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  • Jeunes avocates au bord de la crise de nerfs - Madame Figaro
    http://madame.lefigaro.fr/societe/enquete-sur-les-jeunes-femmes-avocates-au-bord-de-la-crise-de-nerfs-

    En 2018, au sein du barreau de Paris, elles étaient 1 181 à quitter la profession, contre 629 hommes. Nuits blanches à répétition, sexisme ambiant, statut précaire... Les jeunes avocates pâtissent de ces conditions de travail, qui les conduisent parfois jusqu’au surmenage.
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    Illustration signée Léna Bojko pour Le dîner de la Cigogne.

    « Toi, tu vas bosser jusqu’à minuit », lance Alexandra, amusée, à sa consœur Anne-Sophie. Attablées dans la cafétéria du Tribunal de Grande Instance de Paris (XVIIe), les deux avocates en droit pénal savourent un instant d’accalmie, indifférentes au ballet incessant du Palais de justice. Il est déjà 16h30. Derrière elles, une avocate aux traits tirés commande son déjeuner au comptoir – au menu, salade de lentilles et Coca Light. Par-delà les baies vitrées, dans le grand hall, une jeune femme quitte sa robe d’avocat pour la glisser dans une petite valise. Bon nombre de ses collègues arpentent le tribunal, le visage fatigué, munies elles aussi d’un gros sac pour transporter leurs dossiers. Un visage qui trahit les longues heures passées à les éplucher.

    Anne-Sophie, 30 ans, a débuté sa journée à 9 heures, mais planchera encore tard sur un dossier qui lui a été confié à la dernière minute. « En droit pénal, cela arrive souvent de terminer à minuit », affirme Alexandra, 34 ans, déjà vêtue de son manteau bleu marine. Si les deux amies prennent les contraintes du métier « avec le sourire », elles comprennent aisément le mal-être qui touche certaines de leurs collègues. « On est tout le temps dans le conflit, il faut gérer les humeurs de la greffière, les désaccords avec les policiers ou les confrères… », égrène Anne-Sophie. En 2018, selon une étude statistique sur l’exercice professionnel du barreau de Paris, ses consœurs parisiennes étaient 1 181 à quitter la profession, contre seulement 629 hommes, révèle Anne-Laure Casado, membre du Conseil de l’Ordre des avocats (ces chiffres n’ont pas été publiés, NDLR). Le conflit permanent, c’est aussi ce qui a provoqué le burn-out de Maître S. (1), 43 ans, en 2011.

    Une semaine après une violente altercation verbale avec l’un de ses associés, Maître S., alors enceinte, constate des saignements anormaux. « J’ai perdu l’enfant que je portais », explique celle qui avait 36 ans à l’époque. Un épisode encore douloureux pour la quadragénaire : « J’étais en train de me vider de mon sang car je faisais une fausse couche, et au téléphone le confrère m’a refusé un renvoi d’audience, se remémore-t-elle. Une personne de l’Ordre des avocats m’a dit qu’elle ne pouvait l’y contraindre. C’est l’anesthésiste qui a dû m’enlever mon portable des mains avant d’entrer dans l’ascenseur de l’hôpital. »

    La fatigue accumulée et la violence du choc la font sombrer. Maître S. quitte ses associés et leur intente un procès. « J’ai porté plainte auprès de l’Ordre des avocats et on m’a répondu que cela n’était pas grave, que j’aurais un bébé la prochaine fois, poursuit-elle. Je n’en ai pas eu d’autre. » Son burn-out durera cinq ans. Après sa fausse couche, Maître S. rencontre un docteur en psychologie, experte de la souffrance au travail. Leurs échanges l’aident enfin à y voir plus clair.

    D’autres avocates en situation de surmenage préfèrent changer de voie. Certaines d’entre elles choisissent alors de se tourner vers Marina Bourgeois. La créatrice de la société Oser rêver sa carrière a travaillé quinze ans dans le milieu juridique avant de devenir chasseuse de têtes pour de grands cabinets parisiens. Elle est désormais experte en reconversion professionnelle, notamment pour les professionnels du droit.

