organization:mit

  • Inside X, Google’s Moonshot Factory |The Atlantic (novembre 2017)
    https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2017/11/x-google-moonshot-factory/540648

    (…) The decline in U.S. productivity growth since the 1970s puzzles economists; potential explanations range from an aging workforce to the rise of new monopolies. But John Fernald, an economist at the Federal Reserve, says we can’t rule out a drought of breakthrough inventions. He points out that the notable exception to the post-1970 decline in productivity occurred from 1995 to 2004, when businesses throughout the economy finally figured out information technology and the internet. “It’s possible that productivity took off, and then slowed down, because we picked all the low-hanging fruit from the information-technology wave,” Fernald told me.

    The U.S. economy continues to reap the benefits of IT breakthroughs, some of which are now almost 50 years old. But where will the next brilliant technology shock come from? As total federal R&D spending has declined—from nearly 12 percent of the budget in the 1960s to 4 percent today—some analysts have argued that corporate America has picked up the slack. But public companies don’t really invest in experimental research; their R&D is much more D than R. A 2015 study from Duke University found that since 1980, there has been a “shift away from scientific research by large corporations”—the triumph of short-term innovation over long-term invention.

    The decline of scientific research in America has serious implications. In 2015, MIT published a devastating report on the landmark scientific achievements of the previous year, including the first spacecraft landing on a comet, the discovery of the Higgs boson particle, and the creation of the world’s fastest supercomputer. None of these was an American-led accomplishment. The first two were the products of a 10-year European-led consortium. The supercomputer was built in China.

    As the MIT researchers pointed out, many of the commercial breakthroughs of the past few years have depended on inventions that occurred decades ago, and most of those were the results of government investment. From 2012 to 2016, the U.S. was the world’s leading oil producer. This was largely thanks to hydraulic fracturing experiments, or fracking, which emerged from federally funded research into drilling technology after the 1970s oil crisis. The recent surge in new cancer drugs and therapies can be traced back to the War on Cancer announced in 1971. But the report pointed to more than a dozen research areas where the United States is falling behind, including robotics, batteries, and synthetic biology. “As competitive pressures have increased, basic research has essentially disappeared from U.S. companies,” the authors wrote.

    It is in danger of disappearing from the federal government as well. The White House budget this year proposed cutting funding for the National Institutes of Health, the crown jewel of U.S. biomedical research, by $5.8 billion, or 18 percent. It proposed slashing funding for disease research, wiping out federal climate-change science, and eliminating the Energy Department’s celebrated research division, arpa-e.

    The Trump administration’s thesis seems to be that the private sector is better positioned to finance disruptive technology. But this view is ahistorical. Almost every ingredient of the internet age came from government-funded scientists or research labs purposefully detached from the vagaries of the free market. The transistor, the fundamental unit of electronics hardware, was invented at Bell Labs, inside a government-sanctioned monopoly. The first model of the internet was developed at the government’s Advanced Research Projects Agency, now called darpa. In the 1970s, several of the agency’s scientists took their vision of computers connected through a worldwide network to Xerox parc.

    “There is still a huge misconception today that big leaps in technology come from companies racing to make money, but they do not,” says Jon Gertner, the author of The Idea Factory, a history of Bell Labs. “Companies are really good at combining existing breakthroughs in ways that consumers like. But the breakthroughs come from patient and curious scientists, not the rush to market.” In this regard, X’s methodical approach to invention, while it might invite sneering from judgmental critics and profit-hungry investors, is one of its most admirable qualities. Its pace and its patience are of another era.

    #innovation #États-Unis #Google_X #Internet #histoire

  • Comment le PKK a piégé les services secrets turcs

    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/10/26/comment-le-pkk-a-piege-les-services-secrets-turcs_5206183_3218.html

    L’organisation kurde a organisé cet été un guet-apens au Kurdistan irakien pour arrêter le chef adjoint des opérations du MIT et son responsable de la lutte contre le PKK. Elle les détient toujours.

    L’affaire passe pour l’un des coups les plus durs portés par la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à l’Etat turc, dans le conflit qui les oppose depuis 1984. Durant l’été, le PKK est parvenu à enlever au Kurdistan irakien deux responsables de haut niveau de l’Organisation nationale du renseignement (MIT), les services secrets turcs.

    « Durant l’été, le PKK a réussi l’un des plus beaux coups de son histoire », résume un responsable des renseignements kurdes irakiens. L’opération, qui aurait été menée sans que les autorités locales kurdes en aient été avisées, s’est traduite d’après lui par l’enlèvement, au Kurdistan irakien, du chef adjoint des opérations du MIT et du responsable de la lutte contre le PKK au sein des renseignements turcs, alors qu’ils étaient venus superviser la capture d’un leader de l’organisation kurde.

    Depuis les années 1990, le PKK a établi des bases dans des zones de montagnes reculées du Kurdistan d’Irak, aux frontières de la Turquie et de l’Iran, qui échappent au contrôle des autorités kurdes. Régulièrement visées par des frappes aériennes turques, ces installations, rendues imprenables par un relief très accidenté, abritent des camps d’entraînement, des sites militaires et le quartier général de l’organisation.

    « Le piège s’est refermé sur eux »

    C’est là que se trouve le sommet d’un QG dont les ramifications vont du nord de l’Irak aux grandes villes de Turquie en passant par le nord de la Syrie, soit partout où le PKK et ses alliés contrôlent des territoires, et disposent de cellules clandestines ou de cadres politiques et militaires. Les principaux responsables du PKK y sont basés depuis l’arrestation, par Ankara, de son chef historique, Abdullah Öcalan, en 1999.

    « Depuis que le conflit kurde a repris, en 2015, entre le PKK et la Turquie, le gouvernement turc veut obtenir une victoire comparable à la capture d’Öcalan en arrêtant ou en assassinant un chef du PKK au Kurdistan irakien, explique le responsable des renseignements kurdes. Ils croyaient être sur le point d’y parvenir en août, mais ils étaient infiltrés par un agent double et le piège s’est refermé sur eux. » D’après le récit de cette source, corroboré par un agent d’influence kurde irakien proche du PKK, l’organisation kurde avait placé un de ses membres au cœur des services de renseignement turcs.

    « Depuis plusieurs années, un membre proche du commandement du PKK, qui s’était rendu aux Turcs, fournissait au MIT des informations exactes et de grande valeur sur le PKK, qu’il prétendait avoir collectées grâce à ses réseaux à l’intérieur de l’organisation. Il le faisait en réalité sur ordres des chefs du PKK », raconte la source du renseignement kurde. « Cet agent a acquis la confiance du MIT. Les renseignements qu’il a donnés à ses interlocuteurs ont coûté cher au PKK, mais ses chefs étaient prêts à faire ces sacrifices pour en tirer parti plus tard », explique le proche de l’organisation kurde.

    L’occasion s’est présentée cette année. L’agent du PKK, qui a facilité de multiples succès des renseignements turcs, propose à ses commanditaires du MIT un plan leur permettant de capturer le chef en exercice de l’organisation, Cemil Bayik, 64 ans, un des fondateurs du PKK et le tenant de son aile la plus dure. « Bayik a de graves problèmes de dos. Par l’intermédiaire de son agent, le PKK a fait croire au MIT qu’il allait devoir recevoir des soins dans la région de Souleimaniyé début août et qu’il se déplacerait par discrétion avec une escorte très limitée. » Un plan visant à intercepter la cible est alors mis sur pied avec l’aide de l’agent double.

    Monnaie d’échange

    Une équipe des services de renseignement turcs se rend alors au Kurdistan irakien, et s’installe dans une villégiature prisée des environs du lac Dokan, dont la fraîcheur attire de nombreux vacanciers au cœur du caniculaire été irakien. L’itinéraire que doit emprunter le chef du PKK, fourni au MIT par l’agent double, passe à proximité. « Tout était prévu dans les moindres détails. Un hélicoptère a été stationné dans les environs pour évacuer Bayik. Les Turcs étaient si sûrs d’eux que le chef adjoint des opérations du MIT et le responsable du dossier du PKK avaient fait le déplacement, pour pouvoir ensuite s’attribuer le succès de l’opération. (…) L’agent était présent avec eux », explique la source du renseignement kurde. Le véhicule de Cemil Bayik n’arrivera cependant jamais. Le commandement du PKK, en coordination avec sa taupe, a déployé une unité de combattants qui prend par surprise le groupe d’agents turcs. Les deux responsables du MIT sont pris au piège et emmenés avec leurs hommes vers les bases de montagne du PKK. Après avoir servi le MIT, l’agent infiltré est de retour auprès de ceux qui étaient restés ses vrais commanditaires.

    Le 24 août, au lendemain d’une visite au Kurdistan irakien du ministre turc des affaires étrangères, Bahoz Galali, représentant à Ankara de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), le parti kurde irakien qui contrôle la zone de Dokan, a été expulsé par le gouvernement turc. « Les Turcs veulent que nous fassions l’intermédiaire pour obtenir la libération des deux agents. Nous sommes en contact avec le PKK, mais ils ne veulent rien savoir, indique la source des renseignements kurdes. Ces prisonniers sont un trésor pour eux. » De fait, l’organisation kurde dispose à présent de sources inestimables et d’une monnaie d’échange tout aussi précieuse face à son ennemi turc.

  • Deux chercheurs du MIT préparent l’intelligence artificielle à devoir faire des choix moraux
    http://mashable.france24.com/tech-business/20171017-mit-intelligence-artificielle-voiture-autonome-moral-mac

    Qui la voiture autonome doit-elle tuer : deux enfants ou un groupe de cinq personnes âgées ?

    Imaginez un train. Il fonce en ligne droite, à toute allure, visiblement inarrêtable. À quelques centaines de mètres devant lui se trouve une jonction entre deux rails. Vous, vous êtes installé, tranquillement, à côté de cette jonction. Et vous avez à disposition une sorte de levier : si vous l’actionnez, le train prendra les rails de droite. Sinon, il prendra automatiquement ceux de gauche.

  • Andrew Ng Has a Chatbot That Can Help with Depression - MIT Technology Review
    https://www.technologyreview.com/s/609142/andrew-ng-has-a-chatbot-that-can-help-with-depression

    “If you look at the societal need, as well as the ability of AI to help, I think that digital mental-health care checks all the boxes,” Ng says. “If we can take a little bit of the insight and empathy [of a real therapist] and deliver that, at scale, in a chatbot, we could help millions of people.”

    Mais il reste le problème général du comportementalisme : quid de la relation humaine dans la cure ? Quid du contre-transfert ?

    Darcy, who met Ng at Stanford, says the work going on there in applying techniques like deep learning to conversational agents inspired her to think that therapy could be delivered by a bot. She says it is possible to automate cognitive behavioral therapy because it follows a series of steps for identifying and addressing unhelpful ways of thinking. And recent advances in natural-language processing have helped make chatbots more useful within limited domains.

    Depression is certainly a big problem. It is now the leading form of disability in the U.S., and 50 percent of U.S. college students report suffering from anxiety or depression.

    Darcy and colleagues tried several different prototypes on college volunteers, and they found the chatbot approach to be particularly effective. In a study they published this year in a peer-reviewed medical journal, Woebot was found to reduce the symptoms of depression in students over the course of two weeks.

    C’est intéressant de voir comment on imagine des robots pour remplacer ce qui est le plus positivement humain (la thérapie, le sexe, les réseaux sociaux, le soin...)

    The emergence of a real AI therapist is, in a sense, pretty ironic. The very first chatbot, Eliza, developed at MIT in 1966 by Joseph Weizenbaum, was designed to mimic a “Rogerian psychologist.” Eliza used a few clever tricks to create the illusion of an intelligent conversation—for example, repeating answers back to a person or offering open-ended questions such as “In what way?” and “Can you think of a specific example?” Weizenbaum was amazed to find that people seemed to believe they were talking to a real therapist, and that some offered up very personal secrets.

    Darcy also says both Eliza and Woebot are effective because a conversation is a natural way to communicate distress and receive emotional support. She adds that people seem happy to suspend their disbelief, and seem to enjoy talking to Woebot as if it were a real therapist. “People talk about their problems for a reason,” she says. “Therapy is conversational.”

    #Robots #Dépression #Thérapie #Intelligence_artificielle

    • On peut aussi se dire qu’il s’agit d’informations présentées de manière un peu plus moderne et interactive que sur des plaquettes papier — ces brochures de santé publique distribuées à tour de bras et qu’on n’a jamais accusées de vouloir « remplacer l’humain ».

