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  • Les scientifiques veulent une IA Orwellienne morale dans les assistants intelligents pour moucharder les propriétaires et discuter de la façon de contacter la police
    https://www.crashdebug.fr/high-teck/15721-les-scientifiques-veulent-une-ia-orwellienne-morale-dans-les-assist

    Le 28 février 2019

    Par Aaron Kesel

    Des assistants intelligents comme Siri, Google Home et Amazon Echo pourraient bientôt être implémentés avec une "intelligence artificielle morale" pour décider s’ils doivent signaler leurs propriétaires pour infraction à la loi.

    Des scientifiques de l’Université de Bergen, en Norvège, ont proposé l’idée incroyablement orwellienne d’insérer la morale dans le code des I.A. lors de la conférence de l’ACM à Hawaï sur l’intelligence artificielle, l’éthique et la société, selon Dailymail.

    Oui, vous avez bien lu, les scientifiques veulent rendre ce petit morceau de métal de la technologie invasive encore plus invasif.

    Les chercheurs font pression pour ce qui est considéré comme un logiciel éthique intelligent amélioré qui pourrait être (...)

    #En_vedette #Actualités_High-Tech #High_Tech

  • Les « ticker tapers » voient la vie en sous-titres

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/08/28/les-ticker-tapers-voient-la-vie-en-sous-titres_5346883_1650684.html

    Plus de 1 % de la population visualiserait les paroles entendues, les pensées, voire les mélodies, sous forme écrite et en temps réel.

    Elle voit défiler en sous-titres les paroles entendues, ses pensées aussi. Tout s’imprime en lettres devant ses yeux. Elle possède une faculté rare, appelée « tickertaping » ou « ticker tape » en anglais, un terme qui fait référence aux bandes des anciens téléscripteurs.

    Informaticienne âgée de 23 ans, Mathilde (son prénom a été changé) affirme que, depuis qu’elle a appris à lire, ses perceptions auditives et ses réflexions s’imposent à elle sous forme écrite : « Quand j’entends ou pense à des mots, je les vois disposés en sous-titres, que je lis en lecture rapide. Ils apparaissent toujours en clair sur un fond plus foncé, dans la même police sans empattement, et se déplacent de gauche à droite sur une faible portion du champ visuel. » Sans majuscules ni ponctuations, « à part le point d’interrogation qui s’ajoute à la fin des questions ambiguës », indique-t-elle. Adepte du solfège, elle visualise aussi les notes des partitions musicales qui lui sont connues, sans rien voir dans le cas contraire. Plus étrange : « Quand quelqu’un parle, je convertis directement son discours en mots écrits. Je lis ce que disent les gens pour les comprendre, autrement je n’entends que du bruit incompréhensible. » Pour la jeune femme, le tickertaping est un « déchiffrage naturel ».

    Des causes inconnues

    Les premiers textes mentionnant cette caractéristique méconnue, sans pour autant la baptiser, remontent à 1883, notamment dans un livre de l’anthropologue Francis Galton, cousin de Charles Darwin. C’est l’an dernier que Mathilde s’est résolue à trouver un nom à cette étrangeté : « Je lisais des témoignages quand je suis tombée sur “ticker tape synesthesia”. » La synesthésie est un phénomène physiologique qui consiste en l’association de deux ou plusieurs sens : un synesthète peut sentir ou entendre une couleur, par exemple.

    La question de savoir si le tickertaping est une forme de synesthésie est ancienne. Plusieurs références anglo-saxonnes la considèrent comme telle. La synesthésie associant des couleurs à des lettres ou des chiffres est l’une des plus communes. Sur un forum, Mathilde a échangé avec un autre ticker taper. Ils ont noté la ressemblance dans leur disposition des mots sur une ligne et sa synchronisation audiovisuelle avec la lecture. Cependant, contrairement à Mathilde, son correspondant cumulait les synesthésies : « Il voyait les mots en couleurs, et distinguait même les consonnes des voyelles. » Voyelles en couleurs, consonnes en noir et blanc.

