organization:eta

  • #G7 : une gestion policière dans le sillage de la crise des Gilets Jaunes ?
    https://lemediapresse.fr/politique/g7-une-gestion-policiere-dans-le-sillage-de-la-crise-des-gilets-jaunes

    C’est ce que confirme notre échange à #Biarritz avec le ministre de l’Intérieur Christophe #Castaner, en visite sous haute sécurité pour préparer le sommet des 24, 25 et 26 août 2019. 

    #Politique #Social #abertzale #ETA #G20 #Hambourg #Irun #Macron #Pays_Basque #Seattle

  • Plainte au parquet antiterroriste contre le sucrier français #Tereos - Moyen-Orient - #RFI
    http://www.rfi.fr/economie/20190320-plainte-parquet-antiterroriste-contre-le-sucrier-francais-tereos

    Le géant français du #sucre Tereos est visé par une plainte pour « actes de terrorisme et complicité d’actes de terrorisme » auprès du parquet antiterroriste de Paris. Plusieurs partenaires de la coopérative sucrière française accusent la direction du groupe d’avoir continué à livrer du sorbitol en Syrie, un dérivé du sucre utilisé comme propulseur d’engins explosifs, retrouvé en 2016 dans des entrepôts du groupe Etat islamique.

    Le sorbitol est décidément un édulcorant explosif pour Tereos. La coopérative sucrière française est accusée par plusieurs de ses membres, des betteraviers, lit-on dans la plainte consultée par Reuters, « d’avoir aidé à la préparation d’actes terroristes par le groupe Daech (...) en toute connaissance de cause. »

    Le #sorbitol est un dérivé du sucre. Mélangé à du nitrate de potassium, il facilite la propulsion d’#explosifs. Des sacs de sorbitol estampillés Tereos avaient été retrouvés fin 2016 dans des entrepôts de l’organisation Etat islamique, à l’occasion d’une mission de l’ONG #Conflict_Armament_Research, mandatée par l’#Union_européenne.

    Le groupe sucrier avait alors assuré qu’il avait interrompu ses ventes en Syrie depuis. Les plaignants affirment, au contraire, que Tereos a continué à livrer du sorbitol en #Syrie en 2017. « Ce n’est pas une mais trois autres livraisons, affirme le communiqué de l’avocate des plaignants, qui ont été opérées par le géant #sucrier à destination de cette zone. »

  • Enfants de djihadistes : « Nos dirigeants et nos concitoyens doivent comprendre que leur retour est inéluctable », Marie Dosé, Henri Leclerc
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/08/enfants-de-djihadistes-nos-dirigeants-et-nos-concitoyens-doivent-comprendre-

    Quelque 70 enfants localisés au Kurdistan attendent d’être rapatriés en France. Ils sont des victimes de la guerre et des choix de leurs parents, rappellent les avocats Marie Dosé et Henri Leclerc.

    Tribune. A l’heure où nous écrivons, une centaine d’enfants français, majoritairement âgés de moins de 6 ans, sont détenus dans les camps de Roj et de Al-Hol, au Kurdistan syrien. Certains, qui y sont nés, n’ont que quelques mois, d’autres y ont déjà passé les deux tiers ou la moitié de leur vie après avoir été arrachés à leurs familles en France.
    Ces dernières semaines, le nombre de femmes et d’enfants détenus dans le camp de Al-Hol est passé de 10 000 à 33 000, et vingt-neuf enfants, dont des nourrissons, sont morts sous la pluie, dans la boue et le froid glacial, après que leurs familles ont fui le dernier réduit de l’organisation Etat islamique (EI).

    L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a constaté à la toute fin du mois de janvier que les enfants étaient tous atteints d’hypothermie au moment de leur décès, a fait part de sa plus extrême préoccupation quant à la situation sanitaire et humanitaire dans ce camp où tout manque : l’eau, les vivres et les soins les plus élémentaires.

    Des victimes
    Sa déléguée en Syrie, Elizabeth Hoff, parle de conditions « déchirantes », quand les Nations unies ont admis une situation « critique » et que les rapports successifs de l’Unicef, alarmants, anticipent une aggravation de la situation, au regard de l’afflux prévisible de familles fuyant le califat en ruine. Enfin, quand ils ne meurent pas, ces enfants présentent sur le visage et le corps de graves signes de mutilations consécutifs à des éclats d’obus ou de roquettes.

    Aussi est-il de la dernière urgence de considérer ces enfants pour ce qu’ils sont : des victimes. Ils n’ont en effet demandé ni à naître en Syrie ni à être conduits dans cet enfer. Mais peut-on encore parler d’urgence quand il est à craindre que tout soit déjà trop tard ?
    Les autorités françaises s’obstinent en effet à refuser de les rapatrier, probablement par crainte de la réaction d’une opinion publique mal ou sous-informée. Il faut savoir en effet que, depuis le début de la guerre, par l’entremise d’ONG ou de passeurs, 84 enfants ont pu rentrer chez eux, en France. Leurs mères, qui ont fui l’EI et ont pu rejoindre la Turquie, ont toutes été livrées à la France, en application d’un protocole négocié entre les deux pays, où elles ont aussitôt fait l’objet d’une prise en charge judiciaire.

    Quant aux enfants, tous ont été immédiatement pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance et placés dans des familles d’accueil spécialement formées à ce genre de circonstances. Suivis avec beaucoup d’attention et d’humanité par des éducateurs spécialisés, des psychologues et des psychiatres, ils apprennent peu à peu à se reconstruire. De retour chez nous – chez eux –, ils retrouvent leurs familles et font connaissance avec leurs grands-parents, leurs oncles et tantes : ils sont sauvés du pire.

    Violation de la Convention des droits de l’enfant

    Début février, 70 enfants identifiés et localisés au Kurdistan syrien devaient être rapatriés par le gouvernement français. Pourtant celui-ci, sans fournir la moindre explication ou justification, a décidé de faire marche arrière.
    Le président de la République lui-même ne s’est exprimé qu’à une seule reprise sur le sort de ces enfants, il y a déjà dix-huit mois de cela, assurant alors que leur situation serait examinée au « cas par cas ». Depuis, cette déclaration n’a été suivie d’aucun effet : aucun rapatriement n’a été effectué. Moyennant quoi, en les abandonnant à leur sort dans une zone où aucune ONG n’est présente, ni Médecins sans frontières, ni Médecins du monde, et en les exposant directement à un risque de mort presque certaine, l’inertie et le silence de la France la rendent coupable de violation de la Convention internationale des droits de l’enfant, dont elle fut signataire dès 1989.

    Même le président de la République tchétchène, Ramzan Kadyrov, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a rien d’un parangon de démocratie, a déclaré que les enfants, de fait, étaient innocents, et que « personne ne leur [avait] demandé où ils voulaient naître ».
    La Russie a récemment rapatrié deux cents femmes et enfants, de même que le Maroc et les Etats-Unis ont fait revenir leurs propres ressortissants. Au demeurant, voilà un an que les Kurdes n’ont de cesse d’exhorter la France à rapatrier ses enfants et leurs mères. Nous posons donc cette question : la République française ne peut-elle pas faire, sinon mieux du moins aussi bien que Ramzan Kadyrov, Vladimir Poutine, Mohammed VI et Donald Trump ?

    L’Etat doit faire preuve d’humanité et de responsabilité
    Il est temps que nos dirigeants, mais aussi nos concitoyens, comprennent que le retour de ces enfants est inéluctable. Dans les semaines et peut-être les jours qui viennent, les Kurdes n’auront plus les moyens ni même la possibilité de continuer à porter le fardeau de ce désastre, a fortiori depuis que les forces américaines ont décidé de se retirer du secteur, ouvrant la voie à une offensive turque dont les Kurdes ont tout à craindre.
    Ils ne deviendront des « bombes à retardement », suivant cette expression machinale ressassée un peu partout, que si la France les abandonne à leur sort en Syrie, là où ils ne tarderont plus à faire figure de proie idéale pour les innombrables groupuscules terroristes. Alors seulement, nous pourrons parler de « bombes à retardement ».
    Comment la France peut-elle rester sourde à ce drame ? Comment peut-elle rendre de si jeunes enfants comptables des mauvais choix de leurs parents ? La France est-elle devenue si peu forte, si peu rayonnante, si peu soucieuse de ses valeurs qu’elle refuse de sauver ses propres enfants ?

    Il est temps que des voix s’élèvent, que ce gouvernement cesse de tergiverser, que le président de la République fasse preuve, certes d’humanité, mais plus encore de sens des responsabilités, et qu’un terme soit mis à un silence qui ne fait que nourrir les ressentiments les plus rétrogrades et les plus contraires à son histoire.

  • Lecture depuis quelques jours des journaux de Lucien Suel écrits entre 2007 et 2017, Les Vers de la Terre , publiés aux éditions Dernier Télégramme. Plusieurs récits de résidences d’écriture, notamment – c’est celui qui m’a le plus intéressé et même impressionné – à Armentières, au secteur G18 de l’Établissement Public de Santé Mentale Lille-Métropole. Narration sur un mode poétique basée sur des contraintes de formes numériques, ici je reprends les explications de la quatrième de couverture : 1) arithmonyme (comptage des mots, des versets de 23 mots) ; 2) arithmogrammatique ou justifiée (comptage des signes typographiques). Ces contraintes ont leur importance que je n’ai pas saisie tout de suite, il a fallu que je lise quelques dizaines de pages pour me rendre compte qu’elles donnaient au récit : 1) un rythme par lequel on est insensiblement entraîné ; 2) une mise en relief de détails ou d’éléments qu’on n’aurait pas forcément évoqués dans une prose libre parce qu’ils auraient été considérés comme insignifiants ou banals ; 3) et surtout une tension qui est celle du travail poétique auquel se livre l’auteur lors de ces résidences d’écriture, car il n’est jamais libre lors de ces journées dont il rapporte le déroulement, mais réalise une tâche très précise, celle d’écrire un livre, dans le journal d’Armentières, son récit La Patience de Mauricette . Il ne s’agit donc pas seulement, dans ce journal, d’observer, de dialoguer avec le personnel (ce que fait quotidiennement l’auteur pour rassembler des matériaux), mais d’organiser, de structurer un récit en cours d’écriture, d’où la forme choisie du verset qui rend parfaitement compte de l’effort proprement littéraire qui est exigé de lui. On le voit donc déambuler dans les différents bâtiments et jardins de la structure psychiatrique, rencontrer autant des patients que des membres du personnel, mais aussi faire des lectures pour des enfants et leurs parents et travailler dans son bureau à l’œuvre en cours. À noter ce point important à mes yeux : le fait que Suel passe facilement des patients aux infirmiers qui doivent affronter des situations évidemment difficiles (scarifications de certains patients, hurlements, crises, etc.). D’autres observateurs se seraient peut-être livrés à une forme de voyeurisme en se concentrant exclusivement sur les « malades », pas lui, et on lui en est reconnaissant à la lecture. La structure psychiatrique n’est pas abordée séparément du reste de la société. À l’extérieur, certaines personnes dites normales peuvent avoir un comportement singulier et violent et il en faudrait peu pour qu’ils glissent dans la pathologie. D’autre part, l’auteur en résidence a des discussions avec des patients, notamment à propos de poésie (une patiente souhaite publier ses poèmes), discussions qu’il pourrait aussi bien avoir à l’extérieur. La frontière est donc floue entre dedans et dehors, normalité et pathologie, et Suel veille à la maintenir floue, ce qui fait l’originalité de ces pages imprégnées d’humanité. Le travail du poète n’est pas celui du juge ou du médecin, il a recours à d’autres facultés que la seule raison, conçue comme un outil permettant de classer autant les choses que les êtres. D’où l’empathie de l’auteur que l’on perçoit à chaque page de ce journal autant envers le personnel (docteurs, infirmiers, jardiniers, etc.) qu’envers les personnes internées, la souffrance étant ici partagée par tous et nullement réservée aux seuls patients.

    https://www.derniertelegramme.fr/_Lucien-Suel_

  • Asile : une #protection_juridique_gratuite et controversée

    La nouvelle loi sur l’asile entrera pleinement en vigueur le 1er mars, avec pour objectif l’accélération des procédures. Tous les requérants auront droit à une protection juridique gratuite. Mais plusieurs organisations remettent en cause l’efficacité de la mesure.

    Le système suisse d’asile met le turbo à partir du 1er mars. L’accélération des procédures, acceptéeLien externe par le peuple en 2016, entre pleinement en vigueur. Grâce à une concentration des différents acteurs dans les mêmes centres, l’examen de la plupart des demandes devrait pouvoir se dérouler en moins de 140 joursLien externe. Pour garantir les droits des requérants dans ce nouveau tempo, une protection juridiqueLien externe gratuite est mise en place. Chaque demandeur d’asile peut être conseillé et représenté par un juriste dès le début de sa procédure. Une nouveauté qui divise profondément les professionnels et les associations de défense des migrants.

    L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSARLien externe), faîtière de plusieurs associations dont Caritas, l’Entraide Protestante Suisse (EPER) et Amnesty, soutient l’introduction de ce nouvel outil. Elle participe même activement à sa mise en place, puisque ses œuvres d’entraide ont obtenu le mandatLien externe du Secrétariat d’État aux migrations (SEMLien externe) pour assurer la représentation légale des demandeurs d’asile dans les centres d’accueil fédéraux.

    Soutenir vite et bien

    CaritasLien externe a déjà mené le projet pilote de protection juridique l’an dernier en Suisse romande. L’association tire un bilan positif de cette première expérience : « Nous avons le sentiment que les demandeurs d’asile font bien la différence entre les représentants de Caritas et les employés du SEM. L’avantage est que nous sommes en contact étroit dès le début de la procédure. Les requérants comprennent ainsi plus vite et sont aussi défendus plus rapidement », affirme Fabrice Boulé, responsable communication de Caritas pour la Suisse romande. Il soutient que l’indépendance des juristes est garantie : « Nous sommes partenaires avec le SEM, car nous avons des échanges sur les conditions cadre, nous pouvons discuter afin d’adapter certains points. »

    Caritas a d’ailleurs demandé des améliorations, notamment une meilleure coordination avec le SEM, afin de pouvoir adapter les délais à chaque cas et éviter la précipitation. Fabrice Boulé relève également que « l’accès aux soins et donc à l’information concernant l’état de santé des requérants reste insuffisante, ce qui rend difficile la défense juridique des individus présentant des problèmes médicaux pertinents pour la procédure d’asile. »

    Caritas constate que le travail des juristes sur le terrain semble porter ses fruits et apporter un réel soutien aux requérants, tout particulièrement aux plus vulnérables : « Dans plusieurs affaires, la préparation d’audition sur les motifs de la demande d’asile réalisée par le représentant juridique a eu un impact important sur le cas », dévoile Fabrice Boulé. Forte de cette expérience, l’œuvre d’entraide considère que la nouvelle procédure peut être appliquée de façon utile et efficace pour les requérants. Elle va donc poursuivreLien externe son mandat de représentation juridique dans les centres fédéraux de Suisse romande, du Tessin et de Suisse centrale.
    Multiples failles

    Cette protection juridique gratuite ne convainc toutefois pas tous les acteurs du domaine. Les Juristes démocrates de SuisseLien externe dénoncent des problèmes de déontologieLien externe et d’indépendanceLien externe, ainsi que des délais souvent trop courts pour mener une défense de qualité. Des failles relevées également par le Centre social protestant (CSPLien externe), qui précise que de nombreuses démarches ne sont pas couvertes par cette représentation juridique : regroupement familial, problèmes d’hébergement, réexamen en raison de faits nouveaux, etc.

    Le CSP dispose d’un service d’aide juridique pour demandeurs d’asile, mais il n’a pas voulu s’impliquer dans la mise en place des procédures accélérées. « Cela nous posait des problèmes d’indépendance et était incompatible avec notre manière de travailler », explique Aldo BrinaLien externe, chargé d’information sur l’asile au CSP. « Il y a d’abord une dépendance structurelle qui est celle du prestataire de service, dans son lien avec le SEM qui le subventionne, et il y a la question de l’indépendance sur place, dans un cadre de travail et un rythme dictés par le SEM. » De plus, les représentants légaux peuvent refuser de faire recours contre une décision d’asile si la démarche a peu de chances d’aboutir. « Mais, ainsi, ils se limitent toujours à la jurisprudence et ne font pas bouger les pratiques », regrette Aldo Brina.

    Durant la phase testLien externe au centre pilote de Zurich, la moitié des recours a été déposée par des juristes externes. La SonntagszeitungLien externe cite l’exemple d’un jeune Kurde dont le représentant légal refusait de contester la décision négative. Il s’est alors tourné vers une association externe et la procédure actuellement en cours révèle que son dossier n’est de loin pas sans espoir.

