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  • Un Chinois à la FAO et le sens des priorités
    https://tagrawlaineqqiqi.wordpress.com/2019/06/24/un-chinois-a-la-fao-et-le-sens-des-priorites

    Je n’arrive pas à m’en remettre, d’autant que par ailleurs quasiment tout le monde s’en fout : c’est Qu Dongyu, le vice-ministre de l’agriculture chinois qui a été nommé à la tête de la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. La Chine est un pays dont l’agriculture et l’élevage ne cessent de […]

    https://0.gravatar.com/avatar/fae7880a13ff373ef7ab14b76ec88027?s=96&d=identicon&r=G

  • L’Australie exporte ses réfugiés

    Au nom de la lutte contre les passeurs, Canberra sous-traite une partie de sa gestion des demandeurs d’asile à des pays tiers. Cette politique d’externalisation inspire les gouvernements européens et indigne les défenseurs des droits humains, tant les réfugiés s’y réduisent à une monnaie d’échange.

    C’est un petit restaurant dans une ruelle du sud de Phnom Penh, un comptoir, quelques tables et une odeur de falafels. Mideast Feast propose des spécialités syriennes et libanaises. Une rareté dans une capitale certes cosmopolite mais où les ressortissants du Proche-Orient ne sont pas légion. Du Cambodge M. Abdullah Zalghanah, le propriétaire, ne connaissait rien, jusqu’à ce qu’il y soit parachuté.

    M. Zalghanah est syrien. Il y a huit ans, il était encore boulanger et restaurateur à Deraa, où il vivait avec son épouse et leurs quatre enfants. Puis, comme tant d’autres, il a fui sa ville, devenue un champ de bataille, jusqu’au Liban. Il y a laissé sa famille pour se mettre en quête d’un pays d’accueil. « Je ne voyais pas d’avenir pour mes enfants au Liban, avec les milices de Bachar Al-Assad traquant les réfugiés, la situation économique et les conséquences de la guerre », raconte-t-il. En 2012 débute un long périple qui le mènera de l’autre côté du monde, porté par l’espoir de rejoindre l’Australie, un pays « paisible » où, lui a-t-on dit, « on peut se reconstruire une vie en six mois ». « Dans la communauté syrienne, il se disait que l’Australie était une meilleure option que l’Europe. Et j’avais un frère là-bas, qui y était parti avant la guerre », explique-t-il. On le met en contact avec des passeurs, qui l’expédient en Indonésie. Là, il doit prendre un bateau avec soixante et onze autres personnes. Une simple barque à moteur, pour une traversée de plus de quatre cents kilomètres jusqu’à l’île Christmas, territoire australien perdu au milieu de l’océan Indien. « Le voyage a été terrible. Au bout d’une journée, l’un des deux moteurs a cessé de fonctionner. Plus d’une fois, j’ai cru que nous allions mourir. » Quatre jours et une nuit d’angoisse, jusqu’à ce que les passeurs indonésiens les abandonnent sur une plage. Là, ils sont cueillis par des gardes australiens et menés dans un centre de rétention. En cet été 2013, plus de deux mille personnes s’y entassent : des demandeurs d’asile, en attente de transfert dans l’un des camps de détention sur l’île-État de Nauru ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Aucun ne pourra jamais rejoindre l’Australie. Car, quelques mois plus tôt, Canberra a réactivé et durci sa politique radicale de refoulement des boat people — ce qu’on appelle la « solution du Pacifique ».

    Lancée au début des années 2000, cette politique repose sur des accords passés avec ses deux voisins pauvres. En échange d’une compensation financière, ces États acceptent de recevoir les demandeurs d’asile arrivés clandestinement. Le temps que leur dossier soit examiné, ils sont détenus dans des camps extraterritoriaux construits aux frais de Canberra et gérés par des sociétés privées sous contrat avec le gouvernement. Officiellement, il s’agit de lutter contre les réseaux de passeurs en décourageant toute tentative de rejoindre les côtes par bateau.

    Selon les organisations de défense des droits humains, l’Australie s’arrange avec le droit international, notamment avec le principe de non-refoulement figurant dans la convention de Genève sur les réfugiés, dont elle est signataire (1). Et sa méthode a fait école au sein de l’Union européenne, qui a mis au point des politiques d’« externalisation des frontières », tel l’accord avec la Turquie.

    En Australie, les conservateurs qui ont conçu cette stratégie de sous-traitance notent une nette diminution des arrivées clandestines : moins de 150 par an entre 2002 et 2008, contre 3 000 à 5 500 par an entre 1999 et 2001 (2). Toutefois, en 2007, un rapport d’Oxfam estime son coût total — des interceptions de bateaux aux frais de gestion des camps — à plus de 1 milliard de dollars australiens (625 millions d’euros) en six ans (3), pour la prise en charge de moins de 1 700 personnes. Sous le feu des critiques, la « solution du Pacifique » a été suspendue en 2008 par le gouvernement travailliste qui arrivait au pouvoir. Les camps de Nauru et de l’île de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée) ont été vidés… pour être rouverts quatre ans plus tard.

    En réponse à un nouveau pic d’arrivées clandestines et de naufrages meurtriers (4), le gouvernement réactive les accords de coopération avec les deux États et durcit sa politique. Si l’Australie continue d’accueillir plusieurs milliers de demandeurs d’asile arrivés légalement sur son sol (5), elle affiche désormais une tolérance zéro vis-à-vis des clandestins. « Nul demandeur d’asile arrivé en Australie par bateau ne sera jamais autorisé à s’installer sur le territoire en tant que réfugié », assène le premier ministre Kevin Rudd (British Broadcasting Corporation, 19 juillet 2013). Peu importe la légitimité de sa demande de protection et les difficultés rencontrées pour la formuler. Un Syrien qui dépose une demande d’asile pour l’Europe ou l’Australie à partir d’un pays voisin où il a pu fuir, comme la Turquie ou le Liban, s’expose à un refus sous prétexte que la requête est émise d’un pays « sûr ». Obtenir un visa temporaire n’est pas moins ardu. Quant aux clandestins pris dans les filets de cette politique, ils auront le choix entre un vol retour vers leur pays d’origine et un transfert dans les camps extraterritoriaux — pour une durée indéterminée.
    Improbable accord avec le Cambodge

    Si l’accord passé avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée prévoit, en théorie, une installation permanente des réfugiés sur le territoire, dans les faits « les autorités ne leur octroient pas de statut légal », dénonce un rapport d’Amnesty International (6). Celles de Nauru refusent officiellement toute installation permanente. Les réfugiés reçoivent au mieux un visa de cinq ans, puis de dix ans, payé par les autorités australiennes. « Les camps extraterritoriaux, qui étaient à l’origine des lieux de transfert, sont ainsi devenus des centres de détention permanente, sans autre issue que le retour au pays », nous explique M. Ian Rintoul, porte-parole de la Refugee Action Coalition, une organisation non gouvernementale (ONG) australienne.

    Quand M. Zalghanah est transféré à Nauru, en avril 2014, environ 1 200 personnes y vivent. « Nous dormions à quarante dans de grandes tentes sales, sans aucune intimité. Il n’y avait que dix toilettes et dix douches sans porte. Nous n’étions pas des criminels, mais ce camp, c’était une prison. » Au-delà de ces conditions de vie insupportables, c’est sa situation, floue et sans issue, qui le détruit. « Nous étions tous sous antidépresseurs et sous somnifères pour pouvoir dormir. L’atmosphère n’a cessé de se dégrader, avec des rixes qui éclataient, mais surtout des suicides. Je me souviens d’un homme qui a avalé une boîte de pilules, d’un autre qui s’est immolé par le feu… » M. Zalghanah perd le compte, mais les disparus peuplent toujours ses cauchemars. En dépit des restrictions d’accès imposées par les autorités, plusieurs enquêtes successives dénoncent les conditions de vie des détenus. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), dont une délégation s’est rendue à Nauru fin 2013, évoque une « détention systématique et arbitraire » contraire au droit international, et critique l’absence de solution à long terme pour des personnes maintenues dans l’incertitude (7).

    À partir de 2013, la campagne « Frontières souveraines », opération militaire de refoulement des navires clandestins vers leur point de départ, limite les arrivées. Mais il devient urgent de trouver une solution pour les quelque trois mille réfugiés entassés à Manus et Nauru. La Nouvelle-Zélande a bien proposé d’en accueillir cent cinquante chaque année, mais l’Australie a décliné l’offre, estimant qu’une telle perspective, trop alléchante, ne ferait que soutenir le commerce des passeurs. Canberra pense trouver son salut dans l’externalisation.

    Le 26 septembre 2014, M. Scott Morrison, alors ministre de l’immigration, annonce la signature d’un accord inédit avec le Cambodge. Négocié en secret, il prévoit l’installation sur le territoire cambodgien d’une partie des réfugiés parqués à Nauru, Phnom Penh recevant en échange 40 millions de dollars australiens (25 millions d’euros) sous forme d’aide au développement. Le voyage, l’accueil et l’installation des réfugiés sont également à la charge de l’Australie, laquelle prévoit d’y consacrer un budget global de 15 millions de dollars (9,4 millions d’euros), sans plus de précision.

    « L’un des pays les plus riches du monde a convaincu l’un des plus pauvres d’accueillir les réfugiés dont il ne veut pas », résume le magazine américain Foreign Policy (8), tandis que M. António Guterres, l’actuel secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, alors haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, critique une « inquiétante dérogation aux normes internationales (9) ». S’il ne viole pas explicitement le droit international, l’accord n’en constitue pas moins « un dangereux précédent qui porte atteinte à l’intégrité du système de partage des responsabilités à l’égard des réfugiés », analyse Madeline Gleeson, avocate et chercheuse à l’université de Nouvelle-Galles du Sud (10).

    « Avec cet accord, l’Australie espère avoir enfin trouvé la pièce manquante de sa politique d’asile extraterritorial : une solution de long terme », souligne la chercheuse. L’entente est au moins claire sur un point : les réfugiés doivent se porter volontaires. Or les prisonniers de Nauru n’accueillent pas la nouvelle avec enthousiasme. Alors que les ministres de l’intérieur australien et cambodgien sablent le champagne, une nouvelle vague de protestations agite les camps entre fin septembre et début octobre 2014. Quand les premières délégations cambodgiennes s’y rendent, début 2015, aucun volontaire ne se présente. « Dans les mois qui ont suivi, on nous a rapporté des pressions exercées sur les réfugiés, du chantage, de fausses promesses », dit M. Rintoul. En vain : seuls sept d’entre eux acceptent d’être envoyés au Cambodge.

