organization:conseil supérieur

  • Vérité et Justice pour #Pascal_Verrier

    A la fin du mois d’août 2018, Pascal Verrier, professeur de philosophie au #lycée_Montaigne à #Paris a appris par un arrêté ministériel qu’il était mis à la #retraite_d’office. Il s’agit d’une #sanction de la plus haute gravité équivalente à une #révocation. Le fait est rarissime et touche une personne qui a enseigné pendant trente huit ans sans jamais avoir été inquiété d’aucune manière. Le préjudice moral et matériel est énorme.

    Outre l’atteinte à sa dignité, il devra vivre d’une retraite de mille trois cent quatre vingt euros net jusqu’à la fin de sa vie, presque la moitié de ce à quoi il aurait eu droit s’il avait pu terminer sa carrière.
    Le ministère reconnaît que ce type de sanction est réservé à des cas extrêmes, trafic de stupéfiants, violences, harcèlement, insulte et outrage. Or Pascal Verrier n’a jamais commis aucun de ces délits.

    Que lui est il donc reproché pour subir une #sanction aussi violente et exceptionnelle ?

    L’enquête menée contre lui se focalise sur certains propos qui auraient été tenus en présence d’élèves. Pourtant, la commission disciplinaire rectorale qui s’est réunie pour examiner son cas au mois de juin 2018 a estimé, une fois entendus les nombreux témoins présents et pris en compte les témoignages écrits et les documents présentés pour sa défense, que rien de ce qui lui avait été reproché ne valait d’être sanctionné ne serait-ce que d’un avertissement. Mieux encore, les nombreux témoignages d’élèves réfutent l’existence même de ces propos.

    Le #Directeur_Général_des_Ressources_Humaines (#DGRH) du ministère de l’éducation nationale a pourtant décidé de passer outre l’avis de cette commission et il s’est prononcé pour sa mise à la retraite d’office sur la base d’un dossier vide de faits en ne prenant en compte que les éléments à charge produits par sa direction.

    On ne peut que s’interroger sur les raisons qui ont poussé le ministre de l’éducation nationale à s’en prendre avec une telle violence à Pascal Verrier.

    Est-ce le militant dérangeant, connu pour ses engagements politiques et syndicaux, fondateur de la fédération de l’éducation du #Syndicat_Unitaire_et_Démocratique (#SUD) et élu du personnel, que l’on a voulu faire taire ?

    Est-ce le professeur intransigeant refusant d’adapter ses notes et ses appréciations aux désirs des élèves dont les parents sont influents dans un prestigieux lycée parisien et qui revendique sa liberté de ton et d’esprit, que l’on a voulu abattre ?

    Pascal Verrier a décidé de se défendre jusqu’au bout afin de démontrer le caractère fallacieux des accusations qui lui sont faites et de dénoncer le caractère politique et inique de cette procédure et de cette décision qui le frappe. Il réclame d’être rétabli dans son poste, son honneur et ses droits.

    Il est de plus soutenu dans son combat par plusieurs pétitions et motions votées par des centaines de collègues et nombre d’anciens élèves ainsi que par l’Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public (APPEP), la Confédération Française de l’Encadrement Confédération Générale des Cadres (CFE CGC), la Confédération Générale du Travail (CGT), la CGT Force Ouvrière, le Syndicat National de l’Enseignement Secondaire (SNES) de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) et la Fédération de l’Education de SUD.

    Son comité de soutien a ainsi créé une caisse de solidarité que nous vous proposons d’abonder.

    En signant cette pétition je l’assure de tout mon soutien.

    Comité de Soutien à Pascal Verrier

    http://fischer02003.over-blog.com/2018/10/petition-pour-pascal-verrier.html
    #enseignement #France

    • L’acharnement contre Pascal Verrier continue !

      Grâce aux nombreux et généreux dons recueillis au moyen de la cagnotte de soutien en ligne, le comité a pu doter Pascal d’un avocat choisi avec soin et réputé en particulier pour ses compétences en droit public : Maître Benoit ARVIS.

      Il a déposé un recours au Conseil Supérieur de la fonction publique ainsi qu’au Tribunal administratif. Il a également déposé un référé suspension contre l’arrêté qui actait la mise à la retraite d’office de Pascal Verrier.

      Premier acte de cette bataille juridique : le 7 novembre dernier, après avoir entendu les anciens élèves de Pascal Verrier témoins des faits et consulté les nombreuses pièces du dossier, le juge des référés a fait droit à notre requête et exigé la réintégration de Pascal Verrier dans sa fonction à compter du 6 décembre 2018. L’un des 13 motifs d’annulation de la décision du ministère se prononçait même sur le fond du dossier ( ce qui n’est en rien nécessaire), relevant le caractère disproportionné de la sanction.

      Le Ministère n’ayant pas fait appel, nous avons pu nous réjouir de cette première victoire.

      C’est donc avec confiance que le comité, l’avocat et le commissaire paritaire du syndicat Sud éducation ont accompagné Pascal à une convocation au Rectorat le 10 décembre dernier.

      Nous pensions qu’il s’agissait d’envisager les conditions de son retour en fonction. Or, il se vit remettre une notification ministérielle de sanction nouvelle.

      Le nouvel arrêté exécute le référé en le réintégrant fictivement du 7 novembre au 10 décembre mais en l’excluant sans traitement dès le lendemain pour 18 mois dont 12 avec sursis.

      Nous sommes là dans une situation inédite qui a conduit l’avocat à rédiger immédiatement trois recours dont un nouveau référé-suspension en urgence.

      Pascal subit en effet l’infliction brutale d’une sanction disciplinaire par un procédé inique car seulement destiné à faire échec à l’exécution d’une décision de la justice administrative.

      Par cette résistance abusive le Ministère entend anticonstitutionnellement que soit donnée à une décision administrative (l’arrêté d’exclusion du 10 décembre 2018), une force exécutoire supérieure à celle d’une décision juridictionnelle (l’ordonnance du 7 novembre 2018).

      L’arrêté du 10 décembre a en outre été adopté en violation du principe de non cumul des sanctions (non bis in idem). En effet, ajouter à la première sanction de mise à la retraite d’office, une sanction d’exclusion temporaire de 18 mois est radicalement illégal.

      Le Comité de soutien à Pascal Verrier

      https://www.sudeducation.org/L-acharnement-contre-Pascal-Verrier-continue.html

  • [APDEN]
    http://www.apden.org/Consultation-sur-les-programmes-de.html

    Consultation sur les programmes de lycée
    L’A.P.D.E.N. adresse sa contribution au CSP
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    L’A.P.D.E.N. a été invitée par le Conseil Supérieur des Programmes à apporter sa contribution, à l’instar des autres associations et syndicats d’enseignants du second degré, dans le cadre de la consultation sur l’élaboration des nouveaux programmes de lycée. La modalité initialement retenue par le CSP consistait en une audience ; l’association a fait le choix de la décliner, en raison de l’absence de communication préalable des projets de programmes. Elle a en revanche produit et communiqué au CSP une première contribution écrite, nécessairement insatisfaisante à ce stade car contrainte à prendre appui sur les programmes et dispositifs existants. Ce travail sera donc suivi d’autres contributions, élaborées sur la base des projets officiels de programme, à mesure qu’ils seront connus.

    #APDEN #CSP

  • Tribunal Permanent des peuples

    Session sur la violation des droits humains des personnes migrantes et réfugiées et son impunité

    Paris, 4 et 5 janvier 2018

    Qu’est-ce qu’un Tribunal Permanent des Peuples (TPP) ?

    Le TPP est un tribunal d’opinion qui agit de manière indépendante des États et répondaux demandes des communautés et des peuples dont les droits ont été violés. Le but des audiences est de « restaurer l’autorité des peuples lorsque les États et les organisations internationales ont échoué à protéger les droits des peuples ». Le TPP fait suite au Tribunal

    Russel et s’appuie sur la Déclaration Universelle des Droits des Peuples (Alger, 1976) et de tous les instruments du droit international. Il dénonce les actes portant atteintes aux droits des peuples.

    Le Tribunal se compose de personnes venues du monde entier, garantissant ainsi son indépendance. Les sentences prononcées sont remises à plusieurs instances telles que : le Parlement Européen, la Cour Européenne des Droits de l’Homme, les commissions de l’ONU, aux organisations internationales et régionales, aux organisations humanitaires, etc.

    La session du TPP de Paris

    Les 4 et 5 janvier, la session de Paris poursuivra le travail préliminaire effectué à Barcelone en portant particulièrement sur la politique de l’Union Européenne et des Etats membres en matière de migrants et des frontières, notamment en France.

    Le jury sera présidé par Philippe Texier.
    Le GISTI a accepté de coordonner l’acte d’accusation.

    La session du TPP de permettra ainsi :
    – d’écouter et de rendre visibles les cas de violations des droits des personnes migrantes et réfugiées
    – d’enregistrer les propositions de communautés de personnes migrantes et réfugiées
    – d’analyser conjointement les causes des déplacements forcés des personnes migrantes et réfugiées
    – de déterminer les responsabilités des gouvernements, de l’Union Européenne et autres organismes européens.

    OÙ SE TIENDRA T-IL ?

    L’audience du Tribunal se tiendra
    les 4 et 5 janvier 2018
    au CICP (Centre International de Culture Populaire)
    21 ter Rue Voltaire
    75011 Paris
    Métro : Rue des Boulets (ligne 2)
    ou Nation (ligne 2, RER A)

    L’audience aura lieu en amont du Moussem-festival de l’immigration et de la Tricontinentale.
    Les résultats et la sentence seront rendus publics lors de la clôture du festival le 7 Janvier 2018 à Gennevilliers

    CONTACTS MÉDIA :
    Elise de Menech : tpp-paris@riseup.net, 07.50.30.64.27
    Justine Festjens : justine.festjens@gmail.com, 06.69.21.47.94

    PRÉSENTATION DU JURY
    DE LA SESSION DE PARIS

    Souhayr Belhassen (Tunisie) – Journaliste et défenseuse des droits humains en Tunisie. Longtemps correspondante à Tunis de l’hebdomadaire Jeune Afrique. Présidente d’Honneur de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), ONG de défense des droits humains, entre 2007-2013.

    Mireille Fanon Mendès-France (France) - Professeur de lettre puis au centre de formation de l’Université René Descartes-Paris, elle a travaillé pour l’UNESCO et pour l’Assemblée nationale. Membre pendant 6 ans du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies. Présidente de la fondation Frantz Fanon, elle a contribué à divers colloques et publications sur la question des droits de l’Homme, du droit international et du droit international humanitaire.

    Pierre Galand (Belgique) – Economiste, il a enseigné à l’Institut Supérieur de Culture Ouvrière et à l’Université Libre de Bruxelles. Il est à l’origine de plusieurs ONG et associations de solidarité avec les peuples des pays en développement ou privés de liberté, dont OXFAM-Belgique dont il a été secrétaire de 1967 à 1996. Président de la Fédération Humaniste Européenne, de l’Organisation Mondiale contre la Torture. Il est l’un des organisateurs du Tribunal Russell sur la Palestine.

    Franco Ippolito (Italie) – Président du Tribunal Permanent des Peuples. Juge de la Cour Suprême de Cassation d’Italie, ancien président de la Magistrature Démocratique et de l’Association Italienne des Juristes démocratiques ; il a été membre du Conseil Supérieur de la Magistrature. Il est auteur d’essais et conférencier dans des cours nationaux et internationaux de droit constitutionnel et système judiciaire. Il a participé à de nombreuses missions internationales en Europe et en Amérique latine.

    Luís Moita (Portugal) - Professeur de relations internationales et directeur du centre de recherche OBSERVARE à l’Université Autonome de Lisbonne. En 1974, fondateur du CIDAC, ONG portugaise pour la libération des peuples et la coopération. Depuis des années 1980 il a une activité dans le cadre de la Fondation Basso, la Ligue Internationale et le Tribunal Permanent des Peuples.

    Madeleine Mukamabano (France-Rwanda) – Journaliste et spécialiste de la géopolitique africaine. Après avoir collaboré à plusieurs revues, presse écrite et radio, elle crée puis anime l’émission Débat Africain sur Radio France Internationale de 1990 à 2000.

    Philippe Texier (France) – Magistrat, conseiller à la Cour de cassation, membre du Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies de 1987 à 2008 puis président du comité entre 2008 et 2009. Expert indépendant de la Commission des droits de l’homme de l’ONU pour Haïti, directeur de la division des droits de l’homme d’ONUSAL (Mission d’Observation des Nations Unies en El Salvador), il est juge au Tribunal permanent des Peuples.

