• Au Festival d’Avignon : chercher la langue arabe. Encore. Toujours. En vain - L’Humanité
    https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/festival-davignon/au-festival-davignon-chercher-la-langue-arabe-encore-toujours-en-vain

    Le Festival d’Avignon, en 2025, est la preuve éclatante que la pensée postcoloniale ne faiblit pas — elle persiste, s’enracine, se perpétue dans nos esprits comme dans nos institutions culturelles. Elle s’infiltre dans les programmations, dans les choix artistiques, dans les silences aussi.

    Avant d’aller plus loin, je tiens à saluer une chose : la communication. Brillante. Efficace. Implacable. Un matraquage bien huilé autour de la langue arabe, présentée comme l’invitée d’honneur de cette édition. On aurait pu y croire. Sur le papier, partout dans les médias, elle est là, étendard brandi à bout de bras. Mais sur les plateaux ? Silence radio. Disparition. Éviction. Où est le théâtre en langue arabe ? Où sont les grands textes, les grandes voix, les écritures puissantes et vivantes de notre monde arabe contemporain ?

    Oui, il y a des chorégraphes arabes. Oui, il y a des chansons. Mais ce n’est pas ça, faire place à une langue. Ce n’est pas suffisant. Ce n’est pas honnête.

    Et puis, cette ouverture du festival… avec Les Mille et Une Nuits. Présentée comme la plus grande œuvre de la littérature arabe. Quelle ironie. Cette œuvre, d’abord d’origine indienne et perse, a été récupérée, reconfigurée, et transformée par le regard occidental — jusqu’à devenir le cliché suprême de l’orientalisme. Une œuvre fantasmatique pour l’Europe, une prison d’images pour nous. Elle ne dit rien des luttes, des désirs, des colères, des beautés ni des fractures du monde arabe d’aujourd’hui.

    C’est là que le postcolonialisme se montre dans toute sa violence douce : on nous célèbre, mais à travers le prisme de vos fantasmes. On continue à nous regarder avec les yeux de Delacroix, fascinés par une Orientale silencieuse et alanguie, enfermée dans des toiles qui ne racontent que le désir occidental.

    Des amis français m’ont dit : « Mais Oum Kalthoum est là ! » Oui, c’est vrai. Mais que signifie inviter Oum Kalthoum à un festival censé honorer le théâtre en langue arabe ? Imaginez un festival dédié à la langue française qui programme… Édith Piaf. Grande chanteuse, immense artiste, mais que représente-t-elle pour les jeunesses françaises d’aujourd’hui ? Que représente Oum Kalthoum pour les jeunes générations arabes en quête de voix nouvelles, de récits vivants, de vérités brûlantes ? Un hommage au passé, peut-être. Mais sûrement pas une réponse à l’absence.

    Et cette absence n’est pas un oubli. Elle n’est pas un malentendu. Elle n’est pas un accident. Je refuse de croire qu’aucune personne, dans toute l’équipe du Festival d’Avignon, n’ait vu cet immense mépris. Ce choix est politique. Ce silence est idéologique. C’est une manière d’accueillir le monde arabe sans lui donner la parole, de parler de nous sans nous écouter, de mettre en scène nos imaginaires sans nous inviter à écrire.

    Le colonialisme n’est pas mort. Il a simplement changé de costume. Et cette année, il portait les habits séduisants du théâtre. Mais nous ne sommes pas dupes.

  • https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/le-systeme-mediatique-a-construit-le-paradigme-de-larabe-entendable

    Deux écrivains au cœur de l’actualité, deux figures littéraires et médiatiques en France, qui depuis plusieurs années, épousent les obsessions de l’extrême droite française sur l’islam et l’immigration. Que disent ces prises de position de l’évolution de ces deux écrivains ? Quelle en est la réception médiatique, en France et en Algérie ? Pourquoi l’évocation de leur parcours politique est-elle si compliquée dans les médias français ? Dans quelle histoire de la littérature algérienne s’inscrivent-ils ? Qu’est-ce que ces deux affaires disent des rapports entre la France et l’Algérie aujourd’hui, 62 ans après son indépendance ?

