organization:jamel comedy club

  • Lilia Marsali

    Projet de Master

    Titre de mon projet de Master :

    Djihadistes français ou le rejet de la culture médiatique postcoloniale : déconstruction d’un phénomène minoritaire surmédiatisé dans la presse francophone d’élite.

    Par une absence d’application de solutions politiques internationales radicales en matière de justice internationale en Syrie, le conflit syrien a malheureusement attiré des jeunes français soit d’héritage musulman, soit convertis, de tranches d’âges, d’origines, et de catégories socioprofessionnelles diverses, qui ont par « mécanismes » endossé volontairement le rôle de « défenseurs » des opprimés abandonnés par les grandes puissances mondiales. C’est dans une vision biaisée de « héros » que ces djihadistes français accourent pour sauver ceux-là même qui subissent depuis plus de trois ans les exactions du régime syrien soutenu par des milices internationales avec lesquelles ces « nouveaux héros » de la toile terroriste désiraient rivaliser. Les djihadistes français ont ainsi rejoint facilement le groupe djihadiste armée le plus radical, classé « terroriste », l’Etat Islamique d’Iraq et du Levant nouvellement renommé Etat Islamique, dénommé Da’ech en Syrie et dans la presse francophone, et ce sans avoir réellement réfléchi aux conséquences de leur engagement.
    Les djihadistes français sont de facto majoritairement représentés dans la presse francophone bien qu’ils ne représentent qu’une minorité de la population musulmane en France. Les raisons de cette surmédiatisation viennent en partie des exactions commises par leur groupe radical sur des minorités ethnico religieuses : les chrétiens, les yazidis, les kurdes mais aussi par les enlèvements de journalistes étrangers et des décapitations appliquées comme sentences. Ces djihadistes ont choisi d’exprimer leur colère sous couvert de l’Islam qu’ils maîtrisent peu en général. Ils sont « chaperonnés » par des discours religieux de leur chef Al Baghdâdi autoproclamé « Calife » qui font office de lois. Ces lois que l’on désignerait de réceptacle de colères et d’amertumes certes inspirées de la substance du texte coranique détourné par opportunisme sont l’aboutissement de tout un mélange d’expériences, de frustrations, de mal être et de projections. Paradoxalement cette attention médiatique se fait rare lorsque les exactions sont portées sur des membres de la majorité religieuse en Syrie. Ainsi les djihadistes concentrent l’attention des agences de presse francophone.

    Pourquoi ces jeunes français musulmans minoritaires ont – ils quitté leur pays, sacrifiant leur confort matériel, pour se fondre dans une extrême violence qu’ils n’avaient peut-être pas expérimentée auparavant dans leur environnement en France ? L’empathie, l’identification à un groupe religieux étranger en détresse, l’indignation réelle n’expliquent pas tout. Aussi je souhaiterais explorer les raisons qui les ont conduits à rejoindre spécifiquement un mouvement d’une extrême violence plus dangereux qu’Al Qaeda, à travers une réflexion sur leur comportement sociologique en France et leur degré de conscientisation politique. Tout d’abord en tant qu’acteurs citoyens et ensuite en tant qu’audience passive ou active.

