaire ne doit pas conduire à un abaissement des standards de protection qui devraient rester les mêmes ou être améliorer ».

    Quels documents va publier Greenpeace ?
    L’ONG s’est procuré 15 documents liés à la négociation, totalisant 248 pages, qui seront intégralement publiés lundi 2 mai à 11 heures sur son site-web.
    1 document tactique européen
    Etat des lieux de l’équipe de négociation européenne datant de mars 2016
    13 documents de négociation en cours de consolidation (qui reflètent l’état des discussions Europe/Etats-Unis à l’issue du douzième cycle de négociation) :
    Traitement national et accès au marché pour les biens Agriculture
    Services
    Télécommunications
    Commande publique
    Coopération règlementaire
    Barrières techniques au commerce
    Mesures sanitaires et phytosanitaires
    Droits de douane et facilitation du commerce Concurrence
    PME

    Entreprises publiques
    Résolution des différends entre Etats
    1 documents de négociation américain :
    Annexe expliquant la proposition américaine de chapitre anti-corruption liée à la commande publique
    Il reste a priori 5 documents de négociation consolidés qui n’ont pas fuité :
    E-commerce
    Services financiers Cohérence règlementaire Règles d’origine
    Recours commerciaux

  • L’inéluctabilité de “passer à l’Est”
    http://new.dedefensa.org/article/lineluctabilite-de-passer-a-lest

    L’inéluctabilité de “passer à l’Est”

    21 janvier 2016 – Les Polonais ont beaucoup parlé ces derniers jours. Après les attaques lancées contre le nouveau gouvernement polonais par l’UE, la Commission, etc., et les décisions de mettre la Pologne “sous surveillance”, le thème général de leurs discours, je dirais du point de vue symbolique, c’est ceci : “L’UE d’une manière générale, la Commission, se conduisent vis-à-vis de nous exactement comme l’URSS se conduisait vis-à-vis de la Pologne durant les années où l’Europe de l’Est vécut sous le contrôle de cette puissance”. Laughland va même plus loin, et fort justement : « La Commission de Bruxelles a donc moins de légitimité démocratique que ses presqu’homonymes, les fameux Comités centraux des partis communistes qui jadis faisait la pluie et le beau temps en Europe de (...)

  • L’inéluctabilité de “passer à l’Est”
    http://www.dedefensa.org/article/lineluctabilite-de-passer-a-lest

    L’inéluctabilité de “passer à l’Est”

    21 janvier 2016 – Les Polonais ont beaucoup parlé ces derniers jours. Après les attaques lancées contre le nouveau gouvernement polonais par l’UE, la Commission, etc., et les décisions de mettre la Pologne “sous surveillance”, le thème général de leurs discours, je dirais du point de vue symbolique, c’est ceci : “L’UE d’une manière générale, la Commission, se conduisent vis-à-vis de nous exactement comme l’URSS se conduisait vis-à-vis de la Pologne durant les années où l’Europe de l’Est vécut sous le contrôle de cette puissance”. Laughland va même plus loin, et fort justement : « La Commission de Bruxelles a donc moins de légitimité démocratique que ses presqu’homonymes, les fameux Comités centraux des partis communistes qui jadis faisait la pluie et le beau temps en Europe de (...)

  • La géographie du post-fascisme - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2015/12/15/la-geographie-du-post-fascisme_1420997
    par Philippe Pelletier

    Le nationalisme du postfascisme ne relève plus d’un printemps des peuples qui auraient enfin réalisé leur unité nationale mais du refus d’un mondialisme piloté par les élites de la Banque mondiale, du Conseil de sécurité des Nations unies, de la Commission de Bruxelles ou du Giec. Il est toujours identitaire ou chauvin, mais ses partisans ne sont guère enclins à partir au Sahel pour défendre les mines d’uranium d’Areva, ou en Mésopotamie pour lutter contre Daech, puisqu’une armée de métier fait le travail.

    C’est plutôt le « chacun chez soi » qui prime, ainsi que le goût de « l’ordre », en fait de la hiérarchie. Il n’y a plus de commandos dévastant les bourses du travail comme en Romagne dans les années 20, mais des défilés plus ou moins tranquilles. Le culte du chef est toujours présent, même si, autre temps autres mœurs, ce sont aussi des cheftaines.

