organization:deuxième partie

  • Les rues genevoises en voie de #féminisation

    Trop masculine, la nomenclature des rues fait débat en #Suisse romande. A Genève, le #collectif féministe #L’Escouade a rebaptisé, depuis début mars, une vingtaine d’artères avec des noms de femmes. L’initiative trouve un écho au Grand Conseil.

    A Genève, seules 5,6% des rues portent des noms de femmes. Soit le taux le plus bas de Suisse romande après Sion (5,2%). Un score peu enviable que le collectif féministe L’Escouade veut améliorer. Depuis le 1er mars, il rebaptise toutes les deux semaines une dizaine d’artères au moyen de plaques violettes en hommage à des femmes artistes, militantes, écrivaines ou encore diplomates que l’histoire a laissées de côté. L’initiative « 100Elles* », réalisée en partenariat avec la ville de Genève et un groupe d’historiennes, trouve un relais politique au Grand Conseil où une députée veut pérenniser le projet.

    Trop masculine, voire parfois politiquement incorrecte, la nomenclature des rues est fréquemment remise en question, en Suisse et ailleurs. Preuve tangible de la mémoire collective, elle agit comme un baromètre de la sensibilité, rendant soudain encombrantes certaines personnalités jadis encensées. A Neuchâtel, l’espace dédié au scientifique Louis Agassiz, éminent glaciologue également auteur de thèses racistes, a été débaptisé l’an dernier au profit de Tilo Frey, première élue noire au Conseil national. En matière de genre, le déséquilibre actuel apparaît lui aussi comme le reliquat d’un monde où les femmes ne comptaient pas ou peu. Face à la pression, les villes tentent de renverser la tendance. A l’instar de la municipalité lausannoise, qui a récemment décidé d’attribuer les quatre premiers noms de rues du futur écoquartier des Plaines-du-Loup à des femmes.

    Dans le canton de Genève, seules 41 rues sur 589 rendent hommage à des femmes. La plus populaire des héroïnes de l’Escalade, la Mère Royaume, Catherine Cheynel de son nom de jeune fille, n’a droit qu’à une ruelle de 150 mètres aux Pâquis. Parmi les rares élues, on trouve la journaliste Emilie Gourd, l’écrivaine Alice Rivaz ou encore la doctoresse Marguerite Champendal. « Symbole de la domination masculine dans l’histoire et, partant, dans l’espace public, ce déséquilibre n’est pourtant pas motivé par des critères de sélection objectifs », souligne Myriam Gacem, membre de L’Escouade. La loi ne fait en effet aucune mention du genre : la personne honorée doit avoir marqué de manière pérenne l’histoire de Genève et être décédée depuis plus de dix ans. Force est de constater que la marge d’interprétation a laissé place à l’arbitraire.

    #Asymétrie de genres

    Des femmes illustres, ambitieuses par leur œuvre ou leur engagement, Genève en regorge. Sur mandat de L’Escouade, onze historiennes de l’Université de Genève en ont retenu cent et effectué un travail minutieux pour retracer des parcours souvent inconnus du grand public. Sur la liste qui sera égrenée jusqu’au mois de juillet, on trouve ainsi Marguerite Frick-Cramer (1887-1963), première femme déléguée du CICR, Hélène Gautier-Pictet (1888-1973), fondatrice du Centre de liaison des associations féminines genevoises, Jeanne Henriette Rath (1773-1856), artiste peintre qui a financé le musée bien connu de la place de Neuve, ou encore Alexandra Kollontaï (1872-1952), ambassadrice de l’URSS et fervente féministe.

    A partir de quand juge-t-on que quelqu’un a marqué durablement l’histoire ? Pour Daniela Solfaroli Camillocci, professeure à l’Institut d’histoire de la Réformation et membre du groupe d’historiennes, le choix est éminemment politique. « Historiquement, des critères de sélection subjectifs ont produit des asymétries de genres, observe-t-elle. Ecrire l’histoire des femmes en insistant sur leurs affects, définir leur identité à travers leur affiliation au groupe familial ou encore perpétuer leur caractère exceptionnel, tous ces réflexes ont contribué à une invisibilisation des femmes dans l’espace public. »
    Reconfigurer l’espace public

    Exhumer des parcours oubliés peut sembler compliqué. En se plongeant dans les archives d’Etat, d’institutions et d’associations, tout comme dans la littérature secondaire, les chercheuses ont pourtant été confrontées à une abondance de matière. « Travailler en groupe nous a permis d’ouvrir nos perspectives, pour représenter des milieux sociaux, des identités et des trajectoires les plus variés possible », souligne Daniela Solfaroli Camillocci. Certains milieux sociaux défavorisés n’ont en revanche laissé aucune trace. La sélection inclut donc des figures collectives, les « trente immortelles de Genève » ou encore les horlogères, pour combler ces vides. Reste que les enjeux de la mémorialisation évoluent constamment : « Les choix d’aujourd’hui ne seront pas les mêmes dans vingt ans. »

    Au parlement, une motion de la députée d’Ensemble à gauche Jocelyne Haller, soutenue par les socialistes, les Verts et le PDC, donne trois ans au canton pour féminiser les rues genevoises sur la base de la liste établie. « Donner des noms de femmes aux ouragans semble aller de soi, relève-t-elle. Lorsqu’il s’agit de rues ou d’établissements scolaires, c’est plus compliqué. » A quelques mois de la grève des femmes, le sujet dépasse selon elle le clivage gauche-droite. Si sa proposition n’est pas discutée d’ici au 14 juin, elle n’exclut pas de demander l’urgence.
    Volonté politique

    A Genève, le « réflexe féminin » est déjà présent, assure Sandrine Salerno, cheffe du Département des finances. « Ce projet s’inscrit dans la politique de l’égalité que mène la ville pour valoriser le travail des femmes. » A défaut de débaptiser massivement, la ville compte plutôt profiter des nouveaux quartiers pour honorer des femmes. « Dans le secteur de la gare des Eaux-Vives, toutes les nouvelles rues ont des noms de femmes, précise Rémy Pagani, chef du Département de l’aménagement et des constructions. Le futur pont du CEVA, à Carouge, sera celui des Orpailleuses. » Une fois complète, la liste des « 100Elles* » sera envoyée à toutes les communes pour les sensibiliser.

    Lire aussi : La seconde vie des sorcières sur Wikipédia

    Selon quel processus nomme-t-on une rue ? Les communes donnent des préavis à la commission de nomenclature qui soumet les propositions au gouvernement pour validation. « En 2012, ce dernier avait modifié la réglementation pour privilégier les dénominations courtes se référant à la toponymie locale, puis il est revenu en arrière en 2015, rappelle Geneviève Arnold, ancienne membre de la commission. Nous y étions personnellement opposés considérant les enjeux de mémoire et de préservation de l’histoire locale. »
    Baptiser et débaptiser

    Débaptiser une rue, en revanche, est un processus rare, long et complexe. Il faut motiver la demande auprès de la commission de nomenclature avec des sources historiques. Et cela ne se fait pas toujours sans accroc. « En 2012, la rue Sautter a dû être renommée pour cause de travaux, se souvient Geneviève Arnold. Le choix d’honorer Gabrielle Perret-Gentil (1910-1999), gynécologue et obstétricienne qui s’est notamment battue pour le droit des femmes à l’avortement, n’a pas fait l’unanimité au sein du conseil d’Etat ni des Hôpitaux universitaires de Genève qui auraient préféré un homme. » Par le passé, le processus de dépabtisation s’est aussi observé dans le sens inverse. En Vieille-Ville, la rue des Belles-Filles, jadis lieu de rendez-vous libertins, est aujourd’hui la rue de l’écrivain et pasteur Etienne Dumont (1759-1829).

    https://www.letemps.ch/suisse/rues-genevoises-voie-feminisation
    #Genève #noms_de_rue #toponymie #toponymie_féministe #résistance #féminisme #re-nomination #repabtisation #action_toponymique #toponymie_politique
    Pour archivage, article paru le 5 avril 2019

    • 22.06.2019| Deuxième partie consacrée au collectif #femmes dans ta rue. En marge de la Grande Grève Féministe, le collectif romand constelle la rue d’images de femmes invisibilisées, Qu est ce le mécanisme quasi automatique, pourquoi et comment le renverser. Une rencontre passionnante !


      http://libradio.org/?page_id=6474

      Pour écouter le podcast :

      http://libradio.org/wp-content/uploads/2019/06/s7_Visite_Master.mp3

      #audio

    • A Genève, les noms de rue se féminisent

      D’ici la fin de l’année, dix rues et places de Genève vont être « rebaptisées » de noms de femmes. Le projet initié par des militantes féministes vient d’être officiellement approuvé par le canton. Il permettra de donner leur place aux femmes dans l’Histoire et l’espace public genevois.

      A Genève, seuls 7% des rues portant des noms de personnes font référence à des femmes. Pourquoi ? « Les hommes sont-ils les seuls à avoir contribué à l’histoire de Genève ? », s’interroge le collectif du projet 100 Elles*, qui a fait les comptes : 548 rues genevoises portent des noms d’hommes et 41 des noms de femmes. Après un long travail d’enquête et de recherches, en collaboration avec les autorités locales, le projet a donc fini par voir le jour. Remettre en lumière ces femmes oubliées de l’histoire de la ville. Leur (re)donner la place (ou la rue) qu’elles méritent.

      Fin 2020, la place des 22-Cantons s’appellera place #Lise_Girardin, du nom de la première femme maire de la Ville de Genève et en Suisse, en 1968 ; elle fut aussi la première femme élue au Conseil des Etats, en 1971.