    « LE TICKERTAPING EST POSSIBLEMENT UNE EXAGÉRATION DE [LA] CONNEXION ENTRE LES REPRÉSENTATIONS MENTALES DE LA PHONOLOGIE ET DE L’ORTHOGRAPHE, À LAQUELLE S’AJOUTE UNE PUISSANTE FORCE DE VISUALISATION. » MARK PRICE, CHERCHEUR DE L’UNIVERSITÉ DE BERGEN

    Chercheur au centre de recherche Cerveau et Cognition à Toulouse, Jean-Michel Hupé souligne la divergence entre synesthésie et tickertaping. Après avoir sondé 3 743 personnes en France, M. Hupé avait signalé ces différences dans une publication parue sur le site Frontiers in psychology en 2013. Il prenait également en compte le non moins étonnant mirror-touch – le sujet ressent une sensation tactile involontaire quand il voit quelqu’un d’autre se toucher le corps – et arrivait aux mêmes conclusions.

    Selon M. Hupé, tout dépendrait des critères adoptés : le tickertaping et la synesthésie seraient tous les deux « subjectifs », mais la seconde serait, elle, « arbitraire » et plus « idiosyncratique ». Il pense que le tickertaping s’expliquerait plutôt par l’enseignement : les tout jeunes élèves, en apprenant à lire et à écrire, auraient développé des capacités de visualisation analogues. « Mais tant que les causes sont inconnues, il n’y aura pas de consensus », prévient M. Hupé.

    Quant à la proportion des ticker tapers dans la population, un article publié dans The Cognitive Neuroscience Journal en 2015 a tenté de l’évaluer. Des chercheurs de l’université de Bergen, en Norvège, recensent six personnes qui présentent un tickertaping « puissamment automatique » dans un échantillon de 425 adultes norvégiens. La mémorisation n’a pas fait partie des critères retenus. Directeur de l’étude, Mark Price se réfère néanmoins à un cas unique de tickertaping qui comptait les signes visualisés avec une rapidité inégalée. Le chercheur a son idée des raisons expliquant le phénomène, qu’il n’associe pas forcément à la synesthésie : « Quand on entend un mot, cela active notre connaissance de sa forme écrite. Mais d’habitude, cela se fait dans l’inconscient. Le tickertaping est possiblement une exagération de cette connexion entre les représentations mentales de la phonologie et de l’orthographe, à laquelle s’ajoute une puissante force de visualisation. »

    Conflit d’attention

    Mathilde se connaissait déjà un trait atypique : le syndrome d’Asperger, un trouble du spectre autistique. Cependant, l’informaticienne reste dubitative quant aux méthodes de diagnostic en France. Les autres ticker tapers qu’elle a connus le présenteraient aussi, remarque-t-elle. Mais M. Price n’a pas de preuve d’un lien entre tickertaping et Asperger : « A ma connaissance, aucun des ticker tapers que j’ai croisés n’était autiste », affirme-t-il. Sur ce point, afin d’éviter toute discrimination, il insiste sur l’importance de ne tirer aucune conclusion hâtive. C’est dire que la recherche a du chemin à faire.

    Quoique les explications tardent à venir, les réactions des ticker tapers à leurs propres capacités ne manquent pas. Pour Mathilde : « Ça facilite ma mémorisation orthographique des mots et consolide les informations de manière visuelle. » En contrepartie, le processus lui coûte en énergie : « Il m’incite à limiter les situations sociales. » Quand plusieurs interlocuteurs discutent à la fois : « Ça devient confus, je vois des mots isolés, je perds des phrases et je ne sais plus vraiment qui a dit quoi. » En regardant un film, Mathilde se fatigue : « Mes sous-titres sont dynamiques, alors que ceux du film sont statiques. » En entendant une langue étrangère qu’elle maîtrise, un conflit est aussitôt créé entre sa traduction et celle aperçue sur l’image.

    Mais peut-on freiner le tickertaping ? M. Price précise que la manifestation peut se présenter de deux manières, volontaire ou pas. Le tickertaping automatique, comme celui de Mathilde, est involontaire. Le chercheur rapporte avoir observé un cas involontaire qui a été privé de sous-titres : alors que le ticker taper vaquait à ses occupations dans un laboratoire, son attention a été un temps rivée ailleurs que sur la conversation en cours.

    La question se poserait plus sérieusement dans des situations perturbantes. M. Hupé évoque un ticker taper atteint de troubles obsessionnels que certains mots visualisés mettaient mal à l’aise. De son côté, Mathilde raconte un épisode troublant, vécu dans son sommeil. Alors que son tickertaping s’y produit rarement, un rêve récent l’a marquée : « Le sous-titrage y est apparu une seule fois, lors d’une écoute, et les mots sont restés figés dans l’espace. Ils ne s’effaçaient plus, même après que le silence fut revenu. J’angoissais. J’ai même essayé d’attraper les mots… » Avant de se réveiller en sursaut.