    Une partie de la classe moyenne oubliée veut sa part du gâteau politique qui consiste en indemnités, parfois confortables, et autres avantages financiers ou symboliques. Telles sont les caractéristiques du postfascisme qui ne reculera que face au réveil autogestionnaire du peuple opposé à toute délégation de pouvoir, fût-elle frontiste.

  • CADTM - Les membres de la Commission de Bruxelles : au service d’eux-mêmes et des mutinationales
    http://cadtm.org/Les-membres-de-la-Commission-de

    Ainsi, on a été à peine étonné d’apprendre que la Commission était parfaitement au courant des #magouilles à grande échelle de Volkswagen et que le Parlement avait décidé de voter contre une commission d’enquête avant d’autoriser une marge de tolérance sur les émissions de diesel qui continueront à tuer environ 100 000 personnes par an en Europe.

    Si l’on se penche sur la liste des anciens commissaires pantouflards, le conflit d’intérêt est quasiment la règle. Un tiers des commissaires de l’ère Barroso sont désormais des cadres influents de grandes entreprises privées. La luxembourgeoise Viviane Reding qui, du haut de sa grandeur morale, compara la politique de la France à l’égard des Roms à celle de l’Allemagne nazie, et qui fut commissaire à l’éducation et à la culture puis à la justice, a été autorisée par la #Commission_européenne à devenir membre du conseil d’administration de la compagnie minière belge Nyrstar, ainsi que du Kuratorium, une institution œuvrant pour la promotion d’un traité de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis.

    #CE #conflits_d'intérêts

  • Pantouflage, petits fours et salons « dorés » :

    Les membres de la Commission de Bruxelles : au service d’eux-mêmes et des mutinationales — Bernard GENSANE
    http://www.legrandsoir.info/les-membres-de-la-commission-de-bruxelles-au-service-d-eux-memes-et-de

    Une enquête de l’ONG Corporate Europe Observatory, dont la raison d’être est d’étudier les groupes de pression qui sévissent à Bruxelles, a établi une liste des anciens membres de la Commission présidée par Manuel Barroso ayant retrouvé de juteuses situations dans les entreprises multinationales.

    Et que trouve-t-on sur Wikipédia à propos de ladite commission (européenne de Bruxelles) ?

    Elle joue, en principe, un rôle central de garante envers « l’intérêt général » de l’UE, ce qui fonde son monopole de l’initiative législative. Au sein des systèmes politiques démocratiques, la Commission européenne possède cette originalité de représenter « l’intérêt général » tout en n’étant pas issue du Parlement européen, élu, lui, au suffrage universel. Toutefois les groupes d’intérêt, qui représentent des intérêts catégoriels publics ou privés, jouent un rôle important dans le processus de décision.

    Étonnant, non ?

  • Accord transatlantique de libre échange : l’opinion européenne contre la Commission
    http://endehors.net/news/accord-transatlantique-de-libre-echange-l-opinion-europeenne-contre-la-com

    Lu sur France info : "TTIP : trois millions de citoyens européens s’opposent aux négociations commerciales entre l’Europe et les États-Unis qui doivent aboutir à un accord transatlantique de libre échange. En vain. Leur pétition, déposée sur le bureau de la Commission de Bruxelles cette semaine, (...) — Actualité

  • Reprendre la main sur la finance et les banques
    http://reformeraujourdhui.blogspot.com/2015/02/reprendre-la-main-sur-la-finance-et-les.html

    La fraude et l’évasion fiscales coûtent chaque année environ 1000 milliards d’euros aux pays membres de l’Union européenne, dont 60 à 80 milliards pour la France. Mais les règles, les institutions et les individus qui ont permis de tels dévoiements de la finance n’ont pas été et ne sont pas pour l’heure vraiment remis en cause par l’Europe et la Commission de Bruxelles…Aujourd’hui, ce n’est ni la taille des états ni le montant des dépenses ou des avantages sociaux qui sont à l’origine de la crise mais au contraire la faiblesse des législations en matière de régulation et de lutte contre la fraude, aggravée dans certains cas par la corruption des oligarchies dirigeantes.Dans de nombreux pays, les moyens pour lutter contre la fraude et l’évasion fiscales s’amenuisent et les enquêteurs n’ont parfois même (...)

