organization:fondation jean jaurès

  • 1,27 milliard pour les 0,01% les plus riches : le gros cadeau de Macron enfin chiffré (Marianne)
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15872-1-27-milliard-pour-les-0-01-les-plus-riches-le-gros-cadeau-de-macro

    Le Laboratoire sur les inégalités mondiales, notamment dirigé par Thomas Piketty, a actualisé les données sur les inégalités du système de prélèvement. Alors que la progressivité s’était améliorée entre 2013-2016, elle s’est détériorée depuis l’arrivée de Macron. En moyenne, les 5 034 Français les plus riches ont chacun économisé 253 800 euros.

    Update 04.04.2019 : Les 500 Français les plus riches ont capté 20 milliards de plus en 2017 qu’en 1980 (Marianne.net)

    Les 1% les plus riches ont bénéficié de 4,5 milliards d’euros. Parmi eux, les 0,01% les plus riches en ont capté1,27 milliard

    ... - Julien Mattia / NurPhoto

    La récente note de la Fondation Jean Jaurès avait, croyait-on, fini d’enfoncer le clou. Intitulée Réforme de la fiscalité du capital : la sécession des riches, elle dénonçait un (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Réaction à l’article du Point, pointé ici …https://seenthis.net/messages/756905 par @gjpvernant
    Macron : « Éric Drouet est un produit médiatique » - Le Point
    https://www.lepoint.fr/politique/emmanuel-berretta/macron-gilets-jaunes-eric-drouet-est-un-produit-mediatique-01-02-2019-229061
    … et en particulier, au chapeau de l’article :

    Le président de la République appelle les médias à se ressaisir et décortique l’influence des activistes et des Russes sur la frange radicale des Gilets jaunes.

    Le " plan d’action " délirant de Macron n’est que la mise en musique de l’analyse faite pour la Fondation Jean Jaurès par Roman Bornstein

    Plongée dans les comptes Facebook des "gilets jaunes"
    https://www.nouvelobs.com/politique/20190111.OBS8351/plongee-dans-les-comptes-facebook-des-gilets-jaunes.html

    EXCLUSIF. Pour la Fondation Jean-Jaurès, le journaliste Roman Bornstein s’est plongé à étudier les comptes Facebook de nombreux « gilets jaunes ». Edifiant.

    ou, ici, l’original, découpé en chapitres

    En immersion numérique avec les « Gilets Jaunes »
    https://jean-jaures.org/nos-productions/en-immersion-numerique-avec-les-gilets-jaunes

    Comment une pétition en ligne et un appel Facebook, semblables aux milliers d’autres qui naissent et meurent chaque jour dans l’anonymat des réseaux sociaux et l’indifférence des médias, ont-ils pu aboutir en quelques semaines à la constitution d’un mouvement en fonction duquel l’ensemble des acteurs du jeu démocratique sont désormais contraints de définir leur ligne politique et éditoriale ? Le journaliste Roman Bornstein se livre à une analyse inédite.

    Le texte se focalise sur les outils numériques employés par les " Gilets Jaunes ". En véritable #intellectuel_organique, Roman Bornstein décline, vus du pouvoir, les thèmes " classiques ", sur le nouvel algorithme de FaceBook, les bulles cognitives, puis le rôle des médias traditionnels, rappelant d’ailleurs que si le démarrage du mouvement s’est appuyé sur l’outil FB, le véritable coup d’accélérateur a été donné par le passage de quelques GJ à BFMTV, acquérant à l’occasion un statut de leaders, car visibles. Puis, il remonte leurs affinités avec l’extrême-droite.

    De cette trame découlent la totalité des axes évoqués par E. Macron : contrôle des réseaux et des médias (" hiérarchisation de l’information ",…)

    Cette approche " théorique ", E. Macron et le groupe autour de lui la connaissent sans doute plutôt bien, ayant eux-mêmes utilisé les mêmes ficelles, particulièrement les médias, dans leur raid pour conquérir le pouvoir. Il y a d’ailleurs, un côté " c’est pas du jeu ! " à leurs réactions quand ces mécanismes actionnés par d’autres jouent contre eux. E. Macron, visiblement de plus en plus paniqué, sans prises sur le déroulement de la crise et voyant son pouvoir menacé, y ajoute l’indémodable et centenaire " main de Moscou " actualisée en usine à trolls. Notons que l’argument, le fameux #décorticage (!) se dispense du moindre élément de commencement d’indice et vient quelque peu télescoper celui de " la faute à FB " : à quel moment VVP ou ses sbires ont-ils acquis (ou hacké…) les données de FB ? Dans la même veine, par une (fausse) preuve par association, E. Macron nous ressort la " #russosphère " de l’inénarrable " étude " sur l’affaire Benalla pondue par #EU_Disinfolab (tiens, d’ailleurs, il est où, N. Vanderbielst, dont les mots exacts étaient l’écosystème russophile ?) Il est assez cocasse de voir le président invoquer une " information " parfaitement #bidon au profit de la #hiérarchie_de_la_parole,…

    Dans ce texte (de commande ?) et dans les déclarations de Macron, pas un mot de la multidécennale crise de la représentation, pas une analyse socioéconomique du mouvement (rien sur l’accroissement des inégalités au profit des " #premiers_de_cordée ", rien sur une Europe du capital (ou de la finance) partant à l’assaut de l’Europe du travail,…) Juste une focalisation sur les dynamiques des médias et des réseaux.

    Et pourtant, 4 mois auparavant, cette même Fondation Jean Jaurès sortait un texte, tout aussi repris par l’Obs qu’ils pourraient lire (peut-être, même, relire ? en tous cas en intégrer le sens) :

    Vers un exil fiscal de l’intérieur : comment Macron favorise la " #sécession_des_riches "
    https://www.nouvelobs.com/economie/20180919.OBS2596/vers-un-exil-fiscal-de-l-interieur-comment-macron-favorise-la-secession-d

    Les mesures d’allégement de la fiscalité du capital, entrées en vigueur le 1er janvier dernier, ne sont-elles qu’une gigantesque niche fiscale ? Ces mesures, qui profitent aux 400.000 ménages les plus riches de France, sont la plus forte baisse d’impôts jamais accordée aux « 1% », dénonce ce jeudi 20 septembre une note de la Fondation Jean-Jaurès dont « l’Obs » publie ci-dessous des extraits en exclusivité. Le texte montre comment cette réforme va mécaniquement accentuer la concentration des revenus et des patrimoines aux mains des ménages du haut de l’échelle, pour un impact sur l’investissement et l’emploi plus qu’incertain.

    Dont le chapeau, relu à la lumière des événements ultérieurs, se révèle prémonitoire : la sécession des riches, vue de l’autre bord, est devenue une révolte des pauvres (on en revient à Agrippa Menenius,…, https://seenthis.net/messages/753604) le président Macron ayant réactivé un front de la lutte des classes chère à Warren Buffet.

  • Off : Macron est complètement à la masse.
    https://www.lepoint.fr/politique/emmanuel-berretta/macron-gilets-jaunes-eric-drouet-est-un-produit-mediatique-01-02-2019-229061

    Selon lui, il est évident que les Gilets jaunes radicalisés ont été « conseillés » par l’étranger. « Les structures autoritaires nous regardent en se marrant, ajoute-t-il. Il ne faut pas se tromper. On est d’une naïveté extraordinaire. [...] Le boxeur, la vidéo qu’il fait avant de se rendre, il a été briefé par un avocat d’extrême gauche. Ça se voit ! Le type, il n’a pas les mots d’un Gitan. Il n’a pas les mots d’un boxeur gitan. Nous n’avons pas construit, comme beaucoup de nations autoritaires, les anticorps au système. Donc, nous, on est des pitres ! La communication officielle ou celle de tous les mouvements traditionnels, elle est très peu active, très peu relayée. Les gens qui sont surinvestis sur les réseaux sont les deux extrêmes. Et après, ce sont des gens qui achètent des comptes, qui trollent. C’est Russia Today, Spoutnik, etc. Regardez, à partir de décembre, les mouvements sur Internet, ce n’est plus BFM qui est en tête, c’est Russia Today. »

  • Immigration : Faure (PS) évoque le sentiment d’une « colonisation à l’envers » dans certains quartiers

    « Il y a des endroits (...) qui donnent le sentiment que l’on est dans une forme de “colonisation à l’envers” », a déclaré le premier secrétaire du PS, #Olivier_Faure, jeudi sur France inter, répondant à une question sur le « racisme anti-blanc ». Des propos nuancés par l’intéressé.

    Ce sont des #mots rares dans la bouche d’un socialiste. « Il y a des endroits où il y a des regroupements qui se sont faits, génération après génération, et qui donnent le sentiment que l’on est dans une forme de “colonisation à l’envers” », a affirmé Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), jeudi matin sur France inter, en reprenant les termes d’une « concitoyenne ».

    Interrogé sur la « discrimination antiblanche » dont un auditeur dit avoir souffert à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), le député socialiste de Seine-et-Marne a concédé que la gauche avait « souvent évité la question pour ne pas avoir à y répondre ». Aujourd’hui, il remarque une « crise identitaire profonde chez un certain nombre de concitoyens ».

    « Il existe des endroits où le fait de ne pas être issu de l’immigration peut poser problème à des gens qui sont issus de ces quartiers et qui peuvent se sentir exclus », estime le numéro un du PS. « Il y a des endroits où il y a des regroupements qui se sont faits, génération après génération, et qui donnent le sentiment que l’on est dans une forme de “colonisation à l’envers”. C’est ce que m’a dit un jour une de nos concitoyennes, qui ne votait plus à gauche car elle avait l’impression d’être “colonisée”. Ce message-là, je l’entends. »
    Marine Le Pen applaudit

    Mais selon Olivier Faure, les causes de cette « #crise_identitaire » sont sociales. « La difficulté ne tient pas aux étrangers », souligne-t-il, « mais à la politique du #logement, à la façon dont on a conçu les politiques. On a créé des #ghettos où la #mixité_ethnique n’existe plus ». « La question, c’est comment est-ce qu’on organise les choses, comment on ne laisse pas le terrain s’organiser tout seul, car ça donne le sentiment de #regroupements qui ne sont pas maîtrisés », a-t-il poursuivi.