    • Mais ce n’est pas le message idéologique qui accompagne le projet (c’était par contre celui de Eliza... que les usagers ont pourtant pris au pied de la lettre).
      Je pense qu’on peut avoir des robots aidants (on prépare un livre là dessus pour des robots utilisés dans le cadre de malade Alzhemier pour C&F éditions). Mais l’article (et les PR autour du projet) vont plus loin. Le contre-transfert est la base de l’émancipation dans la cure analytique... le reste ne pourrait effectivement se limiter qu’à des conseils de santé psychique.

  • Pub du futur : l’analyse des émotions, un risque de manipulation ? - CNET France
    http://www.cnetfrance.fr/news/pub-du-futur-l-analyse-des-emotions-un-risque-de-manipulation-39858642.ht

    L’arme du neuromarketing

    Face à un consommateur émotionnel, les publicitaires dégainent ainsi une arme redoutable : le neuromarketing. Cette discipline, interdite en France, qui utilise les neurosciences à des fins marketing et communicationnelles, permet d’étudier les réactions du système nerveux face à des stimuli. Depuis plus de 10 ans, pour le compte d’entreprises diverses (Coca Cola, McDonald, Facebook, Disney...), les spécialistes en neuromarketing utilisent l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) et l’électroencéphalographie (EEG) pour observer la façon dont le cerveau d’un consommateur cobaye réagit aux émotions suscitées par une publicité.

    Comme nous en parlions récemment, la détection et l’analyse des visages permet aux annonceurs d’étudier les « microexpressions » révélatrices des sentiments d’une personne, afin de proposer ensuite une publicité ultra-ciblée. Emanation de l’Affective Computing Group du MIT, la startup Affectiva, spécialisée dans la mesure de l’émotion, propose par exemple depuis 2015 un logiciel, baptisé Affdex, capable d’analyser (en direct) les nuances de nos expressions faciales (les changements musculaires), afin de déduire les émotions d’une personne filmée par webcam, en train de regarder un spot publicitaire à la TV ou sur Internet. Ses algorithmes, qui se sont entraînés sur plus de 4 millions de vidéos de visages, sont utilisés par des entreprises comme Coca Cola et Kellogg’s, mais aussi par des cabinets d’étude, comme Millward Brown et IPG Media Lab.

    Des panneaux publicitaires « intelligents » munis de caméras et de capteurs sont actuellement capables de détecter (à son insu) l’âge et le sexe d’un consommateur, afin de lui proposer de la pub ciblée. Pour l’heure, ils ne savent pas encore « lire » les émotions, mais avec un logiciel comme celui d’Affectiva, autant dire que cela ne saurait tarder…

    Même si la reconnaissance des émotions par l’IA et les neurosciences n’est pas encore 100% efficace, l’idée de voir nos émotions analysées et utilisées par les annonceurs pour ajuster leurs messages soulève d’importantes questions éthiques. La protection de la vie privée se pose, en premier lieu, puisque les systèmes utilisés pour lire notre humeur - sans notre consentement - collectent forcément des données. Selon Datakalab, Affectiva et les autres, les données utilisées sont toujours anonymes, ou anonymisées, et ne sont pas stockées.

    Mais au-delà de la vie privée, c’est le risque d’être manipulé qui inquiète le plus. « Les émotions sont le chaînon manquant qui peut permettre aux grandes plateformes d’affiner encore l’indexation, le séquençage de l’ensemble de nos comportements, afin d’instrumentaliser toujours davantage ce qui, dans nos interactions, est de l’ordre du pulsionnel et non du rationnel », explique Olivier Ertzscheid, maître de conférences en sciences de l’information, dans Culture Mobile, en abordant le cas Facebook. « La clé de toutes les manipulations, qu’elles soient commerciales ou politiques, est d’être capable de jouer sur les émotions des gens pour mieux les influencer », ajoute-t-il.

    #Publicité #Neuromarketing #Emotions #Vie_privée

  • « Certaines dérives font réfléchir sur l’état de la science dans le monde »

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/09/26/certaines-derives-font-reflechir-sur-l-etat-de-la-science-dans-le-monde_5191

    Pour Mario Biagioli, historien des sciences et juriste, la course à la publication, devenue le cœur du système d’évaluation de la recherche, incite les chercheurs à l’inconduite.

    Mario Biagioli est historien des sciences et juriste à l’université de Californie à Davis. Avec Alexandra Lippman, il a organisé un colloque en février 2016, « Jouer avec les métriques : innovation et surveillance dans les inconduites scientifiques ». En 2018, un livre édité par MIT Press réunira diverses contributions de ce colloque.

    Que signifie aujourd’hui publier un article ?

    Longtemps, publier un article était une manière de diffuser un cours ou bien servait à l’archiver en faisant le point d’une connaissance. Il était destiné en priorité à ses pairs.

    Puis après la seconde guerre mondiale, la scientométrie se développe, avec une vision plus quantitative qui s’intéresse notamment aux citations mentionnées à la fin des articles. C’est un outil qui sert à des spécialistes pour étudier l’apparition de paradigmes en science, ou les réseaux sociaux de chercheurs.

    Enfin, depuis quelques dizaines d’années, l’article a changé encore de nature : il est devenu la base de l’évaluation des chercheurs, de leurs institutions ou d’un pays… Les métadonnées comme « qui publie ? », « avec qui ? », « où ? » comptent plus que le contenu de l’article lui-même ! C’est un énorme changement.

    Avec quelles conséquences ?

    Les défauts des métriques reposant sur les métadonnées, comme le facteur d’impact, sont connus. Ce ne sont en général pas de bonnes mesures de la qualité d’une recherche. Malheureusement, comme pour toute évaluation quantitative, les acteurs sont incités à « jouer avec les métriques » afin d’obtenir les meilleurs scores.

    En outre, le colloque que nous avions organisé en février 2016, a montré qu’il y a une connexion entre le développement des métriques et celui des atteintes à l’intégrité scientifique. Les métriques incitent à l’inconduite. Le traditionnel publish or perish (« publier ou périr ») est devenu impact or perish (« avoir de l’impact ou périr »). Ce n’est pas de la fraude au sens classique mais ce n’est pas bon pour la confiance dans les travaux publiés.

    A quelles inconduites pensez-vous ?

    Certains les ont baptisées « inconduites post-production », car elles ne consistent pas à manipuler le contenu de l’article mais le processus de publication. Par exemple, plus de 300 articles ont été retirés pour « fausse revue par les pairs ». Des auteurs soumettent un article à un journal, qui leur demande, comme cela se fait parfois, s’ils ont des noms d’évaluateurs (referee en anglais) à suggérer. L’auteur indique des vrais noms de referees, souvent célèbres, mais donne de faux emails qui feront tomber en réalité les courriers dans sa boîte aux lettres. Ainsi l’auteur réalisera l’évaluation de son propre article.

    Des cartels d’évaluateurs ont aussi été découverts, c’est-à-dire des auteurs qui s’évaluent les uns les autres et, bien sûr, se citent mutuellement afin d’augmenter leur impact. Même des journaux le font entre eux. Ce n’est pas éthique et ne sert qu’à manipuler les métriques afin d’embellir son CV.

    Que pensez-vous de l’apparition des journaux « prédateurs », qui publient sans scrupule des travaux en prélevant des frais aux auteurs ?
    C’est critiquable bien sûr, mais tout le monde voit bien que c’est mal. Une grande productivité est attendue de tous les chercheurs, quel que soit leur pays, qu’ils parlent bien ou mal anglais, que leur laboratoire soit prestigieux ou non, ou quel que soit le budget dont ils disposent. Ces journaux prédateurs sont de très faible qualité, souvent même inacceptables, mais visiblement il y a un marché pour eux. Si des chercheurs y publient, c’est qu’ils y ont un intérêt. C’est le reflet d’une dure réalité économique. Dans l’automobile, certains roulent en Ferrari et d’autres en Fiat et nous observons la même chose en recherche. Ne soyons donc pas moralistes trop vite. Ces dérives font réfléchir sur l’état de la science dans le monde.

    Comment sortir de cette situation ?

    Il sera difficile de stopper ce mouvement car tout le monde joue avec les métriques, qui accompagnent aussi le développement de la globalisation de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les universités, certes piégées par ces métriques, auront un rôle à jouer, par exemple en changeant leurs pratiques. La faculté de médecine de l’université de Harvard demande par exemple à ses candidats de fournir leurs articles préférés et d’argumenter sur l’apport qu’ils représentent, plutôt que de donner une liste quantitative de publications dans les grands journaux.

    Nous voyons aussi émerger des initiatives positives comme le développement de journaux en accès libre, le dépôt de certains articles dans des archives, des commentaires ouverts après parution. Peut-être verrons-nous la disparition des journaux tels que nous les connaissons…

    Mais je suis historien et je sais qu’on ne sait pas prédire. Les problèmes risquent d’empirer au point que des changements deviendront obligatoires.

  • Massive Weenie Resigns From Harvard Job Because He Can’t Stand Chelsea Manning

    https://splinternews.com/massive-weenie-resigns-from-harvard-job-because-he-cant-1809946716

    Michael Morell, the former acting director of the Central Intelligence Agency, announced on Thursday that he was resigning from a fellowship at Harvard because he couldn’t stand the thought of the school also offering an unrelated fellowship to Chelsea Manning.

    This is where we tell you that this is all nonsense. Although it’s a frequently-used line of attack, the federal government has never publicly provided proof that Manning’s leaks—which were used by the most prestigious news outlets in the world and revealed, among other things, that civilian casualties in Iraq and Afghanistan were far higher than previously known—caused the deaths of any Americans.

    Interestingly, there’s been loads of evidence that the CIA’s programs of indiscriminate drone strikes and brutal torture—both of which Morell has publicly and enthusiastically supported—caused a great deal of death and despair to people. But Manning is the immoral one.

    Manning’s 35-year sentence was a punishment so severe that, when Barack Obama commuted it, he said it was without “historical precedent.”

  • Une plateforme pour la génomique personnelle | InternetActu.net
    http://www.internetactu.net/a-lire-ailleurs/une-plateforme-pour-la-genomique-personnelle
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    Centralisation comme décentralisation posent des problèmes. Et dans tous les domaines (monnaie, données personnelles d’usage,...)

    23andMe a-t-il du souci à se faire ? Une nouvelle génération d’entreprises se consacrant à la génomique personnelle est en train de voir le jour, et parmi elles Helix, à laquelle la Technology Review a consacré un récent article. Helix utilise une technique de « vrai » séquençage de l’ADN, et non de génotypage comme le fait aujourd’hui 23andMe, et se montre en mesure de fournir, pour 80$, une lecture de l’exome, c’est-à-dire une portion de l’ADN bien plus importante que celle proposée aujourd’hui par la société d’Anne Wojcicki. Mais pour la revue du MIT, l’originalité d’Helix tient à ce qu’elle appelle un App store pour l’ADN. En effet, explique l’article, les compagnies de génomique classique fonctionnent en une seule étape. On envoie sa salive, puis on reçoit les résultats une bonne fois pour toutes. Helix se veut une plateforme ouverte à des développeurs externes qui fabriqueront des applications susceptibles de donner certaines informations précises sur le contenu de notre génome. Par exemple, la société Exploragen se propose d’analyser les rythmes de sommeil. Insitome de son côté va découvrir la proportion de gènes néandertaliens au sein d’un ADN…

    Évidemment, comme tout ce qui touche à ce domaine très controversé, des questions d’éthique et de risque se posent (comme le fait de devoir payer un loyer à vie pour pouvoir accéder à notre propre code génétique et bénéficier des avancées de la médecine, comme s’en inquiète le professeur de marketing, Christophe Benavent sur son blog). Lorsque tous les résultats sont concentrés au sein d’une même société, on peut à la limite tenter d’avoir un peu de contrôle. Mais dans un système décentralisé, qui va vérifier le sérieux des applications ?

    #Génomique

  • Barriers to Equality in Academia: Women in Computer Science at MIT (1983)
    https://homes.cs.washington.edu/~lazowska/mit

    Prepared by female graduate students and research staff in the Laboratory for Computer Science and the Artificial Intelligence Laboratory at MIT

    February 1983

    In my view, this is the most useful report ever written in terms of its potential to improve the environment for members of under-represented groups in academia. Rather than focusing on egregious examples of harrassment (the staple of “let’s avoid lawsuits” presentations), this report focuses on the million and one small ways in which even the best intentioned of us inadvertently create environments that are not conducive to the career development of women, and, by extension, members of other under-represented groups.

    http://www.math.utah.edu/~newren/linux/random/download/cause-gpdf-crash.pdf

    #femmes #informatique #rapport

  • De la matérialisation des données
    http://www.internetactu.net/2017/09/05/de-la-materialisation-des-donnees

    Paul Dourish (Wikipedia, @dourish) a signé au printemps aux Presses du MIT un court essai The Stuff of Bits (que l’on pourrait traduire d’une manière un peu cavalière par « La substance de l’information »), un livre qui s’intéresse aux impacts matériels de l’information numérique. Comment la simulation numérique, nos outils de (...)