    Depuis deux ans, la consultante constate une recrudescence de jeunes avocates parmi ses clients. « On a quand même plus de jeunes entre 30 et 35 ans, qui se disent "Je ne vais pas me gâcher la vie", indique Marina Bourgeois. Il y a la pression de l’âge, elles se disent qu’il faut se reconvertir avant 40 ans. » Environ 80 % de sa clientèle – majoritairement féminine – est venue la consulter après un burn-out. La plupart choisit de poursuivre une carrière en entreprise, mais certaines opèrent une reconversion totale - l’une d’entre elles est notamment devenue viticultrice. « Elles se rendent compte que l’avocature peut parfois être un métier sacrificiel, proche du sacerdoce », estime Marina Bourgeois.

    « D’ailleurs ce ne sont pas que des collaboratrices, ou des associées, analyse-t-elle. On a aussi beaucoup d’assistantes ou de secrétaires juridiques qui craquent parce que, les avocats étant sous pression, elles-mêmes le sont. » Pressions du client, de la hiérarchie, de la performance… les origines de cet épuisement professionnel sont légion. Sans compter la précarité du statut de collaboratrice, membre non-salariée d’une profession libérale. Ces dernières sont susceptibles d’être remerciées par leur cabinet du jour au lendemain, sans pouvoir prétendre au chômage.
    "C’est comme une drogue"
    D’autres avocates en situation de surmenage préfèrent changer de voie

    Bien souvent, les clientes de Marina Bourgeois évoquent aussi leurs difficultés à concilier vie privée et vie professionnelle. On ne compte plus celles qui rapportent des dossiers à la maison, les soirs et les week-ends, et peinent à sortir la tête de l’eau. À ses débuts, Maître S. travaillait jusqu’à « 70 heures par semaine ». Une amplitude horaire que connaît bien Maître M. (1), 29 ans, avocate en droit commercial international à Paris : « Il y a trop de dossiers, pas assez d’avocats dans mon cabinet et un niveau d’exigence élevé, les enjeux sont énormes », déplore la jeune femme, qui a récemment enchaîné deux nuits blanches. Maître M. facture « régulièrement plus de quinze heures de travail par jour ». Et perçoit déjà les effets de cette vie trépidante sur son métabolisme : « J’ai constaté que je perdais mes cheveux, que j’étais fatiguée, et j’avais l’impression d’être plus marquée, de vieillir plus vite », soupire-t-elle. Maître M. tient néanmoins à le souligner : elle « savait à quoi elle s’exposait » en choisissant ce métier. Et précise qu’« il y a beaucoup de portes de sortie avant le burn-out ».
    En vidéo, un quart des Français est en état d’hyper stress au travail
    Un quart des Français est en état d’hyper stress au travail

    « C’est comme une drogue, estime Amandine Sarfati, auteure de Chronique d’une jeune avocate (2). Quand on est sur les dossiers, il y a une sorte de fascination, quelque chose qui nous fait vibrer. Sinon, on ne pourrait pas rester jusqu’à minuit dans un bureau. » Maître Sarfati préfère, elle aussi, relativiser. « Je ne suis pas là pour dire que le métier d’avocat n’est pas une belle profession, je suis là pour dire qu’il y a des hauts et des bas, comme partout. »
    Aujourd’hui à son compte, la trentenaire revendique sa liberté et affirme haut et fort qu’« il faut savoir dire stop ». Pourtant, pas si simple de lever le pied lorsque l’on souhaite accéder à un poste clé : « Si vous voulez devenir associée de la boîte, il faut carburer, vous manquez de temps pour votre vie sociale et vous ne rencontrez personne », concède Maître Sarfati. L’investissement peut, à terme, se révéler infructueux.

    « On rencontre aussi des attitudes de non-promotion, des femmes qui restent longtemps collaboratrices et ne passent jamais associées », confirme Marina Bourgeois. Le rapport Kami Haeri sur l’avenir de la profession d’avocat publié en février 2017 appuie ces propos. Selon le document, en 2013, les femmes représentaient moins de 24,5 % des associés en France. Si la profession se féminise – on dénombrait 55,1 % de femmes en 2016, contre 48,7 % en 2006 -, tout reste à faire en terme de parité. Malgré les efforts du barreau pour « réduire les inégalités entre femmes et hommes », « ces avancées certainement significatives ne sont pas suffisantes et les inégalités perdurent », juge l’étude de Kami Haeri.