    Un autre extrait de la vidéo de présentation sur la page de ASI qui montre bien l’#abjection des stratégies pour « mener les guerres culturelles à la française ». Et dire qu’il y en a encore pour s’étonner que la France est persona non grata sur le continent africain.
    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1862958306077122560/pu/vid/avc1/1280x720/0bLk3Jrp4p22lebS.mp4?tag=12

    • communiqués
      Déclaration de Nedjib SIDI MOUSSA
      Auteur de l’article | Date de l’article | 01/12/2024
      https://sinedjib.com/index.php/2024/12/01/declaration-2/#more-25193

      Depuis le dimanche 24 novembre, je fais l’objet d’une campagne de haine orchestrée par l’extrême droite française et ses alliés. Cette opération d’une violence inouïe a été initiée sur les réseaux sociaux puis relayée par l’ensemble des médias conservateurs (télévision, radio, presse…).

      La virulence de l’attaque m’a contraint de suspendre mes comptes et de restreindre les moyens de me contacter, notamment sur mon site personnel. En effet, cette vague de cyberharcèlement s’est accompagnée d’un déferlement d’injures et de menaces quant à mon intégrité physique.

      L’ampleur de ce lynchage illustre de façon dramatique les temps obscurs que nous traversons. Ce nouvel épisode des « guerres culturelles » à la française constitue un test pour les libertés démocratiques ainsi que pour notre capacité à faire société dans un contexte de crises multiples.
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      L’extrême droite française et ses alliés m’ont odieusement calomnié en raison de mon faciès, de mon patronyme, du pays de naissance de mes parents, de la religion de mes ancêtres, de mon parcours universitaire, de mon statut social, de mes convictions politiques, etc.

      Décidément, rien ne m’aura été épargné.

      Mais ne nous y trompons pas. Il ne s’agit pas seulement de ma personne.

      Des pans entiers de la population sont dans le viseur d’une meute hostile à tout ce qui touche à la question algérienne, à la culture musulmane, à l’histoire coloniale, au pluralisme intellectuel, aux valeurs humanistes et aux idéaux révolutionnaires.

      Dans ces circonstances, il n’est pas possible de reculer ou de céder à la peur. Tous les moyens légaux doivent être employés pour contrer cette offensive réactionnaire. L’heure est grave. Chacun doit prendre ses responsabilités. (...)

    • « Kamel Daoud et Boualem Sansal sont promus de manière stratégique pour mener les guerres culturelles à la française »
      Yunnes Abzouz | 27 novembre 2024
      https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/271124/kamel-daoud-et-boualem-sansal-sont-promus-de-maniere-strategique-pour-mene

      Dans un entretien à Mediapart, le politiste Nedjib Sidi Moussa décrypte les raisons de la solidarité française à géométrie variable envers les détenus d’opinion algériens et pointe la tendance lourde du milieu littéraire français à promouvoir les auteurs du Maghreb seulement lorsque ceux-ci réhabilitent le colonialisme français.
      (...)
      Pourtant, ceux à droite et à l’extrême droite qui montent au créneau pour réclamer la libération de Sansal et dénoncer une atteinte à la liberté de pensée, se soucient moins du sort des prisonniers du Hirak algérien, le mouvement de protestation populaire créé en 2019 contre le manque de liberté politique en Algérie.

      Pour avoir rappelé dimanche sur France 5 les liens de Boualem Sansal avec la presse d’extrême droite et exprimé son malaise face à ceux qui l’érigent en héraut des droits humains, le politiste Nedjib Sidi Moussa fait depuis l’objet d’une virulente campagne de dénigrement raciste organisé par la fachosphère et alimentée par la chercheuse affiliée au CNRS Florence Bergeaud-Blackler et le caricaturiste Xavier Gorce.

      Dans un entretien accordé à Mediapart, il décrypte les raisons de la solidarité à géométrie variable pour les détenus d’opinion algériens et dénonce une utilisation tactique d’écrivains algériens par l’extrême droite française pour porter ses combats réactionnaires.

      Mediapart : Boualem Sansal est depuis longtemps un auteur critique du régime algérien. Il n’avait pourtant jamais été inquiété jusqu’alors. Quelle ligne rouge a-t-il franchie aux yeux du pouvoir algérien ?

      Nedjib Sidi Moussa : Avant toute chose, je tiens à répéter que je suis contre toutes les prisons, et contre toutes les dictatures. Expliquer la récupération dont fait l’objet l’arrestation d’un écrivain, ce n’est pas justifier ou donner des arguments à la répression. Que les choses soient claires pour tout le monde.