  • Le scandale Moscovici ou la magouille pour les nuls

    http://www.marianne.net/Le-scandale-Moscovici-ou-la-magouille-pour-les-nuls_a242377.html

    priori, tout devait rouler comme sur un skate. Pour cause de fidélité à François Hollande, Pierre Moscovici était transféré du gouvernement (où il fut d’une rare nullité) à la Commission de Bruxelles (où il sera surveillé de près). Ce fût compliqué à obtenir.

    Certains – on les comprend – eurent du mal à admettre que l’échec patenté méritait promotion. D’autres se demandèrent s’il était opportun d’aller apporter la caution du PS à une Commission qui ne jure que par l’orthodoxie. Mais les obstacles furent levés les uns après les autres.

    Ne restait plus qu’un problème : comment faire pour empêcher une législative partielle dans la 4ème circonscription du Doubs, celle où Pierre Moscovici fut toujours élu d’extrême justesse et où le « hollandisme récessionnaire » laisse un boulevard au candidat du FN. On imagina alors un système aux petits oignons.

  • La machine à punir, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/05/HALIMI/50382

    L’Union ne cesse de rabrouer les Etats qui n’ont pas pour souci prioritaire de réduire leur déficit budgétaire, y compris quand le chômage s’envole. Comme ils obtempèrent en général sans se faire prier, elle leur impose aussitôt un programme de rectification comportant des objectifs chiffrés à la décimale près, assorti d’un calendrier d’exécution. En revanche, quand un nombre croissant de patients européens doivent renoncer à se faire soigner faute de ressources, quand la mortalité infantile progresse et que le paludisme réapparaît, comme en Grèce, les gouvernements nationaux n’ont jamais à redouter les foudres de la Commission de Bruxelles. Inflexibles lorsqu’il s’agit de déficits et d’endettement, les « critères de convergence » n’existent pas en matière d’emploi, d’éducation et de santé. Pourtant, les choses sont liées : amputer les dépenses publiques signifie presque toujours réduire dans les hôpitaux le nombre de médecins et rationner l’accès aux soins.

  • L’UE renonce à encadrer l’exploitation du #gaz_de_schiste
    http://lemonde.fr/planete/article/2014/01/17/bruxelles-renonce-a-encadrer-l-exploitation-du-gaz-de-schiste_4349808_3244.h

    Les défenseurs de l’environnement espéraient une législation en bonne et due forme, mais le projet risquait de semer la zizanie entre les Etats membres de l’Union. La Commission de Bruxelles a donc renoncé à encadrer par la loi, au niveau européen, l’exploration et l’exploitation des pétroles et gaz de schiste, préférant adresser une simple « recommandation » non contraignante aux capitales européennes. Elle en fera l’annonce officielle, le 22 janvier, lors de la présentation du « paquet énergie climat ».

  • Les exilés du propos
    http://www.greekcrisis.fr/2013/10/Fr0285.html

    Antonis Samaras prétend en plus “sévir contre la violence et ceci, indépendamment de sa provenance”. Sauf que son faux message, d’ailleurs si bien partagé par la Commission de Bruxelles, ne passe plus du tout chez nous. Je remarque que nos perceptions quant à la régulation de la violence dans la société changent, justement, sous les effets de la violence exercée sur la société par la Troïka, ainsi que par les extrémistes de la Nouvelle démocratie et du PASOK. Leur violence est réelle et très palpable. Le (...)

  • Bataille scientifique autour de la pêche profonde
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/10/bataille-scientifique-autour-de-la-peche-profonde_1757919_3244.html

    Bataille scientifique autour de la pêche profonde

    LE MONDE | 10.09.2012 à 13h51

    Par Stéphane Foucart

    Dures journées pour la pêche profonde. Alors que le Parlement européen se prépare à examiner la proposition présentée en juillet par la Commission de Bruxelles, visant à bannir progressivement les chaluts et les filets maillants de fond en Atlantique du Nord-Est, de récents travaux accablent de nouveau ces engins de pêche.

    #pêche #écologie

  • L’avenir de la violence ; entretien avec Alain de Benoist
    http://ragemag.fr/lavenir-de-la-violence-entretien-avec-alain-de-benoist

    Aujourd’hui, n’est-elle pas le joug sous lequel ploient les peuples ?