    Sophie Thonon (France) - Avocate du Barreau de Paris. Elle a représenté des familles franco-argentines et franco-chiliennes dans des procès pour le cas de disparitions forcées en Argentine et au Chili. Elle est Présidente déléguée de l’association France Amérique Latine.

    Nous, organisations de personnes migrant.e.s et réfugié.e.s et de solidarité et de défense des droits humains, appelons à la saisine d’un Tribunal Permanent des Peuples sur la violation des droits humains des personnes migrant.e.s et réfugié.e.s, et son impunité en France :

    Tous Migrants
    https://tousmigrants.weebly.com
    Transnational Migrant Platfom-Europe (TMP-E)
    https://transnationalmigrantplatform.net/?page_id=531
    Transnational Institute (TNI)
    https://www.tni.org/en/corporate-power
    France Amérique Latine (FAL)
    http://www.franceameriquelatine.org
    CEDETIM
    http://www.cicp21ter.org/les-associations-membres/article/cedetim
    CCFD
    https://ccfd-terresolidaire.org
    EMMAÜS INTERNATIONAL
    https://www.emmaus-international.org/fr
    Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP)
    http://fuiqp.org
    LE PARIA
    https://leparia.fr
    Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)
    http://www.atmf.org
    SORTIR DU COLONIALISME
    http://www.anticolonial.net
    IPAM
    http://www.cicp21ter.org/les-associations-membres/article/ipam
    ATTAC France
    https://france.attac.org
    La Roya Citoyenne
    http://www.roya-citoyenne.fr
    Le CRID
    http://www.crid.asso.fr
    Groupe d’information et de soutien des immigré·e·s (GISTI)
    https://www.gisti.org
    FONDATION FANON
    http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com
    La CIMADE
    www.lacimade.org/
    Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR)
    http:contactcitoyensdesdeuxrives.eu
    FRESH RESPONSE SERBIA
    http://freshresponse.org
    Actes & Cités
    www.actesetcites.org
    Collectif de soutien de l’EHESS aux sans-papiers et aux migrant-es
    Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
    http://www.mrap.fr
    Comité pour le Respect des Libertés et des droits de l’Homme en Tunisie
    https://www.facebook.com/crldhtunisie/notifications
    Association Kolone pour l’enseignement du français aux nouveaux arrivants, Paris - kolone
    Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s (FASTI)
    www.fasti.org
    MIGREUROP
    www.migreurop.org
    Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
    Le Forum Tunisien des Droits Economique et Sociaux – Tunisie
    https://ftdes.net
    Gynécologie sans frontières
    https://gynsf.org
    Observatoire des Multinationales
    http://multinationales.org
    L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre (O.P.A)
    http://www.opa33.org
    SURVIE
    https://survie.org
    Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (ANAFÉ)
    www.anafe.org/
    Section SNMD-CGT de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration (EPPPD)
    https://twitter.com/CnhiCgt
    AMDH Paris/IDF (Association Marocaine des Droits Humains Paris/Ile de France),
    http://amdhparis.org/wordpress
    Solidarité Migrant.e.s Collectif 06

    PROGRAMME du Jeudi 4 Janvier 2018

    8h30 Accueil et café

    9h30 : Entrée du jury et présentation des membres
    (Président du jury : Philippe Texier).

    10h : Présentation du TPP et du cycle de sessions sur les migrations.
    Gianni Tognoni, Secrétaire Général du TPP).

    10H30 : Présentation de la session de lancement de Barcelone en juillet 2017 et de la sentence de la session de Palerme en décembre 2017 (Brid Brennan, Transnational Institute et Jill Belisario, Transmigrant international Plateform).

    11h : Pause

    11h15 : Présentation de l’accusation soutenue par le Gisti et de la défense commise d’office représentée par Claire Bruggiamosca et Christophe Pouly.

    11h20 : Lecture de l’acte d’accusation par Nathalie Ferré, ancienne présidente du GISTI.

    12h : Premiers témoins.
    • Monique Chemillier-Gendreau (Professeur émérite de droit à l’Université Paris VII et présidente d’honneur de l’Association Française des Juristes Démocrates).
    • Marie-Christine Vergiat (Euro-députée GUE/NGL).
    • Damien Carême (Maire de Grande Synthe) - le rôle des collectivités territoriales.

    13h : Pause déjeuner (buffet).

    14h30 : Suite des premiers témoins.
    • Olivier Petitjean (Observatoire des Multinationales)
    • Claude Calame (Collectif de soutien de l’EHESS aux sans-papiers et aux migrant.e.s) – Les disparu.e.s en Méditerranée.

    15h30 : Violation de droits fondamentaux résultant des restrictions à la liberté de circulation.
    • Violation du droit de quitter son propre pays
    • Violation du principe de non-refoulement
    • Violation du droit d’asile
    • Violation du droit à la vie
    • Traitements inhumains et dégradants
    • Violation du droit à la liberté et à la sûreté, l’enfermement
    • Violation de l’interdiction des expulsions collectives
    • Violation des droits de l’enfant

    Témoigneront par ordre alphabétique.
    L’ordre de passage sera fixé par le jury du Tribunal.

    Association des Amis du bus des femmes.
    La traite des femmes migrantes à des fins d’exploitation sexuelle.
    Association Baobab
    Accueil des migrant-e-s, Rome.
    Association Européenne pour les Droits de l’Homme, Catherine Teule
    Les accords UE-Turquie.
    Association Malienne des Expulsés (Vidéo), Oussmane Diarra
    Situation des migrants refoulés au Mali.
    Association Nationale d’Assistance aux Frontières pour les Étrangers
    Contributions écrites sur la privation de la liberté en zone d’attente, violations du droit à un procès équitable et au recours effectif en procédure de zones d’attente, violation du droit d’asile aux frontières externes et internes de la France.
    Association Récréative et Culturelle Italienne, Sara Prestianni
    Politique européenne d’externalisation en Afrique et les accords bilatéraux (exemple de l’accord Italie-Libye)
    Association des Refoulés d’Afrique centrale au Mali (Vidéo), Patrice Boukara
    Situation des migrants refoulés
    Collectif de soutien aux migrants d’Appoigny
    Les PRAHDA « antichambres des expulsions des dublinés » -témoignage d’un migrant de Côte d’Ivoire sur son parcours jusqu’à la France (Libye, Méditérranée)
    Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés
    Législation d’exception à Mayotte -accueil arbitraire dans les administrations - Frontex
    Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux
    Contribution écrite sur le drame de Kerkennah (naufrage en Méditerranée)
    Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés, Eve Shashahani
    Privation de liberté, hotspots en Grèce
    Gynécologie Sans Frontières, Calais
    Témoignages écrits sur les violences policières –traitements inhumains et dégradants
    Migreurop, Elsa Tyszler
    Les violations de droits dans les enclaves de Ceuta et de Mellila/ analyse des violations spécifiques des droits des femmes migrantes
    Témoignage de Moayed Asaf, réfugié kurde d’Irak
    La situation des demandeurs d’asile en France
    Tous Migrants de Briançon (Vidéos)
    Violations des droits des migrants sur la frontière franco-italienne
    Un ancien MIE
    Témoignage des parcours des mineurs étrangers pour réclamer leurs droits en France
    Watch The Med, Charles Heller
    Cartographie des naufrages et présence des Etats

    19h : Fin de la séance

    PROGRAMME du Vendredi 5 Janvier 2018

    8h30 Accueil et café

    9h00 : Suite des témoignages sur les violations des droits fondamentaux des migrant-es.

    11h : Violations des droits économiques, sociaux et culturels sur le territoire français.
    • Entraves à l’accès à l’emploi
    • Entraves aux conditions de travail justes et favorables
    • Entraves à l’accès à la protection sociale
    • Entraves à l’accès au soin
    • Entraves au droit à l’éducation
    • Entraves au droit au logement

    Témoigneront par ordre alphabétique
    L’ordre de passage sera fixé par le jury du Tribunal

    Association des Travailleurs Maghrébins en France
    Coalition Internationale des Sans-Papiers et des Migrants, Françoise Carrasse
    Conditions de travail des Sans-papier en France
    Collectif de soutien aux Roms d’Ivry, Bernard Prieur
    Expulsions et (non)droit au logement des populations Roms en France
    Confédération Paysanne, Romain Balandier
    Emplois saisonniers des migrant-es en France, en Europe et dans le pourtour méditerranéen
    DOM’ASILE
    Témoignage d’une réfugiée accompagnée et d’une salariée de l’association sur les violences administratives et les entraves aux droits sociaux et à l’emploi.
    L’UTAC / CRLDHT, soutenues par le collectif d’associations et d’organisations syndicales : « J’y Suis, J’y Vote », Mohamed Ben Said
    Sur les droits politiques des migrant-es
    Droit Au Logement (DAL)
    Sur les conditions de logement
    Intervention syndicale (SUD)
    Sur le travail dissimulé
    Intervention d’un étudiant sans-papier (RESF)

    13h : Pause déjeuner (buffet).

    14h30 : Suite des témoignages sur les violations des droits économiques, sociaux et culturels sur le territoire français

    15h30 : Violations des droits des défenseur-e-s de droits.

    Témoigneront :

    • José Bové, eurodéputé (vidéo)
    • Tous Migrants, Briançon (vidéo)
    • Cédric Herrou, La Roya Citoyenne,

    16h30 : Parole à l’accusation. Plaidoiries de la défense.

    18h : Fin de la session.

    DIMANCHE 7 JANVIER

    11h : Lecture des éléments de la sentence à l’occasion de la séance de clôture du Moussem-Festival de l’immigration et de la Tricontinentale.

    Salle des Fêtes de la Mairie de Gennevilliers.

    #migrants #violences_policières

  • L’ANARCHISME DANS LA RÉVOLUTION RUSSE
    Daniel Guérin, 1965

    L’anarchisme, après avoir trouvé un deuxième souffle dans le syndicalisme révolutionnaire, en puisa un troisième dans la Révolution russe. Cette affirmation peut, au premier abord, surprendre le lecteur, habitué à considérer la grande mutation révolutionnaire d’Octobre 1917 comme l’œuvre et comme l’apanage des seuls bolcheviks. En réalité, la Révolution russe fut un vaste mouvement de masses, une vague de fond populaire qui dépassa et submergea les formations idéologiques. Elle n’appartint à personne, sinon au peuple. Dans la mesure où elle fut une authentique révolution, impulsée de bas en haut, produisant spontanément des organes de démocratie directe, elle présenta toutes les caractéristiques d’une révolution sociale à tendances libertaires. Toutefois la faiblesse relative des anarchistes russes les empêcha d’exploiter des situations exceptionnellement favorables au triomphe de leurs idées.
    La Révolution fut finalement confisquée et dénaturée par la maîtrise, diront les uns, l’astuce, diront les autres, de l’équipe de révolutionnaires professionnels groupée autour de Lénine. Mais cette défaite, à la fois de l’anarchisme et de l’authentique révolution populaire, ne fut pas entièrement stérile pour l’idée libertaire. Tout d’abord, l’appropriation collective des moyens de production ne fut pas remise en cause et le terrain ainsi sauvegardé sur lequel, un jour peut-être, le socialisme par en bas prévaudra sur l’encasernement étatique ; ensuite, l’expérience de l’U.R.S.S. fournit l’occasion à un certain nombre d’anarchistes russes et non russes de tirer les leçons complexes d’un temporaire échec — leçons dont Lénine lui-même semblait prendre conscience à la veille de mourir —, de repenser, à ce propos, les problèmes d’ensemble de la révolution et de l’anarchisme. En un mot, selon l’expression de Kropotkine, reprise par Voline, elle leur enseigna, si besoin était, comment il ne faut pas faire une révolution. Loin de prouver l’impraticabilité du socialisme libertaire, l’expérience soviétique, dans une large mesure, a confirmé, au contraire, la justesse prophétique des vues exprimées par les fondateurs de l’anarchisme et, notamment, de leur critique du socialisme « autoritaire ».

