L’exportation d’armes financée par les despotes du Golfe, une réussite de la France socialiste.
Quelques jours après le drame du Bardo, le Figaro révélait le financement émirati d’équipements français destinés à la Tunisie. Annoncée le 3 mars par Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, devant la Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées de l’Assemblée nationale française, cette « coopération trilatérale », serait à moindre échelle que le contrat DONAS conclu avec les Libanais, et ce « afin d’aider les forces armées tunisiennes à renforcer leur capacité de lutte contre le terrorisme, en particulier pour ce qui est des forces spéciales ». Le ministre ajoutant, qu’au vu de la vétusté de leur matériel, les besoins des forces armées tunisiennes concernent surtout « les blindés (insuffisamment protégés contre la menace des engins explosifs improvisés), l’aviation (quelques F-5 modernisés) et le renseignement ».
Cependant, le média du groupe Dassault objecte, d’après la déclaration d’un diplomate, que « les Émiriens sont sceptiques sur la capacité de Tunis à gérer l’affaire », étant donné qu’elle « voudrait gérer le pactole pour décider ensuite de ses besoins. Et ceux-là ne sont pas nécessairement français ». Pour rappel, en 2010, il était question de livrer à la Tunisie des hélicoptères Caracal, mais le contrat n’a pas abouti. La Tunisie ayant préféré acheter des Black Hawks américains.
En réalité, de tels partenariats ont été mis en route, en 2014, lors du lancement du premier « dialogue stratégique » entre les Etats Unis et la Tunisie, mais aussi l’Algérie et le Maroc. Le retour de la France dans le giron de l’OTAN, faisant d’elle “un appui pour la Tunisie en Europe“. En outre, Barack Obama a invité Beji Caïd Essebsi à se rendre à Washington, en mai prochain.
Estimée à « quelques centaines de millions d’euros », la « shopping list » tuniso-franco-émiratie est, en tous cas, loin d’égaler le contrat DONAS, financée par l’Arabie Saoudite, pour une livraison d’équipements français à l’armée libanaise pour 2,4 milliards d’euros d’armement. Ou encore le contrat conclu avec l’Egypte, en février dernier, à 5,2 milliards d’euros, pour la vente notamment de vingt-quatre avions de combat Rafales produits par Dassault. En revanche, plus complaisante fut la démarche de la France auprès du Maroc en vue de rétablir la coopération en matière de renseignement.
Mais bien évidemment, dans un marché mondial de plus en plus concurrentiel, tous ces contrats sont une aubaine pour l’industrie de l’armement made in France, qui « pourrait, avec ces exportations, dépasser, en 2015, très certainement le cap des 10 milliards ». Alors même que les armées françaises accusent, en 2015, un déficit budgétaires de 3 milliards, qui comprend 2,2 milliards d’équipements et 800 millions liés aux fameuses Opex (opérations extérieures) avec 9000 hommes déployés sur tous les fronts.