    Vous confondez l’#Europe et l’Union européenne. Telle qu’elle a été mise en œuvre par ses initiateurs et poursuivie par leurs successeurs, la construction européenne s’est faite dès le début en dépit du bon sens. Elle est partie de l’économie et du commerce, au lieu de se faire à partir de la politique et de la culture. Elle s’est opérée par le haut, sous la férule d’une instance technocratique acquise au centralisme jacobin et au principe d’omnicompétence, la Commission de Bruxelles, au lieu de se mettre en place par le bas, en respectant le principe de subsidiarité ou de compétence suffisante à tous les niveaux, du plus local au plus général. Elle s’est faite en dehors des peuples, sans que ceux-ci soient jamais sérieusement consultés sur sa raison d’être ou sur son mode de fonctionnement. Après la chute du système soviétique, au lieu de chercher à approfondir ses structures de décision politique, elle a choisi un élargissement hâtif à des pays qui ne cherchaient qu’à bénéficier de la protection américaine, ce qui a aggravé son impuissance et paralysé ses institutions. Le problème de ses finalités -Europe-puissance ou Europe-marché- et le problème de ses frontières -géopolitiques- n’ont jamais été clairement posés non plus. La mise en place de l’euro dans des conditions totalement irréalistes a de son côté aggravé l’endettement public, dans le contexte de crise financière mondiale que nous connaissons aujourd’hui. Le résultat est que l’« Europe », qui apparaissait naguère comme une solution, n’est plus aujourd’hui qu’un problème parmi d’autres. Loin d’être une puissance autonome, l’Europe actuelle est politiquement dépendante, financièrement victime des marchés financiers, économiquement mise en concurrence dans des conditions de dumping avec la main-d’œuvre sous-payée des pays tiers, socialement en proie à des programmes d’austérité insupportables, bref affaiblie à tous égards. Non seulement l’Union européenne n’est pas l’Europe, mais aujourd’hui elle travaille clairement contre les Européens.

  • APAISEMENT
    ALAIN ACCARDO

    1 - Après quelques vigoureux coups de menton de son candidat – campagne électorale oblige – pour faire croire qu’il était fermement décidé à combattre les inégalités et le pouvoir de l’argent, le parti socialiste a rapidement retrouvé son style habituel, celui qu’incarne si bien dans toute sa personne François Hollande et dont le qualificatif le moins désobligeant pourrait être : lénifiant. A peine élu, ce parfait représentant de l’inconsistance politique, a entonné à nouveau l’antienne chère à tous les partisans de la collaboration de classes, sur le thème iréniste du « nécessaire apaisement » dont les Français auraient, paraît-il, besoin. Et tous les candidats socialistes de bramer à sa suite que « les Français ont besoin d’être rassemblés ».

    Quiconque a tant soit peu d’expérience de la vie politique sait que la notion même de « rassemblement » est généralement de droite et qu’elle est pratiquement toujours utilisée, assortie d’une invocation à « l’unité républicaine », pour regrouper le peuple derrière la bourgeoisie dominante (sauf, et encore, dans les périodes de résistance à l’agression étrangère). Cela peut se vérifier dans l’histoire de nos cinq Républiques. L’appel à l’unité républicaine (« la République est notre mère à tous ») étant lui-même une version laïque de l’exhortation chrétienne à la fraternité universelle (« Nous sommes tous les enfants du Seigneur »), on saisit mieux pourquoi, la bénédiction tacite de l’Eglise aidant, il est si important aux yeux de tous les gouvernements bourgeois, y compris « socialistes » dont c’est la raison d’être, de réunir le pays sous leur bannière, c’est-à-dire de soumettre
    l’immense majorité des classes populaires et des classes moyennes à la politique des classes dirigeantes et possédantes. En pratique, « l’unité républicaine », c’est celle du carrosse et de l’attelage, c’est la mise en sourdine des revendications des salariés, la domestication des organisations syndicales, la culpabilisation des oppositions, l’obéissance aux lois du marché, la mobilisation pour le seul « intérêt général » qui vaille, celui des banques et des grandes entreprises, bref, « l’unité républicaine », c’est l’antidote à la lutte des classes, qui est l’unique danger de nature à inquiéter vraiment les riches et les maîtres