    #Articles #Usages #design #Entreprise

  • OCW Course Index | MIT OpenCourseWare | Free Online Course Materials
    https://ocw.mit.edu/courses/index.htm

    tous les cours du MIT en accès libre :

    Aeronautics and Astronautics
    Anthropology
    Architecture
    Athletics, Physical Education and Recreation
    Biological Engineering
    Biology
    Brain and Cognitive Sciences
    Chemical Engineering
    Chemistry
    Civil and Environmental Engineering
    Comparative Media Studies/Writing
    Concourse
    Earth, Atmospheric, and Planetary Sciences
    Economics
    Edgerton Center
    Electrical Engineering and Computer Science
    Engineering Systems Division
    Experimental Study Group
    Global Studies and Languages
    Health Sciences and Technology
    History
    Linguistics and Philosophy
    Literature
    Materials Science and Engineering
    Mathematics
    Mechanical Engineering
    Media Arts and Sciences
    Music and Theater Arts
    Nuclear Science and Engineering
    Physics
    Political Science
    Science, Technology, and Society
    Sloan School of Management
    Supplemental Resources
    Urban Studies and Planning
    Women’s and Gender Studies
    Writing and Humanistic Studies

    #recherche #enseignement #mooc via @maliciarogue

  • Un enfant américain sur 2 pourrait souffrir d’autisme d’ici 10 ans
    https://www.crashdebug.fr/international/13896-un-enfant-americain-sur-2-pourrait-souffrir-d-autisme-d-ici-10-ans

    On y reviendras....

    Une chercheuse du célèbre MIT (Institut universitaire du Massachussets) vient de faire une déclaration surprenante sur l’autisme. Selon elle, un enfant américain sur deux pourrait souffrir d’une forme d’autisme à l’horizon 2025.

    "A la vitesse où vont les choses, d’ici 2025, un enfant sur deux sera autiste aux Etats-Unis". En s’exprimant ainsi lors de la présentation d’une étude sur l’utilisation croissante du Round Up (un désherbant dont l’ingrédient actif est le glyphosate) et l’augmentation du taux d’autisme, Stephanie Seneff de l’Institut de Technologie du Massachusetts (MIT) a fait se dresser plus d’un cheveu sur la tête de son public.

    Le Dr Seneff a rédigé de nombreux articles dans diverses revues médicales et (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

  • La fin du travail, le nerf de la guerre, Philippe Escande
    « Retours sur le futur (5/5). Des auteurs ont anticipé la société à venir dans des livres vendus à des milliers d’exemplaires. En 1997, Jeremy Rifkin théorisait ce qui allait inspirer la gauche française lors de nombreux débats politiques : la destruction des emplois par la technologie. »

    http://www.lemonde.fr/festival/article/2017/08/18/la-fin-du-travail-le-nerf-de-la-guerre_5174023_4415198.html

    Michel Rocard ne s’y était pas trompé : ce livre est « effrayant ». Dans la préface de l’édition française, il écrit qu’il est sidéré par l’ampleur du défi lancé par l’auteur de La Fin du travail (Jeremy Rifkin, La Découverte, 1997. Publication originale : The End of Work, 1995). Depuis plus de cinq mille ans, l’homme courbe l’échine sous le poids de ses obligations, et voilà que Jeremy Rifkin, spécialiste de prospective, annonce sa libération.

    Dans cet essai « torrentiel, déconcertant et parfois agaçant » – toujours selon Rocard –, l’auteur prédit que la technologie va progressivement faire disparaître la force de travail humaine et qu’il convient de s’y préparer en investissant massivement dans l’économie sociale. Il faut anticiper le chômage et l’extension de la misère, et aviver l’espoir de l’avènement d’une société moins marchande et plus solidaire.

    Il est déconcertant de constater qu’un débat lancé il y a plus de vingt ans ait refait surface, en France, lors de la campagne présidentielle de 2017. Bien des idées du candidat du Parti socialiste, Benoît Hamon, résonnent étrangement avec celles proposées par Rifkin : les robots vont tuer l’emploi, un revenu universel est nécessaire et il faut renforcer un tiers secteur non marchand. L’Américain a multiplié ses disciples.

    Vendu à 125 000 exemplaires aux Etats-Unis – ce qui est loin d’en faire un best-seller –, le livre a connu une belle carrière internationale. Traduit en dix-sept langues, il a lancé la carrière de son auteur et l’a installé dans le fauteuil confortable de prophète d’un monde nouveau, marqué par la triple révolution numérique, biologique et écologique. (

    Papy débonnaire
    Son ouvrage précédent, Au-delà du bœuf (Beyond Beef, Dutton Adult, 1992), plaidoyer d’un végétarien convaincu qui dénonce la consommation de viande et l’élevage bovin, ne laissait pas prévoir qu’il allait s’attaquer aussi abruptement à l’un des fondements de l’activité humaine. Douceur du regard, calvitie de notaire et moustache de sergent-major, on lui donnerait le Bon Dieu sans confession.

    Un révolutionnaire se cache pourtant derrière Jeremy Rifkin, ce papy débonnaire aux costumes soignés et aux pochettes de soie assorties. Son premier engagement, celui qui déterminera tout le reste, a lieu en 1967 quand, jeune diplômé en droit, il organise la première manifestation nationale contre la guerre au Vietnam. Plus tard, il épouse la cause de la lutte contre les manipulations génétiques. Il trouble, avec ses camarades, les cénacles de l’Académie des sciences, en déployant ses banderoles et en chantant « Nous ne voulons pas être clonés », sur l’air de l’hymne aux droits civiques (We Shall not Be Moved).

    En 1977, dans le Library Journal, le critique Ken Nash presse le destin de ce jeune homme qui n’avait pourtant produit qu’un seul livre (Own Your Own Job, Bantam Books, 1977) : « Le socialisme de Rifkin est aussi américain que la tarte aux pommes, écrit Nash. Il est peut-être notre plus talentueux vulgarisateur d’idées radicales. » La France va adorer.

    Multiples retirages

    Quelques mois après la publication de The End of Work, le sociologue français Alain Caillé dévore le livre et rêve d’une édition française. Théoricien du don et militant de l’anti-utilitarisme, alternative humaniste au libéralisme et au marxisme, il retrouve ses thèmes dans l’ouvrage de Rifkin : l’impasse de l’économie marchande qui exclut de l’emploi et la nécessité d’encourager l’économie solidaire.

    Il fait le siège de son éditeur, La Découverte, pour le convaincre de le publier. « Ça ne se vendra pas », le prévient François Gèze, le patron de la maison. A tort : il a vendu plus de 30 000 exemplaires la première année de sa sortie, sans compter les multiples retirages, qui élèvent le nombre à 57 000. « Et il s’en vend toujours aujourd’hui », pointe l’éditeur. Il faut dire qu’il avait réussi à convaincre son ami Michel Rocard de préfacer l’ouvrage.

    Philippe Séguin, à l’époque président de l’Assemblée nationale (1993-1997) et autre amoureux du débat sur le travail, avait décliné car Jeremy Rifkin exerce déjà sur le personnel politique, français comme européen, un attrait indéniable. Comme si ses idées originales ouvraient de nouveaux horizons à des décideurs en panne de solutions nouvelles. Avant la sortie de l’édition française, il était l’invité d’honneur d’une conférence de deux jours organisée par Philippe Séguin à Epinal, son fief des Vosges, rassemblant leaders syndicaux et chefs d’entreprise.

    « Nouvel esprit de paresse »

    Le succès de l’ouvrage est aussi dû à un concours de circonstances exceptionnel : rincés par une crise qui n’en finit pas en ce milieu des années 1990, les Français sont en proie au doute. « Contre le chômage, on a tout essayé », reconnaît, en 1993, le président François Mitterrand. On imagine alors la disparition de l’emploi. Un an avant la traduction de Rifkin, la sociologue et philosophe Dominique Méda publie Le Travail, une valeur en voie de disparition (Alto, 1995). Un tabou saute. La droite hurle à l’Assemblée face à ce « nouvel esprit de paresse ».

    Dans le même temps, la romancière Viviane Forrester fait un tabac avec son Horreur économique (Fayard, 350 000 exemplaires). L’entreprise n’est plus tendance, le débat s’installe à gauche. Mais nous sommes en France, et l’argumentaire économique promu par Rifkin vire à la controverse philosophique.

    Pour Méda, comme pour André Gorz et d’autres penseurs de gauche, la question du progrès technologique n’est pas centrale. Il s’agit d’affirmer que le travail, valeur réhabilitée au XVIIIe siècle avec les Lumières, ne constitue pas l’essence de l’homme et que l’entreprise ne doit pas être son seul horizon. Il convient d’en réduire la durée pour se consacrer à d’autres activités plus épanouissantes : la famille, la communauté, l’enrichissement intellectuel… La conclusion est identique à celle de l’Américain mais prend d’autres chemins.
    « Je ne dis pas que le travail va disparaître, assure la sociologue, mais je souhaite qu’il prenne moins de place. » Une idée que partage également l’économiste Gilbert Cette, professeur à l’université d’Aix-Marseille, et qu’il traduit en des termes plus économiques :
    « Augmenter le temps de loisirs est une forme de redistribution des gains de productivité. »

    Déprime des salariés

    A ces données s’ajoutent une déprime des salariés (le plus grand succès des éditions La Découverte à cette époque sera d’ailleurs Le Harcèlement moral, de Marie-France Hirigoyen, en 1998, vendu à 600 000 exemplaires…) et une réflexion à gauche qui s’oriente de plus en plus vers la réduction du temps de travail.

    A la faveur de la dissolution du Parlement par Jacques Chirac en 1997, la gauche, exsangue cinq ans plus tôt, revient au pouvoir. A court d’idées neuves, elle saute sur la réduction du temps de travail, soufflée à Martine Aubry par Dominique Strauss-Kahn. Gilbert Cette intègre le cabinet de la ministre et donne une réalité à ce vieux rêve.
    Jeremy Rifkin ne pouvait imaginer pareille consécration : la plus importante réforme sociale de l’après-guerre en France, mise en route deux ans après la parution de son livre qui en faisait l’apologie ! Pourtant, la destruction des emplois par la technologie, thèse principale du livre, n’a pas abouti à une disparition du travail mais à sa transformation. Le drame que décrivait si bien l’auteur n’était pas celui de la fin du salariat mais de la désindustrialisation.

    Légitimité du débat

    Et si le débat revient aujourd’hui avec la peur de l’avènement des robots, la plupart des spécialistes en rejettent l’idée, de surcroît contredite par les faits : vingt ans après sa prédiction funeste, le taux de chômage mondial est plus bas qu’à l’époque (1 % de moins) ! Vieille opposition du scientifique face au vulgarisateur qui noircit le trait pour mieux vendre son message au risque de le déformer…
    « Monsieur Rifkin est un charlatan ! C’est un consultant qui a eu le flair d’enfourcher, au bon moment, les grandes peurs collectives de notre fin de siècle : les risques liés au progrès technologique et le chômage », lançait Olivier Blanchard, ancien chef économiste au FMI et enseignant au MIT, l’un des rares de sa profession qui soit entré dans le débat. Les autres ont préféré l’ignorer.

    Jennifer Hunt est l’une des plus grands spécialistes du travail aux Etats-Unis. Elle fut chef économiste au ministère du travail américain pendant la mandature de Barack Obama. « J’étais professeure à l’université Yale à l’époque, dit-elle. Nous ne le connaissions même pas. En 1995, nous sortions de la récession, c’était le début de la nouvelle économie et la croissance de l’emploi était très rapide. » Tout juste reconnaît-elle qu’il est parfois utile « d’avoir des gens qui ne sont pas contraints par une discipline et par des faits scientifiques ». Pour l’économiste Daniel Cohen, « Ce livre est arrivé à un moment de grande fatigue. Il est faux de dire que le travail disparaît, mais le débat sur la finalité de celui-ci est légitime ».

    Conférences convoitées
    C’est finalement le destin des Rifkin, Attali ou Minc de saisir l’air du temps, de lire beaucoup et de former, à partir de cela, des idées bien plus audacieuses que celles de la communauté scientifique… Et d’en faire commerce. Les conférences de Jeremy Rifkin, réclamées par toutes les grandes entreprises et organisations mondiales, se monnayent entre 20 000 et 40 000 euros.

