organization:mouvement cinq étoiles

  • Après le triomphe de Salvini, le gouvernement italien tangue de nouveau
    https://www.mediapart.fr/journal/international/310519/apres-le-triomphe-de-salvini-le-gouvernement-italien-tangue-de-nouveau

    Les résultats des européennes en Italie ont remis en cause le fragile équilibre du gouvernement. Grand perdant du scrutin, notamment dans le sud du pays, le Mouvement Cinq Étoiles est le premier à en faire les frais. De son côté, Matteo Salvini veut pousser son avantage, mais hésite à faire éclater l’exécutif.

    #EUROPE #Matteo_Salvini,_M5S,_Ligue,_Italie,_Mouvement_cinq_étoiles,_Luigi_Di_Maio,_européennes,_PD

  • En Italie, l’impossible équilibre du Mouvement Cinq Etoiles
    https://www.mediapart.fr/journal/international/250519/en-italie-l-impossible-equilibre-du-mouvement-cinq-etoiles

    Pour la clôture de sa campagne européenne, le Mouvement Cinq Étoiles défend son bilan et tente de faire passer toujours le même message : quelle que soit l’issue du scrutin, cela ne changera rien à son alliance de gouvernement avec la Ligue du Nord.

    #EUROPE #Mouvement_5_étoiles,_Ligue_du_Nord,_européennes,_Ignazio_Corrao

  • Italie : le plaidoyer pour l’Europe d’un ancien « Cinq Etoiles » devenu maire de Parme
    https://www.mediapart.fr/journal/international/230519/italie-le-plaidoyer-pour-l-europe-d-un-ancien-cinq-etoiles-devenu-maire-de

    Le maire de Parme, Federico Pizzarotti, s’est lancé dans la campagne des européennes à la tête d’un petit parti, Italie en commun. Cet ancien élu du Mouvement Cinq Étoiles, qui a claqué la porte du parti en octobre 2016, chasse désormais sur les terres électorales de l’écologie.

    #EUROPE #Parme,_Mouvement_cinq_étoiles,_Emma_Bonino,_Italie

  • Toni Negri : « Les gilets jaunes sont à la mesure de l’écroulement de la politique » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/290119/toni-negri-les-gilets-jaunes-sont-la-mesure-de-l-ecroulement-de-la-politiq

    es gilets jaunes doivent rester un contre-pouvoir et ne surtout pas se transformer en parti politique, estime Antonio Negri. Le philosophe italien, qui vit à Paris depuis 1983, observe depuis longtemps les mouvements sociaux de par le monde. Dans Assembly, son dernier ouvrage coécrit en 2018 avec Michael Hardt (non traduit en français), il donnait un cadre philosophique aux occupations de places publiques qui ont vu le jour ces dix dernières années. Dans Empire, publié avec le même auteur en 2000, il inventait le concept de « multitude », qui prend aujourd’hui une acuité particulière avec l’actualité des gilets jaunes. Le mouvement qui a démarré en France en novembre révèle, d’après lui, une nouvelle forme de lutte qui s’appuie sur la fraternité. Entretien.

    Mediapart : Depuis une dizaine d’années, de nombreux mouvements de protestation ont émergé, en Europe et dans le monde, en dehors de tout parti ou organisation syndicale. Qu’est-ce que les gilets jaunes apportent de fondamentalement nouveau par rapport à cela ?

    Antonio Negri : Les gilets jaunes s’inscrivent dans cette mouvance que l’on observe depuis 2011 : des mouvements qui sortent des catégories droite/gauche comme Occupy Wall Street, les Indignés, ou encore le soulèvement tunisien.

    assembly
    En Italie aussi les gens se sont mobilisés, tout d’abord dans les universités avec le mouvement Onda [La Vague – ndlr], puis autour des communs avec l’opposition au TAV [la ligne ferroviaire Lyon-Turin – ndlr] ou la gestion des déchets à Naples. À chaque fois, il s’agit de luttes importantes qui ne se positionnent ni à droite ni à gauche, mais qui reposent sur une communauté locale.

    C’est quelque chose que l’on retrouve chez les gilets jaunes : il y a dans ce mouvement un sens de la communauté, la volonté de défendre ce qu’on est. Cela me fait penser à l’« économie morale de la foule » que l’historien britannique Edward Thompson avait théorisée sur la période précédant la révolution industrielle.

    Ce qu’il y a de nouveau, toutefois, avec les gilets jaunes, c’est une certaine ouverture au concept du bonheur : on est heureux d’être ensemble, on n’a pas peur parce qu’on est en germe d’une fraternité et d’une majorité.

    L’autre point important, me semble-t-il, c’est le dépassement du niveau syndical de la lutte. Le problème du coût de la vie reste central, mais le point de vue catégoriel est dépassé. Les gilets jaunes sont en recherche d’égalité autour du coût de la vie et du mode de vie. Ils ont fait émerger un discours sur la distribution de ce profit social que constituent les impôts à partir d’une revendication de départ qui était à la fois très concrète et très générale : la baisse de la taxe sur le carburant.

    S’il y avait une gauche véritable en France, elle se serait jetée sur les gilets jaunes et aurait constitué un élément insurrectionnel. Mais le passage de ce type de lutte à la transformation de la société est un processus terriblement long et parfois cruel.

    Est-on en train d’assister à l’émergence d’un nouveau corpus, alors que depuis l’écroulement du bloc communiste, les idées peinent à s’imposer pour faire face au rouleau compresseur du libéralisme ?