    Les experts interrogés par le journal pointent du doigt les forfaits par cas : les juristes du centre pilote recevaient 1400 francs par demandeur d’asile, quelle que soit la complexité et la durée de la procédure. Une limitation qui n’encourage pas à faire recours. « Dans la pratique, nos juristes ne vont jamais arrêter la procédure pour des raisons financières. La défense juridique va jusqu’au bout, réagit Fabrice Boulé. L’évaluation des chances de recours ne se fait pas en fonction de critères financiers, mais en fonction du droit et de la pratique. »
    Pour plus de militantisme

    L’accélération des procédures d’asile va donc de pair avec la création d’une nouvelle instance de protection juridique, régie par le mandat du SEM, qui vient s’ajouter à celle déjà disponible auprès des associations et œuvres d’entraide. « En schématisant, on pourrait parler de deux systèmes de protection juridique : l’enjeu du premier est de questionner son indépendance, l’enjeu du second est de savoir où il trouvera le financement pour continuer son travail », résume Aldo Brina.

    La participation active de certaines organisations dans le nouveau système d’asile inquiète de nombreuses personnes et associations qui s’engagent pour la défense des réfugiés. Le mouvement FreiplatzaktionLien externe à Zurich a publié un manifeste en faveur d’un travail juridique militant. Une position que rejoint le CSP : « Défendre les requérants d’asile est un acte politique, ce n’est pas juste engager des juristes pour suivre des dossiers. Nous constatons à regret que la position des œuvres d’entraide est en train de se modifier. Elles se montrent moins critiques et délaissent l’aspect politique », déclare Aldo Brina.

    Invité à réagir à ces reproches, Caritas a répondu à swissinfo.ch : « Nous nous sommes prononcés en faveur de la nouvelle loi et de la procédure accélérée à la condition sine qua non d’une défense juridique gratuite et de qualité dès le début de la procédure. Cette nouvelle loi a été largement acceptée par le peuple. Dans ce mandat, Caritas doit garantir la qualité de la défense juridique. »

    L’heure est désormais à la pratique avec l’instauration de ce nouveau modèle de représentation juridique dans les centres fédéraux. Sa qualité et son efficacité ne pourront véritablement être évaluées que sur le long terme, mais sa mise en place sera scrutée avec attention.

    https://www.swissinfo.ch/fre/societe/politique-migratoire_asile--une-protection-juridique-gratuite-et-controvers%C3%A9e/44767812
    #restructuration #réforme #asile #migrations #réfugiés #Suisse #protection_juridique

    • Nouvelle procédure d’asile : entre doutes et incertitudes

      Après avoir été testée dans les centres pilote de Zurich et Boudry, la nouvelle procédure d’asile entrera en vigueur dès le 1er mars 2019 en Suisse. Ce dernier article de la rubrique « Des faits plutôt que des mythes » se penche sur certaines des incertitudes qui entourent la nouvelle procédure d’asile.

      La nouvelle procédure d’asile entre en vigueur le 1er mars 2019. A compter de cette date, les procédures seront accélérées et se dérouleront de manière décentralisées dans six #centres_fédéraux pour requérants d’asile (correspondant chacun à une des six régions d’asile). Les personnes requérantes d’asile bénéficieront en outre durant la procédure d’une #protection_juridique_gratuite (conseil et représentation juridique). En décembre 2018, au moment de quitter le Département fédéral de justice et police (DFJP) pour rejoindre celui du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, Simonetta Sommaruga a tenu devant les médias les propos suivants : « La #réforme majeure du système de l’asile visant à assurer une procédure rapide et équitable est maintenant terminée. Cette procédure sera mise en œuvre dès le printemps prochain. Cette réforme […] marquera notre système d’asile pour les prochaines années. » Par ses propos, la Conseillère fédérale laisse entendre que l’ensemble des aspects liés à la nouvelle procédure ont été clarifiés et que tout est enfin prêt. Or, dans les faits, un certain nombre de questions restent en suspens. Ce dernier article de la rubrique « Des faits plutôt que des mythes » se penche sur certaines des incertitudes qui entourent la nouvelle procédure d’asile.

      Rapidité

      La nouvelle procédure d’asile devrait permettre un traitement d’environ deux tiers des demandes d’asile dans un délai de moins de cinq mois (décision de première instance et décision de deuxième instance en cas de recours). Des délais stricts ont ainsi été fixés pour les autorités ainsi que les personnes requérantes d’asile et leurs représentant-e-s juridiques. Les délais prévus pour les autorités sont cependant considérés comme des « délais d’ordre » et ne sont donc pas juridiquement contraignants. Toutefois, il est à supposer qu’ils induiront une forte pression (politique) pour un traitement rapide des dossiers. Les #délais imposés aux personnes requérantes d’asile sont en revanche contraignants (p. ex., délai pour la prise de décision sur le projet de décision, délai de #recours) et s’élèvent à quelques jours ouvrables.

      L’expérience acquise dans le cadre des projets pilote de Zurich et de Boudry (NE) a montré que, malgré les délais serrés imposés, cette procédure s’est révélée positive pour beaucoup des personnes en quête de protection. En particulier, elle permet une clarification rapide quant à leur chance de rester en Suisse. Il faudra toutefois attendre quelques mois avant de connaître les effets de ces délais sur la qualité globale du travail du Secrétariat d’État aux migrations (SEM), du Tribunal administratif fédéral (TAF) et des actrices et acteurs de la protection juridique (conseil et représentation juridique).

      #Procédure_étendue

      Environ un tiers des demandes d’asile ne pourront faire l’objet d’une décision dans les très brefs délais fixés et seront alors soumises à la procédure étendue. Les personnes requérantes d’asile seront alors attribuées des centres fédéraux pour requérants d’asile à un canton, où, comme précédemment, elles attendront la suite de leur procédure. Cette procédure doit durer environ un an au total.

      Ces cinq dernières années ont permis, à travers les projets pilotes, d’acquérir une profonde expérience sur la nouvelle procédure accélérée, ce qui n’est pas le cas pour la procédure étendue. Ainsi, par exemple, il reste encore à déterminer comment et dans quelle mesure les personnes requérantes d’asile feront appel aux bureaux de consultation juridique et dans quel délai elles obtiendront une décision d’asile définitive.

      #Vulnérabilité

      En raison des épreuves rencontrées durant leur exil, nombre de personnes en quête de protection nécessitent un soutien physique et psychologique particulier. Or, en raison de la rapidité avec laquelle les procédures d’asile sont appelées à être exécutées, il convient de s’interroger sur la capacité des personnes requérantes d’asile, en particulier des personnes traumatisées, à présenter intégralement les faits entourant leur besoin de protection. La taille des nouveaux centres fédéraux pour requérants d’asile et leur localisation parfois très excentrée présentent également un risque d’#isolement. Il s’agit aussi d’apporter une attention particulière à la prise en charge médicale. Il y a lieu de s’interroger si le personnel spécialisé dispose des ressources humaines suffisantes et des moyens appropriés pour communiquer avec ses patient-e-s.

      Uniformité et coordination

      Alors que, jusqu’à présent, la grande majorité des personnes requérantes d’asile étaient entendues sur leurs motifs d’asile de manière centralisée à Berne, ces entretiens se dérouleront désormais dans six lieux différents. Les décisions d’asile seront elles aussi prises de manière décentralisée. Afin d’assurer l’uniformité des pratiques décisionnelles, les autorités devront suivre de nouveaux procédés et processus. L’existence de tels processus et leur éventuel fonctionnement restent encore à déterminer avec exactitude.

      L’#égalité_de_traitement en matière de protection juridique gratuite entre toutes les personnes requérantes d’asile constituera également un défi. Les organisations chargées de cette tâche joueront un rôle essentiel dans l’orientation et la portée que prendra cette nouvelle activité de conseil et de représentation. La coordination entre ces organisations sera indispensable. Il s’agit également de redéfinir la coopération avec les bureaux cantonaux de conseil juridique habilités à représenter les personnes requérantes d’asile dans la procédure étendue.

      En conclusion

      La nouvelle direction du DFJP est donc, elle aussi, confrontée à des incertitudes et des questions en matière d’asile. Il s’agira, pour les clarifier, de coopérer avec l’ensemble des actrices et acteurs concernés et de ne jamais perdre de vue les besoins des personnes en quête de protection. Avec ou sans notre publication « Des faits plutôt que des mythes », l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés et le Swiss Network of young Migration Scholars resteront au fait et continueront de mettre en lumière, sur la base de principes scientifiques et d’expériences pratiques, les aspects critiques du domaine de l’asile.

      https://www.osar.ch/des-faits-plutot-que-des-mythes/articles-2019/nouvelle-procedure-dasile-entre-doutes-et-incertitudes.html
      #procédure_accélérée #accélération_des_procédures

    • Restructuration de l’asile, tout change, rien ne change ?

      Ce 1er mars entre en vigueur la restructuration du domaine de l’asile portée durant tout son mandat au DFJP par Simonetta Sommaruga et soutenue en 2016 à 66.8% en vote populaire.

      L’objectif central, l’accélération des procédures, est répété sans grand succès depuis la première loi sur l’asile de 1979. L’ampleur de la présente réforme lui donne cependant plus de chance que les précédentes, en particulier en raison d’une logique de proximité : l’ensemble de la procédure doit désormais se dérouler dans un seul et même lieu. Plusieurs centres fédéraux pour requérants d’asile (CFA) ont été érigés. Les demandeurs d’asile y séjourneront au maximum 140 jours et leur demande sera traitée sur place. Il est prévu que 60 pourcents de toutes les demandes d’asile feront l’objet d’une décision définitive dans ce délai. Les autres cas seront affectés aux cantons comme par le passé. En complément, des centres dédiés au départ devraient accélérer le renvoi des déboutés.

      Contrairement aux réformes précédentes qui penchaient clairement vers la restrictivité, la restructuration de 2019, plutôt d’ordre technique, pourrait apporter des améliorations profitables aux réfugiés. Elle est flanquée d’une importante innovation en matière de garantie des droits puisqu’un conseiller/représentant juridique indépendant sera octroyé à chaque requérant d’asile. Elle a été soutenue par une partie des milieux de défense de l’asile et combattue par des partisans d’une politique restrictive.

      La réforme ne touche cependant pas aux grands principes de la politique d’asile et c’est l’occasion ici d’en faire un inventaire critique. Quatre grandes orientations ressortent avec constance de l’action des autorités au cours des dernières décennies :

      – la volonté de maintenir en place le système issu de la Convention de 1951 ;

      – l’adaptation aux évolutions du contexte par la multiplication des statuts ;

      – l’accélération des procédures et le renforcement de l’exécution des décisions ;

      – la diminution des prestations dans un but de dissuasion.

      Maintien du système : droits fondamentaux et logique de tri individuel

      La volonté de maintenir le système d’asile adopté par la Suisse en 1954 découle d’obligations internationales, mais aussi de la place de la tradition humanitaire dans l’identité helvétique. Le caractère individuel de la procédure, la stricte séparation entre les volets humanitaires et économiques de la politique d’immigration et le fait que la protection est accordée sur le territoire même de la Suisse sont au cœur de ce système. Malgré les multiples remises en question, jamais un changement de ce paradigme n’a été durablement envisagé. Certains milieux ont certes proposé de restreindre drastiquement l’accueil en Suisse en contrepartie d’une contribution accrue aux efforts de protection collectifs dans les zones d’origine des réfugiés, d’autres ont suggéré l’inclusion des réfugiés dans un contingentement global de l’immigration mais ces propositions n’ont jamais emporté l’adhésion.

      Au fil des années, le nombre absolu des personnes obtenant le statut de réfugié en Suisse a eu tendance à croître ce qui invalide la dénonciation par certains d’un démantèlement généralisé de l’asile. A l’heure actuelle un quart des requérants obtiennent le statut de réfugié et 60% une forme ou une autre de protection. Une partie des autres voient leur demande d’asile traitée par un autre état Dublin et sont susceptibles d’être protégés. Des milliers de personnes déboutées sont cependant contraintes de quitter la Suisse chaque année, 3029 ont été expulsées directement vers leur pays d’origine en 2018.

      La politique d’asile reste donc basée sur des principes restrictifs selon lesquels le statut de réfugié est un privilège réservé à une catégorie bien spécifique de personnes en fuite : celles qui peuvent faire valoir une crainte fondée de persécution individuelle liée à leur appartenance à un groupe social spécifique. Elle implique donc un processus de triage et fait peser sur les requérants un soupçon de fraude permanent. La Suisse semble être l’un des pays qui se tient le plus strictement à une exigence de persécution individuelle attestée par un récit circonstancié pour octroyer le statut de réfugié.

      Multiplication des types d’autorisation de séjour

      Confrontée à des motifs d’asile variés et à l’interdiction du refoulement vers une zone où l’intégrité physique d’une personne serait en danger, la Suisse a eu de plus en plus recours à des statuts subsidiaires n’offrant pour la plupart qu’une protection temporaire. Il s’agit là d’une deuxième ligne de force de la politique d’asile. Elle se retrouve, mais de manière moins marquée, dans de nombreux autres pays d’accueil. Le cas le plus flagrant en Suisse est celui des personnes « admises provisoirement » (permis F). Elles n’ont pas obtenu l’asile mais bénéficient d’une autorisation de séjour d’une année (renouvelable) liée soit à une situation de violence dans leur pays d’origine (principe de non-refoulement) ou au fait que leur retour n’est pas possible. Elles étaient 46’657 au 1.1.2019.

      La création de statuts subsidiaires peut faire l’objet de deux lectures antagonistes. D’un côté, elle représente une amélioration des conditions d’accueil car elle offre une protection à des personnes qui ne peuvent stricto sensu prétendre au statut de réfugié, car elles fuient par exemple des situations de violence indifférenciée. Elle s’inscrit dans une prise en compte croissante par les états d’accueil de la vulnérabilité des populations, laquelle se substitue au modèle traditionnel de l’asile basé sur la persécution politique. D’un autre côté, cette multiplication des statuts maintien de nombreux exilés dans des situations provisoires souvent extraordinairement pénibles.

      Accélération des procédures et excécution des renvois

      Une troisième préoccupation constante des autorités est l’accélération de la procédure et l’exécution des renvois. Au début des années 1980, il n’était pas rare que la procédure d’asile se déroule sur de nombreuses années. Progressivement, la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons, la limitation des délais de recours, l’obligation de collaborer imposée aux requérants, mais aussi le traitement prioritaire des demandes d’asile ayant peu de chance de succès et le ciblage de certains pays (« procédure 48 heures » pour les ressortissants d’Albanie, Bosnie, Géorgie, Kosovo, Macédoine et Serbie dès 2012/13, procédure « fast-track » pour la Gambie, la Guinée, le Nigeria, le Maghreb et le Sénégal dès 2013) ont permis un raccourcissement significatif des durées de procédure.

      Dans le même temps, cependant, la multiplication des pays de provenance, la difficulté de collaborer avec leurs gouvernements et d’obtenir des documents de voyage ainsi que la nécessité d’éviter les refoulement des demandeurs d’asile déboutés vers des pays où ils pourraient être menacés, ont conduit à de grands retards dans l’exécution des décisions négatives, une fois celles-ci rendues exécutoires. Cette situation a conduit à des tensions entre les acteurs de la politique d’asile.

      Confrontés aux faibles chances de succès de leur requête et au risque de devoir rapidement quitter la Suisse, les demandeurs d’asile ont parfois un intérêt objectif à cacher leur origine et leur itinéraire et à ne pas présenter de documents d’identités afin de rendre difficile un rapatriement de force. De leur côté, les autorités fédérales tendent à soupçonner toute personne dépourvue de documents d’identité d’être un dissimulateur dépourvu de motifs d’asile.

      La problématique de l’exécution des renvois a été, dans ce contexte, une source de préoccupation majeure des années récentes. La Confédération a tenté et tente toujours de remédier à cette situation par la signature d’accords de réadmission avec les pays d’origine et de transit et par la mise en place de conditions d’expulsion de plus en plus dures, permettant la détention en vue du départ, la mise sous pression financière des cantons pour qu’ils exécutent les renvois et celle des demandeurs d’asile pour qu’ils fournissent toutes les informations et documents requis.

      Dissuasion et technologisation

      Une quatrième caractéristique récurrente de la politique d’asile des dernières décennies est une volonté de dissuasion par des conditions d’accueil peu attractives et des procédures sélectives. Les normes d’assistance pour les demandeurs d’asile ont ainsi été progressivement abaissées et les délais de recours raccourcis. La mise en place de barrières rendant plus difficile l’accès à la procédure d’asile (non-entrée en matière sur certaines demandes, recours systématique aux accords de Dublin, sanctions contre les compagnies aériennes transportant des personnes dépourvues de documents valables) ainsi que l’octroi de statuts subsidiaires vont dans le même sens.

      Des outils technologiques de plus en plus sophistiqués ont été mis en œuvre pour l’identification des personnes (dactyloscopie), l’établissement de l’âge (radiographies), l’expertise des documents et la vérification des provenances (expertise linguistique). Des campagnes d’information ont par ailleurs ciblés certains pays afin de dépeindre la Suisse comme une destination peu attractive.