    Et pour cause : « À Paris comme en province », le revenu moyen des avocates sur la totalité de leur carrière est, en France, inférieur de moitié à celui des hommes, avance le rapport. Des disparités qui traduisent le sexisme ambiant de la profession.
    Paye ta robe

    Si l’omerta règne au sein du milieu, le mouvement #MeToo a permis de libérer la parole des avocates. En juin 2017, l’avocat au barreau de Chartres Sidney Amiel était condamné à dix ans de réclusion criminelle pour viol et agressions sexuelles à l’encontre d’anciennes collaboratrices. Moins d’un an plus tôt était lancé le blog Paye ta robe, dans la lignée de Paye ta Shnek. Le site répertorie des réflexions sexistes lancées au détour d’une plaidoirie, dans les couloirs du tribunal ou au sein de cabinets. La page Facebook Paye ta robe recense désormais 15.000 abonnés. « Demain on va chez le client, essaye de mettre quelque chose de sexy », lance ainsi un avocat à sa stagiaire, comme le raconte un billet anonyme.
    Le dîner de la Cigogne

    Ces anecdotes ont inspiré certaines illustrations du site Le dîner de la Cigogne, créé par Léna Bojko, 29 ans, membre de la Commission pour l’égalité de l’Union des Jeunes Avocats (UJA). L’exemple le plus parlant, selon l’illustratrice ? Un dessin en noir et blanc (ci-dessus), sur lequel un avocat serre la main à l’une de ses consoeurs. « -Bonjour, confrère », lui lance-t-elle. « -Bonjour, Mademoiselle », rétorque-t-il.

    Un sexisme auquel a déjà été confrontée Maître L. (1), 30 ans. « Avant que je ne m’installe à mon compte, mes journées étaient rythmées par les difficultés à gérer mes relations avec les autres avocats », se remémore-t-elle. Pour diverses raisons, cette avocate en province a changé cinq fois de cabinet en trois ans. Ce qui a causé son dernier départ ? « Un homme un peu médiatique, très installé, qui vous appelle "ma chérie" dès le matin, qui fait la tournée des collaboratrices pour faire des bisous dégueulasses, et commente les tenues et les coiffures de toutes les filles du cabinet, s’indigne-t-elle. Ce n’était jamais rien de trop graveleux, mais après un courant d’air il disait par exemple : "Oh, si cela avait été un peu plus fort, on aurait vu sous ta jupe !" » Maître L. préfère pourtant nuancer, expliquant avoir parfois « manqué de chance » au gré des circonstances : « Dans ce métier, il n’y a pas de généralité absolue, il s’agit de rencontres tellement personnelles dans chaque cabinet. »
    9 mois de suspension

    Membre de l’association SOS Collaborateurs, Maître Bojko est régulièrement confrontée à ces préjugés sexistes. Les plus problématiques sont pourtant les poncifs liés à la maternité. « Je rappelle que le cabinet rembourse l’opération de ligature des trompes », raille un avocat dans une autre anecdote de Paye ta robe - ce qui n’est, bien sûr, pas le cas dans les faits. « Il m’est arrivé lors d’entretiens que l’on me dise "Est-ce que vous comptez avoir des enfants bientôt ? Parce qu’on veut quelqu’un qui travaille" », déplore Maître Bojko. Et même après leur congé maternité, les jeunes mères ne sont pas au bout de leurs peines.

    Selon la loi, les avocates bénéficient de huit semaines de protection à l’issue de leur congé maternité, durant lesquelles leur cabinet ne peut les renvoyer. Seul bémol, il les congédie « très souvent » après ce délai. « À un point que l’on ne peut imaginer », souligne Maître Bojko, à qui l’on confie des dossiers sur ces litiges entre collaboratrices et associés. Le phénomène a pris une telle ampleur que Maître Duez-Ruff, avocate au barreau de Madrid, a fondé l’association Moms à la barre, pourvue d’un « site d’entraide entre consœurs et mamans ». Plateforme de gardes d’enfants, contacts utiles, aides aux démarches... L’organisation tend la main à ces femmes en quête de conseils.

    Une situation « inadmissible » pour Marie-Aimée Peyron, bâtonnier de Paris : « Ma première démarche, c’est de sanctionner les comportements déviants, martèle-t-elle. Récemment, un cabinet d’avocat a viré sa collaboratrice parce qu’elle partait en congé maternité. L’avocat a été sanctionné de manière extrêmement symbolique à neuf mois de suspension. » Par la suite, Marie-Aimée Peyron, engagée en faveur de l’égalité, a choisi d’intégrer cette notion aux principes essentiels du barreau de Paris, et organisé les premières assises de l’égalité en mars 2018.