    UNE RÉVOLUTION LIBERTAIRE

    Le point de départ de la Révolution de 1917 avait été celle de 1905, au cours de laquelle avaient surgi des organes révolutionnaires d’un type nouveau : les soviets. Ils étaient nés dans les usines de Saint-Pétersbourg au cours d’une grève générale spontanée. Vu l’absence à peu près complète d’un mouvement syndical et d’une tradition syndicaliste, ils avaient comblé un vide en coordonnant la lutte des usines en grève. L’anarchiste Voline fut du petit groupe qui, en liaison étroite avec les ouvriers et sur leur suggestion, eut l’idée de créer le premier soviet. Son témoignage rejoint celui de Trotsky qui, quelques mois plus tard, devait devenir le président du Soviet, et qui sans aucune intention péjorative, bien au contraire, écrit, dans son témoignage sur 1905 : « L’activité du soviet signifiait l’organisation de l’anarchie. Son existence et son développement ultérieurs marquaient une consolidation de l’anarchie ».
    Cette expérience s’était gravée pour toujours dans la conscience ouvrière et, quand éclata la Révolution de Février 1917, les dirigeants révolutionnaires n’eurent rien à inventer. Les ouvriers s’emparèrent spontanément des usines. Les soviets resurgirent d’eux-mêmes. Une nouvelle fois, ils prirent à l’improviste les professionnels de la Révolution. De l’aveu même de Lénine, les masses ouvrières et paysannes étaient « cent fois plus à gauche » que les bolcheviks. Le prestige des soviets était tel que l’insurrection d’Octobre ne put être déclenchée qu’au nom et à l’appel de ces derniers.
    Mais, en dépit de leur élan, ils manquaient d’homogénéité, d’expérience révolutionnaire, de préparation idéologique. Ils étaient, de ce fait, la proie facile de partis politiques aux conceptions révolutionnaires vacillantes. Bien qu’organisation minoritaire, le parti bolchevique était la seule force révolutionnaire réellement organisée, et qui savait où elle allait. Il n’avait guère de rivaux à l’extrême-gauche, ni sur le plan politique, ni sur le plan syndical. Il disposait de cadres de premier ordre. Il déploya, comme l’admet Voline, « une activité farouche, fébrile, foudroyante ».
    Cependant l’appareil du Parti — dont Staline était encore à cette époque, un des obscurs fleurons — avait toujours regardé avec une certaine méfiance les soviets, concurrence gênante. Au lendemain de la prise du pouvoir, la tendance spontanée et irrésistible à la socialisation de la production fut d’abord canalisée par le moyen du contrôle ouvrier. Le décret du 14 novembre 1917 légalisa l’ingérence des travailleurs dans la gestion des entreprises, dans le calcul du prix de revient, abolit le secret commercial, obligea les patrons à exhiber leur correspondance et leurs comptes. « Les intentions des dirigeants de la Révolution, rapporte Victor Serge, n’étaient pas d’aller au-delà. » En avril 1918, ils envisageaient encore (...) la constitution de sociétés mixtes par actions, auxquelles eût participé, avec l’État soviétique, le capital russe et étranger ».
    « L’initiative des mesures expropriatrices partit des masses et non du pouvoir. »
    Dès le 20 octobre 1917, au premier congrès des conseils d’usine, fut présentée une motion, d’inspiration anarchiste, qui demandait : « Le contrôle de la production et les commissions de contrôle ne doivent pas être seulement des commissions de vérification, mais (...) les cellules de l’avenir qui, dès maintenant, préparent le transfert de la production aux mains des ouvriers. » « Au lendemain de la Révolution d’Octobre, observe A. Pankratova, ces tendances anarchistes s’affirmèrent avec d’autant plus de facilité et de succès que les capitalistes opposèrent la plus vive résistance à l’application du décret sur le contrôle ouvrier et continuèrent à refuser l’ingérence des travailleurs dans la production. »
    Le contrôle ouvrier, en effet, se révéla vite une demi-mesure, inopérante et boiteuse. Les employeurs sabotaient, dissimulaient leurs stocks, soustrayaient l’outillage, provoquaient ou lock-outaient les ouvriers ; parfois ils se servaient des comités d’usine comme de simples agents ou auxiliaires de la direction, ou bien même ils croyaient profitable d’essayer de se faire nationaliser. Les ouvriers répondirent à ces manœuvres en s’emparant de l’usine et en la remettant en marche pour leur propre compte. « Nous n’écarterons pas nous-mêmes les industriels », disaient les ouvriers dans leurs motions, « mais nous prendrons en main la production s’ils ne veulent pas assurer le fonctionnement des fabriques. » Pankratova ajoute que, dans cette première période de socialisation « chaotique » et « primitive », les conseils d’usine « prenaient fréquemment la direction des usines dont les propriétaires avaient été éliminés ou avaient pris la fuite ».
    Très vite le contrôle ouvrier dut s’effacer devant la socialisation. Lénine violenta littéralement ses lieutenants timorés en les jetant dans le « creuset de la vivante création populaire », en les obligeant à parler un langage authentiquement libertaire. La base de la reconstruction révolutionnaire devait être l’autogestion ouvrière. Elle seule pouvait susciter dans les masses un enthousiasme révolutionnaire tel que l’impossible deviendrait possible. Lorsque le dernier manœuvre, lorsque n’importe quel sans-travail, quelle cuisinière, verrait les usines, la terre, l’administration confiées aux associations d’ouvriers, d’employés, de fonctionnaires, de paysans, aux comités démocratiques du ravitaillement, etc., créés spontanément par le peuple, « quand les pauvres gens verront et sentiront cela, aucune force ne sera en état de vaincre la révolution sociale ». L’avenir s’ouvrait à une république du type de la Commune de 1871, à une république des soviets.
    « Afin de frapper l’esprit des masses, raconte Voline, gagner leur confiance et leurs sympathies, le parti bolchevique lança (...) des mots d’ordre qui, jusqu’alors, caractérisaient (...) l’anarchisme. » Tout le pouvoir aux soviets, ce slogan, les masses, intuitivement, le comprirent dans le sens libertaire. « Les travailleurs, témoigne Archinoff, interprétèrent l’idée du pouvoir soviétique comme celle de leur libre disposition d’eux- mêmes, socialement et économiquement. » Au IIIe congrès des soviets (au début de 1818) Lénine lança : « Les idées anarchistes revêtent maintenant des formes vivantes », et, peu après, au VIIe congrès du Parti (6-8 mars), il fit adopter des thèses où il était question, entre autres, de socialisation de la production administrée par les organisations ouvrières (syndicats, comités d’usines, etc.), d’abolition des fonctionnaires de métier, de la police et de l’armée, d’égalité des salaires et traitements, de participation de tous les membres des soviets à la gestion et à l’administration de l’État, de suppression complète progressive dudit État et du signe monétaire. Au congrès des Syndicats (printemps 1918), Lénine décrivit les usines comme des « communes se gouvernant elles-mêmes de producteurs et de consommateurs ». L’anarcho-syndicaliste Maximoff va jusqu’à soutenir : « Les bolcheviks avaient abandonné non seulement la théorie du dépérissement graduel de l’État, mais l’idéologie marxiste dans son ensemble. Ils étaient devenus des sortes d’anarchistes. »

    UNE RÉVOLUTION « AUTORITAIRE »

