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  • Le gouvernement veut sucrer les allocations d’au moins 11% des chômeurs indemnisés
    https://www.marianne.net/societe/le-gouvernement-veut-sucrer-les-allocations-d-au-moins-11-des-chomeurs-ind

    Au boulot les fainéants ! Selon Les Echos, le gouvernement envisage de durcir les conditions d’accès aux allocations chômage. Ce vendredi 7 juin, le quotidien économique dévoile une partie du contenu de la réforme de l’assurance chômage, que l’exécutif présentera la 17 juin prochain. Objectif du texte : réduire la voilure sur les dépenses sociales d’1 à 1,3 milliard d’euros, et donc tailler dans la masse des 3 millions de chômeurs indemnisés.

    Pour toucher une allocation aujourd’hui, la règle est d’avoir travaillé l’équivalent de 4 mois dans les 28 mois précédant la fin de son contrat - et 36 mois au-delà de 53 ans. La piste envisagée serait de passer ce seuil à 6 mois sur 24. Un coup de fouet aux plus précaires, puisqu’il faudra donc avoir travaillé plus longtemps sur une période plus courte pour avoir droit au chômage. Toutefois, un jour travaillé donnera toujours lieu à un jour indemnisé. Ce qui signifie que la durée d’indemnisation sera de 6 mois minimum.

    Combien de chômeurs seront concernés par ce coup de canif dans la protection sociale ? A la demande des syndicats, l’Unédic avait évalué plusieurs hypothèses de réformes. La plus proche de celle envisagée par le gouvernement, qui envisageait un passage à l’équivalent de 4 mois travaillés sur une période de 2 ans (donc 2 mois de moins que le projet gouvernemental sur une période équivalente), aboutissait déjà selon l’Unédic à une diminution de 11% du nombre de chômeurs indemnisés – 236.000 personnes -, pour une économie de 160 millions d’euros. Une économie insignifiante comparativement aux 4,5 milliards d’euros annuels de recettes auquel le gouvernement a renoncé en réformant l’ISF.
    Les précaires en première ligne

    Il y a de quoi se faire des cheveux blancs pour les travailleurs intermittents des services, de la construction, des transports ou de l’industrie : selon une étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, en 2017, neuf embauches sur 10 ont été signées en CDD et en intérim dans ces secteurs « en surchauffe ». 80 % de ces CDD et de ces missions s’étendent sur moins d’un mois, leur durée médiane avoisinant… cinq jours. Les salariés de ces secteurs, sujets d’une extrême « flexibilité », pourraient donc être les premiers à trinquer en cas de durcissement des conditions d’accès aux allocations chômage.
    Lire aussi
    Contre le chômage, le retour des journaliers corvéables à merci

    Parmi les autres pistes envisagées figure notamment une dégressivité des allocations au bout de six mois pour les très hauts revenus (seniors exclus). Le seuil à partir duquel cette mesure s’appliquera n’est toutefois pas encore connu. Les négociations entre partenaires sociaux ont en outre achoppé sur l’une des mesures phares soutenues par le gouvernement : l’instauration d’un mécanisme de « bonus-malus » pour les employeurs qui abusent des contrats court. Sans surprise, les représentants patronaux sont vent debout contre ce dispositif.

    #guerre_aux_pauvre #régression #chômage #sexisme #domination_masculine (car les pauvres et précaires sont des femmes et non des hommes).

    • (relevé sur twitter)

      le chômage shorter : c’est les chaises musicales. tu sais ce jeu où le gagnant est celui qui s’est le plus épuisé pendant que le premier perdant avait le cul posé au calme dès la première manche.
      ^^
      bin là moi jsuis sur mon cul et toi tu cours. je me relèverai que quand y’aura un autre tour de jeu avec de nouveau assez de chaises tu seras épuisé de ta course et j’aurai même pas à forcer. c’est la vie cuicui.
      la seule solution c’était de tous aller s’asseoir par terre en gueulant que c’est quoi ce jeu des chaises pas suffisantes pour le nombre de culs mais bon. ça demandait d’avoir des principes, toussa.
      dans les chaises musicales l’inconfort change de place. au début les éliminés ont quasi toute la pièce pour eux pendant que les autres tournent autour des chaises, à la fin ya plus d’éliminés que de joueurs faut se serrer sur le parquet. bah c’est pareil au chômage.
      on va juste relancer une partie et l’inconfort va re changer de place. à ceci près que ya de plus en plus de joueurs alors on va prendre de plus petites chaises voire des tabourets pour que ça rentre quand même, quoi. variable d’ajustement : les salaires.
      ceux qui souffriront le moins c’est ceux qui sont déjà habitués à vivre avec quasi rien. les autres ont des engagements à crédit eux ils vont devoir courir plus et taper deux chaises pour faire la jointure ma foi c’est le jeu. puisque vous voulez y jouer.

  • Benedetti : La sociologie du vote Macron est de plus en plus minoritaire !
    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/benedetti-la-sociologie-du-vote-macron-est-de-plus-en-plus-minoritaire-2019

    L’essentiel pour Emmanuel Macron était de ne pas perdre la face. Le faible écart entre le RN et LREM lui assure cet objectif. Il ne gagne pas certes, mais il ne perd pas vraiment. La victoire du RN apparaît en soi peu signifiante, puisqu’elle ne sidère pas les professionnels de l’exégèse politique. Or la sidération est un facteur-clef de la nature d’un événement. Macron attache, quoi qu’il en dise, une importance aux commentateurs politiques car il sait qu’ils participent pour une part à la construction de la perception de la situation politique. Ils sont en deuxième rideau, à tort sans doute au demeurant, des « juges de paix » de la représentation politique... après les électeurs. Le storytelling, dans ces conditions, peut perdurer. Le récit communicant suscité par cet échec - Macron avait fait symboliquement de la défaite du RN l’un des enjeux de la consultation - permet d’occulter « ce qui ne se voit pas », pour reprendre la distinction de l’économiste Frédéric Bastiat, au profit de « ce qui se voit ». Qu’est ce qui se voit ? La résistance du socle électoral des marcheurs... Ce qui ne se voit pas ? Le fait que le RN ait gagné 1 million de voix par rapport à 2014, qu’il soit en tête dans 76 départements, que Macron soit confronté à 8 électeurs sur 10 après deux ans de mandat opposés à sa politique, à sa majorité, à son style aussi... L’effet d’optique irradie l’impression immédiate et dissimule la sociologie politique profonde du scrutin qui est loin de jouer en faveur du pouvoir.

    Macron fédère une base sociologique motivée, politisée, consciente que pour défendre ses intérêts il faut qu’elle fasse bloc. Marx eut fait son miel analytique de cette séquence historique. Peut-être comme jamais depuis la moitié du XIXe siècle, la société du haut ne s’était aussi savamment organisée pour assurer la protection de sa vision du monde. Il a su récupérer la droite ordolibérale, conformiste, paternaliste qui a volé à son secours lors de cette élection au détriment de François-Xavier Bellamy...

    • Forte mobilisation des beaux quartiers en faveur de LREM. Les vieux bastions de droite ont préféré la suppression de l’ISF de Macron à L’Iliade et l’Odyssée de Bellamy. La peur du gilet jaune a fonctionné, et la bourgeoisie a fait bloc derrière Macron : du pur vote de classe.

      LREM a siphonné l’électorat de droite qui a préféré le portefeuille aux convictions. Loiseau fait un carton à Neuilly avec 48%, à Boulogne-Billancourt avec 40%, dans le 16ème arrondissement de Paris avec 42% et dans le 8ème avec 47%.

      https://twitter.com/CRE_SciencesPo/status/1133011796237979649

  • je relaie ceci, lu sur Bulledair.

    Réponse de Wilfrid Lupano au ministre de la Culture.

    Monsieur le ministre,

    À ma très grande surprise, vous m’avez adressé la semaine dernière un courrier pour m’annoncer que vous me décerniez le grade de chevalier des arts et lettres.
    Je vous remercie de cette délicate attention, mais j’ai bien peur de devoir refuser cet « honneur ».
    Déjà, spontanément, je n’ai jamais été très excité par les médailles. Pierre Desproges disait « les décorations, c’est la libido des vieux ». Je me plais à penser que je n’en suis pas encore là. Il y a cependant des distinctions plus réjouissantes que d’autres, et celle-ci a l’inconvénient, monsieur le ministre, d’être remise par un représentant politique.
    Or, comment accepter la moindre distinction de la part d’un gouvernement qui, en tout point, me fait honte ?
    Car oui, il s’agit bien de honte.

    J’ai honte de ce que votre gouvernement fait des services publics, au nom du refus dogmatique de faire payer aux grandes entreprises et aux plus grosses fortunes les impôts dont elles devraient s’acquitter. « il n’y a pas d’argent magique » martèle votre leader. Il y a en revanche un argent légal que monsieur Macron refuse d’aller chercher pour ne pas déplaire à ceux qui ont financé sa campagne.
    J’ai honte, lorsque j’entends monsieur Castaner s’indigner que l’on puisse « s’attaquer à un hôpital », comme il l’a fait récemment, alors que c’est bien votre gouvernement qui fait le plus de mal aux services de santé, et pas trois gilets jaunes qui cherchent à se mettre à l’abri au mauvais endroit.
    J’ai honte de ce gouvernement qui en supprimant l’ISF, a divisé par deux les ressources des associations qui prennent à leur charge les plus faibles, les plus démunis, les laissés pour compte, à la place de l’état.

    J’ai honte lorsque votre gouvernement refuse d’accueillir l’Aquarius et ses 160 réfugiés qui demandent de l’aide, et encore plus honte lorsque monsieur Castaner, encore lui, accuse les ONG qui tentent par tous les moyens de sauver des vies d’être « complices » des passeurs.
    J’ai honte lorsque je vois la police « escorter » les militants de Génération Identitaire après leur coup de com’ au col de Briançon pour les « protéger » contre les militants favorables à l’accueil des réfugiés. Certains de ces derniers furent d’ailleurs interpelés, alors que tous les membres de Génération Identitaire sont rentrés chez eux fêter leur coup de publicité.
    J’ai honte de votre politique indigne d’accueil des migrants, et en particulier des mineurs isolés. Le gouvernement auquel vous appartenez a accéléré le rythme des expulsions, voté l’allongement à 90 jours de la période de rétention pour les étrangers en situation irrégulière. De la prison, donc, pour des personnes n’ayant commis aucun crime, hommes, femmes, enfants, nouveaux-nés. Pendant ce temps, des préfets plusieurs fois condamnés pour non respect du droit d’asile sont maintenus en poste.
    Pour de sordides calculs électoraux, le gouvernement auquel vous appartenez foule aux pieds tous les principes philosophiques et moraux qui sont à la base de la constitution et de l’histoire de ce pays, et passe à côté du sens de l’Histoire. Soyez certain que l’Histoire s’en souviendra.

    J’ai honte de l’incapacité de ce gouvernement à prendre en compte l’urgence écologique, qui devrait pourtant être le seul sujet à vous préoccuper vraiment. En dehors d’effets d’annonce, rien dans les mesures prises depuis deux ans n’est à la hauteur des enjeux de notre époque. Ni sur la sortie des énergies fossiles, ni sur le développement du bio, des énergies renouvelables ou la condition animale. Votre gouvernement reste le loyal service après-vente des lobbies, de l’industrie agroalimentaire, des laboratoires, des marchands d’armes…

    J’ai honte, monsieur le ministre, de ce gouvernement mal élu ( le plus mal de la l’histoire de la cinquième république) qui ne tient plus que par sa police ultra violente.
    J’ai honte de voir, depuis des mois, partout en France, éclater des yeux, exploser des mains ou des visages sous les coups de la police, de Notre Dame des Landes aux Champs-Elysées, à Toulouse, Biarritz, Nantes. Le monde entier s’alarme de la dérive sécuritaire de votre gouvernement, de l’utilisation abusive d’armes de guerre dans le maintien de l’ordre, mais vous, vous trouvez que tout va bien.
    Je pense à Maxime Peugeot, 21 ans, et à sa main arrachée par une grenade dans un champ de Notre Dame des Landes. Qu’est-ce qui pouvait bien menacer à ce point la sécurité de la France, dans ce champ à vache du bocage breton, pour qu’on en arrive à faire usage d’une telle violence ? 2500 gendarmes, une opération de guerre à plusieurs millions d’euros menée pour détruire une trentaine de cabanes en bois ( « il n’y a pas d’argent magique »…) et procéder à une dizaine d’expulsions… Je pense à Lola Villabriga, 19 ans, défigurée à Biarritz par un tir de LBD que rien ne justifiait et qui vit désormais avec des plaques d’acier dans la mâchoire, alors que c’était sa première manifestation. Je cite deux noms, mais vous le savez sûrement, ils sont aujourd’hui des centaines. Suivez le travail de David Dufresne si le sujet vous intéresse.

    Comme vous le voyez, nous avons peu de points communs, politiquement. Et dans un monde où les distinctions culturelles seraient remises par le milieu culturel lui-même, sans intervention du politique, j’aurais accepté celle-ci avec honneur et plaisir. Mais il n’y a pas de geste politique qui ne soit aussi symbolique, et je sais déjà que si un jour j’atteins l’âge avancé où on prend son pied à exhiber ses breloques, j’aurais bien peu de plaisir à me rappeler que celle-ci me fut remise par le représentant d’un gouvernement dont j’aurais si ardemment souhaité la chute et la disgrâce.

    Passons malgré tout une bonne journée,

    Wilfrid Lupano

  • DEUX ANS DE MANDAT D’EMMANUEL MACRON : BILAN ET ATTENTES DES FRANÇAIS - BVA Group
    https://www.bva-group.com/sondages/deux-ans-de-mandat-demmanuel-macron-bilan-attentes-francais
    https://staticswww.bva-group.com/wp-content/uploads/2019/02/Emmanuel_Macron.jpeg

    Retour sur l’évolution de la popularité d’Emmanuel Macron depuis deux ans (de 62% au lendemain de son élection à 32% en avril dernier) :

    • Emmanuel Macron a été relativement préservé lors de sa première année de mandat : la baisse enregistrée à la rentrée 2017 a été jugulée et le pourcentage de personnes ayant une bonne opinion de lui s’est maintenu autour de 40% pendant plusieurs mois après être même reparti à la hausse en novembre.

    • La deuxième année du quinquennat a en revanche été marquée par une succession de « crises » qui ont nettement entamé son image auprès des Français : « l’affaire Benalla » constitue le premier épisode marquant (sa cote de popularité recule de 5 points entre juillet et août 2018 et passe sous la barre des 35%), suivi de la démission de ministres emblématiques mais surtout de la crise des gilets jaunes : entre août et novembre 2018, la popularité d’Emmanuel Macron baisse ainsi de 8 points, pour atteindre son plus bas niveau en novembre (26%).

    • Depuis le début de l’année 2019, Emmanuel Macron bénéficie d’un léger regain d’opinions positives, suite aux annonces en faveur du pouvoir d’achat et à la tenue du grand débat national, mais sans avoir retrouvé tous les points perdus précédemment. Sa cote de popularité se situe ainsi autour de 30% depuis janvier (32% en avril), à un niveau supérieur à celui enregistré par François Hollande à la même époque (21%) mais inférieur à celui de Nicolas Sarkozy (43%).

    Si la première année du quinquennat avait été marquée par la perte du soutien des sympathisants PS, la deuxième année du quinquennat s’illustre par des pertes significatives auprès des sympathisants LR (54% en avaient une bonne opinion en avril 2018 contre 31% aujourd’hui).

    Un jugement sévère sur la politique menée, notamment sur le plan économique et social mais aussi environnemental

    Conséquence logique de ces mouvements d’opinion, le bilan dressé par les Français après deux ans de mandat est sévère : les deux tiers (65%) se disent au total plutôt mécontents (contre 57% il y a un an). Même une partie non négligeable de ses électeurs de premier tour expriment leur déception : 30% se disent ainsi mécontents (contre 60% qui se déclarent satisfaits et 10% qui ne se prononcent pas).

    Quel que soit le domaine testé, une majorité a minima relative de Français se dessine également pour considérer que l’action menée est « plutôt un échec », notamment dans le domaine fiscal (67%) et en matière de pouvoir d’achat (73%), mais aussi dans le domaine environnemental (66%).

    En dépit des annonces du 25 avril 2019, une grande difficulté à regagner la confiance des Français sur le bien-fondé de sa politique économique et sociale

    Malgré des mesures exceptionnelles annoncées le 25 avril plutôt bien accueillies (la réindexation des petites retraites, la mise en place d’une retraite minimale de 1000€, la baisse de l’impôt sur le revenu ou encore la garantie de paiement des pensions alimentaires recueillent des notes d’évaluation autour de 7/10), Emmanuel Macron peine à convaincre les Français que sa politique va in fine profiter à tout le monde. Seuls 16% ont le sentiment de bénéficier personnellement de sa politique.

    Une majorité de Français (59%) considèrent aujourd’hui qu’il n’est pas sincère : un jugement qui colore désormais les jugements exprimés après chacune de ses prises de parole.

    Dès lors, les interviewés se montrent pessimistes lorsqu’ils pensent à l’avenir : la majorité (52%) estime ainsi qu’à l’issue du quinquennat d’Emmanuel Macron, la situation de la France sera moins bonne qu’aujourd’hui.

    Pour autant, une proportion non négligeable de Français « attend de voir »

    Malgré le jugement sévère dressé à l’égard de sa politique mais aussi de sa personne, une partie des Français n’a pas encore basculé dans l’opposition radicale au président de la République.

    Si 41% sont des opposants « farouches » qu’il sera difficile de reconquérir – notamment chez les catégories populaires et les sympathisants LFI ou RN – et si le socle de soutiens est très réduit (13%), on notera que 39% des Français indiquent qu’ils attendent de voir quels seront les résultats de la politique menée par Emmanuel Macron et le gouvernement avant de se prononcer, signe qu’ils laissent à l’exécutif encore un peu de temps pour « faire ses preuves ».