    De mon côté, cela fait vingt ans que je parle de « multitude » précisément pour analyser la dissolution des anciennes classes sociales. La classe ouvrière était une classe productive, liée à une temporalité et une localisation : on travaillait à l’usine et la ville marchait au rythme de l’usine. À Turin par exemple, les tramways étaient réglés sur les horaires de la journée de travail.

    Tout cela est terminé. Je ne suis pas nostalgique de cette époque, car l’usine tuait les gens. Certes, on a perdu le lien de la production, le lien de la journée de travail, le collectif. Mais aujourd’hui, on a de la coopération ; cela va plus loin que le collectif.

    La multitude, ce n’est pas une foule d’individus isolés, renfermés sur eux-mêmes et égoïstes. C’est un ensemble de singularités qui travaillent, qui peuvent être précaires, chômeurs ou retraités, mais qui sont dans la coopération.

    Il y a une dimension spatiale dans cette multitude : ce sont des singularités qui, pour exister, demandent à être en contact les unes avec les autres. Il ne s’agit pas seulement de quantité. C’est aussi la qualité des relations qui est en jeu.

    Est-ce un constat que vous faites également à propos du Mouvement Cinq Étoiles, né il y a une dizaine d’années en Italie et aujourd’hui membre du gouvernement aux côtés de la Ligue, parti d’extrême droite ?

    En effet, à l’origine des Cinq Étoiles se trouvaient des gens issus des mouvements autonomes, des luttes pour les communs, mais aussi, plus tard, de la critique des réformes constitutionnelles voulues par Matteo Renzi. C’était marqué à gauche. À la différence de la France où cela a explosé d’un coup, en Italie, tout cela s’est étalé dans le temps, les gens se sont formés petit à petit.

    Puis, avec leur habileté, le comique Beppe Grillo et Gianroberto Casaleggio [mort en 2016 – ndlr] ont commencé à faire un travail électoral sur ces mobilisations. Le pouvoir est progressivement passé du côté de ceux qui maîtrisaient les techniques politiques.

    À partir du moment où il a cherché à gouverner, sous la direction de Luigi Di Maio, le M5S s’est complètement fourvoyé. Prendre le pouvoir n’est pas révolutionnaire. Ce qui est révolutionnaire, c’est d’être en capacité de détruire le pouvoir ou, à la limite, de le réformer.

    Depuis, ce que fait le M5S au gouvernement est révoltant. Le revenu de citoyenneté universel qu’il avait promis l’an dernier pendant la campagne électorale est devenu une loi de pauvreté : le revenu n’est distribué qu’à une partie des chômeurs et il est assorti d’obligations disciplinaires. Ainsi, à la troisième offre d’emploi, le bénéficiaire est obligé de l’accepter, quelle que soit la distance à laquelle elle se trouve de son domicile.

    Les Cinq Étoiles ont été rattrapés par l’avidité, la gourmandise du pouvoir. Ils ont fait alliance avec des fascistes bien réels qui sont en même temps de profonds néolibéraux. Le fascisme est le visage politique du néolibéralisme en crise. Mais il y a une justice électorale : le M5S va perdre de nombreuses voix aux élections européennes de mai prochain.

    #Politique #Gilets_janues #Toni_Negri

    • "L’autre point important, me semble-t-il, c’est le dépassement du niveau syndical de la lutte. Le problème du coût de la vie reste central, mais le point de vue catégoriel est dépassé. Les gilets jaunes sont en recherche d’égalité autour du coût de la vie et du mode de vie. Ils ont fait émerger un discours sur la distribution de ce profit social que constituent les impôts à partir d’une revendication de départ qui était à la fois très concrète et très générale : la baisse de la taxe sur le carburant."

      [...]

      De mon côté, cela fait vingt ans que je parle de « multitude » précisément pour analyser la dissolution des anciennes classes sociales. La classe ouvrière était une classe productive, liée à une temporalité et une localisation : on travaillait à l’usine et la ville marchait au rythme de l’usine. À Turin par exemple, les tramways étaient réglés sur les horaires de la journée de travail.

      Tout cela est terminé. Je ne suis pas nostalgique de cette époque, car l’usine tuait les gens. Certes, on a perdu le lien de la production, le lien de la journée de travail, le collectif. Mais aujourd’hui, on a de la coopération ; cela va plus loin que le collectif.

      La multitude, ce n’est pas une foule d’individus isolés, renfermés sur eux-mêmes et égoïstes. C’est un ensemble de singularités qui travaillent, qui peuvent être précaires, chômeurs ou retraités, mais qui sont dans la coopération.

      Il y a une dimension spatiale dans cette multitude : ce sont des singularités qui, pour exister, demandent à être en contact les unes avec les autres. Il ne s’agit pas seulement de quantité. C’est aussi la qualité des relations qui est en jeu.

      Au fond, Macron est dans la lignée de tous les gouvernements néolibéraux en crise : ils tendent vers le fascisme. En France, les institutions sont encore suffisamment fortes pour empêcher cela, mais les méthodes et les armes de la police française sont inquiétantes. À la différence des forces de l’ordre allemandes, qui sont davantage dans la dissuasion, les policiers français sont encore sur le terrain de l’affrontement. Je l’interprète comme un élément de cette fragilisation du pouvoir.

      –- > (cf. projet de loi ’casseurs’, retour des voltigeurs, et récente perquiz chez mediapart, ndp ’note du partageur’)

      J’observe ce qu’il se passe à Commercy : c’est très intéressant d’assister à la transformation du rond-point en groupes de travail. La mutation du mouvement ne viendra pas de l’extérieur, elle viendra des acteurs eux-mêmes. Quant à savoir s’il débouchera sur un parti politique… De mon point de vue, ce serait une erreur, même si cette voie recueillait l’assentiment de la majorité.