    Mais l’alignement audacieux sur l’instinct et sur la température révolutionnaire des masses, s’il réussit à donner aux bolcheviks la direction de la Révolution, ne correspondait pas à leur idéologie traditionnelle ni à leurs intentions véritables. De longue date, ils étaient des « autoritaires », férus des notions d’État, de dictature, de centralisation, de parti dirigeant, de gestion de l’économie par en haut, toutes choses en contradiction flagrante avec une conception réellement libertaire de la démocratie soviétique.
    L’État et la Révolution, écrit à la veille de l’insurrection d’Octobre, est un miroir où se reflète l’ambivalence de la pensée de Lénine. Certaines pages en pourraient être signées d’un libertaire et, comme on l’a vu plus haut, hommage y est rendu, au moins partiellement, aux anarchistes. Mais cet appel à la révolution par en bas se double d’un plaidoyer en faveur de la révolution par en haut. Les conceptions étatiques, centralisatrices, hiérarchiques ne prennent pas la forme d’arrière-pensées, plus ou moins dissimulées ; elles sont, au contraire, franchement étalées : l’État survivra à la conquête du pouvoir par le prolétariat, il ne dépérira qu’après une période transitoire. Combien de temps durera ce purgatoire ? Il ne nous est pas celé — on nous le dit sans regret, mais bien plutôt avec soulagement — que le processus sera « lent », de « longue durée ». Ce que la Révolution enfantera sera, sous l’apparence du pouvoir des soviets, l’« État prolétarien » ou « dictature du prolétariat », « l’État bourgeois sans bourgeoisie », lâche même l’auteur, quand il consent à aller au fond de sa pensée. Cet État omnivore a bien l’intention de tout absorber.
    Lénine se met à l’école de son contemporain, le capitalisme d’État allemand, la Kriegswirtschaft (économie de guerre). L’organisation de la grande industrie moderne par le capitalisme, avec sa « discipline de fer », est un autre de ses modèles. Il se pâme, notamment devant un monopole d’État tel que les P.T.T. et il s’écrie : « Quel mécanisme admirablement perfectionné ! Toute la vie économique organisée comme la Poste, (...) voilà l’État, voilà la base économique qu’il nous faut. » Vouloir se passer d’« autorité » et de « subordination », ce sont là des « rêves anarchistes », tranche-t-il. Tout à l’heure il s’échauffait à l’idée de confier aux associations ouvrières, à l’autogestion, la production et l’échange. Mais il y avait maldonne. Il ne cache pas sa recette magique : tous les citoyens devenus « les employés et les ouvriers d’un seul trust universel d’État », toute la société convertie en « un grand bureau et une grande fabrique ». Les soviets, bien sûr, mais placés sous la coupe du parti ouvrier, d’un parti dont c’est la tâche historique de « diriger » le prolétariat.
    Les plus lucides des anarchistes russes ne s’y trompèrent pas. A l’apogée de la période libertaire de Lénine, ils adjuraient déjà les travailleurs d’être sur leurs gardes :dans leur journal, Golos Truda (La Voix du Travail), on pouvait lire, dès les derniers mois de 1917 et le début de 1918, sous la plume de Voline, ces avertissements prophétiques : « Une fois leur pouvoir consolidé et légalisé, les bolcheviks — qui sont des socialistes, politiciens et étatistes, c’est-à-dire des hommes d’action centralistes et autoritaires — commenceront à arranger la vie du pays et du peuple avec des moyens gouvernementaux et dictatoriaux imposés par le centre (...). Vos soviets (...) deviendront peu à peu de simples organes exécutifs de la volonté du gouvernement central (...). On assistera à la mise en place d’un appareil autoritaire politique et étatique, qui agira par en haut et se mettra à écraser tout avec sa poigne de fer (...) Malheur à celui qui ne sera pas d’accord avec le pouvoir central. » « Tout le pouvoir aux Soviets deviendra, en fait, l’autorité des leaders du Parti. »
    Les tendances de plus en plus anarchisantes des masses obligeaient Lénine, toujours selon Voline, à s’écarter pour un temps de l’ancien chemin. Il ne laissait subsister l’État, l’autorité, la dictature que pour une heure, pour une toute petite minute. Et, après, ce serait « l’anarchisme ». « Mais, grands dieux, ne prévoyez- vous pas (...) ce que dira le citoyen Lénine lorsque le pouvoir actuel sera consolidé et qu’il deviendra possible de ne plus prêter l’oreille à la voix des masses ? » Il reviendra alors aux vieux sentiers battus. Il créera un « État marxiste », du type le plus accompli.
    Bien entendu, il serait hasardeux de soutenir que Lénine et son équipe tendirent consciemment un piège aux masses. Il y avait moins duplicité en eux que dualisme doctrinal. La contradiction était si évidente, si flagrante entre les deux pôles de leur pensée qu’il était à prévoir qu’elle ne tarderait pas à éclater dans les faits. Ou bien la pression anarchisante des masses obligerait les bolcheviks à oublier le versant autoritaire de leurs conceptions, ou, au contraire, la consolidation de leur pouvoir, en même temps que l’essoufflement de la révolution populaire, les amèneraient à ranger au magasin des accessoires leurs velléités anarchisantes.
    Un élément nouveau intervint, qui bouleversa les données du problème : les terribles circonstances de la guerre civile et de l’intervention étrangère, la désorganisation des transports, la pénurie de techniciens. Elles poussèrent les dirigeants bolcheviques à des mesures d’exception, à la dictature, à la centralisation, au recours à la « poigne de fer ». Mais les anarchistes contestèrent que ces difficultés eussent seulement des causes « objectives » et extérieures à la Révolution. Pour une part, elles étaient dues, à leur avis, à la logique interne des conceptions autoritaires du bolchevisme, à l’impuissance d’un pouvoir bureaucratisé et centralisé à l’excès. Selon Voline, c’était, entre autres, l’incompétence de l’État, sa prétention à vouloir tout diriger et contrôler qui le rendirent incapable de réorganiser la vie économique du pays et le conduisirent à une véritable « débâcle », marquée par la paralysie de l’activité industrielle, la ruine de l’agriculture, la destruction de tous liens entre les diverses branches de l’économie.
    Voline raconte, par exemple, que l’ancienne usine de pétrole Nobel, à Petrograd, ayant été abandonnée par ses propriétaires, ses quatre mille ouvriers décidèrent de la faire marcher collectivement. Ils s’adressèrent en vain au gouvernement bolchevique. Ils tentèrent alors de faire rouler l’entreprise par leurs propres moyens. Ils s’étaient répartis en groupes mobiles qui s’efforcèrent de trouver du combustible, des matières premières, des débouchés, des moyens de transport. Au sujet de ces derniers, ils avaient déjà entamé des pourparlers avec leurs camarades cheminots. Le gouvernement se fâcha. Responsable devant l’ensemble du pays il ne pouvait admettre que chaque usine agît à sa guise. S’obstinant, le conseil ouvrier convoqua une assemblée générale des travailleurs. Le commissaire du peuple au Travail se dérangea en personne pour mettre en garde les ouvriers contre « un acte d’indiscipline grave ». Il fustigea leur attitude « anarchiste et égoïste ». Il les menaça de licenciement sans indemnité. Les travailleurs rétorquèrent qu’ils ne sollicitaient aucun privilège : le gouvernement n’avait qu’à laisser les ouvriers et les paysans agir de la même façon dans tout le pays. En vain. Le gouvernement maintint son point de vue, et l’usine fut fermée.
    Le témoignage de Voline est corroboré par celui d’une communiste : Alexandra Kollontaï. Elle devait se plaindre, en 1921, de ce que d’innombrables exemples d’initiatives ouvrières eussent sombré dans la paperasserie et de stériles palabres administratives : « Combien d’amertume parmi les ouvriers (...) quand ils voient et savent [ce] que, si on leur avait donné le droit et la possibilité d’agir, ils auraient pu réaliser eux- mêmes (...) L’initiative s’affaiblit, le désir d’agir meurt. »
    Le pouvoir des soviets ne dura, en fait, que quelques mois, d’octobre 1917 au printemps de 1918. Très vite les conseils d’usine furent dépouillés de leurs attributions. Le prétexte invoqué fut que l’autogestion ne tenait pas compte des besoins « rationnels » de l’économie, qu’elle entretenait un égoïsme d’entreprises se faisant l’une à l’autre concurrence, se disputant de maigres ressources, voulant à tout prix survivre, bien que d’autres usines fussent plus importantes « pour l’État » et mieux équipées. En un mot, l’on aboutissait, selon les termes d’A. Pankratova, à une fragmentation de l’économie en « fédérations autonomes de producteurs du type rêvé par les anarchistes ». Sans aucun doute, la naissante autogestion ouvrière n’était pas sans reproche. Elle avait cherché péniblement, à tâtons, à créer de nouvelles formes de production qui n’avaient eu aucun précédent dans l’histoire humaine. Il lui était arrivé, certes, de se tromper, de faire fausse route. C’était le tribut de l’apprentissage. Comme le soutenait Kollontaï, le communisme ne pouvait naître que dans un processus de recherches pratiques, avec des erreurs peut-être, mais à partir des forces créatrices de la classe ouvrière elle-même ».
    Tel n’était pas le point de vue des dirigeants du Parti. Ils étaient trop heureux de reprendre aux comités d’usine les pouvoirs que, dans leur for intérieur, ils ne s’étaient que résignés à leur abandonner. Lénine, dès 1918, marquait ses préférences pour la « volonté d’un seul » dans la gestion des entreprises. Les travailleurs devaient obéir « inconditionnellement » à la volonté unique des dirigeants du processus de travail. Tous les chefs bolcheviques, nous dit Kollontaï, étaient « méfiants à l’égard des capacités créatrices des collectivités ouvrières ». Au surplus l’administration était envahie par de nombreux éléments petits-bourgeois, résidus de l’ancien capitalisme russe, qui s’étaient adaptés un peu trop vite aux institutions soviétiques, s’étaient fait attribuer des postes responsables dans les divers commissariats et entendaient que la gestion économique fût confiée, non aux organisations ouvrières, mais à eux-mêmes.
    On assista à l’immixtion croissante de la bureaucratie étatique dans l’économie. Dès le 5 décembre 1917, l’industrie fut coiffée par un Conseil Supérieur de l’Économie, chargé de coordonner autoritairement l’action de tous les organes de la production. Le congrès des Conseils de l’Économie (26 mai-4 juin 1918) décida la formation de directions d’entreprise dont les deux tiers des membres seraient nommés par les conseils régionaux ou le Conseil Supérieur de l’Économie et le troisième tiers seulement élu sur place par les ouvriers. Le décret du 28 mai 1918 étendit la collectivisation à l’ensemble de l’industrie, mais, du même coup, transforma les socialisations spontanées des premiers mois de la Révolution en nationalisations. C’était le Conseil Supérieur de l’Économie qui était chargé d’organiser l’administration des entreprises nationalisées.
    Les directeurs et cadres techniques demeuraient en fonctions, en tant qu’appointés de l’État. Au IIe congrès du Conseil Supérieur de l’Économie, à la fin de 1918, les conseils d’usine furent vertement tancés par le rapporteur pour diriger pratiquement l’usine, au lieu et place du conseil d’administration.
    Des élections aux comités d’usine continuèrent, pour la façade, à avoir lieu, mais un membre de la cellule communiste donnait lecture d’une liste de candidats fabriquée à l’avance et l’on procédait au vote à main levée, en présence des « gardes communistes », armés, de l’entreprise. Quiconque se déclarait contre les candidats proposés se voyait infliger des sanctions économiques (déclassement de salaires, etc.). Comme l’expose Archinoff, il n’y eut plus qu’un seul maître omniprésent, l’État. Les rapports entre les ouvriers et ce nouveau patron redevinrent ceux qui avaient existé entre le travail et le capital. Le salariat fut restauré, à la seule différence qu’il prenait désormais le caractère d’un devoir envers l’État.
    Les soviets n’eurent plus qu’une fonction nominale. Ils furent transformés en institutions de pouvoir gouvernemental. « Vous devez devenir les cellules étatiques de base » déclara Lénine, le 27 juin 1918, au congrès des conseils d’usine. Ils furent réduits, selon les termes de Voline, au rôle d’« organes purement administratifs et exécutifs, chargés de petites besognes locales sans importance, entièrement soumis aux “directives” des autorités centrales : gouvernement et organes dirigeants du Parti ». Ils n’eurent même plus « l’ombre d’un pouvoir ». Au IIIe congrès des syndicats (avril 1920), le rapporteur, Lozovsky, avoua : « Nous avons renoncé aux vieilles méthodes de contrôle ouvrier et nous n’en avons gardé que le principe étatique. » Désormais ce « contrôle » était exercé par un organisme de l’État : l’Inspection ouvrière et paysanne.
    Les fédération d’industrie, de structure centraliste, avaient, d’abord, servi aux bolcheviks à encadrer et à subordonner les conseils d’usine, fédéralistes et libertaires par nature. Dès le 1er avril 1918, la fusion entre les deux types d’organisation était un fait accompli. Désormais les syndicats, surveillés par le parti, jouèrent un rôle disciplinaire. Celui des métallurgistes de Petrograd interdit les « initiatives désorganisatrices » des conseils d’usine et blâma leurs tendances des plus dangereuses à faire passer aux mains des travailleurs telle ou telle entreprise. C’était là, disait-on, imiter de la pire façon les coopératives de production « dont l’idée avait, depuis longtemps, fait faillite et qui ne manqueraient pas de se transformer en entreprises capitalistes ».
    « Toute entreprise laissée à l’abandon ou sabotée par un industriel, dont la production était nécessaire à l’économie nationale, devait être placée sous la gestion de l’État. Il était « inadmissible » que les travailleurs prissent en main des entreprises sans l’approbation de l’appareil syndical.
    Après cette première opération d’encadrement, les syndicats ouvriers furent, à leur tour, domestiqués, dépouillés de toute autonomie, épurés, leurs congrès différés, leurs membres arrêtés, leurs organisations dissoutes ou fusionnées en unités plus larges. Au terme de ce processus, toute orientation anarcho- syndicaliste fut anéantie, le mouvement syndical étroitement subordonné à l’État et au parti unique.
    Il en fut de même en ce qui concerne les coopératives de consommation. Au début de la Révolution, elles avaient surgi de partout, s’étaient multipliées, fédérées. Mais elles avaient le tort d’échapper au contrôle du parti et un certain nombre de social-démocrates (mencheviks) s’y étaient infiltrés. On commença par priver les magasins locaux de leurs moyens de ravitaillement et de transport, sous le prétexte de « commerce privé » et de « spéculation », ou même sans le moindre prétexte. Ensuite furent fermées d’un coup toutes les coopératives libres, et, à leur place, installées, bureaucratiquement, des coopératives d’État. Le décret du 20 mars 1919 absorba les coopératives de consommation dans le commissariat au ravitaillement et les coopératives de production industrielle dans le Conseil Supérieur de l’Économie. De nombreux coopérateurs furent jetés en prison.
    La classe ouvrière ne réagit ni assez vite ni assez vigoureusement. Elle était disséminée, isolée dans un immense pays arriéré et en grande majorité rural, épuisée par les privations et les luttes révolutionnaires, plus encore, démoralisée. Ses meilleurs éléments, enfin, l’avaient quittée pour les fronts de la guerre civile ou avaient été absorbés par l’appareil du parti et du gouvernement. Cependant assez nombreux furent les travailleurs qui se sentirent plus ou moins frustrés de leurs conquêtes révolutionnaires, privés de leurs droits, mis en tutelle, humiliés par l’arrogance ou l’arbitraire des nouveaux maîtres, et qui prirent conscience de la véritable nature du prétendu « État prolétarien ». Ainsi, au cours de l’été 1918, des ouvriers mécontents
    élurent, dans les usines de Moscou et de Petrograd, des délégués pris dans leur sein, cherchant ainsi à opposer leurs authentiques « conseils de délégués » aux soviets d’entreprises déjà captés par le pouvoir. Comme en témoigne Kollontaï, l’ouvrier sentait, voyait et comprenait qu’il était mis à l’écart. Il put comparer le mode de vie des fonctionnaires soviétiques avec la façon dont il vivait lui — lui sur lequel reposait, au moins en théorie, la « dictature du prolétariat ».
    Mais quand les travailleurs virent tout à fait clair, il était déjà trop tard. Le pouvoir avait eu le temps de s’organiser solidement et disposait de forces de répression capables de briser toute tentation d’action autonome des masses. Au dire de Voline, une lutte âpre mais inégale, qui dura quelque trois ans et resta à peu près ignorée hors de Russie, opposa une avant-garde ouvrière à un appareil étatique qui s’obstinait à nier le divorce consommé entre lui et les masses. De 1919 à 1921, les grèves se multiplièrent dans les grands centres, à Petrograd, surtout, et même à Moscou. Elles furent, comme on le verra plus loin, durement réprimées.
    A l’intérieur même du Parti dirigeant, une « Opposition ouvrière » surgit qui réclama le retour à la démocratie soviétique et à l’autogestion. Au Xe congrès du Parti, en mars 1921, l’un de ses porte-parole, Alexandra Kollontaï, distribua une brochure qui demandait pour les syndicats la liberté d’initiative et d’organisation ainsi que l’élection par un « congrès de producteurs », d’un organe central d’administration de l’économie nationale. L’opuscule fut confisqué et interdit. Lénine fit adopter par la presque unanimité des congressistes une résolution assimilant les thèses de l’Opposition ouvrière aux déviations petites-bourgeoises et anarchistes : « Le « syndicalisme », le « semi-anarchisme » des oppositionnels était, à ses yeux, un « danger direct » pour le monopole du pouvoir exercé par le Parti au nom du prolétariat.
    La lutte se poursuivit au sein de la direction de la centrale syndicale. Pour avoir soutenu l’indépendance des syndicats par rapport au Parti, Tomsky et Riazanov furent exclus du présidium et envoyés en exil, tandis que le principal dirigeant de l’Opposition ouvrière, Chliapnikov, subissait le même sort, bientôt suivi par l’animateur d’un autre groupe oppositionnel. G. I. Miasnikov. Cet authentique ouvrier, justicier en 1917 du grand-duc Michel, qui comptait quinze années de présence dans le parti et, avant la Révolution, plus de sept ans de prison et soixante-quinze jours de grève de la faim, avait osé, en novembre 1921, imprimer dans une brochure que les travailleurs avaient perdu confiance dans les communistes, parce que le Parti n’avait plus de langage commun avec la base et qu’il tournait maintenant contre la classe ouvrière les moyens de répression mis en œuvre, de 1918 à 1920, contre les bourgeois.