  • Que valent les chiffres de « Cash Investigation » sur les pesticides ?

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/02/29/maudits-97_4873354_3244.html

    La confraternité, dit-on, est une haine vigilante. Les journalistes de « Cash Investigation » en font la pénible expérience depuis la diffusion, début février sur France 2, de leur enquête fouillée sur les pesticides. Au centre des critiques, un chiffre : 97 %. Ce serait, apprend-on dans le film, la proportion des aliments en circulation en Europe contenant des traces de produits phytosanitaires. Sous-entendu : seuls 3 % en seraient exempts. Depuis la diffusion du film, Libération a fait preuve d’une persévérante confraternité à l’endroit des auteurs de « Cash », consacrant pas moins de trois articles à ce chiffre – qui n’a, du reste, aucun impact sur l’essentiel de l’enquête –, affirmant qu’il est « bidon », « alarmiste », etc.

    Est-il bidon ? Il est indéniable que l’équipe de « Cash » a mal lu un communiqué de presse de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Publié en mars 2015 pour annoncer les résultats du programme communautaire de surveillance de l’alimentation, il était intitulé : « Plus de 97 % des aliments contiennent des résidus de pesticides dans les limites légales ». Et ce, qu’ils en contiennent ou non. Car l’EFSA précisait aussi que « 54,6 % des échantillons » ne contiennent « aucun résidu détectable ».

    Il faut le dire sans barguigner : cette affirmation de l’EFSA est fausse. Le terme qui aurait dû être utilisé est « quantifiable » et non « détectable ». Car en chimie analytique, les mots ont un sens précis. L’agence européenne n’a pas évalué la proportion d’échantillons sans résidus « détectable », c’est-à-dire mesuré en-dessous de la limite de détection ( LOD ).Elle n’a considéré que la limite de quantification ( LQD ), au-dessus de laquelle une concentration chiffrée peut-être donnée. Cela peut paraître un détail, mais les deux notions sont très différents.

    Blanc-seing

    Selon le rapport, 54,6 % des échantillons sont mesurés sous le LQD ( résidus « non quantifiables » ) - parmi lesquelles se trouvent certainement des échantillons contenant des niveaux détectables des substances recherchées. La communication de l’EFSA relève donc au mieux de l’erreur, au pire de la supercherie. Et dans tous les cas, c’est bien plus choquant que la confusion de « Cash ».

    Ce n’est pas tout. Derrière ce que nous tenons souvent pour des chiffres d’airain qui départagent le vrai du faux, se cachent parfois des biais de disciplines, de bêtes impératifs techniques, voire des choix politiques... Cette fameuse limite de détection, par exemple, qui donne le blanc-seing de la virginité : comment est-elle fixée, et par qui ? « Elle dépend de la molécule recherchée et de la méthode utilisée pour mener le test », répond un scientifique d’une agence de sécurité sanitaire.

    Qu’en pense un homme de l’art ? « Les programmes de surveillance cherchent plusieurs centaines de molécules en même temps et les méthodes multi-résidus utilisées ont une assez faible
    sensibilité : lorsque vous courez après 200 informations à la fois, forcément, vous êtes moins sensible sur chacune d’elles, dit le chimiste Jean-Marc Bonmatin (CNRS), spécialiste de ces techniques. Au laboratoire, lorsque je veux vraiment voir une molécule, je cherche d’abord une limite de quantification la plus basse possible, puis je détermine une limite de détection qui peut être jusqu’à cent fois inférieure à celle des méthodes multi-résidus. » On voit donc que la notion de virginité est assez relative et qu’en fonction de la loupe, « rien » peut devenir quelque chose...

    Science obsolète

    Il existe un bel exemple de l’importance qu’il y a à distinguer le « très peu » du « rien du tout ». Il est détaillé par Laura Maxim (CNRS) et Jeroen van der Sluijs (université de Bergen, Norvège), dans le rapport « Signaux précoces et leçons tardives », publié en 2013 par l’Agence européenne de l’environnement. Au milieu des années 1990, lorsque les apiculteurs français commencèrent à accuser le Gaucho de tuer leurs abeilles, il leur fut rétorqué que c’était impossible. Dûment analysés, le pollen et le nectar des tournesols traités ne montraient en effet aucune trace du produit... De fait, sur les conseils avisés de Bayer, le fabricant du Gaucho, la Direction générale de l’alimentation avait fixé la limite de détection à 10 parties par milliard (ppb). Dès lors, on ne voyait rien. Mais la recherche ultérieure a montré qu’il fallait descendre au-dessous de ce seuil pour détecter le toxique, et que ces quantités minuscules suffisaient à dépeupler les ruchers.