    Eh bien sachez, Mesdames et Messieurs les Rassembleurs de la République, que pour ma part – et nous sommes quelques-uns de même farine – je ne veux être ni rassemblé, ni réuni, ni rapproché si peu que ce soit, et encore moins bien sûr confondu avec la masse d’humanoïdes, gredins et/ou imbéciles qui, pour préserver de dérisoires gratifications présentes ou à venir, s’obstinent à faire le jeu des prédateurs de la féodalité capitaliste et à ne pas reconnaître leur part de responsabilité dans le fonctionnement du système corrompu, perverti et barbare qu’ils osent qualifier de « res publica » alors qu’il est confisqué par toutes les mafias. Je me refuse à donner l’accolade à tous ceux qui se font, délibérément ou par défaut, les suppôts des partis de l’« alternance », les amis et les serviteurs du grand Patronat, de la Banque, du FMI et de la Commission de Bruxelles, les adeptes des paradis fiscaux, les faux
    écolos du capitalisme Vert, les crypto-fascistes, les cadres de la gestion, de la com, de la pub, du journalisme, et tutti quanti.

    Je vous entends ricaner bêtement : « Pauvre vieil atrabilaire, à ce train-là il ne trouvera plus grand monde pour le lire ! » Cela reste à vérifier. Mais se moquer de l’étendue de mes détestations, c’est faire la preuve qu’on n’a pas encore vraiment compris par quels mécanismes multiformes et inattendus un système social, le nôtre par exemple, parvient à réaliser concrètement sa logique objective, c’est-à-dire à faire avaliser ses aberrations et ses ignominies, par la majeure partie d’une population qui, dans le principe, n’est dépourvue ni d’intelligence ni de moralité, mais qu’il transforme bientôt en une troupe de marionnettes hallucinées, avides et dociles.

    Alors de grâce, Mesdames et Messieurs les promoteurs d’unité républicaine et autres marchands d’apaisement, laissez-moi le soin de me rassembler moi-même avec ceux qui me ressemblent, et permettez-moi d’exécrer, non pas tous les autres, mais tout ce qui les abîme et les aliène.

    2 - Dans son discours de remerciement pour le prix Nobel de littérature, en 2006, l’écrivain turc Orhan Pamuk résumait en quelques pages admirables les raisons pour lesquelles il avait consacré sa vie à la littérature. Entre autres explications il avançait celle-ci : « J’écris parce que je suis fâché contre vous tous, contre tout le monde. »

    Ces paroles surprenantes ne s’adressaient évidemment pas au seul public de la prestigieuse académie suédoise, mais à travers lui à tous ceux qui se font, ingénument ou pas, les promoteurs de la civilisation occidentale, et donc aussi à lui-même.

    On sait en effet que ce qui a valu à Orhan Pamuk sa distinction littéraire, c’est d’avoir su exprimer, tout au long de son œuvre, le déchirement – personnellement vécu – de la conscience turque écartelée, surtout dans les populations les plus occidentalisées et laïcisées, entre la fascination amoureuse pour l’Europe occidentale, et le refus de renier son héritage oriental, sa culture traditionnelle.

    Il ne s’agit pas là d’un problème qui concernerait uniquement les Turcs les plus épris du modèle occidental. Le même problème, mutatis mutandis, empoisonne les rapports entre les nations occidentales et leurs ex-colonies d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. Leur littérature en témoigne aussi. À l’intérieur des nations occidentales elles-mêmes, cette opposition se manifeste sous de multiples formes qui structurent l’ordre établi. C’est que les rapports de sens qui s’instaurent sur le plan symbolique sont indissociablement des rapports de force et que le capital culturel concourt à la domination sociale au même titre que les autres capitaux. La différence qui apparaît dans un savoir-être, un savoir-faire ou un savoir-dire est inévitablement interprétée comme l’indice d’une condition sociale supérieure (ou inférieure). Toute différence socialement perçue a pour effet de glorifier ou d’humilier. Et dans les
    cercles les plus huppés de la culture occidentale, prétendument si démocratiques, le simple fait de ne pas être un héritier culturel suffit à stigmatiser le « parvenu », le parent pauvre, le cousin de province.