    Un an plus tard, 162 avocats du barreau de Paris ont signé son Manifeste en faveur de la parité. En parallèle, Marie-Aimée Peyron et son équipe recherchent les personnes ayant quitté la profession ces cinq dernières années. Leur objectif ? « Les rassembler au cours d’une grande soirée et débattre avec eux ».
    Situations d’urgence
    Le sacerdoce des avocates
    Les jeunes avocates pâtissent des conditions de travail difficiles, qui les conduisent parfois jusqu’au surmenage.

    Le bâtonnier de Paris, élue en décembre 2016, a également promu dans une newsletter diffusée le 28 mars le numéro bleu « À votre écoute », destiné à la prévention du burn-out et à l’écoute des avocat(e)s en difficulté. Disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, il offre aux avocats l’écoute d’un psychologue. Enfin, elle a fait voter au Conseil de l’Ordre la mise en place de quatre référents collaboration à l’Ordre des avocats. Hantées par la peur d’être « grillées », les jeunes avocates peuvent désormais se confier à ces conseillers de manière anonyme. Anne-Laure Casado est l’une d’entre eux.

    Quand l’avocate en droit de la famille ne reçoit pas ses clients dans son cabinet du VIIIe arrondissement parisien, elle œuvre au quotidien pour libérer la parole de ses confrères. « J’interviens uniquement dans les situations d’urgences », prévient Maître Casado, élue référent collaboration pour trois ans. Comprenez, dans « une situation de harcèlement ou de mise au placard, donc de blocage ». Ainsi, quand la configuration l’exige, une enquête déontologique est menée par un membre du conseil de l’Ordre. Maître Casado doit bien souvent expliquer à ses consœurs - réticentes - qu’elles doivent sortir de l’anonymat pour que des sanctions disciplinaires soient engagées.

    « Si beaucoup de femmes viennent nous voir et sont issues du même cabinet, on peut aussi saisir le bâtonnier, révèle-t-elle. Cela peut vouloir dire que ça se passe mal là-bas. » Lors de ses échanges avec des avocates plus aguerries, Maître Casado constate que ses interlocutrices ont déjà vécu des situations similaires à celles de leurs jeunes consœurs. « Pour elles, cela relève presque de la normalité, elles y ont aussi été confrontées », s’étonne-t-elle.
    Une prévention dès l’école

    Il n’en est rien pour Alexandre Vuchot, associé du cabinet d’affaires internationales Bird & Bird depuis vingt ans. Son cabinet, fondé par une femme, a remporté en 2018 le prix Simone Veil de l’égalité professionnelle. Ici, « les femmes ont réussi à faire carrière en étant enceintes, en ayant des enfants, on voit que c’est parfaitement possible de concilier vie familiale et vie professionnelle dans un cabinet d’affaires internationales », soutient l’associé de Benjamine Fiedler.

    Un message d’espoir porté jusque dans les salles de classe de l’école des avocats de Versailles. Ici, la prévention du burn-out constitue un enseignement à part entière. Des cours de management dispensés par la Haute Ecole des Avocats Conseils (HEDAC) sont proposés aux élèves. On y retrouve des sessions intitulées « Connaissance de soi, confiance en soi, estime de soi et affirmation de soi », « L’implication, la prise de recul et la gestion du stress »... Ou encore « Management des enjeux et risques psychosociaux : le syndrome d’épuisement professionnel, discriminations et harcèlements ». Une manière d’encourager les avocat(e)s de demain à s’écouter davantage. Et à enfin plaider leur propre cause.

    (1) Par souci d’anonymat, les lettres ont été modifiées.
    (2) Chroniques d’une jeune avocate (2017) de Amandine Sarfati, éditions Enrick B., 14,95 euros.

    #travail #injustice #femmes #discrimination #domination_masculine
    #sexisme

  • « On ne veut pas de problèmes » : pourquoi des pharmaciens refusent-ils de délivrer leur traitement aux toxicomanes ?
    https://mobile.francetvinfo.fr/societe/drogue/salles-de-shoot/on-ne-veut-pas-de-problemes-pourquoi-des-pharmaciens-refusent-il

    Selon un testing réalisé par l’association Asud, 70% des pharmacies parisiennes ne veulent pas délivrer aux clients des produits comme le Subutex ou la méthadone, substituts pourtant nécessaires aux toxicomanes pour soigner leur addiction. Une pratique généralisée… et complètement illégale.