    Revenons à nos 97 %. Ce chiffre est-il « alarmiste » ? Procède-t-il d’une volonté d’exagérer le problème ? A l’évidence, non. Car la question n’est pas tant de savoir ce qu’il y a dans nos assiettes, que de savoir ce qui échoue in fine dans nos organismes. La réponse est sans appel. Selon les travaux de l’Institut de veille sanitaire, ce n’est pas 97 % d’entre nous qui portons des traces de « phytos », mais 100 %. Des résidus de pesticides organophosphorés, d’organochlorés ou de chlorophénols sont quantifiables dans les fluides biologiques de l’ensemble de la population française.

    On pourra rétorquer que les expositions sont dans la majorité des cas très faibles. C’est vrai. Mais rappelons que l’évaluation des risques actuelle – qui considère que « très peu », c’est « presque rien » et que ce « presque rien » ne produit « rien du tout » – repose sur une science obsolète, battue en brèche par de nouvelles notions toxicologiques – effets cocktail, perturbation endocrinienne, programmation prénatale des maladies. A ceux qui pensent que le dernier « Cash » s’est rendu coupable du crime odieux d’alarmisme, conseillons la lecture du dernier Scientific statement sur le sujet de l’Endocrine Society, la principale société savante mobilisée sur la question des pollutions diffuses. Ensuite, reparlons-en.

  • Conflits d’intérêts au « GIEC de la biodiversité »

    http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2016/02/23/conflits-d-interets-au-giec-de-la-biodiversite_4870213_1652692.html

    C’est un peu comme si certains chapitres du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avaient été pilotés par des scientifiques employés par des géants du charbon… Moins de quatre ans après sa création, et alors qu’elle tient, du 22 au 28 février à Kuala Lumpur (Malaisie), sa quatrième réunion plénière, la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) est confrontée à la suspicion d’une partie de la communauté scientifique.

    Créée en 2012 sous la tutelle des Nations unies, sur le modèle du GIEC, l’organisation doit en effet finaliser et adopter son rapport sur la pollinisation, mais deux de ses chapitres-clés sont sous la responsabilité de scientifiques salariés de Bayer et Syngenta, les deux principaux producteurs d’insecticides dits « néonicotinoïdes », fortement suspectés de décimer les populations d’abeilles, bourdons, papillons… Or, ce premier rapport de l’IPBES revêt une importance cardinale : à l’image de ceux du GIEC sur le changement climatique, il servira de base à l’action politique pour enrayer le déclin des insectes pollinisateurs.

    Quelques jours avant l’ouverture de la réunion de Kuala Lumpur, des protestations ont été adressées par des membres de la communauté scientifique au secrétariat de l’IPBES, signalant des conflits d’intérêts au sein du groupe de travail mandaté par l’organisme. Dans un courrier adressé à la biologiste française Anne Larigauderie, la secrétaire exécutive de l’IPBES, et dont Le Monde a obtenu copie, Klaus-Werner Wenzel, professeur de médecine à l’hôpital universitaire de la charité de Berlin se dit « choqué d’un conflit d’intérêts évident touchant des membres d’un important groupe d’experts. »

    « Tout le monde est au courant »

    Le professeur allemand cite Christian Maus, coordinateur du chapitre sur la « diversité des pollinisateurs », et Helen Thompson, chargée du chapitre sur les causes de leur déclin. Or M. Maus
    est salarié de Bayer. Quant à Mme Thompson, après avoir été chargée de l’évaluation des risques des pesticides au sein de l’agence publique de sécurité sanitaire et environnementale britannique (Food and Environment Research Agency, FERA), elle est désormais employée de Syngenta.

    Selon un chercheur français spécialiste de la pollinisation, non associé aux travaux de l’IPBES, « c’est un vrai problème dont tout le monde est au courant, et qui n’a pas été résolu depuis que l’IPBES a été une première fois interpellé, dans Nature, sur le sujet ». En décembre 2014, trois chercheurs – Axel Hochkirch (université de Trèves, Allemagne), Philip McGowan (université de Newcastle, Royaume-Uni) et Jeroen van der Sluijs (université de Bergen, Norvège) – publiaient une correspondance dans la revue scientifique, notant que « deux représentants de l’industrie agrochimique sont parmi les auteurs du rapport sur la pollinisation de l’IPBES », sans mentionner leur identité.