      Boualem Sansal émerge à la fin de la guerre civile algérienne avec un roman qui va connaître un succès important, Le Serment des barbares, édité en français par Gallimard en 1999. Livre qui sera traduit en arabe par l’universitaire algérien Mohamed Sari. Dès cette époque, Sansal accrédite une théorie qui relève de la falsification historique, à savoir « le retour en scène des seigneurs de la guerre ou de leurs successeurs ».

      Ce faisant, il cherche à établir un lien de continuité entre la « première guerre d’Algérie » et la « seconde », plus précisément entre les maquisards messalistes – Messali Hadj est le père du nationalisme algérien – pendant la lutte de libération nationale et les insurgés islamistes durant la « décennie noire » [la guerre civile qui a eu lieu de 1992 à 2002 – ndlr].

      L’opposition de Boualem Sansal au régime algérien […], c’est celle d’une certaine élite francophone, […] qui regarde de haut le « petit peuple » arabophone et la diaspora.

      C’est une thèse simpliste qui épouse sur ce point la vulgate nationaliste pro-FLN (le parti au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie), dans la mesure où elle participe de la stigmatisation des messalistes et de leurs enfants, accusés d’avoir voulu se venger de leur élimination politique durant la révolution anticoloniale puis de leur marginalisation depuis l’indépendance. Néanmoins, ce récit a le mérite de souligner que les spectres de la lutte de libération nationale hantent toujours la société algérienne, même si l’« ennemi intérieur » évolue avec les générations.

      Son succès littéraire en France repose aussi sur une espèce de posture dissidente en carton-pâte. Sansal, pendant longtemps, et tant qu’il était en liberté, se plaisait à affirmer que ses livres étaient interdits en Algérie, qu’il y était censuré par le régime, etc. En réalité, il a toujours refusé d’être édité en Algérie et il n’a pas voulu rencontrer le public algérien comme il a pu le faire avec ses lecteurs français.

      Ses livres, pourtant, étaient présents dans certaines librairies ou événements culturels. Il n’y avait donc pas de mesures d’interdiction jusqu’à une période récente. Reste à voir si cela va évoluer. Cependant, il faut bien le dire, son séjour controversé en Israël, en 2012, a suscité l’hostilité d’une grande partie du lectorat algérien, tout comme la sympathie de ses lecteurs occidentaux.

      De même, son opposition au régime algérien reposait au fond sur une posture bourgeoise et droitière, c’est celle d’une certaine élite francophone, d’une fraction de la nomenklatura en déclin qui regarde de haut le « petit peuple » arabophone et la diaspora, en appuyant sur le clivage entre les enfants de prolétaires immigrés, « les racailles » ou les « hybrides » comme ils les surnomment parfois, et une immigration « choisie », issue de milieux privilégiés, les « cadres » éduqués et francophones, porteurs de la civilisation et de la culture françaises. (...)

    • A part ça dans Télérama, tu as des adeptes de l’occultisme qui jouent encore à « Esprit des Lumières es-tu là ? » et déplorent que l’affaire fasse l’objet d’un psychodrame franco-français.

      Mais Boualem Sansal est aussi l’otage d’un second règlement de comptes – intérieur celui-là – qui resurgit avec la régularité du métronome dans le paysage médiatique et intellectuel français. Entre les vitupérations pathétiques d’un Pascal Praud accusant Thomas Snégaroff et les invités de son émission C politique (parmi lesquels Benjamin Stora) de s’agenouiller devant Alger, d’un côté, et les contorsions malhabiles du politiste Nedjib Sidi Moussa transformant Boualem Sansal en suppôt d’Éric Zemmour, de l’autre, on a regardé les balles passer tout le week-end, et l’on craignait que le romancier ne prenne une balle perdue.

      Rien ne sert de faire tourner les tables, il vaudrait mieux les renverser. En attendant, mangez bien vos grands morts, les universalistes de chez Télérama ....
      (https://www.telerama.fr/debats-reportages/boualem-sansal-prisonnier-et-otage-de-reglements-de-comptes-diplomatiques-e)

  • #Pierre_Gaussens, sociologue : « Les #études_décoloniales réduisent l’Occident à un ectoplasme destructeur »

    Le chercheur détaille, dans un entretien au « Monde », les raisons qui l’ont conduit à réunir, dans un livre collectif, des auteurs latino-américains de gauche qui critiquent les #fondements_théoriques des études décoloniales.