    Alors que le PS est souvent jugé, par une partie de la droite et le Rassemblement national (RN, ex-FN), comme trop timoré sur la question de l’immigration, ce discours a été applaudi par des cadres du RN. « Une étincelle de lucidité ? Tardive....mais qui fera grand bruit ! », a écrit le vice-président du parti à la flamme, Louis Aliot, sur Twitter. Sur son compte privé, Marine Le Pen a salué cette déclaration avec le symbole d’une bouteille de champagne.

    « À chaque fois, on cherche à instrumentaliser les propos, c’est le jeu politique », explique au Figaro Olivier Faure, presque résigné par ces réactions. Sa déclaration n’implique « aucun revirement » dans le ton ou le programme du PS sur l’immigration, assure-t-il. « Je n’ai fait que répéter ce que j’entends parfois. La “#colonisation”, ce n’est pas une expression de ma part, elle ne correspond ni à ma pensée, ni à ce que je suis. »

    Le premier secrétaire du PS veut montrer qu’il « entend cette exaspération qui monte », tout en voulant « combattre ces discours-là en proposant des solutions : non pas le rejet des étrangers, mais le rejet des #ghettos_urbains, à travers la mixité ». Il plaide en faveur d’un meilleur accueil des étrangers, et non d’une limitation de l’immigration. Pourtant, selon une étude publiée lundi par la Fondation Jean Jaurès, proche du PS, un sympathisant socialiste sur quatre pense qu’il y a « trop d’immigrés en France ».

    http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2018/10/25/25002-20181025ARTFIG00343-immigration-faure-ps-evoque-le-sentiment-d-une-co
    #racisme_anti-blancs #colonisation_à_l'envers #anti-blancs #vocabulaire #terminologie #no_shit #communautarisme #banlieues #quartiers_populaires

  • La sécession des « élites » ou comment la démocratie est en train d’être abolie, par Coralie Delaume
    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/04/20/31003-20180420ARTFIG00185-la-secession-des-elites-ou-comment-la-democratie-

    Coralie Delaume analyse les raisons de la fracture qu’elle observe entre les « élites », une classe minoritaire de privilégiés, et la masse qui n’a pas accès aux études prestigieuses ou qui n’a pas son mot à dire dans les orientations économiques de l’Union européenne.

    La Révolte des élites et la trahison de la démocratie est le titre d’un livre du sociologue américain Christopher Lasch, publié à titre posthume en 1995. Bien sûr, l’ouvrage analysait l’Amérique de son temps. Pourtant, il s’applique parfaitement à la France et à l’Europe d’aujourd’hui, dont il semble avoir anticipé l’évolution des classes favorisées avec une acuité visionnaire.

    Le livre pose l’hypothèse que ce n’est plus la « révolte des masses » qui menace désormais la vie démocratique, mais la coupure de plus en plus prononcée entre le peuple et les « élites ». Une coupure tant économique et matérielle qu’éducative et intellectuelle, dont résulte le repli sur eux-mêmes des privilégiés. Ces derniers ne parlent plus qu’à leurs pareils, c’est-à-dire non seulement à ceux qui bénéficient d’un même niveau de richesses, mais également à ceux qui partagent le même niveau d’instruction. Ils adorent mettre en scène leur pouvoir et le font de mille façons : exhibition des signes extérieurs de richesse, bien sûr, mais également - et de plus en plus - de leur patrimoine culturel. Le discours, ahurissant de cuistrerie, du président Macron sur l’intelligence artificielle (29 mars 2018) en est un exemple qui confine au grotesque. En revanche, ils n’assument plus que de mauvaise grâce les charges et responsabilités qui devraient leur incomber, et préfèrent le service de leur intérêt bien compris à celui d’un « intérêt général », dont ils ne conçoivent même plus qu’il pût exister.

    Vingt ans après Lasch, le phénomène du séparatisme élitaire qu’il voyait poindre dans son pays vient de faire l’objet, pour la France cette fois, d’une étude chiffrée. Jérôme Fourquet a en effet publié, pour le compte de la Fondation Jean Jaurès, une note au titre évocateur : « 1985-2017, quand les classes favorisées ont fait sécession ». Il y explique notamment que la cohésion de la société française « est mise à mal aujourd’hui par un processus presque invisible à l’œil nu, mais néanmoins lourd de conséquences : un séparatisme social qui concerne toute une partie de la frange supérieure de la société, les occasions de contacts et d’interactions entre les catégories supérieures et le reste de la population étant en effet de moins en moins nombreuses ».

    Le dépérissement du cadre national permet aux « élites » de vivre de plus en plus dans une sorte d’alter-monde en suspension.

    Le sondeur illustre ensuite. Il note que le cœur des grandes villes est massivement investi par les cadres, certains centres urbains leur tenant désormais lieu de ghettos dorés. Les CSP+ sont ainsi passés de 25 % à 46 % de la population parisienne en 30 ans, cependant que le pourcentage des ouvriers a décru, passant de 18 % à 7 %. Fourquet analyse ensuite la désertion de l’enseignement public et la scolarisation massive des enfants de cadres dans le privé, le séparatisme électoral des plus aisés ou, pour les cas extrêmes, l’exil fiscal, ce dernier signant le refus d’une partie de la population de financer le fonctionnement la collectivité dans son ensemble. Pour l’auteur de l’étude, nous faisons face à l’« autonomisation d’une partie des catégories les plus favorisées, qui se sentent de moins en moins liées par un destin commun au reste de la collectivité nationale ». On voit en effet combien le phénomène est lié au dépérissement du cadre national, dépérissement qui permet aux « élites » de vivre de plus en plus dans une sorte d’alter-monde en suspension, cependant que les autres sont rivés à un ici-bas qui commence à se changer en friche, et finira par se muer en jungle.

    Jérôme Fourquet n’est pas le premier à faire ce constat. L’anthropologue Emmanuel Todd l’a fait également, et donne dans son dernier ouvrage (Où en sommes nous, Seuil, 2017) une explication convaincante. Pour lui, c’est la fracture éducative qui est en cause, le développement de l’éducation supérieure ayant eu un effet pervers inattendu en tronçonnant le corps social en deux catégories de personnes : les éduqués supérieurs et les autres. Alors que la massification des éducations primaire et secondaire avait contribué à égaliser le niveau éducatif général et favorisé l’épanouissement de la démocratie, c’est à l’inverse qu’on assiste aujourd’hui. La raison en est simple : l’éducation supérieure ne s’est pas (encore ?) généralisée. « L’accès universel à l’instruction primaire puis secondaire avait nourri un subconscient social égalitaire ; le plafonnement de l’éducation supérieure a engendré, (...) un subconscient social inégalitaire », énonce le chercheur.

    De ce « subconscient inégalitaire », on perçoit chaque jour les effets. On constate que ne se mélangent plus guère ces éduqués supérieurs contents d’eux, étrangement persuadés de ne rien devoir qu’à leur talent. De toute façon, ils sont suffisamment nombreux pour pouvoir fonctionner en circuit fermé et pour ne plus avoir à s’adresser qu’aux autres « manipulateurs de symboles », ainsi que l’économiste Robert Reich qualifiait les gagnants de la mondialisation, ces diplômés, plurilingues, mobiles, à l’aise dans le domaine de la communication et qui font l’opinion. Car ce sont eux, bien sûr, qui tiennent les plumes et parlent dans les micros. Ils nous font partager leur manière propre d’appréhender la masse des « gens qui ne sont rien » comme dirait Macron, autrement dit des gens qui ne sont pas comme eux. Ils nous les peignent comme frileux, « réacs », hostiles de façon primitive et irrationnelle aux réformes ainsi qu’à tout type changement. Ils nous expliquent que s’ils votent « populiste », c’est parce qu’ils sont xénophobes, et que s’ils votent mal aux référendums c’est parce qu’ils ne comprennent pas les questions. Peut-être cette partition de la société devrait-elle nous conduire à reconsidérer le contour des classes sociales ? Si celles-ci existent encore (et c’est évidemment le cas) la sécession des « élites » n’est pas seulement le fait des « riches » et des propriétaires des moyens de productions. Elle est également celui des détenteurs d’un capital éducatif et culturel, lequel s’hérite de plus en plus d’ailleurs, sur fond de destruction de l’école publique et de dégraissage perpétuel du « Mammouth ».

    Le dégraissage concerne d’ailleurs l’ensemble de l’appareil d’État et des services publics, ceux-ci ayant le tort de présenter des vertus égalisatrices qui entravent le séparatisme élitaire. Pour leur régler leur compte, les pays européens membres de l’UE ont inventé un prétexte ingénieux et unique au monde : la nécessite de respecter les « critères de convergence » de Maastricht. Notamment celui des 3 % de déficit public, et c’est en son nom que les gouvernements détruisent ou vendent tout le patrimoine collectif. La France vient d’ailleurs de passer sous la barre fatidique (2,6 % pour 2017), avant même d’avoir fini de brader la SNCF.

    La construction européenne est un formidable outil de déresponsabilisation des « élites » nationales.

    D’une manière générale, la construction européenne est un formidable outil de déresponsabilisation des « élites » nationales, notamment des élites politiques. Celles-ci, toutes ointes qu’elles sont de la légitimité offerte par le suffrage universel, n’en assument pas pour autant les vraies charges. La capacité à faire les grands choix a été massivement transférée au niveau supranational, qui lui ne rend pas de comptes. Les dirigeants de la Banque centrale européenne ne rendent pas de compte pour la politique monétaire qu’ils conduisent. La Commission de Bruxelles ne risque pas d’affronter une grève pour s’être mêlée d’un peu trop près, dans le cadre du « Semestre européen », du contenu des budgets des États membres. La Cour de justice de l’UE ne risque pas la sanction des citoyens (de quel État au demeurant ?) pour les jurisprudences de dérégulation économique qu’elle pond à la chaîne. De toute façon, en « constitutionnalisant » les traités européens de sa propre initiative via des arrêts datant des années 1960, la Cour a très tôt permis que ces traités et tous les éléments de politique économique qu’ils contiennent, se situent au-dessus des lois dans la hiérarchie des normes des États-membres. C’est-à-dire hors de portée des Parlements, donc des électeurs.