      L’avenue William-Favre va inclure sa sœur #Alice_Favre, présidente de la Croix-Rouge genevoise, tandis que la rue de la Pisciculture deviendra celle des #Trois-Blanchisseuses, d’après un fait divers tragique : trois blanchisseuses se sont noyées dans le Rhône en 1913, suite à l’écroulement d’un bateau-lavoir mal entretenu.

      « D’autres suivront »

      « Il s’agit de la première fournée, d’autres suivront ces prochaines années », a indiqué devant les médias le président du Conseil d’Etat Antonio Hodgers.

      La Ville de Genève se réjouit de cette décision. Elle va accompagner les habitants et entreprises concernés par ces changements. Elle précise que les démarches à entreprendre seront limitées, puisque la plupart des modifications se feront de manière automatique et groupée auprès de l’Office cantonal de la population, des Services industriels ou encore de La Poste.

      Quatre noms en attente

      Pour ces modifications, des lieux qui ont peu d’adresses ont été choisis, sans pour autant se limiter à des ruelles sans visibilité. Le rapport entre la personne et le lieu a aussi été pris en compte, tout comme les répétitions. Alors qu’il existe un pont et une rue des Acacias, le parc éponyme deviendra le parc #Eglantyne-Jebb, d’après la fondatrice de l’association Save the Children.

      La commission cantonale de la nomenclature a toutefois refusé de débaptiser la place du Cirque et quatre rues. Informés par la Ville de Genève de cette démarche, les habitants de la rue #Jean-Violette, par exemple, se sont opposés à ce qu’elle soit renommée. La municipalité doit faire de nouvelles propositions de rues pour pouvoir leur donner les noms de quatre femmes validés par la commission.

      « C’était drôle car l’annonce a été faite le jour des 50 ans du MLF, dont le slogan était qu’un homme sur deux était une femme. Ce n’est pas encore le cas dans la nomenclature de la Ville de Genève et dans bien d’autres villes dans le monde ! Mais on est tout de même évidemment très contentes, c’est sûr nous ne sommes pas encore à la parité, mais c’est une première étape, ça va continuer dans les années à venir. C’est sûr que dix sur plus de 500 rues, c’est pas encore gagné ! », réagit Justine Barton, du groupe féministe L’Escouade, jointe par Terriennes.

      « Il y aura toujours des mécontents, c’est souvent ceux qu’on entend le plus !, confie-t-elle, Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on ne veut pas changer l’histoire, on veut juste visibiliser des personnes qui ont aussi existé, les habitants ne se rendent pas forcément compte de cette partie de l’histoire, ni écrite ni visibilisée encore. Mais on a aussi des réactions très positives. Il y a mêmes certaines personnes qui nous demandaient si, avec les plaques alternatives, elles pouvaient déjà changer d’adresse et recevoir leur courrier ! C’est certain, c’est un changement majeur, et pour les nouvelles adresses, la municipalité a promis d’accompagner les Genevois.es. En tout cas, la cause en vaut la peine ! »

      Quant aux futures plaques portant les noms de femmes, la militante nous l’assure, « Elles seront bleues, comme les autres ».

      https://information.tv5monde.com/terriennes/geneve-les-noms-de-rue-se-feminisent-372621

    • La #répartition_des_tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la #conversation (Première partie)

      Contrairement à l’impression première que l’on a, la conversation n’est pas une activité à laquelle on se livre spontanément ou inconsciemment. Il s’agit d’une activité structurée, ne serait-ce que par son ouverture, ses séquences et sa fermeture, et elle a besoin d’être gérée par les participant-e-s. Nous parlerons indifféremment de conversations, de dialogues ou de discussions pour faire référence à tout échange oral. Nous les caractériserons par le fait qu’aucun scénario n’en a été fixé à l’avance et que ces conversations sont en principe égalitaires, à la différence des entretiens dirigés, des cérémonies ou des débats. Nous allons donc nous intéresser à la gestion du dialogue mixte au regard du genre des personnes impliquées. Ainsi, nous verrons que les pratiques conversationnelles sont dépendantes du genre et nous en chercherons les conséquences sur le déroulement de la conversation.

      La conversation est une forme fondamentale de communication et d’interaction sociale et, à ce titre, elle a une fonction des plus importantes. Elle établit et maintient des liens entre les personnes, mais c’est aussi une activité « politique », c’est-à-dire dans laquelle il existe des relations de pouvoir. Dans une société où la division et la hiérarchie des genres est si importante, il serait naïf de penser que la conversation en serait exempte. Comme pratique sur laquelle nous fondons notre vie quotidienne, elle ne peut que refléter la nature genrée de la société. Nous nous demanderons si, au-delà du fait d’être un miroir de la société, elle ne réactive et ne réaffirme pas à chaque fois les différences et les inégalités de genre.

      La longueur des contributions

      Nous nous référerons constamment au modèle de conversation décrit par Sacks H., Schegloff E. et Jefferson G. en 1974. Selon ce modèle, les systèmes d’échange de parole sont en général organisés afin d’assurer deux choses : premièrement, qu’une seule personne parle à un moment donné et deuxièmement que les locutrices/teurs se relaient. La/le locutrice/teur peut désigner la/le prochain-e mais en général, ce sont les conversant-e-s qui décident de l’ordre des prises de parole. Le dialogue idéal suppose donc que l’un-e parle pendant que l’autre écoute, puis vice-versa et ainsi de suite, sans qu’il y ait de chevauchements de parole, d’interruptions ou de silence entre les tours. L’hypothèse est que ce modèle doit être valable pour tou-te-s les locuteurs/trices et toutes les conversations. Il devrait donc tendre dans son application à une symétrie ou à une égalité. Ce modèle est décrit comme indépendant du contexte, c’est-à-dire des facteurs tels que le nombre de personnes, leur identité sociale ou les sujets de discussion. Une fois mis en application, il devient toutefois sensible au contexte et s’adapte aux changements de circonstances dus aux facteurs évoqués plus haut.

      La première question sur laquelle nous nous interrogerons à propos du dialogue mixte concerne le temps de parole que chacun-e s’octroie. On présuppose généralement que les deux personnes aient un temps de parole assez similaire pour qu’elles puissent toutes deux exprimer leur point de vue, leurs sentiments, intentions ou projets de façon égalitaire. Le dialogue est perçu couramment par une majorité de personnes comme un lieu de partage et d’échange permettant de promouvoir une compréhension mutuelle où un-e interlocuteur/trice n’est pas censé-e prendre une plus grande partie de ce temps que l’autre.

      Selon l’opinion communément admise, ce sont les femmes qui parleraient plus que les hommes. Le stéréotype de la femme bavarde est certainement, en ce qui concerne la différence des sexes et la conversation, l’un des plus forts et des plus répandus. Paradoxalement, c’est aussi celui qui n’a jamais pu être confirmé par une seule étude. Bien au contraire, de nombreuses recherches ont montré qu’en réalité, ce sont les hommes qui parlent le plus. Déjà en 1951, Strodtbeck a mis en évidence que dans des couples hétérosexuels mariés, les hommes parlaient plus que les femmes.

      Mais comment expliquer un tel décalage entre le stéréotype et la réalité ? Comment se fait-il que, bien que tou-te-s nous nous soyons retrouvé-e-s dans des situations où il était clair que les hommes monopolisaient la parole, si peu d’entre nous en aient profité pour questionner le bien fondé de cette croyance ?

      Dale Spender s’est penchée sur ce mythe de la femme bavarde afin d’en analyser le fonctionnement. Ce stéréotype est souvent interprété comme affirmant que les femmes sont jugées bavardes en comparaison des hommes qui le seraient moins. Mais il n’en va pas ainsi. Ce n’est pas en comparaison du temps de parole des hommes que les femmes sont jugées bavardes mais en comparaison des femmes silencieuses (Spender, 1980). La norme ici n’est pas le masculin mais le silence, puisque nous devrions toutes être des femmes silencieuses. Si la place des femmes dans une société patriarcale est d’abord dans le silence, il n’est pas étonnant qu’en conséquence, toute parole de femme soit toujours considérée de trop. On demande d’ailleurs avant tout aux femmes d’être vues plutôt qu’entendues, et elles sont en général plus observées que les hommes (Henley, 1975).

      On voit bien déjà ici que ce n’est pas la parole en soi qui est signifiante mais le genre. Une femme parlant autant qu’un homme sera perçue comme faisant des contributions plus longues. Nos impressions sur la quantité de paroles émises par des femmes ou des hommes sont systématiquement déformées. Je recourrai ici au concept toujours aussi pertinent du double standard utilisé par les féministes pour expliquer nombre de situations en rapport avec le genre. Un même comportement sera perçu et interprété différemment selon le sexe de la personne et les assignations qu’on y rapporte. Quel que soit le comportement en question, le double standard tendra à donner une interprétation à valeur positive pour un homme et négative pour une femme. Nous verrons que si les hommes peuvent donc parler autant qu’ils le désirent, les femmes, elles, pour la même attitude, seront sévèrement sanctionnées. De nombreux travaux se servent de l’évaluation différentielle des modes de converser des femmes et des hommes, nécessaire à l’étude de la communication genrée. Une étude faite lors de réunions mixtes dans une faculté montre la différence énorme de temps de parole entre les femmes et les hommes (Eakins & Eakins, 1976). Alors que le temps moyen de discours d’une femme se situe entre 3 et 10 secondes, celui d’un homme se situe entre 10 et 17 secondes. Autrement dit, la femme la plus bavarde a parlé moins longtemps que l’homme le plus succinct ! Beaucoup d’études à ce propos portent sur des contextes éducationnels, comme des classes. Bien que ceci dépasse le cadre du dialogue, il me semble intéressant d’en dire quelques mots. Sans faire une liste des différences de socialisation selon le sexe, qui sont déterminantes pour l’accès à la parole, je vais juste m’arrêter sur celles qui concernent plus spécifiquement l’espace de parole laissé à l’école aux filles et aux garçons.