    S’il passe son année en France comme résident à l’Institut d’études avancées de Paris, Pierre Gaussens évolue comme sociologue au Collège du Mexique, à Mexico, établissement d’enseignement supérieur et de recherche en sciences humaines. C’est d’Amérique latine qu’il a piloté, avec sa collègue #Gaya_Makaran, l’ouvrage Critique de la raison décoloniale. Sur une contre-révolution intellectuelle (L’Echappée, 256 pages, 19 euros), regroupant des auteurs anticoloniaux mais critiques des études décoloniales et de leur « #stratégie_de_rupture ».

    Que désignent exactement les études décoloniales, devenues un courant très controversé ?

    Les études décoloniales ont été impulsées par le groupe Modernité/Colonialité, un réseau interdisciplinaire constitué au début des années 2000 par des intellectuels latino-américains, essentiellement basés aux Etats-Unis. Il comptait, parmi ses animateurs les plus connus, le sociologue péruvien #Anibal_Quijano (1928-2018), le sémiologue argentin #Walter_Mignolo, l’anthropologue américano-colombien #Arturo_Escobar, ou encore le philosophe mexicain d’origine argentine #Enrique_Dussel (1934-2023). Les études décoloniales sont plurielles, mais s’articulent autour d’un dénominateur commun faisant de 1492 une date charnière de l’histoire. L’arrivée en Amérique de Christophe Colomb, inaugurant la #colonisation_européenne, aurait marqué l’entrée dans un schéma de #pouvoir perdurant jusqu’à aujourd’hui. Ce schéma est saisi par le concept central de « #colonialité », axe de #domination d’ordre racial qui aurait imprégné toutes les sphères – le pouvoir, le #savoir, le #genre, la #culture.

    Sa substance est définie par l’autre concept phare des études décoloniales, l’#eurocentrisme, désignant l’hégémonie destructrice qu’aurait exercée la pensée occidentale, annihilant le savoir, la culture et la mythologie des peuples dominés. Le courant décolonial se fonde sur ce diagnostic d’ordre intellectuel, mais en revendiquant dès le début une ambition politique : ce groupe cherchait à se positionner comme une avant-garde en vue d’influencer les mouvements sociaux et les gouvernements de gauche latino-américains. Il est ainsi né en critiquant les #études_postcoloniales, fondées dans les années 1980 en Inde avant d’essaimer aux Etats-Unis. Les décoloniaux vont leur reprocher de se cantonner à une critique « scolastique », centrée sur des études littéraires et philosophiques, et dépourvue de visée politique.

    Pourquoi avoir élaboré cet ouvrage collectif visant à critiquer la « #raison_décoloniale » ?

    Ce projet venait d’un double ras-le-bol, partagé avec ma collègue Gaya Makaran, de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM). Nous étions d’abord agacés par les faiblesses théoriques des études décoloniales, dont les travaux sont entachés de #simplisme et de #concepts_bancals enrobés dans un #jargon pompeux et se caractérisant par l’#ignorance, feinte ou volontaire, de tous les travaux antérieurs en vue d’alimenter une stratégie de #rupture. Celle-ci a fonctionné, car la multiplication des publications, des revues et des séminaires a permis au mouvement de gagner en succès dans le champ universitaire. Ce mouvement anti-impérialiste a paradoxalement profité du fait d’être basé dans des universités américaines pour acquérir une position de force dans le champ académique.

    La seconde raison tenait à notre malaise face aux effets des théories décoloniales. Que ce soient nos étudiants, les organisations sociales comme les personnes indigènes rencontrées sur nos terrains d’enquête, nous constations que l’appropriation de ces pensées menait à la montée d’un #essentialisme fondé sur une approche mystifiée de l’#identité, ainsi qu’à des #dérives_racistes. Il nous semblait donc crucial de proposer une critique d’ordre théorique, latino-américaine et formulée depuis une perspective anticolonialiste. Car nous partageons avec les décoloniaux le diagnostic d’une continuité du fait colonial par-delà les #décolonisations, et le constat que cette grille de lecture demeure pertinente pour saisir la reproduction des #dominations actuelles. Notre ouvrage, paru initialement au Mexique en 2020 [Piel Blanca, Mascaras Negras. Critica de la Razon Decolonial, UNAM], présente donc un débat interne à la gauche intellectuelle latino-américaine, qui contraste avec le manichéisme du débat français, où la critique est monopolisée par une droite « #antiwoke ».