    M. Zalghanah est du nombre. En 2016, il consent à sa relocalisation à Phnom Penh, à condition que l’Australie y rapatrie également sa famille restée au Liban. « Au début, ils disaient que le rapprochement familial était impossible. Mais, après un an, ils ont fini par me dire que ma famille me rejoindrait au bout de trois ou quatre mois », raconte-t-il. Débarquant dans la capitale cambodgienne en novembre 2016, il est pris en charge par l’antenne locale de l’Organisation internationale pour les migrations. Celle-ci le guide et l’héberge pendant trois mois, à l’issue desquels il lance un projet de restaurant grâce à une allocation de l’Australie. Mais, plus d’un an après son arrivée, le rapprochement familial est au point mort. M. Zalghanah craint d’être oublié, évacué dans les vieux papiers d’un accord raté. Car l’entente entre le Cambodge et l’Australie prenait officiellement fin à l’automne 2018. Son échec est si cuisant qu’elle ne sera pas reconduite. Sur les sept réfugiés transférés, quatre ont déjà quitté le pays.

    « Depuis le début, cet accord n’était qu’une vaste blague, dénonce M. Rintoul. Le gouvernement désespérait de trouver une issue à sa politique d’asile extraterritorial. En définitive, il a payé plus de 40 millions de dollars pour délocaliser sept personnes. On atteint des sommets d’absurdité. » Des tentatives de négociations similaires avec d’autres pays, dont le Kirghizstan, n’ont jamais abouti.

    Reste une issue possible : l’entente conclue avec les États-Unis lors des derniers mois de la présidence de M. Barack Obama selon laquelle Washington prendrait en charge jusqu’à 1 200 réfugiés des camps extraterritoriaux. Les clauses de l’accord de septembre 2016 n’ont pas été rendues publiques. Mais, le même mois, Canberra annonçait son intention d’accueillir un nombre non défini de demandeurs d’asile sud-américains actuellement dans des camps gérés par les États-Unis. De quoi alimenter les rumeurs d’« échange de réfugiés », malgré les dénégations du gouvernement australien (11). Contre toute attente, M. Donald Trump n’a pas mis un terme à l’arrangement. Si le président américain a jugé l’accord « stupide », il s’est engagé à l’honorer. Depuis l’automne 2016, 445 réfugiés relégués à Nauru et Manus ont obtenu l’asile aux États-Unis. Washington aurait refusé près de 200 autres personnes, parmi lesquelles de nombreux Iraniens. Et aucune nouvelle procédure de transfert n’a été annoncée.
    « Une population au-delà du désespoir »

    Selon un rapport du Parlement d’Australie, entre 2012 et 2017, la politique de détention extraterritoriale des demandeurs d’asile aurait coûté près de 5 milliards de dollars (plus de 3 milliards d’euros) à l’État, sans compter le budget de l’« aide au développement » prévue dans les accords régionaux. Une somme coquette pour la détention de 3 127 réfugiés et demandeurs d’asile, au total, depuis 2012. Mille quatre cents d’entre eux seraient toujours bloqués à Manus et Nauru. Si les camps sont désormais ouverts, les îles n’en restent pas moins des prisons pour ces hommes, femmes et enfants qui disposent dans les faits d’une liberté de circulation relative. Expulsée en octobre dernier par les autorités nauruanes après avoir passé onze mois auprès des réfugiés, l’ONG Médecins sans frontières décrit une population « au-delà du désespoir » et recense « un nombre alarmant de tentatives de suicide et de cas d’automutilation » (12). En décembre 2018, 1 200 réfugiés et demandeurs d’asile, soutenus par l’association National Justice Project, ont lancé une procédure judiciaire à l’encontre de l’État australien, accusé devant la Haute Cour d’emprisonnement arbitraire, de persécution, de torture et de crimes contre l’humanité.

    M. Zalghanah, lui, se considère comme un rescapé. En janvier dernier, après deux ans d’attente, sa famille est enfin arrivée au Cambodge.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/BJURSTROM/59709
    #asile #migrations #réfugiés #Cambodge #Australie #externalisation #réfugiés_syriens

    ping @albertocampiphoto

    v. aussi cette compilation qui parle du deal entre l’Australie et le Cambodge :
    https://seenthis.net/messages/476197

  • Bloqués en Suisse

    Des milliers de requérants d’asile #déboutés ne peuvent ni être renvoyés, ni rentrer chez eux. Beaucoup continuent de vivre en Suisse avec l’#aide_d’urgence, sans aucune perspective d’avenir. De jeunes Érythréens se confient.

    Mewael* vit à Genève avec 10 francs par jour. Il n’a pas le droit de suivre une formation ou de travailler. Pour occuper ses journées, il joue au football, réalise de petits travaux dans son centre d’accueil ou cuisine à la maison de quartier. Il fait partie de ces milliers de personnes qui n’ont pas obtenu l’asile, mais qui ne peuvent pas rentrer chez elles et se retrouvent coincées en Suisse. En 2017, elles étaient plus de 8000Lien externe à recevoir l’aide d’urgenceLien externe, la plupart du temps sous forme d’hébergement ou de nourriture.

    Mewael a une vingtaine d’années. Il a fui l’Érythrée et est arrivé en Suisse il y a bientôt trois ans. Il a déposé sa demande d’asile et a appris le français en attendant la décision qui est tombée deux ans plus tard : la requête est rejetée, Mewael doit quitter le territoire. Il a fait recours et s’accroche à ce mince espoir. Le jeune homme aurait voulu faire un apprentissage d’électricien ou de mécanicien, mais aujourd’hui, il n’y croit plus. « La vie est compliquée en Suisse », soupire son ami Samson. « C’est pas compliqué, c’est mort », répond Mewael, les larmes aux yeux.
    Renvoi prononcé, mais pas exécuté

    Les Érythréens sont particulièrement nombreux à se retrouver dans cette situation, car le gouvernement suisse n’a pas signé d’accord de réadmission avec l’Érythrée. Il ne peut donc pas expulser de force les requérants déboutés. « Sur le plan international, la Suisse se démarque en rendant des décisions de renvoi : aucun État européen n’exécute de renvoi vers l’Érythrée », précise un rapport très détaillé de l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers sur les pressions subies par la communauté érythréenne.

    Samson est en Suisse depuis déjà 4 ans et souffre de ne pas pouvoir travailler : « Je suis bloqué, je ne sais pas quoi faire. C’est très stressant ». Pour sortir de cette situation, certains ont tenté de déposer une demande d’asile dans un autre pays. Yonas est allé jusqu’en Allemagne, mais il a été renvoyé en Suisse en raison des accords de DublinLien externe. Il est aussi là depuis 4 ans et rêve de devenir mécanicien, jardinier ou même avocat. « Quand je suis parti de chez moi, j’ai cru que mes problèmes étaient terminés, mais en fait ils m’ont accompagné jusqu’ici », se désole Yonas.

    Tous ces jeunes Érythréens parlent bien français, mais ils ont la gorge serrée et ne trouvent plus les mots quand ils évoquent leur vie en Suisse et leurs perspectives d’avenir. « Je me sens mal, j’ai des problèmes de sommeil et de concentration, confie Robel, depuis 2 ans à Genève. Ici je pensais trouver le bonheur, la liberté, et je n’ai rien trouvé. »

    Impossible de rentrer

    Lorsqu’elles annoncent aux requérants déboutés leur obligation de quitter la Suisse, les autorités leur proposent une aide au retour, mais aucun d’entre eux n’envisage de rentrer. L’Érythrée est gouvernée par un dictateur qui asservit son peuple et commet de multiples crimes contre l’humanité, comme l’a rapporté l’Organisation des Nations Unies : « Les responsables érythréens s’en prennent aux civils de façon persistante, généralisée et systématique depuis 1991. Ils n’ont cessé depuis lors de commettre des crimes d’esclavage, d’emprisonnement, de disparition forcée et de torture, ainsi que d’autres actes inhumains, des actes de persécution, des viols et des assassinats. »

    Hayat a envie de raconter ce qui lui est arrivé, pour que nous puissions mieux comprendre la situation des réfugiés érythréens. Il explique que chez lui, tout le monde doit faire l’armée pour une durée indéterminée. La population n’est pas libre de se former ou de travailler comme elle le souhaite. Et de nombreuses personnes s’évanouissent dans la nature, sans que les familles ne soient jamais informées de leur emprisonnement ou de leur décès.

    Le père de Hayat a ainsi disparu, et lui-même s’est retrouvé en prison alors qu’il avait seulement 16 ans. Il a été frappé, attaché et enfermé dans une cage. Durant un transfert, le jeune homme a réussi à s’enfuir et à traverser le Soudan, la Libye puis la Méditerranée. Au départ, ils étaient un groupe de 25 personnes. Seules 3 d’entre elles sont arrivées en Italie.

    « On ne vient pas ici pour l’argent, on cherche juste la liberté », déclare Hayat qui vient de recevoir une bonne nouvelle : son recours a abouti, il a obtenu une admission provisoire. Le jeune homme va pouvoir poursuivre sa formation chez un électricien, qu’il aurait due interrompre du jour au lendemain s’il avait été débouté. Mais cette victoire est pour lui bien amère, car tous ses amis attendent encore une décision de justice ou sont définitivement déboutés.

    Un système « kafkaïen »

    « C’est compliqué pour eux, car dans un premier temps ils trouvent un havre de paix et ensuite, on leur dit qu’ils doivent partir », indique une bénévole qui tente d’aider ces jeunes au maximum, mais qui éprouve un grand sentiment d’impuissance. « Il n’y a pas de vision globale de la personne, tout est toujours découpé : il y a un responsable pour les soins, un autre pour le logement, etc. La responsabilité est toujours rejetée sur un autre service et cela devient kafkaïen. »

    Une admission provisoire permettrait au moins aux requérants frappés d’une décision d’asile négative de suivre une formation et de travailler. Mais elle ne peut être délivrée que si le renvoi est contraire aux engagements de la Suisse dans le domaine du droit international, s’il met concrètement l’individu en danger ou s’il est matériellement non réalisable. « Les demandeurs d’asile érythréens déboutés qui font l’objet d’une décision de renvoi sont légalement obligés de quitter la Suisse, explique le Secrétariat d’État aux migrations (SEM). Actuellement les renvois forcés ne sont en effet pas possibles, mais les retours sur une base volontaire le sont. »

    Le SEM estime donc qu’il serait faux de donner une admission provisoire aux individus qui refusent de quitter le pays, simplement parce que la Suisse ne peut pas effectuer de renvoi forcé. « Cela récompenserait les personnes qui, dès le départ, font clairement savoir qu’elles ne respecteront pas leur obligation de quitter le pays, bien qu’elles n’aient pas besoin d’une protection suisse et qu’elles seraient contraintes de partir. »
    Aide limitée

    Le SEM rappelle que l’individu qui décide de rester malgré tout n’a plus droit à l’aide sociale, mais uniquement à l’aide d’urgence. L’objectif étant « de faire en sorte que les personnes concernées s’acquittent volontairement de leur obligation de quitter la Suisse en ne prévoyant plus d’incitations matérielles pour rester. »

    La remise de l’aide d’urgence et la gestion de ces requérants déboutés revient aux cantons, souvent désemparés face à cette population qui ne peut ni travailler, ni se former. « C’est compliqué de rester positif et de garder ces jeunes motivés », confie une éducatrice sociale qui travaille avec eux à Genève.