    Sa société de conseil enchaîne les contrats avec la Commission européenne, le gouvernement allemand, la ville de La Haye, le Luxembourg, la région des Hauts-de-France… Les missions sont facturées entre 350 000 et 450 000 euros – « Le prix d’un rond-point », tempère modestement le prospectiviste –. « Sa notoriété et son charisme nous ont permis de rassembler tous les acteurs de la région autour d’un projet mobilisateur », insiste l’ancien ministre Philippe Vasseur, qui a monté avec lui le projet de « Troisième révolution industrielle » pour les Hauts-de-France.

    La Fin du travail a permis à Rifkin de gagner ses galons de millénariste en chef. Après la fin du bœuf et celle du travail, sont intervenues celles de la propriété (L’Age de l’accès, La Découverte, 2005) et des énergies fossiles (La Troisième Révolution industrielle, Les Liens qui libèrent, 2012). Il prédit maintenant la fin du capitalisme par sa dissolution dans le collaboratif (La Nouvelle Société du coût marginal zéro, Babel, 2016), voire la fin de l’espèce humaine, si l’on ne prend pas de mesure contre le réchauffement climatique.

    Des idées fortes qui retentissent dans une Europe en proie aux doutes existentiels. « Si je devais renaître, j’aimerais que ce soit en France ou en Italie », a coutume de lancer Jeremy Rifkin. Il en est déjà le citoyen de cœur et, avec ses certitudes, il est au moins le prophète d’un monde incertain.

    https://seenthis.net/messages/262461

    #Rifkin #Travail #emploi

  • L’oubli, mécanisme clé de la mémoire

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/08/21/l-oubli-mecanisme-cle-de-la-memoire_5174858_1650684.html

    C’est parce que les détails de nos souvenirs s’effacent que nous pouvons agir, nous adapter au quotidien, acquérir de nouvelles connaissances. Immersion dans les mécanismes de l’oubli qui, lorsqu’il se fait massif, peut être le symptôme d’une maladie ou d’une lésion cérébrale.

    « Dans sa chute, il avait perdu ­connaissance ; quand il était ­revenu à lui, le présent ainsi que les souvenirs les plus anciens et les plus banaux étaient devenus intolérables à force de richesse et de netteté. Il s’aperçut peu après qu’il était infirme. (…) Sa perception et sa mémoire étaient maintenant infaillibles. »

    Cette fiction de Jorge Luis Borges (1899-1986), Funes ou la ­mémoire (1942), est inspirée d’une histoire vraie : celle d’un patient, « S. », suivi par le psychologue russe Alexandre Luria (1902-1977). Funes ou l’impossible oubli. Peut-être ­enviez-vous ce jeune homme pour sa capacité quasi illimitée de stockage et de rappel de ses souvenirs ? Eh bien, vous avez tort. Le cadeau était empoisonné.

    Nous devrions bénir nos facultés d’oubli. Car une « bonne mémoire » doit certes nous permettre de retenir durablement l’essentiel de nos savoirs et de nos expériences. Mais elle doit aussi, et c’est primordial, parvenir à effacer ­l’accessoire, le superflu. Les Grecs anciens, déjà, l’avaient pressenti. Mnémosyne, déesse de la mémoire, n’a-t-elle pas enfanté les Muses, « qui procurent l’oubli des maux et la fin des douleurs », selon Hésiode dans La Théogonie ?

    « En dehors du contexte très particulier des maladies de la mémoire, les deux termes “mémoire”et “oubli” sont loin de représenter deux fonctions ­antagonistes. Ils répondent aux mêmes objectifs, car l’oubli est indispensable au bon fonctionnement de la mémoire », résume Francis Eustache, neuropsychologue, directeur d’une unité Inserm (université de Caen-Normandie) et directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), dans Mémoire et oubli (Le Pommier, 2014).

    « La condition même de l’action »

    Cet oubli « positif » rend notre mémoire performante, nous permet de forger des ­concepts et d’adapter nos comportements aux situations nouvelles. Bref, il nous rend plus intelligents !

    A première vue, c’est paradoxal. Pourtant, plusieurs philosophes et psychologues en ont eu l’intuition. « L’oubli, sauf dans certains cas, n’est pas une maladie de la mémoire, mais une condition de sa santé et de sa vie », écrivait Théodule Ribot, un des pères de la psychologie, dans Les Maladies de la mémoire (1882).

    « Pour Henri ­Bergson, l’oubli est la condition même de l’action. Son filtre ne laisse passer que les souvenirs utiles à l’action présente », notent le neurologue Antoine Lejeune et le psychiatre Michel Delage dans La Mémoire sans souvenir (Odile Jacob, 336 p., 25,90 euros).

    Publié dans Neuron le 21 juin, un article en ­offre une éclatante démonstration : il récapitule les données accumulées depuis près de cent cinquante ans. « Il est capital que le cerveau oublie les détails sans importance pour se focaliser sur ce qui compte vraiment dans nos prises de décision quotidiennes », résument Blake Richards et Paul Frankland, coauteurs, de l’université de ­Toronto (Canada).

    Ces chercheurs rendent d’abord hommage aux patients souffrant de divers troubles de la ­ mémoire, qui ont inspiré nombre de découvertes. Il y a, d’abord, ceux qui n’oublient pas. Dont le fameux « S. » : Solomon Cherechevski de son vrai nom.

    « C’était probablement un synesthète [un individu capable d’associer différents sens, par exemple un son à une couleur] et il utilisait spontanément la méthode des lieux [qui apparie les connaissances à retenir à des lieux bien ­connus] », précise le professeur Robert Jaffard, du Centre national de la recherche scientifique, à l’université de Bordeaux.

    Les ravages d’une mémoire insatiable

    Destin funeste, en vérité, que celui de ce Funes, alias « S. ». Voici ce qu’en dit Borges : « Non seulement il lui était difficile de comprendre que le symbole générique chien embrassât tant d’individus dissemblables et de formes diverses ; cela le gênait que le chien de trois heures quatorze (vu de profil) eût le même nom que le chien de trois ­heures un quart (vu de face). (…) Il avait appris sans effort l’anglais, le français, le portugais, le ­latin. Je soupçonne cependant qu’il n’était pas très capable de penser. Penser, c’est oublier des différences, c’est généraliser, abstraire. »

    La nouvelle illustre bien les ravages d’une mémoire ­insatiable, absorbant et retenant tout – monstrueuse et paralysante. « Les cas d’hypermnésie sont rarissimes et très ­intrigants. Ce sont sans doute des troubles neuro-développementaux. Personnellement, je n’en ai ­jamais rencontré », ­témoigne Francis Eustache.

    En 2006, le neurologue James McGauch, de l’université de Californie, a décrit le cas d’une jeune femme, Jill Price, qui considérait sa ­mémoire autobiographique exceptionnelle comme « un fardeau ». Une dizaine de cas similaires ont été rapportés.

    Paradoxalement, ces as de la mémoire autobiographique ont des performances médiocres dans des tests de mémoire. Ils se distinguent des champions de la mémoire, ces « mnémonistes » capables de retenir, à la suite d’un entraînement ­intense, une masse d’informations impersonnelles : par exemple, des dizaines de milliers de décimales de Pi. Certains, comme Raymond dans Rain Man, sont des « savants autistes ». Sur le plan neurobiologique, ces hypermnésies sont des mystères.

    Retombées pédagogiques

    Bien plus nombreux sont les patients qui oublient trop. Ainsi K. C., décédé en 2014, était ­ devenu amnésique à la suite d’un accident de vélomoteur à l’âge de 30 ans. Il pouvait évoquer des connaissances antérieures, y compris sur sa propre vie [« mémoire sémantique »], mais pas accéder à ses souvenirs personnels [« mémoire épisodique »]. « Ce patient a permis de faire la distinction entre ces deux formes de mémoire », note Francis Eustache. Plus étonnant encore : alors qu’il ne formait plus aucun souvenir personnel, K. C. pouvait apprendre de nouveaux concepts.

    Ce type d’études a des retombées pédagogiques. Les rééducateurs le savent : les amnésiques doivent éviter de faire des erreurs lors de l’apprentissage d’une procédure. « Si un amnésique fait une erreur, il va généralement la mémoriser et la reproduire », relève Francis Eustache.

    Autres cas étonnants : les enfants qui naissent avec des lésions de l’hippocampe. Alors qu’ils forment très peu de souvenirs, ils acquièrent le langage et engrangent des connaissances, comme n’importe quel autre enfant. Mais, de ­retour de l’école, ils sont incapables de raconter des anecdotes de leur journée. Cela conforte « l’hypothèse que des connaissances peuvent être formées sans accéder au statut de souvenir », une idée à contre-courant des dogmes passés.

    Les tours et détours du duo « mémoire-oubli » sont ainsi innombrables. « De récentes recherches ont montré que les mécanismes neuronaux à l’origine de l’effacement des souvenirs sont distincts de ceux qui en assurent le stockage », écrit Paul Frankland dans Neuron.

    Prenons d’abord le stockage. Comment se forme un souvenir dans le cerveau ? « C’est grâce à la mise en réseaux des neurones qui ont été activés, ensemble, par les données à mémoriser ou par un apprentissage, explique Robert ­Jaffard. Mais le premier encodage du souvenir est instable. Pour laisser une trace mnésique, ces ­réseaux doivent être consolidés. »

    Mécanismes d’effacement

    Cette consolidation peut résulter de la relecture d’une leçon, par exemple. Elle est liée au renforcement durable des ­connexions, ou « synapses », entre les neurones de ces réseaux. Une partie d’entre eux se trouve dans l’hippocampe, zone impliquée dans la formation de la mémoire.

    Quant aux mécanismes d’effacement, ils sont de deux types. Le premier est logique : il tient en l’affaiblissement des synapses, dans les réseaux de neurones qui matérialisent les traces mnésiques. Le processus est connu : c’est la « dépression synaptique à long terme (LTD) ». Quand un neurone A ne parvient pas à exciter un neurone B, alors la connexion – la synapse – entre A et B perd de son efficacité. D’où un déclin passif, quand le souvenir n’est pas consolidé.

    Le second mécanisme est contre-intuitif : il vient de la ­formation de nouveaux neurones, à partir de cellules souches du cerveau. Une découverte réalisée par Paul Frankland en 2013. En fait, précise Robert Jaffard, la formation de nouveaux neurones entraîne des effets opposés selon le moment où elle se produit. « Lors de l’encodage d’un souvenir, elle facilite grandement sa mémorisation. » Mais après, c’est le contraire : « Après un apprentissage, quand on provoque artificiellement la formation de nouveaux neurones, on entraîne son oubli. »

    Un troublant parallèle

    Pourquoi ? Parce que ces nouveaux neurones s’intègrent dans le circuit de l’hippocampe où la trace mnésique est stockée. Ils créent alors des interférences, polluant et affaiblissant ce ­ circuit. « Ce processus expliquerait pourquoi les enfants, qui forment beaucoup de nouveaux neurones, oublient si facilement », soulignent les auteurs dans Neuron.

    On peut s’étonner que le cerveau consacre tant d’énergie à créer des neurones aux seules fins d’affaiblir des souvenirs. C’est que l’enjeu est ­vital. Le texte publié dans Neuron le confirme par l’étude des réseaux de neurones artificiels.

    Troublant parallèle, en vérité : en intelligence ­artificielle aussi, l’oubli peut être une vertu ! Ainsi, dans « l’apprentissage machine », des algorithmes apprennent à des ordinateurs à effectuer une ­tâche – un classement, par exemple – à partir d’une série d’expériences, puis à améliorer leurs performances sur de nouvelles expériences.

    « L’objectif de l’apprentissage machine n’est pas de stocker toutes les données – ce qui se révèle impossible dans le cas des big data – pour s’en “souvenir”, mais d’en retenir quelque chose d’essentiel réutilisable dans des contextes différents de ceux qu’on a ­appris »,écrit Jean-Gabriel Ganascia, professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC, Paris), dans Mémoire et oubli. Lorsque l’ordinateur ­apprend trop de détails, ce « sur-apprentissage » est contre-productif.

    De l’importance du sommeil

    Revenons à l’humain. « Une fois le souvenir ­encodé, sa trace mnésique va migrer de l’hippocampe vers le cortex, dit Robert Jaffard. Cette ­migration s’accompagne d’une forme d’oubli : les informations stockées dans le cortex sont moins précises, plus schématiques », indépendantes du contexte. C’est le processus de « sémantisation ». L’oubli nous aide ainsi à généraliser, à conceptualiser.