    LE RÔLE DES ANARCHISTES

    Dans ce drame, où une révolution de type libertaire fut transmuée en son contraire, quel rôle jouèrent les anarchistes russes ? La Russie n’avait guère de traditions libertaires. C’était à l’étranger que Bakounine et Kropotkine étaient devenus anarchistes. Ni l’un ni l’autre ne militèrent jamais comme anarchistes en Russie. Quant à leurs œuvres, elles avaient paru, au moins jusqu’à la Révolution de 1917, à l’étranger, souvent même en langue étrangère. Seuls quelques extraits en avaient été introduits clandestinement, difficilement, en Russie, en quantités très restreintes. Toute l’éducation sociale, socialiste et révolutionnaire des Russes n’avait absolument rien d’anarchiste. Tout au contraire, assure Voline, « la jeunesse russe avancée lisait une littérature qui, invariablement, présentait le socialisme sous un jour étatiste ». L’idée gouvernementale habitait les esprits : la social-démocratie allemande les avait contaminés.
    Les anarchistes n’étaient « qu’une petite poignée d’hommes sans influence » ; tout au plus quelques milliers. Leur mouvement, toujours selon Voline, était « encore bien trop faible pour avoir une influence immédiate et concrète sur les événements ». En outre, ils étaient, pour la plupart, des intellectuels, de tendances individualistes, trop peu mêlés au mouvement ouvrier. Nestor Makhno, qui, avec Voline, fit exception et, dans son Ukraine natale, œuvra au cœur des masses, écrit, sévèrement, dans ses Mémoires, que l’anarchisme russe « se trouva en queue des événements et même parfois tout à fait en dehors d’eux ».
    Pourtant il semble y avoir quelque injustice dans ce jugement. Le rôle des anarchistes ne fut nullement négligeable entre la Révolution de Février et la Révolution d’Octobre. Trotsky en convient à plusieurs reprises au cours de son Histoire de la Révolution russe. « Hardis » et « actifs » malgré leur petit nombre, ils furent des adversaires de principe de l’assemblée constituante à un moment où les bolcheviks n’étaient pas encore antiparlementaires. Bien avant le parti de Lénine, ils inscrivirent sur leurs drapeaux le mot d’ordre : Tout le pouvoir aux soviets. Ce furent eux qui animèrent le mouvement de socialisation spontanée du logement, souvent contre le gré des bolcheviks. Ce fut en partie sous l’impulsion de militants anarcho-syndicalistes que les ouvriers s’emparèrent des usines, avant même Octobre.
    Pendant les journées révolutionnaires qui mirent fin à la république bourgeoise de Kerensky, les anarchistes furent à la pointe du combat militaire, notamment au sein du régiment de Dvinsk qui, sous les ordres de vieux libertaires tels que Gratchoff et Fedotoff, délogea les « cadets » contre-révolutionnaires. Ce fut l’anarchiste Anatole Gelezniakoff, avec l’aide de son détachement, qui dispersa l’assemblée constituante : les bolcheviks ne firent que ratifier le fait accompli. De nombreux détachements de partisans, formés par des anarchistes ou conduits par eux (ceux de Mokrooussoff, de Tcherniak et autres), luttèrent sans trêve contre les armées blanches, de 1918 à 1920.
    Il n’y eut guère de ville importante qui ne comptât un groupe anarchiste ou anarcho-syndicaliste diffusant un matériel imprimé relativement considérable : journaux, magazines, tracts, brochures, livres. À Petrograd deux hebdomadaires, à Moscou un quotidien avaient un tirage de 25.000 exemplaires chacun. L’audience des anarchistes s’accrut au fur et à mesure que la Révolution s’approfondit, puis se détacha des masses.
    Le 6 avril 1918, le capitaine français Jacques Sadoul, en mission en Russie, écrivait dans un rapport : « Le parti anarchiste est le plus actif, le plus combatif des groupes de l’opposition et probablement le plus populaire (...). Les bolcheviks sont inquiets. » A la fin de 1918, affirme Voline, « cette influence devint telle que les bolcheviks, qui n’admettaient aucune critique, et encore moins une contradiction, s’inquiétèrent sérieusement ». Pour l’autorité bolchevique, rapporte Voline, « tolérer la propagande anarchiste équivalait (...) au suicide. Elle fit son possible pour empêcher d’abord, interdire ensuite, et supprimer finalement, par la force brutale toute manifestation des idées libertaires ».
    Le gouvernement bolchevique « commença par fermer brutalement les sièges des organisations libertaires, par interdire aux anarchistes toute propagande ou activité ». C’est ainsi que dans la nuit du 12 avril 1918, à Moscou, des détachements de gardes rouges, armés jusqu’aux dents, nettoyèrent, par surprise, vingt-cinq maisons occupées par les anarchistes. Ceux-ci, se croyant attaqués par des gardes blancs, ripostèrent à coups de feu. Puis, toujours selon Voline, le pouvoir passa rapidement « à des mesures plus violentes : la prison, la mise hors la loi, la mise à mort ». « Quatre ans durant, ce conflit tiendra en haleine le pouvoir bolchevique (...) jusqu’à l’écrasement définitif du courant libertaire manu militari (fin 1921). »
    La liquidation des anarchistes put être menée d’autant plus aisément qu’ils s’étaient divisés en deux fractions, l’une qui refusa d’être domestiquée, l’autre qui se laissa apprivoiser. Ces derniers invoquèrent la nécessité historique pour faire acte de loyalisme vis-à-vis du régime et approuver, au moins momentanément, ses actes dictatoriaux. Pour eux, il s’agissait, d’abord, de terminer victorieusement la guerre civile, d’écraser la contre-révolution.
    Tactique à courte vue, estimèrent les anarchistes intransigeants. Car, précisément, c’était l’impuissance bureaucratique de l’appareil gouvernemental, la déception et le mécontentement populaires qui alimentaient les mouvements contre-révolutionnaires. En outre, le pouvoir finissait par ne plus distinguer l’aile marchante de la Révolution libertaire, qui contestait ses moyens de domination, des entreprises criminelles de ses adversaires de droite. Accepter la dictature et la terreur, c’était, pour les anarchistes, qui allaient en être eux- mêmes les victimes, une politique de suicide. Enfin, le ralliement des anarchistes dits « soviétiques » facilita l’écrasement des autres, des irréductibles, qui furent traités de « faux » anarchistes, de rêveurs irresponsables n’ayant pas les pieds sur la terre, de stupides brouillons, de diviseurs, de fous furieux et, finalement, de bandits, de contre-révolutionnaires.
    Le plus brillant, donc le plus écouté, des anarchistes ralliés fut Victor-Serge. Employé du régime, il publia, en français, une brochure qui tentait de le défendre contre la critique anarchiste. Le livre qu’il écrivit plus tard, L’An I de la Révolution russe est pour une large part, une justification de la liquidation des soviets par le bolchevisme. Le parti — ou plutôt son élite dirigeante — y est présenté comme le cerveau de la classe ouvrière. C’est aux chefs dûment sélectionnés de l’avant-garde de découvrir ce que peut et doit faire le prolétariat. Sans eux les masses organisées dans les soviets ne seraient « qu’une poussière d’hommes aux aspirations confuses traversées de lueurs d’intelligence ».
    Victor-Serge était trop lucide, certes, pour se faire la moindre illusion sur la nature véritable du pouvoir soviétique Mais ce pouvoir était encore tout auréolé du prestige de la première révolution prolétarienne victorieuse ; il était honni par la contre-révolution mondiale ; et c’était une des raisons — la plus honorable — pour lesquelles Serge — comme tant d’autres révolutionnaires — crut devoir mettre un bœuf sur sa langue. Au cours de l’été 1921, il confia, dans le privé, à l’anarchiste Gaston Leval, venu à Moscou, dans la délégation espagnole, pour le IIIe congrès de l’Internationale communiste : « Le Parti communiste n’exerce plus la dictature du prolétariat mais sur le prolétariat. » De retour en France, Leval publia dans Le Libertaire des articles, où, s’appuyant sur des faits précis, il mit en parallèle ce que Victor-Serge lui avait glissé à l’oreille et ses propos publics qualifiés de « mensonges conscients ». Dans Living my Life, Emma Goldman, la libertaire américaine qui le vit à l’œuvre à Moscou, n’est pas non plus tendre pour Victor-Serge.

    LA « MAKCHNOVTCHINA »