    La manière dont est organisée l’UE a pour effet de décorréler les élections (qui ont lieu au niveau national) et la prise de décision (qui se fait à l’échelon supranational), ce qui en fait une véritable machine de défilement au service « d’élites » politiques en rupture de ban avec leurs nations d’origines - et qui ressemblent bien plus à une oligarchie qu’à une véritable élite désormais. Par ailleurs, l’UE offre de multiples possibilités d’évitement fiscal grâce à ses paradis fiscaux intégrés (Irlande, Luxembourg...). Enfin, la libre circulation du capital et du travail dans le Marché unique contribue à mettre les deux en concurrence au profit du plus mobile et du rapide (le capital) et au détriment du plus sédentaire (le travail). Le tout pour la grande joie des catégories possédantes, cette fois.

    Dans ce cadre, il n’est pas étonnant qu’un politiste spécialisé sur les questions européennes tel le Bulgare Ivan Krastev, consacre de longues pages de son dernier ouvrage (Le destin de l’Europe, Premier Parallèle, 2017), à décrire le phénomène de sécession des classes dirigeantes à l’échelle continentale. « Les élites aristocratiques traditionnelles avaient des devoirs et des responsabilités, et leur éducation les préparait à se montrer à leur hauteur », écrit-il. « En comparaison, les nouvelles élites sont formées pour gouverner mais sont tout sauf prêtes au sacrifice ». Pas même au sacrifice financier, aurait-il pu ajouter, en tout cas de moins en moins puisque l’optimisation fiscale est devenue l’un des sports phares de notre époque. Puis Krastev d’ajouter : « La nature et la convertibilité des compétences des nouvelles élites les affranchissent très concrètement de leur propre nation. Elles ne dépendent pas des systèmes éducatifs publics nationaux (leurs enfants étudient dans les établissements privés) ni des systèmes de protection sociale nationaux (elles peuvent se permettre les meilleurs établissements hospitaliers). Elles ont perdu la capacité de partager les passions et les émotions de leur communauté ».

    En même temps que l’on « dépasse » les nations et que l’on détruit l’État, c’est la démocratie qu’on abolit.

    Dès lors, la montée de ce qu’on appelle « les populismes » correspondrait avant tout à une quête de loyauté. D’ailleurs, le discours « souverainiste » ou anti-mondialisation desdits « populistes » est probablement l’une des clés de leur succès. Il correspond à un désir de plus en plus profond, de la part des peuples, de « rapatrier » leurs classes dirigeantes, afin qu’elles ne se défilent plus. Afin qu’il redevienne possible d’exiger qu’elles assument leurs devoirs autant qu’elles jouissent de leurs droits, et qu’elles rendent à la collectivité une part au moins de ce qu’elles ont reçu, c’est-à-dire beaucoup (sécurité des biens et des personnes, système de santé, système éducatif, etc.). Enfin et concernant le personnel politique, son « rapatriement » et le fait de refaire coïncider les mandats nationaux avec la conduite effective des politiques, est le seul moyen de rendre à nouveau possible l’exercice d’un contrôle démocratique normal.

    Cela est-il possible ? Le moins que l’on puisse dire est que pour l’heure, on n’en prend pas le chemin. À l’inverse et jour après jour, en même temps que l’on « dépasse » les nations et que l’on détruit l’État, c’est la démocratie qu’on abolit.

    pas encor lu

  • Les élites et le peuple français sont-ils définitivement irréconciliables ?
    http://www.rfi.fr/emission/20180305-elites-le-peuple-francais-sont-ils-definitivement-irreconciliables

    C’est une étude de la Fondation Jean Jaurès, un centre de réflexion classé à gauche, parue le 21 février 2018. C’est le politologue Jérôme Fourquet …

    #Économie

  • Les titres de presse qui te mettent dans la peau d’un agresseur sexuel :

    Près d’une femme sur deux victime de caresses ou d’attouchements non consentis

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/02/23/selon-une-etude-43-des-femmes-victimes-de-caresses-ou-d-attouchements-non-co

    Des caresses ou attouchements non consentis ca s’appelle des AGRESSIONS SEXUELLES. Agression sexuelle c’est le ressenti des victimes, Caresse celui des agresseurs. A croire que ces states sont fournis afin d’être aggravées. Comment peut on lutter contre les agressions sexuelles quant on appel ca des caresses non-consentis !?

    • Le parisien parle de « subir des gestes sexuels sans consentement. » et d’agressions sexuelles" au lieu de caresses et d’attouchements non consentis.
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      http://www.leparisien.fr/societe/12-des-femmes-ont-deja-ete-violees-selon-une-enquete-23-02-2018-7575399.p

      Selon une étude de l’institut Ifop pour la Fondation Jean Jaurès, réalisée auprès de 2 167 femmes de 18 ans et plus, 12 % ont été victimes d’un ou plusieurs viols au cours de leur vie. Et 43 % ont subi des gestes sexuels sans leur consentement.

      « Ce chiffre de plus d’une femme sur dix est tout à fait interpellant et se situe au-dessus de ce que d’autres enquêtes ont mesuré par le passé », note dans son étude la Fondation Jean Jaurès, pour qui la récente prise de conscience et un mode d’interrogation par Internet, donc sans face-à-face, ont pu lever les tabous sur une réalité jusque-là sous-estimée.

      La dernière étude conséquente sur le sujet avait été publiée en 2016. L’enquête « Violences et rapports de genre » du très sérieux Institut national d’études démographiques (INED), révélait déjà une réalité effrayante : 62 000 femmes victimes chaque année de viol et de tentative de viol, et une femme de moins de 35 ans sur vingt agressée sexuellement chaque année.

      Parmi les victimes de viol – ou de viols -, 51 % déclarent l’avoir subi pendant l’enfance ou l’adolescence. Les viols par un inconnu ne représentent que 15 % des cas de viols sur mineur, 17 % des viols sur adulte. Dans la grande majorité des cas, c’est donc dans l’entourage familial, amical, géographique, scolaire ou de travail que se trouve l’agresseur.
      Dans 83 à 85 % des cas, le violeur connu de sa victime

      Autre donnée de l’enquête qui conforte l’idée d’un emmurement dans le silence : seules 38 % des femmes violées en ont parlé à des proches. 15 % ont porté plainte. Cette impossibilité à se plaindre s’expliquerait, selon Michel Debout, coordinateur de l’enquête, psychiatre et professeur de médecine au CHU de Saint-Etienne, Chloé Morin, directrice de l’Observatoire de l’Opinion, et Jérôme Fourquet de l’IFOP, par « une effraction de l’espace privé et intime de la victime » pour des femmes qui, bien que disposant souvent des preuves médicales d’une agression sexuelle, craignent pour leur avenir personnel et social, voire familial, notamment pour les victimes de viols conjugaux.

      Pour ces femmes agressées par leur conjoint, parler peut s’avérer terrible. « A la dévalorisation provoquée par la situation de viol s’ajoute la dévalorisation liée à son manque de pertinence qui l’obligera souvent à mettre en avant les autres qualités de son conjoint et le fait que sa violence est souvent provoquée par des contraintes de vie dont il serait lui-même la victime », écrivent les auteurs du rapport. « Cette ambivalence, il faut le comprendre, est paradoxalement nécessaire à l’équilibre psychique fragilisé de la victime et permet inconsciemment de préserver la représentation qu’elle a de ses propres enfants, qui deviendraient, sinon, les enfants d’un violeur et ne seraient en rien les enfants de l’amour ».

      –---

      C’est l’étude de l’institue Jean Jaurès qui est à l’origine de ce point de vue d’agresseur. Le monde à repris tel quel et le parisien à fait un travail d’analyse et d’ajustement du vocabulaire.
      https://jean-jaures.org/nos-productions/viols-et-violences-sexistes-un-probleme-majeur-de-sante-publique

    • Le truc du « sans consentement » c’est qu’il focalise le débat sur le comportement de la victime.
      Relation (ou gaudriole ou caresses) « sous contrainte » permettrait de recentrer sur l’agresseur.

    • rapport forcé sur fr3 émission nés sous X
      #euphémisme

      C’est d’une autre époque, faudrait arrêter de croire que se taire mentir ou modifier les termes peut servir à protéger la victime.

  • Tous complotistes, vraiment ?
    https://la-bas.org/4887

    Selon l’Ifop, repris en fanfare par plusieurs #Médias, huit Français sur dix adhéreraient au moins à une « théorie du complot ». Problème : le sondage commandé par la Fondation Jean Jaurès et Conspiracy Watch brasse large et repose sur une méthodologie contestable, au point que l’Ifop en a reformulé, depuis, ses conclusions. Qui manipule qui ?Continuer la lecture…

    #Vidéo #Usage_de_faux

  • a propos de blocage pour complotisme supposé : https://seenthis.net/messages/655358#message659284 Aux bloqueurs, diffamateurs, diffuseurs de fausses infos, et délateurs a propos d’Annie Lacroix Riz et son engagent pour la paix dans le monde lors d’une réunion Axis For Peace en 2005 : " Surtout qu’ici personne ne sait qui est le soit disant « historien » déconstructeur de Annie-Lacroix Riz VRAIE historienne elle contrairement à l’obscur prof « Tietie006 » ? Ok je vous met son site en ligne car il fréquente des gens comme Bernard Shalscha ami de BHL entr’autres et bien facho sur les bords. http://tietie007.over-blog.com/2017/11/de-l-islamo-gauchisme-en-france-insoumise.html oui depuis il s’est rajouté un 1 et fait dans le 007 le pauvre ancien prof d’histoire de collège : https://www.linkedin.com/in/thierry-giraud-19185144. Excusez moi du peu, mais participer à une réunion pour la paix ne fait pas de vous une méchante et mauvaise historienne là vous colportez (tiens votre pseudo ?) des rumeurs et diffamations. Mme Lacroix Riz a perdu une partie de sa famille pendant la seconde guerre mondiale, elle est « juive » d’origine et l’insulter à ce point est grave.
    Bien à vous