    Ainsi une bonne mémoire est une mémoire qui hiérarchise et sélectionne. « Le sommeil lent joue un rôle-clé dans cette sélection. Il permet le tri entre ce qui sera archivé et ce qui sera effacé », rappelle Robert Jaffard. Mais il est aussi propice à la consolidation des savoirs acquis durant la journée.

    « Pendant le sommeil lent et paradoxal, le cerveau rejoue les activités neuronales correspondant au souvenir, ce qui le renforce. Cela a été montré chez le rongeur avec les “cellules de lieux”, ces neurones qui codent la carte de l’environnement spatial. Quand l’animal dort, ces cellules ­rejouent le trajet qu’il a suivi durant la journée », ­explique Serge Laroche, du CNRS (Institut des neurosciences Paris-Saclay).

    Une étude française, publiée le 8 août dans ­Nature Communications, révèle que le sommeil fait mieux : nous pouvons aussi apprendre de nouvelles choses en dormant.

    En exposant des volontaires humains à des stimuli sonores répétés, des chercheurs du CNRS à Paris (ENS/EHESS), avec le Centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu (AP-HP), montrent que le cerveau parvient à ­apprendre des sons pendant le sommeil paradoxal et le sommeil lent léger. Au réveil, les sujets testés reconnaissent les bruits qu’ils ont entendus durant ces deux phases. « On peut donc utiliser les siestes courtes du début de l’après-midi, riches en sommeil lent léger, pour favoriser l’apprentissage », noteThomas Andrillon, coauteur. Mais l’étude montre aussi que ces mêmes sons peuvent être oubliés durant le sommeil lent profond.

    Jaillit alors le souvenir

    L’oubli dépend de trois filtres, qui opèrent ­durant l’encodage, la consolidation ou le rappel du souvenir. « On peut penser qu’on oublie bien moins qu’on ne le croit. Une partie de l’oubli serait un déficit du rappel des détails, dont la trace pourrait rester présente dans le cerveau. Il faut alors trouver les éléments contextuels permettant de les réactiver », précise Serge Laroche.

    C’est là qu’entre en jeu une autre mémoire, plus souterraine, qui opère à notre insu. « Face à une mémoire explicite [consciente] toujours fragile, laborieuse, coûteuse en énergie, la mémoire implicite [inconsciente], solide, robuste, s’impose souvent », expliquent Antoine Lejeune et Michel ­Delage dans La Mémoire sans souvenir.

    Très liée aux émotions et aux perceptions, cette mémoire implicite peut bloquer ou au contraire ouvrir l’accès à certains éléments de notre passé. Elle est « d’abord la mémoire oubliée des premières ­empreintes de la vie. »

    « Une information du monde intérieur [le vécu, l’humeur, le plaisir ou la souffrance] rencontre une information du monde extérieur [l’autre, le paysage, une chanson…]. » Jaillit alors le souvenir, rassemblant les fragments épars des éléments du passé. « Le contrôle est un tout petit élément de la mémoire ! », souligne Francis Eustache.

    « Il existe de nombreux “faux oublis” : les souvenirs que l’on croit oubliés ressurgissent, à notre insu, dans le présent », notent Antoine Lejeune et Michel Delage. C’est Proust, bien sûr, et sa madeleine qui ressuscite le souvenir des dimanches de Combray…

    Distorsions

    Tout souvenir, cependant, est une ­reconstruction. Lors de sa consolidation, la mémoire est malléable, plus labile et fragile. Elle peut alors mêler, amalgamer des éléments nouveaux. Et ces « interférences » brouillent le souvenir originel. D’où les distorsions de notre mémoire.

    Prenons par exemple les enfants d’une même fratrie. Adultes, « ils confrontent leurs souvenirs et s’aperçoivent rapidement, avec inquiétude, humour ou agressivité, que le même événement familial fait l’objet de descriptions différentes », poursuivent nos deux auteurs.

    C’est que chacun ayant vécu le même événement, en stocke et en remodèle le souvenir selon ses humeurs du ­moment, ses connaissances nouvelles, son évolution, son système de valeurs… Au fil du temps, « le soi n’a plus les mêmes centres d’intérêt ni les mêmes projets ».

    D’où un aperçu vertigineux sur ce qui fait notre identité : « D’un certain côté, notre identité est ­extrêmement stable tout au long de notre vie : c’est la notion de “mêmeté” chère au philosophe Paul Ricœur [1913-2005]. Et ce, même chez des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer. Dans le même temps, toute une partie de notre identité est beaucoup plus changeante – c’est la notion d’“ipséité”. Etonnamment encore, même de grands amnésiques conservent cette capacité à changer »,analyse Francis Eustache.

    La révolution de l’optogénétique

    Mais une question nous taraude tous, à mesure que nous vieillissons : comment distinguer « l’oubli positif », vertueux, de l’oubli pathologique ? C’est le travail des neuropsychologues, dès qu’un patient franchit leur porte. Sa plainte mnésique est-elle bénigne ? Due à une dépression ? Un trouble de l’attention ? Un Alzheimer débutant ? Des tests cognitifs, complétés si besoin par une imagerie cérébrale, conduiront au diagnostic.

    Si notre mémoire est une reconstruction, une synthèse changeante sur le monde et nous-mêmes, elle peut aussi être manipulée. Chez l’homme, on peut induire de faux souvenirs. Mais c’est surtout chez le rongeur qu’une retentissante série d’expériences, depuis 2012, a montré à quel point on peut renforcer ou supprimer des souvenirs, voire en créer de faux.

    Ces expériences font appel à l’optogénétique, cette alliance révolutionnaire de génie génétique et d’optique. La technique permet d’activer ou d’inhiber à volonté des catégories bien identifiées de neurones.

    Dans ces manipulations, le principe est toujours le même. On repère d’abord les neurones activés par un apprentissage. Puis on fait ­fabriquer à ces seuls neurones, par manipulation génétique, des canaux ioniques sensibles à une lumière bleue ou jaune. Ensuite, en appliquant cette lumière bleue ou jaune sur le cerveau des rongeurs, on active ou inhibe, selon les cas, ces cellules chez l’animal vivant. C’est ainsi que le prix Nobel (1987) Susumu Tonegawa, à l’Institut Riken ­(Tokyo) et au MIT (Cambridge), est parvenu à ­modifier, par optogénétique, des souvenirs stockés dans l’hippocampe de rongeurs.

    Un espoir balbutiant contre la maladie d’Alzheimer

    Dans un premier temps, son équipe a placé des souris dans un « contexte A ». Puis, les chercheurs ont mis ces rongeurs dans un ­« contexte B », en leur administrant systématiquement un petit choc électrique. En même temps, ils repéraient les neurones activés dans ce « contexte B ». Lorsqu’ils réactivaient ensuite, par optogénétique, ces mêmes neurones dans un autre contexte, la souris se comportait comme si elle était dans le « contexte B » : elle avait peur.

    Ensuite, les chercheurs ont apparié ce « contexte B » à un troisième « contexte C ». ­Résultat : ils sont parvenus à faire croire au rongeur que le « contexte C » était à redouter, alors que la souris n’avait jamais eu peur dans cette ­situation. Un vrai faux souvenir, donc.

    Poursuivant leur irrésistible avancée, ils se sont intéressés à des souris modèles d’Alzheimer. Résultat, publié en 2016 dans Nature : chez ces souris amnésiques, ils ont ressuscité un souvenir qui semblait perdu. Comment ? En réactivant, par optogénétique, le réseau de neurones qui avait été activé pendant un apprentissage – mais que l’on croyait non mémorisé. « C’est donc que malgré un hippocampe déficitaire, cette souris Alzheimer a pu former une trace mnésique », s’enthousiasme Robert Jaffard. Comment ? Probablement par des mécanismes cérébraux de compensation. Ce qui ouvre un espoir – balbutiant – face à cette maladie, même si l’optogénétique n’est pas un traitement envisageable.

    De nombreux labos s’intéressent maintenant à une autre forme d’oubli : le syndrome de stress post-traumatique (PTSD). Ce trouble associe à une hypermnésie des aspects émotionnels et sensoriels d’un traumatisme vécu, une amnésie de son contexte. Les sujets atteints sont envahis d’idées et d’images intrusives très handicapantes.

    Une équipe de l’université de Californie est parvenue à effacer, chez la souris, une mémoire de peur liée à un conditionnement – modèle imparfait de PTSD. Comment ? En affaiblissant, par ­optogénétique, les seules synapses du réseau de neurones qui permettent l’association entre un son et un choc électrique. Ces synapses se trouvent dans l’amygdale, une aire du cerveau très impliquée dans les émotions. Le résultat a été ­publié dans Neuron le 17 août.

    Les différentes formes de mémoire

    Episodique : c’est la « mémoire des souvenirs », la mémoire à long terme des événements que nous avons personnellement vécus, situés dans un contexte spatial et temporel précis. Elle n’apparaît que vers l’âge de 3 à 5 ans. Grâce à elle, nous prenons conscience de notre propre identité, avec un sentiment de continuité temporelle. Particulièrement fragile, elle dépend d’un réseau de neurones très distribué dans le cerveau. Elle s’appuie aussi sur la mémoire sémantique.

    Sémantique : c’est la « mémoire des connaissances », une mémoire à long terme des concepts, des mots, des savoirs généraux sur le monde et sur nous-mêmes. La plupart de nos souvenirs autobiographiques se transforment progressivement en connaissances générales : ils rejoignent la mémoire sémantique.

    Autobiographique : elle mêle notre mémoire épisodique à des éléments de notre mémoire sémantique [ceux qui concernent la connaissance sur nous-mêmes].

    Déclarative (explicite) : elle concerne le stockage et la récupération des données que nous pouvons faire émerger consciemment, puis exprimer par le langage.

    Procédurale : c’est la mémoire des savoir-faire et des habiletés motrices, verbales, cognitives, quand elles sont devenues automatiques [faire de la bicyclette sans y penser, par exemple]. Ce type de mémoire est relativement épargné dans les « maladies de la mémoire », comme Alzheimer.

    Implicite : c’est une mémoire inconsciente, très émotionnelle. Elle peut contrôler, à notre insu, le rappel de certains souvenirs : par exemple, en établissant un lien entre les affects du présent et ceux de la période d’acquisition du souvenir.

    Perceptive : elle s’appuie sur diverses modalités sensorielles (vue, ouïe…) pour, par exemple, reconnaître un parcours familier sans y prêter vraiment attention.

    De travail : c’est une mémoire à court terme. Elle nous offre un « espace de travail mental » qui nous permet de stocker et de manipuler des informations pendant une période de plusieurs secondes. Et, donc, de réaliser une tâche, raisonner, comprendre ce que nous lisons, suivre le fil d’un discours… Dans nos activités quotidiennes, elle est constamment sollicitée.

  • AI Programs Are Learning to Exclude Some African-American Voices , by Will Knight, August 16, 2017, MIT Tech review
    https://www.technologyreview.com/s/608619/ai-programs-are-learning-to-exclude-some-african-american-voices

    “If you analyze Twitter for people’s opinions on a politician and you’re not even considering what African-Americans are saying or young adults are saying, that seems problematic, ” O’Connor [professor at the University of Massachusetts] says

    The pair [O’Connor and one of his student] also tested several popular machine-learning-based APIs that analyze text for meaning and sentiment, and they found that these systems struggled, too. “If you purchase a sentiment analyzer from some company, you don’t even know what biases it has in it,” O’Connor says. “We don’t have a lot of auditing or knowledge about these things.”

  • [l] (https://blog.fefe.de/?ts=a76bb462) In Venezuela klauen hungrig...
    https://diasp.eu/p/5918762

    [l] In Venezuela klauen hungrige Menschen Tiere, fürs Abendessen.

    The chaotic collapse of the country’s socialist economic model has created chronic food shortages that have fueled malnutrition and left millions seeking food anywhere they can find it, including in trash cans and dumpsters.

    Klar, das war der Kollaps des Kommunismus, nicht die Sanktionen, die die USA verhängt haben. Mit denen hat das nichts zu tun.

  • What If Scientists Were Celebrities ? - Issue 51 : Limits
    http://nautil.us/issue/51/limits/what-if-scientists-were-celebrities

    Bumping into Millie Dresselhaus in the halls of MIT, where she was an Institute Professor, would invariably earn you a warm smile. It was hard to imagine a more modest or down-to-earth scientist. Which is why it was such a pleasure to see a video ad by General Electric imagining the late scientist (who passed away this February) as a global everyday superstar, chased by paparazzi and feted with her own line of dolls. The ad is one of a series designed to communicate a corporate character of diversity, openness, and innovation. We caught up with Linda Boff, the company’s Chief Marketing Officer, to talk about the ads and the broader culture of GE. Her summary of the case for diversity in the workplace was refreshingly straightforward: Diversity drives innovation, and a company’s workers (...)