      La politique de dissuasion est justifiée par le fait qu’elle est censée s’adresser aux personnes n’ayant pas de motifs d’asile solides et ainsi favoriser l’accueil des autres. Dans le même temps, les épisodes d’exil récents et en particulier la crise syrienne ont montré que pour des personnes pourtant considérées par le HCR comme des réfugiés de plein droit, la Suisse était devenue une destination de deuxième choix.

      Un changement de paradigme ?

      Les grandes évolutions que nous venons d’évoquer montrent à quel point, malgré la restructuration actuelle, la politique d’asile continue à s’exercer dans un certain paradigme. L’accueil sélectif et la dissuasion en sont les maîtres mots. L’approche reste ainsi réactive face à la croissance des demandes de protection à l’échelle mondiale et soulève de nombreuses questions : les personnes les plus menacées sont-elles bien celles qui sont protégées ? Les critères de protection choisis ne favorisent-ils pas certains profils indépendamment des risques objectifs encourus ? Imposer le déplacement jusqu’en Suisse pour demander la protection ne suscite-il pas de dangereux voyages ? La sélection par la vraisemblance du récit et par son adéquation à une définition spécifique du réfugié est-elle la seule possible ?, etc…

      Maintenant que l’importante réforme de la procédure est sous toit, il est sans doute temps d’initier une réflexion plus profonde sur ces questions visant à inscrire la politique d’asile dans un projet plus cohérent et proactif de protection.

      https://blogs.letemps.ch/etienne-piguet/2019/03/01/restructuration-de-lasile-tout-change-rien-ne-change

    • Une procédure expéditive

      Par une décision du 7 décembre 20181, le Comité contre la torture dit que la Suisse, en prononçant une décision de renvoi d’un ressortissant érythréen vers son pays d’origine, viole l’art. 3 de la Convention de l’ONU contre la torture. Selon cette disposition, aucun Etat partie n’expulsera, ne refoulera, ni n’extradera une personne vers un autre Etat où il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture.

      Il s’agit d’un requérant d’asile qui a fui son pays en juin 2010 afin d’éviter d’être recruté par l’armée. Après avoir vécu trois années au Soudan, notamment dans un camp du Haut Commissariat pour les réfugiés, il a introduit en Suisse une demande d’asile le 22 mai 2014. Lors des deux auditions conduites par le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), il n’a pas bénéficié de représentation légale gratuite. Mais surtout, lors de la deuxième audition sur les motifs d’asile, malgré sa demande, il n’a pas eu accès à un interprète dans sa #langue maternelle, mais en tigrinya, dont il n’a pas une bonne maîtrise.

      Le 1er mars 2016, le SEM a rejeté la demande d’asile car les motifs de départ du requérant n’avaient pas été rendus vraisemblables et a prononcé son renvoi de Suisse. Le 4 avril 2016, le requérant a interjeté un recours contre cette décision au Tribunal administratif fédéral. Il a sollicité la dispense de paiement de l’avance des frais de procédure en raison de son indigence : il lui était interdit de travailler et bénéficiait d’une assistance mensuelle de 415 francs. Le Tribunal a rejeté la requête, exigeant le paiement de l’avance des frais de procédure. Procédant à un examen sommaire de la situation, il était arrivé à la conclusion que le recours était voué à l’échec. Faute de paiement dans le délai, le recours a été déclaré irrecevable par le Tribunal dans un arrêt du 17 mai 2016.

      Assisté par le Centre suisse pour la défense des droits des migrants (CSDM), le requérant a introduit une plainte le 3 mars 2017 au Comité contre la torture des Nations Unies (#CAT). La décision du comité est intéressante car elle critique la #procédure_expéditive dont a fait l’objet ce ressortissant érythréen, tant celle menée par le SEM que celle qui s’est déroulée auprès du Tribunal. Dans le cadre de la mise en œuvre de la nouvelle procédure d’asile applicable dès le 1er mars 2019, dont l’objectif principal est l’accélération du traitement des demandes d’asile, les autorités et juridictions doivent être particulièrement attentives au contenu de cette décision.

      Le CAT, qui fait référence au rapport du 25 juin 2018 de la Rapporteuse spéciale des nations Unies sur la situation des droits de l’homme en #Erythrée, indique que la situation des droits fondamentaux est sombre dans ce pays, que la torture et les mauvais traitements continuent d’y être pratiqués. Or, le CAT observe que, lors de la procédure devant le SEM, le requérant n’a pas eu accès à un #conseil_juridique gratuit et qu’il n’a pas été auditionné dans sa langue maternelle. De plus, les autorités ont contesté la validité des documents produits sans pourtant prendre des mesures pour en vérifier l’authenticité. Mais surtout, l’article 3 de la Convention implique un #droit_à_un_recours utile de sorte qu’il soit possible de procéder à un examen effectif, indépendant et impartial de la décision de renvoi si l’on est en présence d’une allégation plausible mettant en cause le respect de l’interdiction du refoulement.

      En exigeant le paiement d’une #avance_de_frais de procédure de 600 francs, alors que le requérant n’était pas en mesure de s’acquitter de ce montant, la Suisse ne lui a pas donné la possibilité de démonter les risques qu’il encourrait en cas de retour forcé en Erythrée et, partant, l’a privé d’un examen indépendant et impartial de la décision du SEM de le renvoyer. Le CAT observe que la Suisse semble avoir accepté la probabilité que le requérant soit astreint à des obligations militaires en Erythrée, sans toutefois se prononcer sur la compatibilité de cette pratique avec les droits tirés de la Convention. Ainsi, son renvoi constituerait une violation de l’article 3 de la Convention.

      La nouvelle procédure d’asile, par les cadences qu’elle impose, en particulier en fixant des délais brefs tout le long de l’instruction de la demande et dans le cadre du recours, présente des dangers quand bien même une représentation légale gratuite est instaurée.

      La décision du CAT rappelle l’importance de garantir une #procédure_équitable aux demandeurs d’asile. Il ne s’agit pas que d’une question de forme. Un traitement mécanique des demandes d’asile, par souci d’efficacité, sans respect effectif des droits de procédure, est susceptible de mettre en danger les migrants qui sollicitent une protection de la Suisse.

      https://lecourrier.ch/2019/03/13/une-procedure-expeditive

    • Mise en exergue d’un passage du rapport du Grand Conseil genevois sur le centre du #Grand-Saconnex. Il s’agit des mots prononcés par #Pierre_Maudet autour de la nouvelle loi sur l’asile (p.9 du rapport : http://ge.ch/grandconseil/data/texte/M02489A.pdf) :

      L’objet affiché et assumé de cette loi était de réduire l’attrait de la Suisse aux yeux des requérant-e-s et de complexifier l’accès à la #Suisse.

      #dissuasion #attractivité #réforme #révision #loi

      Comme le dit un ami :

      …dire qu’après ça certains reprennent encore la bouche en cœur la communication du DFJP visant à faire croire qu’il s’agit d’accélérer les procédures dans l’intérêt des requérants…

      #accélération_des_procédures

  • ‘Maintenant, les prisonniers’ : au Pays Basque, la société civile prend les rues pour la paix
    https://lemediapresse.fr/social/maintenant-les-prisonniers-au-pays-basque-la-societe-civile-prend-les-

    À l’appel des « Artisans de la Paix », 9000 basques ont manifesté à Bayonne le samedi 12 janvier, imités à Bilbao, en Pays Basque Sud, par 70 000 personnes. Huit mois après la dissolution de l’ETA, ils réclament la fin des mesures d’exception pour les prisonniers et la reprise des discussions avec le gouvernement. Traversant le […]

  • Pour que les Strasbourgeois donnent plus leur sang, l’EFS va redonner vie aux quartiers
    https://www.rue89strasbourg.com/les-strasbourgeois-donnent-moins-leur-sang-que-le-reste-des-bas-rhi

    Environ 20% des dons de sang du Bas-Rhin proviennent de l’Eurométropole, alors que l’agglomération représente un peu plus de 40% de la population du département. L’Établissement français du sang (EFS) de Strasbourg s’est lancé depuis quelques années dans une quête aux dons urbains mais l’établissement doit innover. (lire l’article complet : Pour que les Strasbourgeois donnent plus leur sang, l’EFS va redonner vie aux quartiers)

  • Photo de l’assassinat du Premier ministre espagnol Luis Carrero Blanco par le groupe séparatiste basque ETA le 20 décembre 1973.

    L’assassinat du Premier ministre Luis Carrero Blanco, également connu sous son nom de code, Operación Ogro (en anglais : Operation Ogre), a eu de profondes conséquences sur la politique espagnole. L’amiral Carrero Blanco a été assassiné à #Madrid par le groupe séparatiste basque #ETA le 20 décembre 1973. Cet assassinat est considéré comme le plus grand #attentat contre l’État franquiste depuis la fin de la #guerre_civile_espagnole en 1939.

    La mort de Carrero Blanco eut de nombreuses implications politiques. À la fin de 1973, la santé physique du caudillo Francisco Franco s’était détériorée de manière significative, ce qui résumait la dernière crise de l’État franquiste. Après sa mort, le secteur le plus conservateur de l’État franquiste, connu sous le nom de búnker , a voulu influencer Franco afin qu’il choisisse un ultraconservateur comme Premier ministre. Enfin, il a choisi Carlos Arias Navarro , qui avait initialement annoncé un assouplissement partiel des aspects les plus rigides de l’État franquiste, mais qui se retirait rapidement sous la pression du búnker. En revanche, ETA a consolidé sa place en tant que groupe armé pertinent et évoluera pour devenir l’un des principaux adversaires du #franquisme.

    http://historium.tumblr.com
    #histoire #Tumblr

  • POURPARLERS INTERYEMENITES : UNE "OCCASION CRUCIALE POUR PARVENIR A LA PAIX" (Le Monde Arabe-2018-12-07)

    "Les délégations houthistes et yéménites se retrouvent à Stockholm, en Suède, pour tenter de mettre un terme à la guerre.

    Cela faisait plus de deux ans que les parties ne s’étaient pas rencontrées. Autour d’une table et pour parler de la paix, du moins. Hier, Martin Griffiths, l’envoyé spécial des Nations unies (ONU) pour le Yémen, a souligné l’ « étape importante » que constituait « la reprise aujourd’hui d’un processus politique, après deux ans et demi sans convocation d’un processus politique formel, entre les deux délégations ». D’après le diplomate, qui a tout fait pour convaincre les rebelles Houthis et le gouvernement yéménite de la nécessité d’une entrevue, après les échecs de 2016 et, plus récemment, de septembre 2018, la rencontre de Stockholm (Suède) prouve que les deux parties sont prêtes à se réunir « au nom d’une solution politique pacifique au conflit ».

    « Solution politique »

    Celles-ci ont réclamé, ces dernières semaines, une désescalade de la violence, cristallisée autour de la ville d’Hodeïda (ouest), aux mains des Houthis mais assiégée depuis plusieurs mois par la coalition arabe qui épaule l’armée du président yéménite, Abd Rabo Mansour Hadi, en exil à Riyad. Après une période de cessez-le-feu d’une dizaine de jours, les combats ont repris, fin novembre, alors même que Martin Griffiths se trouvait sur place pour s’entretenir avec les belligérants. Qui, selon l’ONU, doivent absolument s’entendre sur une cessation durable des hostilités, 70 % des importations du Yémen (alimentation, humanitaire, santé…) transitant par le port d’Hodeïda, alors que le pays affronte « la pire crise humanitaire du monde ».

    Samedi dernier, Mark Lowcock, le responsable onusien des affaires humanitaires, a d’ailleurs alerté sur la détérioration alarmante de la situation au Yémen, où plus de 80 % de la population a besoin d’une aide humanitaire (soit près de 24 millions de personnes). Le pays, qui « n’a jamais été aussi proche de la famine » selon lui, est également celui « qui aura le plus gros problème en 2019 », entre l’insécurité, le conflit, la pauvreté mais également la mauvaise adaptation aux changements climatiques. Un « fardeau » que le « peuple yéménite porte depuis bien trop longtemps », a estimé hier Margot Wallström, la ministre suédoise des Affaires étrangères, qui s’attend à « des jours importants ».

    Martin Griffiths, de son côté, a estimé que « la barre est élevée » pour réussir les pourparlers de Stockholm. Tout en rappelant l’ « occasion cruciale » qu’ont les parties réunies en Suède de donner une impulsion au processus de paix et d’avancer vers un accord global. En commençant donc par l’arrêt des combats. « Une telle réduction de la violence et la retenue sur le champ de bataille ont un impact significatif sur la vie des Yéménites, et envoient également le message à la population que nous sommes ici avec la ferme intention de recherche une solution politique », a effectivement indiqué l’envoyé spécial de l’ONU. Qui s’est d’ores et déjà réjoui que les parties s’entendent sur un échange de plusieurs milliers de prisonniers ; un acte « d’une importance capitale pour des milliers de familles » selon lui.

    Appel de fonds

    La question économique devrait également être abordée à Stockholm, alors que tous les voyants nationaux sont au rouge – ou presque. La chute vertigineuse du riyal – qui s’échangeait avant la guerre à 220 riyals pour 1 dollar, aujourd’hui à 725 riyals pour 1 dollar – a fait grimper en flèche le prix des denrées de première nécessité. Au premier rang desquelles la nourriture, déclenchant ainsi une crise alimentaire, alors que « 240 000 personnes vivent dans des conditions catastrophiques, similaires à une famine », a indiqué l’ONG Care, se basant sur le dernier rapport de la plateforme humanitaire IPC (Integrated Phase Classification) publié hier.
    Alors qu’en septembre dernier, l’ONG Save the Children avait déjà fait le lien entre guerre et famine au Yémen, « ce rapport doit être un électrochoc pour le monde entier, estime Johan Mooij, le directeur de Care au Yémen. La flambée des prix des denrées alimentaires et l’insécurité sont telles que de nombreuses familles passent souvent plusieurs jours sans manger. Dans certaines régions, les gens achètent une cuillère d’huile à la fois car ils n’ont pas les moyens d’acheter plus ». En trois mois, révèle Care, les prix de l’huile ont effectivement augmenté de 215 %, quand celui d’un kilo de riz équivaut à 65 % du revenu quotidien d’une personne. Des rapports, absurdes mais alarmants, qui ont poussé les Nations unies à annoncer le plus grand appel de fonds jamais lancé : 4 milliards de dollars pour venir en aide à la population yéménite.
    Cette dernière pourra-t-elle compter sur une entente entre Houthis et gouvernement yéménite, pour mettre fin, dans un premier temps, à la violence ? Selon Samah Mohamed, historienne et spécialiste du Yémen, « il ne fait aucun doute que la paix au Yémen est étroitement liée aux intérêts des pays régionaux et internationaux » – l’Iran, bête noire des Saoudiens, aidant de loin les rebelles Houthis. Toutefois, pour l’heure, seuls les acteurs locaux sont invités à participer aux pourparlers de l’ONU ». D’autres, comme les groupes terroristes Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA) et l’organisation Etat islamique (EI), ne sont évidemment pas représentés. Et pourraient poser problème au processus de paix, certains groupes salafistes s’opposant aux Houthis (chiites)."

  • TOUT CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LE PACTE MONDIAL QUI SERA SIGNE A MARRAKECH (TelQuel.ma-Zaïnab ABOULFARAJ-2018-12-04)

    Pour la première fois, la migration fera l’objet d’un pacte mondial. Ce document de 41 pages, qui sera signé à l’issue d’un sommet organisé à Marrakech les 10 et 11 décembre prochains, a fait l’objet de vives contestations émanant des pays non signataires comme la Hongrie, Israël ou encore les États-Unis. Décliné en 23 objectifs, le texte fera office de référence internationale dans le domaine de la migration ainsi que de sa gestion et ambitionne également de faciliter les flux migratoires. Les détails.

    Des droits pour les migrants

    Une des ambitions communes formulées dans le pacte mondial sur la migration (PMM) est de « sauver des vies et mettre les migrants à l’abri du danger » ainsi que de permettre leur inclusion afin de leur offrir l’occasion de devenir des « membres à part entière dans nos sociétés ».
    Dans ce sens, les pays signataires du pacte onusien s’engageront à coopérer pleinement pour que les libertés fondamentales soient garanties aux réfugiés et aux migrants foulant le sol de leurs territoires. « La migration ne devrait jamais être un acte désespéré », déclare le document onusien. Si c’est le cas, les pays concernés devront se mettre d’accord pour « répondre aux besoins des migrants en situation de vulnérabilité et de résoudre les problèmes qui se posent ».
    Les signataires du PMM devront également « créer des conditions qui permettent aux communautés et aux individus de vivre en sécurité et dans la dignité dans leur propre pays ». L’objectif 13 du pacte, lui, interdit les détentions arbitraires et n’autorise les arrestations qu’en dernier recours.