    Des Assises romandesLien externe sur la question des requérants déboutés privés de formation s’est tenue début février à Lausanne. Des apprentis, des patrons, des professionnels de l’asile et des enseignants ont lancé un appelLien externe pour exiger des autorités cantonales et fédérales de permettre aux jeunes de terminer leur formation, même en cas de décision d’asile négative.

    Des signatures sont aussi récoltées à Genève pour une pétition en ligne qui demande au canton de ne pas exclure les requérants d’asile érythréens de l’aide sociale et de leur permettre de se former et de travailler.

    Politique d’asile plus restrictive

    Toutefois, le mouvement de durcissement de la politique d’asile qui s’est opéré ces dernières années au niveau fédéral ne semble pas prêt de s’arrêter. Le SEM a publié en 2016 un nouveau rapportLien externe sur la situation en Érythrée et a effectué un tour de vis, confirmé par de récentes décisionsLien externe du Tribunal administratif fédéral. Les juges considèrent désormais que les demandeurs d’asile érythréens peuvent être renvoyés dans leur pays, même s’ils risquent d’être enrôlés dans l’armée à leur retour. Le SEM a entrepris le réexamen de plus de 3000 dossiers de requérants érythréens titulaires d’une admission provisoire, afin d’évaluer si un renvoi est exigible.

    Les associations de défense des migrants et la communauté érythréenne se mobilisent contre ces durcissements. Une manifestation réunissant 1500 personnes a eu lieu en mai dernier devant le Palais fédéral à Berne et une pétition munie de plus de 12’000 signatures a été déposée pour que l’asile soit accordé avec effet immédiat à toute personne menacée de mauvais traitements. Mais la Chambre haute du Parlement a refusé de donner suite à cette pétition, car elle soutient en grande majorité le durcissement opéré par le SEM.

    https://www.swissinfo.ch/fre/asile_bloqu%C3%A9s-en-suisse/44772002
    #limbe #attente #stranded_migrants #asile #migrations #réfugiés #Suisse #réfugiés_érythréens #Erythrée #statistiques #chiffres

  • Les #gilets_jaunes devant l’#ONU

    Un millier de gilets jaunes se sont rassemblés pacifiquement en face de l’ONU mercredi matin. Ils accusent le gouvernement français de crimes contre l’humanité en raison de la #répression de leur mouvement.


    https://lecourrier.ch/2019/02/20/les-gilets-jaunes-devant-lonu
    #Genève #violences_policières #manifestation
    ping @davduf

    • Les gilets jaunes à Genève pour alerter l’ONU

      Plusieurs centaines de gilets jaunes ont manifesté dans le calme mercredi devant le siège de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à Genève, pour crier leur désarroi face au gouvernement français et à l’attitude des forces de sécurité.

      Les organisateurs évoquent la présence d’un millier de manifestants - 600 selon la police. Les participants ont fait le déplacement de plusieurs régions de France, et de Suisse aussi, afin de faire passer un message à quelques jours du début de la session principaleLien externe du Conseil des droits de l’homme. Les gilets jaunes dénoncent les violences qu’ils ont subies de la part des forces de l’ordre françaises, alors qu’ils souhaitaient simplement manifester, disent-ils, pour exprimer leur opinion. Un mouvement qui favorise aussi l’expression violente de groupuscules autoritaires et antisémites.

      La semaine dernière, un groupe d’experts des droits de l’homme de l’ONU avait considéréLien externe la loi anti-casseurs souhaitée par les autorités de l’Hexagone comme contraire au droit international. Ils avaient aussi conclu à un recours excessif de la force par les policiers.

      https://www.swissinfo.ch/fre/violences-polici%C3%A8res_les-gilets-jaunes-%C3%A0-gen%C3%A8ve-pour-alerter-l-onu/44771386

  • Un collectif d’avocats alerte l’ONU sur le niveau de répression contre les Gilets jaunes
    https://lemediapresse.fr/social/un-collectif-davocats-alerte-lonu-sur-le-niveau-de-repression-contre-l

    Des experts dénoncent des entraves à la liberté de manifester et le niveau de violence actuel contre les Gilets jaunes. Un collectif d’avocats de Lille, Paris et Toulouse sont intervenus ce mardi 12 février, au siège de l’Organisation des Nations unies (ONU), à Genève, « en qualité de Conseils de 34 personnes ayant toutes fait l’objet […]

  • La #faim provoquée par les #conflits s’aggrave, selon un nouveau rapport de l’ONU | ONU Info
    https://news.un.org/fr/story/2019/01/1034962

    La situation dans les huit endroits du monde où l’on recense le plus grand nombre de personnes ayant besoin d’une #aide_alimentaire montre que le lien entre conflit et faim demeure trop persistant et mortel, selon un nouveau rapport publié lundi par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (#FAO) et le Programme alimentaire mondial (#PAM).

    Le rapport (en) : http://www.fao.org/documents/card/en/c/CA3113EN

  • Montagne d’or en Guyane: c’est inédit, l’ONU accuse la France de non-respect des droits indigènes
    https://www.terradarwin.com/magazine/montagne-d-or-en-guyane-c-est-in%C3%A9dit-l-onu-accuse-la-france-de-non

    Il fallait s’y attendre. Alors que le projet « Montagne d’or » en Guyane se profile à grands pas, l’Organisation des Nations Unies a décidé de réagir. Elle « somme » la France de suspendre le projet jusqu’à ce que les populations autochtones locales aient pu être consultées correctement. C’est la première fois dans l’histoire que l’ONU intervient directement contre l’État français. La transition énergétique semble bien loin de toute préoccupation politique de ce côté-là de l’océan.

  • Montagne d’or en Guyane : l’ONU « somme » la France d’écouter les populations autochtones
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/01/11/guyane-l-onu-s-immisce-dans-la-future-mine-de-la-montagne-d-or_5407578_3244.

    L’affaire de la Montagne d’or était déjà lourde de polémiques, voilà qu’un nouvel acteur s’immisce dans le dossier de cette future mine industrielle dans la forêt de Guyane. L’Organisation des Nations unies (ONU), par le biais de son Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, « somme » la France soit de reprendre son processus de consultation afin d’écouter les populations autochtones sur ce sujet, soit de suspendre ce projet gigantesque.
    Lire aussi : Face aux critiques, le projet de mine « Montagne d’or » en partie corrigé

    Dans un communiqué rendu public jeudi 10 janvier, le Comité défend vigoureusement les droits des peuples amérindiens de l’Ouest guyanais. Or, eux qui sont « les premiers concernés » par les souhaits d’extraction d’or du consortium des multinationales Nordgold (Russie) et Colombus Gold (Canada), ont vu leur opposition être « totalement ignorée » jusqu’à présent.

    Le principe d’une « alerte rapide » adressée au gouvernement français a été décidé le 14 décembre 2018. Elle est censée prévenir lorsqu’une situation risque de tourner au conflit. Elle prend en fait une forme assez pressante, puisqu’il est demandé aux pouvoirs publics de formuler leur réponse d’ici au 8 avril. Il s’agit surtout d’une procédure inédite pour la France.

    « Ce comité traite entre cinq et quinze cas par an, expose Vincent Ploton du Service international pour les droits de l’homme, l’ONG ISHR, basée en Suisse, qui a soutenu la requête des opposants amérindiens. Ce genre d’infractions est malheureusement courant en Amérique du Sud et en Asie, mais c’est la première fois que Paris est rappelé à l’ordre pour un manque de respect des droits autochtones. Il y a eu un précédent avec une affaire d’extraction d’uranium au Niger, mais cela concernait Areva, pas la puissance publique. »

    #paywall #racisme #montagne_d'or #or #droits_autochtones

  • Systèmes d’élevage | Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
    http://www.fao.org/livestock-systems/fr

    Le bétail est constitué d’animaux terrestres domestiqués élevés dans le but de fournir une large gamme de produits et de services tels que la traction, la viande, le lait, les œufs, la peau, les fibres et les plumes. Le terme de « systèmes d’élevage » englobe tous les aspects de l’offre et de l’utilisation des produits issus de l’élevage, notamment la répartition et la quantité de bétail, les différents systèmes de production dans lesquels ils sont élevés, les estimations actuelles et futures de consommation et de production, les personnes impliquées dans la production d’élevage ainsi que les avantages et les conséquences de l’élevage de bétail. Ces pages web fournissent des informations géographiques et des ressources relatives aux systèmes d’élevage dans le monde.

    Porcs

    Poulets

    Bovins

    #cartographie #élevage merci @fil

  • Les deux visages de Etienne Chouard, chantre du référendum d’initiative citoyenne, Adrien Sénécat, Les Déconants,de L’imMonde
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/21/les-deux-visages-d-etienne-chouard-chantre-du-referendum-d-initiative-citoye

    Ancienne figure du « non » au référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, cet enseignant est à la fois loué pour son travail sur la démocratie citoyenne et critiqué pour certaines de ses positions.[...]

    Désormais, on trouve des élus pour soutenir sa grande idée, de la gauche radicale à l’extrême droite. Et même le gouvernement lui entrouvre la porte. « Je ne vois pas comment on peut être contre son principe », acquiesçait ainsi Edouard Philippe dans un entretien aux Echos, lundi 17 décembre. Le lendemain, le député de La France insoumise (LFI) François Ruffin lui a rendu un vibrant hommage à l’Assemblée nationale : « Le référendum d’initiative citoyenne a fleuri. Oh, il n’a pas fleuri par hasard. Il a fleuri parce que des hommes de conviction – nommons-les, Etienne Chouard et ses amis – ont semé, ont arrosé depuis des années. »

    Seulement voilà, le cas #Chouard divise. Vibrant défenseur de la démocratie citoyenne et chantre du « non » au référendum français de 2005 sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe pour certains, l’auteur du « Blog du plan C » (pour Constitution) est décrié par d’autres, qui dénoncent sa complaisance avec des théoriciens d’#extrême_droite, voire des conspirationnistes. « Je suis évidemment en phase avec la proposition pour le RIC, mais j’avoue [que] je n’aurais pas pris en modèle Etienne Chouard, a écrit sur Twitter la députée Clémentine Autain. Mais sans doute suis-je trop sensible aux dérives rouge-brun… »

    En 2014, il qualifiait Alain Soral de « résistant »
    L’intéressé s’en souviendra peut-être. Comme il se souvient de l’auteur de ces lignes, qui l’avait déjà interrogé en 2014 pour L’Express. « J’ai plein de warnings allumés. Je ne sais pas pourquoi vous faites ça, mais vous n’êtes pas honnête », nous a-t-il lâché d’emblée lorsque nous l’avons appelé, jeudi 20 décembre. Il y a quatre ans, déjà, l’enseignant se débattait face à des accusations de proximité avec l’extrême droite. Notamment parce qu’il avait côtoyé l’idéologue d’extrême droite et judéophobe revendiqué Alain Soral, ainsi que des membres de son association, Egalité et Réconciliation.