    Sept pharmacies parisiennes sur dix refusent de délivrer leurs traitements aux toxicomanes en demande de Subutex ou de méthadone, substituts de l’héroïne. C’est le constat fait sur le terrain par l’association Asud (Auto-support des usagers de drogues), à l’issue d’un testing effectué cet été et révélé, début novembre, par Le Parisien. Une pratique « honteuse », dénonce Fabrice Olivet, président de l’association, qui appelle à une « prise de conscience » des pharmaciens face à ce procédé.

    Dans la capitale, se procurer ces produits est devenu un parcours du combattant, selon Asud. L’étude montre ainsi que 71% des 115 pharmacies testées entre le 20 juillet et le 25 août ne délivrent pas ces médicaments. Un chiffre loin d’être surprenant pour Fabrice Olivet, directeur de l’association Asud. « Cela fait dix ans que nous tirons la sonnette d’alarme. C’est un problème qui est connu et qui dure. » En 2012, l’Asud avait mené une enquête dans les pharmacies de quatre arrondissements parisiens. « A l’époque, trois pharmacies sur quatre refusaient déjà de servir les usagers de drogue », déplore Fabrice Olivet.

    Mais comment se justifient les pharmaciens qui refusent de fournir les traitements nécessaires aux personnes souhaitant traiter leur addiction aux opiacés ? Franceinfo les a interrogés.

    « J’ai mes clients attitrés, les autres, je ne les sers pas »

    « Ils sont un peu spéciaux ces gens-là : ils volent, ils sont insolents, ils ramènent des problèmes. » Dans cette officine du 10e arrondissement de Paris, la pharmacienne a un avis très arrêté sur les consommateurs de drogue, qui viennent régulièrement lui demander leur traitement de méthadone ou de Subutex. Substituts de l’héroïne, ces médicaments aident notamment les toxicomanes à rompre leur dépendance. « J’ai mes clients attitrés, les autres, je ne les sers pas », déclare cette professionnelle, qui ne souhaite pas poursuivre la conversation.

    Ces traitements, autorisés en France depuis le milieu des années 1990, sont pourtant indispensables aux usagers de drogues ou ex-toxicomanes. « Souvent, quand on va à la pharmacie demander ces traitements, c’est qu’on est au bout du rouleau, qu’il n’y a pas d’autres solutions », témoigne Pierre Chappard, président de l’association Psychoactif et ancien usager de drogues. « Ces traitements sont une libération. Ils permettent de combler d’un coup le manque d’héroïne. Ça a sauvé des milliers de personnes. » La méthadone et le Subutex permettent en effet de réduire les risques de propagation du VIH et d’hépatite C chez les toxicomanes, puisqu’ils ne sont plus forcés de s’administrer de l’héroïne via des piqûres. « Cela joue aussi sur la réduction des overdoses et la baisse de la criminalité : quand on est sous ces traitements, on achète beaucoup moins d’héro dans la rue. Ça fait baisser le trafic », explique Pierre Chappard.
    Un refus « totalement illégal »

    Malgré ce constat, de nombreuses pharmacies continuent de refuser les patients en demande de Subutex ou de méthadone. Sur la quinzaine d’officines parisiennes contactées par franceinfo, en particulier dans les 10e et 20e arrondissements de Paris, seules quatre admettent qu’elles acceptent de servir, sans conditions particulières, leurs clients en demande de traitement. Pour les autres, les réponses sont claires : « On n’en commande même pas, ça nous évite d’avoir des problèmes » ; « Je délivre uniquement si je connais le patient : nous, on ne veut pas de nomades » ; « Nous avons des patients attitrés. Les autres n’ont qu’à trouver un autre établissement ».

    Un pharmacien va même plus loin : « Je ne veux pas de ce genre de clientèle. Que se passe-t-il si demain l’un d’entre eux arrive et défonce ma boutique ? Je vais être honnête, je ne suis pas le seul. Dans le quartier, une pharmacie sur cinq ne donne pas ces produits ». D’officine en officine, les mêmes arguments reviennent sans cesse. Peur de violences verbales ou physiques, de vols, de fausses ordonnances, d’un nombre trop important de client « précaires »... « Ces refus sont extrêmement graves », s’insurge Pierre Chappard.