    Papiers d’identité

    Chaque individu a le droit d’avoir une identité légale. Les pays signataires du PMM s’engagent à délivrer aux citoyens « une preuve de nationalité et tous les papiers nécessaires » pour permettre aux autorités nationales et locales de s’assurer de « l’identité légale d’un migrant lors de son entrée dans le territoire, tout au long de son séjour et à son retour ».
    Ils s’engagent également à prendre les mesures nécessaires pour procurer aux migrants « à toutes les étapes de leur migration, les papiers et actes d’état civil dont ils ont besoin », comme les actes de naissance, de mariage et de décès. Dans ce sens, les pays signataires de ce texte s’engagent à harmoniser les titres de voyages, conformément aux prescriptions de l’Organisation de l’aviation civile internationale, en « investissant dans la numérisation et en renforçant les dispositifs de partage des données biométriques ».
    Pour tenir ces engagements, les pays du PMM entendent faciliter l’accès aux documents personnels, tels que les passeports et les visas ainsi que de renforcer les dispositions qui visent à réduire les cas d’apatridie, en enregistrant « les naissances des migrants » et en veillant à ce que les femmes et les hommes puissent transmettre leur nationalité à leurs enfants nés sur le territoire d’un autre pays.

    Favoriser la mobilité des travailleurs

    Le PMM a également pour objectif de faire en sorte que les filières de migrations régulières soient plus accessibles en vue de favoriser « la mobilité de la main-d’œuvre et le travail décent » et pour « répondre aux besoins des migrants qui se trouvent en situation de vulnérabilité ».
    C’est dans cette optique que l’objectif 6 du PMM appelle la communauté internationale à favoriser des pratiques de recrutement justes et éthiques et à assurer les conditions d’un travail décent. Ainsi, une des mesures proposées est de promouvoir la signature et la ratification des instruments internationaux relatifs à la migration internationale de la main-d’œuvre, aux droits du travail, au travail décent et au travail forcé.

    D’autre part, le document onusien préconise d’interdire « la confiscation ou la rétention non consensuelle des contrats de travail, des titres de voyage ou des papiers d’identité des migrants » pour empêcher la maltraitance, l’exploitation, le travail forcé et obligatoire.
    Dans son 18e objectif, le pacte invite les pays ayant approuvé le document à faciliter la reconnaissance mutuelle des aptitudes, des qualifications et des compétences pour améliorer « l’employabilité des migrants sur le marché du travail formel dans les pays à destination et dans leur pays d’origine » et pour « garantir que la migration de main-d’œuvre conduise à [l’obtention] d’ emplois décents ».
    Pour évaluer les progrès des pays signataires au niveau local, national et régional, les Nations unies mettront en place un système de suivi. Le Forum d’examen des migrations internationales sera ainsi la principale structure intergouvernementale permettant aux Etats signataires du PMM de débattre et de s’informer de leurs progrès respectifs. Cette rencontre aura lieu tous les quatre ans à partir de 2022.

    Informer les migrants

    Dans le troisième objectif, les Nations unies se fixent pour but de créer un site web centralisé sur lequel de potentiels migrants pourront consulter toutes les informations relatives à la migration régulière comme « les lois et politiques en matière d’immigration, les critères et formalités d’obtention, le coût et les modalités de conversion des visas, les critères d’obtention d’un permis de travail » ou encore « le niveau de qualification professionnelle requis », indique le texte onusien .

    Pour venir en aide aux migrants, les signataires du pacte s’engagent à installer, le long de certaines routes migratoires, des points d’information pour « orienter les migrants vers des services d’appui et de conseil adaptés aux enfants et sensibles à la problématique femmes-hommes ». Les migrants auront également la possibilité de « communiquer avec les représentants consulaires des pays d’origine ».

    Une base de données pour la migration

    La première ambition listée dans le PMM consiste à collecter et à utiliser des données précises et ventilées qui serviront à l’élaboration de politiques fondées sur la connaissance des faits. À travers cet engagement, les Etats partie prenante espèrent « étoffer la base de données factuelles sur les migrations internationales en améliorant, par des investissements adéquats, la collecte, l’analyse et la dissémination de données précises, fiables et comparables, ventilées par sexe, âge, statut migratoire et toute autre caractéristique applicable à un contexte national donné ». Ces données se feront tout « en défendant le droit à la vie privée » et en protégeant « les données personnelles ».

    Le développement durable pris en compte

    En signant le PMM, les pays qui y ont adhéré s’engagent à lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent les personnes à quitter leur pays d’origine. Pour ce faire, ils devront créer les conditions politiques, économiques, sociales et environnementales pour permettre aux individus de vivre dans leur propre pays « sans violence, de manière productive et dans des conditions viables ». Les pays de l’ONU s’engageront également exécuter « pleinement » le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

    Un pacte non contraignant

    Si 23 objectifs sont listés pour les pays signataires du PMM, le pacte est toutefois un texte « non contraignant ». Cela signifie donc que l’ONU ne peut pas forcer les États membres à appliquer certaines dispositions du texte afin de respecter la « souveraineté » de chacun d’entre eux. Le texte se veut être un « cadre de coopération juridiquement non contraignant, qui repose sur les engagements convenus par les États membres dans la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants », indique le document onusien.

  • Le Monde Arabe-26-11-2018 ; Stanislas TAIN*

    Selon l’UNICEF, la majorité des enfants défavorisés ne reçoivent ainsi « aucune forme d’aide gouvernementale ».

    En Irak, « le conflit et l’inégalité demeurent des caractéristiques fondamentales de l’enfance ». Voici ce qui ressort de la dernière étude approfondie de l’UNICEF sur le bien-être des enfants, rendue publique le 19 novembre dernier à Bagdad. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance, en coopération avec les autorités irakiennes, profitait du lancement de sa sixième « enquête à indicateurs multiples » (MICS) – mécanisme créé dans les années 1990 afin d’aider les Etats à rassembler puis analyser des quantités de données – pour remettre son rapport, « le plus complet sur les enfants depuis 7 ans ». Et c’est peu dire que le pays, sous l’emprise de l’organisation Etat islamique (EI) ces trois dernières années, qui cherche à présent à se reconstruire – dans tous les sens du terme -, a fort à faire pour procurer un cadre de vie décent à l’ensemble de sa jeunesse.

    « Le fossé grandissant »
    Selon l’UNICEF, la majorité des enfants défavorisés ne reçoivent ainsi « aucune forme d’aide gouvernementale », ce qui a tendance, inévitablement, à creuser les écarts et les inégalités. En matière d’éducation notamment, où les besoins restent « immenses ». La moitié des écoles publiques d’Irak nécessitent par exemple une sérieuse réhabilitation, après des années de conflit, tandis qu’ « une école sur trois fonctionne par quarts multiples, ce qui réduit le temps d’apprentissage des enfants », déplore l’agence onusienne. Si 92 % d’entre eux sont inscrits à l’école primaire, seule un peu plus de la moitié des enfants défavorisés finiront le cycle primaire. L’écart se creusant même dans l’enseignement secondaire et supérieur, « où moins d’un quart [d’entre eux] obtiennent leur diplôme (23 %), contre les trois quarts des enfants issus de milieux plus aisés (73 %) ».
    « Les données indiquent clairement que les enfants les plus vulnérables en Irak sont ceux qui risquent le plus de prendre du retard, a ainsi déclaré Peter Hawkins, le représentant de l’UNICEF en Irak, qui regrette que les autorités irakiennes n’investissent pas plus dans l’éducation. Les gains durement gagnés pour mettre fin au conflit et assurer la transition vers un avenir stable pourraient être perdus sans investissements supplémentaires pour que tous les enfants puissent réaliser leur plein potentiel », ajoute-t-il. Selon l’UNICEF, Bagdad a besoin de 7 500 écoles supplémentaires, alors que pas moins de 1 000 établissement ont été entièrement ou partiellement détruits par les combats contre l’EI. Les heures de classes, de facto saturées, ne permettant pas aux élèves de progresser à la même vitesses que ceux dont la famille a davantage de moyens.
    « Le fossé grandissant entre ceux qui possèdent [des richesses, ndlr] et ceux qui n’en ont pas sème la discorde et sape les intérêts des enfants et de l’Irak. » Peter Hawkins, représentant de l’UNICEF en Irak.

    « L’avenir de ce pays »
    Résultat : « Quand la qualité s’effrite, les enfants quittent d’eux-mêmes l’école », accuse Peter Hawkins. Alors que, selon l’UNICEF, « la fréquentation régulière de l’école est un élément essentiel de la guérison de plus d’un million d’enfants qui auraient besoin d’un soutien psychosocial pour faire face aux blessures invisibles de la guerre ». D’autres, bien visibles, outre les carences de l’éducation nationale, concernant les problèmes liés à la santé, toujours selon le rapport de l’agence onusienne. Si l’Irak a accompli des progrès notables dans le domaine de la santé des nouveau-nés et des enfants (14 décès au cours des premiers mois pour 1 000 naissances), « les défi surgissent peu après la naissance », pointe-t-elle du doigt. Seuls 4 enfants sur 10 sont entièrement vaccinés, par exemple, quand moins de 40 % de la population a accès à l’eau potable à domicile. Ce qui expose les enfants à un risque grave de maladies d’origine hydrique.
    Pourtant, il fut un temps où l’Irak était l’un des meilleures endroits de la région Moyen-Orient/Afrique du Nord (MENA) pour être un enfant, indiquait l’UNICEF en présentation de la quatrième enquête MICS, menée en 2011. Sauf que, « depuis les années 1970, le pays a perdu de l’élan et a pris beaucoup de retard. Si l’Irak avait progressé au même rythme que de nombreux autres pays, il aurait atteint en 2011 un certain nombre de ses objectifs. » Notamment en ce qui concerne la scolarisation, la mortalité infantile et l’accès à l’eau potable, trois programmes qui n’ont pas beaucoup évolué depuis. « Alors que l’Irak dépasse la violence des dernières années et se forge une nouvelle vie, il doit donner la priorité au bien-être de tous les enfants […] qui sont l’avenir de ce pays », a martelé Peter Hawkins.

    « Beaucoup de beaux discours »
    Le représentant de l’UNICEF en Irak de critiquer, à demi-mots, les gouvernement successifs, qui n’ont pas su (ou pu) faire évoluer les choses. Pourtant, « avec le bon engagement et les bonnes politiques en place, le gouvernement irakien peut faire une différence », explique-t-il. L’agence onusienne a d’ailleurs demandé aux autorités irakiennes d’investir dans des services qui profitent à des enfants touchés par le conflit et la pauvreté. Ainsi que « d’œuvrer pour mettre fin à toutes les formes de violence contre les enfants ». Quelques jours après la publication du rapport de l’UNICEF, au sud de Mossoul, 4 adolescents ont péri dans l’attaque du camion qui les menait à l’école. Un événement qui « pourrait compromettre les efforts considérables déployés pour ramener les enfants à l’école dans les zones où la violence était la plus forte », a notamment affirmé M. Hawkins dans un communiqué.

    En matière de scolarisation comme de santé et de sécurité, il y a donc urgence à agir, selon l’ensemble des observateurs. Problème : le tout nouveau Premier ministre, Adel Abdel Mahdi, dont l’arrivée au pouvoir tient davantage du compromis politique, ne dispose pas de base très solide pour engager des réformes. Et la première d’entre elles concernera vraisemblablement la corruption, qui gangrène le pouvoir et contre laquelle les Irakiens ont d’ailleurs manifesté ces dernières semaines. « De manière générale, nous avons eu depuis 2003 des politiciens qui pensaient à leurs intérêts personnels avant l’intérêt à long terme du pays », explique le journaliste franco-irakien Feurat Alani, interrogé sur la probabilité de voir le gouvernement engager des réformes pour la jeunesse. « Il y a beaucoup de beaux discours sur la réconciliation nationale, l’éducation, les besoins du quotidien. Mais les Irakiens, dans leur majorité, n’en ont pas vu la couleur. »

  • Ze Thread de la mort qui tue
    ... et qui a raison, hélas, malgré tout le bien que je pense de la vidéo en question et de la plupart de celleux qui y participent, et d’ailleurs ça n’empêche pas d’y participer... mais avec lucidité ?

    Depuis lundi et la sortie du rapport du GIEC ("résumé pour les décideurs" en fait), des youtubeureuses ont fait une vidéo qui a pas mal tourné (4,6 millions sur FB et 120k YT) sur les questions d’#écologie.
    https://youtu.be/SVPcRqdoAVg


    Elle pose vraiment problème, pour plusieurs raisons⬇️

    À lire entièrement par ici : https://threadreaderapp.com/thread/1050010410609463297.html par @TerTerEtLiberte #ilestencoretemps

  • Haemonetics : Dons de plasma : des machines américaines mises à l’arrêt en France par précaution RTBF - 17 Septembre 2018
    https://www.rtbf.be/info/societe/detail_dons-de-plasma-des-machines-americaines-mises-a-l-arret-en-france-par-pr

    Accusées par des lanceurs d’alerte de faire courir des risques toxiques aux donneurs de plasma, les 300 machines de l’américain Haemonetics, qui représentent la moitié du parc français, ne peuvent désormais plus être utilisées en France. Selon la Croix-Rouge de Belgique, cet équipement n’est pas utilisé en Belgique.

    « C’est une mesure de précaution dans l’attente des expertises » diligentées par l’Agence du médicament ANSM, a indiqué à l’AFP le Dr Sylvie Gross, directrice médicale de l’Établissement français du sang (EFS).
    Cette décision, qui a pris effet mercredi dernier, fait suite « à la survenue de plusieurs signalements de matériovigilance portant sur ces dispositifs de prélèvements sanguins », a indiqué l’Agence du médicament ANSM.
    L’un de ces incidents a eu lieu lors d’un don à Tarbes et a été signalé le 26 août par l’EFS.


    Lors de cet incident, une « multitude de particules noires visibles à l’oeil nu » ont été observées à l’intérieur de la machine et de la poche de plasma, « de quantité, de taille et d’aspect inhabituels », selon le texte de la décision de suspension prise par l’ANSM.
    Un autre incident, dont le lieu n’est pas précisé, a été déclaré lundi 11 septembre. Là encore, « des particules visible à l’oeil nu » ont été observées à l’intérieur de la machine.
    Ces particules sont en cours d’analyse, a précisé l’ANSM à l’AFP.
    . . . . . . . . .
    Selon les lanceurs d’alerte, les joints de ces bols sont sujets à une usure anormale, aggravée par les vibrations de l’appareil.
    Ils affirment que l’usure de ces joints provoque l’introduction dans le sang ou le plasma de micro ou nanoparticules de composants cancérogènes ou mutagènes, les résines phénol-formaldéhyde et le trioxyde d’aluminium.

    L’un de ces lanceurs d’alerte, Alexandre Berthelot, est un ancien directeur commercial de Haemonetics. Il a démissionné en avril 2015 et accuse l’industriel de pratiques irrégulières.
    _ « On prend de vieilles machines, on les envoie aux États-Unis, on les désosse, on récupère des pièces détachées où on fait du cosmétique, et on les renvoie comme des neuves  », _ avait-il dénoncé le 24 mai lors d’une conférence de presse au siège de la CGT à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

    . . . . . . . . .
    et : http://sante.lefigaro.fr/article/don-de-plasma-la-moitie-des-machines-francaises-mises-a-l-arret-apres
    Pour faire suite à (02/2017) :
    Le #sang, c’est de l’argent
    https://seenthis.net/messages/572320

    Le scandale Haemonetics, nouvelle affaire du sang
    https://seenthis.net/messages/568751
    #don_du_sang #Hôpitaux #Médecine #sang_contaminé #sante #medecine #Haemonetics #EFS

  • Le Comité de l’ONU contre la torture s’oppose à un transfert Dublin vers l’Italie

    En vertu des accords de Dublin, la Suisse souhaitait renvoyer vers l’Italie un requérant d’asile érythréen victime de tortures dans son pays d’origine. Dans une décision récente le Comité des Nations unies contre la torture a demandé à la Suisse de ne pas renvoyer l’intéressé en Italie invoquant le respect de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (1984).
    A.N. victime de torture en Erythrée est venu en Suisse où vit son frère

    A.N. requérant d’asile érythréen, a fui son pays où il a été détenu durant cinq et régulièrement torturé. En 2015, il dépose une demande d’asile en Suisse où il reçoit rapidement des soins auprès de la Consultation pour victimes de torture et de guerre (HUG). Plusieurs rapports médicaux détaillés concernant les tortures subies sont soumises aux autorités suisses – Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) et Tribunal administratif fédéral (TAF). Mais elles le déboutent et il est transféré en Italie en octobre 2016. Là-bas il ne trouve aucun logement, rien pour se nourire, aucune aide. Après deux jours il décide de revenir en Suisse où il dépose une seconde demande d’asile. En Suisse il est accueilli par son frère et reçoit des soins médicaux réguliers. Les autorités d’asile le déboutent à nouveau et ordonnent son renvoi vers l’Italie ignorant complètement la situation médicale de l’intéressé et l’importance des soins dont il a besoin.

    Un renvoi vers l’Italie pourrait être fatal

    En avril 2016, A.N., le Centre suisse pour la défense des droits des migrants (CSDM) soumet une requête au Comité des Nations unies contre la torture (CAT) invoquant une violation des articles 3, 14 et 16 de la Convention contre la torture.

    En bref que disent ces dispositions ?