    Etienne Chouard nous avait fait cette confidence : « Mon curseur politique est simple, c’est celui de la révolution. Celui qui soutient le peuple qui veut se soulever contre ses maîtres est à gauche. A droite, il y a la défense des privilèges. » Il poursuivait : « Pour moi, Alain Soral est à gauche parce qu’il se bat contre les privilèges. C’est un résistant. » Une déclaration parmi d’autres qui lui a valu de nombreuses critiques, l’amenant à se déjuger en partie dans un article sur son blog par la suite. Ce qu’il n’a jamais digéré depuis.

    « Vous me cognez dessus pour décrédibiliser l’initiative »

    Reconnaissons-le d’emblée : le promoteur du référendum d’initiative citoyenne est probablement sincère lorsqu’il écrit qu’il ne veut pas plus de la « dictature éclairée » prônée par #Alain_Soral que « de n’importe quelle dictature, évidemment ». Il l’est aussi sans doute lorsqu’il revendique une certaine ouverture d’esprit. En revanche, affirmer qu’il ignorait la propension du même Soral à tenir des propos homophobes, antisémites (ce pour quoi il a été condamné à plusieurs reprises) ou tout simplement injurieux peut interpeller : soit Etienne Chouard était mal renseigné, soit il a relégué ces considérations au second plan.

    Malgré des « désaccords », qu’il a détaillés sur son site, en 2013, François Ruffin estime désormais que « Chouard a mis fin à ses étranges liens » avec des personnalités d’extrême droite, écrivant sur Twitter qu’il se refuse à « traiter les hommes en pestiférés ». Etienne Chouard, quant à lui, s’estime victime d’une cabale : « On m’accuse publiquement sans me donner la parole. J’ai prononcé des millions de phrases et vous m’attaquez en boucle sur trois phrases ! » Bref, « c’est cousu de fil blanc. Vous m’associez au référendum d’initiative citoyenne et vous me cognez dessus pour décrédibiliser l’initiative », estime-t-il.

    Références conspirationnistes et théories douteuses

    A écouter l’enseignant et ses soutiens, les critiques à son égard n’émaneraient que de personnes malveillantes se focalisant sur un ou deux détails. Les références douteuses sont pourtant récurrentes sur son site et sa page Facebook.

    Parmi elles, on trouve #Thierry_Meyssan, qui défend des théories conspirationnistes sur le 11-Septembre, refusant d’en attribuer la responsabilité aux terroristes d’Al-Qaida. Etienne Chouard a, à plusieurs reprises, salué « le sérieux de son travail » et « la finesse de ses analyses ». « Je ne comprends pas pourquoi vous m’emmenez sur ce sujet-là, nous rétorque-t-il. Thierry Meyssan, je l’ai rencontré il y a longtemps, il est calme… Qu’est-ce que ça peut faire ? » Qu’il s’agisse d’un homme qui a pu diffuser des théories conspirationnistes sur la base d’éléments erronés n’est, selon lui, pas si grave : « Il se trompe ? Et alors ? C’est criminel ? »

    Dans la même veine, le « Blog du plan C » a diffusé plusieurs analyses signées par Paul Craig Roberts, un Américain qui a notamment accusé le gouvernement américain d’avoir orchestré l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo en 2015.

    Sur le fond, Etienne Chouard a aussi repris à son compte plusieurs théories douteuses. Il a ainsi reproduit un appel du militant écologiste Stéphane Lhomme à résister contre les « mouchards Big Brother » des compteurs électriques Linky – sur la base d’affirmations exagérées, voire farfelues. Autre mythe qu’il a repris à son compte : le fait que la loi « Pompidou-Giscard-Rothschild » de 1973 aurait créé la dette française. L’intéressé reconnaît désormais aujourd’hui que cette présentation des faits était erronée, sans remettre en cause l’interprétation qu’il en tire.

    En cela, l’univers d’Etienne Chouard est comparable à celui de Maxime Nicolle, alias « Fly Rider ». Ce porte-parole des « #gilets_jaunes », prolixe sur Facebook, s’est autant illustré par ses revendications démocratiques, comme le référendum d’initiative citoyenne, que par des affirmations douteuses, comme lorsqu’il a repris des théories d’extrême droite sur le « pacte de Marrakech » de l’Organisation des Nations unies sur les #migrations. Les deux hommes se sont d’ailleurs rencontrés récemment.

    Les journalistes ? Des « traîtres », des « kapos »

    Toutes ces références douteuses et théories sont-elles des errements isolés ? Ou le symptôme d’une pensée qui vire au « rouge-brun », comme l’estime Clémentine Autain ? Une chose est sûre : dans l’esprit d’Etienne Chouard, « nous ne sommes pas en démocratie ». Le suffrage universel est défaillant car il « donne le pouvoir aux meilleurs menteurs, donc on a affaire à des professionnels, les meilleurs, les champions du mensonge », affirmait-il sur Russia Today, le 10 décembre. A l’arrivée, les « 1 % qui se gavent » sortiraient toujours vainqueurs de cette mascarade dont l’issue est prévue d’avance.
    « Les élus détestent ceux qui contestent l’élection. Je me trompe peut-être, mais je conteste la procédure de l’élection, nous explique-t-il. J’estime que les citoyens devraient voter eux-mêmes leurs lois, ce n’est pas fasciste de dire ça. »

    Ce sombre tableau est à l’origine de tous les combats du professeur. Le « non » au traité constitutionnel européen de 2005, le tirage au sort des élus, le référendum d’initiative citoyenne… A ses yeux, le RIC est d’autant plus nécessaire qu’il est la manière la plus sûre de pouvoir renverser la table à la faveur d’un vote sur la sortie de l’Union européenne. Fervent partisan d’un « Frexit », Etienne Chouard a de longue date affiché sa sympathie à l’égard de l’eurosceptique britannique Nigel Farage, qu’il dépeignait dès 2011 en « remarquable résistant à la tyrannie mondialiste ».

    Là encore, notre remarque l’irrite : « Vous allez me traquer jusqu’à ce que je sois mort ? Enfin, c’est fou ça, vraiment… Vous vous rendez compte, c’est incroyable. C’est du #racisme [sic,ndc] . Ça veut dire quoi ? (…). Vous me réduisez à une parole dite un jour. Tous les jours je me bagarre pour émanciper les peuples ! »

    François Asselineau, « le seul vrai résistant »

    Côté français, « j’aime bien Jean-Luc Mélenchon et François Asselineau », assurait-il en mars 2017 dans une vidéo publiée sur YouTube. Et surtout le second, car c’est « le seul qui dise que la priorité absolue c’est de sortir de ce truc-là [l’Union européenne] ». Le champion du « #Frexit » a été boudé par les médias traditionnels, sur ordre du « système », selon lui. Cela légitime, à ses yeux, une dénonciation radicale, voire outrancière, des médias :

    « C’est pas des journalistes, c’est juste des traîtres, comme les kapos au moment de la guerre. Les kapos, c’étaient des juifs qui acceptaient de maltraiter leurs frères juifs pour être moins maltraités. (…) Eh ben les journalistes qui cachent Asselineau, qui le taisent, qui ne lui donnent pas la parole, c’est comme des kapos. [Ce sont] des gens qui font le jeu du système de domination en cachant le seul vrai résistant. »

    Ne verse-t-il pas dans l’outrance quand il se livre à des comparaisons de ce type ? « Pourquoi ?, rétorque-t-il. Oui, c’est sûrement excessif de dire “kapos”, mais en même temps il y a quelque chose de désespérant dans la complicité de beaucoup de journalistes par rapport au système de domination. Excusez la victime, excusez l’opprimé de crier trop fort ou de griffer trop fort pour résister aux gens qui la violent, qui la maltraitent. Vous n’avez pas l’impression de chercher la petite bête ? »

    Tous les journaux traditionnels sont coupables à ses yeux d’appartenir aux « milliardaires ». Alors parmi les rares antennes qu’il juge audibles, on trouve la chaîne financée par le pouvoir russe RT France (ex-Russia Today) – un « service public de résistance ». Cette aversion à l’égard des médias traditionnels peut aussi expliquer la propension du nouveau parrain des « gilets jaunes » à consulter des sources « alternatives », y compris les plus douteuses.

    #conspirationisme #complotisme #confusionisme

    • Au passage, le Monde fait passer le message autour des opposant-e-s à Linky :

      Sur le fond, Etienne Chouard a aussi repris à son compte plusieurs théories douteuses. Il a ainsi reproduit un appel du militant écologiste Stéphane Lhomme à résister contre les « mouchards Big Brother » des compteurs électriques Linky – sur la base d’affirmations exagérées, voire farfelues.

  • Autrefois négligées, ces cultures traditionnelles sont aujourd’hui nos nouvelles étoiles montantes | FAO Stories | Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
    http://www.fao.org/fao-stories/article/fr/c/1155156

    Il existe des milliers de cultures qui ont été négligées ou sous-utilisées pendant des siècles. C’est dommage non seulement pour toutes ces saveurs à côté desquelles nous passons, mais aussi pour les éléments nutritifs qu’elles peuvent nous apporter. Ces cultures négligées sont généralement des cultures indigènes ou traditionnelles qui poussent dans des régions spécifiques de la planète. Elles n’ont jamais été proposées sur le marché mondial pour différentes raisons : elles sont uniquement cultivées dans des zones géographiques restreintes, elles ont de faibles rendements, elles nécessitent une transformation plus poussée, elles sont sensibles aux organismes nuisibles ou n’ont tout simplement pas fait l’objet de recherches approfondies. C‘est la raison pour laquelle de nombreuses personnes n’ont pas conscience de leur existence – et il en va de même parfois pour des produits qui poussent dans nos propres régions. Appuyées par des politiques adéquates et des financements, ces cultures négligées pourraient un jour être reconnues sur le marché mondial.

    Voici 5 raisons pour lesquelles nous devons cesser de négliger ces cultures qui peuvent révolutionner notre avenir alimentaire

    Pour en savoir plus :

    Publication : Aliments de demain : Redécouvrir les trésors cachés que sont les espèces négligées et sous-utilisées pour atteindre l’objectif Faim Zéro en Asie
    Site web : Les cultures traditionnelles
    Site web : Comité de l’agriculture
    Récit sur le web:Six plantes incroyables que vous ne connaissez peut-être pas
    Récit sur le web : 6 super-aliments supplémentaires riches en qualités nutritives
    Article : Les cultures orphelines peuvent assurer la sécurité alimentaire de millions de personnes
    Récit sur le web : Le cactus mérite une place dans nos menus

    #agriculture #cultures #alimentation

  • Israel orders Khan al-Ahmar residents to evacuate before October
    Sept. 23, 2018 11:28 A.M. (Updated: Sept. 23, 2018 11:30 A.M.)
    http://www.maannews.com/Content.aspx?ID=781175

    JERUSALEM (Ma’an) — The Israeli Civil Administration ordered on Sunday the Bedouin residents of Khan al-Ahmar village, east of Jerusalem, to demolish their homes and to evacuate the area before the start of October.