    « Pour appuyer sa crédibilité, l’IPBES a besoin d’une politique exigeant de ses experts la déclaration de toutes leurs sources de financement, les postes qu’ils occupent et leurs autres conflits d’intérêts potentiels, ajoutaient les trois chercheurs. Etant donné le rôle de l’agrochimie dans le déclin des pollinisateurs, il nous semble que des scientifiques financés par des entreprises de ce secteur ne devraient pas être auteurs principaux ou auteurs coordinateurs de chapitres dans un tel rapport d’évaluation. » Dans les mêmes colonnes, le secrétariat de l’IPBES avait répondu quelques semaines plus tard que « les scientifiques des sociétés agrochimiques [en question] ont été sélectionnés sur leur capacité, comme scientifiques indépendants, à apporter une contribution objective ».

    Un formulaire détaillant les liens d’intérêts

    Contactée, Mme Thompson estime que la question de sa participation au rapport sur la pollinisation doit être posée à l’IPBES : « C’est l’IPBES qui m’a demandé de participer et ils étaient pleinement informés de mon statut de scientifique employée par l’industrie », dit-elle. « Il n’y a que deux scientifiques salariés de l’industrie sur près de 80 chercheurs qui participent au rapport », tempère Robert Watson, vice-président de l’IPBES.

    D’autres auteurs cependant, universitaires ou membres d’organismes de recherche publics, ont également des liens d’intérêts avec des firmes agrochimiques, selon nos informations. « Tous les experts sélectionnés doivent remplir un formulaire détaillant leurs liens d’intérêts », répond Robert Watson, ajoutant que ces déclarations ne sont toutefois pas rendues publiques.

    En outre, dit M. Watson en substance, la version de travail du rapport a été passée en revue par des scientifiques extérieurs au processus, à la demande des Etats membres. De quoi gommer tous les biais, selon lui. Interrogés par Le Monde, deux scientifiques ayant participé à ce processus de révision ne partagent pas cet optimisme. Tous deux évoquent des paragraphes « surprenants » dans la version préliminaire du rapport qui leur a été soumise. « Nous pouvons bien sûr adresser des commentaires, mais c’est sur un texte déjà construit, dit l’un d’eux. Par exemple, la force de la preuve est parfois simplement évaluée en fonction du nombre d’études publiées, sans tenir compte de leur qualité et de la manière dont progresse la connaissance. »

    « Effets substantiels »

    Comment sont sélectionnés les experts de l’IPBES ? En décembre 2014, dans leur article publié par Nature, Axel Hochkirch et ses coauteurs critiquaient « l’absence de règles explicites dans la nomination et la sélection des experts ». Les Etats membres et les « parties prenantes » proposent des noms de chercheurs. Ensuite, c’est le Groupe d’experts multidisciplinaire, l’un des organes centraux de l’IPBES, qui sélectionne ceux qui seront retenus pour participer à l’expertise.

    Si la polémique prend aujourd’hui de l’ampleur, c’est aussi que Mme Thompson a été récemment engagée dans de vives polémiques relayées dans la presse d’outre-Manche. En 2013, alors employée par le gouvernement britannique, elle avait mené une étude suggérant l’absence de risques, pour les bourdons, des pesticides néonicotinoïdes. L’étude n’a jamais été dûment publiée mais elle avait été utilisée par le Royaume-Uni pour contester, à Bruxelles, toute mesure européenne de restriction de ces substances. Une réanalyse des données brutes de l’expérience a été conduite par le biologiste Dave Goulson (université du Sussex) : publiée au printemps 2015 dans la revue PeerJ, elle montre que l’expérience mettait en évidence, au contraire, des « effets substantiels » des néonicotinoïdes sur les bourdons... Cette réanalyse n’a pas été contestée.

    Quant au scientifique employé par Bayer et sélectionné par l’IPBES, il n’a pas été pris dans de telles controverses : auteur principal du chapitre sur la diversité des pollinisateurs, il n’a jamais publié de travaux sur le sujet.

  • Norway’s disturbing lurch to the right | Alf Gunvald Nilsen |

    http://www.theguardian.com/commentisfree/2013/sep/10/norway-lurch-to-right

    Voici une excellente et lucide analyse d’un chercheur norvégien, Alf Gunvald Nilsen, membre du département de sociologie de l’université de Bergen. C’est très courageux de le faire ouvertement : il explique clairement les liens entre la réthorique et l’idéologie de Breivik et celle du FrP, extrême droite norvégienne au porte du pouvoir après la victoire de la coalition conservatrice dont elle fait partie.