    Si la liquidation des anarchistes urbains, petits noyaux impuissants, devait être relativement aisée, il n’en fut pas de même dans le sud de l’Ukraine où le paysan Nestor Makhno avait constitué une forte organisation anarchiste rurale, à la fois économique et militaire. Fils de paysans pauvres ukrainiens, Makhno avait vingt ans en 1919. Tout jeune, il avait participé à la Révolution de 1905 et était devenu anarchiste. Condamné à mort par le tsarisme, sa peine avait été commuée et les huit années qu’il passa, presque toujours aux fers, à la prison de Boutirki, avaient été sa seule école. Avec l’aide d’un codétenu, Pierre Archinoff, il combla, au moins en partie, les lacunes de son instruction.
    L’organisation autonome des masses paysannes dont il prit l’initiative, au lendemain d’Octobre, couvrait une région peuplée de 7 millions d’habitants, formant une sorte de cercle de 280 kilomètres de hauteur sur 250 de large. A son extrémité sud elle touchait à la mer d’Azov, où elle atteignait le port de Berdiansk. Son centre était Gulyai-Polyé, un gros bourg de 20 à 30.000 habitants. Cette région était traditionnellement rebelle. Elle avait été, en 1905, le théâtre de troubles violents.
    Tout avait commencé avec l’établissement, en Ukraine, d’un régime de droite, imposé par les armées d’occupation allemande et autrichienne et qui s’était empressé de rendre à leurs anciens propriétaires les terres que les paysans révolutionnaires venaient de leur enlever. Les travailleurs du sol défendirent leurs toutes récentes conquêtes les armes à la main. Ils les défendirent aussi bien contre la réaction que contre l’intrusion intempestive, à la campagne, des commissaires bolcheviques, et leurs trop lourdes réquisitions. Cette gigantesque jacquerie fut animée par un justicier, une sorte de Robin des Bois anarchiste, surnommé par les paysans : « Père Makhno ». Son premier fait d’armes fut la prise de Gulyai-Polyé, à la mi-septembre 1918. Mais l’armistice du 11 novembre amena le retrait des forces d’occupation germano-autrichiennes, en même temps qu’il offrit à Makhno une occasion unique de constituer des réserves d’armes et de stocks.
    Pour la première fois dans l’histoire, les principes du communisme libertaire furent mis en application dans l’Ukraine libérée et, dans la mesure où les circonstances de la guerre civile le permirent, l’autogestion pratiquée. Les terres disputées aux anciens propriétaires fonciers furent cultivées en commun par les paysans, groupés en « communes » ou « soviets de travail libres ». Les principes de fraternité et l’égalité y étaient observés. Tous, hommes, femmes, enfants devaient travailler dans la mesure de leurs forces. Les camarades élus aux fonctions de gestion, à titre temporaire, reprenaient ensuite leur travail habituel aux côtés des autres membres de la commune.
    Chaque soviet n’était que l’exécuteur des volontés des paysans de la localité qui l’avait élu. Les unités de production étaient fédérées en districts et les districts en régions. Les soviets étaient intégrés dans un système économique d’ensemble, basé sur l’égalité sociale. Ils devaient être absolument indépendants de tout parti politique. Aucun politicien ne devait y dicter ses volontés sous le couvert du pouvoir soviétique. Leurs membres devaient être des travailleurs authentiques, au service exclusif des intérêts des masses laborieuses.
    Lorsque les partisans makhnovistes pénétraient dans une localité, ils apposaient des affiches où l’on pouvait lire : « La liberté des paysans et des ouvriers appartient à eux-mêmes et ne saurait souffrir aucune restriction. C’est aux paysans et aux ouvriers eux-mêmes d’agir, de s’organiser, de s’entendre entre eux dans tous les domaines de leur vie, comme ils le conçoivent eux-mêmes et comme ils le veulent (...). Les makhnovistes ne peuvent que les aider, leur donnant tel ou tel avis ou conseil (...). Mais ils ne peuvent ni ne veulent en aucun cas les gouverner. »
    Quand, plus tard, à l’automne de 1920, les hommes de Makhno furent amenés à conclure, d’égal à égal, un accord éphémère avec le pouvoir bolchevique, ils insistèrent pour l’adoption de l’additif suivant : « Dans la région où opérera l’armée makhnoviste, la population ouvrière et paysanne créera ses institutions libres pour l’autoadministration économique et politique ; ces institutions seront autonomes et liées fédérativement — par pactes — avec les organes gouvernementaux des Républiques soviétiques. » Abasourdis, les négociateurs bolcheviques disjoignirent cet additif de l’accord, afin d’en référer à Moscou, où, bien entendu, il fut jugé « absolument inadmissible ».
    Une des faiblesses relatives du mouvement makhnoviste était l’insuffisance d’intellectuels libertaires dans son sein. Mais, au moins par intermittence, il fut aidé, du dehors. Tout d’abord, de Kharkov et de Koursk, par les anarchistes qui, à la fin de 1918, avaient fusionné en un cartel dit Nabat (le Tocsin), animé par Voline. En avril 1919, ils tinrent un congrès où ils se prononcèrent « catégoriquement et définitivement contre toute participation aux soviets, devenus des organismes purement politiques, organisés sur une base autoritaire, centraliste, étatique ». Ce manifeste fut considéré par le gouvernement bolchevique comme une déclaration de guerre et le Nabat dut cesser toute activité. Par la suite, en juillet, Voline réussit à rejoindre le quartier général de Makhno où, de concert avec Pierre Archinoff, il prit en charge la section culturelle et éducative du mouvement. Il présida un de ses congrès, celui tenu en octobre, à Alexandrovsk. Des Thèses générales précisant la doctrine des « soviets libres » y furent adoptées.
    Les congrès groupaient à la fois des délégués des paysans et des délégués des partisans. En effet, l’organisation civile était le prolongement d’une armée insurrectionnelle paysanne, pratiquant la tactique de la guérilla. Elle était remarquablement mobile, capable de parcourir jusqu’à cent kilomètres par jour, non seulement du fait de sa cavalerie, mais grâce aussi à son infanterie qui se déplaçait dans de légères voitures hippomobiles, à ressorts. Cette armée était organisée sur les bases, spécifiquement libertaires du volontariat, du principe électif, en vigueur pour tous les grades, et de la discipline librement consentie : les règles de cette dernière, élaborées par des commissions de partisans, mis validées par des assemblées générales, étaient rigoureusement observées par tous.
    Les corps francs de Makhno donnèrent du fil à retordre aux armées « blanches » interventionnistes. Quant aux unités de gardes-rouges des bolcheviks, elles étaient assez peu efficaces. Elles se battaient seulement le long des voies ferrées sans jamais s’éloigner de leurs trains blindés, se repliant au premier échec, s’abstenant souvent de rembarquer leurs propres combattants. Aussi inspiraient-elles peu de confiance aux paysans qui, isolés dans leurs villages et privés d’armes, eussent été à la merci des contre-révolutionnaires.
    « L’honneur d’avoir anéanti, en automne de l’année 1919, la contre-révolution de Denikine revient principalement aux insurgés anarchistes », écrit Archinoff, le mémorialiste de la makhnovtchina.
    Mais Makhno refusa toujours de placer son armée sous le commandement suprême de Trotsky, chef de l’Armée Rouge, après la fusion dans cette dernière des unités de gardes-rouges. Aussi le grand révolutionnaire crut-il devoir s’acharner contre le mouvement insurrectionnel. Le 4 juin 1919, il rédigea un ordre, par lequel il interdit le prochain congrès des makhnovistes, accusés de se dresser contre le pouvoir des Soviets en Ukraine, stigmatisa toute participation au congrès comme un acte de « haute trahison » et prescrivit l’arrestation de ses délégués. Inaugurant une procédure qu’imiteront, dix-huit ans plus tard, les staliniens espagnols contre les brigades anarchistes, il refusa des armes aux partisans de Makhno, se dérobant au devoir de leur porter assistance, pour ensuite les accuser de trahir et de se laisser battre par les troupes blanches.
    Cependant les deux armées se retrouvèrent d’accord, par deux fois, lorsque la gravité du péril interventionniste exigea leur action commune, ce qui se produisit, d’abord, en mars 1919 contre Denikine, puis au cours de l’été et de l’automne 1920, quand menacèrent les forces blanches de Wrangel que, finalement, Makhno détruisit. Mais, aussitôt le danger extrême conjuré, l’Armée Rouge reprenait les opérations militaires contre les partisans de Makhno, qui lui rendaient coup pour coup.
    A la fin de novembre 1920, le pouvoir n’hésita pas à organiser un guet-apens. Les officiers de l’armée makhnoviste de Crimée furent invités par les bolcheviks à participer à un conseil militaire. Ils y furent aussitôt arrêtés par la police politique, la Tchéka, et fusillés, leurs partisans désarmés. En même temps une offensive en règle était lancée contre Gulyai-Polyé. La lutte — une lutte de plus en plus inégale — entre libertaires et « autoritaires » dura encore neuf mois. Mais, à la fin, mis hors de combat par des forces très supérieures en nombre et mieux équipées, Makhno dut abandonner la partie. Il réussit à se réfugier en Roumanie en août 1921, puis à gagner Paris, où il mourut plus tard, malade et indigent. Ainsi se terminait l’épopée de la makhnovtchina, prototype, selon Pierre Archinoff, d’un mouvement indépendant des masses laborieuses et, de ce fait, source d’inspiration future pour les travailleurs du monde.

    CRONSTADT

    Les aspirations des paysans révolutionnaires makhnovistes étaient assez semblables à celles qui poussèrent conjointement à la révolte, en février-mars 1921, les ouvriers de Petrograd et les matelots de la forteresse de Cronstadt. Les travailleurs urbains souffraient, à la fois, de conditions matérielles devenues intolérables du fait de la pénurie de vivres, de combustibles, de moyens de transport et d’un régime de plus en plus dictatorial et totalitaire, qui écrasait la moindre manifestation de mécontentement. A fin février, des grèves éclatèrent à Petrograd, Moscou et dans quelques autres centres industriels. Les travailleurs, marchant d’une entreprise à l’autre, fermant les usines, attirant dans leurs cortèges de nouveaux contingents d’ouvriers, réclamaient pain et liberté. Le pouvoir répondit par une fusillade, les travailleurs de Petrograd par un meeting de protestation, qui rassembla 10.000 ouvriers.
    Cronstadt était une base navale insulaire, à trente kilomètres de Petrograd, dans le golfe de Finlande, gelé en hiver. Elle était peuplée de matelots et de plusieurs milliers d’ouvriers occupés dans les arsenaux de la marine militaire. Les marins de Cronstadt avaient joué un rôle d’avant-garde dans les péripéties révolutionnaires de 1917. Ils avaient été, selon les termes de Trotsky « l’orgueil et la gloire de la Révolution russe ». Les habitants civils de Cronstadt formaient une commune libre, relativement indépendante du pouvoir. Au centre de la forteresse une immense place publique jouait le rôle d’un forum populaire pouvant contenir 30.000 personnes.
    Certes, les matelots n’avaient plus, en 1921, les mêmes effectifs ni la même composition révolutionnaire qu’en 1917 ; ils étaient, bien plus que leurs prédécesseurs, issus de la paysannerie ; mais ils avaient conservé l’esprit militant et, du fait de leurs performances antérieures, le droit de participer activement aux réunions ouvrières de Petrograd. Aussi envoyèrent-ils aux travailleurs en grève de l’ancienne capitale des émissaires, qui furent refoulés par les forces de l’ordre. Au cours de deux meetings de masses tenus sur le forum, ils reprirent à leur compte les revendications des grévistes. A la seconde réunion, le 1er mars, ils étaient 16.000 présents, marins, travailleurs et soldats, et nonobstant la présence du chef de l’État, le président de l’exécutif central, Kalinine, ils adoptèrent une résolution demandant la convocation, en dehors des partis politiques, dans les dix jours suivants, d’une conférence des ouvriers, soldats rouges et marins de Petrograd, de Cronstadt et de la province de Petrograd. En même temps ils exigeaient l’abolition des « officiers politiques », aucun parti politique ne devant avoir de privilèges, ainsi que la suppression des détachements communistes de choc dans l’armée et de la « garde communiste » dans les usines.
    C’était bel et bien le monopole du parti dirigeant qui était visé. Un monopole que les rebelles de Cronstadt n’hésitaient pas à qualifier d’« usurpation ». Feuilletons, pour le résumer, le journal officiel de cette nouvelle Commune, les Izvestia de Cronstadt. Laissons parler les matelots en colère. Le Parti communiste, après s’être arrogé le pouvoir, n’avait, selon eux, qu’un souci : le conserver par n’importe quel moyen. Il s’était détaché des masses. Il s’était révélé impuissant à tirer le pays d un état de débâcle générale. Il avait perdu la confiance des ouvriers. Il était devenu bureaucratique. Les soviets, dépouillés de leur pouvoir, étaient falsifiés, accaparés et manipulés, les syndicats étatisés. Une machine policière omnipotente pesait sur le peuple, dictant sa loi par des fusillades et la pratique de la terreur. Sur le plan économique régnait, au lieu et place du socialisme annoncé, basé sur le travail libre, un dur capitalisme d’État. Les ouvriers étaient de simples salariés de ce trust national, des exploités, tout comme naguère. Les sacrilèges de Cronstadt allaient jusqu’à contester l’infaillibilité des chefs suprêmes de la Révolution. Ils se gaussaient, avec irrévérence, de Trotsky, et même, de Lénine. Au-delà de leurs revendications immédiates : restauration des libertés, élections libres à tous les organes de la démocratie soviétique, ils visaient un objectif d’une portée plus lointaine et d’un contenu nettement anarchiste : une « troisième Révolution. »
    Les rebelles, en effet, entendaient demeurer sur le terrain révolutionnaire. Ils s’engageaient à veiller sur les conquêtes de la révolution sociale. Ils affirmaient n’avoir rien de commun avec ceux qui auraient voulu « rétablir le knout du tsarisme », et, s’ils ne cachaient pas leur intention de renverser le pouvoir des « communistes », ce n’était pas pour que « les ouvriers et les paysans redeviennent esclaves ». Ils ne coupaient pas non plus tous les ponts entre eux et le régime, avec lequel ils espéraient encore « pouvoir trouver un langage commun ». Enfin, s’ils réclamaient la liberté d’expression, ce n’était pas pour n’importe qui, mais seulement pour des partisans sincères de la Révolution : anarchistes et « socialistes de gauche » (formule qui excluait les social-démocrates ou mencheviks).
    Mais l’audace de Cronstadt allait beaucoup plus loin que ne le pouvaient supporter un Lénine, un Trotsky. Les chefs bolcheviks avaient identifié, une fois pour toutes, la Révolution avec le Parti communiste et tout ce qui allait à l’encontre de ce mythe ne pouvait être, à leurs yeux, que « contre-révolutionnaire ». Ils virent toute l’orthodoxie marxiste-léniniste s’effilocher. Cronstadt leur parut d’autant plus effrayant qu’ils gouvernaient au nom du prolétariat et que, soudain, leur pouvoir était contesté par un mouvement qu’ils savaient authentiquement prolétarien. Au surplus, Lénine s’en tenait à la notion quelque peu simpliste qu’une restauration tsariste était la seule alternative à la dictature de son Parti. Les hommes d’État du Kremlin de 1921 raisonnèrent comme, plus tard, ceux de l’automne 1956 : Cronstadt fut la préfiguration de Budapest.
    Trotsky, l’homme « à la poigne de fer », accepta de prendre personnellement la responsabilité de la répression. « Si vous persistez, on vous canardera comme des perdreaux », fit-il savoir, par la voie des ondes, aux « mutins ». Les matelots furent traités de « blanc-gardistes », de complices des puissances occidentales interventionnistes et de la « Bourse de Paris ». Leur soumission serait obtenue par la force des armes. Ce fut sans succès que les anarchistes Emma Goldman et Alexandre Berkman, qui avaient trouvé asile dans la patrie des travailleurs, après avoir été déportés des États-Unis, firent valoir, dans une lettre pathétique adressée à Zinoviev, que l’usage de la force ferait « un tort incalculable à la Révolution sociale » et adjurèrent les « camarades bolcheviks » de régler le conflit par une négociation fraternelle. Quant aux ouvriers de Petrograd terrorisés, soumis à la loi martiale, ils ne purent se porter au secours de Cronstadt.
    Un ancien officier tsariste, le futur maréchal Toukhatchevsky, fut chargé de commander un corps expéditionnaire composé de troupes qu’il avait fallu trier sur le volet, car nombre de soldats rouges répugnaient à tirer sur leurs frères de classes. Le 7 mars commença le bombardement de la forteresse. Sous le titre : « Que le monde sache ! » les assiégés lancèrent un appel ultime : « Le sang des innocents retombera sur la tête des communistes, fous furieux enivrés par le pouvoir. Vive le pouvoir des Soviets ! » Se déplaçant sur la glace du golfe de Finlande, les assiégeants réduisirent, le 18 mars, la « rébellion », dans une orgie de massacres.
    Les anarchistes n’avaient guère joué de rôle dans l’affaire. Cependant le comité révolutionnaire de Cronstadt avait invité à le rejoindre deux libertaires : Yartchouk (animateur du soviet de Cronstadt en 1917) et Voline ; en vain, car ils étaient, à ce moment, détenus par les bolcheviks. Comme l’observe Ida Mett, historienne de La Révolte de Cronstadt, l’influence anarchiste ne s’y exercera « que dans la mesure où l’anarchisme propageait lui aussi l’idée de la démocratie ouvrière ». Mais, s’ils n’intervinrent pas directement dans l’événement, les anarchistes s’en réclamèrent : « Cronstadt, écrivit plus tard Voline, fut la première tentative populaire entièrement indépendante pour se libérer de tout joug et réaliser la Révolution sociale : tentative faite directement, (...) par les masses laborieuses elles-mêmes, sans « bergers politiques », sans « chefs » ni « tuteurs ». Et Alexandre Berkman : « Cronstadt fit voler en éclats le mythe de l’État prolétarien ; il apporta la preuve qu’il y avait incompatibilité entre la dictature du Parti communiste et la Révolution. »