    L’article 3 stipule qu’ “aucun Etat partie n’expulsera, ne refoulera, ni n’extradera une personne vers un autre Etat où il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture”,
    l’article 14 stipule que “tout Etat partie garantit, dans son système juridique, à la victime d’un acte de torture, le droit d’obtenir réparation et d’être indemnisée équitablement et de manière adéquate, y compris les moyens nécessaires à sa réadaptation la plus complète possible” et
    l’article 16 stipule que “tout Etat partie s’engage à interdire dans tout territoire sous sa juridiction d’autres actes constitutifs de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants qui ne sont pas des actes de torture telle qu’elle est définie à l’article premier lorsque de tels actes sont commis par un agent de la fonction publique ou toute autre personne agissant à titre officiel, ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite.”

    Contre l’avis des autorités suisses, le #Comité_contre_la_torture a rappelé que l’interdiction de refoulement doit être respectée aussi lorsqu’il existe des craintes avérées de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants dans le pays de destination. En outre l’obligation de fournir réparation aux victimes de torture et des moyens de réadaptation, s’impose même lorsque les actes de tortures ont été commis dans un autre pays.

    Le Comité des Nations unies s’est rallié à la cause du requérant érythréen sur toute la ligne notant en passant qu’à aucun moment les autorités suisses n’ont vérifier avec leurs correspondants italiens si des soins seraient accessibles en Italie. Le Comité a tenu compte des nombreux rapports sur les structures d’accueils défaillantes en Italie et le manque d’accès aux soins médicaux spécialisés et psychiatriques pour les victimes de torture. En renvoyant de force l’intéressé vers l’Italie, la Suisse violerait son devoir de réhabilitation. Le Comité a souligné que dans le cas précis, les mauvais traitements auxquels l’intéressé serait exposé en Italie, conjugué avec l’absence d’un environnement social stable, entraînerait un risque sérieux de détérioration de son état dépressif pouvant mener au suicide. Dans ces circonstances, les mauvais traitements subis en Italie mèneraient à un niveau de souffrance grave, équivalent à de la torture.
    Une grande nouvelle

    Pour Boris Wijkstroem, Directeur du CSDM, cette nouvelle est particulièrement réjouissante car elle “ apporte des lignes directrices aux autorités étatiques sur la manière d’appliquer le règlement Dublin en conformité avec les droits fondamentaux des personnes concernée.” Dans son communiqué de presse, le CSDM demande au Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) de “veiller à ce que toutes les décisions prononcées en application du Règlement Dublin relatives à des procédures pendantes ou futures concernant des demandeurs d’asile vulnérables, soient prononcées en conformité avec cette nouvelle jurisprudence”.

    Cette décision est une avancée dans la protection des droits fondamentaux des requérants d’asile, injustement bafoués par le système Dublin. Désormais les autorités suisses devront garantir aux victimes de torture leur droit individuel à la réadaptation conformément à l’article 14 de la Convention.

    Pour A.N. c’est une immense bonne nouvelle. Sa demande d’asile sera désormais traitée en Suisse.

    https://blogs.letemps.ch/jasmine-caye/2018/09/10/le-comite-de-lonu-contre-la-torture-soppose-a-un-transfert-dublin-vers
    #Dublin #renvoi_Dublin #asile #migrations #réfugiés #Suisse #Italie #torture

    Communiqué de presse du CSDM :
    https://blogs.letemps.ch/jasmine-caye/wp-content/uploads/sites/66/2018/09/Communique%CC%81-de-Presse-CSDM-10.09.2018-Franc%CC%A7ais.pdf

    cc @isskein

    • L’ONU bloque le renvoi d’une victime de torture vers l’Italie

      À l’avenir, en expulsant une victime de torture vers l’Italie, la Suisse violerait la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Amnesty International se réjouit de la décision du Comité des Nations unies contre la torture (#CAT) de fixer enfin des limites claires au rapatriement, sur la base du Règlement de Dublin, des demandeurs d’asile particulièrement vulnérables.

      « Le règlement de Dublin doit être appliqué conformément aux obligations de la Suisse en matière de droits humains. C’est ce qu’indique clairement cette décision du Comité contre la torture de l’ONU », a déclaré Muriel Trummer, experte en droit d’asile de la Section suisse d’Amnesty International. « Si, par exemple, une personne demandant l’asile est en mauvaise santé, a subi un grave traumatisme ou est très âgée, son expulsion en vertu du règlement de Dublin peut constituer un traitement inhumain et est donc interdite en droit international ».

      « À ce jour, les autorités suisses en matière d’asile n’ont pas pris les mesures nécessaires pour que le règlement de Dublin soit appliqué dans le respect des droits humains. Amnesty International connait de nombreux cas dramatiques, dans lesquels des expulsions ont été ordonnées, qui ont causé d’immenses souffrances » a déclaré Muriel Trummer.

      Expulsé malgré un grave traumatisme

      Le Comité contre la torture a rendu une décision de principe dans l’affaire d’un Érythréen qui avait demandé l’asile en Suisse (A.N. c. Suisse, communication no 742/2016). L’homme a été emprisonné chez lui pendant cinq ans - dont plusieurs années à l’isolement - pour des raisons politiques. Il a été torturé et maltraité de manière répétée. Après sa libération, il a été recruté de force dans le corps des gardes-frontières jusqu’à ce qu’il réussisse à fuir le pays.

      Lorsqu’il a demandé l’asile en Suisse en septembre 2015, il était gravement traumatisé et avait besoin d’un traitement médical urgent. Plusieurs rapports médicaux ont décrit en détail les lourdes conséquences physiques et psychiques des tortures subies et l’ont identifié sans doute possible comme victime de la torture. Les autorités suisses compétentes en matière d’asile ont malgré tout ordonné à plusieurs reprises son expulsion vers l’Italie sur la base du règlement de Dublin.

      La décision du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) a été confirmée à deux reprises par le Tribunal administratif fédéral. En avril 2016, l’organisation non gouvernementale CSDM (Centre Suisse pour la Défense des Droits des Migrants) a déposé une plainte auprès du CAT. L’un des motifs invoqués était qu’il se verrait refuser l’accès à un traitement médical adéquat en Italie, ce qui constituerait une violation du droit à la réhabilitation prévu à l’article 14 de la Convention.

      Dans sa décision, le CAT a noté que la Suisse n’avait pas suffisamment investigué la situation individuelle du demandeur d’asile en tant que victime de torture et n’avait pas clarifié les conséquences possibles d’un transfert forcé en Italie. De l’avis du CAT, il aurait dû être clair que le risque était important que le requérant d’asile n’ait pas accès au traitement médical nécessaire et soit contraint à vivre dans la rue, ce qui constitue une violation de l’article 14 de la Convention. L’expulsion signifierait, en plus, la séparation d’avec son frère vivant en Suisse et donc la perte d’un environnement stabilisateur.

      L’expulsion de cette personne gravement traumatisée vers l’Italie constitue un traitement inhumain et violerait les articles 3 et 16 de la Convention (violation du principe de non-refoulement), a déclaré le CAT. La demande d’asile de l’homme doit maintenant être examinée en Suisse.

      Amnesty International demande au SEM de changer sa manière de penser

      « À la lumière de cette nouvelle jurisprudence, Amnesty International demande au Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) d’élaborer de nouvelles directives pour l’évaluation des demandeurs d’asile particulièrement vulnérables et, dans l’attente de leur mise en œuvre, de demander aux cantons de ne pas éliminer les cas définitifs ». « En outre, Amnesty International demande au SEM et au Tribunal administratif fédéral de statuer sur toutes les affaires pendantes et à venir concernant des demandeurs d’asile particulièrement vulnérables, en prenant en compte les considérations du CAT », a déclaré Muriel Trummer.

      En novembre 2017, Amnesty International, avec 200 autres organisations et 33 000 personnes, a soumis au Conseil fédéral un appel national muni de 33’000 signatures contre l’application trop stricte du règlement de Dublin. Elle appelle à une application plus humaine de ce règlement pour les personnes particulièrement vulnérables.

      https://www.amnesty.ch/fr/pays/europe-asie-centrale/suisse/docs/2018/onu-bloque-le-renvoi-dune-victime-de-torture

  • L’Etat Islamique revendique l’explosion d’une ampoule dans une cafétéria de Fréjus — Le Gorafi.fr Gorafi News Network
    http://www.legorafi.fr/2017/09/25/letat-islamique-revendique-lexplosion-dune-ampoule-dans-une-cafeteria-de-fr

    L’incident survenu dans la commune du Var vient d’être revendiqué par l’organisation Etat Islamique dans un communiqué ce matin.

    Alors celle là elle m’a mise par terre mdrrrr
    #état_islamique #terrorisme

  • Gilles Bertin, les vies déglinguées d’un enfant du punk, Henri Haget - Il s’est rendu à la justice « comme on se rend à l’évidence », écrit le Monde...
    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/06/04/gilles-bertin-les-vies-deglinguees-d-un-enfant-du-punk_5309072_1653578.html

    https://www.youtube.com/watch?v=bJGQf99pm5s

    Après s’être rendu à la justice au terme de trente ans de cavale, cet homme de 57 ans, tout à tour chanteur du groupe Camera Silens et braqueur, est jugé, mercredi 6 juin, à Toulouse, pour le casse d’un dépôt de la Brink’s, en 1988.

    Ce matin-là, un orage de printemps a transformé les rues de Toulouse en rizières. Sous la pluie battante, au milieu de la foule des employés de bureau qui se presse, l’ancien chanteur du groupe punk Camera Silens s’avance d’un pas ankylosé. Sa capuche bat au vent, son grand corps trop maigre a l’air de flotter. A 57 ans, Gilles Bertin semble égaré parmi tous ces gens qui n’ont pas une seconde à perdre. Il a dilapidé tellement plus que cela…

    Démarche d’échassier, il a l’air d’un type émergeant d’une nuit sans fin. La sienne a duré trente ans. Pour lui aussi, la période des crêtes et du « no future » est un souvenir lointain. Mais sa vie de damné ne lui a pas laissé le temps de refermer cette parenthèse de jeunesse. Et son passé n’a jamais cessé de le hanter, au Portugal, en Espagne et même ici, dans ce bistrot bondé de la place des Carmes où le bruit des conversations lui donne des maux de tête et où il ne peut s’empêcher de promener un regard anxieux sur les tables voisines, comme si toutes les polices d’Europe étaient encore à ses trousses.

    Avec ses boucles blondes, ses larges lunettes qui lui barrent le visage pour compenser la perte de son œil gauche, éteint par une infection virale, il n’a pourtant plus grand-chose du chien fou qui jappait sa révolte en mordant les mollets des bourgeois. Il ressemble plutôt à un touriste allemand ou, mieux, au chanteur Dick Annegarn, ce barde folk du siècle dernier. Il a effacé les tatouages qui ornaient ses mains et le coin de ses yeux. Il semble presque étranger à la dévotion posthume que les fans de punk portent au groupe dont il fut autrefois la figure de proue. Ecoute-t-il seulement, de temps à autre, Pour la gloire, l’hymne de Camera Silens qui électrocuta la scène rock bordelaise au début des années 1980 ? Il sourit, un peu gêné. « Déjà, à l’époque, j’avais du mal… »

    Grand escogriffe sorti des limbes

    Punk et junky à 20 ans, gangster en cavale à 30, rescapé du sida à 40 et, désormais, repenti soucieux de mettre de l’ordre dans ce chaos intime, Gilles Bertin s’apprête à comparaître, le 6 juin, devant la cour d’assises de la Haute-Garonne pour le braquage du dépôt toulousain de la Brink’s, le 27 avril 1988. Un bail, donc. Condamné à dix ans de prison par contumace en 2004, donné pour disparu puis pour mort par l’administration française, il aurait pu réchauffer sa conscience une poignée d’années supplémentaires dans la chaleur de son foyer barcelonais, auprès de sa compagne Cécilia et de leur fils de 6 ans, Tiago, en attendant la prescription. Il a choisi de courir un dernier risque.

    Muni d’un sac à dos et d’une valise de remords, il a franchi la frontière à pied, un jour de novembre 2016, puis il a pris le train pour Toulouse et il s’est rendu à la justice de son pays. Au fond de lui-même, il s’était préparé à cette scène-là depuis longtemps. Maintes et maintes fois, il s’était vu ressortir du palais de justice les menottes au poignet. Mais la juge des libertés et de la détention a dû être touchée par la sincérité de cet escogriffe sorti des limbes, vieux jeune homme timide poursuivi par une affaire presque oubliée de tous, puisqu’elle s’est contentée de le placer sous contrôle judiciaire dans l’attente de son procès. Il s’est retrouvé dans la rue, un peu sonné.

    « J’étais persuadé de passer ma première nuit au ballon. Du coup, je ne savais même pas où dormir… »
    Après avoir trouvé refuge ici ou là pendant plus d’un an, Gilles Bertin a fini par établir ses quartiers chez une tante éloignée, dans un pavillon au fin fond d’une impasse du fin fond d’un faubourg toulousain. Il vit dans une pièce éclairée au néon, en surplomb du garage, fait sa popote sur un réchaud de camping, repose son corps éreinté sur un sommier métallique. Ce n’est pas le Pérou, mais c’est bien mieux qu’à Bordeaux, le creuset de sa jeunesse et de sa gloire destructrice, où il a eu l’idée saugrenue de séjourner peu de temps après son retour en France.

    Mort en 2010, selon l’administration

    Le pote qui l’hébergeait lui rebattait tant les oreilles avec ses souvenirs d’ancien combattant que sa tension est montée en flèche et qu’il s’est mis à faire des crises d’angoisse. Et puis, sous les façades fraîchement ravalées et les ruelles pavées de frais du Bordeaux d’Alain Juppé, il ne reconnaissait pas sa ville, celle des squats du quartier Saint-Pierre et des bars miteux du cours de la Somme. « C’est l’horreur tellement c’est beau… », lâche-t-il avec la candeur d’un revenant dont la vie se serait arrêtée l’année où Le Grand Bleu cartonnait sur les écrans.

    Depuis qu’il s’est mis à la disposition de la justice, voici dix-huit mois, sa situation est presque aussi bancale qu’au temps où il vivait dans la clandestinité. Il n’a plus rien de commun avec Didier Ballet, son nom d’emprunt durant toutes ces années, mais il n’est pas redevenu tout à fait Gilles Bertin. Après l’avoir fait mourir en 2010, l’administration peine à le ressusciter : il n’arrive toujours pas à obtenir ses papiers d’identité. Du coup, la moindre démarche est un casse-tête. « En même temps, s’ils veulent me juger, ils sont bien obligés de me remettre vivant », croit-il comprendre.

    « SHOOTÉ, J’ÉTAIS UN ZOMBIE ; EN MANQUE, J’ÉTAIS CAPABLE DE FAIRE N’IMPORTE QUOI »
    GILLES BERTIN
    Pour s’y retrouver dans sa propre vie, il écrit le roman vrai d’un enfant du XXe siècle, un enfant terrible, au carrefour des années Guy Lux et du premier septennat de François Mitterrand. Une maison d’édition parisienne lui a signé un contrat ; un ami, presque un frère, Jean-Manuel Escarnot, correspondant de Libération à Toulouse, supervise l’avancée des travaux. « Heureusement que j’ai l’écriture pour tenir, sinon, je finirais par me demander ce que je fous là », note-t-il avec un pâle sourire qui éclaire sa peau mâchée par les hépatites à répétition.

    Ces derniers temps, pourtant, il a ralenti la cadence. Son livre est un peu comme lui, en suspens, entre la France et l’Espagne, ses années de déglingue et son douloureux chemin vers la contrition. « Je bloque, je n’arrive plus à me concentrer. C’est l’angoisse du procès qui me noue les tripes. » La première partie, en revanche, lui est venue d’un seul jet. Net et sans bavure. Comme à l’époque de Camera Silens, où il jetait ses couplets sur un sous-bock, entre deux bières, au Chiquito : « Qui saura nous faire exploser/Qui vaincra pour s’exprimer/Tous unis pour réussir/Tous unis pour en finir/Pour la gloire, eh, eh ! »

    « C’était comme ça sous Giscard »

    En finir, oui. Au commencement, Gilles Bertin veut surtout tordre le cou à une enfance aussi enjouée qu’une complainte de Nana Mouskouri. A Paris, son père est fonctionnaire à l’Hôtel des monnaies ; sa mère, atteinte du cancer, enchaîne les dépressions. « Les seuls moments où l’on ressemblait à une famille vaguement heureuse, c’est quand on partait en vacances sur la Côte d’Azur, dans un camping du ministère des finances. Le reste du temps, on vivait repliés sur la maladie de maman. On ne voyait jamais personne. »

    Il grandit dans ce huis clos pesant, d’abord à Orly, puis à Pessac, près de Bordeaux, lorsque l’Hôtel des monnaies déménage en Gironde. Le déracinement ne produit pas de miracle. Usé par son sacerdoce conjugal, son père est à cran et la scolarité chaotique de l’élève Bertin lui ouvre une autoroute vers le collège technique. Il est tout juste adolescent quand Michèle, sa sœur aînée, part suivre ses études de prof de gym à Paris. Elle était le seul rayon de soleil dans la maison. Dès lors, il ne sortira plus de sa chambre que pour se rendre à son atelier d’apprenti mécanicien et se brosser les dents.

