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  • La mondialisation de l’alimentation préhistorique a duré trois millénaires
    Les paysans ont commencé à transformer les régimes alimentaires à travers le vieux monde il y a 7 000 ans.

    Depuis le début de l’archéologie, les chercheurs ont balayé le monde à la recherche de preuves des premières cultures domestiquées. En extrayant minutieusement des morceaux d’orge, de blé, de mil et de riz calcinés dans les restes de foyers et de feux de camp antiques, ils ont publié des études affirmant qu’une région ou un pays en particulier avait été l’un des premiers à cultiver des céréales anciennes.
    Xinyi Liu, professeur adjoint d’anthropologie des arts et des sciences, université de Washington à Saint-Louis

    À présent, une équipe internationale de scientifiques, dirigée par Xinyi Liu de l’Université de Washington à Saint-Louis, a consolidé les résultats de centaines d’études afin de dresser une carte détaillée de la manière dont les anciennes cultures céréalières se sont répandues dans des poches isolées. civilisations à travers le vieux monde.

    "Le fait même que la" mondialisation alimentaire "dans la Préhistoire a duré plus de trois mille ans indique peut-être que l’un des principaux moteurs du processus était les besoins perpétuels des pauvres plutôt que des choix culturels plus éphémères des puissants au néolithique et à l’âge du bronze », a déclaré Liu, professeur adjoint d’anthropologie des arts et des sciences.

    Paru dans la revue Quaternary Science Reviews, l’étude illustre le consensus scientifique actuel sur le processus de mondialisation de l’alimentation préhistorique qui a transformé les régimes alimentaires en Eurasie et en Afrique du Nord il y a 7 000 à 3 500 ans.

    Les co-auteurs incluent des chercheurs de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni ; Université Zheijiang en Chine ; l’Institut lituanien d’histoire ; la Smithsonian Institution ; et l’Académie chinoise des sciences sociales à Beijing.

    L’étude suggère que la mondialisation alimentaire à l’époque de la préhistoire n’était pas motivée par les appétits exotiques des élites dirigeantes, mais par l’ingéniosité incessante de paysans pauvres qui recherchaient de nouveaux moyens de mettre un peu plus de nourriture sur leurs tables.

    "Les récents développements de la recherche déplacent l’attention de la chronologie et des voies vers les moteurs du processus de" mondialisation de l’alimentation "et prennent en compte le contexte dans lequel les innovations agricoles et alimentaires ont vu le jour et les agents impliqués", a déclaré Liu. "Ces études soulignent le rôle joué par les principaux agents de la production agricole, les agriculteurs ordinaires du passé."
    champ de millet
    Le mil, une base de l’alimentation ancienne, est toujours cultivé dans les contreforts des montagnes à travers l’Eurasie. (Photo : Xinyi Liu)

    En essayant de nouveaux types de semences, en labourant les champs un peu plus en amont ou en aval ou en décalant les temps de plantation et de récolte, les paysans ont utilisé une méthode empirique pour surmonter les défis climatiques et élargir les limites géographiques de la plantation de certains grains. . Progressivement, cette expérimentation a considérablement amélioré les rendements, car les agriculteurs ont appris à prolonger la saison de croissance en plantant des cultures de printemps et d’automne dans les mêmes champs.

    Alors que beaucoup de gens sont au courant de la propagation mondiale des cultures vivrières à la suite de l’exploration du Nouveau Monde - un processus connu sous le nom de Columbian Exchange - - Liu affirme que le processus de mondialisation alimentaire préhistorique a eu un impact tout aussi dramatique sur la culture vivrière dans le Vieux Monde.

    Le blé et l’orge se sont déplacés du sud-ouest de l’Asie vers l’Europe, l’Inde et la Chine, tandis que le mil et le mil ont pris la direction opposée : de la Chine à l’ouest. Rice a parcouru l’Asie de l’Est, du Sud et du Sud-Est ; Les mil et le sorgho africains ont traversé l’Afrique subsaharienne et l’océan Indien, a déclaré Liu.

    « Tandis que la plupart des aliments exotiques dont nous jouissons aujourd’hui sont le résultat de réseaux commerciaux modernes, le processus de mondialisation alimentaire a clairement ses racines dans la préhistoire », a déclaré Liu. « La mondialisation de l’alimentation était bien amorcée avant le Columbia Exchange et la révolution islamique agricole. Cela remonte à des millénaires, même la plus ancienne preuve matérielle d’un contact transeurasien, tel que la Route de la soie. »

    L’étude de Liu retrace les parcours de la ferme aux céréales de la ferme à la table, qui sillonnent les continents de l’Ancien Monde en trois vagues distinctes :

    Avant 5000 av. J.-C., les premières communautés agricoles se formèrent dans des poches isolées de contreforts fertiles et de bassins versants de ruisseaux où les conditions étaient optimales pour la culture de céréales sauvages originaires de la région. Les dispersions de cultures sont généralement limitées aux régions voisines largement compatibles en termes de climat et de saisonnalité.

    Entre 5000 et 2500 av. J.-C., les agriculteurs ont trouvé des moyens de faire pousser la culture de divers grains dans de vastes régions où des systèmes météorologiques compatibles avec les cultures étaient confinés à l’intérieur et séparés par des systèmes montagneux majeurs, tels que ceux associés au plateau tibétain et aux montagnes de Tianshan.

    Entre 2500 et 1500 avant JC, les paysans ont trouvé le moyen de dépasser les barrières naturelles et climatiques qui ont longtemps séparées l’est et l’ouest, le nord et le sud - maîtrisant la culture de céréales qui avaient évolué pour prospérer dans les altitudes extrêmes du plateau tibétain ou sous les pluies diluviennes des moussons asiatiques. Des systèmes agricoles précédemment isolés ont été mis en place, ouvrant la voie à un nouveau type d’agriculture dans laquelle les plantations de cultures locales et exotiques permettent des cultures multiples et des saisons de croissance prolongées.

    « L’ensemble du processus ne concerne pas seulement l’adoption, mais aussi le« rejet », qui reflète toute une gamme de choix faits par différentes communautés, parfois motivés par l’opportunité écologique dans des environnements inédits, parfois par un conservatisme culinaire », a déclaré Liu. "Comme le dit le vieil adage chinois : Ce qui a été longtemps uni, s’effondrera et ce qui a été longtemps divisé, finira par se réunir."


    https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0277379118307807?via%3Dihub

    Prehistoric food globalization spanned three millennia | The Source | Washington University in St. Louis
    https://source.wustl.edu/2019/02/prehistoric-food-globalization-spanned-three-millennia

    #Néolithique #diffusion_agriculture #Agriculture #8000BC
    #Anthropocene #Paleogeography #Global_Archaeobotany
    #Food_globalisation

    Xinyi Liu, Penelope J. Jones, Giedre Motuzaite Matuzeviciute, Harriet V. Hunt, Diane L. Lister, Ting An, Natalia Przelomska, Catherine J. Kneale, Zhijun Zhao, Martin K. Jones. From ecological opportunism to multi-cropping : Mapping food globalisation in prehistory. Quaternary Science Reviews, 2019 ; 206 : 21

    DOI : 10.1016/j.quascirev.2018.12.017

  • Queer History in the Divided City: A New Approach to Digital Mapping – NOTCHES
    http://notchesblog.com/2018/04/24/queer-history-in-the-divided-city-a-new-approach-to-digital-mapping

    Our approach to this project was catalyzed by recent events in St. Louis. In 2014, the world watched as Ferguson, Missouri—a northern suburb of St. Louis—erupted in flames after a police officer murdered unarmed African American teenager Michael Brown. The media coverage of the Ferguson uprising communicated internationally what many St. Louisans had long known: theirs was a divided city, and nothing about the region could be understood without attending to its long and persistent history of racial segregation. One of a number of projects funded by Washington University’s Divided City Initiative, Mapping LGBTQ St. Louis makes this local knowledge visible in maps, in documents and images, and in interpretive essays. We provide a few examples from the project below.

    #cartographie #LGBT

  • NE RIEN FAIRE EST VITALE POUR LA SANTÉ

    Un célèbre neuropsychologue explique comment le fait de “ne rien faire” est en fait vitale pour la santé.

    Contrairement aux idées reçues, il est bon pour la santé de ne rien faire même si cela est généralement mal perçu en société, que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle.

    En effet, une étude a été menée qui démontre que lorsque le corps humain ne fait pas d’activité, son cerveau se met en mode ” par défaut ” et fait alors le tri des informations qu’il contient. Cette étape est absolument indispensable pour le neuropsychologue Francis Eustache qui exerce au CHU de Caen.