  • Gauging urban change with Google Street View | Harvard Gazette
    http://news.harvard.edu/gazette/story/2017/07/gauging-urban-change-with-google-street-view

    Nikhil Naik, Scott Duke Kominers, and their collaborators are hoping to transform the way scientists study urban environments, with an assist from Google.

    In joint work with Edward L. Glaeser, the Fred and Eleanor Glimp Professor of Economics at Harvard, and César A. Hidalgo and Ramesh Raskar, associate professors at the MIT Media Lab, Kominers, an associate professor in the entrepreneurial management unit at Harvard Business School (HBS) and the department of economics, and Naik, a Prize Fellow in economics, history, and politics, authored a study that uses computer vision algorithms to examine millions of Google Street View images to measure how urban areas are changing.

    #urban_matter via Renaud Epstein sur Twitter

  • World’s Leading Hackers Explain Why You Don’t Want Huge Tech Companies Controlling Everything in Your House | Alternet
    http://www.alternet.org/investigations/ef-con-25-hackers-deride-internet-things-internet-sht

    The internet of things is a way to extract wealth from your every day life.

    The term was coined in 1999 by Kevin Ashton, a British technology pioneer at MIT. But it was presciently forecast by inventor and futurist Nikola Tesla in 1926, “When wireless is perfectly applied the whole earth will be converted into a huge brain … and the instruments through which we shall be able to do this will be amazingly simple ... A man will be able to carry one in his vest pocket."

    The first smart device—a toaster that could be turned on and off over the internet—was developed for an earlier tech convention in 1990. Why you need to turn your toaster on and off over the internet is unclear, but in 2017 the list of these programmable objects has expanded exponentially. “Every single device that’s being put in your home probably has a computer in it now,” says Christopher Grayson, a security expert and red-team hacker currently working for Snapchat. He lists water bottles, locks and even a WiFi slow cooker as just a few of the items that are being networked.

    Unfortunately, massive organized botnet attacks are not the only problem with IoT devices. Not only are they a potential entry point for unwanted intrusion into your home, they are also extruding private information from your home. Companies are acknowledging that they have plans to monetize the data they are collecting from these smart objects.

    What’s more fun than hacking into things? Hacking into things while winning serious street cred and cash. DEF CON 25’s IoT Village challenged hackers to pit their skills against the security of Small Office/Home Office routers. Eighty-six teams competed to discover the 0-day (undisclosed) vulnerabilities that were required to earn points. Teams were up late into the night, sometimes all night testing their skills against the security provisions that companies had put in place. Ultimately all the routers in the contest fell victim to the hackers. Independent Security Evaluators, the company that organizes the village, claims that the winning team Wolf Pack was able to exploit all 18 routers in play, capturing the “flag” and the $500 prize. Is your router one of the ones they hacked into? You might want to check.

    #Internet_des_Objets #Cybersécurité

  • Passwords Evolved: Authentication Guidance for the Modern Era
    http://feedproxy.google.com/~r/TroyHunt/~3/O-sTZ5KA_wg

    Sponsored by: Build your own mock malware and test your stack. Stackhackr will tell you if your company is vulnerable. Built by Barkly.In the beginning, things were simple: you had two strings (a username and a password) and if someone knew both of them, they could log in. Easy.

    But the ecosystem in which they were used was simple too, for example in MIT’s Time-Sharing Computer, considered to be the first computer system to use passwords:

    We’re talking back in the 60’s here so a fair bit has happened since then. Up until the last couple of decades, we had a small number of accounts and very limited connectivity which made for a pretty simple threat landscape. Your “adversaries” were those in the immediate vicinity, that is people who could gain direct physical access to the system. (...)

  • Emmanuel #Macron veut créer des « hotspots » pour gérer les demandes d’asile en #Libye

    « La France va créer dès cet été en Libye des #hotspots », des centres d’examen pour les candidats à l’asile, a annoncé le président Emmanuel Macron ce matin en marge d’une visite d’un centre d’hébergement de réfugiés à Orléans (Loiret). « L’idée est de créer en Libye des hotspots afin d’éviter aux gens de prendre des risques fous alors qu’ils ne sont pas tous éligibles à l’asile. Les gens, on va aller les chercher. Je compte le faire dès cet été », avec ou sans l’Europe, a-t-il ajouté.

    http://www.liberation.fr/direct/element/emmanuel-macron-veut-creer-des-hotspots-pour-gerer-les-demandes-dasile-en
    #hotspot #externalisation #asile #migrations #réfugiés #France

    cc @i_s_

    –---

    voir la métaliste sur les tentatives de certains pays européens d’externaliser la #procédure_d'asile :
    https://seenthis.net/messages/900122

    • Ah bon ?!?

      La mise en place de Hotspots en Libye n’est finalement « pas possible » cet été comme l’avait annoncé Emmanuel Macron

      La mise en place en Libye de centres pour examiner les demandes d’asile n’est « pas possible aujourd’hui », a jugé l’Elysée, jeudi 27 juillet, dans la soirée. Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron avait annoncé la création, cet été, de « hotspots » dans ce pays devenu un lieu de passage pour des milliers de migrants tentant de traverser la Méditerranée vers l’Europe.

      http://mobile.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/la-mise-en-place-de-hotspots-en-libye-n-est-finalement-pas-possible-cet-ete-comme-l-avait-annonce-emmanuel-macron_2302719.html#xtref=http://m.facebook.com

    • Migrants : « Trier les gens avant leur arrivée en France serait intolérable »

      Identifier les personnes vulnérables, comme cela se fait au Liban ou en Grèce sous la supervision du HCR, est une option -bien que ce n’est qu’une goutte dans l’océan. Mais si l’objectif est de trier les gens -entre migrants économiques et réfugiés- avant leur arrivée en France, c’est intolérable. Pouvoir déposer sa demande d’asile avant d’arriver sur le territoire ne doit pas déboucher sur une restriction du droit de venir en France, que ce soit pour des raisons d’asile ou de migration économique. Ce serait contraire à la convention de Genève qui impose aux signataires d’assurer l’accueil des réfugiés.

      http://www.lexpress.fr/actualite/societe/migrants-trier-les-gens-avant-leur-arrivee-en-france-serait-intolerable_193

    • Déclaration de Filippo #Grandi, chef du #HCR, sur la réunion de Paris le 28 août

      Je me félicite de l’annonce d’un plan d’action complet pour l’appui à des solutions à long terme au problème complexe de la migration mixte ainsi que la résolution de ses causes profondes, en étroite coopération avec les pays d’origine et de transit, et conformément au droit international.

      http://www.unhcr.org/fr/news/press/2017/8/59a55689a/declaration-filippo-grandi-chef-hcr-reunion-paris-28-ao-t.html

      Le HCR se félicite... sic

    • Parigi e i migranti: quale idea di Europa? Ascolta la puntata

      Dal vertice di Parigi sembrano arrivare novità importanti sul grande tema dei nostri giorni, quello dei migranti. Italia, Spagna, Germania e Francia, insieme a Ciad, Niger e Libia, sono forse arrivati a un punto di svolta nella gestione dei flussi migratori. Una strategia complessa dal punto di vista politico e soprattutto umanitario, che mette di fronte l’aspetto della sicurezza e quello morale. Gli sbarchi nel mese di agosto sono diminuiti, ma cosa succede a chi rimane dall’altra parte del mare? L’Italia sembra finalmente non essere più sola, ma qual è l’Europa che viene fuori da questo accordo?

      http://lacittadiradio3.blog.rai.it/2017/08/29/19762

    • Parigi: l’accordo che “li ferma a casa loro”

      L’accordo è raggiunto (per il momento), la strategia definita: teniamoli lontani da noi, costi quello che costi: in termini di risorse pubbliche (le nostre), ma soprattutto in termini di vite e diritti umani, calpestati. Cosa succederà alle persone che resteranno intrappolate nei loro paesi o in quelli di transito? Non sembra preoccupare i Capi di Stato e di Governo che oggi si sono riuniti a Parigi.

      http://www.cronachediordinariorazzismo.org/parigi-laccordo-li-ferma-casa

    • Au Niger, les rescapés du nouveau poste-frontière de l’Europe

      Pour éviter les traversées périlleuses, décourager les réseaux de passeurs et rendre moins visible le flux de migrants, des dizaines de demandes d’asile sont examinées au Sahel depuis octobre. A Niamey, Moussa et Eden font partie des rares personnes acceptées. Loin des 10 000 qu’Emmanuel Macron a promis d’accueillir d’ici fin 2019.

      Au Niger, les rescapés du nouveau poste-frontière de l’Europe
      « Bonjour », articule Moussa, sourire un peu crispé, un sourcil levé en signe d’hésitation. Dans sa bouche, ces deux syllabes résonnent comme celles d’un mot-valise qui porterait tous ses espoirs et ses incertitudes. Le seul mot de français qu’il connaît. De la France, ce père de famille érythréen de 43 ans, à la petite moustache bien taillée et aux yeux fatigués, a « vu quelques photos », entendu parler de « la tour Eiffel ». Dans quelques jours ou quelques semaines, c’est sur cette terre européenne, aussi inconnue que fantasmée, qu’il sera « relocalisé », selon le terme employé par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
      Moussa est l’un des rares gagnants de la loterie de l’asile, désormais mise en place bien loin de l’Europe : à Niamey, au Niger. Avec le récit d’une vie pour seul laissez-passer, Moussa a convaincu les agents de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), venus l’interroger dans le même conteneur préfabriqué où nous le rencontrons. Une enceinte sécurisée gérée par le HCR, au fond d’une ruelle poussiéreuse de cette capitale poussiéreuse, située au cœur du Sahel. Après deux entretiens, de nombreuses questions et vérifications, Moussa a obtenu le sésame auquel il n’osait plus croire : sa demande d’asile a été approuvée. « Je leur ai simplement dit la vérité, dit-il. J’ai beaucoup souffert. »
      Que font des fonctionnaires français chargés de l’examen des demandes d’asile loin de leurs locaux du Val-de-Marne, sur le sol africain ? Depuis octobre, l’Ofpra a effectué trois « missions de protection » au Sahel, deux au Niger et une au Tchad, pour une durée d’environ une semaine à chaque fois. L’objectif affiché : la réinstallation de réfugiés africains en France, après les avoir évalués dans ces « pays sûrs ». En principe, pour leur éviter « de prendre des risques inconsidérés » en traversant la Méditerranée. Mais il s’agit aussi de décourager les réseaux de passeurs clandestins qui ont longtemps prospéré dans ce pays au carrefour de l’Afrique noire et de l’Afrique du Nord.
      Sans laisser de traces