    • Vu par La Tribune co-commanditaire du sondage BVA

      Sondage exclusif : le bilan sévère des deux ans de Macron à l’Élysée
      https://www.latribune.fr/economie/france/sondage-exclusif-le-bilan-severe-des-deux-ans-d-emmanuel-macron-a-l-elysee

      Touché par la crise des « gilets jaunes », mais pas encore coulé ! Pour ce bilan des deux ans à l’Élysée, notre sondage exclusif BVA révèle un Emmanuel Macron très affaibli, mais aussi l’espoir d’un rebond.
      […]

      Surtout, Emmanuel Macron ne parvient pas à convaincre que sa politique va profiter à tout le monde. Seuls 16%, essentiellement les catégories les plus aisées, ont le sentiment de « bénéficier personnellement » de sa politique. 77%, soit les trois quarts des Français, ont une opinion contraire avec, sans surprise, un score encore plus élevé chez les retraités (82%), hausse de la CSG et désindexation obligent. Quant au principe du « premier de cordée », il est rejeté par 46% des Français et encore plus massivement par les opposant LFI et RN. Seuls 25% souhaitent qu’il continue de s’y référer, signe que la métaphore n’a pas été comprise par l’opinion.
      […]
      Les personnes qui critiquent la manière dont il exerce la fonction présidentielle, 65 % des sondés, insistent sur la nécessité de contraindre plus fortement les Français les plus aisés et de mener une politique sociale plus juste. Le chef de l’État a répondu en partie en réservant aux classes moyennes la baisse à venir de 5 milliards d’euros de l’impôt sur le revenu et en concédant une évaluation des effets positifs sur l’investissement de la réforme de l’ISF. Mais, face à des sondés qui se montrent pessimistes concernant l’avenir (52% estiment que la situation de la France ne se sera pas améliorée à la fin du quinquennat), on mesure bien que, pour la majorité, il y a une cristallisation de l’opinion à l’encontre de la personne d’Emmanuel Macron dans une France fracturée et polarisée comme jamais avec la montée des oppositions populistes.
      […]
      L’une des principales chances de rebond d’Emmanuel Macron est l’absence pour l’heure de réelle alternative. Les divisions de la gauche incapable de se rassembler et l’affaiblissement de la droite sans leader incontesté et qui a perdu le soutien du centre continuent de donner au président Macron une prime dont les prochains mois diront si oui ou non il demeure en capacité de tenir sa promesse fondamentale : transformer la France pour la renforcer en Europe et dans le monde.

      Si les Français reconnaissent à Emmanuel Macron son dynamisme (60%), ses convictions (57%), son autorité (45%), les qualificatifs dans lesquels il performe le moins sont ceux sur lesquels il devra agir : compétent (36%, soit -24 points sur un an), sympathique (34%), sincère (28%), proche des gens (20%) et rassembleur (17%, soit -12 points sur un an).

  • Quand l’Europe libérale s’attaque au modèle #Social européen – La Chronique Éco
    https://lemediapresse.fr/economie/quand-leurope-liberale-sattaque-au-modele-social-europeen-la-chronique

    Suppression de l’ENA, retraites, non-retour de l’ISF : dans ce nouvel épisode de la Chronique Éco, l’économiste atterré Henri Sterdyniak décrypte la conférence de presse présidentielle du 25 avril et ses dangers.

    #Économie #Bruxelles #Economie #Europe #Travail #UE #Union_Européenne

  • #Gilets_Jaunes : #Macron ne cédera rien – La Chronique Éco
    https://lemediapresse.fr/economie/gilets-jaunes-macron-ne-cedera-rien-la-chronique-eco

    Quelles réponses pour l’urgence sociale ? Dans ce nouvel épisode de la Chronique Éco, l’économiste atterré Henri Sterdyniak décrypte la « farce » des solutions présidentielles, décidées dans le secret de l’Elysée et sans concertation. 

    #Économie #1er_mai #Economie #Grand_Débat #ISF #Travail

  • Gabrielle Cluzel (Boulevard Voltaire) : CNews et LCI installent la « fachosphère » sur leurs plateaux - Acrimed | Action Critique Médias
    https://www.acrimed.org/Gabrielle-Cluzel-Boulevard-Voltaire-CNews-et-LCI?var_mode=calcul

    Qui, dans l’espace médiatique, pourrait être à la fois spécialiste du Conseil constitutionnel, des nationalistes corses, de la justice japonaise, des radars vandalisés, du « Grand débat », de l’écriture inclusive, de l’ISF, de la réforme des lycées, de Viktor Orbán, des élections municipales parisiennes, des gilets jaunes, du harcèlement en ligne, de la mortalité routière, de Benalla, des débats européens, du hijab de Décathlon, de la France rurale, de Juppé, de l’antisémitisme, des fonctionnaires et de la politique italienne ? Réponse : à peu près tous les éditorialistes [1]. Et ça tombe plutôt bien, puisque c’est en tant que telle que Gabrielle Cluzel, rédactrice en chef de « Boulevard Voltaire », est très régulièrement invitée sur CNews et LCI depuis le 1er février. Trois émissions en particulier, « L’heure de Bachelot » (LCI), « Les Voix de l’info » et « Punchline » (CNews) contribuent ainsi à la légitimation et à la promotion médiatique d’un nouveau visage de l’éditocratie, tout droit issu des milieux d’extrême-droite sur internet – de la « fachosphère ».

    #néolibéralisme_fascistoïde

  • Allocution de Macron : tout ça pour ça ? par les Pinçon-Charlot - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2019/04/26/allocution-de-macron-tout-ca-pour-ca-par-les-pincon-charlot_1723542

    Le couple de sociologues réagit aux annonces faites par le chef de l’Etat jeudi soir. Spoiler : ils n’ont pas apprécié.

    –---

    Le président des ultra-riches - Éditions Zones

    https://www.editions-zones.fr/livres/le-president-des-ultra-riches

    Quand la peste se fout de la gueule du cholera

    « Macron, c’est moi en mieux », confiait Nicolas Sarkozy en juin 2017. En pire, rectifient Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot.

    • En effet, Emmanuel Macron a constitué un « comité d’évaluation des réformes sur la fiscalité du capital » qui doit rendre un rapport à l’automne 2019 dans le cadre du projet de loi de finances 2020. Ce comité est installé à France stratégie depuis le 20 décembre 2018, et son commissaire général, Gilles Jacquin de Margerie, est un des généreux donateurs de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, ayant été nommé à ce poste par décret le 12 janvier 2018. Ce comité, qualifié de « comité de suivi indépendant », comprend quatorze membres et est piloté par France stratégie, mais aussi par le Conseil d’analyse économique, deux organes d’expertise économique rattachés à Matignon – c’est dire qu’il mérite son statut d’« indépendant » ! On peut donc faire l’hypothèse d’une évaluation extrêmement positive de la suppression de l’ISF sur l’investissement économique et productif.

    • Je pense qu’il faut arrêter de se dire qu’on a les élus qu’on mérite, on n’est pas aussi pleins de merde que ça.

      Et ce n’est évidemment pas ce que je voulais dire dans mon commentaire. Je n’ai l’intention de donner de leçon à personne en matière de bienséance électorale.
      Parlons plutôt de la captivité intrinsèque du jeu électoral. La constitution de 1958, inspiré du régime présidentialiste à l’américaine fut taillée sur mesure pour le général De Gaulle , homme « providentiel » s’il en fut. Elle portait en elle toutes les possibilités de dérives autoritaires et maffieuses qui adviennent aujourd’hui . La constitution de la Vème république est le dévoiement parfait de ce que nous serions en droit d’attendre d’une république et de son caractère un tant soit peu démocratique. Or celui qui dénonçait un « coup d’état permanent » s’est fort bien adapté 20 ans plus tard à cet état de fait en intégrant les règles de ce jeu de dupes. Qui plus est, les réformes du jeu électoral (raccourcissement du mandat à 5 ans et synchronisation des scrutins présidentiel et législatif) ont permis aux élites dirigeantes de réduire à quasi néant toute velléité d’expression des contre-pouvoirs.
      La répression policière en cours n’est que la traduction en gestes du caractère profond de ce régime. La situation paroxysmique que ce pays a atteint avec le mandat Macron n’en est qu’une étape. Macron se prend pour un président directeur général d’une entreprise qu’il voudrait faire passer pour « disruptive ». Or de « disruption », point. Ce que nous connaissons n’est que l’aboutissement logique d’un enchaînement de causes et d’effets.

      Sur ce, joyeuse fête du travail ... Camarades ;-)

  • Qu’a-t-il donc compris? - Le Courrier
    https://lecourrier.ch/2019/04/25/qua-t-il-donc-compris

    Annonce d’une baisse de l’impôt sur le revenu – mais pas le retour de l’impôt sur la fortune (ISF) – tout en promettant de renforcer les services publics, ce qui nécessitera une réduction de la dépense publique… Vous avez dit antinomique ? Aux Français qui souffrent des emplois précaires aboutissant à de maigres retraites, il répond allongement du travail. Emmanuel Macron a eu beau marteler qu’il fallait « réhumaniser [son] projet de transformation de la société », l’intention est de poursuivre au pas de charge des réformes ultralibérales qui ont mis le pays à feu et à sang.

    Littéralement. Car sa méthode pour calmer les foules réside dans la répression par les forces de l’ordre. Gardes à vue à la pelle, fichage des manifestants depuis les hôpitaux de Paris, violences policières y compris envers des personnes pacifiques. On répondra qu’il y avait des casseurs, des insultes racistes et antisémites dans les cortèges… La France en est arrivée à l’arbitraire, la punition collective, sans droit à un jugement équitable.

    • J’ai eu la malchance de pouvoir écouter la radio d’état entre 17h et 18h hier, sur la route. Des tas de gens importants commentaient la prochaine intervention du Président.

      A aucun moment il n’a été supposé sérieusement que ce régime n’en avait rien à carrer de répondre sérieusement à l’instant présent.

      En fait, personne n’a supposé sérieusement qu’en fait, le Président avait l’intention de faire un bras d’honneur, de mépriser sans l’ombre d’une hésitation, l’ensemble de cet exercice, qui est de parler à ceux qu’il gouverne. Pour la simple raison qu’il doit le pouvoir à d’autres que ceux-ci, et que ceux qui sont gouvernés sont là pour obéir... et pas pour qu’on leur rendre des comptes.

      La semaine dernière, j’ai eu la malchance d’écouter l’allocution du Président qui a eu lieu juste après l’incendie. J’ai été affligé par la vacuité des mots prononcés, par l’absence de recherche. Non pas que l’instant en réclamait de particuliers. Mais s’il pouvait seulement s’exprimer pour dire quelque chose. Mais non. C’est comme la première citation de cet article du Courrier. Tu te demandes comment il est possible que nous ayons désormais des gens à ce point incapables de s’exprimer d’une façon qui impose un minimum de respect.

      «Je crois que j’ai compris beaucoup de choses»

      Je crois que ce Monsieur se moque de nous.

      Hier soir, les journalistes de la radio d’état nous gratifiaient de quelques enregistrements de De Gaulle ou Pompidou... même pas les meilleurs. Mais malgré tout. Et quoiqu’on pense de ces deux là. Au moins, quand ils s’exprimaient, les mots venaient naturellement... et pas sous forme de jets discontinus, comme Hollande ou Sarkozy avant lui.

      Ils se foutent de nous. Et lui particulièrement visiblement.

    • Je découvre la seconde citation :

      « Je crois aux symboles et à l’esprit du temps »

      C’est clair. Il se fout de nous.

      Les symbôles dont il nous parle, même pas au second degré, ce sont bien ceux-là :
      – 48h de GAV pour Glanz et tous les autres dont on ne parle pas ;
      – LBD dans la tête, et lacrimos y compris pour les enfants ;
      – Mise au pas de toutes les voix dissonantes (Yémen, NDDP, ...)

    • Il a compris qu’il pouvait dire n’importe quoi, mentir comme un vendeur de voiture d’occasion, car il a compris qu’il n’y aura aucune conséquences pour lui et ses ami·es de LaREM, et que même peut-être ils arriveraient en tête aux prochaines européennes à défaut d’alternatives crédible.

    • Tout est dans ce mot « crédible » et ce que nous croyons lui donner comme sens. Nous sommes à un tel point de sidération que nous ne sommes plus capables de reconnaître ce qui est crédible et ce qui ne l’est définitivement pas. Quand on juge crédible des gens qui mentent et qui estropient, c’est qu’on est arrivé à un point franchement inquiétant.

      Notre génération (on peut ajouter celle d’avant et celle d’après, tiens, je suis généreux) est à un point d’apolitisme crétin, que... ça en est sidérant, tiens.

      Quand les seuls qui ont un discours et un projet politique - au semble noble du terme - sont désignés comme les seuls dangers... dans l’esprit de la majorité des citoyens... c’est qu’il y a un vrai problème de culture politique. Voire d’intelligence tout court.

      Je vous l’ai déjà dit que je ne peux plus causer politique avec les gens que je côtoie sans être affligé par ce que j’entends ?

      « oh je sais pas pour qui voter ils sont tous nuls »
      "oh non pas lui, il est trop agressif"
      « oh non pas elle, elle est pas crédible »
      "oh non pas lui, il a pas de doudou comme le mien"

    • J’ai commencé par le regarder à la tv, sa gueule ne me revenant décidément pas, je me suis allongé en l’écoutant à la radio. 10 mn plus tard je me suis assoupi (il aurait récité l’annuaire que c’était pareil) une heure après, il causait toujours. C’est quand même dingue, ces gens qui n’ont rien à dire et qui cause tout le temps. Et tous les médias de retranscrire la parole présidentielle et de nous traduire la parole du premier de cordée, des fois qu’on n’aurait pas compris qu’il nous prend pour des cons.

    • Whoua, je découvre via @rezo et @monolecte que comme d’habitude, je suis loin d’être le premier à avoir dit la même chose, mais en moins bien :
      https://seenthis.net/messages/776978

      Nous sommes à peine capables de penser. Usés par des décennies de bourrages de crâne en tous genres. S’il ne doit rester que quelques mots de Slavoj Zizek, c’est ce constat : Nous arrivons plus facilement à imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. On peut prolonger : Nous croyons plus au capitalisme qu’au monde. Nous croyons plus aux capitaux, aux cathédrales et aux machines, qu’aux êtres vivants, à nous et à nos enfants. Nous ne savons plus ce qui est important, ou alors si mal, si difficilement, si laborieusement. Wir sind die Roboter.

  • affordance.info : De l’ENA à l’ISF. Ou la fabrique de l’innommable.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/04/ena-isf-innommable.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0240a47ede54200d-600wi

    J’allais écrire que j’étais sidéré mais la « sidération » est un mot qui a été vidé de son sens à force de se banaliser. Depuis un événement que j’identifie comme l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn en 2011, en passant par l’attentat contre Charlie-Hebdo en 2015 et jusqu’au récent incendie de Notre-Dame en 2019, le mot « sidération », qui désigne quand même « l’anéantissement soudain des fonctions vitales, avec état de mort apparente, sous l’effet d’un violent choc émotionnel », est mis à tous les drames et à toutes les larmes, souvent accompagné du mot « état ». Notre état de sidération.

    Alors je vais tout de même l’employer, ce mot. Cette locution. Cet état de sidération. En lisant l’article du Parisien faisant état du projet de remplacer « l’ENA » par « l’ISF », j’ai été, une fois de plus, sidéré, dans un état de sidération. Et je me suis immédiatement souvenu - parce que nous sommes la start-up nation - de ce que Bernard Stiegler racontait à propos de la « disruption », expliquant pourquoi et comment c’était avant tout une stratégie de tétanisation de l’adversaire et ce qui faisait « que vous arriviez toujours trop tard ». La disruption expliquait encore Stiegler, ce sont « des stratégies pour prendre de vitesse ses compétiteurs et ses régulateurs. »

  • Propos sur le non-discours du 15 avril 2019 attribué au président de la République | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/paul-cassia/blog/180419/propos-sur-le-non-discours-du-15-avril-2019-attribue-au-president-de

    Ce non-discours soulève beaucoup plus de questions qu’il n’apporte de réponses aux attentes d’une partie des français. Il fait songer à l’intervention du regretté Raymond Devos sur le plateau de l’émission télévisée Apostrophes en 1985, qui reprenait un passage de l’un de ses spectacles humoristiques : « je vais parler pour ne rien dire. Non mais écoutez, je sais, vous vous dites s’il n’a rien à dire il ferait mieux de se taire. Mais c’est trop facile ! C’est trop facile ! Moi quand je n’ai rien à dire, je veux qu’on le sache ! Je veux en faire profiter les autres ! ». Parler ou écrire pour ne rien dire, telle est la marque de fabrique des « rienologues »

    Pour le remplacement de l’ENA par l’ISF voir aussi : https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/04/ena-isf-innommable.html

    Verbatim du discours sur lundi.am : https://lundi.am/Exclusif-le-discours-qu-Emmanuel-Macron-n-a-pas-prononce-le-15-avril

    Faute de temps, nous n’avons pas été en mesure de vérifier qu’il s’agisse ici d’un document parfaitement authentique, bien que confirmé par deux sources. Cependant à la lecture, le style pompeux et ennuyeux ainsi que le contenu creux nous semblent attester qu’il s’agisse bien de la plume du président.

    #non-discours #non-annonce #grand_debat #enfumage

    • J’ai entendu des voix…
      … que notre république n’entendait plus.

      Outre le côté Jeanne d’Arc évident, on retrouve, brillamment résumée en une courte phrase, la thématique du #je_nous du discours du 10 décembre.
      https://seenthis.net/messages/742902#message743533

      je veux, je décide, je fais
      /
      nous avons fait des erreurs

      je me souviens [du grand débat et je pleure…]
      (avec #anaphore !)
      /
      nous avons un devoir

      j’ai entendu / que nous perdions

      j’ai entendu la peur
      /
      parfois on se résigne [mais pas moi !]… la résignation c’est pire encore !

      j’y ai ma part à prendre …
      /
      chacun d’entre nous à sa part à y prendre
      (union nationale !!!, faut qu’on l’aide c’t’homme là_

      [je craque, je saute quelques pages en notant (fin de p. 5 et p. 6) une courte variante sur le thème je/vous]

      nous avons besoin de bons salaires…
      /
      c’est pourquoi J’ai pris des mesures importantes

      (une prime sans aucune charge -> mon programme, c’est toujours d’exploser le système de sécurité sociale…)

      Ah, sur la fin, les problématiques enchainées deviennent intéressantes :
      • travail
      • retraite
      • la famille d’abord
      • la santé [surtout !] et la solidarité
      • le pays productif et écologique

      et donc,
      nous poursuivrons les réformes commencées

      et c’est MAINTENANT

      #just_do_it #yes_we_can

  • Suppression de l’ISF : moins d’un tiers des exemptés investit dans les entreprises (Marianne)
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15934-suppression-de-l-isf-moins-d-un-tiers-des-exemptes-investit-dans-le

    Une étude publiée ce jeudi 18 avril montre que les fonds économisés par les ménages exemptés d’ISF servent avant tout à consommer et à épargner, au lieu d’investir dans les entreprises.