    Dans son antre, les disques s’empilent. Après s’être fait l’oreille sur le glam-rock d’Alice Cooper, Gilles Bertin saute dans la première vague punk venue d’Angleterre. Nous sommes en 1977. Les Clash, les Sex Pistols éclaboussent l’ordre établi. Une révélation. Meurtri par l’atmosphère de veillée funèbre qui l’escorte depuis l’enfance, il se dit qu’il y a urgence à renaître ailleurs. Vivre ou mourir, peut-être. Mais vite.

    Il a 18 ans, un CAP de tourneur-fraiseur, une piaule dans le quartier Mériadeck. Il paye le loyer grâce à un petit job décroché pendant les vacances d’été. « C’était comme ça sous Giscard, on bossait deux mois et on avait presque droit à un an de chômage. » Très vite, pourtant, il passe l’essentiel de ses jours et de ses nuits avec une petite bande qui effraie les honnêtes gens de la place Gambetta. Tee-shirts déchirés, épingles à nourrice, blousons cloutés.

    « Quelque chose d’animal »

    Avec eux, il a trouvé sa nouvelle famille. Il décolore sa tignasse de paille en jaune fluo, fait graver une bombe siglée d’un A comme « anarchie » sur sa main gauche. Pour manger, on vole à l’étalage, pour dormir, on force une porte. Entre deux parties de rigolade, Gilles et ses frères de rue se défoncent avec ce qu’ils trouvent : le shit, la colle, les coupe-faim… No future ! L’attitude y est, pas encore la musique. Mais ça ne saurait tarder.

    L’avantage avec le punk, c’est qu’on peut fonder un groupe en un claquement de doigt avec deux musiciens sur trois qui ne savent pas jouer d’un instrument. Camera Silens – du nom des cellules d’isolement où étaient emprisonnés les membres de l’organisation terroriste d’extrême gauche allemande Fraction armée rouge – voit le jour à l’été 1981, lors d’une fête où Gilles Bertin croise la route de Benoît Destriau et Philippe Schneiberger. Ce dernier assure à la batterie, Benoît grattouille la guitare, Gilles se dévoue pour la basse et le chant.

    Pendant six mois, le groupe répète dans des caves, avant de partir à Londres pour Noël. Gilles a un pote, là-bas, Philippe Rose, qui squatte du côté de Vauxhall. Ensemble, ils se rendent à Leeds pour assister au festival punk Christmas on Earth. Sur scène, des groupes comme The Exploited, Sham 69, UK Subs… La crème du street-punk anglais, prolétaire, gueulard, belliqueux. Un vrai coup de foudre. Le style Camera Silens est né.

    Dès sa première prestation, au tremplin Rockotone, à Bordeaux, le trio sorti de nulle part casse la baraque et décroche la palme, ex aequo avec Noir Désir. A la basse et au micro, Gilles Bertin n’est pas en manque de charisme face au jeune Bertrand Cantat. Torse nu dès la fin du premier morceau, vomissant illusions perdues et rêves de chaos de sa génération, il aimante tous les regards. « Il ne bougeait pas beaucoup, car il était très crispé sur ses accords de basse, mais il dégageait quelque chose d’animal », souligne Eric Ferrer qui, plus tard, intégrera le groupe pour pallier son absence. Une poignée de concerts suffit alors à figer l’image de Camera Silens : un groupe âpre, hors système, traînant dans son sillage une horde de punks prêts à semer le souk partout où ils pointent leurs Doc Martens.

    « L’adrénaline plus que le fric »

    Mais c’est loin, tout ça. Dans la mémoire de Gilles Bertin, les dates de concert, les souvenirs de pogos se mélangent comme dans un kaléidoscope aux couleurs défraîchies. Il a vécu tant d’autres vies… La seule chose dont il se souvient clairement, c’est qu’un ressort s’est cassé en lui au moment précis où le groupe accédait au gratin de la scène punk hexagonale. Invité au Chaos Festival, à Orléans, à l’automne 1984, Camera Silens se produit dans une atmosphère d’émeute face à un public presque exclusivement composé de skinheads descendus de la région parisienne. « Si j’avais fait tout ça, c’était aussi pour plaire aux filles. Pas pour jouer devant 2 000 crânes rasés qui se foutent sur la gueule. »

    DÉBUT 1984, IL EST PRIS EN FLAGRANT DÉLIT DE CAMBRIOLAGE. UNE BELLE VILLA SUR LES BOULEVARDS. MANQUE DE POT, C’ÉTAIT LA MAISON D’UN JUGE
    Déjà, il est en train de passer à autre chose. En début d’année, il a séjourné six mois derrière les barreaux après avoir été pris en flagrant délit de cambriolage. Une belle villa sur les boulevards. Manque de pot, c’était la maison d’un juge. En prison, il a décroché de l’héroïne. Ça faisait près de deux ans qu’il était tombé dedans. Un gramme par jour, minimum. « Shooté, j’étais un zombie ; en manque, j’étais capable de faire n’importe quoi. » A l’été 1984, sevré, à la dure, il retrouve sa place dans le groupe. Comme chanteur, uniquement. Eric Ferrer tient désormais la basse. Gilles pourrait se sentir plus léger ; c’est le contraire.

    L’héroïne lui manque ; en concert, il ne s’éclate plus comme avant. Il cherche, presque malgré lui, une addiction de substitution. Elle va lui être offerte sur un plateau par Didier Bacheré, le roadie du groupe, et son beau-frère, José Gomez, alias « Inaki », un Basque proche des commandos autonomes anticapitalistes. Après avoir sévi dans le trafic de drogue, le duo s’apprête à monter au braquage. Gilles Bertin sent un délicieux frisson courir le long de son échine. « Plus que le fric, c’est l’adrénaline que je voulais par-dessus tout. » Désormais, quand il n’est pas sur les routes avec Camera Silens, il part à l’aventure avec ses deux complices. Il croit mener sa double vie en secret, mais il ne trompe pas grand monde. A l’époque, Jean-Marc Gouaux, le manager du groupe, est aussi organisateur de concerts et n’en sort pas toujours gagnant. Un soir de banqueroute, il croise Gilles dans le public. « Il te manque combien ? – 7 000 francs… – Tiens, les voila, mon pote ! »

    Un coup rondement mené

    Ses proches font mine de ne rien voir, pas la police. Au printemps 1986, après avoir cassé une bijouterie, à Nantes, le trio surprend une conversation sur son scanner. Les policiers sont sur leurs traces. Panique à bord. Quelques jours plus tard, Camera Silens doit se produire à Brest. Son chanteur oublie de se présenter au départ du bus. Il a juste livré un dernier couplet à ses collègues : « On se mettra en cavale/A pied ou à cheval/Et l’humeur vagabonde/On ira de l’autre côté du monde… » Pour Gilles Bertin, c’est le début de la fin.

    Que fait-il durant les deux ans qui suivent ? Il se planque, déjà. A Bordeaux, puis à quelques encablures de Toulouse, dans une ferme où se côtoie une faune hétéroclite de punks, de proches de l’ETA, de militants des Sections carrément anti-Le Pen (Scalp) et de junkies. Il essaye d’avoir un embryon de vie de famille avec Nathalie, son premier amour, une jeune Bordelaise aux yeux très bleus, aux cheveux trop blonds, prisonnière de l’héroïne. Leur fils, Loris, est né au début de l’année 1986. Gilles cherche à les extirper de cet abîme. Il réussit à franchir la frontière espagnole et s’installe à Gijon pour travailler sur les marchés. Mais il ne parle pas la langue, Nathalie non plus, et son petit pactole a bien fondu. L’expérience tourne court. Retour en France.

    Lors du procès d’assises de 2004, le casse du dépôt toulousain de la Brink’s, au printemps 1988, a été assimilé au fait d’arme d’une bande de marginaux qui n’avaient plus rien à perdre, car presque tous atteints du sida. Pour Gilles Bertin, c’est un raccourci. Lui, par exemple, n’a appris sa maladie que sept ans plus tard. « Ce qui est vrai, c’est qu’en l’espace de quelques mois, le sida était passé du statut de rumeur à celui de pandémie, explique-t-il. A Bordeaux, les premiers copains tombaient. Il régnait comme un état d’urgence. » Ça n’exclut pas la minutie.

    Avec ses comparses braqueurs, dont les inévitables beaux-frères Didier et « Inaki », mais aussi Philippe Rose, le squatteur de Vauxhall, il ausculte les habitudes des employés de la Brink’s et la procédure d’ouverture de la chambre forte pendant près d’un an. Et le 27 avril 1988, tout se passe comme sur des roulettes. Le détenteur des codes d’ouverture est enlevé à son domicile, les employés sont neutralisés en douceur par de faux gendarmes, aucune détonation d’arme à feu ou d’explosif ne retentit. Butin : 11,7 millions de francs (environ 1,8 million d’euros) en espèces. Du travail de pro accompli par un escadron de losers. « Pour se déguiser, on avait acheté de vieux uniformes aux Puces de Saint-Ouen, et on les avait repeints en bleu », se souvient Gilles Bertin, presque ébahi.

    « Des gangsters, j’en voyais passer tous les jours »

    Commence alors sa deuxième vie. Ou sa troisième, on ne sait plus très bien. Il file en Espagne avec Philippe Rose. Il loue une villa de prince sur la Costa Brava, s’éclate à Ibiza au son nouveau de la musique électronique. Il rêve surtout de partir loin, en Australie ou en Argentine, avec Nathalie et Loris. Rose est chargé d’accueillir la jeune femme et son bambin à l’aéroport de Barcelone. Gilles suit le petit cortège à distance. Sage précaution : sa compagne et son fils sont filés par la Guardia Civil… Place de Catalogne, au point de rendez-vous, les policiers sont partout. Gilles achète un journal allemand, le déplie pour cacher son visage, s’approche des siens, donne l’alerte. Philippe Rose et lui détalent dans les rues adjacentes. Nathalie et Loris restent plantés là. Il ne reverra pas son fils pendant vingt-huit ans. Nathalie, elle, est morte du sida en 1994.

    « EN THÉORIE, MON CLIENT RISQUE UNE PEINE DE VINGT ANS DE RÉCLUSION, MAIS IL Y A QUELQUES RAISONS DE SE MONTRER OPTIMISTE »
    ME CHRISTIAN ETELIN, AVOCAT DE GILLES BERTIN
    Pendant deux ans, il erre à travers l’Espagne dans de discrètes pensions de famille sous le nom d’emprunt de Didier Ballet. Entre-temps, Philippe Rose s’est fait arrêter à Valence alors qu’il s’apprêtait à braquer un dealer. Gilles l’a appris dans le journal. Il n’appelle plus la France, tous ses proches sont sur écoute.

    « J’avais peur pour eux, pour moi. C’est pour ça que j’ai décidé de larguer les dernières amarres. »
    Il finira par trouver un port d’attache. Elle s’appelle Cécilia. Ses parents tiennent un café à la périphérie de Barcelone, à Poligono Canyelles, un quartier populaire où s’entassent les ouvriers venus du sud de l’Espagne, un coupe-gorge dévasté par le trafic de drogue. Elle est étudiante en journalisme, brune, fougueuse, gauchiste. Et très amoureuse. Elle sait tout de Gilles depuis leur première rencontre. Ça ne la démonte pas. « Des gangsters, j’en voyais passer tous les jours dans le café de mes parents, souligne-t-elle. Pour moi, Gilles était à l’opposé de ça. C’est quelqu’un qui souffrait. »

    Et ce n’est qu’un début. Pour l’heure, le couple décide de s’expatrier. Direction le Portugal. Le sac de toile dont Gilles Bertin ne se sépare jamais et qui, trois ans plus tôt, contenait l’équivalent de 350 000 euros, est désormais bien léger. Juste de quoi louer un petit appartement et un pas-de-porte dans une galerie commerçante du centre-ville de Lisbonne. « Cécilia s’est occupé de toutes les démarches, dit-il. Moi, je n’existais pas. » Très vite, leur boutique de disques vinyles attire le chaland grâce, notamment, aux imports qu’il demande à sa compagne d’aller chercher à Londres, une fois par mois. Pour autant, il ne crie pas victoire. Dès qu’il aperçoit une voiture immatriculée en France, son cœur s’accélère. Et quand Noir Désir vient jouer sur les docks de Lisbonne, il se terre chez lui pendant cinq jours de peur de croiser une tête connue.

    « Dans la peau d’un tricheur »

    Au départ, c’est un détail insignifiant, une mauvaise toux, une simple grippe. C’est ce qu’il croit. Sauf qu’elle dure six mois et qu’il est perclus de fièvre. Et quand un ami de Cécilia l’emmène aux urgences, il a déjà perdu près de trente kilos. Le médecin exige un test du sida. Positif. L’annonce lui est faite, de manière très solennelle, dans un salon où sont réunis tous les pontes de l’établissement. On lui tend des calmants et des somnifères. « En 1995, séropositif, ça signifiait qu’on était condamné à mort », rappelle-t-il.

    Pendant deux ans, il repousse l’échéance, tant bien que mal. Alors qu’il n’a ni papier ni couverture sociale, les médecins de l’hôpital du Barreiro, une commune communiste de la périphérie de Lisbonne, lui administrent des traitements de riche. Il souffle comme un scaphandrier, un cytomégalovirus lui coûte son œil gauche, une neuropathie anesthésie ses jambes, mais il résiste jusqu’à l’arrivée des trithérapies. Il est sauvé. Et pourtant, il déprime. « Ce n’est pas évident, quand on se prépare à mourir, de revenir à la vie. »

    Il est en piteux état, mais il est encore là, libre, quand tous les autres ont été fauchés par la justice ou la maladie : Philippe Rose, au placard pendant trois ans en Espagne puis en France, « Inaki », arrêté à un péage, mort du sida, Didier Bacheré idem… Il sait tout ça. Il lit les journaux français. Et sa cavale, au fil du temps, s’est alourdie de ce fardeau moral. « Parfois, je me sentais un peu dans la peau d’un tricheur… » Cécilia, seule détentrice de ses secrets, le soutient de toutes ses forces mais, au magasin, il erre comme un fantôme. Pour ne rien arranger, l’invasion des CD finit par avoir raison de leur petit commerce de vinyles.

    Au début des années 2000, le couple revient à Barcelone pour reprendre le café des parents de Cécilia. Les horaires et la clientèle sont rudes, mais Gilles finit par comprendre l’argot du coin et à se fondre dans le paysage. Les années passent et sont presque ordinaires en comparaison des précédentes. Il est épuisé du matin au soir, et son traitement à l’interféron pour soigner une hépatite C n’arrange rien. Mais l’on s’habitue à tout, surtout lui. Quand naît le petit Tiago, en 2011, au terme d’une fécondation in vitro, ça pourrait presque être le bonheur. Presque.

    Se rendre à la justice et à l’évidence

    Depuis qu’il est revenu à Barcelone, Gilles a pris l’habitude d’appeler son père, une fois par an, depuis une cabine téléphonique. Besoin de renouer un lien. Tant pis pour le risque. En entendant la voix de son fils, la première fois, le vieil homme a eu du mal à masquer son émotion. Gilles, aussi, quand il a appris que sa mère était morte de son cancer depuis dix ans. Et puis, en 2010, la sonnerie a résonné dans le vide. Il a tout de suite compris. Il a raccroché tristement. Et, une fois de plus, il s’est maudit de mener cette vie où, à force de passer pour un autre, il s’était perdu lui-même.

    Finalement, il s’est rendu à la justice comme on se rend à l’évidence. Il n’en menait pas large en passant la frontière, ce 17 novembre 2016, et encore moins quelques jours plus tard quand il a revu, pour la première fois, Loris, son fils, ce bout de chou de 31 ans… Les deux hommes se sont retrouvés dans un boui-boui à couscous, à Toulouse. Gilles ne savait pas par où commencer alors il lui a dit qu’il avait les mêmes yeux bleus que sa mère. Loris a souri d’un air timide, le même que le sien. « Merci papa », a-t-il soufflé presque naturellement. Pas de reproche. Pas de jugement. Ça, c’est l’affaire de la cour d’assises, quatorze ans après un premier procès organisé en son absence, qui avait tourné au fiasco : la plupart des policiers appelés à la barre étaient déjà à la retraite, les experts guère plus fringants, la moitié des accusés avaient été emportés par le sida au siècle précédent…

    « Pour retrouver sa liberté d’homme, Gilles Bertin a pris le risque de la perdre, c’est admirable, avance son avocat, Christian Etelin. Le procès prévu pour s’étaler sur trois jours ne va durer qu’un seul. En théorie, mon client risque une peine de vingt ans de réclusion, mais il y a quelques raisons de se montrer optimiste… » C’est quoi, l’optimisme ? Gilles Bertin a oublié ce sentiment depuis si longtemps. Il revient de si loin. Dans le bistrot de la place des Carmes, il observe d’un air songeur la pluie sur la vitre. Tout à l’heure, il a appris qu’un organisateur de concert était prêt à débourser 20 000 euros pour la reformation de Camera Silens. Il a haussé les épaules comme s’il connaissait la chanson. Pour la gloire ? Eh, eh, répondit l’écho.