    • Merci @bce_106_6 pour ces infos, hélas très juste sur l’Ukraine actuelle, et de plus d’après un rapport 8 millions d’ukrainiens sont partis à l’étranger après le putsch du Maidan .La guerre en Europe existe bel et bien. Andrei Biletsky le fasciste suprémaciste, adorateur de Hitler a été invité au Parlement européen alors qu’en France on interdit des personnes un comique et un essayiste pour leur idées antisémites alléguées ou leur extrêmisme. On peux ne pas les soutenir sans avoir a les interdire systématiquement. Géométrie variable totale et hypocrisie en prime voilà en plus en France des gens se permettent de juger d’autres personnes et les bloquent pour un « complotisme » supposé, si on sait que c’est le mot crée pour diviser exclure, des gens qui ne pensent pas EXACTEMENT comme eux. Nous nous américanisons car c’est bien la CIA qui a crée ce mot « conspiracy theorist » pour exclure du débat a propos de la mort de Kennedy. Repris après le 11 septembre pour bloquer la parole a ceux qui doutaient de la « responsabilité unique » de Ben Laden dans cette affaire.
      C’est surtout l’israelo-américain Daniel Pipes qui l’a lancé dans les médias. Et voilà en France la 5 ème colonne pro-israelienne de la Fondation Jean Jaurès (Rudy Reichstadt and co) qui l’ont repris a fond pour « disqualifier » le discours dissident sur des faits actuels que se soit Israel et les Palestiniens, les conflits contre les pays arabes, Irak, Lybie Syrie, et en Europe l’Ukraine ou là si on ne suis pas « leur narrative » pro-occidentale on serait donc « pro-russe » ou pro-dictateur.
      D’autre part insulter des gens comme l’historienne Annie Lacroix Riz de la part de ces escrocs de ré-écriture de l’histoire version « oligarchie » suivi d’innombrables partisans « officiels » du NPA ou d’autres partis de gauche, antifas, ou féministes qui ont le même discours que les tenant de la VO version OTAN est incroyable et criminel. Gilbert Achcar en est l’exemple type, il a même rencontré en Suède un des chefs des terroristes Bhuran Ghalioune, connus pour leurs crimes (décapitations, meurtres ethniques, etc) sur la population syrienne. https://www.wsws.org/fr/articles/2013/08/achc-a16.html ces gens là seront j’espère jugés pour crimes contre la paix. Encore un trotskyste qui est passé de l’autre côté.

    • Le WSWS seul parti trotskyste a ne pas s’aligner sur l’OTAN et ces guerres impérialistes « humanitaires » a été censuré par Google et ces avatars : https://www.wsws.org/fr/articles/2018/01/13/jpil-j13.html face a la « gauche collabo » comme dit Annie Lacroix Riz qui elle connait bien le sujet ..Et que je sache si Raphael Meyssan est bien le fils de son père quand bien même celui serait un criminel (il ne l’est pas sauf que ces idées sont classées comme telles) a le droit de vivre et considéré différent si c’est un adulte. Ou est le crime de le suivre ? Les bloqueurs sont des collabos et utilisent la réthorique de l’oligarchie a propos des dissidents avec l’exclusion, l’intolérance, la diffamation, délation incroyable de la part de gens voulant la liberté d’expression. Cela me rappelle Ornella Guyet dans la méthode ...

    • @bce_106_6 quand on voit ce qu’est devenu la gauche on finit par regretter De Gaulle malgré ces défauts, il était contre l’Otan au moins et ne voulait pas s’aligner sur l’atlantisme béat. Au fait j’ai trouvé ceci sur la BD sur la Commune de Paris selon Raphael Meyssan : https://twitter.com/RFIculture/status/934286803036618752 étrange qu’il soit diabolisé par les faux purs de la gauche collabo ou les antifas ...même FR3 salue son oeuvre : https://twitter.com/F3PaysdelaLoire/status/936584629288685570

  • Le Président Jupi-Taire invente la Censure Libérale, par Jacques-Marie Bourget
    https://www.les-crises.fr/le-president-jupi-taire-invente-la-censure-liberale-par-jacques-marie-bou

    Avez-vous entendu Deloire protester contre la disparition de « Afrique Asie », un mensuel spécialisé dans l’actualité internationale, un journal d’une qualité rare ? Non. Il devait être en RTT. Ce journal historique, fondé par Simon Malley, a été le compagnon de lutte de tous les mouvements de décolonisation de la planète. Ce n’est pas rien. Comme par hasard l’état français a commandé un interminable contrôle fiscal contre « Afrique Asie », enquête ridicule au sein d’un journal militant. Mais qui s’est achevée par une amende de 150 000 euros. Majed Nehme, le directeur-héros de cette aventure, a donc été obligé de fermer ce journal exemplaire. Voilà les dernières nouvelles du monde libre, où les français ne parlent plus aux français.

    • https://www.agenceecofin.com/revue-de-presse/2510-51470-la-seconde-mort-du-magazine-afrique-asie

      Militant à la plume acérée, Simon Malley n’a pas que des amis. Il est momentanément expulsé de France en 1980, accusé de nuire, par ses propos, « aux intérêts de la France dans des Etats ayant avec elle des relations diplomatiques normales », selon les propos du ministre de l’Intérieur de l’époque, Christian Bonnet, en réponse à une question à l’Assemblée nationale de Laurent Fabius. En 1981, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en France, Simon Malley peut revenir et poursuivre l’aventure éditoriale d’Afrique-Asie.

      En décembre 2005, le journal dépose le bilan, ciblé depuis des années par un contrôle fiscal politique. Simon Malley portera plainte contre l’administration fiscale, contestant auprès du tribunal administratif les conclusions de cette enquête à charge qui aboutira à la liquidation de la société Afriasial qui exploitait le titre. Le tribunal lui donnera raison, mais à titre posthume, puisque le fondateur historique du titre est décédé le 7 septembre 2006, un an après avoir été contraint de déposer le bilan.

      Majed Nehmé (photo) – rédacteur en chef d’Afrique-Asie depuis dix-sept ans – prend, avec quelques anciens du journal, l’initiative de relancer le titre qui sera exploité par une nouvelle société, la Sarl Afriam. Progressiste franco-syrien, ce grand connaisseur du monde arabe – intellectuel tous terrains – améliore la qualité éditoriale, l’expertise, le réseau des correspondants et des collaborateurs. Afrique-Asie est régulièrement diffusé dans une cinquantaine de pays. Parallèlement à la version papier, il est possible de consulter le magazine en ligne, augmenté par des papiers et reportages qu’on ne lit nul par ailleurs.

      En effet – sous la direction de Majed Nehmé – la qualité et la spécificité du titre ne cessent de s’améliorer, tranchant singulièrement avec la descente aux enfers de la presse parisienne mainstream. Pour les habituels « chiens de garde », une telle liberté est insupportable : Afrique-Asie, qui est régulièrement cité et repris par la presse internationale, mais systématiquement exclu et censuré par la plupart des revues de presse dans l’Hexagone, notamment par celle de Radio France Internationale (RFI), radio publique censée être spécialisée en affaires africaines… Sans parler de Mme Ockrent-Kouchner et de ses étranges Affaires étrangères sur France-Culture…

    • Et incidemment :

      En guise de travaux pratiques je livre à nos lecteurs l’expérience vécue par la grande et courageuse historienne Annie Lacroix-Riz – professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris VII. Au prétexte qu’elle est l’une des seules à s’opposer à la cohorte placée sous la férule de Gérard Courtois, un communiste très repenti qui passe ses heures à expier son passé, et qui est devenu le guide suprême en matière de marche arrière historique, Lacroix-Riz, avec son sac à vérités, est devenu l’ennemi numéro 1. Comme la dame est imbattable, tant elle est documentée, face à elle il faut fuir ou annuler tout débat. D’autant que la spécialité de l’historienne est brûlante : la collaboration sous toutes ses formes, liens entre nazis et Vatican, construction de l’Europe sous la dictée américaine…Elle a même découvert que, pendant la période nazie, le Zyklon B avait été, pour partie, produit dans des usines françaises…

      Un jour c’est France 2 qui la convoque pour évoquer André Bettencourt, un homme trop actif sous Vichy. L’historienne racle ses fonds, prend de son temps et répond aux questions du documentariste. Quelques heures avant la diffusion du « sujet » elle reçoit un SMS « Désolé, mais faute de place votre témoignage a été coupé ». Ah ça alors c’est vrai, la lutte des places est un phénomène connu !

      En 2016 c’est une certaine Juliette Dubois qui, sur RMC TV, se passionne pour une tranche d’histoire « 1939-1945 la face cachée du Vatican ». Lacroix-Riz est incontournable, elle est ici assise dans son jardin. La naïve historienne sort ses archives les plus explosives et attend le passage de la questionneuse… qui, comme Godot, ne viendra jamais. Le dernier acte de censure est aussi lié à ce documentaire de RMC, un conte de fée qui donne la part belle aux hommes de Dieu. Cette fois, le film étant diffusé par la RTBF la télé belge, Lacroix-Riz est convoquée à Bruxelles « pour un débat ». On lui envoie des billets de train…Et, magie habituelle, sans que les TGV de Guillaume Pépy y soient pour quelque chose, l’historienne qui dérange ne se dérange pas : elle est décommandée. Si je mets en avant l’exemple de Lacroix-Riz c’est que la dame, même sans le relais des médias officiels, a une certaine capacité d’alerter un petit réseau. Mais quid des inconnus, des isolés, qui se font moucher dès qu’ils évoquent des sujets touchant à la « contre pensée ». Quid d’un chercheur qui n’embouche pas, pour ses travaux, la bonne trompette, l’écrivain qui n’écrit pas les bons livres ?

    • Obsessions complotistes, obsessions anticomplotistes

      On comprend sans peine que Libération et Le Monde , mais parmi tant d’autres, se soient fait une joie de l’étude Fondation Jean-Jaurès-Ifop sur les tendances complotistes de la population. Les deux principales écuries à Décodeurs n’allaient tout de même pas laisser passer ce caviar d’une justification en quelque sorte ontologique. Ni la presse en général manquer une occasion de réaffirmer que le monopole de l’information vraie comme de la pensée juste lui appartient. On notera au passage comme est bien conçue cette « étude », qui accole les 75 % de la population manifestant une défiance envers les médias avec le reste de la benne à complotistes, l’idée étant de suggérer, comme il se doit, que douter des médias et battre la campagne conspirationniste, c’est tout un. À l’évidence, ce qu’on pourra maintenant appeler le « massif du pouvoir », attaqué de toutes parts, n’est plus capable, pour se maintenir dans son monopole de la direction générale, de trouver d’autre solution que… la disqualification de la population même : elle est économiquement illettrée, politiquement errante, et d’une crédulité vicieuse.