    "Cette réforme, c’était une réforme pour produire, pas un cadeau pour les plus fortunés", devait expliquer Emmanuel Macron au sujet de l’ISF dans son allocution annulée lundi 15 avril en raison de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame. Doper les investissements dans l’économie réelle, c’est l’argument auquel le gouvernement se cramponne depuis la suppression de l’impôt sur la fortune entrée en vigueur le 1er janvier 2018. A l’usage, il semble pourtant que ce ne soit guère le cas, et que les riches n’aient pas tout à fait respecté le deal… L’enquête annuelle (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Le #Grand_Débat, gigantesque trompe-l’œil – La Chronique Éco
    https://lemediapresse.fr/economie/le-grand-debat-gigantesque-trompe-loeil-la-chronique-eco

    Baisse des prestations sociales, accroissement des inégalités : pour répondre aux revendications des #Gilets_Jaunes, Emmanuel #Macron a lancé le Grand Débat National. Il s’est soldé par un véritable fiasco, détaillé par l’économiste atterré Henri Sterdyniak dans ce nouvel épisode de la Chronique Éco.

    #Économie #Economie #ISF #Travail

  • RIC, impôts, ISF, retraites : ce que s’apprêtait à annoncer Emmanuel Macron dans son allocution (RT)
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15923-ric-impots-isf-retraites-ce-que-s-appretait-a-annoncer-emmanuel-mac

    Un RIC local, j’en connais qui vont être content...

    Edouard Philippe, Franck Riester, Anne Hidalgo, Emmanuel Macron, Richard Ferrand, Michel Aupetit devant la

    cathédrale Notre-Dame de Paris le 15 avril (image d’illustration).

    L’AFP a eu accès au projet d’allocution d’Emmanuel Macron. Celle-ci était était prévue le 15 avril, mais a finalement été annulée après l’incendie de Notre-Dame de Paris. Le président devait annoncer des mesures phares après le grand débat.

    Emmanuel Macron devait s’exprimer le 15 avril à la télévision, mais, suite à l’incendie de Notre-Dame de Paris, cette allocution a dû être remise à une date ultérieure qui n’a pas été précisée pour l’heure. Cependant, l’AFP affirme avoir eu accès à une copie de ce projet d’allocution.

    Le sort du (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Marseille ville pauvre ou ville de pauvres ? | L’Agora de Marsactu
    https://marsactu.fr/agora/marseille-ville-pauvre-ou-ville-de-pauvres

    Les écarts colossaux qui existent – et continuent de se creuser – entre les zones les plus prospères et les poches de pauvreté de la région. À Marseille, par exemple, le revenu moyen des 20 % les plus riches est 5,4 fois supérieur au revenu moyen des 20 % les plus pauvres. Le quartier de Perier, dans le 8e arr. de Marseille, est le plus riche de France.

    Parmi les 100 quartiers les plus pauvres de France, 25 sont à Marseille. En premier lieu ? Le secteur du Parc Kalliste (15e), suivi de près par Saint-Mauront (3e). Taux de pauvreté : 43,6% dans le 15e arr. (13 207€ de revenus médians), 52% dans le 3e arr (11 798€ de revenus moyens).

    Source : index Filosofi de l’Insee, données sept 2017.

    « Marseille, c’est d’abord une ville inégalitaire où il y a beaucoup de riches, une ville qui est en train de renouer avec sa stratification sociale du XIXe siècle. Cela devrait appeler plus de régulations ». (André Donzel, 2014, Le nouvel esprit de Marseille, Paris, L’Harmattan)

    Ces témoignages et ces chiffrés accablants qui font la quasi-unanimité des spécialistes en tout genre sont, pour une large part, confortés par les observations que peut faire un visiteur parcourant le centre-ville en simple curieux : Immeubles dégradés, magasins fermés, rues le plus souvent sales, populations aux apparences modestes voire pauvres et pour partie d’origine étrangère etc. Cette impression n’est pas ou peu compensée lorsque, quittant le centre, il s’aventure dans les quartiers populaires de la cité. Cette fracture urbaine est une réalité visible qui s’impose à chacun et confirme au-delà des apparences parfois trompeuses, les données chiffrées de l’INSEE.

    Contrairement à certains discours dominants, si Marseille est sans aucun doute une ville qui regroupe une part importante de sa population dans la catégorie jugée pauvre au sens statistique du terme, il serait cependant abusif d’affirmer que Marseille serait une “ville pauvre“ si l’on se réfère à ces capacités financières et à son budget. C’est avant tout les importantes inégalités en matière de revenue qui caractérisent la Ville : Marseille a su regagner une classe aisée, même très aisée, elle a gardé ses pauvres et la cité bat les records régionaux de taux de pauvreté. Les chiffres montrent ainsi cruellement que l’alibi de la pauvreté n’est que le cache-sexe de politiques d’exclusions. Nous avons 3 898 personnes assujetties à l’impôt sur la fortune (ISF). Elles ont à Marseille en moyenne un patrimoine imposable de 2,7 millions d’euros.

  • Et maintenant ? Gilets jaunes, politique et retour à l’ordre – carbure
    https://carbureblog.com/2019/03/25/et-maintenant

    (...) Depuis les annonces de décembre et le début du grand débat national de Macron, la ligne du gouvernement consiste à poser que le mouvement des #Gilets_jaunes n’a plus lieu d’être, et que ceux qui descendent encore dans la rue et occupent les ronds-points sont de simples agitateurs, voire des factieux qui veulent renverser la République. C’est une répression policière et judiciaire d’une ampleur et d’une violence sans précédent qui s’est abattue sur des populations qui ne sont pas criminalisées a priori par leur propre statut social, comme les banlieues. La répression s’est exercée sur des Français moyens, et c’est déjà une rupture notable.

    Face à cela, les Gilets jaunes ont réussi à faire vivre le mouvement, qui s’est maintenu dans sa forme interclassiste « par en bas », c’est-à-dire associant la petite classe moyenne et une forte composante prolétarienne sans être spécifiquement ouvrière, de travailleurs pauvres et précaires, de retraités, d’employés du secteur public parmi les plus mal traités, etc. Cette composition, qui n’est pas homogène mais comprend de fortes disparités locales, paraît maintenant stabilisée, mais quoi qu’il en soit, elle ne nous donnera pas la clé de la situation. Le dépassement des oppositions de classe n’est pas contenu dans ces oppositions, la contradiction n’est pas la garantie de son propre dépassement. Qualifier ce mouvement de prolétarien ou non ne nous avancera guère dans sa compréhension, pas plus que les considérations idéologico-morales sur le fait de savoir s’il est notre « ami » ou notre « ennemi ».

    Ce qui est notable, c’est que l’ensemble interclassiste qui s’est constitué depuis décembre semble désormais stabilisé, et qu’il ne paraît pas devoir s’étendre au-delà de lui-même. En particulier, les deux types d’alliances qui paraissaient au cours du mouvement les plus probables, l’alliance avec les « quartiers populaires » et celle avec les syndicats ont échoué à se faire ou ont avorté. Non pas que des racisés ou des travailleurs syndiqués n’aient pas rejoint le mouvement, mais tout se passe comme si ce mouvement produisait une extinction de la particularité sociale de ceux qui le rejoignent.

    Cet état de fait est produit par la nature interclassiste du mouvement : chaque secteur de la société est invité à se fondre dans cet ensemble populaire, à se défaire de ses appartenances politiques et sociales pour s’agréger à l’ensemble « peuple ». Pour être tous ensemble, il faut être tous pareils, et il est difficile d’appeler les syndicats à organiser une grève générale tout en leur demandant de cesser d’exister comme syndicats, et de demander aux racisés de rejoindre le mouvement pour aussitôt affirmer que le racisme se résout de lui-même dans la demande de justice sociale.

    Cette capacité intégrative a été et demeure la plus grande force du mouvement, c’est sa volonté de « faire peuple » qui constitue sa dynamique, mais on voit ici que c’est également sa limite et ce qui l’empêche de s’étendre. C’est que « le peuple » n’est pas la réalité immanente qu’il pense être, qu’il est construit de manière différente dans chaque mouvement interclassiste. Les Gilets jaunes peinent à accepter le fait qu’ils sont désormais essentiellement un mouvement des plus pauvres, de la force de travail non-intégrée, et si on persiste à parler d’une supposée composante « petits patrons », c’est comme un gage de respectabilité et d’universalité. En réalité, cette composante a empoché les primes de Macron (dans les petites entreprises familiales, une telle prime défiscalisée est une aubaine pour tout le foyer), et les commerçants ont déserté le mouvement dès avant les fêtes. La capacité intégrative des Gilets jaunes s’exerce désormais essentiellement vers le bas, c’est de ce peuple-là dont il s’agit.

    Contrairement à ce qui se passe en Algérie, où toutes les composantes de la société descendent ensemble dans la rue pour réclamer la démocratie, en ordre de bataille et selon la hiérarchisation sociale qui est la leur, c’est-à-dire sous les classes moyennes supérieures et la bourgeoisie, les Gilets jaunes forment un ensemble « populaire », au sens où l’on parle couramment de « classes populaires », et ceci est la nature de leur interclassisme. Le jeune avocat Gilet jaune François Boulo le dit : à Rouen, il a échoué à convaincre le moindre de ses collègues à le suivre sur les ronds-points. Il n’y a pas d’avocats, pas de médecins, pas de professeurs d’université parmi les Gilets jaunes. Que par ailleurs, dans les sondages, « 70% des Français » soutiennent ou pas les Gilets jaunes ne change pas grand-chose à cet état de fait. Reste à savoir quelle est la situation politique dans laquelle cet l’ensemble populaire ainsi constitué se trouve plongé.

    Le problème principal des Gilets jaunes est désormais le refus de dialogue de l’Etat. Macron a déjà reculé une fois, certes en trompe-l’œil eu égard aux mesures prises, mais il a dû subir l’humiliation d’un mea culpa et faire au moins mine de prendre en compte le mouvement. Personne n’a été dupe par ailleurs du fait que cette prise en compte soit en réalité une reprise en main, et la mise en scène du grand débat, auquel les Gilets jaunes qui en étaient la cause n’ont jamais été associés a été assez tournée en dérision. Toujours est-il qu’« ils » ont bougé, pour la première fois depuis des années, et c’est assez notable.

    Mais il semble que maintenant on en soit revenu à la gestion de crise qui a fait ses preuves depuis au moins 2010 : faire bloc et ne pas broncher. Il n’est pas certain que cette stratégie soit la plus habile, mais en réalité, on voit mal sur quoi l’exécutif pourrait raisonnablement céder sans perdre la face et surtout sans ouvrir la voie a plus de revendications encore. Céder sur l’ISF ou autre chose serait sans doute possible, moyennant quelques-uns de ces aménagements dont les technocrates ont le secret, mais alors cette victoire ne serait qu’un encouragement à continuer la lutte pour obtenir plus encore, le tabou absolu étant une augmentation significative du SMIC et des minima sociaux. La limité est clairement posée : le coût du travail n’augmentera pas en France. Nous ne sommes pas en 1968, il n’y aura pas d’accords de Grenelle, quelle que soit la puissance du mouvement, et confusément tout le monde le sait. On sait bien qu’« ils » ne lâcheront rien sur l’essentiel ni sur l’accessoire.

    Si le mouvement des Gilets jaunes a échoué pour l’heure à s’étendre au-delà de lui-même en intégrant d’autres secteurs susceptibles d’entrer en lutte, c’est au niveau politique qu’est susceptible de se construire le consensus le plus large en son sein. Ce niveau de l’idéologie est celui où la hiérarchisation interne du mouvement peut le mieux se produire, sous la domination de la petite classe moyenne cultivée, qui vote ou qui milite et qui est en capacité de s’emparer d’éléments de discours critiques susceptibles de s’opposer de manière crédible au discours de la bourgeoisie. Il faut tout de même préciser que si ce niveau idéologique est bien réel et agit sur la forme des luttes, l’activité de lutte elle-même ne se réduit pas à la production idéologique et la déborde souvent, en même temps qu’elle la constitue.

     On a chassé à plusieurs reprises l’extrême-droite des manifestations, critiqué E. Chouard et l’UPR, mais les points de convergence gauche-droite vont bien au-delà de ces clivages, signe que le vieux clivage, en l’absence d’un mouvement ouvrier constitué, n’a plus guère de sens. La distinction entre gauche et droite aujourd’hui n’est plus qu’une affaire de distinction culturelle et sociale, qui n’a même plus pour se cliver la question du racisme, qui est devenu transversal au deux camps. On pourrait faire une cartographie croisée de l’islamophobie et de l’antisémitisme de gauche et de droite ces quinze dernières années, pour ne prendre que les deux axes essentiels du racisme en politique, observer les points de chevauchement et d’éloignement, etc., et constater que l’ensemble du champ politique est couvert. On est loin des années Mitterrand et des petites mains jaunes. De la même manière, en dehors du camp libéral, dès lors qu’il s’agit de critique sociale et de dénoncer les inégalités, tout le monde parle de plus en plus le même langage. Ce langage commun, dont des éléments peuvent se retrouver du militant d’Attac au syndicaliste en passant par l’électeur du RN ou de la FI, le complotiste qui s’informe sur Internet ou le Black bloc anarchiste parisien, constituent le socle théorique populiste qui a fait que depuis quatre mois les gens ont pu réussir à se parler dans les manifestations et sur les ronds-points sans se fâcher. Les Gilets jaunes sont moins apolitiques que transpolitiques.

    Ce discours commun repose sur toute une série d’oppositions idéologiques : opposition entre le peuple et les élites d’abord, discours qui se retrouve autant chez les Pinçon-Charlot qu’à l’extrême-droite, et qui produit, en focalisant la critique sur les plus riches, un lissage artificiel des oppositions de classe réelles, telles qu’elles existent dans la société, et qui sont loin de se ramener au schéma simpliste lui aussi, mais qui tombe en désuétude, des ouvriers contre les patrons. Car si ce mouvement est bien dirigé contre la bourgeoisie, il ne peut faire l’impasse sur le fait que celle-ci est toujours portée par les classes moyennes supérieures, qui ne soutiennent pas spécialement Macron mais qui que ce soit leur garantissant de pouvoir s’enrichir sans être matraquées fiscalement, le droit à la propriété et à la spéculation immobilière, et le droit à l’héritage qui consolide le tout et qui fait que les chiens ne font pas des chats ni les ouvriers des chirurgiens cardiaques. C’est cette classe-là qui soutient activement le régime libéral en place et qui tire de son sein même les éditocrates qui hantent les plateaux de BFM et de LCI, qui ne sont pas simplement des propagandistes à la solde du pouvoir mais bien les porte-voix d’une classe qui n’est pas celle des Bouygues et des Bolloré, mais de leurs employés.

    Cette focalisation sur les plus riches produit au sein du mouvement une égalisation comparative des situations qui confirme le droit à s’enrichir honnêtement, c’est-à-dire justifie l’aspiration des enfants de la classe moyenne à sauter dans l’ascenseur social qui leur fera rejoindre les couches supérieures de la société, où ils s’empresseront à leur tour de verrouiller leurs privilèges de classe, là où pour certains la revendication de « vivre de son travail » signifie simplement la possibilité de survivre. Le mythe de la méritocratie libérale persiste contre toute évidence, dans un monde où pour certains « travailler dur » signifie simplement ne pas se retrouver à la rue, et pour d’autres, accumuler des statuts, des rentes et des propriétés.

    Une autre opposition fondatrice du discours commun populiste est l’opposition entre la finance, la banque, la spéculation et l’économie dite réelle. Cette distinction tend à valider idéologiquement l’activité immédiate des sujets du capital, le travail et la consommation, comme production et consommation réelles de biens et de services, comme activité sociale neutre, mue uniquement par les besoins et leur satisfaction, ou dans le langage libéral par l’offre et la demande, et à y opposer l’activité parasitaire de capitaux qui ne seraient pas liés à cette activité et tendraient à l’orienter en leur sens propre. Les chaînons qui sautent dans cette description sont (entre autres) l’investissement (le capital investi n’étant jamais constitué uniquement de plus-value, mais provenant de prêts qui sont un pari sur de futurs bénéfices) et l’exploitation (ces futurs bénéfices n’étant jamais produits que par de la plus-value, c’est-à-dire du travail non payé). Le phénomène de la spéculation n’y change pas grand-chose : sans prêts bancaires, c’est-à-dire sans un capital ne provenant pas de son activité propre, aucune entreprise (ni d’ailleurs aucun Etat) ne pourrait fonctionner, uniquement sur ses bénéfices propres patiemment réinvestis. La pression des actionnaires cherchant un retour sur leur investissement n’est pas fondamentalement différente de celle du petit patron qui veut tirer un bénéfice de son activité : sans surtravail, pas de plus-value. L’existence des marchés de capitaux n’exprime que la tendance aveugle du capital à s’accumuler, ils ne sont pas un à-côté parasitaire du capitalisme. (...)

    • Euh ben non, @val_k comme c’est ni paywall ni Ration ou un autre média main stream qui encaisse à chacun de nos clics, ni un média crapule à la Valeurs actuelle ou Dieudonné, etc, je n’ai mis qu’un extrait du texte (trop long sans doute, ta remarque me conduit à ajouter (...) en début et fin d’extrait afin que ce soit plus clair). Avec y compris un échantillon de ce dogmatisme obligé (?) du courant « communisateur » ( "La pression des actionnaires cherchant un retour sur leur investissement n’est pas fondamentalement différente de celle du petit patron qui veut tirer un bénéfice de son activité" disent-ils, gâchant ainsi la nécessaire mise à distance des dénonciations de « la finance » ) qui comme toute une tradition ultra gauche fait de l’#invariance du #capitalisme une boussole.