    Le cœur de votre critique se déploie justement autour de l’accusation d’« essentialisme ». Pourquoi ce trait vous pose-t-il problème ?

    En fétichisant la date de #1492, les études décoloniales procèdent à une rupture fondamentale qui conduit à un manichéisme et une réification d’ordre ethnique. L’Occident, porteur d’une modernité intrinsèquement toxique, devient un ectoplasme destructeur. Cette #satanisation produit, en miroir, une #idéalisation des #peuples_indigènes, des #cosmologies_traditionnelles et des temps préhispaniques. Une telle lecture crée un « #orientalisme_à_rebours », pour reprendre la formule de l’historien #Michel_Cahen [qui vient de publier Colonialité. Plaidoyer pour la précision d’un concept, Karthala, 232 pages, 24 euros], avec un #mythe stérile et mensonger du #paradis_perdu.

    Or, il s’agit à nos yeux de penser l’#hybridation et le #métissage possibles, en réfléchissant de façon #dialectique. Car la #modernité a aussi produit des pensées critiques et émancipatrices, comme le #marxisme, tandis que les coutumes indigènes comportent également des #oppressions, notamment patriarcales. Cette #focalisation_ethnique empêche de penser des #rapports_de_domination pluriels : il existe une #bourgeoisie_indigène comme un #prolétariat_blanc. Cette essentialisation suscite, en outre, un danger d’ordre politique, le « #campisme », faisant de toute puissance s’opposant à l’Occident une force par #essence_décoloniale. La guerre menée par la Russie en Ukraine montre à elle seule les limites d’une telle position.

    En quoi le positionnement théorique décolonial vous semble-t-il gênant ?

    La stratégie de rupture du mouvement conduit à plusieurs écueils problématiques, dont le principal tient au rapport avec sa tradition théorique. Il procède à des récupérations malhonnêtes, comme celle de #Frantz_Fanon (1925-1961). Les décoloniaux plaquent leur grille de lecture sur ce dernier, gommant la portée universaliste de sa pensée, qui l’oppose clairement à leur geste critique. Certains se sont rebellés contre cette appropriation, telle la sociologue bolivienne #Silvia_Rivera_Cusicanqui, qui a accusé Walter Mignolo d’avoir détourné sa pensée.

    Sur le plan conceptuel, nous critiquons le galimatias linguistique destiné à camoufler l’absence de nouveauté de certains concepts – comme la « colonialité », qui recoupe largement le « #colonialisme_interne » développé à la fin du XXe siècle – et, surtout, leur faiblesse. Au prétexte de fonder un cadre théorique non eurocentrique, les décoloniaux ont créé un #jargon en multipliant les notions obscures, comme « #pluriversalisme_transmoderne » ou « #différence_transontologique », qui sont d’abord là pour simuler une #rupture_épistémique.

    Votre critique s’en prend d’ailleurs à la méthode des études décoloniales…

    Les études décoloniales ne reposent sur aucune méthode : il n’y a pas de travail de terrain, hormis chez Arturo Escobar, et très peu de travail d’archives. Elles se contentent de synthèses critiques de textes littéraires et théoriques, discutant en particulier des philosophes comme Marx et Descartes, en s’enfermant dans un commentaire déconnecté du réel. Il est d’ailleurs significatif qu’aucune grande figure du mouvement ne parle de langue indigène. Alors qu’il est fondé sur la promotion de l’#altérité, ce courant ne juge pas nécessaire de connaître ceux qu’il défend.

    En réalité, les décoloniaux exploitent surtout un #misérabilisme en prétendant « penser depuis les frontières », selon le concept de Walter Mignolo. Ce credo justifie un rejet des bases méthodologiques, qui seraient l’apanage de la colonialité, tout en évacuant les critiques à son égard, puisqu’elles seraient formulées depuis l’eurocentrisme qu’ils pourfendent. Ce procédé conduit à un eurocentrisme tordu, puisque ces auteurs recréent, en l’inversant, le « #privilège_épistémique » dont ils ont fait l’objet de leur critique. Ils ont ainsi construit une bulle destinée à les protéger.