    According to local sources, staff members of the Israeli Civil Administration under the protection of Israeli forces stormed Khan al-Ahmar and handed evacuation notices to the residents, ordering them to demolish their homes and evacuate the village within the given timeframe.

    Sources said that Israeli forces threatened the residents in case of non-implementation of the notices, the Israeli army would demolish the village.

    Sources added that large numbers of heavily armed Israeli forces stormed the village and surrounded the open sit-in tent, as well as took photos of the participants.

    Earlier this month, the Israeli High Court rejected an appeal against the demolition of Khan al-Ahmar and ruled for its evacuation and demolition to take place, under the pretext of building without a difficult-to-obtain Israeli permit.

    However, critics say that the displacement of the residents and the demolition of the village is as part of an Israeli plan to expand the nearby illegal Israeli settlement of Kfar Adummim.

    The village is inhabited by about 200 Palestinians, 53% of whom are children and 95% of whom are refugees registered with the United Nations Relief and Works Agency (UNRWA).

    #Khan_al-Ahmar

    • Israël exige que les Bédouins de Khan Al-Ahmar détruisent leurs maisons d’ici à octobre
      LE MONDE | 23.09.2018 à 13h10 • Mis à jour le 23.09.2018 à 13h49
      https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/09/23/israel-demande-aux-habitants-d-un-village-bedouin-de-detruire-leurs-maisons-

      Israël a demandé dimanche 23 septembre aux habitants d’un village bédouin de Cisjordanie, érigé par ses défenseurs en symbole de la lutte contre la colonisation israélienne, de démolir eux-mêmes « toutes les structures du site » d’ici au 1er octobre.

      Après des années de bataille judiciaire, la Cour suprême israélienne a donné au début de septembre son accord à la démolition de Khan Al-Ahmar, village de tôle et de toile où vivent environ 200 Bédouins à l’est de Jérusalem, coincé entre deux colonies israéliennes.
      Décision de la Cour suprême

      Ce village bédouin palestinien est devenu emblématique du sort de ces communautés confrontées à l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie.

      « En application de la décision de la Cour suprême, les habitants de Khan Al-Ahmar ont reçu dimanche l’ordre de détruire toutes les structures du site avant le 1er octobre », a précisé un communiqué du Cogat, l’organisme israélien chargé des affaires civiles dans les territoires palestiniens occupés.

      L’Etat israélien s’est engagé à laisser les habitants du village démolir eux-mêmes leur hameau, mais le communiqué ne précise pas quelles mesures seront prises si les habitants refusent.

      « Personne ne partira, il faudra nous expulser par la force ! », a affirmé à l’Agence France-Presse Eid Abou Khamis, un porte-parole du village contacté par téléphone. Si Khan Al-Ahmar est démoli, « ce sera uniquement par la force », a-t-il ajouté.

      Colonisation de la Cisjordanie

      Huit pays européens, dont la France, ont réclamé jeudi à Israël de ne pas démolir ce hameau, estimant que sa destruction permettrait d’étendre les colonies israéliennes et de couper en deux la Cisjordanie, rendant encore plus compliquée l’éventuelle création d’un Etat palestinien sur le territoire. Les pays arabes à l’Organisation des Nations unies ont souligné par la suite qu’ils approuvaient et soutenaient la prise de position des huit pays européens.

      Israël occupe depuis près de cinquante ans la Cisjordanie où plusieurs communautés de Bédouins se sont installées à l’est de Jérusalem.

      Entre la Cisjordanie et Jérusalem-Est, plus de 600 000 colons israéliens coexistent, de manière souvent conflictuelle, avec près de trois millions de Palestiniens. Les colonies rognent peu à peu les territoires sur lesquels les Palestiniens souhaitent créer leur Etat.

  • Avant-propos par Nicolas Taffin à Révolution Paine | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2018/09/19/avant-propos-par-nicolas-taffin-a-revolution-paine

    Cette année, nous devrions toutes et tous célébrer le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits humains, adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies à Paris. Nous devrions… et pourtant, le cœur ne pourrait être léger à célébrer, quand nous constatons toujours, et partout, des manifestations cruelles d’inégalité et d’oppression ; quand nous voyons notre incapacité à traiter dignement les personnes qui transitent d’un pays à un autre sous la pression de la guerre, de l’économie mondialisée ou des changements climatiques ; quand sont pratiquées des inégalités de traitement ou le harcèlement pour cette moitié de l’humanité que sont les femmes ; quand se manifestent mille autres vexations et privations de ce qui avait pourtant été défini dès 1789, et renforcé ou confirmé en 1948, comme les droits fondamentaux de tout être humain. Toutes ces situations interpellent et révoltent les jeunes citoyennes et citoyens que nous sommes, citoyens pourtant constitués sur ces droits. Jamais la démocratie n’a autant reculé sur le globe que ces dernières années. Afin de mesurer l’écart qui sépare notre présent des intentions initiales, si difficilement constituées en lois, nous avons souhaité remonter le fil des droits humains, jusqu’à une de leurs sources, ou du moins un de leurs plus fervents défenseurs, alors que ces droits faisaient l’objet de violentes attaques dès la Révolution française. Cet auteur est un être surprenant, un écrivain passionnant que notre vocation d’éditeurs ne pouvait laisser dans la pénombre qui l’entoure encore en France, tandis qu’il bénéficie d’une notoriété (certes critique) outre-Manche et d’un rayonnement incontestable outre-Atlantique.

    Thomas Paine, premier citoyen du monde

    #Thomas_Paine #Paine #C&F_éditions

  • SOFI | FAO | Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
    http://www.fao.org/publications/sofi/fr

    À propos de la collection
    Publication phare, L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde est publiée annuellement par la FAO, le FIDA, l’OMS, le PAM et l’UNICEF. Elle présente les progrès accomplis dans la lutte contre la faim, la réalisation de la sécurité alimentaire et l’amélioration de la nutrition. Elle fait une profonde analyse des défis clés pour atteindre cet objectif dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le rapport est destiné à un large public, comprenant les décideurs politiques, les organisations internationales, les institutions académiques et le grand public.

    Dernier numéro : L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2018
    Renforcer la résilience face aux changements climatiques pour la sécurité alimentaire et la nutrition

    De nouveaux éléments publiés dans le SOFI 2018 confirment une augmentation de la faim dans le monde : le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté au cours des trois dernières années, revenant aux niveaux d’il y a près de dix ans. De nombreuses formes de malnutrition sont évidentes dans de nombreux pays : l’obésité chez les adultes augmente alors même que des formes de dénutrition persistent.

    Les rapports soulignent que la variabilité du climat et les conditions climatiques extrêmes sont les principaux facteurs de cette hausse, de même que les conflits et les ralentissements économiques. Ceux-ci menacent d’éroder et d’inverser les progrès réalisés dans la lutte contre la faim et la malnutrition. Le SOFI 2018 dresse la liste des nouveaux défis à relever sur la route de la Faim Zéro, tout en définissant des actions urgentes et nécessaires à mener pour atteindre l’objectif d’ici à 2030.

    lien vers le rapport
    http://www.fao.org/3/I9553FR/i9553fr.pdf
    (on trouve aussi un résumé et un dépliant)

  • Dans les paradis fiscaux, « l’ampleur des flux financiers liés à la destruction environnementale est effarante » - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2018/08/22/dans-les-paradis-fiscaux-l-ampleur-des-flux-financiers-lies-a-la-destruct

    Dans quelle mesure les paradis fiscaux participent-ils à la destruction d’espaces naturels ? Plusieurs chercheurs du Centre sur la résilience de Stockholm, de l’Académie royale des sciences de Suède et de l’université d’Amsterdam, sous la direction de Victor Galaz, ont creusé le sujet pendant trois ans. Leurs résultats viennent d’être publiés dans la revue Nature Ecology and Evolution. Le biologiste français Jean-Baptiste Jouffray est un des coauteurs de l’étude.

    Comment les paradis fiscaux sont-ils liés aux activités destructrices pour l’environnement ?
    Nous nous sommes concentrés sur deux cas emblématiques que sont la déforestation de l’Amazonie brésilienne et la pêche illégale. En moyenne, 68 % des capitaux étrangers étudiés, qui ont été investis entre 2001 et 2011 dans des secteurs liés à la déforestation de l’Amazonie, industrie du soja et du bœuf, ont été transférés par le biais de paradis fiscaux. En ce qui concerne la pêche, 70 % des navires reconnus comme ayant été impliqués dans la pêche illicite, non déclarée et non réglementée sont, ou ont été, enregistrés dans des paradis fiscaux. En revanche, notre étude n’a pas réussi à établir de preuves directes de causalité entre une entreprise utilisant des paradis fiscaux et un cas précis de dégradation environnementale. Cela, à cause de l’opacité maintenue par les autorités ces lieux sur les montants, l’origine et la destination des flux financiers qu’ils gèrent.

    Avez-vous été étonné par les résultats de vos recherches ?
    Rien que dans ces deux cas, l’ampleur des flux financiers liés à la destruction environnementale est effarante. Elle prouve qu’il est nécessaire d’ajouter la dimension environnementale au débat sur les paradis fiscaux.

    • CR de la même étude par Le Monde (derrière #paywall)

      Une étude montre les liens entre paradis fiscaux et dégradation environnementale
      https://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2018/08/13/une-etude-montre-les-liens-entre-paradis-fiscaux-et-degradation-environnemen

      Les « Panama Papers » et autres « Paradise Papers » – ces fuites de documents confidentiels qui, passés au crible par le Consortium international des journalistes d’investigation, ont, en 2016 et 2017, braqué les projecteurs sur le système tentaculaire des sociétés offshore et des paradis fiscaux – ont surtout été analysés sous l’angle économique, politique ou social. Mais leurs possibles implications environnementales sont restées dans l’ombre. C’est sur ce volet qu’une étude, publiée lundi 13 août dans la revue Nature Ecology & Evolution, apporte un éclairage inédit.

      Ce travail a été mené par des chercheurs de l’université de Stockholm (Suède), de l’Académie royale des sciences de Suède et de l’université d’Amsterdam (Pays-Bas), sous la direction de Victor Galaz, directeur adjoint du Stockholm Resilience Centre. Ils se sont intéressés à des activités économiques prédatrices de ressources naturelles. D’une part, la pêche industrielle qui, à l’échelle mondiale, épuise les stocks de poissons - dont ils ont ciblé le volet illégal -. D’autre part, les filières du soja et de la viande de bœuf qui, au Brésil, contribuent massivement à la déforestation de l’Amazonie.