      [EDIT : il est très nettement préférable pour suivre l’argumentation proposé par Carbure de lire le texte plutôt que l’extrait que j’ai proposé, mais] Pour ma part, je trouve plus proche d’une analyse concrète le dernier texte de Temps critiques (dont j’ai sans doute aussi donné un trop long extrait)
      https://seenthis.net/messages/769764

      #analyse #critique #communisation

    • oups... merci pour ces précisions, la navigation sur le téléphone m’a encore joué un tour et j’ai commenté avant d’aller au bout de ta publication ;) Je m’apprêtais à le publier avec le passage sur l’interclassicisme « stabilisé » et la petite flèche automatique-bien-pratique m’a indiqué ta publication ! Et merci pour les ajouts, aussi, je file voir l’autre publication ;)

  • Pourquoi Macron ne cédera pas aux Gilets Jaunes. | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/guillaume-quintin/blog/220319/pourquoi-macron-ne-cedera-pas-aux-gilets-jaunes

    Macron a donc été « embauché » Président de la République, et il l’a été avec une feuille de route, une mission précise : désosser le système social français, flexibiliser à mort le marché du travail, et réduire à peau de chagrin la part de l’Etat dans l’activité, et créer les conditions d’une maximisation du profit pour ses financiers, ses donneurs d’ordre. Bref, un programme ultra libéral que Milton Friedmann et les Chicago Boys n’auraient pas renié. D’ailleurs les premières mesures du quinquennat le montrent : Destruction du code du travail, abolition immédiate de l’ISF, instauration de la Flat Tax, suppression de l’Exit Tax, rabotage des aides sociales, suppression des emplois aidés, etc etc etc. Le vote de la loi permettant les ventes de Groupe ADP, de la FDJ, et d’ENGIE n’étant que le dernier avatar de cette politique désastreuse. Il apparait évident que le bien commun, l’intérêt général et le bien etre des français n’est pas son sujet. Son sujet, c’est sa carrière !

  • Dérive autoritaire - Le Courrier
    https://lecourrier.ch/2019/03/21/derive-autoritaire

    Enfermé dans ses certitudes et son mépris de classe, le gouvernement n’entend pas dialoguer. Sa seule réponse consiste à traiter le mouvement social par la répression. Nicolas Sarkozy avait ouvert la voie pour mater les banlieues. Une politique poursuivie par Manuel Valls lors des manifestations contre la Loi travail et Nuit debout. Rien sur le fond. Certes, il y a eu des débats. Un grand show, même. Mais d’inflexion de la politique menée, point. Des revendications des gilets jaunes (pouvoir d’achat, rétablissement de l’ISF, démocratisation de la vie politique, etc.), il ne restera rien, ou alors l’indexation des retraites. Et encore.

    Comme il paraît lointain le temps des rassemblements paisibles sur les ronds-points. Le mouvement était trop populaire. Il fallait le casser, le morceler, le discréditer, le pousser à la radicalisation. Instiller la peur. Réduire le mouvement social à une bande de casseurs. Les chaînes d’info en continu ont contribué à alimenter un climat de guerre civile. Histoire d’obliger tout le monde à rentrer chez soi. Reposer le couvercle sur la marmite. Jusqu’aux prochaines élections. Ça pourrait marcher. Espérons que non.

    Et aussi, dans la même édition :
    https://framapiaf.org/system/media_attachments/files/002/754/206/original/cdb02ee9615784bc.jpeg?1553244336

    • Emmanuel Macron, le vertige autoritaire

      La décision de mobiliser la troupe, samedi, pour endiguer les manifestations à Paris est sans précédent depuis les grandes grèves de 1947-48. Année après année, le mouvement social est un peu plus criminalisé et les libertés bafouées. Homme sans limites et sans mémoire, le chef de l’État franchit un nouveau pas.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/210319/emmanuel-macron-le-vertige-autoritaire?onglet=full
      #autoritarisme

    • Dérive autoritaire

      Plus rien ni personne ne semble en mesure de freiner la dérive autocratique d’Emmanuel Macron. Ni l’escalade policière, et désormais militaire, s’abattant sur les gilets jaunes. Après l’adoption d’une nouvelle loi anticasseurs, des périmètres entiers, comme les Champs-Elysées à Paris, seront interdits de cortèges. Pour un mot de trop, les opposants politiques sont menacés de poursuites judiciaires. L’armée sera appelée en renfort ce samedi, pour l’acte XIX. Elle protégera certains établissements publics afin de permettre aux CRS de se déployer au contact des manifestants. Un véritable retour en arrière : ce n’était pas arrivé en métropole depuis la répression de la #grève_des_mineurs en 1947, et la #Guerre_d’Algérie.

      Dans la rue, ceux qui osent encore manifester, qui ne sont pas déjà amendés, en prison ou assignés à résidence, courent le risque de se faire gazer, tabasser, voire de perdre une main ou un œil. #Zineb_Redouane, une octogénaire victime d’un tir tendu de lacrymogène, est même décédée à Marseille, dans l’indifférence du gouvernement. D’autres morts devront-ils s’ajouter à la longue liste des victimes de #violences_policières en France ? Les centaines d’#Algériens en 1961, les communistes du #métro_Charonne un an plus tard, les manifestants de mai-juin 1968, #Vital_Michalon en 1977 à #Super-Phénix, #Malik_Oussekine en 1986, #Rémi_Fraisse en 2014…

      Enfermé dans ses certitudes et son mépris de classe, le gouvernement n’entend pas dialoguer. Sa seule réponse consiste à traiter le mouvement social par la #répression. #Nicolas_Sarkozy avait ouvert la voie pour mater les #banlieues. Une politique poursuivie par #Manuel_Valls lors des manifestations contre la #Loi_travail et #Nuit_debout. Rien sur le fond. Certes, il y a eu des débats. Un grand show, même. Mais d’inflexion de la politique menée, point. Des revendications des gilets jaunes (pouvoir d’achat, rétablissement de l’ISF, démocratisation de la vie politique, etc.), il ne restera rien, ou alors l’indexation des retraites. Et encore.

      Comme il paraît lointain le temps des rassemblements paisibles sur les ronds-points. Le mouvement était trop populaire. Il fallait le casser, le morceler, le discréditer, le pousser à la radicalisation. Instiller la #peur. Réduire le mouvement social à une bande de #casseurs. Les chaînes d’info en continu ont contribué à alimenter un climat de #guerre_civile. Histoire d’obliger tout le monde à rentrer chez soi. Reposer le couvercle sur la marmite. Jusqu’aux prochaines élections. Ça pourrait marcher. Espérons que non.

      https://lecourrier.ch/2019/03/21/derive-autoritaire

  • Demain 21 mars 2019, sortie de Crépuscule, le livre de Juan Branco.

    http://anneetarnaud.com/juan-branco-crepuscule

    Diffusé sur Internet dans un état original et brutal, il a généré un buzz considérable et des dizaines de milliers de téléchargements. Il parait aujourd’hui en librairie, après bien des péripéties liées à son caractère subversif et emporté, dans une version différente du document diffusé sur le net.Introduit, chapitré différemment, le livre contient une enquête originale et des éléments inédits sur la banque Rothschild, le ministère des finances et les liens de journalistes avec Emmanuel Macron.

    La préface de Denis Robert (source : FB)

    Ma préface au livre de Juan Branco/ Crépuscule/ en vente partout avant épuisement des stocks dès ce matin.

    C’était au début du mois de novembre 2018. Le Président de la République achevait sa tournée mémorielle par une visite à Pont à Mousson, une ville en bord de Moselle. Il devait y clôturer un colloque qui usait d’anglicismes pour « inventer » son monde de demain : Choose France Grand Est. J’y ai un ami médecin. Je le soupçonne d’avoir voté pour Emmanuel Macron aux deux tours de la Présidentielle. Entendons-nous bien, j’ai fait comme lui au second tour, sans état d’âme particulier. Donc cet ami que je soupçonne de toujours voter à droite m’envoie un long mail quelques jours plus tard avec une dizaine de photos édifiantes. C’était comme si un gaz mortel avait anéanti toute une ville. Pas un seul mussipontains dans les rues. La place Duroc complètement fermée à la population. Idem pour l’Abbaye des Prémontrés où étaient enfermés les cinq cent invités du colloque, des élus et des décideurs triés, fouillés, encravatés. En cet après-midi, la ville est anesthésiée. On a écarté la population. Dans un cercle d’environ un kilomètre de diamètre autour d’Emmanuel Macron, pas un seul habitant libre et vivant. Rien que des barrières métalliques, des gendarmes et des compagnies républicaines de sécurité, patientant dans des dizaines de cars garés le long des berges. Le soir, à la télévision et le lendemain dans la presse, on relevait la réussite du voyage présidentielle, sans faire état de la mise à l’écart du peuple importun. « Je n’ai jamais vu ça, c’est complètement dingue » commentera mon ami à propos de la peur visible de voir le Président confronté à des opposants.

    C’était le 5 novembre et les gilets jaunes étaient encore pliés dans les coffres des fourgonnettes. Juan Branco ajoutait une dernière touche à son manuscrit « Crépuscule » qu’il venait de mettre en ligne sur son blog. Il était encore confidentiel.

    Une semaine plus tard, les gilets jaunes vont commencer à râler sur les réseaux sociaux, puis sur les ronds-points. Cette taxe carbone pour les voitures diesel fait hurler les pauvres. Et se cacher les riches. Le pays se fragmente, le pouvoir joue la montre. Les commentaires médiatiques minimisent à l’unisson le mouvement qui se dessine et s’enracine. L’écart se creuse, bientôt abyssal, entre la France de tout en haut et celle d’en bas. Au milieu, s’ouvre un gouffre que cherchent à combler les corps dits intermédiaires et les préposés aux commérages politiques. Personne n’y parvient. Les corps intermédiaires ont été pulvérisés par Emmanuel Macron et sa République en marche. Les médias restent pour l’essentiel indulgents à l’égard du pouvoir et développent des théories fumeuses pour masquer leur incompréhension face à cette révolte. J’ai les photos de mon ami médecin en tête. Un Président qui se cache à ce point de sa population est un président qui triche et qui a peur. Quelles autres explications ?

    Juan, qui n’est alors qu’une relation sur Facebook, poste un message en m’invitant à lire son texte. Ce que je ne fais pas tout de suite, rebuté par le propos apocalyptique : « Le pays entre en convulsions diverses où la haine et la violence ont pris pied. Cette enquête sur les ressorts intimes du pouvoir macroniste, écrite en octobre 2018, vient donner raison à ces haines et violences que l’on s’est tant plu à déconsidérer. » On en voit tellement passer sur le net. Pourtant, malgré le style abscons, la longueur des phrases et l’âpreté d’une lecture sur écran, quelque chose m’accroche dans le ton, ce Juan Branco semble connaître son sujet et tenir la distance. J’enregistre le document.

    Je suis entouré d’amis, journalistes, voisins, parents qui, pour la plupart, minimisent le mouvement des gilets jaunes. Sur Facebook, l’incendie se propage, mais dans les médias mainstream, on avance pépère, traitant les manifestants au mieux d’olibrius ou de beaufs (Jacques Julliard), au pire de « racailles cagoulées » (Pascal Bruckner), « de salopards d’extrême droite ou d’extrême gauche qui viennent taper du policier » (Luc Ferry) ou de « hordes de minus, de pillards rongés par le ressentiment comme par les puces » (F-O Giesbert). Chaque samedi, tandis que le Président se terre, les gilets jaunes occupent pourtant de plus en plus d’espace. Mes interlocuteurs reprennent souvent l’acmé des commentaires médiatiques, s’effraient de la violence de la rue, critiquent l’absence d’organisation et de revendications claires, amalgament les gilets jaunes à l’extrême droite. Ces raisonnements m’apparaissent étriqués, dupliqués et in fine dénués de fondement. Ils expriment une peur de l’inconnu et de l’insurrection qui couve.

    Je viens de publier une enquête qui décrit la façon dont les milliardaires, aidés par les banques d’affaires et les cabinets d’avocats, pillent les États (« Les prédateurs », avec Catherine Legall, Le Cherche-midi, 2018). J’ai beaucoup réfléchi, écrit des livres, réalisé des documentaires autour de la question de ces inégalités croissantes, de la prégnance de la finance sur l’économie, et de la paupérisation de nos économies : comment un pays aussi riche que les nôtre peut-il produire autant de pauvreté ? Je prends le parti sur les réseaux sociaux, comme lors de débats publics, des gilets jaunes. Ils expriment une révolte salutaire, essentielle. Ils nous rendent honneur et fierté malgré les excès et les bavures. On me relance alors régulièrement : « Tu as lu Crépuscule ? Tu as vu la vidéo de Juan Branco chez Mermet ? ». Un soir de la fin décembre 2018, je me tape les deux. Je découvre d’abord un jeune homme calme et fougueux, à la pensée structurée qui développe une critique argumentée et originale du macronisme. Puis je me plonge dans « Crépuscule ». J’en sors fatigué mais emballé. Je n’ai pas lâché son manuscrit. Malgré les digressions et la posture parfois emphatique, c’est la première fois que je lis une histoire aussi fouillée et convaincante de ce que pourrait être le macronisme qui apparaît ici comme une splendide arnaque démocratique.

    Le macronisme n’est ni un humanisme, ni une idéologie. C’est – à l’évidence, à la lecture de Crépuscule- une invention d’oligarques. C’est un système de préservation et d’optimisation des acquis d’une (grande) bourgeoisie qui ne savait plus à quels saints se vouer après la déconfiture des deux précédents mandats présidentiels.

    Emmanuel Macron est passé par là. Il a conquis les foules. Il marche sur l’eau. Il consolide et perpétue le rapport de domination des élites sur le peuple. Il ne cherche pas à s’enrichir ou à enrichir précisément sa famille tel le tyran classique et âpre au gain. Mais, il est dur au mal, travaille pour sa caste, ses amis, ceux qui l’ont aidé à conquérir le pouvoir. Il cherche à préserver et à faire prospérer leurs intérêts. Le macronisme est une forme élaborée, moderne et high tech de despotisme. Un despotisme éclairé certes mais un despotisme quand même.

    Rien que ça ?
    Rien que ça.

    Le manuscrit dans sa première version – Juan intervient régulièrement sur son blog pour peaufiner son texte- se divise en deux parties. La première -une centaine de feuillets- est un monologue sur la prise de pouvoir d’Emmanuel Macron. La seconde plus courte -une quarantaine de feuillets- est un portrait du nouveau secrétaire d’État chargé de la Jeunesse et des Sports, Gabriel Attal. Les deux sont réunis sous la bannière d’un « Crépuscule » promis au jeune président et à ses affidés (dont le méconnu Gabriel Attal). La rumeur autour du texte et les téléchargements vont bon train. Juan devient assez vite une star des réseaux sociaux et multiplient les vidéos et interventions sur Facebook et Twitter. Fin décembre, son texte a été téléchargé plus de cent mille fois et certaines de ses vidéos comptent deux millions de vues.

    Nous entretenons une courte relation épistolaire. J’invite Juan à reprendre son texte, à le densifier, à le fluidifier en pensant à son lecteur. Je le pousse à faire un travail journalistique et pédagogique et lui propose de chercher un éditeur. Je le fais sans calcul, par passion pour cette histoire et ce manuscrit en devenir. Je n’avais encore jamais lu ni compris à ce point les raisons profondes du macronisme. J’avais bien compris que les médias faisaient la promotion d’Emmanuel Macron. J’avais lu ça et là qu’il copinait avec Xavier Niel. Je m’étais étonné de voir la reine des paparazzis Mimi Marchand s’occuper en exclusivité de l’image du Président. J’avais relevé que Brigitte Macron ne portait que des fringues appartenant à des entreprises de Bernard Arnault. Mais je n’avais jamais fait de lien entre ces événements et d’autres contés par Juan Branco.

    Je baignais dans un bain d’eau tiède, à peine énervé de lire et d’entendre, à longueur d’éditoriaux ou d’apparitions télévisées, des commentaires laudatifs sur la jeunesse et la l’intelligence d’Emmanuel Macron. Quelle chance nous avions ! J’avais fermé les écoutilles. Je somnolais. J’étais comme ces grenouilles qui ne se rendent jamais compte qu’elles vont finir ébouillantées. Les pauvres…

    Les gilets jaunes nous ont réveillés. Juan, par son parcours et sa position dans l’appareil d’État, par son âge et ses relations avec les leaders de cette République en marche, participe à ce réveil de nos consciences endolories. Il nous permet de mieux appréhender la chose macronienne. Et de cerner l’horreur naissante.

    – Horreur, tu veux dire « aurore » ?
    – Non, je veux dire « Horreur ».
    – Tu déconnes ?
    – Non, rien de ce qui est proposé n’est défendable. Ce qui est horrible, c’est autant le programme économique et fiscal que la manière avec laquelle on nous l’enrobe et la lutte des classes qui profile…

    Juan Branco est un pirate et un insider. Il raconte, de l’intérieur, l’avènement d’Emmanuel Macron et des trentenaires qui l’entourent et l’encouragent. Tous ont le même profil : dents longues, ambition dévorante, pensée aseptisée et dénuée d’affect pour tout ce qui concerne le « peuple ». L’idée même du peuple. Le mot est banni de leur vocabulaire. « Ils ne sont pas corrompus. Ils sont la corruption » écrit Juan avec affectation et un certain réalisme. A les voir travailler et communiquer, on peut lui donner raison.

    Juan a vingt-neuf ans. Il a été le directeur de cabinet d’Aurélie Filippetti avant qu’elle ne devienne ministre et le vire. Il a côtoyé, à ce titre, les patrons de chaînes de télé et de journaux. Il a été dragué par les adeptes de la République en marche et par Xavier Niel. Il est normalien, a fréquenté l’école alsacienne à Paris où il a partagé la scolarité de Gabriel Attal qu’il a connu sarkoziste, socialiste et maintenant macronien pur sucre. Cet Attal est une sorte de quintessence de la philosophie présidentielle. La description qu’il en fait est glaçante et sert détonateur au livre. Ce jeune homme bien mis, ministre à 29 ans, symbolise à la perfection le triomphe du vide politique et du progressisme libéral. Cette modernité constamment mise en avant évacue toute idée d’intérêt général et déifie l’absence de scrupules. Seule compte la marche en avant vers nulle part, la victoire individuelle, le Rolex à trente ans et le nouveau smartphone.