    L’ANARCHISME MORT ET VIVANT

    Bien que les anarchistes n’aient pas joué un rôle direct dans le soulèvement de Cronstadt, le régime profita de cet écrasement pour en finir avec une idéologie qui continuait à les effrayer. Quelques semaines plus tôt, le 8 février, le vieux Kropotkine était mort sur le sol russe, et sa dépouille avait été l’objet de funérailles imposantes. Elle fut suivie par un immense convoi d’environ cent mille personnes. Mêlés aux drapeaux rouges, les drapeaux noirs des groupes anarchistes flottaient au-dessus de la foule et l’on pouvait y lire en lettres de feu : « Où il y a autorité il n’y a pas de liberté. » Ce fut, racontent les biographes du disparu, « la dernière grande manifestation contre la tyrannie bolchevique et bien des gens y prenaient part autant pour réclamer la liberté que pour rendre hommage au grand anarchiste ».
    Après Cronstadt, des centaines d’anarchistes furent arrêtés. Quelques mois plus tard, une libertaire, Fanny Baron, et huit de ses camarades, devaient être fusillés dans les caves de la prison de la Tchéka, à Moscou.
    L’anarchisme militant avait reçu le coup de grâce. Mais, hors de Russie, les anarchistes qui avaient vécu la Révolution russe entreprirent le vaste travail de critique et de révision doctrinales qui revigora et rendit plus concrète la pensée libertaire. Dès le début de septembre 1920, le congrès du cartel anarchiste d’Ukraine, dit Nabat, avait rejeté catégoriquement l’expression « dictature du prolétariat » qu’il voyait conduire fatalement à la dictature sur la masse d’une fraction du prolétariat, celle retranchée dans le Parti, des fonctionnaires et d’une poignée de chefs. Peu avant de disparaître, dans un Message aux travailleurs d’Occident, Kropotkine avait dénoncé avec angoisse la montée d’une « formidable bureaucratie » : « Pour moi, cette tentative d’édifier une république communiste sur des bases étatistes fortement centralisées, sous la loi de fer de la dictature d’un parti, s’est achevée en un fiasco formidable. La Russie nous enseigne comment ne doit pas s’imposer le communisme. »
    Dans son numéro des 7-14 janvier 1921, le journal français Le Libertaire faisait publier un appel pathétique des anarcho-syndicalistes russes au prolétariat mondial : « Camarades, mettez fin à la domination de votre bourgeoisie tout comme nous l’avons fait ici. Mais ne répétez pas nos erreurs : ne laissez pas le communisme d’État s’établir dans vos pays ! »
    Sur cette lancée, l’anarchiste allemand Rudolf Rocker rédigea, dès 1920, et publia, en 1921, La Banqueroute du Communisme d’État, la première analyse politique qui ait été faite de la dégénérescence de la Révolution russe. A ses yeux, ce n’était pas la volonté d’une classe qui trouvait son expression dans la fameuse « dictature du prolétariat », mais la dictature d’un parti prétendant parler au nom d’une classe et s’appuyant sur la force des baïonnettes. « Sous la dictature du prolétariat s’est développée en Russie une nouvelle classe, la commissarocratie, dont l’oppression est ressentie par les larges masses tout autant que jadis celle des tenants de l’ancien régime. » En subordonnant systématiquement tous les éléments de la vie sociale à la toute-puissance d’un gouvernement doté de toutes les prérogatives, « on ne pouvait qu’aboutir à cette hiérarchie de fonctionnaires qui fut fatale à l’évolution de la Révolution russe. » Les bolcheviks n’ont pas seulement emprunté l’appareil de l’État à l’ancienne société, ils lui ont donné une toute-puissance que ne s’arroge aucun autre gouvernement. »
    En juin 1922, le groupe des anarchistes russes exilés en Allemagne, sous la plume de A. Gorielik, A. Komoff et Voline, publia à Berlin un petit livre révélateur : Répression de l’anarchisme en Russie soviétique. Une traduction française, due à Voline, en parut au début de 1923. On y trouvait, classé alphabétiquement, un martyrologe de l’anarchisme russe. Alexandre Berkman, en 1921 et 1922, Emma Goldman, en 1922 et 1923, publièrent coup sur coup plusieurs brochures sur les drames auxquels ils avaient assisté en Russie. A leur tour, les rescapés du makhnovisme réfugiés en Occident, Pierre Archinoff et Nestor Makhno lui-même, produisirent leurs témoignages. Beaucoup plus tard, au cours de la deuxième guerre mondiale, furent rédigés, avec la maturité d’esprit que conférait le recul des années, les deux grands ouvrages libertaires classiques sur la Révolution russe, celui de G.P. Maximoff, celui de Voline.
    Pour Maximoff, dont le témoignage a paru en langue anglaise, les leçons du passé apportent la certitude d’un avenir meilleur. La nouvelle classe dominante de l’U.R.S.S. ne peut et ne doit vivre éternellement. Le socialisme libertaire lui succédera. Les conditions objectives poussent à cette évolution : « Est-il concevable (.. ) que les travailleurs veuillent le retour des capitalistes dans les entreprises ? Jamais ! Car c’est précisément contre l’exploitation par l’État et ses bureaucrates qu’ils se rebellent. » Ce que les travailleurs veulent, c’est remplacer cette gestion autoritaire de la production par leurs propres conseils d’usine, c’est unir les conseils en une vaste fédération nationale. Ce qu’ils veulent, c’est l’autogestion ouvrière. De même les paysans ont compris qu’il ne saurait être question de revenir à l’économie individuelle. La seule solution, c’est l’agriculture collective, la collaboration des collectivités rurales avec les conseils d’usine et les syndicats : en un mot, l’expansion du programme de la Révolution d’Octobre dans la liberté.
    Toute tentative inspirée de l’exemple russe, affirme hautement Voline, ne pourrait aboutir qu’à un « capitalisme d’État basé sur une odieuse exploitation des masses », le « pire des capitalismes et qui n’a absolument aucun rapport avec la marche de l’humanité vers la société socialiste ». Elle ne pourrait que promouvoir « la dictature d’un parti qui aboutit fatalement à la Répression de toute liberté de parole, de presse, d’organisation et d’action, même pour les courants révolutionnaires, sauf pour le parti au pouvoir », qu’à une « inquisition sociale » qui étouffe « le souffle même de la Révolution ». Et Voline de soutenir que Staline « n’est pas tombé de la lune ». Staline et le stalinisme ne sont, à ses yeux, que la conséquence logique du système autoritaire fondé et établi de 1918 à 1921. « Telle est la leçon mondiale de la formidable et décisive expérience bolchevique : leçon qui fournit un puissant appui à la thèse libertaire et qui sera bientôt, à la lumière des événements, comprise par tous ceux qui peinent, souffrent, pensent et luttent. »

    Extrait de "L’anarchisme" de Daniel Guérin,1965.
    http://inventin.lautre.net/livres.html#Guerin

  • Reportage de France 2 sur le bar PMU de #Sevran : un sénateur saisit le #CSA | Bondy Blog
    http://www.bondyblog.fr/201704071225/reportage-de-france-2-sur-le-bar-pmu-de-sevran-un-senateur-saisit-le-csa

    Yannick Vaugrenard, sénateur de Loire-Atlantique, a adressé le 30 mars au président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, Olivier Schrameck, un courrier lui demandant de se saisir du dossier du reportage de France 2 sur Sevran

    Suite de l’affaire de la manipulation islamophobe de France2 sur le bar PMU
    #islamophobie #racisme #93 #medias #France2

  • 14 propositions pour le développement des licences libres en France – SavoirsCom1
    http://www.savoirscom1.info/2017/04/14-propositions-pour-le-developpement-des-licences-libres-en-france

    Le collectif SavoirsCom1 a été auditionné la semaine dernière par le CSPLA (Conseil Supérieur de la Propriété Littéraire et Artistique) dans le cadre d’une mission consacrée à l’économie des licences libres.

    Nous publions à la suite une liste de 14 propositions que nous estimons importantes pour le développement des licences libres en France.

    #licences_libres #creative_commons #politique_culturelle

  • Ariane, 30 ans, ingénieure : « J’ai subi la discrimination sexiste à la française »
    http://www.barbieturix.com/2016/05/14/ariane-30-ans-jai-subi-la-discrimination-sexiste-a-la-francaise

    En tant que femme, manager, j’étais payée moins que mon collègue pour un job avec plus de responsabilité financière et politique, plus de challenge et beaucoup plus à accomplir que lui. Lui justement n’en foutait pas une. Il se baladait en business trip pour faire son « important », produisait des rapports et tout le monde le trouvait super performant… Pour être reconnue aussi performante que lui par mes pairs, ça me demandait 10 fois plus d’efforts que lui.

    Pour mon contrat j’ai dû bataillé pour avoir un grade et salaire égal au sien alors que mon job avait de plus fortes responsabilités que le sien. J’ai dû prouver que je méritais ce grade, comme s’ils ne voulaient pas prendre de décision. Mon nouveau boss m’a clairement dit qu’il n’aurait jamais imaginé qu’une « jeune fille » comme moi puisse arriver à ce statut. Sidérée, sur le coup je n’ai rien dit, j’en ai encore honte aujourd’hui. J’aurais dû lui cracher à la gueule.

    Je me suis tournée vers les ressources humaines et le management car je ne comprenais pas cette différence de traitement. Je n’ai eu aucune explication. J’ai alors porté plainte pour discrimination. Le DRH m’a rencontré et m’a tenu un discours condescendant, machiste et pervers. Tout était fait pour que je me sente ridicule de porter plainte. Je n’ai pas cédé. Ils ont fini par me proposer un contrat plus correct en se basant sur des critères objectifs. Ma plainte a été classé sans suite et personne n’a été inquiété. Pas une once de reconnaissance de la discrimination dont j’ai été victime.

    Depuis je suis fichée chez eux comme « une chieuse »… un comble pour une entreprise signataire de « la charte diversité en entreprise », qui se vante d’avoir une politique active de parité avec 18% de femmes salariés et qui a pour objectif affiché d’ici 2020 d’avoir 20% de femmes dans le top management…

    Moins d’un quart des ingénieurs en France sont des femmes, plus des deux tiers d’entre elles n’ont pas de responsabilités d’encadrement et estiment avoir été freinées professionnellement en raison de leur sexe (source Conseil Supérieur de l’Egalité Professionnelle). Seule une politique volontariste de la Direction des entreprises peut faire évoluer cet état de fait.”

    Ariane

    #discrimination #femmes #féminisme #inégalités #sexisme #machisme

  • Le Conseil supérieur de la santé reconnaît la cigarette électronique comme utile
    http://www.lesoir.be/1023447/article/actualite/sciences-et-sante/2015-10-22/conseil-superieur-sante-reconnait-cigarette-electronique-comme-utile

    "C’est une petite révolution : le Conseil supérieur admet l’utilité possible pour l’arrêt tabagique et n’exige plus la vente exclusive en pharmacie."