      Depuis deux ans, d’importants financements versés par l’Union européenne ont persuadé le gouvernement nigérien d’accepter de devenir de facto un de ses postes-frontières. Une loi criminalise désormais les passeurs : transporter des migrants au-delà d’Agadez, la « porte du désert » au nord du pays, est passible d’emprisonnement. Avec la mise en place de mesures répressives dans les pays qu’ils traversent, le nombre de migrants qui atteignent l’Europe a diminué, même si beaucoup empruntent à présent des routes plus dangereuses, à travers le désert, où ils disparaissent sans laisser de traces. Mais pour les gouvernements de l’UE, l’objectif est accompli, avec des migrants moins nombreux et en tout cas moins visibles. Reste en échange à accepter d’en accueillir quelques-uns pour que la logique de cette nouvelle plateforme en terre africaine fonctionne. L’an dernier, Emmanuel Macron s’est engagé à accueillir en France 10 000 réfugiés supplémentaires d’ici la fin de l’année 2019, dont 3 000 personnes en provenance du Tchad et du Niger.
      « Je n’ai absolument aucun doute que nous atteindrons ce nombre », affirme Pascal Brice, directeur de l’Ofpra. Pour l’instant, on est loin du compte. Environ 160 personnes, présélectionnées par le HCR, ont été vues par les agents de l’Ofpra lors de ces deux missions à Niamey. Après ces entretiens, 114 hommes, femmes et enfants - majoritairement érythréens, soudanais et somaliens - sont partis en France. Le nombre est dérisoire, mais le message politique est fort : ceux qui ont des revendications justifiées à l’asile ont une alternative légale et sûre à la dangereuse traversée de la Méditerranée, qui engloutit chaque année des milliers de personnes et leurs espoirs. Si la France leur ouvre ses portes, ils se verront offrir un billet d’avion, un titre de séjour et des mesures d’accompagnement pour faciliter leur intégration, telles qu’une aide au logement ou des cours de langue. Tous les autres devraient rebrousser chemin.
      « La rhétorique qui vise à tracer une distinction claire entre migrants et réfugiés recouvre des enjeux d’ordre politique majeurs, constate Jocelyne Streiff-Fénart, sociologue et directrice de recherche émérite au CNRS, spécialiste des migrations. L’opposition entre le réfugié, qui aurait des raisons légitimes de fuir et pour cela doit être accueilli, et le migrant économique, qui doit être repoussé, est devenue un élément essentiel d’une politique migratoire qui est clairement configurée comme une entreprise de triage. » Cette distinction entre « les bons et les mauvais migrants », qui appartiendraient à deux catégories imperméables, apparaît pour la chercheuse comme « une tentative de légitimation » de mesures de plus en plus restrictives, « voire brutales ».
      A Niamey, dans l’attente de son départ, Moussa fait les cent pas dans sa tête. Il a envie de parler. Les agents de l’Ofpra voulaient avant tout s’assurer de sa nationalité. Ce qui le prend aux tripes, qu’il régurgite d’une voix monocorde, ce sont les épreuves qu’il a traversées. La ligne de front lors de la guerre contre l’Ethiopie, la pauvreté, ses enfants qu’il ne voit qu’une fois par an, les frustrations, et le service militaire, quasi esclavagiste, qui n’en finit pas. En Erythrée, petit pays de la corne de l’Afrique dirigé par un régime autoritaire, celui-ci est obligatoire pour tous les citoyens. Sa durée est indéterminée. Moussa a passé douze ans sous les drapeaux. Puis, en 2011, il a craqué. « Une nuit, je me suis enfui, raconte-t-il. Je n’ai rien dit à ma femme. J’ai pris un chemin peu fréquenté, et j’ai traversé la frontière, dans l’obscurité. » Il part d’abord au Soudan puis au Soudan du Sud, à Juba, où il se fait embaucher dans un hôtel par un compatriote. Mais la guerre le rattrape. Avec ses économies, et un peu d’aide d’un beau-frère au pays, il prend finalement la décision qui le taraude depuis qu’il est parti : aller en Europe.
      Cul-de-sac libyen

      Une éprouvante traversée du désert le mène jusqu’en Libye, le principal point de départ pour les côtes italiennes. Un pays en plein chaos depuis la chute de Kadhafi, en 2011, où les migrants sont devenus une marchandise à capturer, à vendre et à exploiter. « Nous étions plusieurs centaines, peut-être 500, dans un hangar, raconte Moussa dans un anglais presque impeccable. J’y ai passé plusieurs mois, puis on nous a déplacés dans un autre endroit, puis encore un autre. Chaque fois, nous étions gardés par des hommes en armes. » Trafiquants, miliciens, gardes-côtes, bandits… tout se mêle et devient flou. Les geôliers aboient des ordres en arabe, une langue que la plupart des migrants ne comprennent pas. « Ils nous ont menacés, frappés avec des bâtons de bois ou des câbles. Quand ils étaient nerveux, ou défoncés, ils tiraient à nos pieds. Juste parce que ça les amusait, raconte-t-il. Mais, le pire c’était la faim. »
      Un soir, deux hommes s’emparent d’une jeune femme et l’emmènent à l’écart. « Quand ils l’ont ramenée, elle a pleuré toute la nuit. Que pouvait-on faire ? » dit-il, le regard sombre. Ceux qui peinent à rassembler l’argent dû pour le voyage sont maltraités avec une brutalité systématique, torturés, forcés de rester debout sous le soleil pendant des heures. Par téléphone, ils supplient leurs proches d’envoyer de l’argent, de les sortir de là. Moussa, lui, a déjà versé 3 500 dollars (environ 2 900 euros), mais son départ se fait attendre. La collaboration controversée de l’UE et de la Libye pour endiguer la venue de migrants africains en Europe, y compris par la détention de ces derniers et l’interception des bateaux en mer, a rendu la traversée plus compliquée. Elle a aussi accru la clandestinité dans laquelle opèrent les migrants et leur dépendance aux réseaux organisés de trafiquants.
      Parmi les milliers de personnes bloquées dans le cul-de-sac libyen, dans des conditions abominables, quelques centaines, comme Moussa, peuvent prétendre au statut de réfugiés. Le HCR travaille à les identifier et les faire relâcher. L’an dernier, l’agence onusienne a initié une procédure unique : l’évacuation par avion des demandeurs d’asile jugés les plus vulnérables vers un pays de transit où ils seraient en sécurité, le Niger. Un retour en arrière censé être temporaire, en vue de leur réinstallation, selon le bon vouloir de quelques pays occidentaux. L’enveloppe d’aide européenne ne venant pas sans contrepartie, les autorités nigériennes ont donné leur feu vert non sans émettre quelques craintes de voir leur pays devenir un « hotspot » où tous les recalés à l’examen de l’asile se retrouveraient coincés. « Nous avons environ 1 000 personnes sous notre protection en ce moment sur le territoire nigérien, dit Alessandra Morelli, représentante du HCR au Niger. Nous attendons que ces personnes puissent être accueillies par des pays tiers. Le succès de la démarche dépend de l’engagement des Etats membres de l’UE et de la communauté internationale. C’est seulement à travers cette solidarité que ces gens peuvent avoir l’espoir de reconstruire leur vie. »
      « On sait ce qui nous attend »

      L’initiative lancée par la France suscite l’intérêt d’autres pays. La Suisse et les Pays-Bas ont récemment effectué une mission au Niger. La Finlande, le Canada, l’Allemagne et le Royaume-Uni pourraient prochainement faire de même. Eden, 22 ans, doit bientôt être accueillie en Suisse. Avec ses traits fins, ses yeux brun profond soulignés d’un trait d’eye-liner et ses petites boucles d’oreilles mauves assorties à son vernis à ongles, la jeune Erythréenne mêle la coquetterie d’une adolescente à l’assurance de celles qui en ont déjà trop vu pour se laisser impressionner. Elle raconte son calvaire, parle de ses rêves d’avenir, son envie de « devenir esthéticienne. Ou médecin, si je peux aller à l’université ». La détermination ponctue chacun de ses mots. « Bien sûr qu’on sait ce qui nous attend lorsqu’on part », dit-elle en amharique, qu’une interprète traduit. Sur les réseaux sociaux, des photos circulent de ceux, tout sourire, qui ont réussi à atteindre le mythe européen. Mais les récits d’horreur, d’abandons dans le désert, de bateaux qui sombrent au milieu des vagues, de tortures dans les camps libyens, ont aussi fait leur chemin jusque dans les villages de la corne de l’Afrique. Dans leur bagage, certaines femmes emportent des contraceptifs parce qu’elles s’attendent à être violées. « Ça ne veut pas dire que l’on sait comment on va réagir, si l’on tiendra le coup, mais on sait que ce sera horrible. De toute façon, quelles sont les autres options ? »
      Pour quelques élus, extraits du flux migratoire au terme d’un processus de sélection en entonnoir, le voyage prend bientôt fin, à leur grand soulagement. A son arrivée en France, Moussa devrait obtenir la protection subsidiaire, un statut un cran en dessous de celui de réfugié. Il pourra le renouveler au bout d’un an, si ses raisons de ne pas rentrer en Erythrée sont toujours jugées légitimes. Aux yeux des autorités européennes, l’espoir d’une vie meilleure ne suffit pas.

      *Les prénoms ont été changés

      http://www.liberation.fr/planete/2018/05/03/au-niger-les-rescapes-du-nouveau-poste-frontiere-de-l-europe_1647600

    • EU to consider plans for migrant processing centres in north Africa

      Leaked draft document says idea could ‘reduce incentive for perilous journeys’

      The EU is to consider the idea of building migrant processing centres in north Africa in an attempt to deter people from making life-threatening journeys to Europe across the Mediterranean, according to a leaked document.

      The European council of EU leaders “supports the development of the concept of regional disembarkation platforms”, according to the draft conclusions of an EU summit due to take place next week.

      The EU wants to look at the feasibility of setting up such centres in north Africa, where most migrant journeys to Europe begin. “Such platforms should provide for rapid processing to distinguish between economic migrants and those in need of international protection, and reduce the incentive to embark on perilous journeys,” says the document seen by the Guardian.

      Although the plan is winning influential support, it faces political and practical hurdles, with one expert saying it is not clear how the EU would get foreign countries to agree to be “vassal states”.

      Migration is high on the agenda of the two-day summit, which opens on 28 June. EU leaders will attempt to reach a consensus on how to manage the thousands of refugees and migrants arriving each month.

      The German and French leaders, Angela Merkel and Emmanuel Macron, met near Berlin on Tuesday to agree on a common approach, amid fears in their camps that the European project is unravelling.

      Before the meeting France’s finance minister, Bruno Le Maire, said Europe was “in a process of disintegration. We see states that are turning inward, trying to find national solutions to problems that require European solutions.”

      He called for “a new European project” on immigration, as well as economic and financial issues, “to consolidate Europe in a world where you have the United States on one side, China on the other and we are trapped in the middle”.

      At the end of the meeting, which was dominated by eurozone reform, Macron said the EU would “work with countries of origin and transit” to cut off illegal people-smuggling routes, and build “solidarity mechanisms, both externally and internally”. The EU border and coastguard agency Frontex would be expanded to become “a true European border police”.

      Merkel is under pressure from her hardline interior minister, Horst Seehofer, to come up with a European plan by the end of the month. Germany continues to receive more applications for asylum than any other EU member state. Seehofer wants German border guards to start turning people away if there is no EU-wide progress.

      It was not immediately clear how the EU document’s proposal for “regional disembarkation platforms” would work, or where they might be set up.

      Elizabeth Collett, the director of the Migration Policy Institute in Brussels, said it was a “watered-down version” of Austrian-Danish proposals that had called for arrivals in Europe to be sent back to their point of departure to have their claims processed.

      “What has clearly changed is the level of political backing for this,” she said.

      The plan prompted questions about how it would work and the cost involved, she said. “It looks great on paper, but can you get countries to sign up from outside Europe and basically be vassal states?”

      The other big problem was ensuring the centres met EU standards, she said. “The conditions, the processing, all of the things that require a high degree of knowledge and are quite hard to manage within the EU, these are big questions.”

      The plan, however, appears to be helping unite EU countries that are deeply divided on migration.

      Italy and France support the idea of asylum centres outside EU territory, an idea that helped defuse diplomatic tensions after the two countries clashed when the new populist government in Rome refused to allow the docking of a ship carrying 630 migrants.

      Macron, who has previously raised the idea, proposed it when he met the Italian prime minister, Giuseppe Conte, last week.

      The EU struck a deal with Turkey in 2016 that drastically reduced migrant flows, but the bloc has found it harder to work with north African governments, especially Libya, from where most sea crossings begin.

      The European commission has rejected a Turkey-style deal with Libya because of instability in the country. But Italy’s previous government struck deals with Libyan militia and tribes and helped relaunch the Libyan coastguard. These actions contributed to a sharp reduction in the number of people crossing the central Mediterranean, but critics reported an increase in human rights violations.

      According to the draft document, the EU would like to set up the centres in collaboration with the UN refugee agency and the International Organization for Migration, a UN-related body that has previously criticised the paucity of legal routes for African migrants to travel to Europe.

      Dimitris Avramopoulos, the EU migration commissioner, is expected to spell out details of the disembarkation centres later this week.

      https://www.theguardian.com/world/2018/jun/19/eu-migrant-processing-centres-north-africa-refugees?CMP=share_btn_tw
      #Afrique_du_nord

  • L’Allemagne ébranlée par un nouveau scandale de ses industriels automobiles
    http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/automobile/l-allemagne-ebranlee-par-un-nouveau-scandale-de-ses-industriels-automobile

    Le gouvernement allemand s’est mobilisé pour tenter de circonscrire l’incendie autour des soupçons d’une immense entente des constructeurs automobiles allemands. D’après Der Spiegel, ces derniers discuteraient depuis les années 1990 pour contrôler et limiter les technologies de dépollution, mais pas seulement. La Commission européenne a d’ores et déjà annoncé qu’elle allait s’intéresser de près à cette affaire qui pourrait devenir le plus grand scandale industriel de l’histoire de l’Union européenne...

    Une nouvelle crise est en train de bousculer l’industrie automobile allemande... Deux ans après le retentissant scandale dit Volkswagen sur des moteurs diesels truqués, un journal allemand, Der Spiegel, a révélé que les autorités allemandes de la concurrence enquêteraient discrètement sur une entente entre les constructeurs automobiles.