    On est ici dans la saga d’un gouvernement qui court pour ne pas tomber, qui cache des accords passés. A lire Branco, on déchiffre et on réalise la trahison. On la voit. C’est de cela qu’il s’agit. D’une perfidie. D’une tromperie sur la qualité de l’offre politique. Le président qui veut légiférer sur les fake news est lui-même le produit d’une immense fake news. Celle d’un jeune provincial supérieurement intelligent qui œuvrerait pour le bien de tous et se serait levé un matin en rêvant à son destin présidentiel. A lire Branco, l’histoire devient plus grise, intéressante, secrète, chaotique, compromettante. Et crépusculaire.

    Emmanuel Macron transparaît dans ce récit comme le produit d’une manipulation de l’opinion. Grâce au raisonnement mis en place, aux faits énoncés et sourcés, Emmanuel Macron, aussi brillant soit-il, est dévoilé comme le candidat d’un système oligarchique à bout de souffle qui avait intérêt à se trouver une vitrine et un storytelling sous peine de disparaître.

    Comme manifestation incontestable de cette scénarisation de la vie politique, prenons l’exemple du 10 décembre 2018. Ce soir-là, en pleine crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron, dans une allocution télévisée millimétrée, annonçait que tous les employeurs qui le pouvaient devraient verser une prime de fin d’année à leurs salariés. Cette prime ne serait pas soumise à l’impôt. Le Président, acculé par la colère des gilets jaunes, lançait un appel aux entrepreneurs. Help-me. Le 11 au matin, dans un improbable mimétisme, les PDG d’Altice, de Free, de LVMH, d’Orange et quelques autres annoncèrent qu’ils allaient tous lâcher autour de mille euros pour chacun de leurs employés, en vertu d’un « nécessaire effort de solidarité nationale ». Patrick Drahi, Xavier Niel, Bernard Arnault, Stéphane Richard, pour ne citer que quatre des principaux supporters d’Emmanuel Macron, répondaient présents. Tout était à l’évidence prévu, prémédité. Il fallait réagir vite et lâcher un peu de cash. Les amis et les sponsors de la campagne d’Emmanuel Macron ont répondu présents. Comment pouvait-il en être autrement ?

    En cette fin d’année 2018, les actionnaires du Cac 40 se distribuaient 47 milliards de dividendes, la fortune de Bernard Arnault doublait, Emmanuel Macron s’arcboutait sur le maintien de l’ISF. Il l’avait promis à ceux qui avaient financé sa campagne, à toutes ces familles, qui, à coups de chèques de 7500 euros, avaient exigé plus de justice fiscale… pour elles. En cette fin d’année, curieux paradoxe, le nombre d’individu vivant sous le seuil de pauvreté dépassait en France les neuf millions.

    Et les amis du Président, sous la pression des gilets jaunes, lâchaient leur obole. De même l’État, inquiet de voir chaque samedi le peuple des ronds-points s’approcher des centre villes, réglait ses primes à la police en leur offrant des flash-balls flambant neufs et très performants. Plus tard, ils feront voter une loi anticasseur et assumeront sans faillir leur dérive autoritaire.

    Je profite de la fin d’année et du début janvier pour faire la tournée des popotes en invitant plusieurs de mes amis éditeurs à lire le texte de Juan. Je suis d’un naturel confiant. Juan multiplie les followers et les libraires s’emballent pour la version numérique et si littéraire de Crépuscule. Je préviens mes amis éditeurs que le texte sera complété et amélioré. J’explique qu’on est dans la tradition très française des pamphlets. Que celui-ci est une œuvre salutaire. Depuis le livre de Christian Eckert où l’ancien ministre du Budget racontait comment Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, avait abusé de son passage à Bercy, pour bâtir sa campagne des présidentielles (« Un ministre ne devrait pas dire ça, Robert Laffont, 2018) , personne ne s’était attelé à dire, avec autant de précision, d’où venait le Président, ni comment il avait construit son succès... Je vais essuyer cinq refus. La plupart du temps, la première lecture -celle de l’éditeur- est positive. C’est ensuite -quand on monte dans l’organigramme de la maison d’édition- que les choses se gâtent. Malgré les dizaines de milliers de téléchargement sur Internet, malgré la crise des gilets jaunes et le lien évident entre celle-ci et le livre de Juan, aucun éditeur important ne veut prendre le risque de le publier. La question est, à l’évidence, moins judiciaire que politique. Même si, curieuse conjonction des temps, le 9 janvier 2019, Aurore Bergé, la porte-parole de LREM, annonçait avoir porté plainte contre Juan (et le chroniqueur Thomas Guénolé) pour incitation à la haine et à la violence. « Il y a pire que celui qui menace, que celui qui tabasse, que celui qui intimide, il y a ceux qui arment les esprits pour légitimer ces violences dans notre pays », indiquait la députée des Yvelines (à Paris-Match).

    Le refus du manuscrit et les attaques contre Juan me dépriment au point qu’avec un ami j’envisage de participer à son édition à titre personnel. J’en étais là quand deux éditeurs un peu plus indépendants et enthousiastes que les autres ont pris contact.

    Ce que vous avez entre les mains, cette chronique d’un effondrement qui peut advenir, est le fruit d’une courte maturation. Sa lecture permet de mieux comprendre comment et pourquoi, ce président a si peur du peuple et compte tellement sur la police pour sauver sa réputation et celle de ses amis. Les grandes messes macroniennes, érigées en débats, occupent en ce mois de février finissant, à temps quasi complet, les écrans. Elles retardent une échéance qui semble, à lire Juan Branco, inéluctable. J’aurais pu dire « espérée ». Je n’en suis pas sûr. Contrairement à l’auteur de Crépuscule, je ne suis pas persuadé que l’effondrement puis la destitution d’Emmanuel Macron soit la seule issue au conflit qui agite le pays. Ni la meilleure.

    Jamais des politiques fiscales et économiques n’ont été autant construites, vendues et inventées pour bénéficier aux classes supérieures déjà si riches et dominantes. L’absence de contre-pouvoir médiatique et d’offre politique crédible à opposer sont désespérantes. Nous nous sommes laissés endormir et berner. Mais nous avons été des électeurs consentants. Et ce qui profile n’est pas la fin d’un monde, juste son déclin, sa nuit. Son tumulte. Son désordre. Sa confusion. Pourquoi croire au pire ? Espérons l’aube, le calme, le silence et la justice. Espérons des hommes debout, déterminés et lucides.

    Contrairement à la vision sombre et sans autre alternative qu’une révolution forcément sanglante, développée par Juan, il reste un peu de temps et des espoirs. Il reste aussi des journalistes dans les médias mainstream, comme dans la presse alternative et indépendante, pour poursuivre le travail d’enquête autour du macronisme. Et inverser la tendance lourde qui voudrait enterrer les gilets jaunes sous les gravats du ressentiment des managers en place.

    Ce livre est différent de ce qui s’édite et se lit usuellement sur Emmanuel Macron, ceux qui l’ont amené à l’Élysée et ceux qui vivent grassement aux crochets de cette République en marche vers leur néant. Son auteur assume pleinement et courageusement une forme de trahison. Juan vit à Saint Germain des Près. C’est un jeune bourgeois qui rompt avec sa classe, ses maîtres, certains de ses amis, ses collègues de Normale Sup et de Science po. Il vit depuis près d’un an grâce au RSA. Gageons que cela lui sera reproché. Il a aussi rompu avec sa vie d’avant et ses salaires de banquiers pour entreprendre ce travail pour lui-même, sur lui-même et pour nous. Il n’a rien prémédité. Il s’est levé un matin et s’est mis à écrire. À prendre ce risque parce que le reste -tout le reste- lui paraissait insupportable.

    « Crépuscule » nous éclaire – c’est son paradoxe- sur la face obscure de ce pouvoir déliquescent. C’est d’abord un exercice de lucidité.

    Le « cadeau pour les fêtes » (publié le 21/12/2018) : vidéo de l’entretien de Daniel Mermet avec Juan Branco : https://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/Juan-Branco-desosse-Macron

    Juan Branco vient de ce monde-là. Avocat, philosophe, chercheur, diplômé des hautes écoles qui fabriquent les élites de la haute fonction publique, à 30 ans il connaît ce monde de l’intérieur. Sur son blog, il publie « CRÉPUSCULE », une enquête sur les ressorts intimes du pouvoir macroniste et ses liens de corruption, de népotisme et d’endogamie, « un scandale démocratique majeur : la captation du pouvoir par une petite minorité, qui s’est ensuite assurée d’en redistribuer l’usufruit auprès des siens, en un détournement qui explique l’explosion de violence à laquelle nous avons assisté.

  • Grand #débat : des intellectuels pris en otage - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2019/03/19/grand-debat-des-intellectuels-pris-en-otage_1716086

    En le regardant parler pendant huit heures, écoutant certes chacun et répondant en effet aux questions, j’ai compris à quoi nous servions. Comme les maires, nous constituions le mur sur lequel le Président faisait ses balles, jouissant de la puissance de ses muscles et de la précision de ses gestes et donc de la propre expression, cent fois ressentie, de son moi. Nous étions son faire-valoir.

    Sur les questions économiques et sociales, là où il y aurait en effet pu avoir débat, c’est-à-dire discussion animée sur des solutions diverses, la porte a été systématiquement refermée. La réponse aux toutes premières questions a clairement indiqué la voie : il n’y aura ni augmentation des dépenses publiques (ici litanie sur la dette léguée aux générations futures) ni augmentation des impôts des plus aisés (là refrain sur le poids de la pression fiscale) ni grand plan d’investissement dans la transition écologique et sociale (Nicolas Sarkozy l’a fait, et cela n’a rien changé…) ni expérimentation du revenu de base. Fermez le ban.

    • Avec toutes ces boules à facettes, je propose que ce soit un jour sur deux la salle de bains collective parce que danser c’est bien mais se laver c’est pas mal aussi, faudra repeindre les machins romains dorés en jaune, c’est moins cher. Et virer ces chaises qui sont d’un triste.

    • Frédéric Lordon ainsi que Gérard Noiriel ont refusé cette prise d’otage. La réponse de Lordon :

      Cher Monsieur Macron,

      Vous comprendrez que si c’est pour venir faire tapisserie le petit doigt en l’air au milieu des pitres façon BHL, Enthoven, ou des intellectuels de cour comme Patrick Boucheron, je préférerais avoir piscine ou même dîner avec François Hollande. Au moins votre invitation ajoute-t-elle un élément supplémentaire pour documenter votre conception du débat. Savez-vous qu’à part les éditorialistes qui vous servent de laquais et répètent en boucle que la-démocratie-c’est-le-débat, votre grand débat à vous, personne n’y croit ? Vous-même n’y croyez pas davantage. Dans une confidence récente à des journalistes, qui aurait gagné à recevoir plus de publicité, vous avez dit ceci : « Je ressoude, et dès que c’est consolidé je réattaque ». C’est très frais. Vous ressoudez et vous réattaquez. C’est parfait, nous savons à quoi nous en tenir, nous aussi viendrons avec le chalumeau.

      En réalité, sur la manière dont vous utilisez le langage pour « débattre » comme vous dites, nous sommes assez au clair depuis longtemps. C’est une manière particulière, dont on se souviendra, parce qu’elle aura fait entrer dans la réalité ce qu’un roman d’Orwell bien connu avait anticipé il y a 70 ans très exactement – au moins, après la grande réussite de votre itinérance mémorielle, on ne pourra pas dire que vous n’avez pas le sens des dates anniversaires. C’est une manière particulière d’user du langage en effet parce qu’elle n’est plus de l’ordre du simple mensonge.

      Bien sûr, dans vos institutions, on continue de mentir, grossièrement, éhontément. Vos procureurs mentent, votre police ment, vos experts médicaux de service mentent – ce que vous avez tenté de faire à la mémoire d’Adama Traoré par experts interposés, par exemple, c’est immonde. Mais, serais-je presque tenté de dire, c’est du mensonge tristement ordinaire.

      Vous et vos sbires ministériels venus de la start-up nation, c’est autre chose : vous détruisez le langage. Quand Mme Buzyn dit qu’elle supprime des lits pour améliorer la qualité des soins ; quand Mme Pénicaud dit que le démantèlement du code du travail étend les garanties des salariés ; quand Mme Vidal explique l’augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers par un souci d’équité financière ; quand vous-même présentez la loi sur la fake news comme un progrès de la liberté de la presse, la loi anti-casseur comme une protection du droit de manifester, ou quand vous nous expliquez que la suppression de l’ISF s’inscrit dans une politique de justice sociale, vous voyez bien qu’on est dans autre chose – autre chose que le simple mensonge. On est dans la destruction du langage et du sens même des mots.

      Si des gens vous disent « Je ne peux faire qu’un repas tous les deux jours » et que vous leur répondez « Je suis content que vous ayez bien mangé », d’abord la discussion va vite devenir difficile, ensuite, forcément, parmi les affamés, il y en a qui vont se mettre en colère. De tous les arguments qui justifient amplement la rage qui s’est emparée du pays, il y a donc celui-ci qui, je crois, pèse également, à côté des 30 ans de violences sociales et des 3 mois de violences policières à vous faire payer : il y a que, face à des gens comme vous, qui détruisent à ce point le sens des mots – donc, pensez-y, la possibilité même de discuter –, la seule solution restante, j’en suis bien désolé, c’est de vous chasser.

      Il y a peu encore, vous avez déclaré : « Répression, violences policières, ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit ». Mais M. Macron, vous êtes irréparable. Comment dire : dans un Etat de droit, ce ne sont pas ces mots, ce sont ces choses qui sont inacceptables. À une morte, 22 éborgnés et 5 mains arrachées, vous vous repoudrez la perruque et vous nous dites : « Je n’aime pas le terme répression, parce qu’il ne correspond pas à la réalité ». La question – mais quasi-psychiatrique – qui s’en suit, c’est de savoir dans quelle réalité au juste vous demeurez.

      Des éléments de réponse nous sont donnés par un article publié il y a de ça quelques jours par le Gorafi sous le titre : « Le comité de médecine du ministère de l’intérieur confirme que le LBD est bon pour la santé ». On peut y lire ceci : « Christophe Castaner s’est réjoui des résultats des tests du comité de médecins et a aussitôt signé une ordonnance qualifiant de rébellion et outrage à agent toute personne qui mettrait en cause la fiabilité de cette étude ». M. Macron, voyez-vous la minceur de l’écart qui vous tient encore séparé du Gorafi ? Vous êtes la gorafisation du monde en personne. Sauf que, normalement, le Gorafi, c’est pour rire. En réalité, personne ne veut vivre dans un monde gorafisé. Si donc le macronisme est un gorafisme mais pour de vrai, vous comprendrez qu’il va nous falloir ajuster nos moyens en conséquence. Et s’il est impossible de vous ramener à la raison, il faudra bien vous ramener à la maison.

      Tous les glapissements éditorialistes du pays sur votre légitimité électorale ne pourront rien contre cette exigence élémentaire, et somme toute logique. En vérité, légitime, vous ne l’avez jamais été. Votre score électoral réel, c’est 10%. 10% c’est votre score de premier tour corrigé du taux d’abstention et surtout du vote utile puisque nous savons que près de la moitié de vos électeurs de premier tour ont voté non par adhésion à vos idées mais parce qu’on les avait suffisamment apeurés pour qu’ils choisissent l’option « ceinture et bretelles ».

      Mais quand bien même on vous accorderait cette fable de la légitimité électorale, il n’en reste plus rien au moment où vous avez fait du peuple un ennemi de l’État, peut-être même un ennemi personnel, en tout cas au moment où vous lui faites la guerre – avec des armes de guerre, et des blessures de guerre. Mesurez-vous à quel point vous êtes en train de vous couvrir de honte internationale ? Le Guardian, le New-York Times, et jusqu’au Financial Times, le Conseil de l’Europe, Amnesty International, l’ONU, tous sont effarés de votre violence. Même Erdogan et Salvini ont pu s’offrir ce plaisir de gourmets de vous faire la leçon en matière de démocratie et de modération, c’est dire jusqu’où vous êtes tombé.

      Mais de l’international, il n’arrive pas que des motifs de honte pour vous : également des motifs d’espoir pour nous. Les Algériens sont en train de nous montrer comment on se débarrasse d’un pouvoir illégitime. C’est un très beau spectacle, aussi admirable que celui des Gilets Jaunes. Une pancarte, dont je ne sais si elle est algérienne ou française et ça n’a aucune importance, écrit ceci : « Macron soutient Boutef ; les Algériens soutiennent les Gilets Jaunes ; solidarité internationale ». Et c’est exactement ça : solidarité internationale ; Boutef bientôt dégagé, Macron à dégager bientôt.

      Dans le film de Perret et Ruffin, un monsieur qui a normalement plus l’âge des mots croisés que celui de l’émeute – mais on a l’âge de sa vitalité bien davantage que celui de son état civil –, un monsieur à casquette, donc, suggère qu’on monte des plaques de fer de 2 mètres par 3 sur des tracteurs ou des bulls, et que ce soit nous qui poussions les flics plutôt que l’inverse. C’est une idée. Un autre dit qu’il s’est mis à lire la Constitution à 46 ans alors qu’il n’avait jamais tenu un livre de sa vie. M. Macron je vous vois d’ici vous précipiter pour nous dire que voilà c’est ça qu’il faut faire, lisez la Constitution et oubliez bien vite ces sottes histoires de plaques de fer. Savez-vous qu’en réalité ce sont deux activités très complémentaires. Pour être tout à fait juste, il faudrait même dire que l’une ne va pas sans l’autre : pas de Constitution avant d’avoir passé le bull.