      On sait donc maintenant avec une certitude scientifique au moins égale à celle de l’institut Ifop que le massif du pouvoir a perdu tout moyen de comprendre ce qui lui arrive – état de stupidité qui fait pressentir les conditions dans lesquelles, incapable de la moindre rectification de trajectoire, il finira : mal (car il finira bien un jour). Il a notamment perdu les moyens de comprendre ce qui se joue avec l’inflammation conspirationniste – dont il reste à prouver, tous effets de loupe des réseaux sociaux mis à part, qu’elle a effectivement crû. C’est que Rudy Reichstadt et la Fondation Jean Jaurès se seraient sans doute empressés de comptabiliser comme complotistes les « satellites détraquant la météo » qui faisaient les beaux jours des comptoirs des années 60 – et les satellites étaient russes !

      Que la pensée publique erre dans le mouvement naturel de faire sens de ce qui lui arrive, c’est un fait dont la nouveauté historique demanderait à être beaucoup discutée. Que, par un effet paradoxal, l’ampleur des élucubrations ait crû à proportion de l’élévation du niveau général d’étude, c’est-à-dire du nombre des gens s’estimant autorisés à « avoir des idées » sur le cours du monde, et à les dire, maintenant même à les publier, c’est probablement une piste plus robuste. Que l’obstination des pouvoirs à confisquer la conduite des affaires publiques en en dissimulant à peu près tout des gouvernés, fouette la production populaire des conjectures, qui plus est dans un contexte d’illégitimité croissante des gouvernants, et avec nécessairement la croissance, là encore simplement proportionnelle, de sa part égarée, ce serait aussi une piste à creuser. Mais on comprend que ni Le Monde ni Libération n’en aient la moindre envie. Quant à la cabane de jardin de la rue de Solférino (la Fondation Jean Jaurès) il y a beau temps qu’elle a perdu le dernier outil qui lui permettrait de creuser quoi que ce soit.
      Frédéric Lordon

      https://blog.mondediplo.net/2018-01-08-Macron-decodeur-en-chef

  • D’abrutis à médiacrates : du calme !
    http://melenchon.fr/2017/09/04/dabrutis-a-mediacrates-calme

    La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges. Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi. L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape. Encore une fois, l’essentiel est de décrédibiliser le système du point de vue des valeurs qu’il prétend mettre en œuvre. Comme la dit le sociologue du « populisme de gauche », l’argentin Ernesto Laclau, « le seul parti effectif contre nous est le système médiatique ». Ni la droite, ni les « sociaux-démocrates » ne sont en état de faire leur travail tant la marchandise qu’ils ont à vendre est recrachée par tous. L’épisode d’auto-disqualification doit donc être replacé dans son contexte global en France. Il exprime quelque chose d’essentiel à propos de la crise du système de domination des puissants sur la société.

    • @marielle, tu t’imposes de ces lectures !

      La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges.

      Cette phrase ne veut rien dire, sauf à penser que ce sont l’argent et les privilèges qui lient (au pluriel)

      Dans la phrase suivante :

      Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi.

      Qui est sujet de « rivaliser » les bassines de fiel ou la totalité des participants ?

      Et la phrase suivante...

      L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape.

      ...n ’est pas exactement un hypallage, mais j’ai du la relire trois fois avant de comprendre.

      Un peu moins de fiel, fut-ce en bassines, ne nuirait pas à la bonne compréhension d’un propos auquel on pourrait par ailleurs parfaitement adhérer

    • Effectivement la forme est discutable @philippe_de_jonckheere mais le fond est tout à fait justifié, il faut avoir vu cette détestable émission pour ce rendre compte que tout est vrai, les médiacrates sur ce plateau ont déversé tout leur fiel sur Jean Luc Mélenchon, Ruffin, Raquel Garrido également. J’ai vraiment ressenti toute la haine de cette caste. C’était effarant ! Certes, je n’aurais jamais du m’infliger de telles images.
      Sincèrement désolée d’avoir heurté notre cher poète journalier...

    • @marielle C’est bien ça mon problème, ce n’est pas que je ne sois pas d’accord avec ce qui est dit (ce dont on se moque bine d’ailleurs), je ne regarde jamais la télévision, sauf dans la salle d’attente des urgences, mais j’imagine que cela devait être quelque chose, mais il me semble que cette expression d’une colère mal contenue au point de contaminer la langue nuit à la clarté de ce dont je ne doute pas par ailleurs. Et d’une certaine manière cela contribue à la disqualification a priori de la parole de FI dans les médias

      Ca va, tu n’as pas trop heurté le poète de plus de 120 kilos !

    • Les journalistes sont des saints. Pas une feuille d’impôt incomplète, pas une affaire de mœurs, pas une violence, pas un pot de vin, pas une conférence subventionnée, pas un emploi familial, pas un placard doré.
      D’abrutis à médiacrates : du calme !

      Eh beh monsieur Brunet ! Je suis tout espanté ! Abrutis ? Abrutis ? Carrément Brunet, là ! Allez, monsieur Brunet, c’est pas de votre faute ! C’est tous les autres qui vous ont fait boire tout ce fiel ! Et maintenant vous vous sentez tout bête, hein ! Allez monsieur Brunet, on vous comprend. On a bien vu. On le sait, monsieur Brunet : (presque ) toute la scène médiatique est en proie à un stupéfiant délire contre les Insoumis. On a vu aussi l’ambiance à « C’est dans l’Air » ! Les vaches sacrées de la scène politique sont devenues des vaches folles.
      Du calme s’il vous plaît !
      Cette fois-ci c’est la fin d’un Monde . On peut le penser en lisant leur prose en cette rentrée. Le Monde lui-même, parangon de toutes les vertus, consacre un éditorial à la menace que les insoumis font peser sur la démocratie et la liberté de la presse. Une fois encore, l’atelier aux Amfis d’été « Faut-il “dégager” les médias ? » sert de point de départ pour une indignation corporative en grand drapé et trémolos. Mais les lecteurs ne sauront pas davantage que dans toutes les autres critiques ce qui a pu se dire dans cette réunion animée par Sophia Chikirou avec la participation d’Aude Lancelin, Olivier Berruyer et Thomas Guénolé. Que ce soit trois gens de métier ne fait pas réfléchir. D’ailleurs rien ne fait réfléchir ces gens-là. Seul le titre de l’atelier compte. Ce pauvre Jean-Michel Aphatie s’est fait prendre la main dans le sac sur ce point : non il « n’a pas regardé la vidéo ». Il parle sans savoir. C’est cette pratique là que défend Le Monde  : le journalisme non comme pratique mais comme magistère. D’ailleurs Aphatie a immédiatement reçu l’appui de plusieurs confrères : « pas besoin de lire ! Avec les insoumis ce n’est pas la peine ! »


      Le Monde est plus raisonnable. Il ne s’abaisse pas à un tel fanatisme même s’il ne le condamne pas . Pour lui il y a plus grave. En effet nous pourrions profiter de l’opportunité que représente la nomination d’un éminent éditorialiste de leur confrère comme porte-parole du gouvernement. Bien sûr qu’on va le faire ! Car cet évènement met à nu à quel point les médiacrates sont une composante à part entière de la caste au pouvoir dans la Vème République. Le Monde défend donc avec ferveur l’honneur de 350 000 gens du métier qui ne lui ont pourtant rien demandé et que personne ne vise. C’est la technique FNSEA : les gros se cachent derrière les petits. Et ainsi de suite. D’un média à l’autre, c’est le même odieux « pilonnage du bourrin Mélenchon » et de ses amis, comme y a appelé le député « la République en Marche ».
      Tout cela n’est-il pas tout à fait excessif ? Pourquoi toute cette violence contre nous ? Et si les éditocrates retrouvaient leur sang-froid ? N’est-on pas en droit de l’attendre de ceux qui exercent un métier qu’ils prétendent assumer comme un magistère moral dans la société ? Les grandes consciences et autres ne devraient-elles pas se joindre à nous pour protester contre de tels débordements de langage ? Car avez-vous bien vu où nous en sommes rendus ? Mesdames, messieurs, il faut vous calmer ! Ce débordement dangereux de la hargne ordinaire du parti médiatique me conduit à le demander fermement. Non seulement pour notre sécurité, à nous insoumis, mais aussi pour l’honneur de la presse, perdu dans une telle vindicte.

      Ça va trop loin !
      « Abrutis » ? Vraiment ? Je connais, certes de loin, monsieur Brunet, éditorialiste que je croise dans les murs de BFM chaque fois que je m’y trouve et avec qui je bavarde le plus souvent avec plaisir. C’est certes un homme accorte mais un libéral obsessionnel. C’est bien son droit. Il nous régale à longueur d’antenne de ses certitudes en béton armé. C’est le choix de son employeur. Il nous tape sans relâche et avec méthode. Nous en sommes heureux car il nous fournit d’un bloc la liste des mots clefs que ses collègues vont ensuite répéter en boucle avec souvent moins de talent. Mais pourquoi traiter les sept millions d’électeurs de « La France insoumise » d’« abrutis ». Et pourquoi aggraver le tout en s’excusant « auprès de ceux que cela aurait pu blesser ». Comment ne pas être blessé quand on est traité d’« abruti » ?
      On attend encore les cris indignés des habituels gourous qui surplombent la profession dès qu’un mot leur paraît de trop à l’encontre d’un de leurs collègues du troupeau des vaches sacrées ! Muets, ces chroniqueurs venimeux qui nous demandaient si nos propos n’étaient pas responsables de la violence contre tel ou telle député alors pourtant que nous la dénoncions avec force ?
      En fait, monsieur Brunet s’est laissé entraîner. Il a perdu son sang-froid. C’est un effet de foule. Dans une horde médiatique glapissante écumante de haine, il a été emporté ! Je suis prêt à comprendre et même à pardonner puisqu’on ne doit pas excuser de tels comportements. Mais je mets en garde solennellement : la hargne contre les insoumis et leurs porte-paroles pourrait un jour mal tourner et inspirer des violents. Je suppose que les plus orduriers diront alors que nous l’aurons bien cherché. Mais je crois connaître assez bien nombre de ceux qui nous attaquent, et en ont bien le droit, pour savoir que ce n’est pas ce que tous veulent. Alors je leur dis : pas comme ça, pas avec ces mots, pas avec cette violence.
      Ça va trop loin ! Depuis la quinzaine qui a précédé le premier tour de l’élection présidentielle, tous les coups sont permis contre « La France Insoumise » dans les médias. Non seulement il n’y aura pas eu un jour de pause mais, dorénavant, non seulement la violence mais les provocations ont monté d’un cran.