    De cette façon, il pourra mieux comprendre l’environnement qui l’entoure et pourra mieux composer avec les situations ultérieures qui se présenteront à vous.

    En consultant cette vidéo, vous pourrez avoir la preuve que l’oisiveté n’est pas forcément un vilain défaut et qu’elle est essentielle pour votre cerveau. Conservez là bien sous la main car si on vous fait des reproches, vous aurez de quoi justifier votre choix de ne rien faire et mettre un terme à toute polémique. Désormais, vous pouvez rester allongé (e) sur votre canapé pendant des heures ou prolonger considérablement votre grasse matinée sans culpabiliser !

    https://share2give.eu/un-celebre-neuropsychologue-explique-comment-le-fait-de-ne-rien-faire-est

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    NE CULPABILISEZ PAS DE GLANDER

    Selon le neurochirurgien Caennais Francis Eustache, ne rien faire le dimanche aprèm est une chose absolument vitale pour votre moral, mais aussi pour votre mémoire. Oui, VITALE.

    Le scientifique, qui officie au CHU de Caen, en Normandie et qui travaille principalement sur la mémoire traumatique explique, dans un reportage consacré à l’art de ne rien faire pour France Télévisions, que lorsque l’on ne fait rien, une activité cérébrale vitale se met en place. Ce phénomène, nous l’appelons le « mode par défaut ».

    Le « mode par défaut » désigne ces instants d’oisiveté, faits de voyages de la pensée, ces pensées qui vont et qui viennent, ces mêmes instants qui nous permettent de consolider notre mémoire : « On se tourne vers nos pensées, on se tourne vers des informations récentes, auxquelles on a été confronté. Notre cerveau va permettre de faire en quelque sorte une synthèse entre ces informations nouvelles ou relativement nouvelles et des informations plus anciennes. […] C’est un des temps indispensables à la création de notre autobiographie. Si on n’a pas ces moments, notre autobiographie va manquer de pages, mais surtout une cohérence d’ensemble » explique le neurochirurgien.

    Nous sommes stimulés en permanence par des éléments extérieurs. Constamment sollicités par nos responsabilités personnelles et professionnelles, mais aussi par nos ordinateurs et nos smartphones, nous croulons, parfois sans le savoir, sous un flux astronomique d’informations.

    Et si vous mettiez fin, pour quelques heures seulement, à l’hyperstimulation que vous vivez au quotidien ? Et si, le temps d’un dimanche après-midi, vous fermiez le robinet des informations ? Cette fois, ne culpabilisez plus : c’est pour la bonne cause. Protégez votre « mode par défaut ».

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    QUE FAIT LE CERVEAU QUAND IL NE FAIT RIEN ?

    Même au repos, le cerveau demeure très actif. En fait, il ne s’arrête jamais. Plusieurs régions cérébrales, distantes les unes des autres mais activées de façon synchrone, forment un réseau étendu dont on découvre l’implication dans de nombreuses pathologies neuropsychiatriques comme la maladie d’Alzheimer, la dépression, la schizophrénie, l’autisme.

    Tout commence en novembre 1992 par une découverte fortuite faite par Bharat Biswal, un étudiant ingénieur électricien alors âgé de 25 ans. Voulant se former en biophysique et neurosciences, il se voit proposer un poste dans le département de radiologie de la faculté de médecine du Wisconsin, à Milwaukee (Etats-Unis). Il entreprend alors de réduire le bruit de fond des signaux générés par l’IRM fonctionnelle (IRMf) afin d’améliorer l’interprétation des données recueillies lors de la réalisation d’une tâche motrice.

    « Je ne pouvais travailler que tous les samedis soir car le reste du temps presque tous les scanners étaient pris par les cliniciens. A ma grande surprise, j’ai remarqué la présence d’une forte corrélation entre l’activité des cortex moteurs gauche et droit, alors même que le sujet était parfaitement immobile ! », se souvient Bharat Biswal, aujourd’hui ingénieur biomédical au département de radiologie de la New Jersey Medical School. Il venait de découvrir l’existence d’une activité spontanée, au repos, entre des régions distantes du système moteur qui apparaissent fonctionnellement couplées.

    « Réseau du mode par défaut »

    « D’autres études montreront qu’il existe dans le cerveau au repos, lorsque notre activité cognitive n’est pas dirigée vers un objectif spécifique, une activité cérébrale intense et soutenue dans des régions spatialement éloignées, indique le professeur Francis Eustache, qui dirige l’unité Inserm du laboratoire de neuropsychologie du CHU de Caen. « Ces structures sont fortement connectées sur le plan fonctionnel et forment un réseau caractérisé par la présence de fluctuations synchrones de basse fréquence. »

    Ce réseau est composé de régions du cortex préfrontal en avant et du cortex pariétal en arrière. Dans un article paru en 2001 dans les « Comptes rendus de l’Académie des sciences américaine (PNAS) », Marcus Raichle, professeur de radiologie à la Washington University School of Medicine (Saint Louis, Missouri), l’a baptisé « réseau du mode par défaut » pour signifier qu’il fonctionne même lorsque l’on ne fait rien. Depuis, cet article a été cité 2 595 fois dans la littérature scientifique.

    Le cerveau reste donc actif au repos. Un repos très relatif dans la mesure où « le cerveau, qui représente seulement 2 % de la masse corporelle totale, consomme au repos 20 % de l’énergie du corps. De plus, la réalisation d’une tâche n’exige qu’un faible surcoût d’énergie par rapport à celle consommée par un cerveau au repos : moins de 5 % », indique Marcus Raichle.

    Activités mentales d’introspection

    L’activité au repos du réseau par défaut (RD) présente la particularité de diminuer dès lors que le sujet réalise n’importe quelle tâche cognitive. Autrement dit, le RD se « désengage » lorsque le sujet réalise une action avec un objectif spécifique, tandis que l’activité des réseaux liés à une tâche diminue. Les activités de ces réseaux et celle du RD sont « anticorrélées », variant en sens inverse. Ainsi, une récente étude japonaise, conduite lors du visionnage de vidéos de « Mr Bean », a révélé que les clignements des yeux s’accompagnent d’un bref désengagement du réseau attentionnel en même temps que d’une activation du RD.

    Le RD serait associé à des activités mentales d’introspection, de référence à soi. Il serait également lié à la capacité de construire des simulations mentales basées sur des souvenirs autobiographiques, les expériences présentes, mais également sur des projections dans le futur. « Cette projection de soi par anticipation serait un élément-clé de l’activité cérébrale au repos. Le RD interviendrait dans l’élaboration de scénarios mentaux visant à imaginer ou planifier le futur, comme lorsqu’on se voit déjà se prélasser sur une plage en pensant à ses prochaines vacances d’été. Le RD pourrait également être requis lorsqu’on imagine des situations alternatives, qu’elles soient réalistes ou fantaisistes », déclare Gaël Chételat, directrice de recherche au CHU de Caen.

    De même, l’activité du RD serait sollicitée pour notre capacité à comprendre les états mentaux d’autrui. Autrement dit, à voyager dans la tête des autres. Enfin, l’activité de régions-clés du RD apparaît corrélée à la fréquence des rêveries diurnes, ces moments durant lesquels on se perd dans ses pensées.

    Evaluation de nombreuses hypothèses

    Selon le professeur Andreas Kleinschmidt, neurologue aux Hôpitaux universitaires de Genève, notre cerveau passerait son temps au repos à évaluer de nombreuses hypothèses concernant une situation qui pourrait se produire dans le futur. « Il s’agit d’un processus dynamique et évolutif, qui n’arrête pas de tourner. Selon nous, le cerveau cherche constamment à rétablir un équilibre entre les mondes intérieur et extérieur, ce qui sous-entend qu’il nous permet d’éviter les mauvaises surprises en faisant des hypothèses sur l’avenir. »
    Ainsi, poursuit-il, « lorsque nous sommes au volant de notre voiture, notre cerveau n’arrête pas de mettre à jour des spéculations qui nous préparent à nombre de situations qui pourraient se produire », comme anticiper que la voiture qui nous précède tombe brusquement en panne ou qu’un animal traverse subitement la route. Si cela devait se produire en réalité, nous serions à même de réagir rapidement.