      En consultant les données les plus récentes, datant de septembre 2017, de l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol), ainsi que les registres d’organismes régionaux, ils ont établi que sur 209 navires impliqués dans des activités de pêche illicite, non déclarée et non réglementée (« illegal, unreported and unregulated fishing »), 70 % étaient enregistrés, ou l’avaient été, dans un pays répertorié comme un paradis fiscal. En tête de liste arrivent le Belize et la République du Panama, suivis de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, du Costa Rica, des Seychelles et de la Dominique.

    • L’étude, dont seul le résumé est accessible
      Tax havens and global environmental degradation | Nature Ecology & Evolution
      https://www.nature.com/articles/s41559-018-0497-3


      Fig. 1 Fishing vessels and tax havens

      Abstract
      The release of classified documents in the past years have offered a rare glimpse into the opaque world of tax havens and their role in the global economy. Although the political, economic and social implications related to these financial secrecy jurisdictions are known, their role in supporting economic activities with potentially detrimental environmental consequences have until now been largely ignored. Here, we combine quantitative analysis with case descriptions to elaborate and quantify the connections between tax havens and the environment, both in global fisheries and the Brazilian Amazon. We show that while only 4% of all registered fishing vessels are currently flagged in a tax haven, 70% of the known vessels implicated in illegal, unreported and unregulated fishing are, or have been, flagged under a tax haven jurisdiction. We also find that between October 2000 and August 2011, 68% of all investigated foreign capital to nine focal companies in the soy and beef sectors in the Brazilian Amazon was transferred through one, or several, known tax havens. This represents as much as 90–100% of foreign capital for some companies investigated. We highlight key research challenges for the academic community that emerge from our findings and present a set of proposed actions for policy that would put tax havens on the global sustainability agenda.


      Fig. 2: Foreign capital and tax havens in the Amazon.

    • Une étude montre les liens entre paradis fiscaux et dégradation environnementale, Le Monde, suite

      Le nombre de bateaux concernés – 146 – peut paraître faible. Mais il reste vraisemblable que le gros de la pêche illégale échappe à la surveillance d’Interpol et que le chiffre réel se révèle donc très supérieur. En outre, les chercheurs soulignent que, parmi les près de 258 000 navires de pêche en situation régulière recensés, sur tous les océans du globe par la base de données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un peu plus de 4 % seulement sont sous pavillon d’un paradis fiscal. C’est donc la forte propension des armateurs de bateaux aux pratiques illicites à se faire enregistrer dans un Etat à la fiscalité opaque qui, à leurs yeux, pose question.

      S’agissant cette fois de la filière agro-industrielle brésilienne, les chercheurs ont épluché les données publiques de la Banque centrale du Brésil, sur la période d’octobre 2000 à août 2011, date à laquelle elles n’ont plus été accessibles. Ils se sont focalisés sur les neuf plus grandes multinationales intervenant dans le secteur du soja (cultivé dans ce pays sur 35 millions d’hectares) et de la viande bovine (dont le Brésil est le premier exportateur mondial, avec 23 millions de têtes abattues en 2017). Ces deux activités qui parfois gagnent des terrains au prix de brutalité et de destruction d’espaces forestiers, sont en partie liées, les tourteaux de soja servant à nourrir le cheptel.

      Lire aussi : La déforestation de l’Amérique du Sud nourrit les élevages européens

      Il apparaît que 68 % des capitaux étrangers investis dans ces sociétés entre 2000 et 2011, soit 18,4 milliards de dollars (16 milliards d’euros), ont été transférés par le biais d’un ou plusieurs paradis fiscaux, principalement les îles Caïman (Royaume-Uni), les Bahamas et les Antilles néerlandaises. L’article ne cite pas les entreprises concernées, les auteurs voulant pointer l’absence de transparence des réseaux de financement plutôt que montrer du doigt tel ou tel groupe agroalimentaire.

      Quelles conclusions tirer de cette étude ? « Il est impossible d’établir une relation de causalité directe entre paradis fiscaux et dégradation environnementale, conduisant dans un cas à plus de surpêche, dans l’autre à davantage de déforestation, commente Jean-Baptiste Jouffray, doctorant au Stockholm Resilience Centre et cosignataire de la publication. Nous mettons simplement en évidence, pour la première fois dans un article scientifique, un lien entre des pays où les pratiques fiscales sont frappées du sceau du secret et des activités économiques préjudiciables aux écosystèmes. »

      Ce travail, ajoute-t-il, est « un appel à une prise de conscience politique de la nécessité d’ajouter la dimension environnementale aux débats sur les paradis fiscaux ». Les capitaux transitant par ces pays favorisent-ils le prélèvement de ressources naturelles ? Aident-ils à contourner les législations environnementales ? Les pertes de recettes publiques dues à l’évasion fiscale amputent-elles la capacité des Etats à agir pour protéger la nature ? Ces mêmes pertes ne constituent-elles pas des subventions indirectes à des activités nocives pour l’environnement ?

      Autant de questions qui, pour les auteurs de l’étude, doivent être traitées « si l’on veut atteindre les objectifs de développement durables des Nations unies ». Paradis fiscal, enfer écologique ?

  • Les #liens invisibles de la #nature et leurs contributions à notre bien-être | FAO Stories | Organisation des Nations Unies pour l’#alimentation et l’#agriculture
    http://www.fao.org/fao-stories/article/fr/c/1132900

    Qui savait que la destruction des forêts pouvait en réalité détruire les moyens de subsistance des pêcheurs ? Ou même que la surpêche de certains types de poissons herbivores pouvait réduire la dispersion des semences d’arbre ?

    #biodiversité

  • Mort de Kofi #Annan : les dates marquantes de sa carrière à l’#ONU

    Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies et lauréat du prix Nobel de la paix, est mort samedi 18 août à l’âge de 80 ans, au terme d’une vie consacrée à la diplomatie. Ayant occupé de nombreux postes au sein des Nations unies, l’ancien secrétaire général a connu nombre de succès, d’échecs et de polémiques.

    Avec le lien, c’est mieux : https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/08/18/mort-de-kofi-annan-les-dates-marquantes-de-sa-carriere-a-l-onu_5343828_3382.

  • Richard Florida : « La #crise urbaine, c’est la crise centrale du #capitalisme »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/07/07/richard-florida-la-crise-urbaine-c-est-la-crise-centrale-du-capitalisme_5327


    Je n’arrête pas de m’en faire la réflexion : les métropoles sont connectées entre elles et tout le reste est de plus en plus exclu, éloigné et négligé.
    À la rentrée, ma fille va intégrer un lycée de la métropole régionale… ce qui a l’air d’être déjà une chance, tant les gosses de bouseux ont l’air assignés à résidence, dans des établissements aussi peu dotés que possible.
    Il y a 30 ans, quand j’ai fait le même chemin, je prenais le bus pour aller à la métropole régionale. Là, les lignes ont été supprimées, nous n’avons trouvé aucune correspondance possible pour le lundi matin, ce qui était impensable il y a 30 ans.
    Là, c’est devenu normal. La plupart des métropoles sont à présent plus proches les unes des autres que les gens de leurs périphéries le sont du centre-ville qui est devenu inatteignable de l’extérieur. Je mets plus de temps pour aller inscrire ma fille à son lycée (où ma présence physique est requise avec des tirages papiers de mes scans, à l’heure d’Internet !), que pour me rendre à Paris, qui est 5 fois plus éloignée !

    Le problème, c’est que quelques grandes ­#métropoles internationales concentrent la ­majorité des #richesses, et deviennent de plus en plus #inaccessibles. Dans ces villes superstars, l’explosion des prix de l’#immobilier chasse peu à peu les artistes, les professions intellectuelles, les créatifs des quartiers qu’ils avaient investis. Mais ce ne sont pas les moins bien lotis, car ceux-ci trouvent souvent d’autres quartiers ­populaires où ils peuvent s’installer. Ce qui est terrifiant, c’est que les policiers, les pompiers, les gens qui travaillent dans des boutiques ou des restaurants, les infirmiers, les artisans, les jardiniers doivent quitter ces grandes villes, devenues trop chères. Et vivre beaucoup plus loin, dans des zones mal desservies par les transports en commun. La nouvelle crise urbaine n’est pas une crise du déclin des villes, comme dans les années 1970. C’est une crise causée par leur succès. Et la conséquence, c’est qu’aux Etats-Unis nous avons d’un côté une petite vingtaine de métropoles superstars, entrées de plain-pied dans l’économie de la connaissance, et de plus en plus riches. Et tout le reste du pays qui plonge et s’appauvrit. La crise urbaine, c’est la crise centrale du capitalisme contemporain.

  • FAO - Nouvelles : Les échanges agricoles doivent s’inscrire dans un cadre prévisible pour relever le défi de la sécurité alimentaire mondiale
    http://www.fao.org/news/story/fr/item/1143866/icode

    La production mondiale de la plupart des #produits_agricoles croît sans discontinuer. Elle a atteint des sommets en 2017 pour la majeure partie des #céréales, des #viandes, des #produits_laitiers et des #produits_halieutiques et aquacoles, tandis que les #stocks de céréales battaient tous les records, selon un rapport annuel de l’OCDE et de l’Organisation des Nations Unies pour l’#alimentation et l’#agriculture.

    Mais on meurt de #faim #agrocarburants #maïs

  • Yémen : pause dans l’offensive du port d’Hodeïda
    https://www.lemonde.fr/yemen/article/2018/07/01/yemen-pause-dans-l-offensive-du-port-d-hodeida_5324038_1667193.html

    Une pause dans l’offensive d’Hodeïda au Yémen, mais pour combien de temps ? Nul ne sait. Dimanche 1er juillet, les Emirats arabes unis, impliqués dans l’offensive progouvernementale de la ville portuaire, ont officialisé un arrêt provisoire des opérations contre les rebelles houthistes pour donner une chance à la médiation de l’Organisation des Nations unies (ONU).

    « Nous saluons les efforts de l’envoyé spécial des Nations unies, Martin Griffiths, pour parvenir à un retrait inconditionnel des Houthis de la ville et du port de Hodeïda. Nous avons décidé d’observer une pause afin de laisser suffisamment de temps pour que cette option soit pleinement explorée », a dit sur Twitter Anwar Gargash, ministre d’Etat aux affaires étrangères des Emirats.

    « Nous espérons qu’il réussira », a ajouté ce responsable, alors qu’Abou Dhabi est un pilier de la coalition anti-rebelles, également emmenée par l’Arabie saoudite. M. Gargash a affirmé que l’opération d’Hodeïda, qui s’est intensifiée à partir du 13 juin, avait été calibrée pour « minimiser les pertes civiles et maximiser la pression sur les Houthis ». Des sources militaires dans l’ouest du Yémen ont confirmé une désescalade dans les opérations militaires depuis une semaine, hormis quelques échanges de tirs sporadiques autour d’Hodeïda.