      C’est ce que les Gilets Jaunes ont très bien compris, et c’est pourquoi ils sont en position de faire l’histoire. D’une certaine manière M. Macron, vous ne cessez de les y inviter. En embastillant un jeune homme qui joue du tambour, en laissant votre police écraser à coups de botte les lunettes d’un interpellé, ou violenter des Gilets Jaunes en fauteuil roulant – en fauteuil roulant ! –, vous fabriquez des images pour l’histoire, et vous appelez vous-même le grand vent de l’histoire.

      Vous et vos semblables, qui vous en croyez la pointe avancée, il se pourrait que vous finissiez balayés par elle. C’est ainsi en effet que finissent les démolisseurs en général. Or c’est ce que vous êtes : des démolisseurs. Vous détruisez le travail, vous détruisez les territoires, vous détruisez les vies, et vous détruisez la planète. Si vous, vous n’avez plus aucune légitimité, le peuple, lui, a entièrement celle de résister à sa propre démolition – craignez même que dans l’élan de sa fureur il ne lui vienne le désir de démolir ses démolisseurs.

      Comme en arriver là n’est souhaitable pour personne, il reste une solution simple, logique, et qui préserve l’intégrité de tous : M. Macron, il faut partir. M. Macron, rendez les clés.

  • Derrière la privatisation d’Aéroports de Paris, le contrôle d’un patrimoine immobilier qui vaut de l’or
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/19/derriere-la-privatisation-d-adp-le-controle-d-un-pactole-immobilier_5438180_

    C’est l’un des points sensibles de la privatisation du Groupe #ADP : l’acquéreur des 50,63 % de l’Etat dans les plates-formes de Roissy, d’Orly et du Bourget prendra aussi le contrôle d’un des plus beaux patrimoines fonciers d’Ile-de-France. Le groupe possède près de 6 700 hectares autour de Paris. Des terrains consacrés à l’activité aéroportuaire pour l’essentiel, mais pas tous : pas moins de 1 242 hectares, autant que les 18e et 19e arrondissements de Paris réunis, sont réservés à des opérations immobilières. Des emplacements qui valent de l’or, à proximité immédiate des aéroports et dans un Grand Paris engagé dans une croissance à marche forcée.

    « Ce portefeuille foncier est un aspect qui différencie ADP des autres groupes aéroportuaires », souligne Yan Derocles, spécialiste de l’entreprise chez l’analyste financier Oddo. En cas de privatisation, l’Etat récupérera, au terme d’une concession de soixante-dix ans, « l’intégralité du foncier » et de ce qui aura été bâti dessus, assure le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Sans apaiser une double inquiétude : que la sous-valorisation de ce patrimoine offre un magnifique cadeau de bienvenue aux acheteurs, et que la puissance publique perde toute possibilité d’orienter le développement de ces territoires stratégiquement situés.

    « Alors que la métropole du Grand Paris est confrontée à des défis d’aménagement pour lesquels la maîtrise foncière est un élément-clé, alors que la question des mobilités non polluantes va être essentielle dans les décennies qui viennent, l’Etat se prive d’un levier d’action direct sur l’usage des sols », regrette le géographe Michel Lussault, directeur de l’Ecole urbaine de Lyon et théoricien de ces « hyper-lieux » de la mondialisation dont font partie les aéroports. Lors de la privatisation des aéroports de Lyon et de Nice, l’Etat avait d’ailleurs conservé la propriété du foncier.

    A proximité immédiate des emprises d’ADP, des collectivités et l’Etat mènent leurs propres projets de développement – dont le controversé complexe de commerces et de loisirs Europacity –, projetant parcs d’affaires et zone…

    #paywall

    • sur le site du Groupe ADP

      Immobilier hors terminaux
      https://www.parisaeroport.fr/entreprises/immobilier/immobilier-hors-terminaux/presentation

      Le domaine foncier utilisable pour l’activité immobilière
      Le Groupe ADP est propriétaire de l’ensemble de son domaine foncier qui s’étend sur 6 686 hectares, dont 4 601 hectares réservés pour les activités aéronautiques, 775 hectares de surfaces non exploitables et 1 310 hectares dédiés aux activités immobilières.

      Sur les 381 hectares de réserve foncière disponible, 181 hectares sont situés à Paris-Charles de Gaulle, 136 hectares à Paris-Orly, 64 hectares à Paris-Le Bourget et sur les aérodromes d’aviation générale.

    • Le groupe possède près de 6700 hectares dans des territoires stratégiquement situés autour de Paris, un des plus beaux capitaux fonciers d’Ile-de-France.

      C’est l’un des points sensibles de la privatisation du Groupe ADP : l’acquéreur des 50,63 % de l’Etat dans les plates-formes de Roissy, d’Orly et du Bourget prendra aussi le contrôle d’un des plus beaux patrimoines fonciers d’Ile-de-France. Le groupe possède près de 6 700 hectares autour de Paris. Des terrains consacrés à l’activité aéroportuaire pour l’essentiel, mais pas tous : pas moins de 1 242 hectares, autant que les 18e et 19e arrondissements de Paris réunis, sont réservés à des opérations immobilières. Des emplacements qui valent de l’or, à proximité immédiate des aéroports et dans un Grand Paris engagé dans une croissance à marche forcée.

      Lire l’éditorial : Groupe ADP : une privatisation contestable
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/19/groupe-adp-une-privatisation-contestable_5438217_3232.html
      « Ce portefeuille foncier est un aspect qui différencie ADP des autres groupes aéroportuaires », souligne Yan Derocles, spécialiste de l’entreprise chez l’analyste financier Oddo. En cas de privatisation, l’Etat récupérera, au terme d’une concession de soixante-dix ans, « l’intégralité du foncier » et de ce qui aura été bâti dessus, assure le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Sans apaiser une double inquiétude : que la sous-valorisation de ce patrimoine offre un magnifique cadeau de bienvenue aux acheteurs, et que la puissance publique perde toute possibilité d’orienter le développement de ces territoires stratégiquement situés.

      Lire aussi Les enjeux de la privatisation d’Aéroports de Paris en 6 questions
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/03/13/loi-pacte-les-enjeux-de-la-privatisation-d-aeroports-de-paris-en-six-questio
      « Villes aéroportuaires »
      « Alors que la métropole du Grand Paris est confrontée à des défis d’aménagement pour lesquels la maîtrise foncière est un élément-clé, alors que la question des mobilités non polluantes va être essentielle dans les décennies qui viennent, l’Etat se prive d’un levier d’action direct sur l’usage des sols », regrette le géographe Michel Lussault, directeur de l’Ecole urbaine de Lyon et théoricien de ces « hyper-lieux » de la mondialisation dont font partie les aéroports. Lors de la privatisation des aéroports de Lyon et de Nice, l’Etat avait d’ailleurs conservé la propriété du foncier.

      A proximité immédiate des emprises d’ADP, des collectivités et l’Etat mènent leurs propres projets de développement – dont le controversé complexe de commerces et de loisirs Europacity –, projetant parcs d’affaires et zones commerciales. Des plans qu’un nouvel actionnaire d’ADP pourrait venir perturber en développant une offre concurrente.

      « Le nouvel opérateur va forcément accélérer le développement immobilier, qui n’a pas été très rapide ces dernières années : ADP a optimisé son patrimoine, l’a dépoussiéré, mais a finalement peu construit », estime M. Derocles.

      Le groupe a pourtant fait du développement de véritables « villes aéroportuaires » autour de ses plates-formes un de ses axes de croissance. Des campus de bureaux et des hôtels autour des terminaux sont ainsi bâtis sur des terrains ADP, moyennant un loyer, mais aussi le centre commercial Aéroville d’Unibail-Rodamco-Westfield, à côté de Roissy.

      Du centre d’affaires de Roissypole au quartier tertiaire de Cœur d’Orly, non seulement ADP aménage les terrains, mais joue de plus en plus le rôle d’investisseur et de développeur, restant propriétaire des immeubles qu’il loue à leurs utilisateurs. Le groupe commercialise ainsi 500 000 mètres carrés de bâtiments sans rapport direct avec le transport aérien. Au total, l’immobilier a généré pour ADP un chiffre d’affaires de 265 millions d’euros en 2018, en hausse de 6 %. Cette activité représente 5,9 % de ses recettes et 7,5 % de son excédent brut d’exploitation.

      « Machine à cash »

      Mais les réserves foncières d’ADP seront, pour le futur acquéreur, l’un des actifs les plus faciles à transformer en « machine à cash » pour rentabiliser son investissement. Un gros quart de ces terrains à vocation immobilière sont encore vierges de toute construction : 20 hectares pour des activités liées aux aéroports (entrepôts de fret…) et 335 hectares – deux fois la superficie du quartier d’affaires de la Défense – qui n’attendent que des projets de bureaux, d’hôtels, de commerces pour transformer ces prairies à lapins en lucratifs placements immobiliers et rentes locatives.

      L’arrivée, entre 2024 et 2030, du CDG Express et du Grand Paris Express devrait accélérer l’urbanisation des terrains et faire exploser leur valeur
      Dans ses objectifs stratégiques pour la période 2014-2020, ADP prévoyait une croissance de ses loyers immobiliers comprise entre 10 % et 15 %. Nul doute que les perspectives pour la période suivante, qui seront détaillées aux investisseurs le 5 avril, comprendront un important volet immobilier. L’arrivée, entre 2024 et 2030, du CDG Express, un train direct reliant Roissy au centre de Paris, et du Grand Paris Express, dont quatre gares desserviront les terrains d’ADP, devrait accélérer leur urbanisation et faire exploser leur valeur.
      « Pour l’instant, le manque de transports limitait la demande en bureaux, mais un nouvel opérateur va devoir aller vite pour maximiser sa rentabilité avant d’être dépossédé dans soixante-dix ans », observe l’analyste de Oddo. Comment donner une valeur à ces champs de pissenlits dans l’opération de privatisation ? « C’est très compliqué : nous sommes arrivés à un chiffre de 1,4 milliard d’euros, mais cela dépend énormément de ce qu’on y construit et à quel rythme, on peut facilement multiplier cette estimation par quatre », reconnaît Yan Derocles. Chez les candidats au rachat des parts de l’Etat, évaluées entre 8 et 10 milliards d’euros, les calculettes chauffent.

      La cession d’Aéroports de Paris, une bonne affaire pour l’Etat ?, Philippe Jacqué et Guy Dutheil
      Le gouvernement a tenté de désamorcer les critiques sur la cession d’Aéroports de Paris, débattue jeudi à l’Assemblée nationale.

      C’est la question à 10 milliards d’euros. Si l’Etat cède ses 50,6 % dans Aéroports de Paris (ADP), transformée en concession de soixante-dix ans, fera-t-il une bonne affaire en récupérant de 8 à 10 milliards d’euros, la valorisation de cette participation en Bourse ces derniers mois ?

      Pour le gouvernement, c’est tout vu. « Si l’actif est aujourd’hui relativement rentable, confirme Martin Vial, le commissaire aux participations de l’Etat, son taux de rendement en termes de dividendes a toujours été faible du fait de l’augmentation du prix de l’action. Sur dix ans, son rendement moyen a toujours été plus faible que le reste du portefeuille. »

      Autrement dit, le dividende que rapporte ADP à l’Etat (130 millions d’euros en 2017, plus de 173 millions en 2018), reste trop faible par rapport à l’importance de l’actif dans le portefeuille de l’Etat. Il vaudrait donc mieux le céder et toucher aujourd’hui 8 à 10 milliards d’euros. Cette somme réduira le déficit 2019 et permettra également de limiter la dérive de la dette. De quoi la contenir sous la barre des 100 % de PIB, l’un des objectifs de Bercy.

      Garde-fous
      « D’un point de vue financier, la cession de ses actions n’a d’intérêt pour l’Etat que si le produit de cette cession est supérieur à la somme actualisée des dividendes qu’il pourrait toucher » pendant soixante-dix ans, indique pour sa part François Ecalle, de l’association Fipeco. Aujourd’hui, la capitalisation boursière d’Aéroports de Paris (16,5 milliards d’euros pour l’ensemble) intègre en grande partie le rendement attendu par les actionnaires d’ADP, qu’il s’agisse des dividendes ou des bénéfices à venir. Le futur acquéreur devra donc proposer mieux que la valorisation actuelle de la Bourse s’il acquiert la totalité des parts de l’Etat.

      « A court terme, c’est une bonne affaire pour l’Etat de céder sa participation car il obtient de l’argent immédiatement », indique Estelle Malavolti, professeure à l’ENAC à Toulouse, chercheuse associée à la Toulouse School of Economics. En revanche, il s’agirait selon elle d’une « stratégie court-termiste » pour une société actuellement bien gérée.

      « A moyen terme, assure-t-elle, les perspectives de croissance des investissements déjà financés par l’Etat, comme l’extension de Roissy ou les travaux d’agrandissement et de modernisation à Orly, devraient encore accroître la rentabilité d’ADP. Si l’Etat vend, ces investissements bénéficieront au prochain propriétaire. »

      Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La privatisation d’ADP introduit un nouvel acteur qui sera opposé à toute évolution des politiques environnementales »
      Au-delà du prix, tout le monde garde en tête le fiasco de la concession des autoroutes. Les 15 milliards d’euros touchés par l’Etat en 2006 lors de leur cession sont apparus trop faibles au fil des ans par rapport au rendement obtenu ensuite par les sociétés privées d’autoroutes avec la hausse des péages.
      Pour éviter ces dérapages, le gouvernement prévoit cette fois-ci des garde-fous. Bercy assure ainsi que « tous les 5 ans, l’Etat et la société qui gérera ADP fixeront ensemble l’évolution des tarifs en fonction des investissements et de la rémunération du capital ».
      D’autres outils existent pour éviter que le privé lèse l’Etat en reprenant ADP. Eric Woerth, le président (LR) de la commission des finances, défend dans un amendement la mise en place dans le cahier des charges d’une « clause de complément de prix » en cas de « gains liés à une surperformance d’ADP » ces prochaines années.

      Il est également possible d’inscrire des clauses de partage des bénéfices, au-delà d’un certain niveau de profit annuel. « Tout peut se faire, confirme Stéphane Saussier, économiste spécialisé sur les partenariats public-privé, mais si un partage des bénéfices est prévu, cela fera baisser pour l’Etat le prix de la cession de l’aéroport. Rien n’est gratuit ! »

      Enfin, « tout le monde pense qu’ADP connaîtra un avenir radieux et que ses revenus ne feront qu’augmenter, ajoute M. Saussier. Mais soixante-dix ans, c’est long. La fiscalisation du kérosène des avions peut intervenir, tout comme l’irruption rapide de modes alternatifs de transport, et ainsi toucher le secteur. Il existe donc une part de risque. »

      « La privatisation d’ADP introduit un nouvel acteur qui sera opposé à toute évolution des politiques environnementales », Bruno Deffains, Professeur d’éco à l’université Panthéon-Assas,
      Thomas Perroud, Professeur de droit public à l’université Panthéon-Assas, 26 février 2019

      Dans une tribune au « Monde », l’économiste Bruno Deffains et le juriste Thomas Perroud expliquent que la situation de monopole d’Aéroports de Paris devrait suffire à stopper le projet de privatisation.

      « Il n’est même plus possible aujourd’hui de mettre en œuvre la gratuité des péages pour les transports d’intérêt général comme le SAMU ! Est-ce cela que l’on veut pour Aéroports de Paris ? »
      Tribune. L’ingénieur Paul-Adrien Hyppolite, dans Le Monde du 8 février, avance des arguments en faveur de la privatisation d’Aéroports de Paris. Cette tribune marque, en un sens, le ralliement des grands corps techniques de l’Etat à la privatisation d’un service public… alors même que ces corps ont jadis constitué le secteur public et son succès.

      C’est désormais du passé. En même temps, un article du Monde du 16 février affirme que, malgré de très bons résultats financiers, ADP ne baissera pas les redevances pour les usagers. Quel meilleur indice de l’avenir qui se profilera : des aéroports qui ne travaillent plus pour les usagers, la privatisation devant servir les intérêts des nouveaux managers et des actionnaires.

      Les arguments avancés en faveur de la privatisation nous semblent dans ces conditions mériter une discussion plus approfondie. La rentabilité de l’entreprise qui sera cédée est-elle de 7 % ou de 1,6 % ? Cette querelle oppose deux façons d’évaluer la rentabilité d’une entreprise, la rentabilité financière, qui intéresse le propriétaire, et la rentabilité économique qui mesure la performance de la mise en œuvre des capitaux, indépendamment de leur mode de financement.
      Autrement dit, la rentabilité économique d’une entreprise a pour fonction de mesurer sa capacité à être rentable dans l’exploitation de ses affaires en dehors de toute considération de dettes et de charges financières. On comprend que les propriétaires ou les actionnaires s’intéressent surtout à la rentabilité financière, car c’est la rentabilité des capitaux qu’ils ont placés dans l’entreprise.

      Comment évaluer la valeur d’un aéroport ?

      Maintenant, si l’on considère l’intérêt de la collectivité et pas uniquement des actionnaires, ce point de vue se discute fortement. Non seulement l’intérêt financier de l’Etat à l’opération à moyen et long terme est plus que douteux, mais en outre l’intérêt de la collectivité se trouve posé au regard de la rentabilité économique d’ADP. Or, c’est d’une approche globale de l’intérêt de l’opération dont nous avons besoin.
      Non seulement l’intérêt financier de l’Etat à l’opération à moyen et long terme est plus que douteux, mais en outre l’intérêt de la collectivité se trouve posé au regard de la rentabilité économique d’ADP

      Justement, l’évaluation de l’intérêt de la vente pour la société est loin d’être simple. Car comment évaluer la valeur d’un aéroport ? On n’évoque généralement qu’une seule méthode, celle de la somme des flux futurs actualisés, utilisée couramment lorsque l’on souhaite vendre une entreprise du secteur commercial. Or, cette méthode n’est pas la seule, elle est fortement dépendante des prévisions économiques et elle présente également une certaine part d’arbitraire. Pour que l’opinion publique puisse juger de la valeur d’ADP, il faudrait une évaluation reposant sur l’ensemble des méthodes disponibles. Or, ces chiffres n’ont pas été fournis.