      Ce mouvement me remplit d’espoir, car il met en place une forme de démocratie directe. Je suis convaincu depuis cinquante ans que la démocratie parlementaire est vouée à l’échec. J’écrivais déjà en 1963 un article où je critiquais l’état des partis politiques. Cela n’a fait que s’aggraver… Et cela se retrouve aujourd’hui à tous les niveaux : mairies, régions, États. Et bien sûr, Europe. L’Union européenne est devenue une caricature de l’administration démocratique.

      Prendre le pouvoir n’est pas révolutionnaire. Ce qui est révolutionnaire, c’est d’être en capacité de détruire le pouvoir ou, à la limite, de le réformer.

  • Marketing cinq étoiles
    À propos du soutien apporté aux #giletsjaunes par le Mouvement cinq étoiles italien :

    En publiant sur le blog du Mouvement Cinq Étoiles ce billet, dont nous donnons une traduction inédite, Luigi di Maio a frappé à la porte d’un nouveau client potentiel pour exporter son algorithme politique : le gilet jaune français.

    S’il n’avait pas été publié aujourd’hui, le texte que nous publions ce soir pourrait être traité comme un cas d’école. Il s’agit du premier exemple d’une campagne marketing qui se transforme en une dépêche diplomatique aux effets potentiellement destructeurs.

    De même que l’autre Vice-président du conseil des Ministres Matteo Salvini, Luigi di Maio a affiché publiquement son soutien aux gilets jaunes dans la matinée du lundi 7 décembre. Son texte est paru Il blog delle stelle, le site du MoVimento 5 Stelle, qui a pris la place du fameux Blog de Beppe Grillo pour les communications officielles du parti. Il y soutient la lutte des Gilets jaunes en les invitant à “ne rien lâcher” et à persévérer dans leur combat afin de faire naître “une nouvelle Europe. Celle des Gilets jaunes, des mouvements et de la démocratie directe”.

    Le grand continent : https://legrandcontinent.eu/2019/01/08/marketing-cinq-etoiles

  • Les « gilets jaunes », une spécificité française ?
    15 DÉCEMBRE 2018
    PAR LUDOVIC LAMANT ET AMÉLIE POINSSOT

    Des mouvements protestataires ont éclos en Europe depuis dix ans, en dehors des appareils politiques traditionnels. La révolte des « gilets jaunes » a-t-elle des points communs avec celle des Italiens, des Grecs ou des partisans du Brexit au Royaume-Uni ?

    La colère des « gilets jaunes » a débordé au-delà des frontières françaises. Plusieurs manifestations ont déjà eu lieu à Bruxelles, accompagnées de blocages de dépôts de carburants, tandis que des indépendantistes catalans issus des Comités de défense de la République (CDR, à gauche), vêtus de jaune, appellent au blocage de leur région le 21 décembre. Des gilets jaunes ont aussi fait leur apparition dans des manifestations en Pologne, en Serbie et au Monténégro. En Allemagne, c’est l’extrême droite qui a appelé à défiler en gilet jaune.

    Ici et là sur le continent, de nombreuses colères ont éclaté ces dernières années. Des Indignés espagnols aux Grecs frappés par l’austérité, des partisans du Brexit en 2016 aux membres du Mouvement Cinq Étoiles (M5S) en Italie, ces colères ont-elles des points communs avec la révolte populaire qui secoue la France depuis novembre ?

    Sans figer la réalité d’un mouvement français aux contours encore en évolution, et donc difficiles à cerner, deux phénomènes semblent jouer à plein : le rejet du monde politique traditionnel et des élites en place et, en même temps, une forte volonté d’être associé aux décisions politiques de son pays. Tentative de comparaison.

    2009, Italie : le M5S, un mouvement emmené par un nouveau leader
    Comme les gilets jaunes, les Cinq Étoiles se forment sur un rejet du système de représentation traditionnel. C’est même un prérequis pour rejoindre le mouvement italien quand il se crée formellement, à partir de 2009 : il faut n’avoir milité dans aucune organisation auparavant. « Les gilets jaunes et les Cinq Étoiles des débuts sont tous les deux contre la médiation politique ordinaire, explique le chercheur en sciences politiques spécialiste de l’Italie Christophe Bouillaud. Ils traduisent la faillite complète de la représentation politique et de la représentation syndicale telles qu’elles existaient. »

    À l’origine du M5S, on trouve également, comme chez les gilets jaunes, des groupes locaux ancrés dans un territoire. En Italie, ces résistances sont d’abord tournées contre des projets imposés par le pouvoir, potentiellement destructeurs pour l’environnement (ligne ferroviaire Lyon-Turin en val de Suse ; terminal gazier dans les Pouilles par exemple) ; elles trouvent leur débouché dans les Cinq Étoiles.

    Autre similitude : « Dans les deux pays, ces mouvements sont la conséquence de 30 ans de politique économique qui ne fonctionne pas, relève Christophe Bouillaud. Les classes moyennes s’en sortent de moins en moins bien. Et cette politique économique a été défendue par les médias dominants. » De fait, des deux côtés, on observe une méfiance vis-à-vis des médias traditionnels.