    Il y explique comment les thèses développées par le FrP depuis quelques décennies, la haine de l’Islam, de l’étranger, la position anti-immigration, la protection de la culture norvégienne,ont été un terreau dans lequel s’est affirmé l’idéologie et la réthorique de Breivik.

    Le maintien de l’extrême droite norvégienne à environ 15 ou 20 % deux ans après les attaques de Breivik montre que le Norvège n’a pas encore réussi à faire comprendre le lien entre ces idées. Il se -trouve que le FrP utilisent souvent l’image de "l’islamisation rampante de la Norvège et de l’Europe comme argument, qu’ils donnent une image effrayante d’une supposée invasion musulmane de l’occident. Tout comme le font les groupes extrémistes fascistes les plus dangereux.

    La position du FrP aujourd’hui, aux portes du pouvoir, va contribuer à une vision de l’immigration et du multiculturalisme comme un danger réel. Et légitimiser l’islamophobie et la discrimination en Norvège. C’est ce qui est le plus inquiétant.

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    Norway’s disturbing lurch to the right

    The anti-immigration party’s electoral success shows the country has not dealt with the roots of Anders Breivik’s crimes

    ’Anders Behring Breivik’s actions and ideology were quickly pathologised and turned into an aberration.’ Photograph: Frank Augstein/AP

    The results from today’s Norwegian elections are more or less clear: with some 26.8% of the vote, the Conservative party (Høyre) is poised to head Norway’s next coalition government. The first thing to note about Norway’s unsettling rightward turn is the fact that the Progress party (Fremskrittspartiet) is set to join as junior partner in a coalition government. Disturbingy, a political party whose platform is marked above all else by an ardent anti-immigration agenda is capable of making such headway little more than two years after neofascist Anders Breivik carried out his heinous terrorist attacks.

    #breivik #extrême-droite #norvège #frp #élections

  • Siv Jensen, leader de l’extrême-droite norvégienne choque la Norvège en insultant le premier ministre sortant Jens Stoltenberg

    Jens E. Kjeldsen, professeur de réthorique à l’université de Bergen et qui a vu le clip TV du discours de Siv Jensen à plusieurs reprises explique :

    « Siv Jensen a fait deux erreurs majeures : Tout d’abord, elle a brisé une règle sociale [pourtant très importante en Norvège]. Lorsque vous gagnez, vous vous devez d’être un bon gagnant, très fair play. Erna Solberg a de son côté rappelé qu’elle avait du respect pour ceux qui avaient été au gouvernement et géré le pays pendant si longtemps. Mais en narguant le perdant, on viole les règles sociales et cela veut dire pour les norvégiens qu’on profite de leur défaite, et cela en Norvège, c’est très grave. Ensuite, Elle a perdu le contrôle d’elle même. Elle avait l’air surmenée, elle était violente et presque effrayante. Ce qui aussi, en Norvège, est une violation des codes sociaux, surtout en une occasion aussi importante. »

    Jens E. Kjeldsen termine enfin son explication en disant que la cheffe de l’extrême-droite s’est simplement « lâchée », après des dizaines d’années de « retenues » [et c’est vrai que pour cette campagne électorale, l’extrême-droite avait réussi ce tour de force de bannir de leur langage et de leur discours toutes les mentions ouvertement xénophobes ou islamophobes].

    Si Siv Jensen pense que le pouvoir donne des ailes et permet tout, on devrait pouvoir apercevoir, dans les jours et les semaines qui viennent, le vrai visage des cadres du Fremskrittpartiet.

    Folkets dom : Helt natta, Jensen ! - VG Nett om Valget 2013
    http://www.vg.no/nyheter/innenriks/valg-2013/artikkel.php?artid=10151705

    Nordmenn flest likte slett ikke Siv Jensens tale der hun roper «Morna Jens» etter den borgerlige valgseieren mandag.

    Ifølge en meningsmåling for VG mandag kveld, synes 56 prosent at talen var dårlig eller svært dårlig.

    – Det er absolutt ingen overraskelse at folk ikke likte det de fikk se på TV fra Fremskrittspartiets valgvake mandag kveld, sier professor i retorikk, Jens E. Kjeldsen ved Universitetet i Bergen til VG.

    #norvège #frp #élections #extrême-droite