    Pour le professeur Maurizio Corbetta, de la Washington University School of Medicine, Saint Louis (Missouri), « cette activité spontanée est une façon de garder opérationnels des processus qui peuvent servir. Cela prend moins d’énergie et cela va plus vite de garder un ordinateur avec tous ses programmes en mode veille, mais actifs, que de le rallumer à chaque fois quand vous faites quelque chose ».

    Niveau de conscience résiduelle des patients comateux

    L’activité du RD n’est pas altérée lors des premiers stades du sommeil, peu ou pas pendant une anesthésie légère ou en état d’hypnose. De façon encore plus surprenante, l’équipe du professeur Steven Laureys, de l’université de Liège, a montré que le RD des patients atteints du « locked-in syndrome », éveillés et conscients, mais incapables de bouger si ce n’est les yeux, est quasiment identique à celui de sujets sains. En revanche, l’activité du RD est significativement diminuée chez les patients en état végétatif, inconscients mais présentant un état d’éveil minimal, et chez les patients comateux. Elle serait complètement absente lors d’un coma irréversible.

    Les chercheurs belges considèrent que le niveau de connectivité au sein du RD pourrait renseigner sur le niveau de conscience résiduelle des patients comateux totalement incapables de communiquer et serait associé à la capacité de récupération de certains patients présentant un état de conscience altéré. Selon eux, l’IRMf au repos pourrait constituer un outil particulièrement intéressant, mais qui reste à valider, pour aider le clinicien à prédire les chances de récupération.

    Le RD n’est qu’un des « réseaux de l’état de repos », même si c’est celui qui possède les interconnexions les plus robustes et constantes, ainsi que l’activité métabolique la plus intense. De nombreux réseaux fonctionnels au repos ont été décrits, en rapport avec des systèmes cérébraux aussi divers que ceux impliqués dans la motricité, l’attention, la vision, l’audition, le langage. Ces réseaux liés au repos sont présents chez les primates et les rongeurs.

    Facteurs génétiques et environnementaux

    Le professeur Michael Greicius, du département de neurologie de la faculté de médecine de Stanford, en Californie, voit dans l’activité de ces réseaux fonctionnels au repos « un moyen de conserver les connexions qu’ils entretiennent constamment entre eux. On sait que les synapses [les points de liaison entre neurones] tendent à disparaître lorsqu’elles ne montrent pas une activité minimale. Ainsi, l’activité cérébrale au repos permettrait de préserver ces réseaux qui participent à l’organisation globale du cerveau ».

    Reste à comprendre les facteurs génétiques et environnementaux qui interviennent dans la construction et le maintien des réseaux liés à l’état de repos, mais également « les mécanismes cellulaires qui sous-tendent leur activité, ce que l’on ignore totalement aujourd’hui », souligne Marc Raichle.

    « Le but ultime est de comprendre comment des comportements humains complexes émergent de l’activité et de l’interaction de ces réseaux cérébraux fondamentaux, résume Michael Greicius. L’IRM fonctionnelle permet une acquisition relativement aisée des données d’activité des réseaux fonctionnels au repos, dont le RD. Contrairement à d’autres techniques d’imagerie, l’IRMf peut être utilisée chez des patients souffrant de démence ou de troubles psychiatriques sévères incapables de réaliser des tâches. La seule chose que l’on demande au sujet est de rester tranquille pendant environ huit minutes. » Cette facilité d’accès explique l’engouement de très nombreuses équipes pour cette technique.
    L’IRMf au repos a été utilisée pour analyser l’activité du RD dans une trentaine de troubles neuropsychiatriques, ainsi que pour évaluer l’impact de la privation de sommeil, de la méditation, de la musique sur ce réseau.

    « Hyperactivité du RD dans la schizophrénie »

    Susan Whitfield-Gabrieli, du département cerveau et sciences cognitives du MIT (Cambridge, Massachusetts), a rapporté la présence d’une « hyperactivité du RD dans la schizophrénie qui pourrait témoigner d’une amplification de la focalisation sur le monde mental intérieur dont témoigne la paranoïa ». Cette chercheuse a par ailleurs observé « une activité accrue du RD chez des individus sains, parents de premier degré de patients schizophrènes, ce qui suggère que ces perturbations fonctionnelles seraient associées aux processus physiopathologiques plutôt qu’une conséquence de la maladie ».
    Le réseau par défaut a été étudié dans les épisodes dépressifs majeurs. « Il existe une connectivité fonctionnelle accrue du RD dans la dépression, maladie dans laquelle on observe une rumination, les patients ne cessant de ressasser des idées négatives sur eux-mêmes », indique le professeur Philippe Fossati, psychiatre (centre émotion, CNRS, Pitié-Salpêtrière, Paris).

    Les patients dépressifs ayant une tendance à une focalisation sur soi excessive, les processus de référence à soi ont été étudiés en relation avec le RD. Ceux-ci interviennent à chaque fois que l’on se pose la question de savoir si un terme évoquant un trait de personnalité (avare, généreux, susceptible, etc.) s’applique à nous-même. L’équipe de Philippe Fossati a montré que la partie antérieure du réseau par défaut, normalement sollicitée dans les processus de référence à soi chez le sujet sain, était activée de manière excessive chez l’individu déprimé.

    Imagerie cérébrale

    Par ailleurs, certaines études ont montré une corrélation entre le niveau de connectivité au sein du RD et la durée de l’épisode dépressif. Des résultats obtenus par l’équipe de Philippe Fossati, non encore publiés, montrent que les données de l’imagerie cérébrale permettraient de prédire la réponse à tel ou tel type de traitement antidépresseur, ce qui ferait gagner du temps dans une prise en charge médicamenteuse efficace.

    De très récentes études tendent à montrer l’existence d’altérations du RD qui pourraient en partie expliquer certaines anomalies du comportement social chez des individus atteints d’autisme. On observerait une moindre activation au sein du RD, qui serait par ailleurs corrélée au degré des difficultés sociales éprouvées chez ces patients.

    Des anomalies du RD ont également été décrites chez les enfants d’âge scolaire souffrant de « trouble déficit d’attention/hyperactivité ». Enfin, des travaux ont évalué les altérations de certains réseaux fonctionnels au repos après survenue d’un dommage cérébral de moyenne gravité, qu’il s’agisse d’un accident vasculaire cérébral (AVC) ou d’un traumatisme.
    « Nous avons montré en IRMf, après AVC, l’existence de perturbations de l’activité des réseaux fonctionnels au repos, même dans des régions intactes sur le plan structurel, et rapporté qu’elles sont corrélées à des déficits comportementaux ainsi qu’aux capacités de récupération », indique Maurizio Corbetta, directeur du département de neuroréhabilitation (Saint-Louis, Missouri).

    Comprendre les mécanismes par lesquels des troubles neuropsychiatriques fort différents induisent des perturbations de la connectivité du réseau par défaut, et dans quelle mesure son atteinte renseigne sur le pronostic des patients : tel est désormais l’objectif majeur de ces recherches.

    Marc Gozlan, le Monde science et techno, 21/03/2013
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    https://youtu.be/566kRI-y3Uw

  • The 2,500-year-old roots of gender inequality - The Boston Globe
    https://www.bostonglobe.com/ideas/2017/03/04/the-year-old-roots-gender-inequality/7zE60rjYuOAHjFB8hEBq1N/story.html

    WOMEN STILL STRUGGLE for equal rights around the world — and considering patriarchy’s deep-seated roots in human history, it’s no wonder. In China, gender inequality may have its seeds in the Bronze Age more than 2,500 years ago, according to a recent study from Queens College in New York City.

    Scientists examined Neolithic Age graves from the Chinese Central Plains about 5,000 years ago, plus graves from the more recent Bronze Age. They documented the riches accompanying male and female skeletons and examined their bones for signs of stress. Then, they tested the chemical differences between sexes — a process that involves grinding human bones into a fine powder, dropping that powder into an acid to extract its protein, and running that protein through a mass spectrometer.

    These are really tough data sets to get, and they’ve done really difficult work by pulling all of these together,” said Tristram Kidder, an anthropology professor at Washington University in St. Louis. “What they found is a very significant change in China’s history — this shift towards patrilineal, male-dominated society.

    By examining carbon and nitrogen isotopes in the bones, scientists could see the types of plants and the amount of animal products people ate in roughly the last decade of their lives. Diets were about the same between sexes during the Neolithic Age, but that changed in the Bronze Age when new crops and domesticated animals were introduced. Men continued to live on traditional millet and animal products, while women were anemic and relied on wheat — a newer crop described as a “poor man’s food” in later historical records.

    Wheat isn’t significantly less nutritious than millet, but it’s a sign that males and females started eating and socializing separately.