    #punk #braquage

  • Les liaisons à risques du #CICR

    Les relations du Comité international de la Croix-Rouge avec le secteur privé et la double casquette de son président, #Peter_Maurer, également membre du conseil de fondation du #World_Economic_Forum, font courir le risque que le CICR soit perçu comme partial. La sécurité des délégués sur le terrain est en jeu.

    C’était le 9 octobre 2017. Sans tambour ni trompette, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) déclarait mettre fin avec effet immédiat au partenariat qu’il entretenait avec la multinationale LafargeHolcim. Cette dernière était l’une des douze sociétés appartenant au Corporate Support Group du CICR, un groupe de partenaires stratégiques du secteur privé. Motif : LafargeHolcim (LH), entreprise née de la fusion entre la société suisse Holcim et le français Lafarge lancée en 2014 et effective en 2015, est accusée d’avoir financé des groupes djihadistes en Syrie, dont l’organisation Etat islamique, à travers sa filiale Lafarge Cement Syria (LCS) et la cimenterie de Jalabiya.

    La justice française a depuis mis en examen sept cadres de la société soupçonnés de « financement du terrorisme ». Dans sa communication de l’automne dernier, le CICR est explicite : il « n’a pas travaillé avec LH ou avec Lafarge en Syrie, et n’a aucune connexion avec la situation complexe dans laquelle se trouve LH actuellement. »
    L’affaire LafargeHolcim

    L’exemple soulève la question des rapports du CICR avec ses partenaires privés. Pour l’organisation, fondée en 1863 par Henri Dunant et dont la mission est de rendre visite aux détenus, de fournir protection, assistance et aide humanitaire aux victimes de conflits armés et de promouvoir le respect du droit international humanitaire, l’alerte est chaude. Elle l’est d’autant plus que le CICR met du temps à réagir. Le Monde publie sa première enquête le 21 juin 2016 sous le titre : « Comment le cimentier Lafarge a travaillé avec l’Etat islamique en Syrie. »

    Face à ces révélations, le CICR réévalue ses procédures. Mais pas de remise en question immédiate du partenariat avec #LafargeHolcim. Selon un document interne envoyé au même moment aux délégations et que Le Temps s’est procuré, le CICR avance que « bien qu’à ce stade, la probabilité que les médias approchent le CICR au sujet du soutien qu’il reçoit de LH soit très faible, les lignes ci-dessous devraient aider à gérer de telles demandes ». Les collaborateurs sont censés mentionner des projets développés en commun par LH et le CICR, notamment au Nigeria. Le siège continue à relativiser : « Les accusations contre LH au sujet du comportement de son équipe en Syrie doivent encore être prouvées. »

    A Genève, on ne prend pas la mesure de l’urgence : le président du CICR Peter Maurer et le chef de la délégation du CICR au Nigeria signent le 21 octobre 2016 à Lagos un protocole d’accord avec Lafarge Africa Plc. Le partenariat prévoit notamment de « renforcer la position de Lafarge sur le marché du ciment dans le nord-est du Nigeria ». Une phrase qui provoque une vive discussion à l’interne. Quatre jours plus tard, pourtant, la rupture avec LH est annoncée : « La révision [du partenariat] a révélé que la controverse […] avait le potentiel d’impacter négativement les opérations, la réputation et la crédibilité du CICR avec des acteurs clés, y compris sur le terrain. » En dépit de la volte-face, le malaise persiste. Etait-il opportun d’avoir un partenariat avec Holcim, dont le président du conseil d’administration jusqu’en mai 2014 (après la fusion avec Lafarge), Rolf Soiron, siégeait dans le même temps au Conseil de l’Assemblée, l’organe suprême du CICR ?
    Les risques de conflit d’intérêts

    Le partenariat avec LafargeHolcim n’étant plus d’actualité, l’affaire pourrait s’arrêter là. C’est compter sans un groupe de 25 membres honoraires, d’anciens dirigeants, chefs des opérations et de délégation du CICR. Dans un document qu’ils envoient au siège du CICR en décembre 2017 intitulé « L’indépendance et la neutralité du CICR en péril », ils affirment vouloir nourrir un débat qu’ils jugent « existentiel ». Leur intention, précisent-ils au Temps, n’est pas de « casser » une organisation qu’ils continuent d’aimer.

    Le réflexe pourrait être de voir dans cette mobilisation un combat d’arrière-garde entre des anciens, dépassés, et des nouveaux, progressistes. Or l’inquiétude dépasse largement ce cercle et provient aussi des délégués actifs sur le terrain. Elle ne porte pas tant sur la collaboration avec le secteur privé que sur les conditions dans lesquelles celle-ci se matérialise. Cette inquiétude est exacerbée par plusieurs facteurs : face aux multiples crises humanitaires et à leur complexité croissante, face à l’irrespect crasse du droit international humanitaire, le CICR évolue dans un contexte extraordinairement difficile. Il est présent dans 86 pays et emploie 18 000 collaborateurs. Son travail, remarquable, est reconnu.

    Si nombre d’entreprises privées ont régulièrement soutenu l’auguste institution, elles l’ont surtout fait sous une forme philanthropique. « Aujourd’hui, c’est davantage du donnant-donnant », explique Marguerite Contat, ex-cheffe de délégation qui craint que l’indépendance et l’impartialité du CICR ne soient remises en question. Un vocabulaire qui fait écho au slogan « win-win » familier du World Economic Forum (#WEF), mais qui s’inscrit aussi dans la transformation en partie entamée à l’ONU au début des années 2000 par Kofi Annan sous le nom de « #Global_Compact », un concept de promotion du #partenariat_public-privé. Le document rédigé par le groupe des 25 met en garde : « L’institution ne peut se permettre de mettre en péril le formidable capital de confiance qu’elle a accumulé au cours de son siècle et demi d’existence […]. Il ne suffit pas, pour le CICR, de se proclamer neutre et indépendant, encore faut-il qu’il soit reconnu comme tel par toutes les parties concernées. »

    On l’aura compris : les craintes exprimées touchent à un aspect central de l’action du CICR : la perception qu’ont de lui les acteurs locaux, qu’il s’agisse de groupes armés non étatiques, d’Etats ou de groupes terroristes. Les principes ne sont pas gravés dans le marbre une fois pour toutes, déclarait pourtant Peter Maurer lors d’un symposium consacré en 2015 aux « principes fondamentaux dans une perspective historique critique ». Ils sont fonction de l’époque.

    Sous la présidence de Jakob Kellenberger (2000-2012), le CICR a institué un partenariat stratégique avec douze sociétés réunies dans ce qu’il appelle le Corporate Support Group (CSG). L’apport de chacune est d’un demi-million par an sur six ans. Leur contribution financière est marginale, soit moins de 4% du financement assuré par les Etats contributeurs. Mais pour le CICR, appelé à répondre à des besoins humanitaires qui explosent, ce soutien est nécessaire. Dans cette logique, le récent partenariat conclu avec la société danoise Novo Nordisk a du sens. Peter Maurer le justifiait récemment devant l’Association des correspondants du Palais des Nations (Acanu) : « Non, ce n’est pas de la philanthropie. Nous n’obtenons pas les médicaments [anti-diabète] de Novo Nordisk gratuitement. Mais ceux-ci peuvent être fournis à des populations vulnérables à des prix plus favorables. »
    Perception du CICR, un acquis fragile

    Difficile par ailleurs de demander au contribuable d’en faire davantage, la Confédération appuyant le CICR déjà à hauteur de 148 millions de francs (2017). Le financement par les Etats soulève aussi son lot de questions. Un ancien haut responsable de l’institution le souligne : « Les contributions versées par certains Etats relèvent plus de la stratégie de communication que d’un réel engagement humanitaire. » Un autre observateur ajoute : « Les Etats-Unis sont les premiers contributeurs étatiques du CICR. Or ils ont orchestré de la torture en Irak à partir de 2003. »

    Au CICR, on le martèle : le monde a changé. Gérer simplement l’urgence humanitaire ne suffit plus. Il faut « inscrire l’urgence dans la durée », dans le développement durable d’un Etat, d’une communauté. Le savoir-faire du secteur privé peut s’avérer utile pour améliorer des situations humanitaires catastrophiques lorsque les services de l’Etat se sont effondrés. Mais qu’obtiennent en contrepartie les entreprises stratégiques du CSG, hormis la possibilité d’utiliser le logo du CICR ? Membre du CSG depuis 2008, Credit Suisse y trouve son compte. Son porte-parole Jean-Paul Darbellay s’en explique : « Grâce à ce partenariat, nous bénéficions de nombreux échanges de connaissances et partageons notre expertise dans de plusieurs domaines d’activité : marketing, ressources humaines, collectes de fonds. »

    Credit Suisse apporte aussi son expertise au « WEF Humanitarian System Global Future Council présidé par Peter Maurer ». En aidant le CICR, la fondation néerlandaise Philips, membre du CSG, n’a pas d’objectifs commerciaux. Elle a développé avec lui un kit d’instruments pour la détection précoce des grossesses à haut risque dans des communautés fragiles ayant un accès limité à des services de santé. La société Roche n’attend pour sa part aucun « retour matériel sur investissement ».
    Un rôle flou

    « Notre intérêt, explique au Temps Yves Daccord, directeur général du CICR, réside surtout dans l’échange de compétences avec le secteur privé. Avec Swiss Re, nous avons un intérêt à coopérer avec le secteur de la réassurance. En Syrie, si on laisse le système s’effondrer, cela aura un énorme impact humanitaire. » Les critiques estiment toutefois que le CICR en fait trop en aidant ses partenaires à développer des activités économiques là où il est présent. Yves Daccord s’en défend : « Il est exclu que le CICR fournisse des renseignements situationnels à ses partenaires. Ce serait de la folie. » Devant l’Acanu, Peter Maurer précise : « Nous ne sommes pas impliqués dans la reconstruction. » Mais le président du CICR n’hésite pas à sensibiliser les partenaires stratégiques en les amenant sur le terrain. Lors d’une visite en Colombie en janvier 2017, lors de laquelle il rencontra le président Juan Manuel Santos, il avait « dans ses bagages » l’Avina Stiftung, Holcim Colombia ou encore Nespresso.

    Professeur émérite de l’Université du Nebraska et auteur du livre ICRC : A Unique Humanitarian Protagonist, David Forsythe connaît bien l’institution et salue son travail de terrain. Il questionne toutefois le rôle flou du CICR avec ses partenaires : « Personne ne remet en question la nécessité de travailler avec le secteur privé. Mais si cette coopération devait permettre aux entreprises partenaires de faire de l’argent, cela poserait un problème sérieux au vu de la mission strictement humanitaire du CICR. Et certaines multinationales pourraient chercher à redorer leur image en soutenant une telle organisation humanitaire. Il en va de même pour le choix par cooptation des membres de l’Assemblée du CICR. Il faut s’assurer qu’ils soient irréprochables et qu’ils ne soient pas sujets à des conflits d’intérêts. »
    La proximité avec le WEF critiquée

    L’autre aspect qui fait débat aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du CICR, c’est la double casquette de Peter Maurer, président du CICR depuis 2012 et membre du conseil de fondation du World Economic Forum (WEF) depuis novembre 2014. Cette double appartenance interpelle même les actuels collaborateurs. Après un message envoyé le 12 avril 2017 par le siège pour sonder les délégations et que Le Temps a pu consulter, l’une de ces dernières relève que la double casquette « met automatiquement le CICR du côté des puissants et des riches ». Les délégués sur le terrain pourraient en subir les conséquences.

    Or, explique une seconde délégation, le CICR est une institution « qui se présente comme ontologiquement proche des victimes ». Une autre délégation déplore l’association formelle au WEF alors que « le CICR a déployé d’énormes efforts durant la dernière décennie pour se débarrasser de son étiquette occidentale ». Elle se pose une question rhétorique : que se passerait-il si les FARC, le mouvement révolutionnaire colombien d’obédience marxiste, négociant avec le CICR, apprenait que le président du CICR était aussi au conseil de fondation du WEF, une organisation qui défend le libéralisme économique ? Le sondage semble avoir eu peu d’effet. Le mandat de Peter Maurer au WEF a été renouvelé sans problème en 2017. « On ne tient pas compte de nos remarques, explique un responsable encore en fonction. Nous sommes mis devant un fait accompli. » La direction élude le débat. Le sujet est devenu tabou.

    Le double mandat de Peter Maurer peut cependant prêter à confusion. Le 11 mai 2017, le président du CICR se rend à Kigali pour une réunion du WEF Afrique. Il y est invité par la ministre rwandaise des Affaires étrangères. Après quelques hésitations, Peter Maurer accepte l’invitation. La délégation du CICR à Kigali essaie de lui arranger un rendez-vous avec le président du Rwanda. En vain. Il faudra l’appel de Klaus Schwab, président du WEF, pour inciter Paul Kagame à rencontrer le patron du CICR. « Pendant seize minutes, tous deux ne parlent que du CICR, explique au Temps une personne qui était sur place. Pour Paul Kagame, il n’y avait pas de confusion possible : Peter Maurer parlait au nom du CICR. »

    Jugeant le WEF complaisant à l’égard des Emirats arabes unis et de l’Arabie saoudite, un ex-haut responsable du CICR en convient : « Cela n’a pas eu d’effet mesurable pour l’instant. Mais un accident n’est pas exclu. Je rappelle qu’au Yémen, le CICR est la seule organisation capable de parler à tous les acteurs. » Or ce sont les deux pays précités qui ont orchestré le blocus économique du Yémen, aggravant la situation humanitaire. Par ailleurs, être formellement associé au WEF est « risqué pour les délégués, notamment en Syrie, poursuit-il. Au WEF, plusieurs acteurs ont expliqué comment éliminer l’Etat islamique. » Le professeur David Forsythe avertit : « Si des acteurs locaux venaient à apprendre le mandat de Peter Maurer au WEF, cela pourrait devenir un sérieux problème. »
    L’exemple douloureux du Biafra

    La question de sa perception n’est pas anodine pour une organisation qui souhaite avoir accès à tous les belligérants. Car son image est parfois fragile. Le CICR en a fait l’expérience au moment de la crise du Biafra à la fin des années 1960, quand des gardes en uniforme du président de la Guinée équatoriale montèrent avec leurs motos à bord d’avions de la Croix-Rouge suédoise marqués du sigle générique de la Croix-Rouge. La scène aurait été filmée par un Hollandais.

    En Afrique, il faudra des années au CICR pour se débarrasser de cette fausse nouvelle selon laquelle il aurait participé à un trafic d’armes… Or c’était il y a près de cinquante ans. Aujourd’hui, à l’heure des réseaux sociaux, le risque de dégât d’image est décuplé. Peter Maurer le reconnaît lui-même : « Mon organisation ne bénéficie pas d’une neutralité garantie. C’est quelque chose que vous obtenez en établissant des relations de confiance avec les parties au conflit. Gagner leur confiance est un combat quotidien. » A propos de la tragique mort récente d’un collaborateur du CICR au Yémen, des délégués le déplorent sur le réseau Alumni Networks du CICR. Il aurait été abattu « parce qu’il était du CICR ». Etait-ce déjà une question de perception de l’organisation ?

    Yves Daccord comprend les arguments critiques par rapport au WEF, mais les conteste. « Notre choix stratégique ne consiste pas à observer, mais à faire partie de la discussion. Depuis huit ans, notre engagement a considérablement augmenté. Nous avons désormais une présence diplomatique dans les capitales des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Nous poursuivons une stratégie d’influence croisée pour renforcer notre discours humanitaire. » Dans cette logique, le WEF est une plateforme très utile où sont présents bon nombre d’acteurs (multi-stakeholders) auprès desquels le CICR peut exercer son influence pour renforcer son message humanitaire. « Quand le président chinois Xi Jinping est à Davos, qu’il rencontre le conseil de fondation du WEF et qu’il voit Peter Maurer, c’est important. Cela permet au CICR d’établir rapidement un lien avec le dirigeant chinois. Il faut nous juger sur nos objectifs, non sur une image arrêtée de la situation. »
    Changement de culture

    Au CICR, le choc des cultures est une réalité. Le monde a changé et l’institution genevoise aussi. Peter Maurer est beaucoup sur le terrain : en Libye, au Yémen, en Syrie. On reconnaît à cet ex-ambassadeur de Suisse auprès de l’ONU à New York un grand talent diplomatique qui lui a valu de rencontrer les grands de la planète : Xi Jinping, Vladimir Poutine, Barack Obama. En termes de budget, l’organisation atteint désormais les 2 milliards. Pour les uns, c’est une course à la croissance effrénée par laquelle le CICR s’éloigne de sa mission spécifique de protection des civils pour embrasser toute une série d’activités de développement propres à une « agence para-onusienne ».

