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    Nous collectons des tracts, brochures, affiches, livres, objets, sons, images, films liés aux luttes sociales et groupes révolutionnaires. Notre intérêt se porte sur la période allant des années 60 à aujourd’hui, sur ce qui s’est produit au plus près des luttes, qui émane principalement de collectifs éphémères et de mouvements tendant à dépasser le cadre des partis et syndicats, et qui donc, bien plus que les livres édités, est amené à disparaître si on n’en organise pas la conservation.

    Ce pourrait être : le plan de tournage d’un ciné tract, un tract d’un collectif de mal logés de votre quartier, un carton de brochures de votre oncle qui a été maoïste dans les années 70, le compte rendu de réunion d’un comité de quartier post 68, un album photo d’un squat des années 80, la bibliothèque d’un syndicaliste révolutionnaire, l’ordinateur d’un anti-technologie en lutte, si vous en trouvez un, la banderole d’une occupation d’Anpe dans les années 90 par des jeunes précaires, le film super 8 d’une manifestation quelconque, un des djembés du collectif de sans papiers de la Maison des Ensembles, l’affiche d’appel à mobilisation pour Klaus Croissant, un enregistrement sur bande magnétique d’une assemblée générale d’occupation à Billancourt, la transcription d’une discussion entre Guattari, Foucault, Fritz Lang, Tronti, Walter Benjamin et la femme de ménage en lutte du collège de France, un exemplaire du guide juridique « s’évader sans peine », la maquette d’un cortège de l’autonomie organisée, le 33 tours d’un chant de lutte en français pas trop insupportable à écouter, des croquis d’un foyer Sonacotra en grève, la vraie recette de la composition de classe, le plan de tissage de votre grand-mère bigouden traditionnellement en lutte contre le folklore, le plateau repas d’un gréviste de la faim des QHS, un des chapeaux des bombeuses à chapeau, le cahier de slogans d’un comité de lycéens, le clic-clac d’un psychiatre de l’anti-psychiatrie, la mob d’un jeune prolétaire rebelle métropolitain, la gamelle d’un sidérurgiste en grève, un slogan intéressant avec son fragment de mur ou à défaut une photo, une carte postale opéraïste... On irait jusqu’à prendre une tasse dessinée par Rodchenko. Par contre nous ne prendrons ni le bol à cheveux de Bernard Thibault, ni la cravate de Georges Marchais, ni l’exemplaire rare du discours dactylographié d’André Malraux accueillant les cendres de Jean Moulin au Panthéon – sauf pour financer les archives.

    Remuer le passé, lui demander des réponses et des explications n’est pas une opération anodine, recueillir des documents, s’en faire les dépositaires c’est aussi contracter une dette, c’est s’engager à essayer d’être à la hauteur des événements, victoires et défaites, joies, espoirs et désillusions qu’ils peuvent contenir. Ce n’est pas une responsabilité que l’on peut endosser seul. C’est aussi pour éviter les écueils d’un regard inapproprié sur cette histoire que la forme collective nous semble le mieux répondre à ce rôle, c’est comme une sorte de garantie contre les analyses vaines, pour trouver de la bienveillance, de l’intelligence et de la perspicacité.
    Mais le passé est muet. Face à lui, pour éviter le soliloque, nouer le dialogue au présent, dégeler ces paroles qui nous parviennent comme prises dans la glace, il faut être plusieurs. D’autres part, pour lui redonner vie, nous avons besoin de formes collectives capables de recevoir ses traces, aussi parce que pour la plupart elles sont le reste d’une élaboration collective. En somme nous souhaitons inventer des formes de travail. Ça pourrait être : appeler largement à venir lire et réfléchir ensemble sur une partie des archives qui serait à cette occasion déplacée dans un lieu public, élaborer une réédition avec des vrais morceaux de présent dedans, à partir de matériaux issus du fond préparer une discussion, la transcrire puis la diffuser, enquêter en partant de documents pour mieux comprendre une situation de lutte, bref, créer l’occasion d’articuler du travail collectif et du travail public, à ciel ouvert.