    C’est tout simplement de la discrimination envers les usagers de drogue. Et surtout, c’est interdit par la loi.Pierre Chappard, président de l’association Psychoactifà franceinfo

    Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, confirme : « Il est totalement illégal et absolument intolérable que certaines pharmacies refusent de prendre en charge ces patients ». Pour elle, ce refus est une atteinte au Code de déontologie des pharmaciens, qui précise bien que le professionnel « contribue à la lutte contre la toxicomanie » et qu’il doit « porter secours à toute personne en danger immédiat ». « Nous devons prendre en charge n’importe quel patient, et s’assurer de la continuité de ses soins », ajoute Carine Wolf-Thal.

    La présidente du Conseil de l’Ordre exclut toutes formes d’excuses. « Refuser un patient sous prétexte qu’on a peur des fausses ordonnances ou qu’on ne le connaît pas est interdit. S’il y a des difficultés avec un patient, on contacte son médecin, on trouve avec lui de nouvelles solutions… Mais on le prend en charge. » L’excuse du manque de stocks ? « C’est du vent, tranche-t-elle. Les pharmaciens peuvent commander directement chez un grossiste et recevoir le médicament dans la journée ou le lendemain de la commande. »
    Des sanctions administratives

    Pour Fabrice Olivet, ces refus systématiques engendrent même « une sorte de cercle vicieux », dont les effets néfastes peuvent être « dévastateurs pour les patients ». Le président d’Asud pointe ainsi un risque important de rechute. « L’usager va aller se fournir dans la rue, parce que ça devient plus simple. Soit il se fournira du Subutex ou de la méthadone au marché noir, soit il retournera complètement vers la drogue pure », déplore-t-il.

    Les substituts permettent aux patients de sortir de la clandestinité, de l’obligation de se procurer de l’argent, des circuits violents de la toxicomanie. Ils retrouvent une vie familiale, sociale… Les pharmaciens devraient en avoir conscience.Fabrice Olivet, président d’Asudà franceinfo

    De leur côté, les pharmacies qui acceptent de délivrer ces substituts se plaignent du manque de rigueur de leurs collègues. « On se retrouve avec des pharmacies ’attitrées’ pour les usagers de drogues, qui doivent gérer une multitude de clients en demande », analyse Fabrice Olivet. « C’est inacceptable », commente pour sa part Carine Wolf-Thal. « Chaque pharmacien devrait assumer son rôle d’acteur de santé publique. »

    Pour tenter de dissuader les pharmaciens de toutes formes de refus, la présidente du Conseil de l’Ordre rappelle que des sanctions existent en cas de manquement à la déontologie. « Ces pharmaciens peuvent être identifiés et risquent des condamnations en chambre de discipline. Ça va de l’avertissement au blâme, jusqu’à l’interdiction d’exercer », rappelle-t-elle.

    Dans les faits, Carine Wolf-Thal assure que des professionnels passent « régulièrement » en chambre de discipline « pour des faits similaires », comme le refus de délivrer la pilule contraceptive ou la pilule du lendemain. « J’invite les patients victimes à porter plainte auprès du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens, une simple lettre suffit », conclut-elle, appelant une dernière fois ses confrères à « reconsidérer leur position et à prendre en compte leur rôle d’acteur de santé publique. »

  • http://www.lefigaro.fr/culture/2018/01/31/03004-20180131ARTFIG00112-piece-de-charb-charlie-hebdo-s-insurge-contre-une

    Pièce de Charb : Charlie Hebdo s’insurge contre une nouvelle demande d’annulation

    « Le prétexte invoqué est particulièrement nauséabond, puisqu’il établit un parallèle entre la violence criminelle des terroristes qui ont massacré la rédaction de Charlie Hebdo, dont Charb, le 7 janvier 2015, et les ‘‘violences racistes islamophobes’’ et leurs ‘’victimes’’ (...). Cet ouvrage radicalement antiraciste constitue une critique universaliste et humaniste de toutes les déviations religieuses. Il est inquiétant de voir des étudiants de l’enseignement supérieur affirmer des contre-vérités à propos d’un texte qu’ils n’ont manifestement pas lu », s’est exprimé par le biais d’un communiqué, le Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France, en précisant avoir soutenu à plusieurs reprises la représentation du spectacle tiré des écrits de Charb.s’épandraient ces idées nauséabondes ».