      Les enfants n’ont pas un accès égal à la parole (Graddol & Swann, 1989). Dans les interactions de classe, les garçons parlent plus que les filles. Les enseignant-e-s donnent beaucoup plus d’attention aux garçons. Elles et ils réagissent plus vivement aux comportements perturbateurs des garçons, les renforçant de ce fait. Elles/ils les encouragent aussi beaucoup plus. Les échanges verbaux plus longs se passent majoritairement avec les garçons ainsi que les explications données. Et l’on sait combien il est difficile d’agir égalitairement, même en faisant des efforts. Une étude de Sadker & Sadker (Graddol & Swann, 1989) portant sur cent classes montre que les garçons parlent en moyenne trois fois plus que les filles. Qu’il est aussi huit fois plus probable que ce soient des garçons qui donnent des réponses sans demander la parole alors que les filles, pour le même comportement, sont souvent réprimandées.

      S’il me semblait important de commencer par la remise en question de ce premier mythe, c’est parce que parler plus longtemps que les autres est un bon moyen de gagner du pouvoir et de l’influence dans un dialogue. Ceci est d’ailleurs bien perçu par tout le monde. Chez Strodtbeck citée plus haut par exemple, les couples interrogés, et autant les femmes que les hommes, associaient à une plus grande quantité de parole une plus grande influence. Il s’agit maintenant de voir concrètement comment s’exerce cette influence et de montrer en quoi la quantité de paroles émises est un indicateur de dominance conversationnelle. En effet, le temps de parole est fonction de nombreux facteurs interactionnels, parmi lesquels le fait de pouvoir terminer son tour de parole sans interruption de la part de son interlocuteur semble être un des plus importants.

      http://lmsi.net/La-repartition-des-taches-entre

      Deuxième partie : Les pratiques conversationnelles des hommes
      http://lmsi.net/La-repartition-des-taches-entre,702

  • Du bon usage des barbelés. Pourquoi la gauche éprouve tant de mal à admettre que les frontières tuent

    Dans une récente interview à la revue Ballast, le philosophe et économiste #Frédéric_Lordon aborde la question des #violences infligées aux migrantes et aux migrants en concluant qu’il est illusoire de lutter pour la #liberté_de_circulation. Lui plaide pour des frontières « plus intelligentes ». Au passage, il met en cause le journaliste indépendant Olivier Cyran, accusé de tenir sur le sujet des positions déraisonnables. Dans un contexte de forte mobilisation sociale et de vive confusion politique, ce dernier se saisit de cette perche pour questionner le rapport de la #gauche aux frontières et la stratégie périlleuse de sa principale composante, la #France_insoumise.

    Dans L’Homme qui n’a pas d’étoile, de King Vidor, il y a cette scène où un éleveur de bétail conseille au cow-boy solitaire joué par Kirk Douglas d’utiliser du fil de fer barbelé. En entendant ce mot, le héros se raidit, ses traits se durcissent. « Qu’est-ce qui ne va pas ? », demande l’éleveur. Et Kirk de lui répondre sèchement : « Je n’aime pas ça, ni celui qui s’en sert. »

    On repensait à cette réplique, l’autre jour, en voyant les images de soldats américains en train de dérouler sur les rives du Rio Grande des kilomètres de bobines de barbelé concertina – variante autrement plus redoutable, avec ses lames de rasoir conçues pour trancher jusqu’à l’os, que le gros barbelé à pointes inventé en 1874 par un fermier prospère de l’Illinois [1].

    C’est le même modèle qui borde la rocade menant au port de Calais, où il couronne un tentaculaire lacis de clôtures et de détecteurs à rayonnement infra-rouge. Dans le Pas-de-Calais, sa fonction consiste à stopper les saute-frontière et, s’ils insistent, à leur infliger des lacérations que les médecins sur place comparent à des blessures de guerre.

    Aux Etats-Unis, l’actuelle débauche de barbelés visait la « caravane des migrants », cette marche d’environ cinq mille personnes parties du Honduras début octobre à la recherche d’une meilleure vie dans le Premier monde. Les trimardeurs et les grandes voyageuses n’avaient pas encore atteint Mexico, à mille bornes du point frontière nord-américain le plus proche, que déjà Donald Trump dépêchait ses troupes à leur rencontre en annonçant, la bave littéralement aux lèvres, qu’elles avaient l’ordre de tirer dans le tas au premier jet de pierre – comme à Gaza, mais au Texas.

    Un spectre hante la gauche : le « No border »

    On s’est surpris à y repenser encore, par ricochets, en parcourant le très long entretien accordé à Ballast par Frédéric Lordon. Au cours de cet exercice en trois volets, consacré en sa partie centrale à valider la stratégie d’accès au pouvoir de la France insoumise, l’économiste hétérodoxe s’attaque entre autres à la question des migrantes et des migrants, en laissant entendre que les violences qu’ils et elles endurent feraient l’objet d’une attention excessive ou trop moralisante de la part d’une partie de la gauche.

    La « pensée militante » serait mieux employée à se fondre dans la « dynamique à gauche » incarnée avec prestance par Jean-Luc Mélenchon qu’à bassiner tout le monde avec nos histoires de barbelés, de duvets confisqués par la police et de centres de rétention qui débordent, puisque, souligne Lordon, « il ne devrait pas être nécessaire de dire qu’au premier chef, ce qui est insoutenable, c’est le sort objectif fait aux migrants. Car d’abord ce devrait être suffisamment évident pour qu’on n’ait pas à le dire. »

    Dans le champ de mines à fragmentation de la « vraie » gauche, la voix de Frédéric Lordon ne compte pas pour du beurre. Ses analyses sur la crise de 2008 ou sur le garrottage de la Grèce ont permis à des milliers de cancres en économie dans mon genre d’y voir plus clair sur le fonctionnement des banques, des institutions qui les gavent et des calamités qu’elles provoquent. Quand il passe à la débroussailleuse les fausses évidences du « système des prescripteurs » et raille leur « radicale incapacité de penser quoi que ce soit de différent », on boit volontiers du petit lait.

    Mais les efforts d’imagination qu’il mobilise pour concevoir des alternatives à l’ordre économique dominant ne paraissent plus de mise quand il s’agit des frontières. À rebours de la hardiesse qui l’avait conduit par exemple à appeler à la fermeture de la Bourse, Lordon prêche sur ce sujet la conservation de l’existant et sa répugnance pour les « No border », appellation qu’il s’abstient de définir, mais sous laquelle il semble ranger les quelques effronté.e.s qui, considérant la criminalité d’État instituée par les frontières, oseraient mettre en doute leur bien-fondé intrinsèque.

    Nous sommes quelques-uns en effet à considérer que les frontières physiques – non pas celles qui se volatilisent devant les capitaux et les marchandises, mais celles qui repoussent, blessent ou tuent les voyageurs sans visa au moyen d’un nombre toujours croissant de policiers, de garde-côte, de mercenaires, de fichiers d’empreintes digitales, de capteurs biométriques, de détecteurs de chaleur humaine ou de systèmes de surveillance satellitaire – ne constituent pas nécessairement l’horizon indépassable de la condition humaine, et qu’il y a lieu peut-être d’envisager leur démontage.

    Policiers à la cool et frontières intelligentes

    Chacun l’aura remarqué, ce point de vue n’occupe pas une place écrasante dans le débat public. S’il inspire un certain nombre d’actions militantes courageuses et salutaires, il ne bénéficie d’aucune espèce de visibilité dans le champ médiatique, politique ou intellectuel. En fait il n’est même jamais énoncé, encore moins discuté.

    D’où notre étonnement de voir Lordon s’en emparer brusquement pour s’efforcer de le disqualifier davantage, comme s’il y avait péril en la demeure. À ses yeux, remettre en cause la légitimité des frontières, c’est dégringoler tête en avant dans un « néant de la pensée » – le mien, en l’occurrence, puisque je me retrouve nommément visé dans ce passage.

    Les frontières, nous enseigne-t-il, ne sont pas mauvaises en soi. Elles sont, point barre. Elles peuvent d’ailleurs « prendre des formes extrêmement variées, des plus haïssables [...] jusqu’à de plus intelligentes. » Comment s’y prendre pour améliorer le QI d’une clôture ou d’une patrouille de Frontex, Lordon ne le précise pas – c’est sans doute, là aussi, « suffisamment évident pour qu’on n’ait pas à le dire ».

    On se contentera de prendre pour acquis que les frontières intelligentes font de bien belles choses, qu’elles « encouragent même circulation et installation, mais n’abandonnent pas pour autant l’idée d’une différence de principe entre intérieur et extérieur ». On est ravi de la nouvelle et on voudrait bien les connaître, ces murs de qualité qui allient gentillesse et attachement aux principes éternels.

    En quoi elle consiste au juste, la « différence de principe entre intérieur et extérieur », Lordon ne le précise pas non plus, mais on ne jurerait pas qu’elle n’ait rien à voir avec ces quinze migrants qui viennent de mourir de faim et de soif à bord d’un canot qui dérivait depuis douze jours au large des côtes libyennes. Ou avec ce sans-papiers guinéen forcé par un agent de la Police aux frontières de Beauvais de se mettre à genoux et de lui lécher ses chaussures.

    Mais attention, nous avertit le philosophe : le problème viendrait surtout de ces énergumènes qui voudraient détruire les frontières et jeter le barbelé avec l’eau du bain. « C’est de la problématisation pour “On n’est pas couché” ou pour C-News. En matière d’institutions, “pour ou contre”, c’est la pire manière de poser les questions », décrète-t-il, et là encore, c’est mézigue dont les oreilles sifflent.