    - Présentation de l’avis sur le site internet du Conseil Supérieur de la Santé http://www.health.belgium.be/eportal/Aboutus/relatedinstitutions/SuperiorHealthCouncil/19105021 - Lire l’avis n° 9265 du Conseil Supérieur de la Santé dans son intégralité (87 p.) http://feditobxl.be/site/wp-content/uploads/2015/10/Conseil-Sup%C3%A9rieur-de-la-Sant%C3%A9-avis-9265-ecig-octobre-2015.pdf(Pe

  • Georges Bensoussan, une « répliques » de trop
    http://contre-attaques.org/l-oeil-de/article/georges

    Considérant que les propos tenus par Georges Bensoussan, responsable éditorial du Mémorial de la Shoah, lors de l’émission Répliques, sont racistes, un groupe d’enseignants, chercheurs, et journalistes demandent au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel d’intervenir en condamnant ses propos. L’émission « Répliques » a une fois de plus franchi, ce matin du samedi 10 octobre, le seuil du tolérable. On sait que, depuis des années, son philosophe-animateur Alain Finkielkraut s’échine à mettre en scène un semblant (...)

    #L'œil_de_Contre-Attaques

    / #Ailleurs_sur_le_Web, #Racisme, #Médias

    "http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/131015/une-repliques-de-trop"

  • Le ministère sert Lavisse avec Pierre Nora | aggiornamento hist-geo
    http://aggiornamento.hypotheses.org/2803#_ftn3

    Annoncée par le Ministère de l’Education Nationale, ici plus que jamais porte-parole de l’Elysée, la nomination d’un comité d’historiens pour superviser la rédaction finale des programmes d’histoire-géographie proposés par le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) est un procédé antidémocratique. Cette démarche confisque autant qu’elle précipite le dénouement d’une procédure qui s’était déroulée jusqu’ici d’une façon enfin plus transparente que l’opacité qui avait régné sur la rédaction des programmes précédents[1]. En effet, le CSP est un organe indépendant, et les programmes qu’il propose aujourd’hui sont le résultat d’un long travail de concertation mené au sein de groupes mixtes, après une longue période d’auditions. Ces projets de programmes doivent, en principe, être soumis à la consultation des enseignants à compter du lundi 11 mai.

    Or, profitant de la brèche médiatique ouverte par les habituels pourfendeurs de tout ce qui ne relève pas d’une histoire scolaire fantasmée et franco-française, une poignée d’éditocrates et une brochette de réac-publicains ont lancé une offensive majeure à l’encontre de ces programmes, certes en de nombreux points perfectibles, mais novateurs et offrant des horizons différents, des libertés nouvelles à celles et ceux qui seront chargé.e.s de les enseigner. Dans une énième reculade face à ces « pseudos-intellectuels », la ministre annonce qu’une commission d’historiens, comptant dans ses rangs Pierre Nora et Jean-Pierre Azéma pour commencer, est invitée à court-circuiter l’amont (le CSP) autant que l’aval (la consultation des enseignants). Quelle expertise serait donc la leur, qui fonderait leur légitimité, sur des programmes dont ils n’ont pas suivi l’élaboration – si tant est qu’ils en aient une vue globale ? Ont-ils même la moindre idée de ce qui s’enseigne et se pratique actuellement dans les classes ? Ont-ils simplement la plus vague représentation de ce qui signifie l’acte d’enseigner en collège ?

    #histoire #historiographie #éducation_nationale

  • France : Le CSA veut un label « site de confiance » pour censurer le Web
    http://www.brujitafr.fr/article-france-le-csa-veut-un-label-site-de-confiance-pour-censurer-le-web

    Le CSA confirme dans son dernier rapport sa volonté d’attribuer un label « site de confiance » aux sites qui s’engageraient à respecter certaines règles d’auto-censure, et d’imposer aux logiciels de contrôle parental qu’ils bloquent l’accès aux sites non labellisés. Ce n’est pas une surprise pour nos lecteurs, puisque c’est exactement le schéma que nous avons dessiné de longue date, et que nous avons rappelé récemment en expliquant pourquoi le CSA sera bien pire que l’Hadopi pour le respect des libertés sur Internet. Mais c’est une confirmation. BFM Business a mis la main sur le prochain rapport annuel du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), dans lequel l’autorité administrative confirme sa volonté de réguler le web sur le même mode que la télévision à (...)

    #INTERNET_/_COMMUNICATION

  • Pourquoi le transfert #Hadopi > CSA réjouit les ayants droit
    http://www.numerama.com/magazine/26966-pourquoi-le-transfert-hadopi-csa-rejouit-les-ayants-droit.html

    Le transfert de la riposte graduée n’est que le cheval de Troie qui permettra au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel d’hériter de l’ensemble des missions bien plus larges décrites à l’article L331-13 du code de la propriété intellectuelle. Le texte est très vague, assez pour permettre au Gouvernement d’utiliser la voie réglementaire pour préciser comment le #CSA peut remplir la « mission de protection de ces œuvres et objets à l’égard des atteintes à ces droits commises sur les réseaux de communications électroniques ».

    #piratage

  • Le ministère de la Culture envisage l’interdiction de la revente de fichiers

    http://www.pcinpact.com/news/81360-le-ministere-culture-envisage-l-interdiction-revente-fichiers.htm

    Le ministère de la Culture vient de constituer une commission sur le marché de l’occasion numérique. Cette commission a été créée le 15 juillet 2013 au sein du Conseil Supérieur de la Propriété Littéraire et Artistique. Dans un courrier faisant acte de naissance, Pierre-Françoise Racine, président du CSPLA, fait ainsi part des « importantes interrogations » liées à la « seconde vie des biens culturels numériques

    Comme quoi un album mp3 ou un e-Pub c’est pas un objet qu’on achète mais juste un droit d’usage.

    #droit_d'auteur #cspla

  • #SPQN, #IPG, et maintenant #CSPLA, même combat contre Google
    http://neosting.net/actualite/cspla-google-taxe.html

    Google, cette entreprise qui capte des milliards sur le simple fait de faire de la publicité aux autres est encore une fois accusée de violer du droit d’auteur. Cette fois-ci, c’est au tour du CSPLA (Conseil Supérieur sur la Propriété Littéraire et Artistique) de dégainer sa ... #google #taxe

  • Verba volant
    (version hollandiste)

    Les députés examinent la réforme du Conseil supérieur de la magistrature | LCP.fr | LCP Assemblée nationale
    http://www.lcp.fr/actualites/politique/148839-les-deputes-examinent-la-reforme-du-conseil-superieur-de-la-magistrature

    L’Assemblée nationale débat cette semaine de la seule révision constitutionnelle que François Hollande a une petite chance de faire adopter par le Parlement, la réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), accompagnée d’un projet de loi diminuant les pouvoirs du gouvernement sur les procureurs.

    Le projet de loi constitutionnelle, discuté mardi après-midi, modifie la composition du CSM, instance disciplinaire pour les magistrats, actuellement formé de huit personnalités extérieures (pour la plupart désignées par le pouvoir politique) et sept magistrats (presque tous élus par leurs collègues). Le texte du gouvernement prévoyait la répartition inverse, et donc une majorité de magistrats, mais la commission des Lois de l’Assemblée a adopté un amendement instaurant l’égalité (8 magistrats, tous élus, et 8 personnalités, dont la procédure de désignation est modifiée). Le rapporteur du texte, Dominique Raimbourg (PS) parle « d’une évolution nécessaire, d’un équilibre pour éviter le risque de corporatisme » chez les magistrats. Le parlementaire précise que la version initiale du texte (avec une majorité de magistrats) « n’était qu’un discours de François Hollande et pas un engagement présidentiel ».

  • Du Conseil Supérieur de la Pêche à l’ONEMA… une maladie française ?
    http://www.eauxglacees.com/Du-Conseil-Superieur-de-la-Peche-a

    Conflits d’intérêt, népotisme, trafic d’influence, tutelles évanescentes… Le scandale de l’Onema trouve ses fondements dans la résistible faillite du CSP, un organe dont la Cour des comptes avait prédit, dans un précédent référé, que sa « transplantation » au sein du nouvel office créé par la LEMA de 2006 était porteuse de risques majeurs. L’avertissement est demeuré sans effet, jusqu’au scandale d’aujourd’hui. Un témoin nous rappelle la genèse de cette affaire. Le Conseil Supérieur de la Pêche (CSP), (...)

  • #Dtaleur, j’entends le scénariste de la BD Orsay vanter B. Le Maire (ils étaient tous les deux plumes de Villepin)
    http://www.la-croix.com/Culture/Livres/Livres/Quai-d-Orsay-la-diplomatie-croquee-par-Christophe-Blain-_NG_-2013-02-04-74
    Il se trouve que ce dernier était en tournée promotionnelle la semaine dernière contre les #privilèges la #technocratie l’#aristocratie l’#ena l’#entre_soi tout ce qui n’est pas #démocratie, parce que ce qu’il faut promouvoir c’est l’#éducation et la #culture.
    http://soundcloud.com/thibnton/bruno-le-maire-pr
    #droite #élections #marketing

  • Les anarchistes et les socialistes révolutionnaires egyptien-ne-s sont attaqués ! - Anarkismo

    Les anarchistes et les socialistes révolutionnaires egyptien-ne-s sont attaqués !
    Cela a enfin eu lieu !Depuis plusieurs semaines, plusieurs sites internets et pages facebook qui appartiennent aux Frères Musulmans, soit de manière officielle soit administré par ses membres, ont lancés une attaque contre les anarchistes et les socialistes révolutionnaires en Egypte, en essayant de les isoler comme incitateurs de la violence et comme propagandistes de la démolition de l’Etat. Aujourd’hui, un membre des Frères Musulmans a porté plainte contre 3 socialistes, dont l’un est le camarade Yaser Abdel Kawy, un anarchiste bien connu et un membre du Mouvement socialiste libertaire Egyptien. Le procureur a transmis la plainte au procureur de la sécurité d’Etat, un appareil d’exception du système légal qui ne fonctionne que sous l’état d’urgence.

    Cela était prévisible. Bien que peu nombreux, les anarchistes en Egypte ont occupé une place plutôt importante au sein des différentes forces révolutionnaire qui ont pris part à la révolution Egyptienne du 25 janvier. Les Anarchistes sont distinctement audibles sur les sites des médias sociaux, mais de manière plus importante ils sont toujours présent au premier rang dans les rues chaque fois que les révolutionnaires prennent position face à la répression brutale de l’Etat.

    L’alliance entre les Frères musulmans et la junte militaire au pouvoir, aussi forte que difficile, a été évidente depuis le début. Les Frères musulmans étaient la seule force politique qui avait un de ses membres dans le comité législatif responsable de la préparation des modifications de la constitution de 1971, approuvées par un référendum le 19 mars. Les Frères Musulmans ont refusé de prendre part à presque toutes les manifestations contre le Conseil Supérieur des Forces Armées (CSFA) et dans bien des cas a cherché à salir ces manifestations et à attaquer ceux qui y appelaient.

    Les Frères musulmans ont également adopté une posture agressive contre les travailleurs dans leur lutte continue contre les patrons soutenus par la junte militaire. Ils ont toujours condamné les manifestations ouvrières, les sit-ins, les occupations, et décrit le combat des travailleurs pour leur droit comme étant contre-révolutionnaire et incités par les clients du régime de Mubarrak.

    Prêts à une victoire écrasante à l’issue des élections en cours, de même que les islamistes salafistes plus radicaux, les frères musulmans tiennent à éliminer toute opposition future, en l’occurrence les socialistes.

    Il est facile de savoir pourquoi si on observe les politiques que leurs homologues ont adopté en Tunisie une fois assurés de leurs nouveaux sièges au parlements. Cela est encore plus clair lorsque l’on constate les déclarations de leurs principaux leaders (essentiellement des hommes d’affaires) dans les médias, particulièrement celles décrivant les politiques financières et économiques néolibérales du régime de Mubarrak comme bonne et efficace, si elle n’était pas associée avec la corruption et le clientélisme.

    Nous sommes surs que ces nouvelles attaques du CSFA et des ses alliés islamistes ne sont rien d’autre qu’une entrée en matière. Une nouvelle phase de la révolution Egyptienne est déjà en train de prendre forme. Cette fois les vraies lignes de conflit seront claires pour tous après n’avoir été claires que pour quelques un-e-s. La révolution Egyptienne prendra son vrai visage, celui d’une guerre de classe nous opposant, nous, le prolétariat, à eux, les patrons, la junte militaire, et les conservateurs fascistes islamistes.

    http://anarkismo.net/article/21543

  • Lettre ouverte aux membres du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel français | Un parent responsable (CSA)
    http://bravepatrie.com/dictature-des-blogs/lettre-ouverte-aux-membres-du,1812

    Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, nous, Patriotes Anonymes, tenons à vous féliciter d’avoir attiré l’attention des médias du Service (...)