    #charb #charliehebdo #sud #paris7

  • Sur la métropole lilloise, TLV service Handipole commercial menace ses clients handicapés avec un questionnaire médical illégal

    https://framapic.org/gallery#gLuX3e41ms4d/KUiYRWwAXskW.jpg

    TLV société commerciale de transport menace ses clients handicapés pour accéder au service de transport Handipole de la #MEL Métropole Européenne de Lille. La société leur impose un questionnaire médical illégal, contraire à l’éthique des médecins, sans protection des données personnelles non déclaré à la CNIL.

    Objet : Lettre ouverte réponse à TLV - Questionnaire médical
    mercredi 08 novembre 2017

    Adressée à
    LAMPE Jean-Christophe, Directeur, <jean-christophe.lampe@wanadoo.fr>
    MATHE Alain, responsable clientèle, <administration@transporterlavie.fr>

    Messieurs Jean-Christophe LAMPE et Alain Mathé,

    Pourquoi TLV, société commerciale privée, impose-t-elle un questionnaire médical illégal à ses clients personnes handicapées ?

    La société commerciale TLV fait du chantage aux personnes avec un handicap clientes du service Handipole de la Métropole Européenne de Lille.
    Pour les laisser accéder au service Handipole, TLV leur impose de remplir un questionnaire médical illégal, non reconnu par le Conseil de l’Ordre et la déontologie des médecins, sans aucune protection des données recueillies ni déclaration à la CNIL.

    Début novembre les personnes avec un handicap, clientes de TLV ont reçu un courrier personnel signé de Mr Alain Mathe, responsable clientèle de TLV, les obligeant à remplir un questionnaire médical "à défaut de réponse de votre part, nous serions dans l’obligation de supprimer votre fiche client et d’annuler vos réservations en cours" .

    Est-ce une nouvelle forme d’exclusion des personnes avec handicap ?

    Qu’est ce que ce chantage dictatorial envers des personnes reconnues avec un handicap, disposant déjà d’une carte d’invalidité qu’il leur suffit simplement de présenter ? La carte d’invalidité civile est un document officiel établi et délivré par l’administration. C’est une pièce d’identité officielle qui comporte une photographie et des informations personnelles. Elle permet par exemple de voter.

    Pour quelles raisons cachées la société TLV se substitue-t-elle aux services publics, afin d’examiner les données médicales de personnes reconnues avec un handicap ?

    TLV précise même : "Ce document confidentiel doit nous être retourné à l’aide de l’enveloppe timbrée sur laquelle nous vous remercions d’indiquer au verso votre nom et votre adresse."

    Quelle confidentialité sans sécurité des données ?

    Où est la confidentialité quand le nom et l’adresse doivent figurer sur le dos de l’enveloppe ?

    Où est la confidentialité quand on ne sait pas qui va ouvrir l’enveloppe ?

    Quelle preuve avons-nous que la confidentialité médicale sera respectée dans une société privée, dont le seul but est commercial ? L’enveloppe écopli jointe porte simplement l’adresse « service Handipole autorisation 37205 59650 Villeneuve d’Ascq »

    Où est la confidentialité pour que cette enveloppe parvienne au Docteur Pascaline Gourlet, si son nom et son adresse ne figure même pas sur l’enveloppe ?

    La loi : le secret médical est un devoir essentiel de l’exercice de la profession médicale. Il est imposé par les articles 226-13 et 226-14 du code pénal, les articles 4 et 72 du code de déontologie médicale et l’article L. 1110-4 du code de la santé publique qui en fait un droit fondamental de la personne malade. Le secret s’impose à tous les professionnels de santé Il leur est, en effet, interdit de communiquer à un tiers toute information venue à leur connaissance dans l’exercice de leur profession, c’est-à-dire ce qui leur a été confié et ce qu’ils ont vu, entendu ou compris (art. R4127-4 du même code).

    Que va faire TLV des données personnelles et médicales recueillies sans aucune autorisation de la CNIL ?

    Dans quel système informatique ? Comment ? où ? Jusque quand et par qui ces données confidentielles vont-elles être conservées ?