      La méthode des flux futurs actualisés a déjà été utilisée pour l’évaluation des autoroutes. On en mesure aujourd’hui le succès. Désormais, les compagnies privées ont fini de rembourser ce qu’elles avaient payé. Les automobilistes sont captifs et l’Etat se prive tous les ans d’un argent qu’il aurait pu investir dans la construction d’autres infrastructures.
      De surcroît, l’Etat perd la main sur un élément essentiel de la politique de transport. Comment peut-on croire une seconde que le cahier des charges qui sera signé pourra prévoir sur 70 ans les politiques à mener ? Faudra-t-il indemniser l’opérateur à chaque fois qu’il sera souhaitable de réformer le transport aérien ?

      Exemples à l’étranger

      La privatisation des autoroutes et d’ADP introduit un nouvel acteur dans le jeu politique qui sera farouchement opposé à toute évolution des politiques environnementales qui pourraient réduire sa rentabilité, alors même que la politique des transports doit être en harmonie avec ces politiques. Il n’est même plus possible aujourd’hui de mettre en œuvre la gratuité des péages pour les transports d’intérêt général comme le SAMU ! Est-ce cela que l’on veut pour Aéroports de Paris ?

      Il est tout aussi pertinent de s’interroger sur l’indemnité préalable qui sera versée à ADP en avance de son hypothétique renationalisation. Là encore, le contribuable risque fort de faire une mauvaise affaire. Lorsque la loi de 2005 a donné la propriété des biens à ADP, les actionnaires ont acheté des parts d’une société qui détient des biens à perpétuité. La loi actuelle ramène cette durée à soixante-dix ans. Il faudrait donc logiquement indemniser la différence entre la perpétuité et soixante-dix ans…

      Est-il bien sérieux d’imaginer qu’un investisseur privé fasse une différence réelle entre les deux ? Les investisseurs privés ont structurellement un biais pour le court terme comme le suggèrent la plupart des analyses en économie comportementale. Les signes d’un court-termisme grandissant sont visibles partout. Dès lors, le préjudice allégué a tout l’air d’un préjudice fantôme, complètement abstrait pour la plupart des investisseurs.

      Peut-on prendre exemple des privatisations à l’étranger ? Il y a en effet, sur le papier, des privatisations réussies, si l’on prend comme indice le flux de passagers. Par exemple, Heathrow, le principal aéroport de Londres a été privatisé, mais il ne faut pas passer sous silence les problèmes de concurrence que cette privatisation a générés.

      Caractère idéologique du projet

      La Commission de la concurrence britannique a en effet, en 2009, estimé que l’opérateur privé gérant l’ensemble des aéroports de Londres devait vendre Stansted et Gatwick, car l’opérateur était en monopole ! N’est-ce pas la situation dans laquelle va se trouver l’opérateur qui achètera ADP ? C’est d’ailleurs Vinci qui a bénéficié de la vente de Gatwick et qui est en passe d’acquérir un monopole de ce côté-ci de la Manche. Aucune évaluation sérieuse de l’impact concurrentiel n’a été établie avant la mise en vente d’ADP, ce qui prouve bien le caractère plutôt idéologique de ce projet.

      La Constitution s’oppose-t-elle à la privatisation ? Les partisans de la privatisation d’ADP prennent argument de l’avis que le Conseil d’Etat vient de rendre sur la privatisation. Dans cet avis le Conseil réitère un critère qu’il avait lui-même dégagé dans l’affaire Bayrou, en 2006, dans laquelle il avait validé la privatisation des autoroutes ! Il prend prétexte de ce que ADP est… régional.

      Absurde quand on sait que ADP est la porte d’entrée de notre pays pour 80 % des dizaines de millions de visiteurs étrangers – 95 % de non Européens – qui arrivent dans notre pays par avion. Autrement dit, l’interprétation du Conseil d’Etat repose en réalité sur une interprétation erronée de la situation d’ADP eu égard aux obligations constitutionnelles qui découlent du préambule.

      Tout montre qu’ADP est bien en position de monopole, comme l’entreprise qui détenait les aéroports londoniens… En somme, et contrairement aux arguments mis en avant, la défense de la privatisation est basée sur des considérations qui ne sont ni précises ni justes.

      Bruno Deffains et Thomas Perroud sont les auteurs de « La privatisation d’Aéroports de Paris et l’alinéa 9 du préambule de la Constitution de 1946 : Aéroports de Paris est un monopole de fait ! »

  • Les 66 propositions du « pacte pour le pouvoir de vivre » , où Berger sort de sa niche avec Hulot et qu’avec L’ImMonde ils se proposent d’amender et sauver le régime
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/05/les-66-propositions-du-pacte-pour-le-pouvoir-de-vivre_5431464_3232.html

    Dans une alliance inédite, dix-neuf organisations, ONG et syndicats présentent mardi 5 mars une série de mesures pour « faire face à l’urgence sociale et économique ».

    Document. Le ton est solennel. Dans un document publié mardi 5 mars, présenté dans Le Monde par Nicolas Hulot, le président de la fondation qui porte son nom, et le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, dix-neuf organisations, ONG et syndicats mettent en garde. « Les alarmes retentissent. Qu’elles viennent de nos organisations depuis des années ou plus récemment de citoyens éloignés de la vie publique, ces alarmes disent la même chose. Un modèle de société qui génère autant d’inégalités et d’injustices et met en péril la vie sur Terre de nos enfants et petits-enfants, et de millions d’êtres humains à travers le monde, n’est plus un modèle. C’est un non-sens », écrivent ces organisations.

    Ces structures – dont l’UNSA, ATD quart-monde, la Mutualité française, France terre d’asile, le Réseau action climat, la FAGE… – sont rassemblées dans une coalition inédite en faveur d’un « nouveau pacte politique, social et écologique », qu’elles définissent comme « un pacte pour l’humain et pour l’humanité (…). Un pacte du #pouvoir_de_vivre, aujourd’hui et demain, dans la dignité et le respect, un pacte qui nous engage tous ».
    A l’appui, 66 propositions, qui vont du logement à la formation, de la lutte contre l’exclusion à la mobilité, de la fiscalité à la politique du grand âge, avec comme exigence centrale la préservation de l’environnement et des conditions de vie futures de l’humanité.

    Avec une vidéo et la liste des propositions, "un quasi-programme politique"...
    #Pacte_social

    Nicolas Hulot et Laurent Berger : « 66 propositions pour un pacte social et écologique », Propos recueillis par Simon Roger, Audrey Garric et Rémi Barroux

    Au nom d’une coalition inédite de 19 organisations, l’ancien ministre et le secrétaire général de la CFDT présentent un pacte visant à concilier transition environnementale et équité.

    Représentant une alliance de dix-neuf organisations issues de la protection de l’environnement et du mouvement social, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, et Nicolas Hulot, ancien ministre de la transition écologique qui a démissionné de son poste en août 2018, aujourd’hui président de la fondation qui porte son nom, présentent un projet « pour donner à chacun le pouvoir de vivre ». Celui-ci rompt avec la politique du gouvernement, sur fond de crise des « gilets jaunes » et de mobilisations pour le climat.

    Vous présentez, mardi 5 mars, soixante-six propositions qui forment un « pacte social et écologique ». Qu’apportez-vous de plus dans le débat actuel sur l’enjeu climatique ?

    Nicolas Hulot Notre alliance : cette coalition veut rendre définitivement indissociable l’enjeu écologique et l’enjeu social. Ce n’est pas un front de dénonciation, mais de proposition. Notre responsabilité, dans un contexte très tendu, au niveau national, européen et, plus encore, au niveau mondial, est de ne pas rester dans le constat, mais d’aller vers la construction, dans la proposition, d’additionner les intelligences et cesser de les opposer.
    Toutes les initiatives en cours, marches, mobilisation des jeunes, etc., sont autant de signaux positifs, incitatifs, à destination des politiques. Dans une démocratie qui fonctionne bien, il faut trouver une forme de synchronisation entre les aspirations citoyennes et la volonté politique.
    Un dénominateur commun existe entre elles : la double soif de cohérence et de dignité. Ces mouvements posent des questions qui doivent être entendues, notamment la demande d’équité – que chacun prenne sa part à proportion de ses moyens –, et de dignité parce qu’il y a des injustices dont on s’est accommodé trop longtemps. Ce n’est plus possible dans un monde où tout se voit, tout se sait.

    Laurent Berger A l’urgence écologique a répondu une ambition très faible. Le mouvement social, qui a bien d’autres causes, s’est cristallisé au départ sur la question de la fiscalité écologique. L’ambition sociale n’est pas antinomique du respect de l’environnement et de l’ambition écologique, et doit être au contraire construite de façon concomitante. Dans notre pacte, se retrouvent des organisations environnementales, des syndicats, des associations de lutte contre la pauvreté, sur le logement, de jeunesse et des mouvements d’éducation populaire.
    Ensemble, nous voulons affirmer l’enjeu de la transition écologique. « L’Affaire du siècle » [quatre associations attaquent l’Etat en justice pour son « inaction climatique »], mais aussi la mobilisation internationale des jeunes, le 15 mars, et la marche du 16 mars pour le climat sont autant de raisons d’espérer. Ne lâchons rien, et même allons beaucoup plus loin sur la transition écologique. Elle contribue aux solidarités, à l’emploi, à la lutte contre la pauvreté. A la condition que l’on fasse les bons choix, notamment en termes de répartition des richesses, en termes de politique fiscale. Ce n’est pas ce qui se fait aujourd’hui.

    Qu’espérez-vous concrètement avec le lancement de la plate-forme ?

    N. H. Il faut rester réaliste, d’autant qu’on est à un point de bascule dans nos sociétés. Nous ne passerons pas d’un état de scepticisme et d’inquiétude à un état d’euphorie. Il en faudrait peu pour basculer vers l’irréversible. Et il n’en faudrait pas non plus beaucoup pour qu’en y mettant des moyens et de la cohérence, on puisse faire un saut qualitatif. Mais les délais sont très courts. Les choix qui vont être faits en Europe et en France sont déterminants sur l’amplitude de la crise écologique, qui se cumule à une crise sociale, économique, culturelle et de civilisation.
    A partir du moment où il y a une expression diversifiée, massive, une injonction presque amicale aux politiques, j’attends qu’ils se sentent pousser des ailes et piochent dans notre boîte à outils, dans les propositions de ceux qui représentent des citoyens, des hommes et des femmes de terrain. Qu’ils ne voient pas cela comme un affront, mais comme une aubaine.
    Il y a une nécessité de rétablir une forme de confiance entre le politique et le citoyen. Ne tombons pas dans le travers démagogique qui est de considérer que ce serait dû au fait que le politique ne comprend rien à rien. Il a les défauts et les qualités du reste de la population. Il faut essayer de comprendre pourquoi, tous les cinq ans, on se soumet à une forme d’illusion et pourquoi, un an et demi après, on retombe sur terre violemment.
    Ce qui ne fonctionne pas, c’est qu’on ne se donne pas les moyens, c’est-à-dire qu’on se débarrasse d’un certain nombre de sujets avec des feuilles de route, des plans mais, bien souvent, sans la capacité de les réaliser, et notamment sans le nerf de la guerre : l’argent. Dans une période de transition qu’il est nécessaire d’accompagner, afin de la rendre socialement acceptable et même désirable, il faut investir.

    Dans quels secteurs ?

    N. H. Les problèmes de précarité énergétique, de mobilité, d’alimentation saine, appellent des investissements massifs. Et l’on sait bien que les marges budgétaires des Etats, si l’on tient compte des critères maastrichtiens et de la réalité de notre budget, sont réduites comme peau de chagrin. Si on ne sort pas des sentiers battus, on entretiendra encore une fois une mystification et une grande désillusion collective.
    Dans nos propositions, il y a deux choses. Premièrement, être capable d’extraire les investissements des critères européens. Deuxièmement, il faut un big bang fiscal parce que la fiscalité actuelle n’est pas juste, que le partage de l’effort n’est pas équitable. La fiscalité s’est accommodée trop longtemps de ce que les plus malins se sont organisés pour échapper à la solidarité. Parce qu’aussi, la fiscalité écologique a toujours été pensée comme additionnelle et punitive – ce qui s’est passé avec la fameuse taxe carbone –, alors qu’il faut faire en sorte qu’elle soit incitative ou dissuasive, mais sans mettre en difficulté.
    Bercy [le ministère de l’économie] doit faire son deuil sur l’affectation de la taxe carbone au budget national. Les recettes doivent être affectées à un coussin social, destiné aux gens qui se retrouvent dans une impasse. Personne ne conteste la nécessité de mettre un prix à la pollution, mais, collectivement, on s’y est très mal pris.

    L. B. Notre objectif, c’est que le gouvernement entende l’ambition que portent un certain nombre d’organisations représentant les corps intermédiaires. Celle-ci ne consiste pas en une simple liste de mesures, c’est celle d’un pacte social pour la transition écologique, la construction d’un autre modèle de développement. Pour cela, il existe plusieurs leviers dont le principal est financier. Il faut des politiques d’investissement, au niveau national comme européen, dignes de ce nom et pour cela, il faut mettre à contribution les flux financiers et rendre la finance plus responsable socialement et écologiquement.
    Le gouvernement doit comprendre que s’il se contente de retenir le troisième tiret d’une proposition, puis le quatrième d’une autre, cela ne fera pas sens. Cette transition doit se faire à hauteur de femme et d’homme. C’est cela que nous appelons le pouvoir de vivre. Nous n’avons pas seulement rédigé une contribution pour le grand débat, nous voulons nous inscrire dans la durée et peser sur les politiques menées, durablement. Et nous espérons qu’elle ne sera pas traitée d’un revers de la main.

    Pourquoi seriez-vous plus entendu aujourd’hui, alors que vous évoquez un « manque d’écoute du gouvernement »…

    L. B. Nous n’avons certes pas la certitude d’être entendus. Le gouvernement peut décider de traverser cette crise en continuant, comme avant, dans une pure logique budgétaire, sans fixer un cap de politiques sociales dans le cadre d’une vraie transition écologique. Si, à la fin du grand débat, la conclusion est soit institutionnelle, soit faite de mesurettes s’inscrivant dans un cadre budgétaire contraint, ce sera un échec. La colère ressurgira sous d’autres formes, avec des issues qui nous inquiètent profondément. Il n’y a pas qu’un enjeu écologique et social, il y a un enjeu démocratique dans la crise que nous traversons.
    Il n’y a que ceux qui n’auront pas essayé de peser sur l’issue du grand débat qui auront fait une connerie. Moi, je suis un peu plus flippé qu’il y a quelques années sur la situation sociale, écologique et démocratique. On aurait tous préféré être écoutés plus en amont. Mais il vaut mieux maintenant que jamais.

    La taxe carbone, point de départ de la colère des « gilets jaunes », peut-elle être conjuguée aux attentes sociales ?

    N. H. Pas telle qu’elle a été mise en œuvre. C’est un vieux débat. A l’époque où l’idée de fixer un prix au carbone avait été mise sur la table, je rappelle que les ONG, dont je faisais partie, avaient parlé de cette contribution climat énergie pour aider ceux qui allaient se retrouver dans la difficulté. La recette de cette taxe doit être intégralement affectée à la dimension sociale. Mais il faut quand même inciter tout le monde à la vertu, et mettre un prix à la pollution. Il faut un dispositif d’ensemble. J’ai toujours fait partie des convaincus qui estimaient que si on voulait cette transition, il fallait intégrer l’élément social. Pourquoi, d’après vous, ai-je appelé mon ministère « de la transition écologique et solidaire » ?
    Mais l’heure n’est ni au constat ni au procès du passé, notre démarche n’est pas agressive, elle est constructive. Personne n’a seul la vérité, mais chacun en détient une part. Le citoyen avec son gilet jaune a sa part de réalité mais ne mésestimons pas les corps intermédiaires, les ONG qui se sont penchées depuis longtemps sur cette question et avaient tiré le signal d’alarme.
    La fiscalité dans son ensemble est un outil de recettes pour certains, mais c’est aussi un outil de régulation. En affirmant les principes de prévisibilité, de progressivité et d’irréversibilité, en quinze ans, on peut changer les modes de production et de consommation. Qu’est-ce qui nous interdit dans la perspective européenne de mettre sur la table une TVA modulable en fonction des impacts sociaux et environnementaux ? Qu’est-ce qui nous interdit d’y aller à fond sur la taxe sur les transactions financières, car si nous ne donnons pas une bouffée d’air aux Etats, nous serons toujours condamnés à l’austérité au Nord et à la misère au Sud. Qu’est-ce qui nous interdit d’inscrire dans les priorités la fin de l’optimisation fiscale dans l’espace européen ?

    La fiscalité apparaît centrale dans votre approche…

    N. H. Si on ne met pas fin à ces injustices, je peux comprendre que la taxe carbone paraisse injuste car dans le même temps l’ISF a été supprimé. En outre, on voit que l’aviation et le transport maritime sont exonérés de cette taxe. Même si j’entends les arguments d’Emmanuel Macron sur l’intérêt d’arrêter cet impôt, il faut mettre l’ensemble de ces sujets sur la table si on veut apaiser les esprits. Que le citoyen n’ait pas le sentiment d’être le seul mis à contribution et que les plus gros pollueurs, les plus puissants, y échappent. Le moment de l’équité et de la vérité fiscale est venu.
    Dans la perspective des élections européennes, il faut mettre la barre très haut. Rien qu’en France, on a besoin de 10 à 30 milliards d’euros en plus pour investir dans la transition. Il ne faut pas les voir comme des éléments de dépense mais comme des éléments d’indépendance. Tout ce qu’on investira dans les énergies renouvelables restera dans nos frontières. Tout ce qu’on économisera grâce à l’efficacité énergétique sera autant d’argent à investir dans le social, la santé, l’éducation. Quand j’étais ministre, on me disait en permanence que, « par principe », on ne pouvait pas sortir des critères de Maastricht. Ce dont je suis sûr, c’est qu’à force de dire « on ne peut pas par principe », cela se terminera forcément mal. On ne peut pas continuer comme cela.

    Etes-vous favorables à la relance de la hausse de la taxe carbone ?

    L. B. Il y a nécessité de relancer la taxe carbone. Est-ce qu’il faut repartir sur le même mécanisme, c’est un vrai sujet. Mais donner un prix au carbone est nécessaire. Il faut aller plus loin : répartir différemment les richesses, taxer davantage les dividendes, taxer les transactions financières.