    Sur quelle base appelez-vous à fonder une critique de gauche du colonialisme ?

    En opposition aux penchants identitaires des décoloniaux, nous soutenons le retour à une approche matérialiste et #dialectique. Il s’agit de faire dialoguer la pensée anticoloniale, comme celle de Frantz Fanon, avec l’analyse du #capitalisme pour renouer avec une critique qui imbrique le social, l’économie et le politique, et pas seulement le prisme culturel fétichisé par les décoloniaux. Cette #intersectionnalité permet de saisir comment les pouvoirs néocoloniaux et le capitalisme contemporain reproduisent des phénomènes de #subalternisation des pays du Sud. Dans cette perspective, le #racisme n’est pas un moteur en soi, mais s’insère dans un processus social et économique plus large. Et il s’agit d’un processus historique dynamique, qui s’oppose donc aux essentialismes identitaires par nature figés.

    « Critique de la raison décoloniale » : la dénonciation d’une « #imposture »

    Les études décoloniales constitueraient une « #contre-révolution_intellectuelle ». L’expression, d’ordinaire réservée aux pensées réactionnaires, signale la frontalité de la critique, mais aussi son originalité. Dans un débat français où le label « décolonial » est réduit à un fourre-tout infamant, cet ouvrage collectif venu d’Amérique latine apporte un bol d’air frais. Copiloté par Pierre Gaussens et Gaya Makaran, chercheurs basés au Mexique, Critique de la raison décoloniale (L’Echappée, 256 pages, 19 euros) élève le débat en formulant une critique d’ordre théorique.

    Six textes exigeants, signés par des chercheurs eux-mêmes anticoloniaux, s’attachent à démolir ce courant, qualifié d’« imposture intellectuelle ». Les deux initiateurs du projet ouvrent l’ensemble en ramassant leurs griefs : l’essentialisation des peuples à travers un prisme culturel par des auteurs qui « partagent inconsciemment les prémisses de la théorie du choc des civilisations ». Les quatre contributions suivantes zooment sur des facettes des études décoloniales, en s’attaquant notamment à la philosophie de l’histoire qui sous-tend sa lecture de la modernité, à quelques-uns de ses concepts fondamentaux (« pensée frontalière », « colonialité du pouvoir »…) et à son « #ontologie de l’origine et de la #pureté ». Un dernier texte plus personnel de la chercheuse et activiste Andrea Barriga, ancienne décoloniale fervente, relate sa désillusion croissante à mesure de son approfondissement de la pensée d’Anibal Quijano, qui lui est finalement apparue comme « sans consistance ».

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/24/pierre-gaussens-sociologue-les-etudes-decoloniales-reduisent-l-occident-a-un
    #décolonial

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    • En complément :
      https://lvsl.fr/pourquoi-lextreme-droite-sinteresse-aux-theories-decoloniales

      L’extrême droite veut décoloniser. En France, les intellectuels d’extrême droite ont pris l’habitude de désigner l’Europe comme la victime autochtone d’une « colonisation par les immigrés » orchestrée par les élites « mondialistes ». Renaud Camus, théoricien du « grand remplacement », a même fait l’éloge des grands noms de la littérature anticoloniale – « tous les textes majeurs de la lutte contre la colonisation s’appliquent remarquablement à la France, en particulier ceux de Frantz Fanon » – en affirmant que l’Europe a besoin de son FLN (le Front de Libération Nationale a libéré l’Algérie de l’occupation française, ndlr). Le cas de Renaud Camus n’a rien d’isolé : d’Alain de Benoist à Alexandre Douguine, les figures de l’ethno-nationalisme lisent avec attention les théoriciens décoloniaux. Et ils incorporent leurs thèses, non pour contester le système dominant, mais pour opposer un capitalisme « mondialiste », sans racines et parasitaire, à un capitalisme national, « enraciné » et industriel.

      Article originellement publié dans la New Left Review sous le titre « Sea and Earth », traduit par Alexandra Knez pour LVSL.

    • Les pensées décoloniales d’Amérique latine violemment prises à partie depuis la gauche

      Dans un livre collectif, des universitaires marxistes dénoncent l’« imposture » des études décoloniales, ces théories qui tentent de déconstruire les rapports de domination en Amérique latine. Au risque de la simplification, répondent d’autres spécialistes.