    J’ai pensé à explorer deux cas de figures liés dans les faits. La récupération d’un mouvement contestataire « La Marche pour l’Egalite et les Droits » devenue par stratégie politique « La Marche des Beurs » et la création d’une culture de dépendance via un programme télévisuelle Le Jamel Comedy Club où les stéréotypes battent leur plein, ont endigué toute forme de conscientisation politique dans les banlieues et au-delà après les émeutes en 2005. « La Marche pour l’Egalite et les Droits » fut un premier échec de conscientisation politique et l’échec d’un manque de visibilité d’une minorité religieuse dans l’industrie médiatique française. Etrangement Jamel Debbouze sera en 2013 le personnage principal du film sur « La Marche des Beurs ». L’absence de projets culturels en banlieues autres que le divertissement médiatisé favorisera par conséquent la création d’une culture de dépendance pour catalyser un mouvement social contestataire. En effet, afin d’apaiser ce mouvement contestataire légitime assez violent dans sa forme l’industrie médiatique française a essayé de rendre visible une minorité ethnique en jouant sur les egos, les paillettes, la reconnaissance via le « star system » jusqu’à engendrer un climat malsain de contradiction. En outre « « La Marche des Beurs » et les émeutes en banlieues ont en commun des revendications d’ordre politique et sociale. Cependant l’apparition d’une revendication à caractère religieux du mouvement ouvrier de l’immigration révèlera par la suite d’autres revendications sociétales à caractère religieux dans un espace laïc qui empêche toute forme d’épanouissement privé d’ordre religieux et qui se posera en contradiction avec la représentation médiatique du jeune « Beur » laïc, moitié athée, moitié musulman et des fantasmes créés autour. Laïcs et religieux, « beurs » ou « musulmans », tous deux stigmatisés sont pourtant concernés par les mêmes revendications. Idem pour les émeutes en banlieues : là où le vide laisse s’installer une culture médiatique post coloniale sera la période qui suit les émeutes en banlieues. Ce problème ne sera pas dans le champ médiatique résolu par l’intégration de programme télévisuel de divertissement censé correspondre aux attentes d’une jeunesse contestataire. Bien au contraire il résidera une absence de conscientisation majeure politique en France malgré des foyers d’organisation tels que le MIB englouti par les Indigènes de la République paradoxalement trop médiatisés depuis les émeutes de banlieues cependant lent à s’engager dans la scène politique, et un militantisme associatif actif, complètement ignoré, puis écrasé par un militantisme opportuniste.
    Afin de déconstruire ce phénomène minoritaire de djihadistes pour en extraire les causes réelles de leur passage à l’action à l’étranger, il serait pertinent de travailler sur l’hypothèse d’un rejet d’une culture médiatique post coloniale instaurée à la suite des émeutes des quartiers en France et de mettre en rapport les insatisfactions d’une minorité de citoyens français avec cet ersatz médiatique préfabriqué à la hâte censé catalyser une certaine tranche de la population issue d’une culture populaire ou pas . On pourrait ainsi réfléchir sur les effets et les conséquences d’une mauvaise représentation médiatique de leur groupe ethnico religieux. Aussi, les djihadistes français représentent un phénomène contestataire apolitique minoritaire qui révèle une histoire citoyenne à travers son désengagement total des luttes et du militantisme puisqu’ils s’expatrient brutalement vers un autre environnement. Il serait également intéressant d’explorer les raisons de ce désengagement afin de comprendre sa transfiguration dans un champ de violence, en un état de guerre où tout avenir est incertain. Ainsi, l’approche de cette réflexion empirique s’inscrit dans des démarches de déconstruction d’un phénomène sociologique violent, minoritaire, représenté médiatiquement dans la presse francophone et dans une méthode d’analyse de la critique du discours de la presse francophone. Il serait pertinent de montrer enfin en quoi le paradoxe qui s’impose, à savoir une représentation accrue dans la presse francophone d’élite en tant que djihadistes et une invisibilité médiatique de leur groupe sociologique en tant qu’individu français, est-il la clef de compréhension d’un rejet d’une culture médiatique identifié qui mènerait à une forme de violence.

  • LES TIRAILLEURS DU RIRE (copyright LM)
    Sophia Aram à charge contre Emmanuel Todd
    LM : La tentative de changement instaurée à la suite des émeutes des quartiers en 2005 a été opérée au niveau de l’industrie médiatique française afin de rendre les minorités ethnico – religieuses plus visibles dans le champ médiatique. En effet le programme télévisuel le Jamel Comedy Club est l’un des exemples émergents de cette réforme mais aussi…. du maintien des sophismes et amalgames à la télévision. (...) En plus de symboliser la culture consumériste et la réussite sociale, il a contribué au continuum d’une culture postcoloniale de la représentation des minorités ethnico- religieuses parce qu’il a renforcé les stéréotypes. (dans Réforme de l’Islam : à quand réformer l’autre ?"
    L’accent dit « arabe » ou qualifié péjorativement de « bledard » est un accent prononcé qui détermine l’appartenance d’un individu à un groupe ethnique et/ou religieux, provenant d’ un pays du Maghreb généralement, parlant un français « accentué » ou « déformé », utilisé par les comédiens ou comiques dans le but de faire rire l’audience, pour se moquer de soi même, des siens, ou des autres toujours dans l’optique de maintenir sophismes et amalgames. Cet accent prend en compte le non respect d’une obligation courtoise de prononciation et tonalité conformes à la langue cible. Par conséquent la tonalité arabe, les déformations constituent ce qui va faire rire. Ce qui sera perçu comme grotesque.
    Rare sont ceux et celles qui l’utilisent pour déconstruire les stéréotypes (cf le cas de Samia Oroseman).
    Cet accent qui se veut burlesque caractérisera une position politique de la « culture indigène » dans une société de culture post coloniale. Le but de son utilisation est l’humiliation.
    Bien sûr, Sophia Aram joue dans les accents. Et se trompe lourdement de cible
    Jamel Debouzze à la TV mais aussi Sophia Aram en radio sur France Inter qui en plus de sa conscience d’être « gourde » au service de la doxa découvrira peut-être qu’elle est bien plus que cela...
    Pauvres « Homo comicus, intégristes du rire » !

    https://www.youtube.com/watch?v=R8Bw4GnYNhs