    Lorsque les informations sont recueillies par voie de questionnaires, papier ou informatisés, ceux-ci doivent comporter les mentions légales imposées par la CNIL. La CNIL dispose d’un pouvoir de contrôle a priori qui permet à ses membres et ses agents d’accéder à tous les locaux professionnels. Ils peuvent demander communication de tout document nécessaire et en prendre copie, recueillir tout renseignement utile et accéder aux programmes informatiques.

    Dans la société TLV, il n’y a aucune sécurité des données personnelles des usagers. Exemple : Le site web permettant aux usagers de TLV d’accéder à leur historique de transports n’est même pas sécurisé : http://transporterlavie.fr

    Avec de plus un chantage souligné : "A défaut de réponse de votre part, nous serions dans l’obligation de supprimer votre fiche client et d’annuler vos réservations en cours." Monsieur Alain MATHE remercie ses clients de « votre compréhension » .

    Messieurs Jean-Christophe LAMPE et Alain Mathé, nous ne comprenons ni ce chantage , ni ces détournements de données personnelles !

    - Ce questionnaire, sans pertinence des données recueillies, n’a aucune légitimité, ni finalité déterminée.

    - Aucune précision n’est apportée ni déterminée quand à la durée de conservation des informations recueillies.

    - Ni le respect des droits des personnes, ni la sécurité, ni la confidentialité des données ne sont apportés.

    Ce qui donne droit à toute personne de s’opposer à ce que les données qui la concernent, soient enregistrées dans un fichier informatique.

    Nous en informons la CNIL, le conseil de l’Ordre des médecins, et la presse, car ce questionnaire n’a pas lieu d’exister.

    Nous vous remercions de votre réelle compréhension

    accès copie courrier TLV :
    https://framapic.org/gallery#gLuX3e41ms4d/KUiYRWwAXskW.jpg,MGxDQcTW4htD/PXvk37ULHPh2.jpg
    ou lien court : http://bit.ly/2hl4ggu

    #TLV, #Handipole, #Handicap, #Transpole, #MEL, #transport, #exclusion, #questionnaire_médical, #Lille, #Roubaix, #Tourcoing,

  • MOTION DU CONSEIL DE L’ORDRE - Barreau de grenoble
    http://www.ordre-grenoble.avocat.fr/2016/05/motion-conseil-de-lordre

    Le Conseil de l’Ordre, réuni en séance ordinaire le 23 mai 2016 :

    Exprime sa sidération devant les conditions de l’arrestation et l’annonce par voie de presse, à l’initiative du Parquet de Grenoble, du placement en garde à vue de l’un de ses confrères provisoirement suspendu,

    Déplore l’absence de toute information préalable du Bâtonnier de Grenoble,

    Condamne l’atteinte ainsi portée par le Parquet de Grenoble, à la présomption d’innocence, au secret médical et au respect de la dignité d’un confrère,

    Déplore les moyens judiciaires exceptionnels et disproportionnés mis en œuvre avec célérité dans une volonté manifeste d’anéantissement personnel et professionnel d’un avocat,

    Constate que cet événement s’inscrit dans un contexte de dégradation massive des relations entre l’institution judiciaire grenobloise et les avocats,

    Appelle de ses vœux la mise en place d’une commission interprofessionnelle nécessaire au rétablissement d’un dialogue,

    Invite à un rassemblement des avocats en robe le mardi 24 mai à 12 heures devant la Maison de l’Avocat au soutien de la présente motion

  • La France se décide enfin à tourner la page du #mercure_dentaire - notre-planete.info
    http://www.notre-planete.info/actualites/actu_3417_non_mercure_dentaire.php

    La victoire est considérable pour le Non Au Mercure Dentaire, qui se bat sur ce dossier depuis quinze ans, ainsi que pour les associations qui l’ont rejointe ces dernières années en dénonçant la toxicité de ces « plombages » dont on a rempli les bouches de tous les Français... alors qu’ils sont composés pour moitié de mercure, une substance si dangereuse qu’elle est interdite de poubelle !

    C’est aussi une belle récompense posthume pour le médecin lanceur d’alerte Jean-Jacques Melet qui, du fait même de son alerte, s’était trouvé en butte à l’hostilité du Conseil de l’Ordre des médecins et de celui des dentistes jusqu’à son suicide, en 2005.

    #santé