L’armée russe en Syrie. La nouvelle donne de Poutine
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Le fiasco de la coalition américaine contre l’EI et l’intransigeance de Washington, opposé à toute coopération avec l’armée syrienne, favorisent la progression de Daech qui se manifeste, désormais, dans la banlieue sud de Damas, à l’est de Homs et au nord d’Alep. La Russie passe à l’offensive, craignant la contagion islamiste sur ses propres territoires musulmans du Caucase, en cas d’effondrement général. Elle vient d’établir un pont aérien vers la Syrie pour y acheminer du matériel militaire. Les préparatifs pour une intervention russe de grande envergure aux côtés de l’armée syrienne semblent complets. Brisant l’unilatéralisme occidental, Moscou impose à Washington une coordination militaire contre l’EI et le Front al-Nosra, qui se traduit par la création d’un centre de commandement commun.
A cet effet, la Russie a acheminé des bâtiments préfabriqués et une station de contrôle du trafic aérien portative. Elle a déployé dans l’aéroport militaire de Hmeimim, près de Jablé, qu’elle a agrandi, six chasseurs Sukhoï Su-30 et six Sukhoï Su-34, et a mobilisé des hélicoptères Mil Mi-23 et Mi-25, qui accompagneront les forces terrestres syriennes dans leurs contre-offensives prévues dans le Nord pour les semaines à venir. L’armée syrienne devrait recevoir, pour sa part, huit hélicoptères Mi-28 conçus comme un engin antichar, capable de détruire des cibles de jour comme de nuit. Ils s’ajouteront aux 80 MiG-29 et aux 20 Sukhoï Su-28 que possède actuellement l’aviation syrienne. Damas attend également la livraison de 24 MiG-29 et de 39 avions supersoniques Yakovlev Yak-130, qu’elle avait commandés avant la crise. La modernisation des forces aériennes syriennes devrait permettre aux troupes gouvernementales de repasser à l’offensive.
La première phase des opérations reposera sur un échange de renseignements avec Damas, qui dispose d’informations abondantes sur les regroupements de l’EI sur le terrain. La mobilisation des forces aériennes prélude la campagne de bombardements intensive destinée à briser l’étau autour des villes syriennes encerclées par les jihadistes, notamment Alep et Deir Ezzor. Les opérations viseront les bases jihadistes tchétchènes et russes de l’EI, que Moscou souhaite anéantir en Syrie avant leur retour en Russie. Elle sera suivie d’une offensive terrestre de l’armée syrienne dans certaines zones clés contrôlées par les jihadistes de Jeich el-Fateh (L’armée de la conquête) et de Daech. Bagdad a apporté son soutien en accordant à l’aviation syrienne l’autorisation de survoler le territoire irakien en cas de nécessité.
Dans ce contexte, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, et son homologue russe, Sergueï Choïgou, ont repris contact, une première depuis le début de la crise ukrainienne il y a un an et demi. La Syrie est allée plus loin en déclarant, le 17 septembre, qu’elle demanderait le déploiement de troupes russes si cela s’avérait nécessaire. Quelques heures plus tard, le Kremlin annonçait que Moscou serait prêt à étudier l’envoi de troupes en Syrie si le président Bachar el-Assad en faisait la demande. Mais les informations émanant de Syrie confirment déjà la présence de troupes russes à Lattaquié et à Damas. Le nombre de conseillers et d’instructeurs russes est estimé à 1 700, selon le journal Kommersant.