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  • Danseuse enceinte licenciée : le directeur du ballet de l’Opéra de Lyon condamné pour discrimination
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/11/10/le-directeur-du-ballet-de-l-opera-de-lyon-condamne-pour-discrimination_52131

    Le droit est-il soluble dans l’art ? Non, a répondu, jeudi 9 novembre, le tribunal correctionnel de Lyon, en condamnant le directeur du ballet de l’Opéra de Lyon à six mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende, pour discrimination et harcèlement.

    Yorgos Loukos, 67 ans, a été jugé coupable d’avoir écarté une danseuse de la troupe pour cause de maternité. Les juges ont estimé que la rupture de contrat relevait d’une infraction pénale, sans s’arrêter aux critères de libre choix artistique, invoqués par la défense. Ils ont condamné le directeur au versement de 20 000 euros de dédommagement à l’ancienne danseuse.

    La décision fera date dans le monde de la danse, où les directeurs de ballet règnent en maîtres sur la carrière des danseurs. Pour l’avocat Thierry Monod, spécialiste en droit du travail, elle pourrait inspirer d’autres actions judiciaires, dans un univers très dur, sous des apparences de camaraderie complice. « Les artistes sont des personnes sensibles, fragiles, pas très procédurières, ils attendent que la parole se libère », a expliqué le défenseur de Karline Marion, 36 ans, danseuse congédiée en janvier 2014, au retour d’un congé maternité, après cinq ans au sein du ballet de Lyon.

    Le directeur de ballet a justifié son choix en évoquant des « faiblesses stylistiques », un « manque de spontanéité », une « contradiction avec la modernité du répertoire », dans le rapport qu’il a adressé à la mairie de Lyon, employeur des trente danseurs du ballet.
    Termes sexistes

    Membre de la troupe de Maurice Béjart à ses débuts, Juliette dans la pièce de Prokofiev, Cendrillon pour la chorégraphie de Maguy Marin, choisie pour des pièces exigeantes de Merce Cunningham ou Jiri Kylian, la danseuse expérimentée a pensé que cette décision cachait un motif inavoué : sa grossesse, au moment précis où le renouvellement de son sixième contrat devait obligatoirement revêtir une durée indéterminée.

    La danseuse a choisi d’enregistrer le directeur à son insu. Les conversations retranscrites révèlent un homme au ton paternaliste, l’appelant « ma petite », « ma chérie », utilisant des formules brutales, lorsqu’il lui conseille d’abandonner une tournée pour rester à Lyon « faire sa gym ». Il lui suggère de s’occuper de son enfant, en l’appelant son « truc ». Une enquête interne a confirmé des termes sexistes au sujet de femmes enceintes.

    Campé à la barre, menton haut, mains dans le dos, tel un maître de ballet qui verrait s’agiter la chorégraphie judiciaire autour de lui, Yorgos Loukos a tenté d’excuser ses propos maladroits : « On est comme des sportifs, ensemble du matin au soir. » Voix forte, débit saccadé à la Karl Lagerfeld, il a justifié son choix : « Je savais qu’elle avait 35 ans, elle était pas mal mais elle n’était pas la meilleure. Tous les ans, toutes les compagnies du monde changent de danseurs. »
    « L’art et le droit se combinent mal »

    Pour le procureur de la République, « une grossesse va naturellement, légitimement, générer des contraintes en termes de ressources humaines, mais l’employeur doit y faire face, s’organiser ». « Qu’on ne vienne pas me dire que c’est de l’art ou de la danse, le code du travail s’applique aussi à l’Opéra de Lyon », a lancé Fabrice Tremel.

    « L’art et le droit se combinent mal ; dans l’art vous n’avez pas de critères définis, une sélection en matière artistique, ce n’est que subjectif », a plaidé Frédéric Doyez. L’avocat de la défense déplore la méthode déloyale de l’enregistrement, aux dialogues volontairement orientés. Selon Me Doyez, la danseuse n’aurait pas supporté la sanction artistique et se serait vengée en portant plainte. « La danse tient à des critères tellement intimes, que c’est dur à accepter », dit-il. Pour lui, le directeur de ballet, qui a contribué à la renommée internationale de l’Opéra de Lyon, s’est uniquement demandé : « Est-ce que c’est bon pour la compagnie ou pas ? »

    L’avocat a annoncé que son client allait faire appel du jugement.

    • Le directeur du ballet de l’Opéra de Lyon doit passer en justice en novembre pour discrimination envers une de ses anciennes danseuses qui était enceinte. Une affaire qui rappelle la difficulté de combiner carrière et maternité dans un milieu où l’âge de la retraite sonne à 42 ans.

      Le 9 octobre, le site d’investigation Médiacités révélait que le directeur du ballet de l’Opéra de Lyon, Yorgos Loukos, était poursuivi par l’une de ses anciennes danseuses, Karline Marion, pour discrimination et harcèlement. La danseuse, âgée de 35 ans à l’époque, l’accuse de l’avoir écartée dès l’annonce de sa grossesse et d’avoir mis fin à sa collaboration de six ans après son accouchement, en 2014. Une de leur discussion avait été enregistrée par Karline Marion, où il justifiait ainsi son comportement : « Je t’aime beaucoup comme fille, je trouve que t’es gentille, que t’es jolie, que t’as un joli corps, etc. […]. Je pense que si entre 29 et 34 [ans] tu as fait pas mal mais pas beaucoup, c’est pas entre 35 et 40 que tu vas faire plus, en plus avec un enfant […] parce que tu es plus occupée, tu as des choses à faire. » Le tribunal correctionnel étudiera la question le 9 novembre. Pour ce genre de délit, la peine maximale encourue est de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende.