    Pour d’autres, c’est le génie de Peter Maurer qui a su réaliser qu’il fallait voir l’humanitaire dans une dimension plus large. Yves Daccord l’admet : « Oui, la culture de la maison a changé. » Le professeur David Forsythe met toutefois en garde : « Attention au style de management vertical propre à une grande multinationale. Malgré son excellente image et sa réputation, voyons si le CICR est toujours capable, au vu de ce management, d’attirer des délégués aussi engagés, dont il ne faut pas oublier qu’ils risquent leur vie sur le terrain. » Le CICR, semble-t-il sous-entendre, ne peut être soumis à une culture managériale identique à celle d’une multinationale, car en fin de compte, ce sont les gens du terrain qui sont sa raison d’être.

    https://www.letemps.ch/monde/liaisons-risques-cicr
    https://www.letemps.ch/monde/liaisons-risques-cicr
    #Lafarge #Syrie #conflit_d'intérêts #Lafarge #Holcim

  • Les Etats-Unis suspendent leurs programmes nucléaire et balistique
    Corée du Nord : lycéens et collégiens ont marché contre l’usage des armes

    Voies sur berge parisiennes : « Notre bastion est tombé, maintenant il faut agir »
    Devant Tolbiac évacué : la saga d’un dossier sensible

    Manuel Valls s’enlise dans le sexisme
    Le Sumo étudie une candidature à la mairie de Barcelone

    Football, terre de voltige
    La France, le onze type

    L’organisation basque ETA, en attendant l’indépendance
    Le Groenland demande pardon pour le « mal » causé aux victimes

    En Pologne, plus de 3000 Français ont demandé à devenir des sujets de sa majesté en 2017
    Brexit : une libération du discours antisémite

    Laurent Wauquiez se verrait bien au patrimoine culturel de l’UNESCO
    Les bouquinistes de Paris veulent un référendum sur l’immigration

    Eparpillés, les Guyanais contraints de gérer l’urgence
    Un an après les accords, le mouvement social cherche sa voie

    #de_la_dyslexie_creative

    Même remarque que pour Les Flux détendus (https://seenthis.net/messages/688635)

    • En tout cas assembler ces dyslexies créatives est du meilleur effet. J’ai testé ça avec les miennes il n’y a pas longtemps : les coller les unes derrières les autres et les lires d’une traite, j’ai bien aimé l’effet.
      Bon séjour cévenol (et pour moi c’est le pari du premier bain de mer de l’année aujourd’hui, mais je n’en publierai pas plus de dyslexies pour autant)

  • Le poulet ukrainien, vous connaissez ?
    Extraits d’un article d’Ouest France

    https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/doux-qui-est-mhp-le-repreneur-ukrainien-dont-personne-ne-veut-5652205

    L’Ukrainien #MHP se positionne comme potentiel repreneur du vollailler breton Doux. Avec 566 000 tonnes de viande de poulet produites en 2017, MHP - Myronivskyi Khliboprodukt (Produit de Pain de Myronivskyi, en ukrainien) et sa marque principale Nacha Ryaba (Notre Poulet) couvre plus de 55 % du marché ukrainien de la volaille et exporte vers 67 pays, dont 17 membres de l’Union européenne (UE).

    En 2017, l’Ukrainien a entamé l’agrandissement de son usine géante, près de la ville de Vynnytsia, dans le centre du pays. Un investissement dans deux lignes de production, d’où devraient sortir 260 000 tonnes de poulet par an. De quoi optimiser le chiffre d’affaires du groupe, d’environ un milliard de dollars par an, et sa cote sur la place boursière de Londres, où il est entré en 2008. A noter que le groupe est fiscalement basé à Chypre, Etat membre de l’Union européenne (au contraire bien entendu de l’Ukraine), par ailleurs notoirement connu pour être un paradis fiscal, prisé notamment des oligarques russes.

    Verticalement intégré, de la production de grain (maïs, tournesol, soja, blé) à la transformation de la viande, MHP contrôle 380 000 ha de terres en Ukraine. L’essentiel est loué, en raison d’un moratoire sur le négoce de la terre en place depuis les années 1990. Il conforte néanmoins la position dominante du groupe agro-alimentaire sur le marché ukrainien, garanti par la stature de son fondateur et actionnaire majoritaire, Iouriy Kosiouk.


    La nouvelle usine de MHP, en cours d’achèvement, à Vinnytsia. | DR

    Milliardaire du poulet
    A 49 ans, celui-ci est un proche collaborateur du président Petro Porochenko. Si ce dernier s’est bâti une fortune en tant que « roi du chocolat », Iouriy Kosiouk est incontestablement le « milliardaire du poulet ». Sa fortune est aujourd’hui estimée à 1,5 milliard de dollars par le magazine Forbes, ce qui en fait la cinquième personne la plus riche d’Ukraine.

    Émergeant dans les années sauvages qui ont suivi l’effondrement de l’URSS, Iouriy Kosiouk a développé les goûts de luxe de la nouvelle classe d’hommes d’affaires post-soviétique. On lui attribue jets privés et hélicoptère, un yacht estimé à 120 millions de dollars et une villa impressionnante dans le sud de Kiev. Selon des enquêtes de journalistes ukrainiens, les travaux de ce « petit Versailles » auraitent été entrepris sur un site archéologique protégé. Jamais remis en cause, le permis de construction laisse sous-entendre des soutiens politiques.

    Aucun scandale de corruption ne vise directement Iouriy Kosiouk. Mais force est de constater qu’il a habilement su utiliser ses relations politiques. Un temps adjoint au chef de l’administration présidentielle, au plus fort de la crise de 2014 et du début de la guerre dans l’est de l’Ukraine, il a conservé une influence appréciable dans les hautes sphères du pouvoir. Plusieurs sources indiquent qu’il est particulièrement actif sur les questions liées à l’importation et à l’exportation de produits alimentaires. MHP a par ailleurs ouvert une usine de traitement de viande aux Pays-Bas, afin de contourner les obstacles des droits de douane de l’UE.

    Avec la perte du complexe minier-industriel dans l’Est en guerre, le groupe agro-alimentaire a largement bénéficié du transfert des subventions d’Etat. En 2017, MHP a reçu 35 % des aides publiques du secteur, soit l’équivalent de 42,6 millions d’euros. L’aide de l’Etat à un grand groupe bénéficiaire, solide financièrement, avait soulevé un certain nombre de critiques en Ukraine.
    . . . . . .

    #Ukraine #Union_européenne #Poulet #Volaille #alimentation
    #agriculture
    #poulet
    #viande
    #élevage
    #économie
    #santé
    #agroalimentaire

    . . . . .

  • Inquiétude sur les mariages entre anciens djihadistes en prison

    C’est un phénomène resté jusqu’à présent très confidentiel, mais qui suscite depuis plusieurs mois, selon les informations du Monde, la vigilance particulière du renseignement pénitentiaire : la multiplication des velléités de mariages en prison entre condamnés pour terrorisme, ou prévenus sous main de justice fichés pour radicalisation.

    J’ai cru à des mariages entre homosexuels
    #quand_on_fait_fi_de_l'écriture_inclusive #le_masculin_l'emporte_et_sème_la_confusion

  • Syrie : des volontaires occidentaux comptent rester « jusqu’au bout » avec les forces kurdes à Afrin

    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/03/14/des-volontaires-occidentaux-comptent-rester-jusqu-au-bout-avec-les-forces-ku

    Français, Italiens ou Britanniques, ils ont rejoint le mouvement kurde par sympathie idéologique ou pour lutter contre les djihadistes de l’EI, et n’entendent pas quitter la ville menacée de siège.

    Plus de sept semaines après avoir déclenché leur offensive, l’armée turque et ses supplétifs syriens – des groupes d’inspiration islamiste issus de la rébellion armée – étaient, mercredi 14 mars, aux portes de la ville kurde d’Afrin. La ville est prise en étau d’est en ouest par les assaillants et les combattants kurdes affirment se préparer à de longs combats urbains. Dans leurs rangs se trouve un petit groupe de combattants occidentaux dont certains entendent rester sur place, alors que l’encerclement complet d’Afrin et de ses habitants pourrait se profiler.

    « La situation est critique. Quoi qu’il arrive, je resterai jusqu’au bout avec d’autres camarades qui, comme moi, ne veulent pas abandonner leurs amis kurdes », déclare le volontaire britannique Jamie Janson, joint à Afrin-ville par la messagerie en ligne WhatsApp. Comme des dizaines d’autres combattants occidentaux, Jamie Janson a rejoint les rangs des forces kurdes syriennes pour combattre l’organisation Etat islamique (EI). Il poursuit aujourd’hui son engagement en participant à la défense de l’enclave kurde d’Afrin, située dans le nord-ouest de la Syrie.

    Lorsque l’armée turque et ses supplétifs syriens ont lancé leur opération sur Afrin, le volontaire britannique s’apprêtait à quitter le pays. Rakka, l’ancienne capitale de l’EI, était tombée et, dans la zone frontalière irako-syrienne, les dernières poches djihadistes étaient sur le point d’être réduites par les forces kurdes. « J’allais quitter la Syrie mais l’attaque turque sur Afrin m’a convaincu de rester et de continuer le combat, raconte Jamie Janson. Cette guerre n’a rien à voir avec celle que nous avons menée face à Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique - EI]. Malgré les capacités de résistance des Kurdes, nous sommes dépassés militairement. »

    Une unité intégrée aux forces kurdes

    Les forces kurdes qui défendent actuellement Afrin ont été le fer de lance des opérations contre l’EI dans l’est de la Syrie avec le soutien de la coalition internationale emmenée par Washington. Face à la Turquie, puissance majeure de l’OTAN qui les considère comme des « terroristes » et comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) combattu par Ankara en Turquie même, elles ne peuvent pas compter sur le soutien de leurs partenaires occidentaux.

    Les volontaires étrangers qui ont rejoint les lignes de défense kurdes à Afrin ont fondé une unité intégrée aux forces kurdes et baptisée « Forces antifascistes à Afrin » (FAAF) dont ils ne souhaitent pas révéler les effectifs. Sur la page facebook des FAAF, ouverte peu après le début des opérations, ses membres se présentent comme constituant « un groupe militaire de révolutionnaires de gauche qui défendent Afrin et son peuple contre l’invasion de l’Etat turc et de ses alliés salafistes ».

    Dans les territoires que ces forces contrôlent dans le nord de la Syrie, le mouvement kurde se veut porteur d’un modèle politique original fondé sur une forme d’autogestion, la promotion de l’égalité entre hommes et femmes et la coexistence entre les diverses communautés confessionnelles et ethniques de la région. « Parmi les volontaires qui sont restés après la chute de Rakka, il y a ceux qui étaient déjà sensibles aux idées du mouvement en Europe et d’autres qui se sont formés sur place ou qui veulent continuer par solidarité avec les gens qu’ils ont rencontré ici », explique le volontaire britannique Jamie Janson.

    Trois morts officielles de trois volontaires occidentaux

    Plusieurs volontaires étrangers ont perdu la vie depuis le début de l’offensive turque. La mort au combat de trois volontaires occidentaux a été officiellement annoncée. Parmi eux, un militant internationaliste breton, Olivier Le Clainche, connu sous le nom de guerre de Kendal Breizh a été tué le 10 février dans une frappe aérienne turque. Il avait combattu sur plusieurs fronts contre l’EI et adhérait au projet politique du mouvement kurde et de ses alliés en Syrie.

    Des militants de la gauche turque sont également représentés dans les rangs des internationaux actuellement à Afrin. Pour l’un d’eux, qui répond au nom de guerre de Devrim Botan, le combat mené contre l’armée turque à Afrin est le prolongement de son opposition radicale au gouvernement d’Ankara. « Les forces kurdes m’ont donné le choix de me battre ou non contre les forces de mon pays d’origine. J’ai accepté de rester car pour moi Daech et l’Etat turc ont la même idéologie », indique-t-il.

    « Ceux qui voulaient partir ont pu le faire. Nous sommes ici pour rester et combattre le plus longtemps possible », indique depuis le centre-ville d’Afrin un combattant italien qui emprunte le pseudonyme kurde de Tekosher, également joint par WhatsApp. Attiré par les idées du mouvement kurde, c’est sa première expérience militaire. « Nous allons résister ! », affirme un combattant plus expérimenté, italien également et utilisant le nom de guerre kurde de Dilsoz, joint depuis ce qu’il décrit comme un village situé à proximité de la ligne de front.

    « On ignore encore si l’armée turque et les milices djihadistes vont essayer d’entrer dans les zones urbaines. Les forces qui défendent Afrin se préparent aux combats de rue mais il est possible qu’ils décident de bombarder la ville massivement », explique le deuxième volontaire italien. « Les forces qui nous attaquent bénéficient du soutien d’une armée de l’OTAN mais leur idéologie est une idéologie djihadiste », estime-t-il : « Je combattais Daech dans l’est de la Syrie avant d’être déployé à Afrin. Cette attaque turque renforce nos ennemis et si Afrin tombe, il ne faudra pas s’étonner s’il y a de nouveaux Bataclan en Europe à l’avenir. »

  • SSP Vaud | Appel en soutien des MNA du canton de Vaud
    https://asile.ch/2018/03/13/ssp-vaud-appel-soutien-mna-canton-de-vaud

    https://asile.ch/wp/wp-content/uploads/2018/03/Capture-d’écran-2018-03-13-à-11.15.05.png

    Le Syndicat du Service Public du canton de Vaud soutien la mobilisation des éducateurs et éducatrices des foyers pour Mineurs non accompagnés (MNA) de l’Établissement Vaudois d’Accueil des Migrants (EVAM). Les conditions de vie et de travail y sont jugées inférieures à celles en vigueur dans tous les foyers pour mineurs du canton. Le texte […]

  • Exposition d’artistes lettons : Paris, Villa Vassilieff du 13 janv. au 24 mars 2018 - [Lettonie-Francija]

    https://www.lettonie-francija.fr/Exposition-artistes-lettons-villa-Vassilieff-paris-1473

    Vernissage public samedi 13 Janvier de 16h à 21h

    Exposition d’artistes lettons : Paris, Villa Vassilieff du 13 janv. au 24 mars 2018

    Du 13 janvier au 24 mars 2018 le Centre d’art contemporain de Lettonie en collaboration avec l’Établissement Culturel de la Ville de Paris Villa Vassilieff organise l’exposition « Akademia : Performing Life ». Les récits d’artistes lettons exilés ou émigrés à Paris, New York, Berlin et en Suède restitués dans les contextes élargis de l’histoire de l’art du 20ème siècle au milieu des flux migratoires et de la mondialisation.

    Du samedi 13 Janvier au samedi 24 Mars 2018, l’exposition d’art contemporain dévoilera le premier événement en France du centenaire de l’État letton.

    #lettonie, #paris, #centenaire, #Lv100, #art_contemporain, #art, #exposition

  • Enquête pour « financement du terrorisme » : le double jeu de LafargeHolcim
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/12/13/enquete-pour-financement-du-terrorisme-le-double-jeu-de-lafargeholcim_522878

    Des fichiers introuvables en perquisition, des licenciements opportuns… La direction de LafargeHolcim mène-t-elle un double jeu ? Depuis l’ouverture d’une enquête judiciaire visant des faits de « financement du terrorisme » commis par Lafarge en Syrie, le cimentier – devenu LafargeHolcim en 2015 – a reconnu à maintes reprises que des « erreurs inacceptables » avaient été commises par sa filiale syrienne, et a promis de collaborer avec la justice. Mais les derniers développements de l’instruction laissent planer le doute sur sa bonne volonté.

    Afin de comprendre si les versements de Lafarge Syrie à des groupes terroristes, dont l’organisation Etat islamique (EI), ont été validés par la maison mère, les trois juges chargés du dossier ont diligenté, le 14 novembre, deux perquisitions simultanées. L’une dans les bureaux parisiens du cimentier, l’autre au siège d’un de ses principaux actionnaires à Bruxelles, le Groupe Bruxelles Lambert (GBL).
    Fichiers « javellisés » avant perquisition

    La déception a été à la hauteur de leurs attentes. Des éléments de comptabilité et des procès-verbaux concernant la Syrie étaient manquants. « Des fichiers ont été passés à l’eau de Javel », résume une source proche du dossier.

    Ce comportement a ulcéré l’ONG de défense des victimes de crimes économiques Sherpa, qui avait porté plainte avec constitution de partie civile contre LafargeHolcim, le 15 novembre 2016. Mardi 12 décembre, lors d’une conférence de presse, son président, William Bourdon, et son avocate, Marie Dosé, ont accusé le cimentier de faire « obstacle » à la justice. Outre les fichiers « javellisés » avant perquisition, ils dénoncent le peu d’entrain du groupe à transmettre aux enquêteurs les pièces qui lui sont demandées.

    #terrorisme #javel (comme quoi un #grand_homme #grand_patron comme Eric Olsen sait s’en servir)