    N. H. Il faut regarder toutes les possibilités pour donner un prix à la pollution. Certains parlent d’une taxe flottante. D’autres disent que cela n’est pas possible à piloter, mais il me semble qu’en d’autres temps [entre 2000 et 2002], on a eu une TIPP [taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers] flottante. En revanche, on sait ce qu’il ne faut plus faire : une augmentation de la taxe carbone qui ne soit pas redistribuée, soit dans la transition énergétique, soit pour aider les personnes impactées qui n’auraient pas la possibilité de compenser.

    Faut-il rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ?
    L. B. On a besoin d’une contribution fiscale des plus hauts revenus. Est-ce l’ISF ? Les combats perdus ne m’intéressent pas, le gouvernement ne reviendra pas sur la suppression de l’ISF. Une régulation de la finance, en renforçant la lutte contre l’évasion fiscale ou en taxant les GAFA [les géants du numérique, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft], accompagnée par une fiscalité beaucoup plus redistributive avec, par exemple, une tranche d’impôts supplémentaire, peut permettre de dégager les moyens importants que nécessite la transition écologique. On doit mettre les moyens là où on en a le plus besoin – l’investissement productif au service de la transition écologique, la vie quotidienne des Français avec les déplacements, le logement –, et en direction des plus fragiles.

    N. H. La fiscalité écologique a été le bouc émissaire. Il y a eu un manque de transparence et la brutalité d’une hausse sans compensation. Vouloir dégager des marges de manœuvre grâce à la fiscalité écologique est une erreur. J’ai la conviction que pour Bercy, la taxe carbone a été une aubaine. Pour faire des économies, il faudrait plutôt remettre en cause les milliards de subventions aux énergies fossiles, ou revoir la fiscalité sur les dividendes et sur tout ce qui est exonéré en toute immoralité. C’est cela qui crée l’exaspération et la colère des citoyens, et qu’il faut remettre à plat.
    La transition, c’est aussi du concret. On propose, par exemple, un service public de la transition écologique avec un guichet unique. Cela fait partie de ces mille mesures qui restent lettre morte. On se fixe depuis plusieurs gouvernements des objectifs de rénovation des passoires thermiques, mais on ne met pas l’argent. Soit parce que l’on ne va pas le chercher là où il est, soit parce que l’on est prisonnier des critères de Maastricht.

    Comment trouver cet argent ?
    N. H. Les traités européens offrent des flexibilités que l’on n’exploite pas pleinement pour investir massivement dans la transition. L’urgence climatique ne justifie-t-elle pas de déroger, au moins quelques années, au court-termisme budgétaire ? Quand il y a eu la crise économique, on ne s’est pas posé la question de sortir de l’orthodoxie financière en faisant de la création monétaire, pour sauver pas seulement les banques mais aussi les épargnants. Cela a davantage servi à la spéculation plutôt qu’à l’investissement. Aujourd’hui, on s’interdit d’y penser pour sauver non seulement la planète, mais surtout l’avenir de nos enfants. Ça me rend dingue.
    On peut aussi étudier la proposition de Pierre Larrouturou et de Jean Jouzel du pacte finance-climat [qui prévoit notamment la création d’une banque et d’un fonds européen du climat, totalisant jusqu’à 300 milliards d’euros par an].

    L. B. Il faut aussi conditionner un certain nombre d’aides publiques versées aux entreprises au fait qu’elles investissent dans la transition écologique et dans des politiques sociales, comme l’intégration de personnes discriminées. Elles doivent aussi investir dans un partage de la gouvernance.

    Pourquoi la France ne sait-elle pas organiser concrètement la transition, comme assurer la mutation professionnelle liée à la fermeture d’une centrale nucléaire ?

    L. B. Notre pays ne vit que dans l’instant et pâtit d’une incapacité d’anticipation. Quand le moment des choix arrive, ils se déroulent toujours dans une forme d’hystérie et de confrontation stérile. On ne sait pas se fixer un cap clair ou tracer une trajectoire sans mettre les problèmes sous le tapis.

    N. H. Quand on s’est fixé l’objectif de réduire la part du nucléaire de 75 % à 50 % d’ici à 2025, c’était un cas d’école : on met ça dans la loi de transition énergétique et plus personne ne s’en occupe. Quand on regarde après, c’est la panique. C’est pour ça que la transition doit être basée sur trois principes : prévisibilité, progressivité mais irréversibilité.

    Soutenez-vous la mobilisation des jeunes et la grève scolaire internationale du 15 mars ?

    L. B. Je préfère toujours voir des lycéens se mobiliser sur des causes nobles et justes, pour le climat, contre le racisme ou le rejet de l’autre, plutôt que sur des choix sur telle ou telle réforme de droit du travail qui les concernera un jour mais pas tout de suite. Je pense que la jeunesse a un devoir d’alerte et qu’elle l’exerce aujourd’hui. En revanche, je ne soutiens jamais la désobéissance civile. On vit avec des règles communes ; si on les respecte tous, on peut les faire évoluer.

    N. H. Je me réjouis simplement qu’ils se manifestent et expriment leur inquiétude car leur sort est entre nos mains. Je ne pratique pas la désobéissance civile, mais je n’ai pas à dire aux lycéens ce qu’ils doivent faire. Ce signal très intéressant ne peut pas laisser insensibles les uns et les autres.

    Nicolas Hulot, pensez-vous que votre démission ait été le catalyseur de ce mouvement ?

    N. H. Je ne suis pas le mieux placé pour y répondre, mais quand je regarde la chronologie des faits, je me dis que cela y a probablement contribué. Je ne l’avais pas imaginé. Je me réjouis de toutes ces initiatives, positives, constructives et pacifiques. Cela me redonne un peu d’espoir.

    Toujours prévoir un ersatz de #sociale-démocratie au cas où ça tangue trop fort.

    • « Le syndicat le plus constructif de France » : Comment Laurent Berger est devenu le premier opposant à Emmanuel Macron, [rire un peu avec] Françoise Fressoz
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/03/09/comment-laurent-berger-est-devenu-le-premier-opposant-a-emmanuel-macron_5433

      Depuis le début du quinquennat, le secrétaire général de la CFDT tente de s’inscrire dans une opposition constructive au chef de l’Etat pour rénover la social-démocratie.

      Ne dites pas à Laurent Berger qu’il fait de la politique, il vous répondra que « la CFDT assume ce qu’elle est : un syndicat de transformation sociale ». Ne lui rétorquez pas qu’il est en train de s’imposer comme l’opposant numéro un au chef de l’Etat dans le camp de la social-démocratie moribonde, il vous assurera la main sur le cœur qu’il n’est « ni dans le combat politique ni dans une opposition à Emmanuel Macron, mais dans une démarche constructive ». Et pourtant, à 50 ans, le secrétaire général de la CFDT est en train de changer de stature. [tadadam !]

      Naguère discret, le syndicaliste occupe le devant de la scène politique, comme s’il était le dernier survivant de la famille sociale-démocrate mise en déroute par l’élection du candidat d’En marche ! Son dernier coup d’éclat ? La publication, mardi 5 mars, d’un « pacte social et écologique » soutenu par dix-neuf organisations, comportant soixante-six propositions concrètes, doublée d’un entretien croisé dans Le Monde avec l’ex-ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot. L’emblématique défenseur de l’environnement avait dit oui à Emmanuel Macron en mai 2017, avant de quitter le gouvernement en août 2018, estimant n’avoir pas les moyens de son action.

      Ce que proposent aujourd’hui les deux hommes est un véritable manifeste politique centré sur la compatibilité entre l’écologie et le social avec des propositions qui sont autant de contestations de l’action en cours : plus grande progressivité de l’impôt, taxation des hauts patrimoines, fin des dérogations bénéficiant aux revenus du capital, etc. En plein grand débat national, le texte aurait dû être logiquement porté par la gauche réformiste, si celle-ci n’était sortie exsangue de l’élection présidentielle.

      Fin janvier, L’Obs avait consacré sa « une » au syndicaliste, voyant en lui le digne héritier d’Edmond Maire (ex-secrétaire général de la CFDT) et le phare de la reconstruction de la deuxième gauche. Et tant pis si sa visibilité reste encore faible. Dans les rangs syndicaux, on ne s’improvise pas leader comme cela. Laurent Berger le Nantais a été repéré en 2003 par François Chérèque et a gagné ses galons un à un, en se faisant élire puis réélire patron de la CFDT, au terme d’un minutieux travail de terrain. Puis, il a hissé son organisation au rang de premier syndicat de France et cela l’a libéré.

      « Heureusement qu’il est là ! »

      Dans un pays où la gauche réformiste a toujours eu du mal à s’assumer, rongée par la culpabilité de n’être jamais suffisamment révolutionnaire, lui revendique haut et fort le positionnement que la centrale assume avec constance depuis l’éviction des trotskistes en 2003. « Je ne me lève pas chaque matin en me demandant ce que va dire Philippe Martinez [le secrétaire général de la CGT] », s’amuse-t-il.

      Sous le précédent quinquennat, cela donnait lieu à des discussions épiques avec François Hollande. « Assume donc tes conquêtes au lieu de t’en excuser » , conseillait le syndicaliste au chef de l’Etat, qui n’a pourtant cessé de louvoyer entre son aile sociale-démocrate et son aile sociale-libérale, pour finir par être dépassé par cette dernière.

      Même s’il déplore un beau gâchis, le leader cédétiste n’a jamais rompu le dialogue avec l’ancien président. Lorsque la Fondation Jean-Jaurès l’a auditionné à l’automne 2018 pour tirer l’inventaire du précédent quinquennat, Laurent Berger n’a pas chargé la barque, contrairement à beaucoup d’autres. Les deux hommes continuent d’échanger avec plaisir mais sans exclusive.

      Article réservé à nos abonnés : L’autopsie sans complaisance du quinquennat Hollande par la Fondation Jean-Jaurès

      Le syndicaliste a aussi des contacts réguliers avec Bernard Cazeneuve, Jean-Marc Ayrault, Michel Sapin et beaucoup d’autres dans les rangs #socialistes et #écologistes. « Heureusement qu’il est là ! », s’exclament ces derniers en substance.

      Mais plus les éloges fusent, plus le syndicaliste se braque. « Si la #gauche pense qu’elle peut me récupérer, elle se fourre le doigt dans l’œil ! », dit-il au Monde. Pas touche à l’autonomie de la CFDT, c’est son ADN [qu’une série de mutations génétiques initiées durant les 70 a totalement retournée] . Tout comme l’est sa volonté de s’affirmer encore et toujours comme le syndicat le plus constructif de France .

      Créer un rapport de force

      Oui, mais comment le démontrer sans débouché politique ? C’est la question autour de laquelle tourne Laurent Berger depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Pour prouver son utilité, il doit créer un rapport de force, donc jouer la surenchère. C’est la grande nouveauté par rapport à l’ère Hollande. Il n’y était pas forcément préparé car, a priori, rien d’incompatible entre lui et le président. A la fin de l’étrange printemps 2017, l’ex-secrétaire générale de la CFDT #Nicole_Notat avait d’ailleurs appelé à voter Macron. Et une grande partie des adhérents l’avait suivie, tout comme une majorité d’électeurs socialistes.

      Mais, depuis le début du quinquennat, le courant ne passe pas. « J’ai des discussions intéressantes avec le président mais, à certains moments-clés, lorsque certains mots sont prononcés comme ceux de solidarité ou de pauvreté, je vois son regard partir ailleurs », a récemment confié à un proche Laurent Berger, très troublé, de retour d’un tête-à-tête avec le chef de l’Etat.

      Lire aussi La gauche salue le « pacte » proposé par Laurent Berger et Nicolas Hulot [sic]

      Au sein de la majorité, un certain nombre d’élus ou de responsables regrettent d’ailleurs que le quinquennat se déporte trop à droite et néglige l’apport capital, à leurs yeux, du syndicat réformiste. Lorsque, en plein mouvement des « #gilets_jaunes », le premier ministre Edouard Philippe éconduit maladroitement le leader de la CFDT en refusant le « Grenelle du pouvoir de vivre » qu’il vient de proposer, le président du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale, Gilles Le Gendre, le rattrape par la manche en l’invitant, le 14 janvier, à intervenir devant les députés de la majorité. Laurent Berger y est ovationné.

      « Je n’ai pas de problème personnel avec Emmanuel Macron, je ne suis ni son ami ni son ennemi », tient aujourd’hui à préciser le leader syndical, faisant valoir que ce qui envenime leur relation dépasse largement le cadre du ressenti personnel.

      « Ce qui est en jeu, c’est la nature et l’ampleur de la recomposition politique en cours, analyse Gérard Grunberg, directeur de recherche émérite CNRS au Centre d’études européennes de Sciences Po. Soit il y a encore de la place pour une gauche sociale-démocrate rénovée, soit on va vers une recomposition à l’américaine autour d’un parti démocrate social-libéral. »

      Pour un retour en force des partenaires sociaux
      Laurent Berger joue clairement la première option. Le syndicaliste supporte mal le discours présidentiel autour des « premiers de cordée » qui néglige la notion « d’émancipation collective » chère à la CFDT. « On grandit avec les autres et dans les autres », martèle l’ancien adhérent de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), qui met en cause le bonapartisme du président, cette « vision personnelle » du pouvoir.

      Ce que reproche en retour Emmanuel Macron à la CFDT, comme aux autres syndicats, n’est pas moins lourd. Le président les tient pour responsables de ne pas vouloir assumer leur part dans la transformation qu’il appelle de ses vœux. « Si la CFDT avait fait son travail, on n’en serait pas là », soupire souvent M. Macron devant ses proches, en évoquant, entre autres, le chômage de masse qui gangrène le pays.
      Le mouvement des « gilets jaunes » n’a pas permis de solder la querelle. Certes, il a fait vaciller le pouvoir, mais sans épargner les syndicats, qui se sont sentis débordés et contestés. Là où Laurent Berger plaidait pour un retour en force des partenaires sociaux, le président a répondu par un grand débat national qui a conforté sa relation directe aux Français.
      L’idée que les syndicats, comme les partis, sont « mortels » s’ils ne se régénèrent pas, que le pays traverse un épisode dangereux pour la démocratie, parce que ses structures se désagrègent, éclaire toute sa démarche. « Il faut resserrer les liens avec la société civile et les territoires, martèle le syndicaliste. Si on veut éviter que le pays s’hystérise encore plus, il faut savoir entendre les différentes aspirations, dialoguer et concerter. »

      Depuis deux ans, le leader de la CFDT a intensifié le travail avec les intellectuels, les fondations, mais aussi les associations, pour faire émerger des propositions communes sur tous les grands sujets, devenant ainsi « le navire amiral de la société civile sociale-démocrate », selon l’expression du directeur général de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein. « Laurent Berger a parfaitement compris l’importance de l’enjeu environnemental. Il renoue avec ce qu’avait tenté de faire le syndicat dans les années 1970 en travaillant sur ce sujet avec les ONG », observe l’ancien secrétaire confédéral de la CFDT, Richard Robert, éditeur du site Internet Telos.

      « Je veux être utile », répète comme un mantra Laurent Berger, sans pour autant cacher que son alliance avec le très médiatique et populaire Nicolas Hulot est un pavé dans la mare. « Après ça, je ne crois pas qu’ils puissent nous mépriser totalement », jubile-t-il en désignant l’Elysée et Matignon. Quelques heures après la publication du manifeste, le chef de file de la CFDT a reçu ce SMS dithyrambique de Gilbert Cette, professeur d’économie associé à l’université Aix-Marseille, qui avait conseillé Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle : « Bravo pour ce texte, tu positionnes la CFDT comme le grand syndicat réformiste du XXIe siècle ! »

      La réaction de LRM, qui doit présenter sa contribution au grand débat dimanche 10 mars, est bien plus mesurée. « Je me retrouve sur le projet de société, sur le fait de remettre les citoyens au cœur et de penser les sujets de transition comme un tout », réagit le délégué général du parti présidentiel, Stanislas Guerini. Mais pas question pour autant d’avaliser les propositions du syndicaliste.
      « Je ne suis pas sûr qu’être dans la surenchère soit efficace. La période est tellement particulière qu’elle appelle chacun à se dépasser », souligne pour sa part le conseiller d’Emmanuel Macron Philippe Grangeon. Pas de doute, Laurent Berger fait de la politique.

      #CFDT #syndicat_jaune

  • Gilets jaunes, diversité, et FN-RN par Jacques Cotta
    Une nouvelle provocation pour tenter de discréditer un mouvement social sans précédent.
    http://la-sociale.viabloga.com/news/gilets-jaunes-diversite-et-fn-rn

    Dans la presse officielle -quotidiens, hebdos, radios ou télés- l’assimilation du mouvement des Gilets jaunes au FN-RN et à Marine Le Pen est un des axes choisis pour tenter de faire douter et de faire reculer le degré de sympathie qui perdure dans l’opinion. Les multiples provocations -quenelles, injures, tags, antisémitisme, violences- porteraient leurs fruits à merveille si des affrontements éclataient entre Gilets jaunes aux idées opposées. « Fachos » d’un côté, « antifas » de l’autre, le rêve macronien réalisé pour en finir une fois pour toutes avec ce mouvement social historique.

    Pour le moment ce stade supérieur de la provocation n’a pas été atteint. Les différentes tentatives ont échoué. Les GJ, qu’ils aient une appartenance partisane ou pas, demeurent axés sur l’essentiel. Depuis l’occupation des ronds points, depuis plus de trois mois, rien n’a fait dévier ce mouvement social motivé par le pouvoir d’achat, les salaires, les retraites, le frigo vide le 20 du mois, les services publics, la justice fiscale, le rétablissement de l’ISF ou encore une autre répartition des richesses, notamment avec les 45 milliards annuels de CICE censés ruisseler jusqu’au sein de la société, qui vont dans la poche des actionnaires. Rien n’a fait dévier des soucis démocratiques exprimés dans le RIC et opposés à la 5ème république dont les démonstrations quotidiennes, parmi lesquelles les frasques de monsieur Benalla, renforcent la détermination populaire. Rien n’a pu s’opposer à cette revendication partagée d’« un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », qui résume la double exigence de démocratie et de souveraineté...