    « Il y a deux moteurs communs, renchérit Jérémy Dousson, auteur de l’ouvrage Un populisme à l’italienne ? Comprendre le Mouvement 5 Étoiles (éditions Les Petits Matins). L’idée qu’on n’est pas représenté et qu’il faut reprendre la main : les politiques ne font pas ce qu’ils ont promis parce qu’ils sont soit incompétents soit corrompus. Et l’idée que le travail ne paie pas. C’est pourquoi ce ne sont pas, à mon sens, des mouvements apolitiques mais des mouvements hyperpolitiques. » Les deux s’auto-organisent à travers une utilisation importante d’Internet et des réseaux sociaux. Dans le cas des gilets jaunes, cela se fait entre pairs, tandis que chez les Cinq Étoiles, cela se fait suivant la direction donnée par un leadership que tous reconnaissent.

    Les deux mouvements font ainsi apparaître des personnes qui n’ont jamais occupé l’espace public auparavant : des gens qui n’ont pas de vécu militant, mais aussi des femmes, dans une proportion beaucoup plus importante que dans les formes habituelles de protestation. Si le M5S aujourd’hui au pouvoir est un parti dirigé par des hommes, il a fait de cette question de la représentation des femmes un objectif politique et il s’est efforcé de présenter aux élections des listes presque paritaires, dans un pays où l’accès aux fonctions politiques est resté profondément inégalitaire. À la Chambre des députés aujourd’hui, 94 des 220 parlementaires du M5S sont des femmes. C’est le taux de représentation féminine le plus élevé de tous les groupes parlementaires italiens.

    La temporalité introduit toutefois une différence de taille entre le mouvement français et son parallèle transalpin : difficile de mettre sur un même plan d’analyse un mouvement né il y a plus de dix ans, qui s’est structuré depuis en parti politique et codirige aujourd’hui l’exécutif italien, et un mouvement qui n’a pas plus de quatre semaines d’existence. Surtout, le M5S a été, dès le départ, emmené par le comique Beppe Grillo. C’est ce qui lui a permis de se structurer, d’élaborer la transition, de résoudre les conflits. Les gilets jaunes en sont loin. « Pour l’heure, le mouvement français est complètement éclaté entre différents groupes locaux, observe Christophe Bouillaud. Sans leader, il est très peu probable qu’il parvienne à se structurer. »

    Enfin, d’un côté et de l’autre des Alpes, les mots d’ordre ne sont pas les mêmes. Au départ des Cinq Étoiles, les principales revendications portent sur la corruption du personnel politique et la préservation de l’environnement. Ce n’est que dans un deuxième temps, à partir de 2013, que le mouvement s’intéresse au pouvoir d’achat des Italiens – un positionnement qui lui ouvre la voie du succès électoral en Italie du Sud. Parallèlement, il se détourne des questions environnementales et aujourd’hui, à la tête d’un gouvernement de coalition avec l’extrême droite, le M5S a complètement abandonné ce volet.

    2011, Grèce : le mouvement des places, de la mobilisation à la solidarité
    Grèce, printemps 2011. Au pic de la crise, alors qu’un deuxième mémorandum d’austérité se prépare, la place Syntagma (place du Parlement) d’Athènes, ainsi que de nombreuses places dans différents quartiers de la métropole, est occupée. Nuit et jour, pendant plusieurs semaines, la population manifeste et se réunit en assemblées générales, à l’image des Indignés espagnols, sur un mode autogestionnaire et se revendiquant de la démocratie directe.

    Pour le professeur de philosophie politique Stathis Kouvélakis qui, à l’époque, a observé de près la mobilisation en Grèce et a pu suivre les récentes manifestations des gilets jaunes à Paris, il y a des similarités évidentes. Tout d’abord, ce sont deux mouvements sociaux qui éclatent en réaction à des politiques néolibérales destructrices : d’un côté, les mémorandums d’austérité et de l’autre, le « Blitzkrieg des réformes Macron ».

    Ils ont aussi un caractère fortement « national », avec l’omniprésence, dans les deux cas, de drapeaux nationaux. Et de la même manière, ils sont dans le rejet du système politique existant et font apparaître de nouvelles personnes dans l’espace public – des femmes, des non-syndiqués, des gens a priori peu politisés, une population d’origine sociale modeste –, jusqu’alors sous-représentées.

    Ceci dit, sociologiquement, les mouvements restent différents. « La catégorie des précaires diplômés du supérieur n’est pas trop représentée chez les gilets jaunes, relève Stathis Kouvélakis. Or elle était très présente à Syntagma. De manière générale, la participation au mouvement était beaucoup plus massive en Grèce, où la politique économique avait touché tout le monde, alors que la base sociale des gilets jaunes est plus restreinte, plus populaire, même si elle bénéficie d’un large soutien de l’opinion publique. » En Grèce, en 2011, la population faisait bloc contre les mémorandums d’austérité et l’ingérence de la Troïka, mais aussi contre une classe politique corrompue et un système clientéliste à bout de souffle.

    Autre différence : « En Grèce, l’épicentre du mouvement était dans la capitale. Il était inexistant hors des grands centres urbains, alors qu’en France, on a affaire essentiellement à un mouvement de la périphérie, Paris étant “pris” par des manifestants qui viennent d’ailleurs », note Kouvélakis.

    Le mouvement des places a-t-il eu un débouché politique en Grèce ? Sur Syntagma, le mouvement a rapidement reflué. Mais dans les quartiers, ces assemblées populaires se sont transformées en cercles locaux d’entraide, tandis que le désastre économique se poursuivait. Soupes populaires, soutien scolaire, dispensaires de soins gratuits… : de nombreux collectifs se sont montés, dont beaucoup sont toujours en activité aujourd’hui. Alors parti d’opposition de gauche radicale, Syriza a contribué au financement du réseau Solidarité pour tous, qui rassemblait nombre de ces initiatives. Mais ces assemblées de quartier ont fonctionné de manière autonome, a fortiori après l’arrivée au pouvoir de Syriza, en 2015. Cette mobilisation dans les quartiers a par ailleurs insufflé une solidarité non négligeable dans une société longtemps marquée par l’individualisme et le consumérisme.

