organization:notre école

  • Face à la violence scolaire, la pédagogie ?
    http://www.huffingtonpost.fr/beatrice-mabilonbonfils/violence-scolaire_b_1902905.html

    Notre École est en souffrance : à la souffrance des enseignants en doute dans la construction incertaine de leur professionnalité répond celle - plus invisible, moins étudiée- des élèves. Cette invisibilisation de la souffrance scolaire des élèves tient à son caractère probablement socialement inédit, renvoyant à l’incapacité de l’Ecole à fonder un ordre opérationnel compatible avec les mutations sociales contemporaines. Elle tient aussi à l’illégitimité sociale de son expression pour la génération-massifiée-de-l’égalité-des-chances. Elle tient enfin à la laïcité interprétée comme séparation stricte entre sphère publique et sphère privée.
    Sous l’enjeu des mots et du vocabulaire, se joue une histoire scolaire construite autour du déni de la question politique et qui rabat sur les sujets individuels des problèmes qu’on renonce à traiter collectivement.
    […] Ne pouvant occuper la place qui leur est assignée par le « désir de l’institution », [les élèves] ne cherchent donc que la confirmation de leur rejet. Il convient alors de se demander comment l’élève d’aujourd’hui peut essayer de se maintenir en vie en tant que sujet désirant, non pas seulement sujet aliéné, dans l’institution/organisation scolaire et ce faisant, comment il entrerait en collusion avec « les désirs de l’École ».
    […] Peut-on dire que la guerre est déclarée non plus à l’échec scolaire mais aux élèves en échec, formidable violence institutionnelle fonctionnant à la ségrégation, à la sanction, à l’exclusion et à la responsabilisation individuelle ? Le déclin de la discipline scolaire au profit de l’injonction d’autonomie est porteur de nouvelles exigences pour le sujet. Chacun est sommé de prendre en charge lui-même des problèmes qui relevaient hier de l’action ; chacun est sommé de réussir et ses échecs renvoient à ses qualités intrinsèques.
    […] Enfin dans l’École, l’élève est soumis à des injonctions paradoxales : les programmes d’éducation à la citoyenneté prônent la solidarité, l’entraide, l’égalité, la coopération , l’intérêt général, l’acceptation de l’Autre et le fonctionnement pratique de l’école requiert la compétition individuelle, encourage la réussite individuelle, pratique l’évaluation à outrance, la hiérarchisation des élèves, des séries, des établissements, accepte la ségrégation, parfois l’humiliation, le rejet de l’altérité.

    #éducation #école #violence #souffrance #échec_scolaire #institution