      PourPour une fois, la critique ne vient pas de la droite ou de l’extrême droite, mais de courants d’une gauche marxiste que l’on n’attendait pas forcément à cet endroit. Dans un livre collectif publié en cette fin d’année, Critique de la raison décoloniale (L’échappée), une petite dizaine d’auteur·es livrent une charge virulente à l’égard des études décoloniales, tout à la fois, selon eux, « imposture », « pensée ventriloque », « populisme » et « contre-révolution intellectuelle ».

      Le champ décolonial, surgi dans les années 1990 sur le continent américain autour de penseurs comme Aníbal Quijano (1928-2018), reste confidentiel en France. Ce sociologue péruvien a forgé le concept de « colonialité du pouvoir », qui renvoie aux rapports de domination construits à partir de 1492 et le début des « conquêtes » des Européens aux Amériques. Pour ces intellectuel·les, les vagues d’indépendances et de décolonisations, à partir du XIXe siècle, n’ont pas changé en profondeur ces rapports de domination.

      La première génération des « décoloniaux » sud-américains, autour de Quijano, de l’historien argentino-mexicain Enrique Dussel (1934-2023) et du sémiologue argentin Walter Mignolo (né en 1941), a développé à la fin des années 1990 un programme de recherche intitulé « Modernité/Colonialité/Décolonialité » (M/C/D). Ils ont analysé, souvent depuis des campus états-uniens, la « colonialité », non seulement du « pouvoir », mais aussi des « savoirs » et de « l’être ».

      Pour eux, 1492 est un moment de bascule, qui marque le début de la « modernité » (le système capitaliste, pour le dire vite) et de son revers, la « colonialité » : le système capitaliste et le racisme sont indissociables. Selon ces auteurs, « le socle fondamental de la modernité est le “doute méthodique” jeté sur la pleine humanité des Indiens », doute qui deviendra un « scepticisme misanthrope systématique et durable » jusqu’à aujourd’hui, expliquent Philippe Colin et Lissell Quiroz dans leur ouvrage de synthèse sur les Pensées décoloniales. Une introduction aux théories critiques d’Amérique latine, publié en 2023 (éditions de La Découverte).

      « Au-delà des indéniables effets de mode, la critique décoloniale est devenue l’un des paradigmes théoriques incontournables de notre temps », écrivent encore Colin et Quiroz. Depuis la fin des années 1990, cette manière de critiquer le capitalisme, sans en passer par le marxisme, s’est densifiée et complexifiée. Elle a été reprise dans la grammaire de certains mouvements sociaux, et récupérée aussi de manière rudimentaire par certains gouvernements étiquetés à gauche.

      C’est dans ce contexte qu’intervient la charge des éditions L’échappée, qui consiste dans la traduction de six textes déjà publiés en espagnol (cinq au Mexique en 2020, un autre en Argentine en 2021). Parmi eux, Pierre Gaussens et Gaya Makaran, deux universitaires basé·es à Mexico, l’un Français, l’autre Polonaise, s’en prennent à ces « discours académiques qui veulent parler à la place des subalternes » et dénoncent une « représentation ventriloque des altérités ».

      Préoccupé·es par l’influence grandissante des théories décoloniales dans leur milieu universitaire, Gaussens et Makaran veulent exposer leurs « dangers potentiels ». Dont celui de contribuer à « justifier des pratiques discriminatoires et excluantes, parfois même ouvertement racistes et xénophobes, dans les espaces où celles-ci parviennent à rencontrer un certain écho, surtout à l’intérieur du monde étudiant ».

      Les critiques formulées par ces penseurs d’obédience marxiste sont légion. Ils et elles reprochent une manière de penser l’Europe de manière monolithique, comme un seul bloc coupable de tous les maux – au risque d’invisibiliser des luttes internes au continent européen. Ils contestent la focalisation sur 1492 et jugent anachronique la référence à une pensée raciale dès le XVe siècle.