    Ses remontrances font suite à une série de remarques que j’avais postées sur le réseau Twitter, puis remises en ligne ici-même, en réaction épidermique [2] à diverses prises de position sur le sujet, y compris celles, en effet, de Frédéric Lordon, détaillées précédemment sur son blog et révélatrices à mes yeux du fond de sauce mélenchonien qui englue les synapses de la gauche.

    Le différend qui nous oppose sur la question des frontières le conduit, dans un autre passage de son interview, à se demander quelles substances je consomme lorsque j’écris mes trucs. C’est une question légitime. J’avoue m’être parfois posé la même à son sujet, moins pour ses idées que pour ses tournures de phrase sophistiquées, cette fameuse « Lordon’s touch » qui procure à ses lecteurs un mélange unique de ravissement et de maux de tête. On devrait peut-être s’échanger les 06 de nos fournisseurs.

    Ne dites plus « prolétaires de tous les pays, unissez-vous »,
    dites « prolétaires de tous les pays, soyez gentils, restez chez vous »

    En lui répondant ici, je me plie à un exercice inconfortable. Lordon est une figure de la vie intellectuelle française, chercheur au CNRS et auteur prolifique, dont la sphère d’influence est sans commune mesure avec celle d’un journaliste précaire qui place ses piges où il peut et ne se connaît pas d’autres compétences que de faire du reportage au ras du sol. Nous ne jouons pas dans la même catégorie. Rien qu’à l’idée d’écrire à la première personne, je baille nerveusement. Mais puisque Lordon me fait l’honneur de me rabrouer avec insistance, en m’attribuant le rôle de repoussoir au service de sa démonstration, prenons cela comme un cadeau et profitons-en pour tâcher de tirer les choses au clair.

    Comme dit la chanson, « on lâche rien, on lâche rien ». Pourtant nous vivons une époque où on lâche beaucoup, au contraire, et même de plus en plus. Au cours de ces dernières années, par épluchages successifs, le périmètre de la gauche n’a cessé de se ratatiner. Quantité de références que l’on croyait l’apanage des tromblons réactionnaires ont percé son épiderme idéologique, nation, patrie, armée, police et fanion bleu-blanc-rouge n’y sont plus des cibles, mais des fétiches. « Oui, j’aime mon pays, oui, j’aime ma patrie ! Et je suis fier d’avoir ramené dans nos meetings le drapeau tricolore et la Marseillaise », proclame Jean-Luc Mélenchon [3].

    On lâche tout, on lâche tout, et c’est là que Lordon jaillit pour nous enjoindre de lâcher plus encore. L’internationalisme hérité de l’histoire du mouvement ouvrier, sans parler du rudimentaire principe de solidarité entre les abimé.e.s de ce monde, ne seraient plus que des breloques bonnes à remiser sur un napperon en dentelle. Ne dites plus « prolétaires de tous les pays, unissez-vous », dites plutôt « prolétaires de tous les pays, soyez gentils, restez chez vous ».

    À quoi s’ajoute que la question des frontières est devenue au fil de ces derniers mois un redoutable sac à embrouilles, débordant sur d’autres épineuses questions, liées notamment aux choix stratégiques de la France insoumise.

    Au point où on en est, ce n’est peut-être pas du luxe de le vider, ce sac, et de démêler un peu les désaccords, non-dits et quiproquos qui s’y sont accumulés, non par goût pour la chamaille, mais dans l’espoir d’éviter que « No border » devienne irrémédiablement un gros mot.

    Du mauvais côté de la barrière

    Pour cela, un retour sur les épisodes précédents s’impose. Fin septembre, trois médias classés plutôt à gauche – Politis, Regards et Mediapart – publient conjointement un « manifeste pour l’accueil des migrants » signé par cent cinquante « personnalités ». À partir d’un tableau succinct, pour ne pas dire sommaire, du bain de xénophobie où clapotent les décideurs politiques de France et d’Europe, leur texte se borne à affirmer que « la liberté de circulation et l’égalité des droits sociaux pour les immigrés présents dans les pays d’accueil sont des droits fondamentaux de l’humanité ». Pas de quoi se rouler par terre, mais, dans le contexte de sa parution, ce bref rappel à un principe de décence élémentaire fait l’effet d’une bulle d’oxygène.

    Il intervenait quelques jours après la décision du gouvernement Macron d’interdire à l’Aquarius, alors le dernier navire de sauvetage encore actif en Méditerranée, d’accoster en France et d’y débarquer les cinquante-huit rescapés recueillis à son bord. C’est qu’il est inconcevable, pour les start-uppers en chef de la nation, de déroger à leur politique de non-assistance aux naufragés, l’un des rares sujets sur lesquels les membres de l’Union européenne n’ont eu aucun mal à se mettre d’accord. On est déjà bien assez occupé à traquer les migrants sur notre territoire et à leur administrer un luxe inouï d’épreuves et de brutalités en tous genres pour se soucier d’en accueillir d’autres, surtout quand ils ont le mauvais goût d’être encore en vie. Le droit d’asile, dorénavant, ce sera au fond de l’eau ou dans les camps libyens.

    Deux semaines plus tôt, des hommes, des femmes et des enfants naufragés près des côtes maltaises avaient lancé un appel de détresse aux secours italiens, qui firent la sourde oreille. Plus de cent personnes seraient mortes noyées, tandis que les « garde-côte » libyens, une milice de rabatteurs opérant en sous-traitance pour l’UE, ramenaient les survivants dans les geôles de Tripoli. Externaliser la protection de nos frontières maritimes méridionales vers un pays en ruines dominé par des clans mafieux a ceci d’immensément commode que nul ne se formalisera du sort qui les attend là-bas – la faim, les viols et les tortures passeront inaperçues. Loin des yeux, loin du cœur, comme on dit.

    Quand, le 19 septembre, le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) sonne une nouvelle fois l’alarme en qualifiant de « cauchemardesques » les conditions de détention dans les camps libyens, personne à Rome, Paris ou Berlin ne bronche. Un mois plus tôt, le décompte de l’Organisation mondiale pour les migrations (OMI) évaluant à dix-sept mille le nombre de morts en Méditerranée depuis 2014 – estimation basse – n’avait pas non plus soulevé d’émotions particulières.

    Opération guillemets pour les « forces de progrès »

    Entre parenthèses : à l’heure où j’écris ces lignes, on apprend que l’Aquarius, immobilisé dans le port de Marseille, ne reprendra plus la mer. Pourquoi ? Parce qu’après après avoir été privé de son pavillon panaméen sur intervention de l’Italie et avec la complicité des autres pays européens, le navire de sauvetage a échoué à se trouver un pays d’attache.

    Alors que le plus pourri des cargos poubelle peut battre pavillon sans la moindre difficulté, on s’arrange pour refuser ce droit à un bateau dont la fonction consiste à secourir des naufragés. Pestiféré, l’Aquarius, pour la seule raison qu’il sauve des vies. Que pareille obscénité se déroule sous nos yeux sans que nul ne moufte en dit long sur l’accoutumance de nos sociétés à la noyade de masse comme outil de gestion des flux migratoires.

    Dans un tel contexte, tout ce qui peut nuire aux intérêts des maîtres de la forteresse me paraît bon à prendre. Je précise, à toutes fins utiles, que je n’ai rien à vendre à Politis, Regards ou Mediapart, que les défendre n’est pas mon affaire et que, d’ailleurs, je n’ai pas non plus signé leur manifeste.

    D’abord, parce que je dispose d’autres moyens pour m’impliquer. Ensuite, parce que ces grandes pétitions par voie de presse, indexées sur la notoriété de leurs premiers signataires, se passent fort bien de mes services. Mais je me serais bien gardé de dissuader quiconque de le faire.

    On le savait bien, de toute façon, que cette initiative serait sans effet concret sur le calvaire des migrant.e.s, hors ou au sein de nos frontières – on est peut-être borné, mais pas idiot. Cela n’a pas non plus échappé aux associations qui l’ont signée, dont l’Auberge des migrants, Roya citoyenne, le Baam, Utopia 56, le Gisti, la Cimade, la Fasti, les coordinations de sans-papiers et d’autres encore.

    Si ces collectifs, dont l’existence n’est jamais mentionnée par Frédéric Lordon, ont jugé bon malgré tout de s’associer au texte, c’est probablement qu’ils lui reconnaissaient quelque utilité. Celui par exemple de faire entendre un autre son de cloche que le fracas des macronistes, vallsistes, ciottistes, lepénistes et éditorialistes. Personnellement, je cherche encore le coton-tige miracle qui m’ôtera du coin de l’oreille la voix de ce type de Valeurs Actuelles, François d’Orcival, invité permanent des « Informés » de France Info et incarnation chevrotante de la hargne migranticide, exhortant Emmanuel Macron à ne surtout pas céder au « chantage à l’émotion » des survivants de l’Aquarius. Ce genre de son, à force de tourner en boucle sur toutes les antennes, ça vous colle au pavillon comme un furoncle.

    Mais le principal intérêt du texte, du moins aux yeux des personnes engagées sur le terrain, c’est qu’il semblait offrir l’occasion aux diverses chapelles de la gauche de se retrouver sur un dénominateur commun : l’urgence de mobiliser leurs forces pour ne plus laisser les gens mourir noyés ou fracassés aux pieds de nos forteresses. De cesser de tortiller et de mettre de côté les bisbilles pour faire de cette question-là une priorité commune. Mais c’était encore trop demander.