    « Il est trop tôt pour dire ce que peuvent donner politiquement les gilets jaunes, estime Stathis Kouvélakis. Mais il est certain qu’un mouvement profond comme cela va provoquer des déplacements électoraux. De la même manière que les Grecs mobilisés en 2011, les membres des gilets jaunes se positionnent électoralement sur un axe qui va de l’extrême gauche à l’extrême droite. À Syntagma, c’était même visible dans l’espace : le haut de la place était occupé par des gens au discours nationaliste, voire d’extrême droite, tandis que le bas de la place était dominé par un discours de gauche. »

    Différentes organisations de la gauche grecque assurent alors une présence discrète, réalisant un important travail de terrain pour empêcher l’infiltration du mouvement par la droite radicale et les néonazis d’Aube dorée. « Mais à l’époque, en Grèce, tout le monde avait conscience du fait qu’un séisme s’était produit dans le système politique bipartisan et que plus rien ne serait pareil. La gauche radicale était confiante, elle sentait déjà que le vent tournait de son côté. Rien de tel ici : le paysage politique est beaucoup plus éclaté et le poids de l’extrême droite en France bien plus important. La situation est encore très fluide. »

    2016, Royaume-Uni : le Brexit révèle la colère des « left behinds »
    À première vue, les situations sont très distinctes : le mouvement des gilets français a surgi du terrain, quand la mobilisation des opposants au Brexit répond d’abord à la stratégie de partis traditionnels. Si les gilets jaunes dévoilent la crise structurelle des partis français, les Brexiters ont d’abord consacré la victoire du UKIP, la formation lancée par Nigel Farage, et des plateformes pour le Leave emmenées par des politiques professionnels.

    « Le Brexit ne s’est pas joué dans la rue, une colère s’est exprimée, qui n’a pas débouché sur un mouvement social », relève Geoffrey Pleyers, sociologue des mouvements sociaux à l’université de Louvain, en Belgique. Mais il relève, des Brexiters et du M5S italien jusqu’aux gilets jaunes, « une même remise en cause de la division droite-gauche, par des acteurs qui décident de former des coalitions stratégiques différentes ». « Ces gens font de la politique ensemble, mais ne parlent pas entre eux de politique traditionnelle, de tel ou tel parti », poursuit-il.

    La structure d’âge est assez comparable : si l’on s’appuie sur les premiers résultats d’une enquête de chercheurs relayée par Le Monde, les gilets jaunes ont en moyenne 45 ans, au-dessus de l’âge moyen de la population française, tandis que les plus jeunes, au Royaume-Uni, avaient voté massivement, à 75 %, pour le maintien dans l’Union europénne. Les gilets jaunes paraissent former un mouvement plutôt mixte, avec des femmes issues de milieux populaires aux avant-postes. En 2016, 53 % des Brexiters de 25 à 49 ans étaient des femmes (la proportion s’inversait pour les plus de 50 ans, avec plus de 60 % d’hommes).

    « Le vote pour le Brexit a été le plus fort dans les anciennes terres industrielles du nord et de l’est de l’Angleterre. De la même façon, le Mouvement Cinq Étoiles en Italie est davantage ancré dans le Sud, qui est plus pauvre. Il y a bien une tendance de fond, liée à la politique économique menée en Europe, à un âge de croissance faible et de poussée des inégalités », avance Chris Bickerton, un politologue de Cambridge, qui fut l’un des porte-voix en 2016 d’un Brexit de gauche (un Lexit, contraction de left et de Brexit).

    Les deux soulèvements semblent dessiner une géographie comparable, avec un fossé net entre des centres-ville aisés et des espaces davantage délaissés (banlieues, périurbains, ruraux). L’Angleterre a voté pour le Leave, à l’exception de Londres ou de grandes villes comme Leeds. Le Pays de Galles s’est aussi prononcé pour le divorce, à rebrousse-poil de sa capitale, Cardiff, favorable au maintien. Quant aux gilets jaunes, c’est une mobilisation des oubliés, loin des centres urbains, avec des pôles multiples sur le territoire français.

    « Ce point commun aurait à voir avec un sentiment de ras-le-bol, de désenchantement, de la part de ceux qu’on a appelés, au Royaume-Uni, des left behinds [« laissés-pour-compte » – ndlr]. Il y a donc clairement une dimension économique partagée », poursuit-il, avant de nuancer : « Mais il me semble que la crise des gilets jaunes nous dit aussi beaucoup sur la présidence Macron et, en ce sens, reste très spécifique à la France. »

    2011, Espagne : la corruption politique, source de l’indignation Le mouvement des Indignés a surgi sur des centaines de places d’Espagne le 15 mai 2011, d’où son nom de code, le « 15-M ». Dans ses rangs, des étudiants du collectif Jeunesse sans avenir côtoyaient des militants du Droit au logement ou des activistes opposés à un équivalent espagnol de la loi Hadopi. Ce mouvement, qui refusait d’être étiqueté de droite ou de gauche, plaidait pour la fin des politiques d’austérité en Espagne, dénonçait la corruption de la vie politique et critiquait le mécanisme de représentation en politique, lui préférant la démocratie directe.