    En deux semaines, les combats ont fait 429 morts, des deux côtés, selon des sources militaires, médicales et des responsables locaux. Les pertes civiles n’ont pas été spécifiées mais des milliers de personnes ont quitté les zones de combats, selon les agences de l’ONU.

    Dans un autre tweet, M. Gargash a apporté une « clarification » à son propos, en expliquant que la coalition avait cessé « dès le 23 juin » d’avancer en direction de la ville et du port, afin de permettre à l’émissaire de l’ONU d’obtenir des rebelles un retrait inconditionnel d’Hodeïda. « Nous maintenons la pression et attendons les résultats de la (récente) visite de l’émissaire de l’ONU à Sanaa », a-t-il ajouté.

  • La modernisation des #Armes_nucléaires se poursuit ; le nombre de Casques bleus décline ; parution du nouveau « Sipri Yearbook »
    http://obsarm.org/spip.php?article308

    (Stockholm, 18 juin 2018) Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) publie aujourd’hui les conclusions du SIPRI Yearbook 2018, qui évalue l’état actuel des armements, du désarmement et de la sécurité internationale. Les principales conclusions sont les suivantes : tous les États dotés d’armes nucléaires développent de nouveaux systèmes d’armes nucléaires et modernisent leurs systèmes existants ; le nombre de personnel déployé dans le cadre des opérations de maintien de la paix dans le (...)

    #Transferts_d'armes

    / Armes nucléaires, #Prolifération_nucléaire, ONU / Organisation des Nations unies, Opérations de (...)

    #ONU_/_Organisation_des_Nations_unies #Opérations_de_paix
    http://obsarm.org/IMG/pdf/pr_yb2018_fre.pdf

  • Les migrations au service de la transformation structurelle

    Les images de milliers de jeunes Africains se noyant dans la Méditerranée, après avoir été poussés par la pauvreté et la guerre à quitter leur pays et avoir été attirés à l’étranger par l’espoir de trouver un emploi, ont nourri l’idée trompeuse que les migrations étaient plus un mal qu’un bien pour le continent africain. La dernière livraison de la publication phare de la #CNUCED.
    Le #développement_économique en Afrique s’attaque à ce préjugé et, par l’observation des faits, met en évidence des stratégies qui permettront de tirer parti des migrations africaines et d’atténuer leurs effets négatifs.

    En cette année 2018, la communauté internationale a l’occasion exceptionnelle de conclure le premier pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Le Rapport 2018 sur le développement économique en Afrique : « Les migrations au service de la transformation structurelle » est la contribution de la CNUCED à l’élaboration de cet accord intergouvernemental historique, en cours de négociation sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies.

    Les migrations sont bénéfiques à la fois aux pays d’origine et aux pays de destination. Comme il ressort du rapport, elles peuvent jouer un rôle clef dans la transformation structurelle du continent africain. Bien gérées, elles sont aussi un bon moyen de faciliter la réalisation des objectifs de développement durable, en Afrique et dans le reste du monde.

    Par une mise en récit innovante et centrée sur l’être humain, le rapport de la CNUCED cherche à déterminer comment les migrants favorisent la transformation structurelle et recense les possibilités pour cette #main-d'œuvre excédentaire d’être absorbée par les différents secteurs économiques à l’échelle du continent. Les migrants africains comptent des personnes de tout niveau de qualification, qui quittent leur pays par des voies légales ou par d’autres moyens. Non seulement ils remédient au déficit de #compétences dans leurs pays de destination, mais aussi ils contribuent au #développement dans leurs pays d’origine.

    Grâce à leur parent migrant, les enfants restés au pays reçoivent souvent une meilleure #éducation que leurs camarades. Les liens créés par les migrants entre leur pays d’origine et leur pays de destination ont permis l’apparition de diasporas prospères. Ils ont aussi ouvert de nouvelles perspectives de #commerce et d’#investissement qui peuvent aider les pays de destination et les pays d’origine à diversifier leur économie et à s’orienter vers des activités productives à plus grande valeur ajoutée.

    Contrairement à ce que certains pensent, la plupart des flux migratoires africains sont circonscrits à l’intérieur du continent. Selon le présent rapport, ces #migrations_intra-africaines sont indispensables au renforcement de l’intégration de la région et du continent. Dans le même temps, les grands schémas des migrations extracontinentales confirment que les migrants concourent à la transformation structurelle des pays d’origine.

    Nous avons la conviction que le présent rapport propose des axes de réflexion nouveaux et innovants, pertinents à la fois pour l’élaboration de politiques à long terme et pour la conception de projets de coopération technique axés sur la demande et à plus court terme, et qu’il aidera les pouvoirs publics et les autres parties prenantes à décider en connaissance de cause des politiques migratoires à appliquer dans le cadre du processus africain d’intégration régionale.


    http://unctad.org/fr/pages/PublicationWebflyer.aspx?publicationid=2118
    #PIB #Afrique #économie #migrations_internes #rapport #migrations_intra-africaines #circulation #mobilité #croissance_économique #migrations_sud-sud #urbanisation #réfugiés #asile #migrations #travail #diaspora #remittances #statistiques #chiffres

    Quelques infographies intéressantes :

    Pour télécharger le rapport :
    http://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/aldcafrica2018_fr.pdf

    signalé par @emouaten
    cc @reka @isskein

  • unctad.org | Le développement économique en Afrique - Rapport 2018

    http://unctad.org/fr/pages/PublicationWebflyer.aspx?publicationid=2118

    Les images de milliers de jeunes Africains se noyant dans la Méditerranée, après avoir été poussés par la pauvreté et la guerre à quitter leur pays et avoir été attirés à l’étranger par l’espoir de trouver un emploi, ont nourri l’idée trompeuse que les migrations étaient plus un mal qu’un bien pour le continent africain. La dernière livraison de la publication phare de la CNUCED Le développement économique en Afrique s’attaque à ce préjugé et, par l’observation des faits, met en évidence des stratégies qui permettront de tirer parti des migrations africaines et d’atténuer leurs effets négatifs.

    En cette année 2018, la communauté internationale a l’occasion exceptionnelle de conclure le premier pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Le Rapport 2018 sur le développement économique en Afrique : Les migrations au service de la transformation structurelle est la contribution de la CNUCED à l’élaboration de cet accord intergouvernemental historique, en cours de négociation sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies.

    #afrique #économie #migrations #intégration_régionale

  • Israël hanté par la Nakba
    Thomas Vescovi, Monde diplomatique, mai 2018
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/05/VESCOVI/58636

    « La marche du grand retour » : c’est ainsi que les organisations politiques palestiniennes nomment les actions menées chaque année depuis 2009 entre le 30 mars et le 15 mai. Pour l’État d’Israël, le 14 mai marque le souvenir de ce jour de 1948 où David Ben Gourion déclara l’indépendance. La société palestinienne, elle, commémore le lendemain la Nakba (« catastrophe », en arabe) : l’expulsion des 805 000 Palestiniens dont les descendants attendent encore l’application de la résolution 194, votée le 11 décembre 1948 par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU). Ce texte fonde leur « droit au retour » : c’est-à-dire de pouvoir rentrer dans leurs foyers ou de recevoir une compensation. Enfin, c’est à cette date que l’administration de M. Donald Trump entend inaugurer la nouvelle ambassade des États-Unis à Jérusalem.

    Au terme de la première guerre israélo-arabe, des centaines de milliers de Palestiniens se retrouvent éparpillés aux quatre coins de la région. Des historiens enregistrent les événements, conscients que la version du vainqueur risque de s’imposer. Les écrits de Walid Khalidi ou Sami Hadawi sont sans ambiguïté : qu’il ait préféré fuir de lui-même pour se protéger ou qu’il y ait été forcé, le peuple palestinien a été chassé de sa terre (1). Mais, pour que cette version des événements de 1948 se diffuse au-delà du monde arabe, il a fallu attendre 1987 et la publication des premiers ouvrages des « nouveaux historiens » israéliens, parmi lesquels Benny Morris, Tom Segev, Ilan Pappé et Avi Shlaïm (2). En s’appuyant sur les archives de leur État, ces chercheurs ébranlèrent un à un les piliers de l’historiographie officielle.

    La temporalité de ces publications n’est pas anodine. Le premier ouvrage paraît lorsque se déclenche la première Intifada, près d’une décennie après l’arrivée au pouvoir de la droite et le début du mouvement refuznik, qui voit des objecteurs de conscience refuser de servir dans les territoires occupés tandis que des militaires israéliens s’interrogent à propos des pratiques de leur armée. Les pacifistes entrent dans une phase d’ouverture et d’interrogation sur leur société, leur État et leur rapport à l’autre. L’accession d’Itzhak Rabin au poste de premier ministre en 1992 et le début des négociations avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui conduisent à la signature des accords d’Oslo en septembre 1993, s’inscrivent dans ce cadre. C’est l’époque où la guerre froide se termine et où le soutien de nombreux pays arabes à la coalition anti-irakienne durant la guerre du Golfe de 1991 sonne le glas d’un panarabisme longtemps opposé à toute négociation avec Israël.

    Au cours de la première moitié des années 1990, les travaux des « nouveaux historiens » suscitent un réel intérêt au sein d’une partie de la société israélienne. Conférences, séminaires, débats dans les médias : sans être acceptées par tous, les thèses avancées dans ces ouvrages sont du moins discutées. Des projets d’écriture d’une histoire israélo-palestinienne surgissent, de même que des commissions visant à revoir les programmes d’histoire dans les écoles. Cependant, les discussions restent cantonnées aux milieux intellectuels. L’assassinat de Rabin par un extrémiste juif en 1995, puis l’arrivée au pouvoir de M. Benyamin Netanyahou en 1996 et le début des attentats-suicides sur le sol israélien mettent à mal ce processus d’ouverture, mais ne l’interrompent pas.

    Le déclenchement de la seconde Intifada, fin septembre 2000, referme néanmoins les derniers espaces d’échange et de dialogue entre Israéliens et Palestiniens au sujet de leurs récits historiques. Principaux promoteurs de ces relations, les mouvements pacifistes s’effondrent à la suite de l’échec, en juillet 2000, du sommet de Camp David ; un échec dont le premier ministre travailliste Ehoud Barak, par un tour de passe-passe masquant sa propre intransigeance (il reconnaîtra plus tard n’avoir rien proposé au dirigeant palestinien), impute la responsabilité au seul Yasser Arafat. Sans représenter l’avant-garde du mouvement, les militants de la gauche sioniste parvenaient à rassembler de larges secteurs de la société israélienne. Avec les déclarations de M. Barak et le déclenchement d’un second soulèvement palestinien bien plus meurtrier et militarisé que le premier, la majeure partie d’entre eux cessent toute activité pacifiste ; leurs organisations s’essoufflent.