    During the Neolithic [Period], females were probably contributing more to the farming community, and male and females were dependent on each other for survival,” said Kate Pechenkina, an anthropology professor at Queens College and the study’s lead author. “As soon as that relaxes, the balance tips toward gender inequality.

    The Neolithic burial site showed no clear sign of gender inequality — which is quite unusual, Pechenkina says. But in the Bronze Age, inequalities became obvious: Males were buried with more riches, and female skeletons became significantly shorter, likely because of childhood malnourishment.

    vu dans les brèves des Cahiers de Sciences et Avenir, n°168, avril 2017 sur Les Hérésies
    (mais pas trouvé sur leur site)

    • le résumé de l’étude, l’accès à l’article est sous #paywall

      Shifting diets and the rise of male-biased inequality on the Central Plains of China during Eastern Zhou
      http://www.pnas.org/content/114/5/932

      Farming domesticated millets, tending pigs, and hunting constituted the core of human subsistence strategies during Neolithic Yangshao (5000–2900 BC). Introduction of wheat and barley as well as the addition of domesticated herbivores during the Late Neolithic (∼2600–1900 BC) led to restructuring of ancient Chinese subsistence strategies. This study documents a dietary shift from indigenous millets to the newly introduced cereals in northcentral China during the Bronze Age Eastern Zhou Dynasty (771–221 BC) based on stable isotope analysis of human and animal bone samples. Our results show that this change affected females to a greater degree than males. We find that consumption of the newly introduced cereals was associated with less consumption of animal products and a higher rate of skeletal stress markers among females. We hypothesized that the observed separation of dietary signatures between males and females marks the rise of male-biased inequality in early China. We test this hypothesis by comparing Eastern Zhou human skeletal data with those from Neolithic Yangshao archaeological contexts. We find no evidence of male–female inequality in early farming communities. The presence of male-biased inequality in Eastern Zhou society is supported by increased body height difference between the sexes as well as the greater wealth of male burials.

    • Fin de l’article :

      “If their family or their community were short on food, girls were the first to be deprived,” Pechenkina said. “When your body doesn’t get enough food, it has to sacrifice something.”

      Scientists aren’t exactly sure how the inequality rose or whether this evidence can speak for the rest of the world. But finding a historical turning point inevitably gets us closer to understanding ourselves as people — and where our social issues were born.

      “Last I heard, women make up 50 percent of the population in this world,” Kidder said. “Their stories in human history are very important because they shape who we are today.”

      Résumé : d’après des études sur les squelettes de femmes et d’hommes préhistoriques en Chine, il y a 5000 ans, dans le Néolithique, les femmes et les hommes mangeaient la même chose, et en particulier de la viande et du millet, et leurs squelettes ont des tailles comparables. C’est aussi une période où les deux sexes partageaient probablement équitablement les responsabilités, les activités, et une certaine interdépendance.

      Il y a 2500 ans, à l’Age de Bronze, lorsque l’agriculture s’est développée et la domestication animale a débuté, une inégalité s’est installée, en faveur des hommes. Les hommes ont continué de manger la même nourriture, alors que les femmes se sont mises à manger moins de viande, et d’autres céréales, en particulier du blé. S’il y avait moins de nourriture, elles en étaient les premières privées, et on observe des squelettes de femmes plus petits et comportant des signes de malnutrition infantile...

      La raison exacte qui a poussé cette inégalité à s’installer n’est pas connue, mais elle est datée et on peut imaginer que ça a du être peu ou prou pareil partout à un moment ou à un autre...

      Précédents articles sur le sujet :
      https://seenthis.net/messages/371071
      https://seenthis.net/messages/372186
      https://seenthis.net/messages/562728

      #domination #alimentation #dimorphisme_sexuel #stature #taille #inégalités #histoire #Préhistoire #Femmes #Femmes_Hommes #Sexisme #Petites #Evolution #Chine #Science

    • Je pencherais plutôt pour la répartition genrée des rôles à partir de l’adoption de l’agriculture : les hommes aux champs et les femmes à la maison. Les travaux dans les champs étant considéré comme un travail plus physique que les travaux domestiques, les hommes auraient été mieux nourris. Maintenant c’est peut-être plus complexe avec plusieurs facteurs qui peuvent entrer en jeu.

    • Ce que je soulignais @nicolasm c’est qu’avec la sédentarisation des communautés, les femmes ont été reléguées aux travaux domestiques contrairement aux hommes qui ont continué à vaquer à leurs occupations à l’extérieur. C’est une rupture importante d’avec les sociétés basées sur la chasse et la cueillette où tout le monde est dehors, et, semble-t-il, des inégalités moins pesantes.

    • Ca ne me choque pas d’imaginer un partage du travail, lié entre autre à la grossesse et à l’allaitement : puisque les femmes enfantent, on leur « épargne » les travaux difficiles ou dangereux, mais alors pourquoi, en même temps, on les affamerait ? C’est mettre en péril la génération suivante, y compris de futurs hommes.

      C’est complètement con, mais en même temps ce ne serait pas la seule fois dans leur histoire que les humains, et en particulier les hommes, font des choix complètement cons pour leur survie...

    • On a pas déjà eu des articles comme quoi avant l’agri le découpage n’était finalement peut-être pas aussi simple que ça, et qu’il y avait aussi des hommes à la cueillette et peut-être des femmes à la chasse ? Notamment parce qu’en fait c’était une présupposition sexiste des archéologues (les grands sont des hommes etc), alors qu’en fait les squelettes retrouvés sont très difficilement « sexuables ».

      En revanche, dès avant l’agriculture, les anthropologues nous disent généralement qu’il y avait déjà une grosse séparation par rapport au tabou du sang.

    • @aude_v plus que l’abondance c’est la répartition qui pose souci, le point critique est plutôt le fait que la nourriture soit stockable ou pas. Pour plusieurs auteurs à partir du jour où on a eu des surplus stockables on était foutus.
      Après, concernant les inégalités de genre, je dirais qu’elles sont plus probablement apparues en même temps que l’agriculture (à travers la maîtrise par les hommes de la reproduction humaine, animale et végétale) plutôt que comme conséquence de la gestion des surplus.
      #travail_reproductif

    • Peut être une piste avec Ibn Khaldoun (Islam des « lumiéres »)
      Sur le passage du nomadisme à la sédentarisation.
      Le groupe, le rapport à la nature, structure de civilisation, complexité des techniques (technologie) et gouvernement.

    • Suite de cette discussion et de celle sur le lien entre patriarcat et agriculture, cet article :

      L’homme est-il responsable de la désertification du Sahara il y a 8.000 ans ?
      Jean-Paul Fritz, L’Obs, le 16 mars 2017
      https://seenthis.net/messages/580597

      En comparant les données archéologiques sur l’apparition de l’élevage dans la région saharienne avec l’évolution sur la durée de certains types de végétation associés à une région désertique, l’archéologue a pu bâtir sa théorie.

      Voici environ 8.000 ans, les premières communautés pastorales se seraient installées dans la région du Nil, et auraient commencé à se répandre vers l’ouest. Et cette progression serait synchrone avec l’augmentation de la végétation désertique.

      Comment cela a-t-il pu se produire ? L’arrivée de tribus dont la ressource principale est l’élevage a eu des conséquences sur l’environnement. Ces civilisations ont aménagé l’espace, incendié des zones qu’ils souhaitaient dédier à leurs animaux, et plus globalement procédé à une déforestation. Le changement dans la végétation, et notamment la disparition de zones de forêts et de savanes, a pu changer la quantité de lumière solaire reflétée par le sol, qui a son tour aurait influencé la circulation atmosphérique. Les moussons, qui irriguaient le Sahara, auraient alors faibli, poussant la région sur le chemin de la désertification.