      Du côté de cette prestigieuse et ancienne compagnie, où les danseurs bénéficient d’un CDI, les ballerines sont conscientes d’avoir une situation privilégiée et ont constaté une évolution des mœurs à propos de la maternité. « C’est assez récent que les danseuses puissent avoir des enfants sans que cela ne pose de problèmes. Nos prédécesseures ont eu des enfants, elles nous ont ouvert la voie. Il y a douze ans, elles étaient très peu à en avoir et il y a vingt ans c’était même commun de ne pas être mère », raconte Dorothée Gilbert, danseuse étoile et maman d’une petite fille. Cette tolérance à propos de la maternité a notamment été impulsée par l’ancienne directrice Brigitte Lefèvre, restée vingt ans à la tête du ballet. Un flambeau repris par Aurélie Dupont, ancienne danseuse étoile, elle-même mère de deux enfants.

      Mais hors de l’écrin protecteur et doré du Palais Garnier, trouver le moment idéal n’est qu’une des nombreuses barrières qui se posent sur le chemin de la maternité. Dans la plupart des compagnies, les danseuses ne jouissent pas de contrats stables et enchaînent les engagements en intermittence. Brigitte (1), 40 ans, ancienne danseuse contemporaine désormais chorégraphe, a connu cette problématique et n’a pour l’heure pas eu d’enfants. « Ça m’a traversé l’esprit quand j’avais 25 ans, mais tous les trois mois je changeais de lieux, je partais en tournées, c’était trop compliqué. J’étais en plein boom, j’avais un contrat à Londres, à New York. J’ai fait passer mon métier avant car, si j’étais absente, on allait m’oublier. » Au courant de l’affaire de l’Opéra de Lyon, la chorégraphe n’est nullement étonnée : « Les scandales comme celui-ci sont très fréquents. J’ai pu constater des abus avec mes collègues. On leur dit "pas maintenant, l’année prochaine", "on fait une nouvelle création, je ne te prendrai pas si tu décides de faire un bébé". Des amies se sont mises à culpabiliser, à se dire que ce n’était pas le moment, que ce n’est pas un métier fait pour devenir maman. »

      Les changements du corps impliqués par une grossesse et leurs répercussions sont également une forte source d’inquiétude : « On a peur de ce qu’on va devenir après, d’avoir le ventre relâché. On peut nous virer parce que physiquement ça ne marche plus. J’acceptais bien d’être ronde au début, mais c’était plus dur à la fin de ma grossesse, je me demandais si j’allais redevenir comme avant. Retrouver la même forme et le même physique qu’auparavant a d’ailleurs été compliqué. Je me suis enfermée dans une vie complètement différente et me suis laissé aller au niveau du poids, puis j’ai reperdu. Je faisais mon deuil », se remémore Annabel Dubois. Pourtant, comme chez les sportifs de haut niveau, les modifications corporelles et la prise de poids ne sont pas une fatalité : « Pendant la grossesse, j’ai fait un peu attention, je ne mangeais pas des cochonneries tout le temps. Je n’avais que trois kilos à perdre et j’ai été étonnée de voir à quel point mon corps se souvenait de comment il était avant. La reprise n’a pas été si difficile que ça », raconte Dorothée Gilbert.

      Cependant, une fois les étapes de la grossesse et du retour sur scène surmontées, les danseuses se confrontent au problème de la garde lors des tournées ou la nuit au moment des représentations. Véronique Munoz, 39 ans, professeure au conservatoire de Bayonne, a pu compter sur un soutien sans faille de sa compagnie lorsqu’elle était danseuse : « Mon fils avait deux ans quand j’ai été prise au Malandain Ballet Biarritz, je l’emmenais partout lors de mes voyages. J’avais de la chance que le staff s’en occupe pendant les spectacles et quand j’étais sur scène. » Mais pour la plupart des danseuses, peu de choses sont mises en place pour faciliter la garde des enfants. Lors de son intervention au Monde Festival, Aurélie Dupont a évoqué, « sur le ton de la boutade », la possibilité d’ouvrir une crèche à l’Opéra de Paris. Un service tout sauf anodin, qui pourrait soulager d’un poids ces femmes tiraillées entre amour de leur art et désir de maternité.

      #sexisme #travail

  • L’Opéra de Lyon vire les danseurs de son parvis pour l’été : tribune des Bboys and Bgirls et témoignages
    https://rebellyon.info/L-Opera-de-Lyon-vire-les-danseurs-de-son-17987

    Comme chaque été depuis quelque temps, l’Opéra installe un bar jazz sous les arcades. Nouveauté cette année : une série de dispositifs empêchent totalement les danseurs et danseuses d’exercer leur art dans ce lieu emblématique de la culture hip-hop lyonnaise. Les Bboys et Bgirls de Lyon, bien décidé·es à faire entendre leur voix, celle de l’underground, publient ici une tribune. Trois d’entre eux témoignent.

    #Infos_locales

    / #Vie_des_quartiers_-_urbanisme_-_initiatives, #Manchette