Pascal Canfin “Des banques françaises parient sur le risque de faillite de la France... c’est délirant !” - Idées - Télérama.fr
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Pascal Canfin, 37 ans, est un phénomène. Devant une crise financière qui n’en finit plus de dévaster l’Europe, il a choisi de se battre au cœur du système. Elu en 2009 au Parlement européen sur la liste Europe écologie, membre de la Commission des affaires économiques et monétaires, il a obtenu l’interdiction des « CDS à nu » - un produit financier toxique qui permet de spéculer contre les Etats. Il avait auparavant bataillé contre les bonus bancaires. Il est à l’origine de la création de Finance Watch, ONG qui tente de contrecarrer le lobbying de la finance. La semaine prochaine, ce jeune stratège de l’action politique, de la négociation acharnée, publie un petit bouquin pédagogique au titre implacable : Tout ce que les banques vous disent et pourquoi il ne faut presque jamais les croire...
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Obama a tout de même réussi à restreindre le secret bancaire avec la loi Fatca, qui s’appliquera en 2013.
C’est une grande réussite, et soyons très clair : il ne faut absolument pas que les républicains gagnent en 2012, car ils ont annoncé qu’ils aboliraient cette loi. Elle va s’appliquer aux banques du monde entier qui ouvrent un compte à un citoyen américain - elles doivent le signaler à l’administration fiscale américaine, pour que cet argent soit taxé au taux où il aurait été taxé aux Etats-Unis. Faisons en France ce que Barack Obama a fait aux Etats-Unis, on donnerait l’exemple pour l’Europe ! Le manque à gagner de l’Etat français, évalué par la Cour des comptes, lié à l’évasion de l’argent dans les paradis fiscaux, est de trente milliards d’euros, soit plus de quarante fois la fraude aux allocations familiales.
Et la taxe sur les transactions financières, la France pourrait la faire seule ?
En 2010, le Parlement européen a dégagé une majorité pour le principe d’une taxe européenne, vote suivi d’une directive de la Commission. Mais le Royaume-Uni pose son veto, et il faut l’unanimité sur les questions fiscales. Si nous étions dans un cadre fédéral, avec un vote à la majorité des Etats, nous aurions déjà cette taxe. C’est donc bien parce qu’il n’y a pas assez d’Europe, et non le contraire, que les citoyens ne sont pas protégés. Tant que chaque Etat aura un droit de veto, on n’avancera pas.