    Au lieu de fédérer les « forces de progrès », avec guillemets de rigueur, l’initiative aboutit en fait à creuser un peu plus l’une de ses lignes de fracture les plus béantes. D’un côté, le gros de la gauche non-mélenchoniste, allant du groupuscule hamoniste jusqu’au NPA en passant par le PCF, ainsi qu’un large éventail de syndicalistes, de militantes et de responsables associatifs, tous signataires du texte ; de l’autre, la France insoumise, repliée sur son hégémonie, qui refuse de le signer et érige ce rejet en ligne officielle du parti.

    L’internationalisme, c’est has been, braillons plutôt la Marseillaise

    Pour justifier leur rebuffade, les théoriciens de la FI vont déployer un argumentaire contrasté, où la vexation de n’avoir pas été consultés par les auteurs du manifeste se mêle au reproche de ne point y voir nommément accusé Emmanuel Macron, comme si la responsabilité de ce dernier dans la situation décrite n’allait pas de soi.

    On daube aussi sur la présence parmi les signataires de Benoît Hamon, preuve putative de leurs accommodements avec les reliefs carbonisés du Parti socialiste, comme s’ils étaient encore en capacité de nuire, et comme si Mélenchon, revenu d’un PS dont il fut membre pendant trente-deux ans, était le mieux placé pour donner dans ce domaine des leçons de savoir-vivre.

    On voudrait nous enfumer qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Quand Lordon, dans son entretien, fustige longuement une opération de « retournement de veste en loucedé », d’« autoblanchiment symbolique » et d’« unanimité morale », on lui concède volontiers qu’il y a parfois des jonctions surprenantes. À preuve, la manifestation des Gilets jaunes du 1er décembre, soutenue par la France Insoumise, une partie du NPA, Attac, les cheminots de Sud-Rail, le Comité Adama et Frédéric Lordon lui-même, mais aussi par Marine Le Pen, les Patriotes et l’Action française.

    Quoi que l’on pense de cette juxtaposition insolite, on peut supposer que la présence d’un ex-hiérarque socialiste sur les Champs-Élysées ce jour-là n’aurait pas posé à Lordon un problème insurmontable. La question est donc : pourquoi serait-elle rédhibitoire dans un cas et pas dans l’autre ?

    En fait, la position de la FI est surtout d’ordre stratégique. Dans un espace politique de plus en plus imbibé de fachosphère, les stratèges du parti estiment que faire campagne sur des thèmes susceptibles de braquer une partie de l’électorat – immigration, racisme, islamophobie, sexisme, violences policières, etc – ruinerait leurs chances de victoire. Remporter des scrutins imposerait d’y aller mollo sur les sujets qui fâchent et de mettre le paquet sur le « social », entendu comme un moyen de ramener dans le bercail de la gauche les brebis égarées à l’extrême droite.

    En juin dernier, François Ruffin avait théorisé cette mission pastorale dans un article du Monde diplomatique. Racontant sa campagne électorale victorieuse de 2017 dans sa circonscription de la Somme, ravagée par la précarité et les délocalisations, il y explique que ce n’est pas avec du vinaigre que l’on attire les sympathisants de Marine Le Pen. « Maintenant, à leur chute économique et sociale il faudrait ajouter une autre condamnation : politique et morale. Qu’ils votent FN, se reconnaissent dans un parti ostracisé, et leur exclusion en sera légitimée. La double peine. »

    L’ostracisme dont serait victime le FN ne saute pas aux yeux, les chefferies éditoriales ayant plutôt tendance à lui cirer les bottillons, mais on comprend bien l’idée de la main tendue. « Le FN, je l’attaquais peu, poursuit-il. Comment des gens qui vont mal, socialement, économiquement, croiraient-ils que Mme Le Pen ou son père, qui n’ont jamais gouverné le pays, sont responsables de leurs malheurs ? Le FN se combat en ouvrant une autre voie aux colères, à l’espoir. En offrant un autre conflit que celui entre Français et immigrés [4]. »

    Quadriller serré, ratisser large

    Combattre le racisme consisterait donc à le balayer sous le tapis et à n’endosser que les revendications jugées peu ou prou lepéno-compatibles. Le cas de Ruffin démontre qu’une telle stratégie peut en effet s’avérer ponctuellement gagnante. Elle présente néanmoins un inconvénient, celui de devoir expliquer aux populations issues de l’immigration post-coloniale que leurs préoccupations particulières, liées aux diverses déclinaisons du racisme d’État, ne font pas partie des thématiques sociales retenues comme pertinentes par le parti et doivent donc être sacrifiées à la bonne cause.

    Le soutien inconditionnel et tonitruant apporté par la FI aux Gilets jaunes, et cela dès les premiers jours, quand l’imbrication de l’extrême droite dans le mouvement ne pouvait guère être ignorée, s’inscrit dans cette même hiérarchie des priorités. On ne s’offusquera pas qu’au milieu de la détresse sociale des fins de mois invivables, des Dupont-Lajoie sonnent la chasse au migrant.e.s, ou que des grandes gueules locales imposent la « baisse des charges » ou la « diminution de l’assistanat » dans le cahier de doléances du mouvement, du moment que l’occasion se présente d’aller chanter la Marseillaise avec son cœur de cible.

    Mais on ne peut durablement gagner sur les deux tableaux. Comme le suggère la récente défaite de la candidate FI à l’élection législative partielle d’Évry, dans l’ancienne circonscription de Manuel Valls, où l’abstention a atteint le niveau stratosphérique de 82 %, le message ne suscite pas forcément l’enthousiasme dans l’électorat populaire racisé. Ruffin a eu beau se rendre sur place pour instruire les habitant.e.s des HLM que leur « bulletin [était] un enjeu pour la patrie », la pêche aux voix, cette fois, n’a pas fonctionné.

    Appliquée à la question migratoire, cette stratégie périlleuse contraint la FI à marcher sur des œufs. D’un côté, elle doit tenir compte de la présence en son sein d’individus sincèrement acquis à la cause du droit d’asile, comme Danielle Obono, qui s’est âprement battue à l’Assemblée nationale contre la loi Asile et immigration, ou comme nombre de militants ici ou là. De l’autre, elle doit donner des gages aux électeurs alléchés par l’extrême droite qu’il ne saurait être question d’ouvrir les frontières comme ça à n’importe qui, pensez donc.

    C’est là que la figure du « No border » se révèle d’une irrésistible utilité. Pour se sortir de la position délicate où les place l’initiative de Politis-Regards-Mediapart, Jean-Luc Mélenchon et ses amis vont accuser ses initiateurs de vouloir démolir les frontières, ce patrimoine-de-l’humanité-que-nous-chérissons-tant. Un passage dans le manifeste va leur en fournir l’occasion : « Il est illusoire de penser que l’on va pouvoir contenir et a fortiori interrompre les flux migratoires. À vouloir le faire, on finit toujours par être contraint au pire. La régulation devient contrôle policier accru, la frontière se fait mur. »

    On pourrait pinailler sur sa formulation, mais le constat est juste. N’importe quel exilé à la rue vous le confirmera : l’État a beau lui construire des barrières électrifiées, le traquer avec un détecteur à battements cardiaques ou l’empêcher à coups de tonfa de se poser sur un bout de trottoir, tant qu’il respire il continuera de se glisser par un trou de souris. Les frontières tuent, mutilent, séparent, mais elles ne dissuadent pas les candidats au voyage de tenter leur chance. Pour prétendre le contraire, il faut vraiment ne rien connaître au sujet.

    Toute la misère du monde dans la tête

    Mais, sur son blog, Jean-Luc Mélenchon s’indigne : affirmer qu’elles n’ont pas l’efficacité qu’on leur attribue « revient à dire que les frontières ne sont plus assumées. Ce n’est pas du tout notre point de vue. Nous croyons au bon usage des frontières. »

    La suite est de toute beauté : « Notre rapport aux frontière n’est pas idéologique. Il est concret dans un monde où celles-ci n’ont cessé d’exister que pour le capital et les riches et où nous avons l’intention de les rétablir contre eux. Disons-le clairement, nous ne sommes pas d’accord pour signer à propos d’immigration un manifeste “no border”, ni frontière ni nation. Nombre de nos amis les plus chers qui ont signé ce texte disent à présent n’avoir pas repéré cette phrase que les rédactions “no border” ont su placer. »

    Il faut relire ce passage lentement pour en apprécier le numéro de patinage artistique : invoquer la lutte contre « le capital et les riches » pour justifier le maintien d’un dispositif qui sert surtout à stopper les pauvres.

    Par souci de conférer un semblant de logique à cette acrobatie, on assimilera ensuite les initiateurs du manifeste, décrits par ailleurs comme vendus à la macronie (ou, variante, à l’oligarchie), à des anarchistes échevelés qui planquent de la dynamite dans leurs tiroirs. Edwy Plenel, patron de Mediapart et ancien comparse moustachu d’Alain Minc et de Jean-Marie Colombani à la tête du Monde, et qui sur le tard en a surpris plus d’un par ses prises de positions plutôt dignes, mais pas farouchement révolutionnaires pour autant, a dû s’en sentir tout ragaillardi. François Ruffin n’a pas fait tant de politesses quand il a déclaré sur France Info le 13 septembre : « On ne peut pas dire qu’on va accueillir tous les migrants, ce n’est pas possible. »

    Voilà encore le genre de fausse évidence que, pour paraphraser Chomsky, on met trois secondes à balancer et une demie heure à démonter. D’abord, c’est qui, « tous les migrants » ? Faut-il entendre : tous les migrants du monde et de la galaxie ? Tous ceux qui se noient à nos portes ? Tous ceux qui n’en sont pas encore mais qui, dans un coin de leur tête, caressent l’idée qu’un de ces jours ils iraient bien eux aussi faire un petit tour sur les Champs-Élysées ? Croit-il que la planète entière attend dans les starting-blocks de se précipiter en France, sa « patrie », comme il l’appelle ? Sur invitation de qui, de ces hérétiques « No border » qui auraient squatté l’Élysée ? Et que veut dire « on ne peut pas », si l’on s’abstient de préciser tout ce que l’on peut, et tout ce que l’on doit ?