      Des militants politiques honteux
      Il faut être tout le temps sur ses gardes, se méfier de tous, se protéger. Le caractère obsessionnel de la haine médiatique qui nous entoure est suffocant. Voyez ces centaines de tweets et retweets, parfois orduriers, qu’un Jean-Michel Aphatie déverse sur nous, par exemple ! Et il n’est pas le seul dans ce cas. Est-ce là du journalisme ? Ou bien juste du militantisme politique ? Et parmi les moins bons du genre. Seuls les trolls du FN font pire. Mais leur chef de rédaction ne les rappelle jamais à la mesure. Aucun droit de réponse n’est possible à l’antenne ni où que ce soit. Dans cette guerre qui nous est déclarée et menée sans trêve, le journalisme est seulement un prétexte pour mieux mener la charge. Tous ces gens-là sont des Bruno Roger-Petit, qui a souvent plus de talent qu’eux, raison pour laquelle il leur a été préféré. Mais eux sont des chiens de garde en version hypocrite et masquée.
      Il est d’ailleurs troublant de savoir que nos adversaires sont souvent d’anciens militants politiques qui ont renié leur engagement initial. On devine en les entendant toute la dose de mauvaise conscience que cela implique. Patrick Cohen militait au PCF de la Sorbonne, Aphatie, d’abord journaliste à Politis, était un ardent militant de l’indépendantisme basque, Guetta à la Ligue communiste révolutionnaire, combien d’autres au PS et ainsi de suite. La même chose à droite et chez les libéraux assumés. Et puisqu’il est tant question de Venezuela et d’Amérique latine ces jours-ci, et comme Le Monde se risque à donner des conseils de déontologie professionnelle, comment ne pas rappeler qui est Paolo Paranagua, grand reporter et star de la rubrique internationale du journal Le Monde qui accable de ses mensonges le commentaire de tous ses papiers sur l’Amérique latine progressiste ? Connu sous le nom de commandant « Samuel », il dirigeait dans les années 70 la « fraction rouge » de ERP (armée révolutionnaire du peuple) en Argentine. Il se vantait alors de nombreuses attaques de banques, séquestrations, tirs sur des policiers et ainsi de suite. Arrêté mais opportunément préservé, l’homme, dont tous les compagnons sont morts sous la torture, sort pourtant de prison en pleine dictature après un « arrangement ». Le journal Le Monde prétend que ce fut à la suite d’un non-lieu. Naturellement c’est impossible. Et c’est faux. Le journal n’a rien vérifié d’ailleurs. Car, par principe !
      Ni ce journal, ni aucun autre, n’admet la moindre mise en cause, quel qu’en soit le motif, de l’un quelconque de ses membres. Il est vrai qu’il s’agit d’une profession peuplée de saints. Au cours des trente dernières années (pour limiter le délai et rester raisonnable), pas une feuille d’impôt incomplète, pas une affaire de mœurs, pas une violence, pas un coup donné, pas un pot de vin, pas une conférence subventionnée, pas un emploi familial, pas un placard doré. Naturellement, là encore, c’est impossible. Et les cas éventuels ne nous apprendraient d’ailleurs rien d’autres sur la profession que ce que nous savons déjà : les journalistes sont des êtres humains. Ils partagent avec le reste de notre espèce la même proportion de défauts et de qualités. Mais en tant que vaches sacrées, il est interdit à toute personne non membre de la corporation de mettre en cause leur honnêteté intellectuelle, ni à titre individuel, ni à titre collectif, ni pour la qualité de leur travail, ni pour leur engagement politique, ni pour leurs activités annexes même cloisonnées, ni pour leurs liens familiaux, ni d’aucune façon, ni à aucun titre, même au prix de la vérité. Et c’est ce qui se passe.

      Les convictions ? Un abrutissement !
      Toutes ces caractéristiques mises bout à bout décrivent assez précisément ce qu’est une cléricature. Elle s’est même targuée au temps où le trio Colombani, Minc, Plenel dirigeait Le Monde de dire qui composait le « cercle de la raison » en politique. Tout ce qui n’entrait pas dans le champ de « la seule politique possible » était immédiatement expédié chez les malades mentaux. Rien n’a changé, tout s’est aggravé. Il est frappant de voir que c’est une nouvelle fois dans ce registre que monsieur Brunet s’exprime : « Tout le Monde sait ce qu’il faut faire pour la France sauf les “abrutis” de La France insoumise ». Tout le Monde sait, donc ceux qui ne savent pas sont des abrutis. Nous ne pouvons pas voir la vérité parce que nous sommes abrutis. D’alcool, de stupéfiants. Je veux croire que non. Nous sommes abrutis parce que nous avons des idées différentes et ces idées limitent notre entendement. CQFD.
      D’ailleurs, serions-nous capables de vérité ? Certainement pas puisque nous sommes des personnes engagées. La suspicion sur ce point est méthodiquement entretenue. Et jusque-là où on ne l’attendrait pas. Rappelant le piteux engagement du journaliste Bruno Roger-Petit, désormais porte-parole du gouvernement, aux côtés de Cahuzac ministre du fisc et voleur du fisc, Edwy Plenel, dans son édito du 2 septembre, tape dur. Mais il touche si juste dans sa dénonciation de « ces plumes mercenaires qui depuis que le journalisme existe, en illustrent la part de servilité ou d’aveuglement au service de puissances politiques étatiques ou économiques. N’ayant aucune information originale obtenue par le reportage ou l’enquête à son actif, il ne s’est vraiment fait connaitre que sur le seul registre de l’opinion, de l’éditorial ou du commentaire. Le qualificatif vieilli de “publiciste” lui convient bien désignant un journaliste qui ne fait commerce que de ses partis pris et des intérêts qu’ils servent de même que des publicitaires servent des annonceurs et leurs réclames ».
      Mais après cela, pourquoi se sentir obligé de faire un tacle qui pourrait pourtant bien le concerner aussi. En effet, sollicitant Nietzsche, Plenel assène : « les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges ». Ici le journalisme « sans conviction », qui « n’a pas d’autre carte que la carte de presse », remplit la fonction de l’avant-garde éclairée en vogue dans les groupuscule révolutionnaires d’hier. Ce n’est évidemment pas du tout la seule idée que l’on puisse se faire du métier de journaliste. On peut se sentir plus proche d’Albert Camus, philosophe et journaliste engagé à Combat : « L’engagement n’exclut pas le gout de la vérité », disait-il.
      Dirait-on du journal L’Humanité qu’il est plus dangereux qu’un mensonge parce qu’il affiche ses opinions favorables aux travailleurs ? Et de même pour Politis, Le Monde diplomatique, Reporterre et combien d’autres ? Pour moi, Le Figaro ne ment pas, ni Les Echos. Non seulement un certain nombre de leurs rubriques sont les meilleures du genre mais ils ne cherchent à tromper personne. Certes, leurs commentaires au sujet des insoumis et de leurs porte-paroles sont d’une juvénile mauvaise foi mensongère. Mais tout le monde sait de quel balcon parlent ces deux journaux. Personne n’est pris en traitre. Le pire n’est pas la presse ou les journalistes engagés. Le pire c’est celle qui fait semblant de ne pas l’être. Pour ne rien dire de ceux qui prétendent être engagés d’un côté et servent ligne après ligne l’idéologie adverse.

      La provocation comme méthode médiatique
      À présent, pire que l’engagement politique masqué vient le média de provocation. Quelle misère ! Exemple. Je venais d’achever mon discours sur la place du refuge à Marseille et je regagnais la petite loge où je comptais m’éponger le front et changer de chemise. Un micro se tend « vous vous méfiez des journalistes, n’est-ce pas ? ». Voilà tout ce qu’il y avait à me demander après une heure de discours ? Telle est la profondeur du nombrilisme qui défigure désormais ce métier. Voici quelle a été ma réponse : « les ouvriers de l’industrie d’armement ne sont pas responsables des bombardements ». Elle ne sera pas diffusée. Évidemment. La question n’était pas posée pour avoir une réponse mais pour déclencher un incident. C’était le but de quelques-uns d’obtenir un « incident », « une parole inadmissible », etc. pour y ramener toute l’actualité de notre rassemblement marseillais. Il va de soi que nous nous nous sommes organisés pour faire face et déjouer ces plans.
      Déjà la veille, pendant la déambulation, le micro de « C dans l’air » s’est tendu au moment où j’entrais dans le cortège : « vous verrouillez votre communication, pourquoi ? ». Les médias parlent des médias dans les médias à propos des médias. L’expérience montre que si je répondais, cette réponse deviendrait le sujet du compte rendu. Autrement dit, en un instant, l’agenda du micro tendu se serait substitué à celui du discours. Nous avons tiré la conclusion de cette situation en refusant dorénavant tout contact improvisé.
      Naturellement, je ne mets pas tout le monde dans le même sac ni tous les médias dans la même fournée. Je sais observer les différences de traitement. Mais une tendance lourde est à l’œuvre. Nous savons tous que dorénavant, les médias ont tendance à vouloir créer des évènements davantage que de rendre compte de ceux qu’il leur est proposé d’observer. Tout le mois de juillet a été employé à ce genre de méthodes contre les Insoumis pour tenter d’affaiblir (en vain) notre campagne parlementaire dans la session extraordinaire. Nous avons eu droit à la fabrication de l’incident à propos du « matheux », puis « vive la France » contre Danièle Obono, puis, puis, puis, chaque semaine, une ou deux trouvailles avant de finir par les lazzis sur ma défense du droit aux vacances.
      Méthodiquement, sans honte, il s’agissait de tout plutôt que du contenu de notre bataille. De ce que nous disions, du contenu de nos amendements. Et concernant nos propositions et nos votes, et ceux de nos contradicteurs : rien. Absolument rien. Tout pour la forme, l’apparence. Rien pour le fond. Ce n’est pas que les gens de métier soient tous ignorants ou qu’ils obéissent tous à une logique politique. La vérité est sociale : leurs conditions de recrutement, de travail et de rémunération condamnent chaque individu à un strict conformisme de moutons de Panurge. Il est donc absolument vain d’en attendre autre chose. Le combat contre le système médiatique doit donc faire évoluer ses formes.
      Dans l’immédiat évidemment, nous avons pris nos dispositions pour diminuer la prise sur nous, tout en essayant d’améliorer la portée des coups que nous voulons porter au système médiatique actuel. Je précise « actuel » parce qu’on aurait tort de croire que ce que l’on a sous les yeux est la seule manière possible de faire fonctionner un ensemble de moyens de communication et d’information. Le système dominant actuel est au service des dominants du moment. Il recourt aux formes d’expression et préoccupations qui sont celles des dominants. L’objectif pour nous reste de libérer aussi la société de cette prise en tenaille mentale. Car l’éducation et l’école sont les deux premiers outils qui rendent possible une citoyenneté véritable.