      #Sahara #désert #changement_climatique #anthropique #archéologie

      Et du coup :
      https://seenthis.net/messages/499739
      https://seenthis.net/messages/524060

      #inégalités #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocene #Anthropocène #capitalocène

    • Pour les chasseurs-cueilleurs, une étude récente fournit des données impressionnantes. Après un an de terrain à quantifier scrupuleusement les items consommés par les hommes et les femmes dans six campements hadza (population de chasseurs‑cueilleurs en Tanzanie) un spécialiste de l’écologie comportementale humaine – par ailleurs pas le moins du monde concerné par les problématiques du genre – note que la viande constitue pratiquement 40% du régime alimentaire des hommes et 1% (à peine plus) de celui des femmes (Marlowe, 2010 : 128).

      https://www.cairn.info/revue-journal-des-anthropologues-2015-1-page-19.htm

      Cette étude indique que chez les peuples chasseurs- ceuilleurs, l’accès à la viande pour les femmes n’est pas brillant.
      De plus en plus j’ai l’impression qu’on part d’un déséquillibre assez marqué (le dimorphisme sexuel est présent à l’aventage des mâles depuis belles lurettes, cf Claudine Cohen)
      A la base c’est pas brillant, au néolithique c’est encore plus la merde, ca s’aggrave à l’age de bronze, c’est encore pire avec les grecs, les romains, du coté celte, plus les groupes s’agrandissent plus c’est mauvais pour les femmes, ca se dégrade encore avec les cathos, à la renaissance c’est carrément la chasse aux sorcières, à la révolution les droits des femmes se dégradent encore (on se demande comment c’est possible) au XIXeme t’as les ouvrières à assommoir industriel, au XXeme quelques améliorations notables (mais pour l’Afghanistan c’est pas frappant) et au XXIeme le porno, l’uberisation en marche, les désastres climatiques veillent à te faire aimer les privations alimentaires que tu t’impose toi même pour garder la ligne. Au XXIeme les effets nocifs touchent d’abord les femmes et les enfants, par exemple le Tsunami de 2004 en Indonésie à fait 80% de victimes parmi les femmes et les enfants).

  • Les interdictions du ‘burkini’ en France ont à voir avec bien autre chose que la religion ou l’habillement

    Washington – Il y a quelque chose qui donne le tournis dans ces arrêtés d’interdiction du burkini qui fleurissent sur le littoral français. L’évidence de la contradiction – imposer des règles sur ce que les femmes peuvent porter sur la base de l’idée qu’il est injuste pour les femmes de devoir obéir à des règles sur ce que les femmes peuvent porter – montre clairement que quelque chose de plus profond doit être à l’œuvre.

    « Les « burkinis » sont à la base des maillots de bain qui recouvrent tout le corps en conformité avec les normes musulmanes relatives à la pudeur, et mercredi, le premier ministre Manuel Valls s’est jeté dans le débat enflammé sur les interdictions prononcées sans quelques villes balnéaires du pays, dénonçant ce vêtement qu’on voit rarement comme un élément de « l’asservissement des femmes. »

    Ceci ne porte évidemment pas réellement sur une tenue de bain. Les sociologues disent que cela n’a pas non plus un rapport premier avec la protection des femmes musulmanes contre le patriarcat, mais que c’est en lien avec une volonté d’éviter à la majorité non musulmane de la France de devoir se confronter à un monde qui change : un monde qui leur demande d’élargir leur vision de l’identité quand beaucoup voudraient qu’elle demeure telle qu’elle était.

    « Ce genre de déclaration [celle de Manuel Valls, NdT] est une manière de sanctionner [le sociologue emploie le verbe to police qui signifie contrôler, surveiller] ce qui est français et ce qui n’est pas français, » explique Terence G. Peterson, un professeur de la Florida International University qui étudie la relation de la France avec les immigrés musulmans et avec le monde musulman.

    Si cette bataille sur l’identité prend de l’ampleur au lendemain des attentats terroristes [Nice et Saint-Etienne du Rouvray, NdT], elle fait en réalité rage sous une forme ou une autre depuis des dizaines d’années dans la société française, affirme le Professeur Peterson. Ce qui semble être une confrontation sur une petite question de vêtement islamique porte en réalité sur ce que signifie être français.

    Pendant l’époque coloniale, quand la France contrôlait de vastes régions musulmanes, le voile était devenu un « symbole hyperchargé » explique le Professeur Peterson. Le voile était considéré comme un symbole de l’arriération des Musulmans et les normes vestimentaires féminines françaises, plus flexibles, étaient considérées comme un signe de supériorité culturelle, des façons de voir qui justifiaient le colonialisme.

    Le colonialisme est au fondement de la crise d’identité que vit la France actuellement parce qu’il a ancré un sentiment d’identité nationale française en tant que distinct et supérieur aux identités musulmanes – tout en promettant l’égalité aux Musulmans colonisés qui avaient commencé à immigrer en France en grand nombre. La choc qui en résulte prend souvent la forme de débats sur les tenues vestimentaires.

    Le voile est resté un symbole puissant de l’altérité quand le colonialisme s’est effondré après la seconde guerre mondiale et que les Musulmans des pays colonisés ont afflué en France. Mais maintenant, cette altérité se joue à l’intérieur même d’un pays qui tente de définir sa propre identité post-coloniale.

    Au fil des générations, le voile s’est répandu chez les Musulmanes françaises, en tant que pratique religieuse et, peut-être, comme symbole de leur héritage culturel particulier. Il était un signe visible de la manière dont la France elle-même, ainsi que son rôle dans le monde, était en train de changer.

    Le résultat a été que le voile est devenu le symbole non seulement d’une différence religieuse mais du fait que les Français « de souche » n’avaient plus le monopole de la définition de l’identité française. La France était devenue une nation multiculturelle et multiethnique où les traditions signifiaient différentes choses pour différentes personnes.

    Le symbole du voile à l’époque coloniale en tant que signe de l’infériorité musulmane en a fait une cible commode pour les arguments selon lesquels l’identité française « traditionnelle » devait demeurer non seulement dominante mais la seule identité culturelle en France.

    Les burkinis peuvent sembler effrayants car ils sont perçus comme menaçant ce type particulier d’identité française par l’expression d’une forme alternative d’identité – dans ce cas, en tant que Musulmans. Beaucoup de Français, au lieu de croire que ces identités peuvent coexister, les perçoivent comme nécessairement concurrentes.

    Il existe même un mot français péjoratif pour qualifier l’introduction de ces identités alternatives, le « communautarisme » dont le développement est considéré comme une crise nationale.

    Des articles d’habillement musulmans comme le voile ou le burkini sont devenus des symboles du fait que l’identité nationale française n’est plus le domaine réservé de groupes de populations qui vivent dans ce pays depuis des siècles. Des décisions comme les interdictions cet été du burkini ont pour but d’empêcher une redéfinition élargie de l’identité française en contraignant les Musulmans non seulement à s’assimiler mais aussi à adopter l’identité plus étroite et rigide [celle qui exclut les Français issus de l’immigration musulmane, NdT].

    C’est une méthode à laquelle la France a recouru pendant des dizaines d’années, et qui a à chaque fois échoué.

    John Bowen, anthropologue à la Washington University de Saint-Louis, explique que la France a rendu à essayer ce genre de restrictions aux moments où elle affrontait des tensions aussi bien sur le plan intérieur qu’extérieur en relation avec les Musulmans et le monde musulman.

    Les choses ont commencé en 1989 avec la fameuse affaire du foulard quand trois collégiennes françaises avaient été exclues pour avoir refusé de retirer leur coiffe. Ostensiblement, la raison était que les foulards étaient des symboles religieux visibles et qu’ils contrevenaient donc avec la loi française sur la laïcité, ou sécularisme. Mais la laïcité était dans la législation depuis 1905 et les foulards sur la tête étaient néanmoins autorisés en général.

    Ce qui a changé, écrivait le Professeur Bowen dans un livre sur le sujet, ce sont des événements dans le monde qui ont fait que l’Islam a semblé être une force particulièrement pernicieuse. En 1989, le leader de l’Iran, l’Ayatollah Rouhollah Khomeini avait signé un décret contre l’écrivain Salman Rushdie. A la même époque, des Algériens avaient constitué le Front Islamique du Salut (FIS), un parti tenant d’une ligne dure et qui basculera ensuite dans l’insurrection.

    Interdire les foulards dans les écoles françaises devenait une manière de gérer l’anxiété générée par les événements à l’intérieur et à l’extérieur du pays, et d’affirmer le droit de protéger les valeurs françaises.

    Les foulards à l’école sont revenus sur le devant de la scène nationale en 1993 et 1994 quand les autorités françaises craignaient de voir de jeunes hommes membres de familles immigrées algériennes rejoindre les rangs de l’insurrection islamiste en Algérie. Après les attentats du 11 septembre 2001, le voile cristallisa une fois de plus les peurs à l’égard de communautés musulmanes qui étaient à l’écart de la culture et de la société française dominantes.

    Et cet été, la France est sous le choc d’une série d’agressions terroristes et est de plus en plus préoccupée par les jeunes Musulmans qui vont en Syrie pour rejoindre l’Etat Islamique ou d’autres organisations djihadistes. Une fois de plus, certains en France voient le processus d’assimilation comme une question de sécurité nationale.