    Le 15-M a connu d’innombrables mues. Après l’occupation des places, jusqu’à septembre 2011, il s’est transformé en une série de mouvements sectoriels contre les coupes budgétaires (santé, éducation, etc.) ou les expulsions immobilières. À partir de 2014, certains ont basculé, optant pour la politique institutionnelle : c’est le lancement de Podemos, mais aussi des confluences citoyennes, qui ont remporté des mairies, dont Barcelone et Madrid. Aujourd’hui, l’esprit du 15-M se retrouve encore dans les mobilisations massives pour les droits des femmes et contre les violences sexistes (le mouvement du « 8-M »).

    L’indignation du 15-M a-t-elle à voir avec la colère des gilets jaunes ? Les deux mouvements s’inscrivent dans une logique d’occupation de l’espace public : la place en Espagne, le rond-point en France. Tous deux ont révélé au grand jour la crise des organisations politiques traditionnelles, des partis aux syndicats, qui se trouvent dépassés. Ils ont pointé du doigt les limites de la démocratie représentative (« Vous ne nous représentez pas », était l’un des slogans du 15-M à l’adresse des députés). Autre point commun : jusqu’à la création de Podemos, en janvier 2014, aucun leader charismatique n’a surgi du mouvement espagnol, qui revendiquait une organisation horizontale et une multitude de porte-parole, quitte à dérouter les médias du pays.

    Le mouvement espagnol s’est également vite trouvé critiqué par des responsables politiques traditionnels, en raison du flou de ses revendications, souvent hétéroclites, d’une place à l’autre du pays. Là encore, c’est un point commun avec les gilets français, dont la nature semble évoluer selon son implantation géographique (avec une présence plus forte, semble-t-il, de militants du Rassemblement national dans le Nord et le Sud-Est, par exemple). Enfin, des deux côtés des Pyrénées, ils ont fait l’objet d’une répression policière musclée.
    La comparaison s’arrête là. Le 15-M s’est construit autour d’un discours très marqué contre la corruption en politique, que l’on ne retrouve pas dans le cas français. Inclusif, il n’a cessé de s’élargir à d’autres pans de la société frappés par la crise, au cours des premières semaines, jusqu’à l’été, quand les gilets jaunes, à ce stade, semblent davantage porter les revendications de milieux populaires malmenés par la politique économique du gouvernement français.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/151218/les-gilets-jaunes-une-specificite-francaise?onglet=full

    #giletsjaunes #gilets_jaunes #places #mouvement_des_places #brexit #italie #espagne
    #m5s#représentation#classes_moyennes#indignés#démocratie_directe#kouvélakis#macron#précaires#ukip#mouvements#giletsjaunes#gilets_jaunes#places#mouvement_des_places#brexit#italie#espagne

  • Lyon-Turin : le ciel s’assombrit côté italien Jean Michel Gradt - 20 Mai 2018 - les échos
    https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/0301699349833-lyon-turin-le-ciel-sassombrit-cote-italien-2177259.php

    Le contrat de gouvernement entre le Mouvement Cinq Etoiles et la Ligue stipule que le projet de liaison transalpine fera l’objet d’une renégociation complète.

    Le reste de l’article payant, mais le titre suffit

    #Italie #turin #des_grands_projets..._inutiles_ #france #notav #transports #TAV #no-TAV #train_à_haute_vitesse #ligne_ferroviaire

  • « Honte à la victime et déshonneur sur la pute »
    http://www.liberation.fr/debats/2018/04/17/honte-a-la-victime-et-deshonneur-sur-la-pute_1644035

    Pute, menteuse, traîtresse, opportuniste.

    Voilà ce qu’on aura dit de moi et plus encore lorsque, en octobre dernier, j’ai commencé à m’exprimer sur le fait d’avoir été violée en 1997 par Harvey Weinstein. Pour avoir osé dire ma vérité : honte à la victime et déshonneur sur la pute. Depuis lors, chaque jour apporte son lot de menaces et d’intimidations. Et je suis loin d’être la seule.

    Partout, portées par l’ampleur du mouvement #MeToo, les femmes ont eu le courage de partager en public leurs traumatismes les plus intimes et les plus douloureux. En retour, elles ont dû affronter des agressions redoublées concernant leur caractère, leur crédibilité, leur dignité. Six mois après la sortie de l’affaire Weinstein dans les pages du New York Times et du New Yorker, nombreuses sont les personnalités publiques […] à se sentir elles aussi désinhibées et ce, non pour avouer leur lâcheté de spectateurs indécents mais pour ni plus ni moins dénoncer le mouvement #MeToo. Haro sur les survivantes ! Plus nous sommes nombreuses et ferventes, plus violentes sont la fréquence et la férocité des attaques !

    Berlusconi a montré le chemin

    La palme de la brutalité face au déferlement de cette parole féminine revenant à mon pays d’origine : l’Italie.

    Mais le poison se répand partout.

    C’est pour cela que j’interviens, au Sommet mondial des femmes qui se tient au Lincoln Center de New York (1). Je prends la parole aux côtés de deux Italiennes formidables : la députée Laura Boldrini et la mannequin Ambra Battilana Gutierrez.

    C’est pour cela que j’interviens, au Sommet mondial des femmes qui se tient au Lincoln Center de New York (1). Je prends la parole aux côtés de deux Italiennes formidables : la députée Laura Boldrini et la mannequin Ambra Battilana Gutierrez.