    Pour la société juive, il n’y aurait alors « plus de partenaire » avec qui faire la paix. Les Israéliens perçoivent la seconde Intifada comme une attaque sans sommation des Palestiniens, qui plus est marquée par la mobilisation du Hamas, nouvelle force politique à tendance islamiste, ce qui fait écho à une actualité mondiale anxiogène. En 2001, Ariel Sharon, chef de file de la droite, remporte les élections en proposant une autre issue : puisque la cohabitation est impossible, la séparation amènera la paix. Conformément à cette logique unilatérale, un mur est construit en Cisjordanie entre Palestiniens et colons israéliens et l’armée se retire de la bande de Gaza.

    La mémoire de la Nakba est à nouveau profondément enfouie au profit de la vieille propagande : les Palestiniens auraient quitté leur terre pour ne pas vivre avec des Juifs ; Israël a droit à cette terre que Dieu aurait donnée à Abraham. Dès sa prise de fonctions, Sharon fait retirer des écoles le manuel d’histoire d’Eyal Naveh, qui introduisait une vision hétérodoxe de 1948. À l’université, les travaux des « nouveaux historiens » sont combattus avec virulence. Aujourd’hui, cette bataille est au cœur des actions d’Im Tirtzu, une organisation estudiantine proche du dirigeant d’extrême droite et actuel ministre de l’éducation Naftali Bennett, dont les militants ont mené ces dernières années une campagne baptisée « La Nakba est un mensonge » (3). Les Israéliens refusent de se considérer comme partie prenante de l’histoire palestinienne, et les institutions leur martèlent qu’ils sont les héritiers d’idées émancipatrices et progressistes.

    La création d’Israël a lieu au lendemain de la guerre la plus meurtrière de l’histoire, à l’issue de laquelle les idéaux de liberté ont triomphé du fascisme. Les Juifs incarnent les principales victimes de la terreur nazie, et la fondation d’un État-refuge au Proche-Orient doit venir réparer cette tragédie pourtant européenne. Dès lors, la défense d’Israël devient un enjeu à la fois politique et civilisationnel. La mémoire de la Nakba risque de ternir la totale innocence qu’affiche l’appareil d’État israélien. Accepter qu’à la création du pays ses combattants n’aient pas été des victimes, mais des bourreaux, ruinerait la « pureté des armes » dont se targue l’armée dite « de défense » d’Israël.

    La logique de séparation a entraîné dans la société juive israélienne un profond désintérêt pour la question palestinienne. Lors des élections législatives de mars 2015, seuls 9 % considéraient l’obtention d’un accord de paix avec les Palestiniens comme une priorité pour le prochain gouvernement (4). Ce sujet devenant invisible à leurs yeux, une forte proportion d’Israéliens se rallient aux idées les plus nationalistes. En 2001, lorsque la violence de la seconde Intifada était à son paroxysme, 35 % d’entre eux se disaient favorables à un « transfert » de la population arabe hors d’Israël vers la Cisjordanie ou la Jordanie (5). En 2015, 58 % soutiennent cette proposition, et 59 % la mise en place d’un régime d’apartheid privilégiant les Juifs en cas d’annexion de la Cisjordanie.

    Sur les ruines du grand mouvement pour la paix ont toutefois émergé de petites organisations agissant sur des questions plus ciblées. Ainsi Zochrot, fondée en 2001, se donne pour objectif d’enseigner la Nakba à la société israélienne. Elle a pris l’initiative de la première conférence sur le droit au retour des réfugiés palestiniens en Israël et organise depuis 2013 un festival annuel de films intitulé « De la Nakba au retour ». Elle propose également des visites de sites palestiniens « abandonnés » en 1948. La résidence d’un cheikh devenue cafétéria de l’université de Tel-Aviv, des maisons palestiniennes transformées en centre psychiatrique à Kfar Shaul : autant d’éléments du paysage israélien qui rappellent l’arabité de la terre. Pour les fondateurs du centre de recherche alternatif De-Colonizer (décoloniser), Éléonore Merza et Eitan Bronstein, la Nakba reste un tabou en Israël. En pratique, « la discussion se limite généralement à la question de savoir s’il est souhaitable ou même permis d’en discuter ». Cependant, ils notent que la situation a évolué, puisque le mot bénéficie d’un écho suffisant pour inquiéter les responsables politiques.

    Le 23 mars 2011, la Knesset, le Parlement israélien, adopte un amendement au budget prévoyant qu’aucune organisation commémorant le jour de la fête nationale comme un deuil ne reçoive plus de subventions. Naturellement, ces associations n’en bénéficiaient pas auparavant, mais il s’agit de les stigmatiser et de diffuser le sentiment que prendre part à ce type de manifestations vous place en dehors de la société. Par ailleurs, l’amendement dénie à la population arabe d’Israël, soit un habitant sur cinq, le droit d’honorer son histoire. D’ailleurs, depuis 2009, les écoles arabes n’ont officiellement plus le droit d’utiliser le terme « Nakba » dans leurs programmes.

    Pour la sociologue Ronit Lentin, il existe en Israël trois manières de considérer la Nakba (6). Une minorité ressasse la vision fantasmée de la Palestine comme « terre sans peuple pour un peuple sans terre ». D’autres reconnaissent partiellement la tragédie vécue par les Palestiniens, mais refusent d’admettre une quelconque responsabilité juive, voire répètent les arguments éculés sur les liens entre les Arabes et les nazis (7). Enfin, certains reconnaissent explicitement l’expulsion, mais refusent l’idée de présenter des excuses, ou regrettent même que le transfert n’ait pas été total — comme le « nouvel historien » repenti Benny Morris, qui a fini par affirmer : « Un État juif n’aurait pas pu être créé sans déraciner les Palestiniens (8). »

    Le Likoud, quant à lui, s’en tient à la version officielle niant toute expulsion, et par conséquent tout droit des Palestiniens sur la terre. La gauche sioniste reconnaît des massacres et des expulsions, mais en attribue la responsabilité aux milices nationalistes du Parti révisionniste, l’Irgoun et le Lehi.

    Pour certains militants anti-occupation, la découverte de la réalité de 1948 a marqué le début d’une remise en question plus générale de l’État d’Israël. D’où la réticence de beaucoup de leurs concitoyens à s’interroger sur cette période. Accepter de voir s’effondrer le récit inculqué depuis l’école les condamnerait à une marginalisation, voire à une stigmatisation ; on les accuserait d’accepter le discours de l’adversaire. Ainsi, certains parviennent à enfouir ces vérités au plus profond d’eux-mêmes afin de poursuivre normalement leur vie.

    Conformément à la théorie freudienne (9), Israël agit avec la Nakba comme un esprit traumatisé qui tente de refouler ce qui le hante. Une sorte d’« inquiétante étrangeté », à la source d’un sentiment de honte ressenti à l’égard d’actes passés, provoque un malaise qui pousse à vouloir les faire disparaître. Ce passé dérangeant revient, selon Freud, lorsque s’effacent les limites entre l’imagination et la réalité. La mémoire de la Nakba remonte à la surface par l’intermédiaire de divers acteurs qui détruisent les créations imaginaires pour montrer la réalité, et de Palestiniens qui saisissent toutes les occasions de resurgir dans l’espace public.

    La marche du 30 mars et celles qui ont suivi, avec leur lourd bilan humain, sont un cauchemar pour l’État d’Israël ; un rappel du fait que cinq millions de Palestiniens, les réfugiés et leurs descendants qui vivent à Gaza, en Cisjordanie ou dans d’autres pays de la région continuent de s’accrocher à leur droit au retour, ou à une indemnité à titre de compensation pour avoir été chassés de leur terre et de leurs demeures. Ils incarnent une injustice dont les Israéliens restent comptables.

    Thomas Vescovi Chercheur indépendant en histoire contemporaine, auteur de La Mémoire de la Nakba en Israël, L’Harmattan, coll. « Comprendre le Moyen-Orient », Paris, 2015.

    (1) Walid Khalidi, Nakba, 1947-1948, Sindbad - Actes sud - Institut des études palestiniennes, Arles, 2012.
    (2) Lire Dominique Vidal, « L’expulsion des Palestiniens revisitée par des historiens israéliens », Le Monde diplomatique, décembre 1997.
    (3) Lire Charles Enderlin, « Israël à l’heure de l’Inquisition », Le Monde diplomatique, mars 2016.
    (4) The Times of Israel, Jérusalem, 25 janvier 2015.
    (5) Gideon Levy, « Survey : Most Israeli Jews wouldn’t give Palestinians vote if West Bank was annexed », Haaretz, Tel-Aviv, 23 octobre 2012.
    (6) Ronit Lentin, Co-memory and Melancholia. Israelis memorialising the Palestinian Nakba, Manchester University Press, 2010.
    (7) Lire Gilbert Achcar, « Inusable grand mufti de Jérusalem », Le Monde diplomatique, mai 2010.
    (8) Haaretz, 9 janvier 2004.
    (9) Sigmund Freud, L’Inquiétante Étrangeté et autres essais, Gallimard, coll. « Folio essais », Paris, 1985 (1re éd. : 1919).

    #Palestine #Nakba #Histoire

  • Repenser l’avenir des #villes | FAO Stories | Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
    http://www.fao.org/fao-stories/article/fr/c/1109586

    Filtrer les #particules nocives de l’air grâce aux #forêts urbaines – Arbhem, aux #Pays-Bas a mis en place des forêts urbaines dans le cadre de son « Agenda écologique ». L’administration municipale, de concert avec des ONG et des experts, a aidé à développer et à définir la mise en place d’infrastructures écologiques dans la ville. Les #arbres en milieu urbain sont des éléments importants de l’infrastructure de la ville car ce sont des filtres à air efficaces permettant d’éliminer les #polluants nocifs qui se trouvent dans l’#air. Ils piègent également le #carbone et atténuent ainsi les effets du changement climatique dans et autour des zones urbaines.

    • Les « forêts urbaines », essentielles aux villes de demain
      http://theconversation.com/les-forets-urbaines-essentielles-aux-villes-de-demain-94335

      D’autres aspects parfois négatifs doivent également être pris en compte. C’est le cas des émissions de composés volatils solubles (ou BVOC pour biogenic volatile organic compounds), dont les taux sont variables selon les espèces, et qui, combinés avec des oxydes d’azote émis par la combustion des hydrocarbures produits par les véhicules, conduisent à la production d’ozone.

      Un site Internet mis en place par l’Université d’État de Californie permet de choisir parmi plus de 200 espèces d’arbres, classées selon leurs propriétés et selon leurs niveaux d’émissions de gaz, les essences les mieux adaptées à chaque situation.

      Il faut aussi noter que les arbres réduisent la circulation de l’air et peuvent ainsi limiter la dilution des polluants par la ventilation, ce qui nécessite de choisir les lieux de leur implantation en connaissance de cause, et évidemment de réduire les émissions de gaz polluants.

      Une autre nuisance importante de certaines espèces d’arbres correspond aux allergies causées par les grains de pollen auxquels est sensible une proportion de plus en plus importante de la population citadine.