      Libérer les médias
      Nous connaissons les clefs du déverrouillage. La première concerne la propriété des médias. Car l’ordre médiatique part du sommet sur lequel s’alignent tous les compartiments. Que 90% des médias soient possédés par 9 milliardaires est une situation malsaine et dangereuse. La seconde concerne le statut social des gens qui y travaillent. La précarité de la masse des personnels, leur surexploitation et les cadences infernales sont des encouragements matériels très forts à la servilité politique et à la « pensée en boucle ». Moins d’écart de salaires, moins de précarité, moins de libre circulation du public vers le privé, ce serait déjà une respiration tellement oxygénante ! La troisième concerne l’organisation du travail. Il faut partout des comités de rédaction et quand il y en a, ils ne peuvent être de pures chambres d’enregistrement de caprices des chefferies. Les professionnels doivent avoir droit à des congés formations et de l’assistance tout au long de leur carrière et au fil de leur travail.
      Autrement dit, nous analysons le système médiatique à partir de ses formes de fonctionnement réelles. C’est-à-dire à partir des rapports de production qui le constituent et des rapports sociaux internes à l’aide desquels il obtient à la fois sa rentabilité économique et sa police de la pensée. Par exemple, il y a un rapport très direct entre la précarité de la plupart des gens des médias, leur surcharge de travail, et la violence de l’autocensure qu’ils s’imposent pour améliorer leurs situations personnelles.
      De bien des façons, le système médiatique est l’adversaire central de la bataille pour la révolution citoyenne. On a pu le voir pendant la campagne électorale de l’élection présidentielle. Ce n’est ni la droite, ni le PS qui nous ont affrontées sérieusement. Seul le fonctionnement en boucle et en écho de quelques éditorialistes a produit et reproduit sans cesse des thèmes de campagne permanente contre nous. Le lepénisme médiatique a plus fait pour renforcer les suffrages d’extrême droite que n’importe quelle campagne de la famille Le Pen. Encore aujourd’hui, une « experte », directrice de la Fondation Jean Jaurès, liée au PS, s’inquiète des risques que ferait peser « La France insoumise » dans un blog du Huffington Post sur la liberté de la presse et regrette que certains aient choisi de nous donner la parole plutôt qu’au Front national.
      De la même manière, les efforts acharnés pour me diaboliser, m’attribuer des positions politiques qui ne sont pas les miennes, ont été les seules vraies difficultés auxquelles nous nous sommes heurtés. Et ces difficultés ne venaient pas du contenu des attaques mais de leur incessante répétition. Il en va de même en cette rentrée où pour toute réponse à toute question ou toute initiative que nous prenons, le système médiatique nous renvoie à une réplique unique : « Venezuela » ! Le défi n’est donc pas tant de contre-attaquer. Parfois, cela revient à valider la charge de l’agresseur médiatique. Le défi est d’enlever son dentier au tigre de papier avant même qu’il ne morde. Il faut donc agir avec méthode, sans aucune naïveté ni illusion sur la nature de ce que nous affrontons.

      Décrédibiliser la cléricature
      Au demeurant, le problème posé n’est pas nouveau. Sous l’ancien régime monarchique aussi, l’hégémonie idéologique était la condition fondamentale de survie du système. Il en est ainsi à toutes les époques. Le consentement à l’autorité et l’évidence de celle-ci, reposent toujours sur des constructions idéologiques globales qui fondent leur légitimité. L’appareil qui produit et reproduit cette idéologie et l’injecte dans le sang du corps social doit donc être la première cible du combat contre l’ordre établi. C’est lui qui forme l’épiderme à franchir pour pouvoir atteindre les organes du pouvoir en place. C’est lui qui sécrète les anticorps destinés à détruire tout corps étranger à la logique du système dominant. Définir la meilleure forme d’action pour démanteler ce pouvoir d’auto-défense est la première tâche pour commencer la révolution des consciences. Les formes peuvent et doivent être aussi diverses que les époques et les cultures de références. Mais pour l’essentiel, elles imposent toujours une figure commune : vider l’émetteur de l’idéologie dominante de sa légitimité. Emetteurs : l’église à l’époque, les médias aujourd’hui, l’appareil ecclésiastique hier, les cléricatures médiatiques aujourd’hui.
      La bonne méthode dans ce domaine est la méthode efficace. Bien sûr, celle-ci peut varier avec le temps et les circonstances. Mais l’expérience montre que la méthode qui a toujours le mieux réussi joue un tableau central. Il faut ruiner la crédibilité de l’émetteur. Pour cela il faut frapper sans relâche sa prétention à être « sans parti pris », indépendant et soucieux d’éthique. Pour cela il faut souligner continuellement la différence entre les valeurs dont il se réclame et la pratique qui est la sienne. Ainsi a fonctionné la dénonciation de la pratique des ecclésiastiques d’ancien régime en contradiction avec la charité, la justice et la fraternité dont se réclamait la doctrine chrétienne. Choquante d’abord, cette critique devenue systématique a permis à des générations de libres-penseurs de construire une nouvelle conscience politique populaire. Nouvelle parce que débarrassée des auto-limitations que lui suggérait auparavant l’idéologie dominante fondée sur l’autorité du religieux.
      Il en va de même avec le système médiatique. Ses mensonges, ses abus, sa servilité une fois mis en lumière, exaspèrent définitivement ceux qu’il tente d’abasourdir. Une fois le seuil d’exaspération franchi, le retour en arrière devient impossible. Au contraire, l’esprit mis en alerte et en état de suspicion permanente à l’égard des médias s’enrage davantage à chaque occasion. Alors le mode opératoire est simple : railleries, humour, superposition, impertinence doivent être convoqués pour miner à la racine l’autorité religieuse que voudrait être le système médiatique et la cléricature arrogante qui le compose.
      La tâche est facilitée aujourd’hui. Comptons sur l’effet produit par le rabâchage des idées et des mots de la pensée dominante, en toutes circonstances et à tout propos ! Ce rabâchage est perçu en tant que tel par le public auquel il est infligé. Encouragées par leur hégémonie et le sentiment d’impunité, les récitants sont désormais profondément engagés dans la voie du jargon et de la psalmodie. Ils ne peuvent s’en rendre compte. Ils sont donc aussi vulnérables du fait de l’étrangeté qui s’en dégage que l’étaient les « vobiscum » de la messe en latin.

      Dénoncer ne suffit pas
      Naturellement, nous ne devons jamais cacher que nous combattons ce système. Mais la « dénonciation », si nécessaire qu’elle soit, ne saurait suffire. La stratégie de combat doit être à la mesure de ce que nous affrontons : totale et globale. Pendant la campagne présidentielle, nous avons montré comment les réseaux sociaux permettaient de contourner le système de l’officialité médiatique. Nous avons ainsi créé la première chaîne YouTube politique de masse. L’attention des commentateurs s’est concentrée sur le bénéficiaire de cette construction. J’invite plutôt à considérer les abonnés. Leur nombre et leur fidélité montre quelle disponibilité existe pour participer à une activité de contournement comme celle-ci. Il exprime donc une prise de conscience populaire massive. Nous allons tirer toute les leçons de ce fait et de la stratégie que nous avons menée. Il n’est pas besoin d’en dire davantage à cette heure. Pour le reste, il va de soi que la rentrée des médias nous a servi d’une façon inattendue mais incroyablement favorable.

      Bonne nouvelle : Raquel Garrido
      L’arrivée de Raquel Garrido sur C8 a polarisé la hargne de la caste. Ceux-là n’avaient bien-sûr rien à dire quand Cohn-Bendit nous agonisait de postillons sur Europe 1, ou que Roselyne Bachelot officiait ici et là. Leurs critiques restent d’ailleurs très évasives en ce qui concerne les autres militants politiques dorénavant installés à l’antenne : Raffarin, Guaino, Dray et compagnie.
      Raquel Garrido concentre leur haine de caste. D’abord parce que c’est une femme, donc les messieurs se lâchent plus facilement. Ensuite parce qu’elle a du talent. Ce qui risque de faire s’étioler quelques pots de fleurs des deux genres. De plus elle est cultivée. Elle parle aussi quatre langues, ce qui lui permet de boire d’autres potages informatifs que la seule soupe nationale. En outre, elle a une longue expérience de l’engagement intellectuel. Elle sait ordonner et exprimer un point de vue sans jargonner ou être pédante. Enfin elle est libre. En effet j’ai lu qu’on faisait des parallèles entre la situation de Bruno Roger-Petit et celle de Raquel Garrido. C’est tout à fait inapproprié. Lui est le porte-parole du gouvernement. Sa parole est soumise. Raquel Garrido est insoumise. Elle exprime son propre point de vue, comme elle l’entend. Elle n’est pas mandatée. Ni par moi ni par personne. Contrairement à ceux qui comme Le Canard enchaîné en font l’improbable « numéro 2 » du mouvement, elle n’y a aucun mandat. En fait personne n’en a ou presque dans le mouvement. Garrido est une figure de notre mouvance qu’elle a contribué à fonder. Elle est une proche compagne de mes combats depuis 30 ans et je suis flatté qu’on la dise mon porte-parole quand j’observe la qualité de ses interventions. C’est une personnalité au bon sens du terme. C’est toute la force de sa position : elle exprime une culture, un parti-pris intellectuel. Pas un une mission de parti. Et comme c’est une personne qui prend au sérieux le travail qui lui est demandé, elle sera une chroniqueuse brillante et percutante. C’est ce qu’a déjà montré sa question au Premier ministre en conférence de presse.
      Évidemment, j’ai noté la critique selon laquelle « elle travaille pour Bolloré ». Jaloux et sectaires aboient en cadence. Ce serait « un comble » aussi pour certains éditocrates de la bien-pensance. Ah ! Ah ! Il reste à tous ces pédants à aller voir tous ceux qui travaillent pour un capitaliste pour leur demander de renoncer à leur poste ! Quelle grossière manœuvre que cet argument. Toute personne qui va au travail fait un grand compromis avec le capital puisqu’elle lui cède gratuitement une part de la plus-value qu’elle crée. Un peu de marxisme aiderait certains à penser plus finement.
      Cependant, il faut ajouter autre chose. Ce qui vient de se passer en général, de l’affaire Bruno Roger-Petit à la nomination de tous ces chroniqueurs politiques, nous sert beaucoup dans notre combat contre le système médiatique. Que l’étau se soit desserré grâce à l’embauche d’une ou deux personnes proches de nous ne nous fait pas perdre de vue le tableau d’ensemble. La « confusion des genres » entre journalistes et militants politiques éclaire la situation générale. Car il n’y a pas de confusion. Tous les journalistes politiques sans exception ont un point de vue politique et c’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont recrutés plutôt que d’autres.
      La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges. Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi. L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape. Encore une fois, l’essentiel est de décrédibiliser le système du point de vue des valeurs qu’il prétend mettre en œuvre. Comme la dit le sociologue du « populisme de gauche », l’argentin Ernesto Laclau, « le seul parti effectif contre nous est le système médiatique ». Ni la droite, ni les « sociaux-démocrates » ne sont en état de faire leur travail tant la marchandise qu’ils ont à vendre est recrachée par tous. L’épisode d’auto-disqualification doit donc être replacé dans son contexte global en France. Il exprime quelque chose d’essentiel à propos de la crise du système de domination des puissants sur la société.
      Jean-Luc MELENCHON