    Pour avoir défendu le droit des femmes en Italie, la Boldrini a subi des intimidations d’une violence extrême. On a brûlé son effigie dans la rue. Le maire de droite d’une petite ville a suggéré sans vergogne qu’elle méritait d’être violée par des migrants. Au cours d’une étape d’un rallye automobile, Matteo Salvini, le leader d’extrême droite de la Ligue du Nord, a osé comparer la députée Boldrini à une poupée gonflable. Et ce diffamateur sans foi ni loi a des chances de devenir un jour Premier ministre. Un autre membre de la Ligue du Nord a purement et simplement appelé à l’élimination physique de la Boldrini. Quant à Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement Cinq Etoiles, n’a-t-il pas simplement demandé à ses deux millions de followers Facebook : que feriez-vous avec la Boldrini dans une voiture ?

    Ambra Battilana Gutierrez est une jeune mannequin courageuse qui a osé tenir tête à deux monstres : Berlusconi et Weinstein. Elle a pu témoigner de ce qu’elle a vu et subi lors des fameuses parties « bunga-bunga » organisées par Berlusconi. Deux ans plus tard, le NYPD lui a demandé de porter un micro lors d’une rencontre avec Harvey Weinstein. Elle a ainsi pu enregistrer les preuves de ce qu’elle a subi en fait de harcèlement, de manipulation et d’intimidation. Le groupe Murdoch a lancé une campagne de calomnie faisant d’elle une pute et une extorqueuse.

    Nous adressons donc une mise en garde aux Américains : ce qui a commencé en Italie se poursuit à présent aux Etats Unis. Une parole publique souillée par le délire malsain des tabloïds. Sexe, mensonge, violence et corruption. Berlusconi suivi de près par Trump et Weinstein. La figure à présent familière de l’homme de pouvoir se servant des femmes pour assouvir ses pulsions sexuelles et regonfler son ego fragile avant de couvrir son crime par l’usage de la corruption, de la menace et de l’intimidation. L’exploitation des femmes étant l’élément central de son cheminement vers le pouvoir. Weinstein a utilisé sa société pour asservir ses proies, Trump a gagné en pouvoir dans le monde des affaires et des médias grâce au concours Miss USA.

    Berlusconi leur a montré le chemin à tous les deux. Il a corrompu son pays, étape par étape, au travers d’un vaste empire médiatique régnant sur trois chaînes de télévision nationales, Mondadori - le plus grand éditeur de livres et de magazines ainsi que d’un quotidien,Il Giornale - et Striscia La Notizia, une émission satirique hebdomadaire sur Canal 5, la plus regardée en Italie depuis les années 80, qui tourne le journal télévisé en dérision et met en scène des filles à moitié nues.

    Avec le temps, cette représentation par la télévision italienne de la femme comme objet sexuel, stupide, muette et soumise s’est généralisée jusqu’à s’insinuer dans l’inconscient national, contaminant la culture et déformant les ambitions des jeunes Italiennes. On leur disait « fais la con, tais-toi, sois sexy, c’est la meilleure manière d’être admirée et de réussir dans la vie ». Un objet de désir sans voix. Si Berlusconi a été capable d’accomplir cela, c’est parce que les femmes étaient déjà considérées comme moins que rien, cantonnées à deux rôles tout au plus : la maman et la putain. L’Italie a longtemps été sexiste jusqu’à l’os : la misogynie y est une loi courante et le féminicide une réalité quotidienne.

    En Italie, toutes les soixante heures, une femme est tuée par un homme. Une femme sur trois a subi des violences sexuelles sous une forme ou une autre au cours de sa vie. Une femme sur trois !

    Jusqu’en 1981, la justice italienne pouvait supprimer des accusations de viol si la victime acceptait d’épouser son violeur.

    On désignait cette pratique épouvantable sous le nom de « mariage réparateur ». Jusqu’à la même année, un mari pouvait tuer sa femme qu’il soupçonnait d’adultère et n’être que faiblement condamné. Jusqu’en 1996, le viol n’était pas considéré comme un crime contre une personne mais une atteinte à la morale publique. […]

    Réfléchissez-y !

    Tout se passe comme si la loi entravait la déclaration et les poursuites. Jusqu’à prétendre qu’il ne s’est rien passé. Une loi écrite par les hommes pour les hommes. Une loi conçue pour protéger les violeurs. Quand je me suis décidée à parler de Weinstein, c’est tout d’abord en Italie que mon récit n’a été ni cru ni accepté. Au lieu de cela, on a souillé ma réputation, déformé mon histoire et dénigré ma crédibilité.

    Quasiment tous les jours, la télévision montrait un panel de gens qui ne me connaissaient pas, que je n’avais jamais rencontrés et qui se sentaient légitimes pour affirmer si oui ou non j’avais été violée. Ils disséquaient mon histoire et ma vie comme autant de détectives d’une scène de crime qui n’existait que dans leur imagination malsaine. Et ces grands détectives de conclure que non seulement j’avais demandé à être violée mais que j’en avais tiré bénéfice. Ce qui m’était arrivé n’était pas un viol mais de la prostitution. A leurs yeux, je ne valais même pas la peine d’être considérée comme victime de ce crime monstrueux. A leurs yeux, je n’étais pas assez bonne pour être violée. Cette déshumanisation impitoyable opérée au travers des médias italiens a répandu l’idée dans toute l’Italie que l’on peut avilir et calomnier en toute impunité.