    Le voile est un symbole qui a une puissance anxiogène spécifique en matière d’assimilation parce qu’il est porté par choix. Tandis que des caractéristiques fixes comme la race ou la couleur de la peau n’impliquent aucun jugement sur la culture ou les valeurs françaises, l’habillement implique une décision de se différencier – de donner la priorité à son identité culturelle ou religieuse par rapport à celle de son pas d’adoption.

    Les interdictions vestimentaires ont pour but, en effet, de faire pression sur les Musulmans français pour qu’ils se détournent de tout sentiment d’identité communautaire et adoptent l’identité française étroitement définie qui préexistait avant leur arrivée. Mais essayer de forcer à l’assimilation peut avoir l’effet contraire : dire aux Musulmans français qu’ils ne peuvent pas avoir simultanément une identité musulmane et une identité française, les forcer à choisir, c’est ainsi les exclure de ce que recouvre l’identité nationale au lieu de les convier à y contribuer.

    La France a un autre choix : elle pourrait élargir sa définition de l’identité nationale pour inclure les Musulmans français tels qu’ils sont. C’est quelque chose qui peut effrayer beaucoup de Français, qui le vivrait comme renoncer à une identité « traditionnelle » confortable et non comme l’ajout d’une nouvelle dimension à celle-ci. En l’absence d’acceptation de ce changement, il existe une volonté de faire pression sur les Musulmans français pour résoudre la crise identitaire, mais cette démarche employée pendant des dizaines d’années n’a apporté que peu de progrès – et beaucoup de tensions.

    [ Amanda Taub , The New York Times, 18 août 2016 traduit par Djazaïri ]

    https://mounadil.wordpress.com/2016/08/19/burkini-et-crise-de-lidentite-francaise-vus-par-le-new-york-time

  • The Nature Of The Nazi State And The Question Of International Criminal Responsibility Of Corporate Officials At Nuremburg : Revisiting Franz Neumann’s Concept Of Behemoth At The Industrialists Trials
    http://nyujilp.org/wp-content/uploads/2013/02/43.4-Lustig.pdf

    Après la lecture de cet article on comprend mieux pourquoi les juges soviétiques du premier procès de Nuremberg expriment souvent un jugement différent de celui des juges désignés par les alliés de l’Ouest. En 1947 le conflit entre l’URSS et les puissances de l’Ouest empêche leur participation aux cours de justice internationale.

    Ce sont alors uniquement des juges de pays capitalistes qui décident sur la responsabilité pour la guerre et les massacres et du sort des industriels allemands. En conséquence les juges sont obligés de baser leurs démarche sur des paradigmes, textes de lois et définitions juridiques qui ne fournissent pas d’arguments suffisants pour identifier la responsabilité des chefs de l’industrie nazie.

    Les idées politiques et juridiques de l’Ouest servent à justifier et stabiliser un système économique identique à celui qui conduit à l’introduction du système nazi en Allemagne. Par des jugements reconnaissant ce fait le système économique et politique de l’Ouest aurait été mis en question. A cause de cette proximité entre le monde des juges et des coupables il est impossible pour les tribunaux des vainqueurs occidentaux d’identifier et de juger les profiteurs économiques du nazisme.

    Le texte suivant décrit les détails de ce dilemme sans le nommer explicitement.

    German industrialists did terrible things during Nazi rule. Yet, they were not held responsible for most of these acts at the subseqeunt trials at Nuremberg.1 History provides several explanations for this impunity gap. In this article I focus on the influence of a conceptual gap on this result. This article explores how various conceptions of the Nazi totalitarian state influenced the prosecution and decisions of the Industrialist Trials at Nuremberg. Drawing on archival materials, I argue that the debate over the Industrialist responsibility could be read as a struggle between competing theories of the totalitarian state.

    This paper exposes how Franz Neumann (1900-1954), who was involved in the Nuremberg trials during its early stages, informed central elements in the prosecutors’ theory of business responsibility at Nuremberg.2 Inspired by the *967 Hobbesian terminology, Neumann used the antinomy of the Behemoth archetype as a contrast to the common understanding of the modern state as a Leviathan. For Neumann, like many others, the Hobbesian Leviathan embodied a conventional conception of the modern state. In that conception, the state is the sole entity which exercises monopoly over violence within a specific territory. In its totalitarian form, the Leviathan exercise of control is cohesive and absolute. Unlike the understanding of the Nazi state as a Leviathan, the Behemoth model lacked a centralized control over violence and was characterized by competing authorities.

    These conflicting theories of the Nazi regime proved highly consequential for the allocation of business responsibility at Nuremberg. The prosecution, who followed central aspects in Neumann’s theory of the Nazi state as Behemoth, argued that the industrialists were equal partners with other groups such as the party and the military in the decision to go to war and in practices of spoliation and enslavement. In terms of structure and operations, the Behemoth theory of the totalitarian state focused on its incoherence and lack of rule of law. The judgments of the Tribunals, though different from one case to another, chose to depict Nazi Germany as a mega-Leviathan. These epistemological choices translated to different theories of responsibility. In the Neumanesque scheme, businesses shared responsibility equally with other actors. In the *968 strong Hobbesian state, envisioned by the Tribunals’ decisions, the companies were subordinates of the state, both in the decision to go to war and later in the involvement in its crimes. But the judges at the Industrialist Trials also followed the Neumannesque lead, conveyed by the prosecution. Though choosing to regard the Nazi state as Leviathan, they implicitly accepted the importance of the state as a key to establishing criminal responsibility in international law. The emphasis on the state and its structure is evident in their reasoning, but departs from a description of the Nazi state as Behemoth. Instead, the decisions described the Nazi totalitarian state as reminiscent of the Hobbesian Leviathan; a state characterized by complete control, coherence, and authority over the Industrialist actors.

    The judges’ choice of the Hobbesian theory was not incidental. The notion of the state as a monolithic power that monopolizes violence is often a default-position in the theory of international legal responsibility. But the Hobbesian model of the state is an ideal-type. Neumann’s critique sought to expose the extent to which the Nazi regime deviated from this ideal-type model. The Tribunals’ insistence on a functioning Leviathan in Nazi Germany significantly limited their ability to scrutinize the practices of business actors. Regarding the ideal-type of the Leviathan as an assumed reality undermined its normative significance. At the same time, the prosecutors’ use of Neumann’s Behemoth ran the risk of interpreting his critique as an acceptance of this model as a basis for responsibility under international law. My critique, therefore, is not a call to follow the prosecutors and adopt Neumann’s model as a basis for international criminal responsibility. Rather, Neumann’s critical analysis is examined here to expose the need for an informed understanding of the state, and the political regime more broadly, in a theory of responsibility in international law.

    The state is not the only corporate structure considered in this article. Alongside the theory of the state, I expose the disregard of the company itself, its corporate structure and governance as well as its relationship with the institutions of the state. The article critically examines the ramifications of this disregard. I argue that understanding these corporate structures (of the state and the company as well as the relationship between them) is essential for a theory of individual responsibility *969 of business officers in international law. Indeed, the greatest novelty of the International Military Tribunal at Nuremberg (IMT) was the recognition of individual responsibility under international law for the commission of international crimes.3 According to this historical precedent, “the screen between international law and the individual, normally constituted by state sovereignty, was pierced.”4 However, the attempt to “pierce the sovereign veil” of the corporate entity of the state, and later the company in the Industrialist Trials, without an informed understanding of the structure of authority that constituted them, had the problematic consequence of reifying both.

    Die Transformation des Ausnahmezustands. Ernst Fraenkels Analyse der NS-Herrschaft und ihre politische Aktualität
    https://docupedia.de/zg/Fraenkel,_Der_Doppelstaat
    Le social-démocrate Ernst Fraenkel développe sa théorie du double-état après avoir exercé le métier d’avocat sous les nazis jusqu’à son émigration. Il ne resoud pas le dilemme capitaliste mentionné plus haut et sert aujourd’hui aux adeptes de la théorie du totalitarisme à développer l’idée de l’identité des système oppressifs nazis et stalinistes.