    Cette entente durerait depuis les années 1990 et aurait conditionné un certain nombre de choix technologiques liés aux contrôles des émissions (la taille du réservoir Ad-Blue) ou encore la vitesse maximale autorisée pour ouvrir la capote d’un cabriolet. Mais bien d’autres choses encore...

    Car selon Der Spiegel, plus de 1.000 réunions auraient été tenues entre les cadres et ingénieurs de Porsche, BMW, Daimler (Mercedes), Audi et Volkswagen, et près de 60 groupes de travail auraient été créés pour conduire ces ententes, bien sûr dans la plus grande clandestinité. Cette entente avait évidemment pour but de limiter les coûts - sur le réservoir d’Ad-Blue, les constructeurs ont pu économiser jusqu’à 80 euros par voiture.
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    Volkswagen pourrait néanmoins échapper à une sanction. Le groupe allemand aurait effectivement décidé de s’auto-dénoncer, ce qui permet une exonération des poursuites, à l’instar de Man dans l’affaire du cartel des camions. Reste à savoir si Audi pourra bénéficier de cette immunité en tant que filiale à 100% de Volkswagen, ou si le fait que la marque soit logée dans une structure juridique séparée l’empêche d’en profiter. Même question pour Porsche, autre filiale de Volkswagen, qui est également mise en cause par l’article de Der Speigel.

    Le groupe a convoqué pour mercredi un conseil de surveillance extraordinaire pour faire le point sur la situation.
    « La direction a l’obligation d’informer cette instance de manière détaillée », a indiqué un porte-parole du comité d’entreprise à l’AFP.

    De son côté, BMW a totalement réfuté les accusations véhiculées par Der Spiegel. Daimler aurait, pour sa part, rejoint Volkswagen dans sa dénonciation.

    • Tricherie sur les émissions polluantes : Berlin ordonne le rappel de 22 000 Porsche
      http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/07/27/tricherie-sur-les-emissions-polluantes-berlin-ordonne-le-rappel-de-22-000-po

      Le ministre des transports allemand a ordonné, jeudi 27 juillet, le rappel d’environ 22 000 véhicules de marque Porsche à la suite de la découverte d’un système permettant de minimiser le niveau de leurs émissions polluantes.

      Le logiciel trouvé sur les modèles Cayenne et Macan de la filiale de Volkswagen constitue un système « illégal », a déclaré à la presse Alexander Dobrindt, soulignant qu’il était « tout sauf ravi » face à l’accumulation des scandales sur les émissions concernant le secteur de l’automobile allemand.

    • C’est la faute d’Audi (autre filiale de Volkswagen…) fournisseur du moteur diesel des Porsche.

      Abgasmanipulation : Dobrindt verhängt Zulassungsverbot für Porsche-Modell | ZEIT ONLINE
      http://www.zeit.de/mobilitaet/2017-07/alexander-dobrindt-verhaengt-zulassungsverbot-fuer-porsche-modell

      Der Motor für die Cayenne-Dieselvariante stammt von Audi – im Volkswagen-Konzern kümmert sich die Ingolstädter VW-Tochter um die Entwicklung der Dieselantriebe. Bei Audi hatten Tests ebenfalls eine unzulässige Abgaseinrichtung in einigen Modellen aufgedeckt, weswegen der Hersteller 24.000 Fahrzeuge zurückrufen muss. Volkswagen will nun auch prüfen, ob im Modell Touareg der drei Liter große Audi-Dieselmotor eingesetzt wird.

      Erst kürzlich hatte Porsche-Betriebsratschef Uwe Hück massive Kritik an Audi geübt: „Audi hat uns Dieselmotoren mit drei Defeat Devices geliefert, also kranke Motoren“, sagte er der Bild am Sonntag. Mit Defeat Devices sind die illegalen Abschalteinrichtungen gemeint. Sie erkennen, wann das Auto auf einem Prüfstand steht. Nur dann werden die Abgasreinigungssysteme so hochgefahren, dass sie die gesetzlichen Emissionsgrenzwerte erfüllen.

  • The Geopolitical Economy of the Global Internet Infrastructure on JSTOR
    https://www.jstor.org/stable/10.5325/jinfopoli.7.2017.0228

    Article très intéressant qui repositionne les Etats dans la gestion de l’infrastructure globale de l’internet. En fait, une infrastructure globale pour le déploiement du capital (une autre approche de la géopolitique, issue de David Harvey).

    According to many observers, economic globalization and the liberalization of telecoms/internet policy have remade the world in the image of the United States. The dominant roles of Amazon, Apple, Facebook, and Google have also led to charges of US internet imperialism. This article, however, argues that while these internet giants dominate some of the most popular internet services, the ownership and control of core elements of the internet infrastructure—submarine cables, internet exchange points, autonomous system numbers, datacenters, and so on—are tilting increasingly toward the EU and BRICS (i.e., Brazil, Russia, India, China, and South Africa) countries and the rest of the world, complicating views of hegemonic US control of the internet and what Susan Strange calls the knowledge structure.

    This article takes a different tack. It argues that while US-based internet giants do dominate some of the middle and top layers of the internet—for example, operating systems (iOS, Windows, Android), search engines (Google), social networks (Facebook), online retailing (Amazon), over-the-top TV (Netflix), browsers (Google Chrome, Apple Safari, Microsoft Explorer), and domain names (ICANN)—they do not rule the hardware, or material infrastructure, upon which the internet and daily life, business, governments, society, and war increasingly depend. In fact, as the article shows, ownership and control of many core elements of the global internet infrastructure—for example, fiber optic submarine cables, content delivery networks (CDNs), autonomous system numbers (ASN), and internet exchange points (IXPs)—are tilting toward the rest of the world, especially Europe and the BRICS (i.e., Brazil, Russia, India, China, and South Africa). This reflects the fact that the United States’ standing in the world is slipping while an ever more multipolar world is arising.

    International internet backbone providers, internet content companies, and CDNs interconnect with local ISPs and at one or more of the nearly 2000 IXPs around the world. The largest IXPs are in New York, London, Amsterdam, Frankfurt, Seattle, Chicago, Moscow, Sao Paulo, Tokyo, and Hong Kong. They are core elements of the internet that switch traffic between all the various networks that comprise the internet system, and help to establish accessible, affordable, fast, and secure internet service.

    In developed markets, internet companies such as Google, Baidu, Facebook, Netflix, Youku, and Yandex use IXPs to interconnect with local ISPs such as Deutsche Telecoms in Germany, BT or Virgin Media in Britain, or Comcast in the United States to gain last-mile access to their customers—and vice versa, back up the chain. Indeed, 99 percent of internet traffic handled by peering arrangements among such parties occurs without any money changing hands or a formal contract.50 Where IXPs do not exist or are rare, as in Africa, or run poorly, as in India, the cost of bandwidth is far more expensive. This is a key factor that helps to explain why internet service is so expensive in areas of the world that can least afford it. It is also why the OECD and EU encourage developing countries to make IXPs a cornerstone of economic development and telecoms policy work.

    The network of networks that make up the internet constitute a sprawling, general purpose platform upon which financial markets, business, and trade, as well as diplomacy, spying, national security, and war depend. The world’s largest electronic payments system operator, the Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunications’ (SWIFT) secure messaging network carries over 25 million messages a day involving payments that are believed to be worth over $7 trillion USD.59 Likewise, the world’s biggest foreign currency settlement system, the CLS Bank, executes upward of a million trades a day worth between $1.5 and $2.5 trillion over the global cable systems—although that is down by half from its high point in 2008.60 As Stephen Malphrus, former chief of staff to the US Federal Reserve Chairman Ben Bernanke, observed, when “communications networks go down, the financial services sector does not grind to a halt, rather it snaps to a halt.”61

    Governments and militaries also account for a significant portion of internet traffic. Indeed, 90 to 95 percent of US government traffic, including sensitive diplomatic and military orders, travels over privately owned cables to reach officials in the field.62 “A major portion of DoD data traveling on undersea cables is unmanned aerial vehicle video,” notes a study done for the Department of Homeland Security by MIT scholar Michael Sechrist.63 Indeed, the Department of Defense’s entire Global Information Grid shares space in these cables with the general public internet.64

    The 3.6 billion people as of early 2016 who use the internet to communicate, share music, ideas and knowledge, browse, upload videos, tweet, blog, organize social events and political protests, watch pornography, read sacred texts, and sell stuff are having the greatest influence on the current phase of internet infrastructure development. Video currently makes up an estimated two-thirds of all internet traffic, and is expected to grow to 80 percent in the next five years,69 with US firms leading the way. Netflix single-handedly accounts for a third of all internet traffic. YouTube is the second largest source of internet traffic on fixed and mobile networks alike the world over. Altogether, the big five internet giants account for roughly half of all “prime-time” internet traffic, a phrasing that deliberately reflects the fact that internet usage swells and peaks at the same time as the classic prime-time television period, that is, 7 p.m. to 11 p.m.

    Importance des investissements des compagnies de l’internet dans les projets de câbles.

    Several things stand out from this analysis. First, in less than a decade, Google has carved out a very large place for itself through its ownership role in four of the six projects (the SJC, Faster, Unity, and Pacific Cable Light initiatives), while Facebook has stakes in two of them (APG and PLCN) and Microsoft in the PLCN project. This is a relatively new trend and one that should be watched in the years ahead.

    A preliminary view based on the publicly available information is that the US internet companies are important but subordinate players in consortia dominated by state-owned national carriers and a few relatively new competitors. Keen to wrest control of core elements of the internet infrastructure that they perceive to have been excessively dominated by United States interests in the past, Asian governments and private investors have joined forces to change things in their favor. In terms of the geopolitical economy of the internet, there is both a shift toward the Asia-Pacific region and an increased role for national governments.

    Return of the State as Regulator of Concentrated Markets

    In addition to the expanded role of the state as market builder, regulator, and information infrastructure policy maker, many regulators have also rediscovered the reality of significant market concentration in the telecom-internet and media industries. Indeed, the US government has rejected several high-profile telecoms mergers in recent years, such as AT&T’s proposal to take over T-Mobile in 2011, T-Mobile’s bid for Sprint in 2014, and Comcast’s attempt to acquire Time Warner Cable last year. Even the approval of Comcast’s blockbuster takeover of NBC Universal in 2011, and Charter Communications acquisition of Time Warner Cable last year, respectively, came with important strings attached and ongoing conduct regulation designed to constrain the companies’ ability to abuse their dominant market power.87 The FCC’s landmark 2016 ruling to reclassify broadband internet access as a common carrier further indicated that US regulators have been alert to the realities of market concentration and telecoms-internet access providers’ capacity to abuse that power, and the need to maintain a vigilant eye to ensure that their practices do not swamp people’s rights to freely express themselves, maintain control over the collection, retention, use, and disclosure of their personal information, and to access a diverse range of services over the internet.88 The 28 members of the European Union, along with Norway, India, and Chile, have adopted similar “common carriage/network neutrality/open network”89 rules to offset the reality that concentration in core elements of these industries is “astonishingly high”90 on the basis of commonly used indicators (e.g., concentration ratios and the Herfindahl–Hirschman Index).

    These developments indicate a new phase in internet governance and control. In the first phase, circa the 1990s, technical experts and organizations such as the Internet Engineers Task Force played a large role, while the state sat relatively passively on the sidelines. In the second phase, circa the early to mid-2000s, commercial forces surged to the fore, while internet governance revolved around the ICANN and the multi-stakeholder model. Finally, the revelations of mass internet surveillance by many states and ongoing disputes over the multi-stakeholder, “internet freedom” agenda on the one side, versus the national sovereignty, multilateral model where the ITU and UN system would play a larger role in internet governance all indicate that significant moves are afoot where the relationship between states and markets is now in a heightened state of flux.

    Such claims, however, are overdrawn. They rely too heavily on the same old “realist,” “struggle for control” model where conflict between nation-states has loomed large and business interests and communication technologies served mainly as “weapons of politics” and the handmaidens of national interests from the telegraph in the nineteenth century to the internet today. Yet, nation-states and private business interests, then and now, not only compete with one another but also cooperate extensively to cultivate a common global space of economic accumulation. Communication technologies and business interests, moreover, often act independent of the nation-state and via “private structures of cooperation,” that is, cartels and consortia, as the history and contemporary state of the undersea cable networks illustrate. In fact, the internet infrastructure of the twenty-first century, much like that of the industrial information infrastructure of the past 150 years, is still primarily financed, owned, and operated by many multinational consortia, although more than a few submarine communications cables are now owned by a relatively new roster of competitive players, such as Tata, Level 3, Global Cloud Xchange, and so forth. They have arisen mostly in the last 20 years and from new quarters, such as India in the case of Tata, for example.

    #Economie_numérique #Géopolitique #Câbles_sous_marins