    Mais les esprits ont déjà été si bien préparés en amont pour recevoir ce genre de poncif épongé à gauche comme à droite – à commencer par le fameux « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » de Michel Rocard – que nulle objection ou demande de précision ne lui a été opposée, en tout cas par le préposé de France Info. L’« unanimisme moral » qui inquiète tant Frédéric Lordon ne triomphe pas toujours, apparemment.

    http://lmsi.net/Du-bon-usage-des-barbeles
    #violence #border_violence #frontières #mourir_aux_frontières #frontières_intelligentes #smart_borders #murs #ouverture_des_frontières #fermeture_des_frontières #barrières_frontalières #migrations #asile #réfugiés

  • Notes anthropologiques (XXI)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XXI

    L’objet de valeur
    Deuxième partie : B) La monnaie

    II. Il était une fois…

    Dans le chapitre précédent, je m’étais surtout attaché au lien qui unissait irrémédiablement la naissance de l’État à celle de la monnaie — plus précisément à une tournure d’esprit dont la monnaie est la confirmation. Je pense que ce rapport entre le pouvoir et l’argent a été trop souvent sous-estimé, quand il n’était pas ignoré, par les historiens et surtout par les philosophes. Je n’ai fait qu’aborder bien trop légèrement cette question qui mériterait un large développement. Mon propos ne consiste pas à m’attacher à la monnaie en tant que moyen d’échange, mais à saisir la dérive de la notion de valeur aboutissant à cet objet de valeur un peu particulier qu’est la monnaie. La formation des États représente un changement important dans l’organisation de la société. Ce changement dans les mœurs s’accompagne d’un changement dans les esprits si bien qu’il est difficile de distinguer les deux : la formation des États et la tournure d’esprit que cela implique. (...)

    #anthropologie #échange #don #État #Louis_Gernet #Polycrate #Grèce_antique #potlatch #Franz_Boas

  • Notes anthropologiques (XX)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XX

    L’objet de valeur
    Deuxième partie : B) La monnaie

    I. Naissance de l’État et naissance de la monnaie

    Comme l’objet de valeur dans les sociétés traditionnelles ou coutumières, la monnaie est l’enjeu d’une pensée spéculative qui se trouve à l’origine de l’activité générique, d’un mode d’échange propre à une société, dite encore communauté de pensée. Elle s’en distingue sur deux aspects : elle génère un mode d’échange particulier, l’échange marchand ; elle rend apparent un point de vue tout aussi particulier sur le monde, le point de vue du marchand s’imposant comme point de vue universel.

    La monnaie marque le passage d’un mode d’échange ouvert reposant sur le don à un échange fermé dans lequel le retour est obligatoire et préalablement fixé. C’est l’échange marchand. Et l’échange marchand n’apparaît pas dans la continuité des échanges traditionnels reposant sur le don et le don en retour, il marque plutôt un arrêt, une rupture, une autre orientation (...)

    #anthropologie #économie #échange #don #État #Louis_Gernet #Marcel_Mauss #Cnossos

  • Notes anthropologiques (XIX)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XIX

    L’objet de valeur
    Deuxième partie : A) l’objet de valeur

    Dans cette deuxième partie, je vais m’attacher dans un premier temps à l’objet de valeur sous son aspect général, une réflexion à bâtons rompus pour tenter de cerner la notion de valeur sans chercher à la figer coûte que coûte ; dans un second temps (« Notes anthropologique XX »), je m’intéresserai à un objet de valeur qui nous concerne plus directement, la monnaie (ou l’argent) afin de marquer ce qui différencie la monnaie, et la notion de valeur qui y est attachée, des autres objets de valeur qui ont cours dans d’autres civilisations ou qui ont eu cours en d’autres temps.

    Dans les notes anthropologiques antérieures j’avais conclu que l’objet de valeur n’était pas l’objet tel que le concevaient les scientifiques. C’est un objet spirituel, chargé d’esprit, et l’esprit, dans la mesure où il est lié à la vie sociale, est différent du sens attaché à l’objet scientifique qui, lui, exprime le lien entre l’individu et son environnement. (...)

    #anthropologie #échange #marchandise #monnaie #valeur #fétiche #esprit #maori #Louis_Gernet

  • Mémoires d’un révolutionnaire de Pierre Kropotkine
    https://fr.wikisource.org/wiki/M%C3%A9moires_d%E2%80%99un_r%C3%A9volutionnaire/Texte_entier

    Table des matières

    Biographie. VII

    Préface. XI

    PREMIÈRE PARTIE
    Mon Enfance.

    CHAPITRE PREMIER
    Moscou. — Le Vieux Quartier des Écuyers. — Premier souvenir. — La famille Kropotkine. — Mon père. — Ma mère. 1

    CHAPITRE II
    Ma belle-mère. — La méthode d’enseignement de M. Poulain. — Plaisirs du dimanche. — Mon goût pour le théâtre. — Ma participation au jubilé de Nicolas Ier — Entrée de mon frère à l’école des Cadets. 13

    CHAPITRE III
    Les serfs. — Vie de famille et relations mondaines. — Le carême et la fête de Pâques en Russie. — Scènes de la vie des serfs. — Départ pour la campagne. — Séjour à Nikolskoïé. 27

    CHAPITRE IV
    Mon éducation (suite). — Tableaux du servage. — Une triste destinée. — Instruction donnée à des serfs bien doués. — Une histoire de revenant. 48

    CHAPITRE V
    Souvenirs de la guerre de Crimée. — Mort de Nicolas I". — Mon développement intellectuel. — Mes goûts littéraires. — Mes essais de journalisme. 63

    DEUXIÈME PARTIE
    Le Corps des Pages.

    CHAPITRE PREMIER
    Mon entrée dans le Corps des Pages. — « Colonel ». — L’esprit dominant au Corps des Pages. 71

    CHAPITRE II
    L’enseignement au Corps des Pages. — Étude de l’allemand. — Grammaire et littérature russes. — Nos rapports avec les maîtres d’écriture et de dessin. — « Une soirée au bénéfice » du maître de dessin. 84

    CHAPITRE III
    Correspondance avec mon frère sur des questions de science, de religion, de philosophie et d’économie politique. — Entrevues secrètes avec mon frère. — Étude pratique d’économie sociale — Contacts avec le peuple. 96

    CHAPITRE IV
    Temps orageux au Corps des Pages. — Obsèques solennelles de l’impératrice Alexandra. — Etudes dans les classes supérieures du Corps des Pages ; l’enseignement de la physique, de la chimie et des mathématiques. — Occupations aux heures de loisir. — L’opéra italien à Pétersbourg. 111

    CHAPITRE V
    La vie de camp à Péterhof. — Exercices militaires en présence de l’empereur. — Enseignement pratique. — Diffusion des idées révolutionnaires. — Abolition du servage. — Importance et conséquence de cette abolition. 124

    CHAPITRE VI
    La vie de cour à Pétersbourg. — Le système d’espionnage à la cour. — Caractère d’Alexandre II. — L’Impératrice. — Le prince héritier. — Alexandre III. 143

    CHAPITRE VII
    Je choisis un régiment de Cosaques sibériens. — Epouvantable incendie à Pétersbourg. — Commencement de la réaction. — J’obtiens le brevet d’officier. 158

    TROISIÈME PARTIE
    Sibérie.

    CHAPITRE PREMIER
    La Sibérie. — Travaux de réforme en Transbaïkalie. — L’insurrection polonaise. — Ses conséquences funestes pour la Pologne et la Russie. 173

    CHAPITRE II
    Annexion et colonisation de la province de l’Amour. — Un typhon. — En mission à Pétersbourg. 189

    CHAPITRE III
    Je traverse la Mandchourie déguisé en marchand. — Je remonte le Soungari jusqu’à Kirin. — Des mines d’or à Tchita. 205

    CHAPITRE IV
    Ce que j’ai appris en Sibérie. — Exilés polonais dans la Sibérie orientale. — Leur révolte. — Je quitte le service militaire. 221

    QUATRIÈME PARTIE
    Saint-Pétersbourg.
    Premier voyage dans l’Europe occidentale.

    CHAPITRE PREMIER
    A l’Université de Pétersbourg. Corrections apportées à l’orographie et à la cartographie de l’Asie septentrionale. — Explorateurs russes de cette époque. — Plans d’expéditions arctiques. — Etudes glaciaires en Finlande. 229

    CHAPITRE II
    La situation à Pétersbourg. — Double nature d’Alexandre II. — Corruption de l’Administration. — Empêchements à l’enseignement. — Décadence de la société pétersbourgeoise. — L’affaire Karakosov. 247

    CHAPITRE III
    Mouvement réformiste dans la jeunesse russe. — Activité des jeunes filles, leur ardeur pour l’étude. — Création de nombreux cours de femmes. — La vie nouvelle dans le Vieux Quartier des Ecuyers. 263

    CHAPITRE IV
    Premier voyage à l’étranger. — Séjour à Zurich. — L’Association Internationale des Travailleurs. — Son origine. — Son activité. — Sa diffusion. — Etude du mouvement socialiste par la lecture des journaux socialistes. — Les sections genevoises de l’Internationale. 273

    CHAPITRE V
    Chez les horlogers du Jura. — Les débuts de l’Anarchisme. — Mes amis de Neuchâtel. — Les réfugiés de la Commune. — Influence de Bakounine. — Mon programme socialiste. 287

    CHAPITRE VI
    Livres inédits introduits par contrebande. — Le Nihilisme. — Mépris de la forme extérieure. — Le Mouvement « vers le peuple ». — Le Cercle de Tchaïkovsky. — Courants politiques et sociaux. — Pas d espoir de réformes. — La personne du Tsar protégée par la jeunesse. 300

    CHAPITRE VII
    Les membres influents du cercle de Tchaïkovsky. — Mon amitié avec Stepniak — Propagande dans les campagnes et parmi les tisserands de Pétersbourg. 325

    CHAPITRE VIII
    Nombreuses arrestations de propagandistes à Pétersbourg. — Ma conférence à la Société de Géographie. — Mon arrestation. — Interrogatoire inutile. — Mon incarcération à la forteresse de Pierre et Paul. 339

    CINQUIÈME PARTIE
    La forteresse. — L’évasion.