    Wie Carl Schmitt dachte Fraenkel das NS-Regime vom Ausnahmezustand her. „Die Verfassung des dritten Reiches ist der Belagerungszustand. Die Verfassungsurkunde des dritten Reiches ist die Notverordnung vom 28.2.1933.” Mit diesen Sätzen begann Fraenkel seine Analyse des Doppelstaats. Aber während Schmitt nur absolute Zustände des Entweder-Oder kannte und 1921 eine bloß „kommissarische Diktatur”, die die bestehende Verfassung für eine begrenzte Zeit suspendiere, von der „souveränen Diktatur” unterschied, die eine „wahre Verfassung” herbeizuführen suche, um wenig später jenen berühmten programmatischen Satz zu formulieren: „Souverän ist, wer über den Ausnahmezustand entscheidet”, dynamisierte Fraenkel den Gedanken des Ausnahmezustands.

    Sein „Doppelstaat” war die Analyse eines politischen und rechtlichen Transformationsprozesses.

    Nach dem Krieg war Fraenkel bis 1950 als Legal Adviser der US-Behörden in Südkorea tätig und an der Ausarbeitung der südkoreanischen Verfassung beteiligt. Anschließend wurde er Berater des amerikanischen Hohen Kommissars in Deutschland und nahm 1953 einen Ruf als Professor für Vergleichende Lehre der politischen Herrschaftssysteme an der Freien Universität Berlin an. Seine theoretischen Überlegungen für ein modernes, pluralistisches Demokratiekonzept prägten die Politikwissenschaft der folgenden Jahrzehnte.

    Mit seinen Analysen zum Nationalsozialismus befasste sich Frankel kaum noch. Erst als 1969 eine Neuauflage von „The Dual State” in den USA erschien, gab er dem Drängen vieler seiner Freunde nach und stimmte einer deutschen Ausgabe zu, die aus dem Amerikanischen rückübersetzt werden musste.

    Es kennzeichnet die theoretische Anschlussfähigkeit des „Doppelstaats”-Konzepts, dass jüngst auch Forscher auf Fraenkel Bezug nehmen, die sich mit der Geschichte der Sowjetunion beschäftigen. Stefan Plaggenborg zum Beispiel hat Fraenkels Konzept in innovativer Weise umgedreht und nach den Bedingungen gefragt, wie sich aus der Anomie des Bürgerkriegs und dem stalinistischen Maßnahmenstaat Ende der 1950er-Jahre ein sowjetischer Normenstaat ent-wickeln konnte.

    THE NORMATIVE AND PREROGATIVE STATE — Helen Suzman Foundation
    http://hsf.org.za/resource-centre/hsf-briefs/the-normative-and-prerogative-state

    In a land mark study of government in the Third Reich[1] , Ernst Fraenkel distinguished between the normative and positive state. His thesis has been given crisp expression as follows by Richard Evans:

    On the one hand was the ‘normative state’, bound by rules, procedures, laws and conventions, and consisting of formal institutions, such as the Reich Chancellery, the Ministries, local authorities and so on, and on the other there was the ‘prerogative state’, an essentially extra-legal system that derived its legitimation entirely from the supra-legal authority of the leader.

    1942 - Review of The Dual State : A Contribution to the Theory of Dictatorship, By Ernst Fraenkel, WASHINGTON UNIVERSITY
    LAW QUARTERLY Vol. 27
    http://openscholarship.wustl.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=3934&context=law_lawreview

    Lenhard on Wildt, ’Hitler’s Volksgemeinschaft and the Dynamics of Racial Exclusion : Violence against Jews in Provincial Germany, 1919-1939’ | H-Antisemitism | H-Net
    https://networks.h-net.org/node/2645/reviews/6717/lenhard-wildt-hitlers-volksgemeinschaft-and-dynamics-racial-exclusio

    Wildt refers to Ernst Fraenkel’s book The Dual State in describing two apparently contradictory political spheres which were constitutive for the National Socialist reign of terror: on the one hand, the “normative state” under the rule of law, which was valid only for members of the Volksgemeinschaft; on the other hand, the violence of the paramilitary groups SA and SS, who drew the boundaries between “us” and “them.”[3] The application of Fraenkel’s theory enables Wildt to withstand the fashionable addiction within social sciences to Carl Schmitt’s existentialist distinction between friend and foe—a distinction that justifies rather than explains the struggle against the Jews.[4] Consequently, Wildt strictly deals with Schmitt only as a historical source. And yet one has to bring to mind some crucial problems in Fraenkel’s theory as well: Is a state that suspends parts of its constitution and imprisons the political opposition still under the rule of law? Is thus a concomitance between the “normative state” and the “prerogative state” even thinkable?

    Wildt solves these problems by painting the picture of a multiple power structure with competing factions within the framework of the National Socialist state. The fight between these groups—or, as Max Horkheimer put it aptly, “rackets”—revealed a corrosion of the state’s monopoly on violence and led to new dimensions of anti-Semitic attacks (p. 147).[5] Regional chapters of the NSDAP and the SS behaved differently and sometimes even contradictorily; local non-party members occasionally joined boycott actions against Jewish shops or damaged Jews’ property. But Wildt makes clear right from the start that the “bystanders” and “passers-by” were also part of the National Socialist project—deliberately or not. Either one was “in” or “out”—tertium non datur, although the status of “Aryans” could change quickly with regard to their behavior. Passivity under these circumstances meant participation, and thus the creation of the Volksgemeinschaft needed a public stage where people could either partake in the “play” or just remain part of the audience.

    #histoire politique #droit #nazis #Allemagne #USA

  • Study: adolescent marijuana use, pot-related problems on decline
    http://www.thecannabist.co/2016/05/27/study-teen-marijuana-use-problems-decline/54888


    Participants gather for the annual Hash Bash protest at the University of Michigan in Ann Arbor, Mich., on April 2, 2016. The school does not condone marijuana consumption at the event.
    Junfu Han, The Ann Arbor News via AP

    A new study, published in the June issue of the Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, says the number of teens with marijuana-related problems and the percentage of use have declined in recent years.

    A team of researchers at the Washington University School of Medicine in St. Louis analyzed federal data from national surveys of more than 216,000 adolescents ages 12 to 17 over a 12-year span.

    They found that the number of adolescents who had problems related to marijuana (i.e. becoming dependent on the drug or having trouble in school and in relationships) declined by 24 percent from 2002 to 2013.
    […]
    The researchers’ findings are a stark contrast compared to the usage rate among college students, which was reported at a 35-year high according to a study conducted by the University of Michigan’s Institute for Social Research in 2015.

  • Le rejet de l’islam est-il une spécificité française ?

    L’anthropologue américain John R. Bowen observe la montée, en Europe comme aux Etats-Unis, d’un populisme d’extrême droite qui instrumentalise les citoyens musulmans à des fins électoralistes.

    Quand un anthropologue américain scrute, de son regard caustique, le rapport à l’islam des sociétés occidentales, et déconstruit les idées fausses qui alimentent le rejet des musulmans, cela donne l’Islam, un ennemi idéal (Albin Michel, 2014). John R. Bowen a enseigné à Siences-Po Paris, à la London School of Economics et enseigne à la Washington University of Saint Louis.

    Votre livre s’intitule l’Islam, un ennemi idéal , en quoi est-il « idéal » ?

    De tout temps, dans l’histoire occidentale, certains groupes ont fait l’objet de haine : les juifs, les catholiques, les Roms, les homosexuels. Aujourd’hui, les cibles de cette haine sont les musulmans. L’islam étant une religion méconnue, on peut y projeter toutes sortes de fantasmes : « Les musulmans battent leurs femmes » ; « ils assassinent les juifs, les chrétiens ». C’est très facile d’en faire le bouc émissaire de n’importe quoi. Depuis le 11 Septembre, un sentiment anti-islamique s’est répandu aux Etats-Unis sous l’influence du protestantisme évangélique. En Europe, les différents attentats semblent confirmer l’idée qu’une guerre fait rage entre l’islam et l’Occident. Par ailleurs, la visibilité de l’islam depuis les années 80, par la demande de mosquées, le port du voile, les boucheries halal, change les habitudes et le paysage. Or la réticence à voir la société changer s’exprime par la haine.

    Face à l’intégrisme islamique, cette peur n’est-elle pas légitime ?

    Bien sûr, des formes de violence existent. Mais regardons de plus près. En Europe, sur les dix dernières années, il y a davantage de morts qui résultent du terrorisme non islamique. Rappelons tout de même que les personnes qui vont faire le jihad en Syrie sont considérées comme des terroristes alors qu’il y a deux ans, ils étaient nos alliés contre Bachar al-Assad. Alors il faut décider ! Doit-on traiter ces individus comme des terroristes ? Il faudrait pouvoir poser la question mais cette question est malheureusement taboue.

