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  • Babzman – Information historique et socioculturelle sur l’Algérie – Cela s’est passé un 14 octobre 1960, El Moujahid publie un appel au français
    http://www.babzman.com/cela-sest-passe-un-14-octobre-1960-el-moujahid-publie-un-appel-au-francais

    Dans son édition du 14 octobre 1960, le journal du FLN, El Moudjahid, publie un appel de la Fédération de France au peuple français.
    Intitulé « De Gaule guillotine les patriotes algériens », l’article souligne comment « Le peuple français peut se voiler la face et feindre d’ignorer les assassinats et tortures, les horreurs de la guerre ou de la répression menées en son nom », convaincu qu’il n’est pas utile de s’émouvoir ou d’agir contre ces pratiques liées à la guerre, une fatalité contre laquelle on ne peut que croiser les bras et, surtout, détourner le regard.
    S’en suit un appel lancé par la Fédération de France du FLN débute ainsi : « Peuple de France ! De Gaulle continue de faire monter sur l’échafaud les patriotes algériens. Rien qu’en France, huit membres de nos de nos groupes armés ont eu la tête tranchée depuis les entretiens de Melun. Au moment même où De Gaulle nous demande de « laisser le couteau au vestiaire », il manie sans discontinuer le couperet de sa guillotine ».
    Citant des noms de militants guillotinés, l’appel poursuit sur la même lancée pour comparer la réaction des gouvernants français à celle des forces d’occupation allemandes en France durant la seconde guerre mondiale. De Gaulle qui accepte et endosse la responsabilité de guillotiner des fidaïyine considérant qu’ils ne peuvent avoir le statut de combattants, s’élevait contre l’exécution des combattants des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) par les forces d’occupation allemandes alors que, selon lui, ces FFI répondaient aux conditions générales fixées par le règlement annexé à la Convention de La Haye, du 18 octobre 1907 concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre.
    L’appel raconte en détails les réactions et les agissements du gouvernement provisoire de De Gaulle. Et poursuit : « Peuple français ! On juge, on condamne, on guillotine en ton nom des hommes dont l’action n’est en rien différente de celle des résistants français exécutés par l’occupant allemand, hier Von Rundstedt fusillait les prisonniers français, aujourd’hui De Gaulle guillotine les patriotes algériens. Hier les nazis fusillaient les prisonniers français au Fort Montluc, aujourd’hui De Gaulle guillotine les Algériens au même Fort Montluc (…) Hier, De Gaulle dénonçait Von Rundstedt, aujourd’hui, De Gaulle s’identifie à Von Rundstedt ».
    Et à la fin : « Peuple français ! Demain le peuple algérien ne pourra pas accepter de toi l’excuse de l’ignorance »
    L’article poursuit avec la dernière lettre écrite par un fidaï avant son exécution, il s’agit de Abderrahman Lakhlifi, guillotiné le 30 juillet 1960 à Fort Montluc (Lyon) :
    « Mon cher père, je meurs pour ma patrie, je ne suis pas un traitre, je meurs comme tant de mes frères. Chers parents, je vous demande pardon pour la peine que je vous fais. Mais j’ai vécu pour mon peuple, je ne suis ni un voleur, ni un malfaiteur. J’ai œuvré pour l’indépendance de mon pays. Je suis sûr en mourant que ma patrie vivra indépendante et libre. Je vous embrasse, à tous de toute mon affection. »
    L’article s’achève sur une autre liste de patriotes exécutés en Algérie, sur ordre de De Gaulle qui a rejeté leur pourvoi.
    Z.M.
    Sources :
    El Moudjahid du 14 octobre 1960, N° 71

  • 17 octobre 1961 : archéologie d’un silence - par Isabelle Saint-Saëns - Vacarme
    http://www.vacarme.org/article44.html

    Le 17 octobre 61, la Fédération de France du FLN appelle les Algériens de la région parisienne à manifester pacifiquement contre le couvre-feu instauré le 5 octobre par le préfet de police, Maurice Papon. 30.000 manifestants face à 7000 policiers, 12.000 arrestations, 3 morts selon le bilan officiel, plus de 300 selon le FLN. Plusieurs dizaines selon les rapports demandés par le gouvernement à la fin des années 90 : les missions Mandelkern (98) et Géronimi (99), ayant eu accès aux documents officiels, n’ont pu que constater qu’un nombre très important en avait disparu.

    Le gouvernement gaulliste mène une stratégie d’étouffement. C’est par le silence que Papon répond aux questions de Claude Bourdet à la séance du Conseil de Paris du 27 octobre 61. Roger Frey, ministre de l’intérieur et futur président du Conseil Constitutionnel, rejette une demande de commission d’enquête parlementaire, au motif que des informations judiciaires (toutes clôturées par des ordonnances de non-lieu) sont en cours. Les témoignages rassemblés par les éditions Maspero sont saisis chez le brocheur, avant le dépôt légal : ces livres n’existent tout simplement pas. Vérité-Liberté, Les Temps Modernes et Partisans sont saisis. Les projections d’Octobre à Paris de Jacques Panijel sont interdites ; un film réalisé par la Radio-Télévision Belge est déprogrammé, les pellicules disparaissent. La presse communiste (Libération et L’Humanité) fait état des violences policières, mais renonce à publier in extenso des témoignages, pour éviter la saisie. Le Monde et Le Figaro s’indignent des « violences à froid sur les manifestants arrêtés », mais « comprennent les brutalités policières à chaud ».

    #censure #racisme #17_Octobre_1961 #répression #crime_d'état #FLN #Isabelle_Saint-Saëns

  • Emmanuel Blanchard : « Les Algériens des années 50 ont été traités comme les ouvriers de 1891 » (Contretemps)
    http://www.contretemps.eu/lectures/%C2%AB-alg%C3%A9riens-ann%C3%A9es-50-ont-%C3%A9t%C3%A9-trait%C3%A9s-comm

    Tu évoques dans ton livre deux épisodes méconnus, la sanglante répression du 14 juillet 1953 et l’émeute de la Goutte d’or en juillet 1955. À travers ces épisodes j’ai voulu montrer qu’il ne s’agissait pas simplement d’une immigration soumise à l’emprise policière. Au contraire, les immigrés algériens rétorquaient et agissaient, que ce soit sur le mode syndical, politique, ou même individuellement. Ils ont mené à diverses échelles des stratégies pour investir et tenir la rue. Le 17 octobre 1961 a été un investissement de l’espace sous forme de marche pacifique, consigne explicite de la Fédération de France du FLN. Pour rendre hommage aux Algériens morts ce jour-là, on a eu tendance à rabattre leur action politique à un répertoire non violent. Or, dans les archives, on voit qu’au niveau interindividuel, ceux qui se font rafler n’admettent pas cette situation comme une fatalité. (...) Nos contenus sont sous licence Creative Commons, libres de diffusion, et Copyleft. Toute parution peut donc être librement reprise et partagée à des fins non commerciales, à la condition de ne pas la modifier et de mentionner auteur·e(s) et URL d’origine activée. Source : (...)