    CHAPITRE PREMIER
    La forteresse de Pierre et Paul. — Ma cellule. — Exercices de gymnastique. — Mon frère Alexandre accourt à mon aide. — J’obtiens la permission d’écrire. — Mes lectures. — Monotonie de la vie de prison. — Arrestation de mon frère. — Relations secrètes avec mes co-détenus. — Une visite du grand-duc Nicolas. 353

    CHAPITRE II
    Mon transfert à la maison de détention. — Ma maladie. — A l’hôpital militaire. — Plans de fuite. — Mon évasion. — Voyage à l’étranger. 373

    SIXIÈME PARTIE
    L’Europe occidentale.

    CHAPITRE PREMIER
    Buts de mon activité dans l’Europe occidentale. — Séjour à Edimbourg et à Londres. — Je collabore à la Nature et au Times. — Départ pour la Suisse. — L’Association Internationale des Travailleurs et la Social-Démocratie allemande. — Progrès de l’Internationale en France, en Espagne et en Italie. 389

    CHAPITRE II
    La Fédération Jurassienne et ses membres influents. — Séjour à La Chaux-de-Fonds. — Interdiction du drapeau rouge en Suisse. — Un nouvel ordre social. 402

    CHAPITRE III
    Lutte entre l’Anarchisme et la Social-Démocratie. — Expulsion de Belgique. — Séjour à Paris. — Renaissance du socialisme en France — Tourguénev, son importance pour la jeune Russie. — Tourguénev et le Nihilisme. — Bazarov dans Pères et Fils. 417

    CHAPITRE IV
    Mécontentement croissant en Russie après la guerre russo-turque. — Le procès des 193. — Attentat contre Trépov. — Quatre attentats contre des têtes couronnées. Persécution de la Fédération Jurassienne. — Nous fondons Le Révolté. — Ce que doit être un journal socialiste. — Difficultés financières et techniques. 427

    CHAPITRE V
    Le mouvement révolutionnaire prend un caractère plus grave en Russie. — Attentats contre l’empereur dirigés par le comité exécutif. — Mort d’Alexandre II. — Fondation de ligues destinées à combattre les révolutionnaires et à protéger l’empereur. — Ma condamnation à mort. — Mon expulsion de Suisse. 440

    CHAPITRE VI
    Une année à Londres. — Premiers symptômes du réveil de l’esprit socialiste en Angleterre. — Départ pour Thonon. — Les mouchards. — Compromis d’Ignatiev avec les Terroristes. — La France en 1881-82. — Misère des tisseurs de Lyon. — Explosion dans un café de Lyon. — Mon arrestation et ma condamnation. 455

    CHAPITRE VII
    Effets néfastes du régime des prisons au point de vue social. — A la prison centrale de Clairvaux. — Occupations des détenus. — Triste condition des vieux prisonniers. — Relations actives des détenus entre eux. — Influence démoralisatrice des prisons. 470

    CHAPITRE VIII
    Mes aventures avec la police secrète. — Amusant rapport d’un agent secret. — Mouchards démasques. — Un faux baron. — Conséquences de l’espionnage. 486

    CHAPITRE IX
    Le « vol » de Louise Michel. — Elie Reclus. — Je me fixe à Harrow. — Travaux scientifiques de mon frère Alexandre. — Sa mort. 501

    CHAPITRE X
    Le mouvement socialiste en Angleterre en 1886. — Ma participation à ce mouvement. — La formule de « lutte pour la vie » complétée par la loi naturelle de l’appui mutuel. — Immense diffusion des idées socialistes. 509

  • Nouveaux visages de la justice de classe — Deuxième partie | Robin Trémol et Joséphine Kalache
    http://larotative.info/nouveaux-visages-de-la-justice-de-2078.html

    Tribunal de Grande Instance de Paris — 23e Chambre Correctionnelle spécialisée dans les comparutions immédiates — 13 janvier 2017. Voici deux témoignages, sous forme d’un compte-rendu et d’une courte nouvelle, tirés de quelques heures passées dans les dédales du gigantesque bâtiment de l’Ile de la Cité. Voici ce qu’est cette justice pénale du quotidien — silencieuse, expéditive et douloureuse —, escamotée et gérée par des experts puis instrumentalisée de temps à autre par le pouvoir politique. Source : La Rotative

  • Fichier #TES : le #Conseil_national_du_numérique publie son avis – Conseil National du Numérique
    https://cnnumerique.fr/fichier-tes-avis

    Le lundi 12 décembre 2016 et à la suite de son auto-saisine en date du 7 novembre 2016, le Conseil national du numérique publie son avis sur le décret n°2016-1460 prévoyant la création d’une base de données des “Titres électroniques sécurisés” (TES). Ce décret annonce la fusion de la base TES existante relative aux passeports et la base des cartes nationales d’identité et a été présenté avec un double objectif de lutte contre la fraude documentaire et de gestion simplifiée des titres. Une telle base de données devrait concerner à terme près de 60 millions de Français et contiendrait notamment des données sur l’état civil des personnes, sur leurs signes physiques distinctifs ainsi que des données biométriques.

    • Extraits de la première partie :

      Dès lors, le Conseil s’interroge sur la nécessité même de stocker ces informations sensibles. Il souhaite qu’une étude d’impact approfondie soit menée sur les éléments permettant de justifier la nécessité de conserver des données biométriques et de quantifier les avantages réellement tirés de l’extension de TES aux cartes d’identités.
      [...] Quelles que soient les garanties juridiques et techniques apportées, la création d’un dispositif centralisé de cette taille n’est jamais totalement exempte de risques d’attaque, de vol et de détournement. Les exemples étrangers sont à cet égard inquiétants et rappellent que le risque de fuite de données n’est jamais nul. [...] La difficulté structurelle à sécuriser le dispositif TES a été signalée par de nombreux chercheurs auditionnés par le Conseil. Le Laboratoire Spécification et Vérification (LSV), laboratoire d’informatique de l’ENS Paris - Saclay et du CNRS, affirme même ne pas connaître « de solution technique centralisée permettant de réaliser toutes les fonctionnalités prévues par le décret tout en garantissant la confidentialité des données des citoyens ».

      [...] De manière générale, les dernières années ont montré que la constitution de fichiers centralisés peut conduire à l’élargissement de leurs finalités initiales : ce fut le cas pour le système Eurodac des demandeurs d’asile, le fichier des demandeurs de visa ou encore le Système de traitement des infractions constatées (STIC). [...] Au regard de l’avis exprimé par la CNIL, le Conseil s’interroge sur la possibilité laissée par le décret d’utiliser un dispositif de reconnaissance faciale à partir de l’image numérisée de la photo. [...] En outre, des usages détournés, hors de tout contrôle, ne peuvent être exclus pour de tels dispositifs. Rappelons à cet égard que l’absence d’encadrement était jusqu’à une époque récente caractéristique de l’activité des services de #renseignement. Dès lors, penser que notre pays ferait exception revient à ignorer les leçons de l’histoire et des comparaisons internationales. Les reculs démocratiques et la montée des populismes, observés y compris en Europe et aux États-Unis, rendent déraisonnables ces paris sur
      l’avenir. La garantie constitutionnelle est donc un garde-fou important, mais à l’heure du numérique, les garanties légales doivent s’accompagner de traductions techniques.

      Dans le cas du fichier TES, cette garantie technique se matérialise par la robustesse du lien unidirectionnel chiffré qui unit le compartiment de l’application contenant les éléments alphanumériques au compartiment contenant les données biométriques. L’analyse de l’ANSSI et de la DINSIC devrait notamment porter sur la robustesse de ce lien afin qu’il puisse être techniquement inviolable dans le temps. Certains contributeurs émettent toutefois d’ores et déjà des doutes sur son caractère unidirectionnel, rappelant que, d’un point de vue théorique, l’identification d’un citoyen à partir de ses données biométriques pourrait être effectuée en déroulant un test d’authentification sur l’ensemble de la base nominative.

    • Deuxième partie :

      L’évolution rapide des technologies de l’information nécessite l’application d’un principe de précaution numérique. Ce principe n’est rien d’autre que le principe de précaution appliqué au cas de l’identité dans un monde numérisé. Dans le cas présent, ce principe impose de ne pas faire de choix technique irrévocable dans la constitution d’une base qui, si dévoilée, ne pourrait pas être neutralisée (en raison de son volume et de son importance dans le bon fonctionnement des services de l’État).

      Solutions proposées :
      -- cachet électronique visible ;
      -- carte d’identité avec « support cryptographique contenant les données biométriques du détenteur » ;
      -- architecture à clefs multiples ;
      -- gabarit et non photographie des empreintes digitales ;
      -- BioHashing. (p. 14-15)

      Application des principes de protection de la vie privée dès la conception ( privacy by design ) et d’évaluation d’impact (p. 16).

