organization:le conseil supérieur des programmes

  • « L’idée de vouloir faire de l’histoire un ″roman national″ est dérangeante »
    http://www.lemonde.fr/education/article/2015/05/13/l-idee-de-vouloir-faire-de-l-histoire-un-roman-national-est-derangeante_4632

    Le géographe Michel Lussault préside le Conseil supérieur des programmes (CSP), à l’origine des projets de programmes scolaires qui nourrissent depuis quelques semaines un vif débat. C’est d’abord leur conception, leur écriture, le fait qu’ils rompent avec la conception annuelle des programmes pour fixer des objectifs sur trois ans, qui ont pris de court la communauté éducative. Puis les critiques se sont concentrées sur les contenus, en histoire notamment, où certains thèmes apparaissent comme obligatoires quand d’autres sont laissés au choix des professeurs. Alors que les enseignants sont invités, depuis le 11 mai, à donner leur avis sur ces projets, le président du CSP s’explique sur ces polémiques.

    Parmi les projets de programmes, ce sont ceux d’histoire qui soulèvent les polémiques les plus virulentes. Etes-vous surpris par leur ampleur ?
    Pas vraiment. Nous n’avons pas d’exemple d’annonces de programmes, dans l’histoire de l’école, qui n’ait pas donné lieu à des contestations. Nous avons conservé un rapport non pacifié à notre histoire. A chaque fois, c’est la même chose : la polémique apparaît à propos de ce qui est supposé être enlevé – ou ajouté – à une hypothétique belle et bonne histoire de France, un programme idéal qui n’existe pas. La réalité est autre : chaque programme est le fruit de compromis, d’arbitrages, et ceux que nous avons adoptés, indépendamment du ministère de l’éducation nationale, ne font pas exception.

    La question de l’enseignement de l’islam, inscrit dans les thématiques obligatoires en classe de 5e, a enflammé – et politisé – le débat. Accordez-vous réellement une place plus importante à cette religion ?
    Nous faisons le choix de proposer aux professeurs plusieurs entrées (des « sous-thèmes ») pour chaque thème trimestriel. L’enseignement de l’islam est obligatoire, en effet. Mais c’est déjà le cas aujourd’hui ! Certains prétendent que la chrétienté, elle, ne sera plus forcément enseignée. Par incompréhension ? Par malhonnêteté ? Peut-être me suis-je mal expliqué. En tout cas, la chrétienté n’est pas facultative.
    Je prends un exemple. « Société, Eglise et pouvoir politique dans l’Occident chrétien du XIe siècle au XVe siècle » est un des thèmes à traiter en 5e. Un seul sous-thème est obligatoire : la monarchie française. On ne peut pas étudier ce sujet sans aborder la chrétienté. L’enseignant doit ensuite choisir entre deux autres points, qui relèvent de l’histoire sociale, mais qui tous deux reviennent à étudier une société marquée par l’Eglise. Mais nous aurions dû l’écrire plus clairement.
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    François Hollande lui-même parle de récit national !
    J’invite François Hollande et Najat Vallaud-Belkacem à ne pas forcer le trait sur ce point car on finirait par « désespérer Billancourt » : les professeurs ne sont pas pour le roman national. N’en rajoutons pas.