    Les commentaires parmi les plus cruels et les plus blessants sont venus de certaines de mes connaissances. Catherine Breillat, sans doute la réalisatrice la plus sadique et la plus inhumaine avec laquelle il m’ait été donné de travailler, se déclare féministe mais fait toujours passer son intérêt personnel avant celui des femmes. Dans un entretien récent, elle a déploré la perte d’Harvey Weinstein pour le cinéma européen mais n’a pas eu un mot de soutien pour toutes les femmes qu’il a violées, agressées, harcelées. Au lieu de cela, me prenant en exemple, elle a tenté de salir la crédibilité de tous ceux qui accusent Weinstein.

    Il y a aussi Vincent Gallo, acteur et mannequin. Afin d’assurer la promotion de la collection qu’il promeut, il a exploité les pages du magazine de mode britannique Another Man pour mener une attaque injuste et malveillante contre Rose McGowan et moi-même. (Je ne connais pas Gallo, nous nous sommes vaguement croisés il y a une vingtaine d’années). Il a déshonoré Yves Saint Laurent et le directeur artistique Anthony Vaccarello qui a autorisé son mannequin à vendre des vêtements sur le dos de deux rescapées d’agressions sexuelles. Yves Saint Laurent et Jefferson Hack, l’éditeur de la revue Another Man, se sont couverts de honte en autorisant Gallo à faire cela en leur nom, sans aucune censure, tout en profitant silencieusement de la publicité générée par cette affaire.

    Et ce sont nous les putes !?

    Je ne permettrai pas à ces pyromanes de me dénigrer impunément. Ni moi, ni #MeToo, ni personne. Aucune d’entre nous ne devrait tolérer cela.

    Toutes des Nanine McCool

    Les exemples ne manquent pas et nous devrions toutes rendre hommage à Nanine McCool. Cette femme courageuse s’est levée dans un stade de plus de 10 000 personnes pour tenir la dragée haute à Tony Robbins, gourou autoproclamé et demi-dieu de pacotille [cet auteur de livres de développement personnel a condamné le mouvement #MeToo lors d’un grand show, ndlr.] Cet homme, stéréotype du mâle dominant façon poupée Ken, s’est dressé devant elle de toute sa hauteur tentant d’utiliser sa force physique pour l’intimider, empiéter sur son espace, la déstabiliser. Nanine ne s’est pas démontée et n’a pas reculé. Elle l’a emporté et démasqué ce nabot voulant se faire passer pour un géant. Il n’a exprimé ses regrets qu’après la diffusion d’une vidéo virale (2).

    Nous sommes toutes des Nanine McCool. Je la soutiens, ainsi que tous les survivants. Leur douleur est ma douleur. Leur trauma, mon trauma. Leur voix, ma voix. Mon expérience personnelle et mon chagrin ont fait de moi une militante. Ils m’ont donné une vocation, une mission et un message autrement plus précieux pour le respect de moi-même que n’importe qu’elle carrière dans le cinéma.

    Il y a six mois, le monde a changé. Définitivement. Irrévocablement. L’équilibre des forces a enfin basculé du côté des survivants auxquels on a donné une voix et une estrade pour dire leur vérité au monde. Si nous restons forts, déterminés, vigilants - si nous nous soutenons les uns les autres - les intimidateurs tomberont.

    Ce qui est fait ne peut être défait. Ce qui a été révélé ne peut plus être caché. Ce qui a été dit ne peut plus être tu.

    Pour avoir dit ma vérité aux puissants j’ai été traitée de pute, de menteuse et d’opportuniste. Mais s’il est une chose que je ne ferai plus, qu’aucune d’entre nous ne fera plus : garder le silence.

  • Dans le laboratoire du Mouvement Cinq Etoiles à #Turin
    https://www.mediapart.fr/journal/international/030418/dans-le-laboratoire-du-mouvement-cinq-etoiles-turin

    Chiara Appendino lors d’un meeting du Mouvement Cinq Étoiles à Rimini, le 23 septembre 2017. © Reuters / Max Rossi C’était en 2016 : la quatrième ville d’Italie élisait à sa tête #Chiara_Appendino, 32 ans, issue du Mouvement Cinq Étoiles de #Beppe_Grillo. Alors que le président italien ouvre mercredi 4 avril des consultations pour former un gouvernement, Mediapart s’est rendu à Turin pour mieux comprendre l’ADN politique et le bilan local du grand vainqueur des législatives italiennes de mars.

    #International #Italie #Luigi_Di_Maio #M5S #Mouvement_cinq_étoiles

  • #Sandro_Gozi : la place du #Parti_démocrate italien est « dans l’opposition »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/230318/sandro-gozi-la-place-du-parti-democrate-italien-est-dans-l-opposition

    Le nouveau parlement italien se réunit pour la première fois le 23 mars. En jeu : la présidence de la Chambre des députés et du Sénat, que la droite et le Mouvement Cinq Étoiles cherchent à se répartir. L’inconnue reste la formation du prochain gouvernement.

    #International #élections_européennes #élections_législatives #Emmanuel_Macron #Italie #M5S #Parlement_européen

  • Le Mouvement Cinq Etoiles, un populisme comme les autres ?
    http://www.taurillon.org/le-mouvement-cinq-etoiles-un-populisme-comme-les-autres

    Le M5S constitue un populisme apolaire et « eurosceptique utilitariste » qui se démarque clairement des partis et mouvements d’extrême droite européens Les élections européennes approchent et les sondages semblent être unanimes quant à l’essor et à la montée en puissance des partis européens de l’extrême droite ainsi que des mouvements populistes. Une projection de la Fondation Robert Schuman met en évidence que l’extrême droite européenne occupera très probablement 71 sièges pour la prochaine (...)

    #Opinions