    • Décidément, Macron n’aime pas les français !

      Maintenant c’est clair : le président Emmanuel Macron n’aime pas les Français. Il ne les aime vraiment pas. Attention, je ne parle pas ici de son mépris de caste lorsqu’il se moque des travailleuses illettrées, des nordistes tabagistes et alcoolisés ou de ceux qui vont en T-shirt au lieu de travailler pour se payer un costume ! Je ne parle pas non plus « du Comorien » que livrent les kwassas-kwassas ! Non, il s’agit des Français en général. Le chef de l’État a en effet pris l’habitude d’en dire du mal. Et de le faire devant des étrangers et depuis l’étranger ! Double impudence, double offense !

      Ce 8 septembre à Athènes, en Grèce, comme on l’interrogeait sur les mobilisations que les manants de son pays comptent organiser contre son coup d’État social, il a aussitôt craché tout son mépris pour le peuple qui lui tient tête : « Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes » ! Petit coup de menton injurieux qui sonne comme un défi. Nous qui sommes déjà des « abrutis », nous assistons les yeux grands ouverts à la mutation de l’état d’esprit de la caste des « très importants » face au peuple du commun. Emmanuel Macron fait sauter les digues. Il montre le mauvais exemple. Sa façon de parler lâche la bride qui obligeait toute la caste à faire preuve de retenue. On peut dire qu’Emmanuel Macron aura consciencieusement travaillé à créer ce style du management par le mépris public et la cravache.

      Les petites phrases depuis l’étranger se succèdent et se répètent dans ce même registre. Le 21 février à Londres, devant les expatriés français : « En France, on stigmatise l’échec et on n’aime pas le succès ». Le 24 août en Roumanie : « La France n’est pas un pays réformable, les Françaises et les Français détestent les réformes. Dès qu’on peut éviter les réformes, on ne les fait pas. C’est un peuple qui déteste cela. » À ces considérations méprisantes pour le peuple dont il est le président, Emmanuel Macron n’oublie jamais de rajouter des critiques contre le système de son pays. Ainsi à Londres : le système fiscal français « empêche les gens de réussir trop bien ». Et le 23 août en Autriche : « La réalité, c’est que la France est la seule grande économie européenne qui n’a pas gagné face au chômage de masse, c’est ça la réalité ». En l’occurrence cette « réalité » est un mensonge.

      Les Français ont d’ailleurs bien compris que le président de la République ne les aimait pas. C’est bien pourquoi de leur côté ils l’aiment de moins en moins. Le 23 septembre « les abrutis », « les fainéants », « les cyniques » mettront donc un point d’honneur à manifester ensemble contre le monarque présidentiel qui les cravache depuis l’étranger. Qui sait ? On se souvient de cet échange entre Louis XVI et le duc de la Rochefoucauld à propos des évènements du 14 juillet « Une révolte ? » « Non, sire, c’est une Révolution ».

      JLM

  • PS : un cas rare d’effondrement partisan
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120617/ps-un-cas-rare-d-effondrement-partisan

    © Fondation Jean Jaurès La défaite du PS, d’une ampleur massive, signe son effondrement en tant que grand parti de gouvernement. Les rares précédents comparables dans l’histoire des démocraties occidentales ne lui laissent guère espérer la reconquête de ce statut perdu.

    #France #Charles_Mack #déchéance_de_nationalité #effondrement_partisan #Emmanuel_Macron #loi_travail #noyau_électoral #parti_socialiste #Pierre_Martin

  • Attentats de Téhéran : « Ce n’est pas la population en tant que telle qui était visée »
    http://www.20minutes.fr/monde/2082595-20170608-attentats-teheran-population-tant-telle-visee

    Il faut savoir que l’Iran est une exception de Daesh : en Europe, ce sont les lieux de vie, les terrasses et les salles de concert qui sont visés et en Irak, ce sont les marchés et les cérémonies religieuses qui sont frappés par les attentats. Or, à Téhéran ce mercredi, ce sont deux lieux très peu fréquentés par les Iraniens qui ont été touchés. Le premier, le Parlement, symbolise l’appareil étatique et le second, le mausolée de l’ayatollah Khomeyni, incarne l’appareil idéologique de la République islamique d’Iran. Ce n’est pas la population en tant que telle qui était visée.

    Je cherche et je ne comprends pas ce qu’il faut en conclure.

    Note que tout de même, on dit les choses clairement... même si on ne parle ensuite que de Daech, et qu’on continue de faire comme s’il n’y avait que le Qatar qui soutient Daech.

    Le prince saoudien Mohamed Ben Salman, ministre de la Défense de son pays, a déclaré que l’Arabie saoudite allait faire en sorte d’importer cette guerre à l’intérieur des frontières iraniennes.

    • Pour Amélie Chelly, chercheuse associée au Centre d’analyse et d’intervention sociologique (Cadis, EHESS-CNRS), spécialiste de l’Iran et auteure de Iran, autopsie du chiisme politique (éd. du Cerf),…

      En tous cas, elle a un joli carnet d’adresses :

      IRAN : LE CHOIX DEMOCRATIQUE !
      http://mondeiranien.blogspot.com/2009/06/iran-le-choix-democratique.html

      IRAN : LE CHOIX DEMOCRATIQUE !
      juin 26, 2009
      […]
      Setâre Enayatzadeh, universitaire
      Prince Reza Pahlavi,

      Mohsen Sazegara, fondateur des Gardiens de la Révolution, puis animateur du mouvement réformateur jusqu’en 2003.

      Une soirée organisée par la revue Le Meilleur des mondes et la Confédération étudiante.
      Introduction :
      Richard Descoings, directeur de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris

      Animation :
      Julie Coudry
      Michel Taubmann

      Avec le soutien et/ou la participation de :
      Fadela Amara, secrétaire d’Etat à la Ville
      Martine Benayoun, vice-pdte de la LICRA
      Laurent Bérail, conseil économique et social, syndicaliste
      Pascal Bruckner, philosophe
      Jean-Louis Bianco, député PS, pdt de la mission parlementaire sur l’Iran
      Bernard Debré, député UMP
      Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean Jaurès
      Romain Goupil, cinéaste
      Sihem Habchi, pdte de Ni Putes Ni Soumises
      André Glucksmann, philosophe
      Raphaël Haddad, pdt UEJF
      Jack Lang, député PS
      Bernard-Henri Lévy, philosophe
      Corinne Lepage, députée européen, Modem
      Jacky Mamou, ancien pdt de Médecins du Monde
      Richard Prasquier, pdt du CRIF
      Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’Innovation politique
      L’ESG, Ecole supérieure de Gestion
      Mohamed Sifaoui, journaliste
      Dominique Sopo, pdt de SOS-Racisme
      Manuel Valls, député PS
      Rama Yade, secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme,
      Baki Youssoufou, pdt de la Confédération étudiante
      François Zimeray, ambassadeur des Droits de l’Homme

  • Le #Front_National sous la loupe des chercheurs
    http://lahorde.samizdat.net/2014/03/02/le-front-national-sous-la-loupe-des-chercheurs

    Repris par le site de Nicolas Lebourg Fragments sur les temps présents, un article de L’Humanité du 21 février, qui s’appuie sur les interventions lors des débats qui se sont tenus à l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès, propose des éléments utiles à la réflexion sur le Front national. Les différents chercheurs apportent des informations sur la [&hellip

    #Extrême_droite_institutionnelle #Repères #électorat #Front_National_de_la_Jeunesse #sondages

  • Islamophobie sondagière
    http://lmsi.net/Islamophobie-sondagiere

    Les résultats de l’enquête IPSOS/CGI business consulting « France 2013 les nouvelles fractures » pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès et le Cevipof [1] sont à bien des égards inquiétants concernant la stabilisation dans les représentations majoritaires d’une catégorie de français stigmatisés : les « musulmans ». Ce phénomène a été largement repris par les médias feignant de s’étonner de l’évolution de l’islamophobie en France [2]. Loin de minimiser les conséquences politiques de ce phénomène, il est (...)

  • A quoi servent les think tanks ?
    http://www.franceculture.fr/emission-pixel-a-quoi-servent-les-think-tanks-2012-12-14 #veille

    Journaliste, Olivier Vilain a étudié les #think_tanks pendant 3 ans avec Roger Lenglet pour un livre qui affirme qu’ils ont confisqué la démocratie. Livre que Marie-Cécile Naves qualifie de pamphlet contre le néolibéralisme et la social-démocratie sur le site nonfiction.fr (lui-même rattaché à la Fondation Jean Jaurès).