    A cet égard, la plainte teintée de ressentiment qu’Orhan Pamuk, fin lettré turc issu de la bourgeoisie d’Istamboul, osait adresser à ceux qui venaient de lui décerner le prix Nobel, rejoignait l’aveu éloquent d’un Pierre Bourdieu, petit-fils de paysans béarnais élu au Collège de France : « Je ne me suis jamais senti un intellectuel de plein droit ». Ce sont là des réactions d’outsiders écorchés vifs, mais ayant saisi, à travers et au-delà de leur expérience personnelle, deux choses essentielles :

    d’abord que leur brillante réussite individuelle s’inscrivait dans la logique même d’un système qui ne distingue que pour mieux rejeter, car il ne peut fonctionner que par l’exclusion, la frustration et l’humiliation du plus grand nombre ; un système réservant à « l’élite » et ses élus le coeur de l’empire (le « centre » comme dit Pamuk, le « foyer sacré des valeurs » comme dirait Bourdieu) et reléguant dédaigneusement les autres dans leurs contrées lointaines et leur sentiment d’indignité.

    ensuite que la frontière, la ligne de partage entre dominants et dominés, ne passait pas seulement entre métropole et province, entre l’Ecole normale de la rue d’Ulm et le lycée de Pau, ni entre la rive européenne et la rive asiatique du Bosphore, mais plus subtilement à l’intérieur d’eux-mêmes, entre leurs aspirations à s’accomplir dans le système et leur volonté d’en dénoncer les aliénations.

    Plus encore, leur trajectoire quasi miraculeuse non seulement ne leur a pas masqué ce qu’elle avait d’à contre-courant, mais elle les a amenés à comprendre, à la différence de la plupart des parvenus, qu’il était de leur devoir de mettre leur notoriété au service de ceux qui sont condamnés à l’invisibilité et à l’autocensure. A la voix de Bourdieu décrivant « La misère du monde » et plaidant pour « une gauche vraiment de gauche », fait écho celle de Pamuk prenant courageusement position à propos de la stratégie occidentale de diabolisation du « terrorisme » : « Rien ne peut davantage justifier le soutien aux « islamistes » que le refus et l’incapacité de l’Occident à comprendre la colère des damnés de la terre » (in D’autres couleurs, Gallimard, 2009, p.361)

    Dans une société, qu’elle soit occidentale ou orientale, qui perpétue ses iniquités à la faveur d’un consensus aussi mensonger que meurtrier, on ne peut, à moins d’être un social-démocrate « apaisant », que se fâcher avec beaucoup, beaucoup de monde. Merci à Bourdieu et Pamuk de nous avoir rappelé qu’il n’y a pas lieu de s’en excuser.

    Chronique pour La Décroissance (juillet 2012) et pour Agone.le blog

  • ce référendum qui lui n’aura surtout pas lieu… #NonAuMes !
    http://gauchedecombat.com/2012/02/20/ce-referendum-qui-lui-naura-surtout-pas-lieu-nonaumes

    Le prêt à un pays en difficulté est conditionné « à son acceptation et à l’application de toutes les dispositions prévues dans le premier traité c’est à dire à la condition qu’il pressure les citoyens, recule l’âge de la retraite, réduise les budgets sociaux, diminue vos salaires, retraites et minima sociaux. Tout cela sans que les parlements nationaux n’aient leur mot à dire, la Commission de Bruxelles, la Banque centrale européenne et le… Fonds monétaire international disposant, eux, des pleins pouvoirs qu’ils ne détiennent pas du suffrage universel. C’est précisément ce qui est imposé à la Grèce » avec les conditions inacceptables que l’on sait…

  • #OGM : la Commission européenne tente de passer en force

    Une majorité d’Européens est opposée aux OGM. Plusieurs États maintiennent leur interdiction. L’évaluation des risques, très lacunaire, doit être améliorée… Rien n’y fait. La Commission de Bruxelles cherche, à tout prix, à réintroduire les plantes transgéniques en #Europe via des autorisations pour importer des OGM interdits ou encore à étouffer toute réelle tentative d’évaluation sanitaire.

    http://www.bastamag.net/article1600.html