      Dans ce contexte, le Conseil estime qu’il est indispensable de suspendre l’application du décret TES ainsi que les expérimentations en cours dans les Yvelines et en Bretagne jusqu’à ce qu’une comparaison précise de l’ensemble des architectures possibles, mesurant les bénéfices, les coûts et les risques des systèmes complets, soit rendue disponible, publiquement débattue avec des experts indépendants et devant l’opinion, et discutée au parlement. Ce travail de réflexion doit aussi porter sur la base actuellement utilisée pour les passeports.

      Au-delà de la question du fichier TES et compte tenu de l’application prochaine du règlement #eIDAS, il est urgent d’ouvrir une réflexion publique et globale sur la question de l’identité à l’heure du numérique.

      [...] Les sujets de l’identité administrative et de l’identité numériques sont traités séparément en France depuis plus de 10 ans. Néanmoins, la question de leur relation est appelée à prendre de l’ampleur dans les prochaines années. À court terme, il s’agit d’assurer le plus haut niveau d’interopérabilité prévue par la législation européenne et de tirer pleinement partie des avancées et des réflexions de la recherche ; à long-terme, il est question de penser un modèle pour notre société numérique. Il semble en particulier nécessaire de développer une réflexion sur les impacts profonds à long terme sur notre société d’une généralisation des procédures d’authentification pour accéder à tout service public ou privé, en France ou à l’étranger. Il s’agit d’un chantier multidisciplinaire de grande ampleur et essentiel à la construction de notre pays, qui ne peut être éludé par des prises de décisions partielles et bornées à des besoins opérationnels immédiats, et doit nous amener à nous poser au préalable des questions structurantes sur les visions sociale, politique, philosophique et économique de l’identité ?

      (p. 17-18)

    • 3e partie :

      La constitution d’une base de données visant à recenser près de 60 millions de
      Français ne peut s’analyser comme une décision administrative ou un simple
      aménagement technique ; il s’agit ni plus ni moins d’un choix de société. La controverse entourant l’élargissement du fichier TES est révélatrice d’une difficulté structurelle : l’État et ses organes doivent poursuivre leur adaptation
      pour prendre les meilleures décisions technologiques possibles au regard, notamment, de leurs implications politiques, économiques et sociétales. Bien que le problème soit identifié depuis plus d’une décennie, les dernières années ne semblent pas avoir permis d’avancer suffisamment en ce sens.

      [...] L’affaire du fichier TES apparaît donc comme le symptôme d’un processus décisionnel qui, en matière technologique, n’intègre pas suffisamment les exigences d’une vision politique de long terme. La question de la proportionnalité (la constitution d’un fichier centralisé d’une telle ampleur est-elle le seul moyen de parvenir aux objectifs ?) comme celle de l’anticipation des risques (quelles garanties techniques et juridiques exceptionnelles peut-on apporter ?) n’ont pas été traitées avec la profondeur et la transparence nécessaire aux différentes étapes de la prise de
      décision. Paradoxalement, l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) créée en 2009 et la Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État (DINSIC), créée en 2014, visaient précisément à mieux configurer cette gouvernance technologique et à pallier cette absence de vision stratégique de long terme. Or il semble que ni l’une ni l’autre n’ont été saisies de manière approfondie en amont de la publication du décret, alors même que ces deux institutions sont fortement concernées par le sujet de l’identité numérique : l’ANSSI travaille depuis plusieurs mois à l’implémentation du règlement « eIDAS » tandis que la DINSIC anime un écosystème très actif autour de FranceConnect. À l’inverse, si la CNIL a bien été consultée (le recueil de son avis motivé est obligatoire pour les traitemen
      ts mis en œuvre pour le compte de l’État qui portent sur des données biométriques), cette dernière n’a eu que 9 jours
      pour se prononcer sur ce fichier aux implications conséquentes pour la protection des données des ressortissants français. Par ailleurs, cette saisine est intervenue très tardivement, dans la mesure où l’avis du Conseil d’État est daté du 23 février 2016, soit 7 mois plus tôt, et que le dispositif semble avoir été finalisé depuis plus longtemps encore. Cette situation conduit de nombreux contributeurs à la consultation menée par le Conseil à regretter la réduction des prérogatives de la CNIL suite à la réforme du 6 août 2004 et à s’interroger sur l’importance accordée par le Gouvernement aux avis et délibérations de la CNIL. Le ministre de l’Intérieur a par la suite décidé de la saisine a posteriori de l’ANSSI et de la DINSIC pour les charger d’auditer publiquement le
      dispositif et de rendre un avis conforme. Cette démarche — positive — doit être saluée mais plus encore : elle doit faire école

      « La prise de décision publique en matière numérique devrait ainsi évoluer : »
      -- plus d’ouverture, notamment dans le cadre du partenariat pour un gouvernement ouvert ;
      -- « s’interroger sur les implications politiques, économiques, sociales et sociétales des choix technologiques qu’elle est amenée à prendre » ;
      -- renforcement des rôles de la CNIl, de l’ANSSI et de la DINSIC ;
      -- « exigence d’innovation dans son fonction »

  • La République du mépris (Deuxième partie) - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/La-Republique-du-mepris-Deuxieme

    Le #racisme républicain peut aussi être défini par des caractéristiques formelles : il procède par allusions, euphémismes, #métonymies. Il a ceci de remarquable qu’il n’exprime pas frontalement de #haine à l’encontre des Noirs, des Arabes ou des Musulmans, mais emprunte des #détours et méprise plus qu’il ne hait. La haine ne lui est pas totalement étrangère, mais elle n’advient que dans des conditions particulières : lorsque les subalternes manifestent trop ostensiblement, effrontément, radicalement, leur prétention à l’égalité [1]. Le racisme républicain s’exprime le plus souvent sous la forme d’un #discours « raisonnable » – ou simulant la raison – opposant de manière manichéenne des entités vagues : « la République » du côté du bien, et du côté du mal plusieurs entités tout aussi vagues (« la violence », « l’insécurité », « l’incivilité », l’« intégrisme », le « communautarisme », la « victimisation », la « repentance »...) qui ont toutes pour point commun de se rattacher, par le biais de détours rhétoriques bien balisés, à l’#immigration et aux populations issues des anciennes colonies. Ce discours structure un monde binaire d’une reposante simplicité, dans lequel même le plus déboussolé des « petits Blancs » trouvera aisément des repères et des consolations narcissiques

  • Collectif de médecine libertaire, blocages partout et footez-nous la paix | Presse libérée
    http://loveliveminimal.tumblr.com/post/146370181325/collectif-de-médecine-libertaire-blocages-partout

    Première partie : présentation de la revue « Micrurus » du collectif de médecine libertaire de Caen. Micrurus est le nom d’un serpent dont le venin peut servir de remède qui à la particularité d’etre rouge et noir…<br>- Deuxième partie : comme tous les mois CQFD et le Ravi, deux journaux marseillais de critique sociale, nous présentent leur dossier principal et leur sommaire. CQFD consacre de nouveau son dossier principal au mouvement social en cours, cette fois ci autour des blocages (mais pas …

  • Dans l’atelier de Jérôme Bosch (2/5) : Le Jardin des délices / Deuxième partie : Claire Vassé

    http://www.franceculture.fr/emissions/un-autre-jour-est-possible/dans-l-atelier-de-jerome-bosch-25-le-jardin-des-delices

    pour @mad_meg

    L’historien de l’art Frederic Elsig contextualise les oeuvres de Jérôme Bosch pour une meilleure compréhension de son oeuvre. Après « Le Jugement dernier » de Vienne, aujourd’hui, analyse du « Jardin des délices ». En 2ème partie : littérature et deuil avec Claire Vassé.

  • Les femmes au Moyen-Âge, loin des idées reçues (1/5) : Le statut de la femme / Deuxième partie : Hélène Guénin
    http://www.franceculture.fr/emissions/un-autre-jour-est-possible/les-femmes-au-moyen-age-loin-des-idees-recues-15-le-statut-de


    Pas encore écouté

    Cette semaine, en compagnie de Julie Pilorget, nous repoussons les idées éculées sur les femmes au Moyen-Âge. En 2ème partie d’émission : art et tremblements du monde avec la commissaire Hélène Guénin.

    Le statut de la femme / Deuxième partie : Hélène Guénin
    http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11971-21.03.2016-ITEMA_20941436-0.mp3

    Les femmes au travail / Deuxième partie : Valérie Marin La Meslée
    http://www.franceculture.fr/emissions/un-autre-jour-est-possible/les-femmes-au-moyen-age-loin-des-idees-recues-25-les-femmes-au


    http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11971-22.03.2016-ITEMA_20942486-0.mp3

    suite demain #femmes #Moyen_âge

  • Deuxième livre : III. Passerelle eschatologique et Christianisme
    http://www.dedefensa.org/article-deuxi_me_livre_iii_passerelle_eschatologique_et_christianisme_20_

    20 juillet 2013 – Ce texte est la Deuxième Partie (troisième avec l’Introduction) du Deuxième Livre (deuxième Tome) de l’essai métahistorique de Philippe Grasset La grâce de l’Histoire dont dedefensa.org a commencé la publication le 18 décembre 2009.

  • La grâce de l’Histoire : Deuxième Livre (III)
    http://www.dedefensa.org/article-la_gr_ce_de_l_histoire_deuxi_me_livre_iii_20_07_2013.html

    • Voici la présentation, pour accompagner sa mise en ligne, de la Deuxième Partie du deuxième Tome de l’essai métahistorique La grâce de l’Histoire. • Il s’agit de la partie traitant de la période du XVIIème siècle et de l’histoire du Christianisme (« La passerelle eschatologique et le Christianisme »). •Après une Introduction de ce Tome II puis une Première Partie sur la Renaissance, ce texte poursuit le destin métahistorique conduisant à l’épisode du “déchaînement de la Matière”, situé dans ses bornes (...)