Et du coup, mes deux dernières chroniques qui resteront inédites :
Idiocratie
Je ne sais pas si vous avez vu ce film américain de 2006. Dans son monde futuriste, seuls les idiots ont survécu, et passent leurs journées devant la télé. Sous pression des industriels, ils ont réduit les scientifiques au silence et ont asséché la terre, au point de risquer la famine. Ce navet m’a d’abord fait rire, mais depuis quelque temps, il me déprime...
L’humour est plus fort que la science-fiction, car il montre un futur qui peut dégénérer sans avoir besoin d’imaginer des gouvernements ouvertement fascistes. Il suffit de décisions stupides, approuvées par le plus grand nombre, au préalable mal informé des conséquences.
Dix ans avant Trump, le film prédit l’élection d’un président mégalomane et narcissique, ancienne star de la télé. Un président superficiel et vaniteux, qui alterne entre démagogie et conflits ouverts. Un président qui cherche des bouc-émissaires faciles, et qui ne croît pas aux scientifiques qui prédisent un bouleversement écologique. Un président qui pousse son pays, et le monde, au chaos.
Il y a douze ans, ce film montrait par l’humour ce que les psychologues écrivent depuis longtemps, mais que peu de gens comprennent (et pour cause !), à savoir qu’à force de regarder la télé, les gens deviennent crétins, apathiques et acceptent leur sort sans réfléchir et sans se révolter. On n’en est pas encore là, quelques gilets jaunes sont là pour nous le rappeler, mais on s’en rapproche.
En prévision de ces derniers sursauts, le pouvoir s’équipe en général d’un appareil répressif surpuissant, qui peut tomber entre des mains, et surtout des cerveaux, limités. Outre les plus grandes prisons au monde, des policiers armés comme des militaires, et l’armée la puissante de la planète, des robots tueurs sont actuellement à la disposition d’un président américain capricieux et irascible. Que se passera-t-il quand il se sentira en difficulté ?
En ce moment, l’armée américaine met au point des insectes capables de disséminer des virus dans le camp « ennemi ». Comment est-ce qu’une telle idée peut-elle ne pas mal tourner ? A-t-on un QI collectif suffisant pour se permettre de jouer ainsi aux apprentis-sorciers ?
Il est paradoxal que la notion la plus populaire, en ce temps où plusieurs études démontrent une régression du QI mondial, est celle de l’Intelligence Artificielle. Mais si l’humanité espère survivre en sous-traitant son intelligence à des ordinateurs, elle ne fera en fait que précipiter sa perte…
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La fin du monde est reportée
Une tuile. Pourtant tout était réglé comme du papier à musique, dans les moindres détails. La fin du monde était prévue en 2030, le 28 juin même. Les rôles étaient distribués et les répétitions avaient commencé…
D’abord échauffer les esprits. Trouver quantité d’astuces pour faire fondre la banquise, chauffer les déserts, polluer les océans, couper les arbres, tuer les animaux…
De cette tension, créer le manque. Manque de pain et de poisson, manque d’ombre et de fraîcheur, hausse du prix du pétrole. Les conflits naissent, qui ne manquent d’exacerber la situation. Puis les guerres, les bombes, les morts, des millions de migrants sur les routes.
Au lieu de sacrifier un peu de leur richesse pour rétablir la situation, les plus riches de la planète planquent leur fric ou le dépensent inconsidérément. Ils achètent des voitures, des yachts, des avions et parcourent le monde, de paradis écologiques en paradis fiscaux. Ils achèteront aussi des armes pour se protéger, des avions de guerre, des sous-marins nucléaires, et s’entoureront de fils de fer barbelés.
Puis un déclic se produira, qui fera sombrer la planète dans la folie la plus totale. Ca commencera par l’élection d’un fou orange à la tête des États-Unis. Et là, si tout va bien, la guerre totale sera déclarée, Amérique du Nord contre Europe, Chine contre Russie, Japon contre Inde, Brésil contre Afrique du Sud…
Bombes atomiques déversées, abris antiatomiques détruits, radioactivité partout, plus rien ne poussera, plus rien à manger… et puis la fin du monde, le 28 juin 2030. On avait pensé à tout, ce serait un très beau spectacle final, son et lumière, fumée et étincelles, de la dentelle, rien ni personne n’en réchapperait, c’était garanti.
Et puis, alors que les équipes se préparaient, un stagiaire à l’intendance remarqua une incohérence : « vous avez bien dit qu’il n’y aurait plus de pétrole dès 2026 ? Et vous avez bien dit que les avions russes bombarderaient Pékin fin 2029 ? Mais comment voulez-vous que les avions russes décollent s’il n’y a plus de pétrole ? ».
Les joies du direct ! Mais nous comptons sur notre équipe de choc pour trouver au plus vite une solution de rechange à ce petit incident de parcours. Le système D aidant, nous sommes convaincus qu’ils trouveront une autre façon de se mettre sur la gueule d’ici une quinzaine d’années, vingt tout au plus. En attendant un intermède musical, avec The Doors : « this is the end, my only friend... ».