    La semaine dernière, en France, Valeurs actuelles titrait « Touche pas à mon église ». Ce type d’instrumentalisation politique de la peur de l’islam est-elle spécifique à la France ?

    C’est un exemple type de désignation de l’islam comme ennemi commun. On oublie que dans les années 80, certaines églises avaient donné une place aux musulmans pour qu’ils puissent prier. Il ne s’agissait pas d’églises désacralisées. Il y a toute une histoire de collaboration entre les différents cultes. Aux Etats-Unis, certains politiques jouent sur cette même peur de l’invasion. Mais comme il n’y a pas le principe d’un espace républicain uniforme comme en France, il est plus difficile de soutenir qu’il y a un danger général. En Angleterre, la possibilité de vendre une église à une association islamique serait considérée comme une affaire privée. Ça ne soulèverait probablement pas la même émotion. En Allemagne par contre, on peut imaginer le même genre d’emballement. Il est aussi devenu très utile, d’un point de vue électoraliste, de blâmer l’islam en lui imputant tout un ensemble de problèmes sociaux. Presque partout en Europe, comme aux Etats-Unis, un populisme d’extrême droite s’est implanté, et des politiciens appartenant à une droite plus modérée, comme Nicolas Sarkozy, se sont évertués à reconquérir une partie de leur électorat en s’associant à la condamnation de l’islam. Le populisme est une église accueillante. Plus généralement, nous ne vivons pas un moment de tendresse vis-à-vis des immigrés.

    Le multiculturalisme propre à la société américaine et qui fait peur à certains en France permet-il de réduire les tensions identitaires ?

    La grande différence avec la France, c’est que l’identité nationale américaine est composée d’identités multiples : afro-américains, hispano-américains… Dès le départ, il y a donc moins de tensions. La présence d’un menu sans viande est acceptée. A l’aéroport de Dallas, il y a des femmes en foulard à la douane, même les fonctionnaires peuvent porter le foulard. La liberté religieuse prime. Le problème identitaire américain se situe davantage au niveau du racisme anti-Noir qui persiste. En France, l’islamophobie est un racisme culturel avec l’idée que les musulmans sont identifiables. Ce n’est pas parce que quelqu’un croit en Dieu ou se réfère au Coran que c’est un ennemi, mais parce qu’il est différent.

    La laïcité française n’est-elle pas en train de devenir inégalitaire ?

    Dans les faits, on peut dire que oui. Rappelons d’abord que la loi de 1905, même si elle affirme un principe de neutralité de l’Etat envers toutes les confessions, n’a jamais été appliquée aux églises catholiques. Les églises construites avant 1905 sont devenues propriété de l’Etat et sont donc entretenues par l’Etat. Tandis que la grande majorité des églises évangéliques, plus de la moitié des synagogues et bien sûr toutes les mosquées construites après 1905, n’ont pas bénéficié de ce soutien de l’Etat. Symboliquement cette loi est intouchable mais dans les faits, elle a beaucoup évolué. Prenons l’exemple des écoles islamiques sous contrat, il y en a deux en France : à Lille et à Lyon. Il y a eu plusieurs tentatives de développer les écoles islamiques, mais un blocage politique au niveau du ministère de l’Education nationale l’empêche. Là encore, il faudrait être vraiment neutre. On a fait le choix de garder des écoles religieuses, il faut donc appliquer ce principe de manière équitable à toutes les religions. Une autre tradition en France, qui date de Philippe le Bel au XVe siècle : l’idée que l’Etat a son mot à dire dans les affaires religieuses et sa volonté de traiter avec des entités représentatives. On le voit avec le Conseil français du culte musulman. En France, il faut avoir un numéro de téléphone pour parler avec l’islam. Ce volontarisme politique n’est pas forcément négatif. Depuis les années 80, l’Etat travaille sur le sujet de la viande halal pour que tous les musulmans aient de la viande pour l’Aïd, par exemple.

    A propos de la loi sur l’interdiction de la burqa, vous laissez penser que c’est une atteinte à la liberté religieuse ?

    L’Assemblée nationale a proscrit le port de la burqa, en dépit de l’avis négatif du Conseil d’Etat, qui soulignait que cette loi violerait les droits constitutionnels et conventionnels de la liberté religieuse. Elle a sollicité le Conseil constitutionnel pour que celui-ci trouve un moyen d’en assurer la constitutionnalité. Le Conseil constitutionnel a ainsi inventé de toutes pièces un nouveau principe de la vie commune : la réciprocité. Pour avoir de la réciprocité, il faut pouvoir se voir. Mais si on part de ce principe, il faut interdire le port des lunettes de soleil parce c’est avec les yeux qu’on communique.

    http://www.liberation.fr/monde/2015/07/16/john-r-bowenle-populisme-est-une-eglise-accueillante_1348877

  • Special glasses help surgeons ’see’ cancer​​​​​​​​​ | Newsroom | Washington University in St. Louis
    http://news.wustl.edu/news/Pages/26496.aspx

    Raffa

    Special glasses help surgeons ’see’ cancer​​​​​​​​​ | Newsroom | Washington University in St. Louis - http://news.wustl.edu/news...

    1 hour ago

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    “High-tech glasses developed at Washington University School of Medicine in St. Louis may help surgeons visualize cancer cells, which glow blue when viewed through the eyewear.” - Raffa

  • Toujours dans le cadre du Human Connectome Project

    The #Brain, in Exquisite Detail - NYTimes.com
    http://www.nytimes.com/2014/01/07/science/the-brain-in-exquisite-detail.html

    ST. LOUIS — Deanna Barch talks fast, as if she doesn’t want to waste any time getting to the task at hand, which is substantial. She is one of the researchers here at Washington University working on the first interactive wiring diagram of the living, working human brain.
    The Mapmakers

    M. F. Glasser and D.C. Van Essen for the WU-Minn HCP Consortium
    The many folds and valleys of a single brain surface, left, and a composite image using data from 12 subjects, right, suggest the degree of variation in human brains.

    To build this diagram she and her colleagues are doing brain scans and cognitive, psychological, physical and genetic assessments of 1,200 volunteers. They are more than a third of the way through collecting information. Then comes the processing of data, incorporating it into a three-dimensional, interactive map of the healthy human brain showing structure and function, with detail to one and a half cubic millimeters, or less than 0.0001 cubic inches.

    Cet article fait partie d’une série, The mapmakersArticles in this series will examine new efforts to understand how the brain works, and the scientists behind them. #cerveau

    cf. A Search for Self in a Brain Scan (January 7, 2014)
    http://www.nytimes.com/2014/01/07/science/a-search-for-self-in-a-brain-scan.html

  • “2312” - Kim Stanley Robinson
    http://www.wired.com/underwire/2012/06/geeks-guide-kim-stanley-robinson/all

    Most stories about space exploration imagine starships zipping between alien worlds, but 2312 is set firmly in our solar system. Yet the novel shows that a single solar system can provoke plenty of wonder and provide ample territory for intrigue. In this future, rising sea levels have turned New York into a city of canals, asteroids are hollowed out to create giant nature preserves, and malicious schemes are calculated with the aid of quantum computers. Citizens live hundreds of years, are augmented with cybernetic technology, and casually swap genders.

    ce #roman de #science-fiction est une sorte de suite de la trilogie de Mars ; il y a au milieu du #livre un passage de 3 pages absolument magnifique qui décrit #Iapetus. Et donne envie d’aller y prendre quelques vacances pour observer la dichotomie noir/blanc de cette lune de #Saturne depuis la crête de 20 kilomètres d’altitude qui la coupe en deux, et dont l’origine serait la chute d’une lune secondaire...
    http://photojournal.jpl.nasa.gov/catalog/PIA11690

    on pourrait aussi y observer quelques belles avalanches

    Giant Ice Avalanches On Saturn’s Moon Iapetus Provide Clue to Extreme Slippage Elsewhere in the Solar System
    http://ksr.umm.ac.id/en/berita-ilmiah-umm-112-longsoran-es-raksasa-pada-bulan-saturnus-memberikan

    “We see landslides everywhere in the solar system,” says Kelsi Singer, graduate student in earth and planetary sciences in Arts & Sciences at Washington University in St. Louis, “but Saturn’s icy moon Iapetus has more giant landslides than any body other than Mars.”

    The reason, says William McKinnon, PhD, professor of earth and planetary sciences, is Iapetus’ spectacular topography. "Not only is the moon out-of-round, but the giant impact basins are very deep, and there’s this great mountain ridge that’s 20 kilometers (12 miles) high, far higher than Mount Everest.

    #espace