      De manière plus globale, ils dénoncent un « biais culturaliste », qui accorderait trop de place aux discours et aux imaginaires, et pas assez à l’observation de terrain des inégalités économiques et sociales ou encore à la pensée de la forme de l’État au fil des siècles. « L’attention qu’ils portent aux identités, aux spécificités culturelles et aux “cosmovisions” les conduit à essentialiser et à idéaliser les cultures indigènes et les peuples “non blancs”, dans ce qui en vient à ressembler à une simple inversion de l’ethnocentrisme d’origine européenne », écrit le journaliste Mikaël Faujour dans la préface de l’ouvrage.

      Ils critiquent encore le soutien de certains auteurs, dont Walter Mignolo, à Hugo Chávez au Venezuela et Evo Morales en Bolivie – ce que certains avaient désigné comme une « alliance bolivarienne-décoloniale », au nom de laquelle ils ont pu soutenir des projets néo-extractivistes sur le sol des Amériques pourtant contraires aux intérêts des populations autochtones.

      Dans une recension enthousiaste qu’il vient de publier dans la revue Esprit, l’anthropologue Jean-Loup Amselle parle d’un livre qui « arrive à point nommé ». Il critique le fait que les décoloniaux ont « figé », à partir de 1492, l’Europe et l’Amérique en deux entités « hypostasiées dans leurs identités respectives ». « Pour les décoloniaux, insiste Amselle, c’est le racisme qui est au fondement de la conquête de l’Amérique, bien davantage que les richesses qu’elle recèle, et c’est le racisme qui façonne depuis la fin du XVe siècle le monde dans lequel on vit. »

      La parole d’Amselle importe d’autant plus ici qu’il est l’un des tout premiers, depuis la France, à avoir critiqué les fondements de la pensée décoloniale. Dans L’Occident décroché. Enquête sur les postcolonialismes (Seuil, 2008), il consacrait déjà plusieurs pages critiques en particulier de la pensée « culturaliste », essentialiste, de Walter Mignolo lorsque ce dernier pense le « post-occidentalisme ».

      À la lecture de Critique de la raison décoloniale, si les critiques sur les partis pris téléologiques dans certains travaux de Walter Mignolo et Enrique Dussel visent juste, la virulence de la charge interroge tout de même. D’autant qu’elle passe presque totalement sous silence l’existence de critiques plus anciennes, par exemple sur le concept de « colonialité du pouvoir », en Amérique latine.

      Dans une recension publiée dans le journal en ligne En attendant Nadeau, l’universitaire David Castañer résume la faille principale du livre, qui « réside dans l’écart entre ce qu’il annonce – une critique radicale de la théorie décoloniale dans son ensemble – et ce qu’il fait réellement – une lecture du tétramorphe Mignolo, Grosfoguel [sociologue d’origine portoricaine – ndlr], Quijano, Dussel ». Et de préciser : « Or, il y a un grand pas entre critiquer des points précis des pensées de ces quatre auteurs et déboulonner cette entité omniprésente que serait le décolonial. »

      Tout se passe comme si les auteurs de cette Critique passaient sous silence la manière dont ce champ s’est complexifié, et avait intégré ses critiques au fil des décennies. C’est ce que montre l’ouvrage de Colin et Quiroz dont le dernier chapitre est consacré, après les figures tutélaires des années 1990 – les seules qui retiennent l’attention de Gaussens et de ses collègues –, aux « élargissements théoriques et militants ».
      Méta-histoire

      L’exemple le plus saillant est la manière dont des féministes, à commencer par la philosophe argentine María Lugones (1944-2020), vont critiquer les travaux de Quijano, muets sur la question du genre, et proposer le concept de « colonialité du genre », à distance du « féminisme blanc », sans rejeter pour autant ce fameux « tournant décolonial ».

      Idem pour une pensée décoloniale de l’écologie, à travers des chercheurs et chercheuses d’autres générations que celles des fondateurs, comme l’anthropologue colombien Arturo Escobar (qui a critiqué le concept de développement comme une invention culturelle d’origine occidentale, et théorisé le « post-développement ») ou l’Argentine Maristella Svampa, devenue une référence incontournable sur l’économie extractiviste dans le Cône Sud.

      La critique formulée sur la fixation problématique sur 1492 chez les décoloniaux ne convainc pas non plus Capucine Boidin, anthropologue à l’université Sorbonne-Nouvelle, jointe par Mediapart : « Les auteurs décoloniaux font une philosophie de l’histoire. Ils proposent ce que j’appelle un méta-récit. Ce n’est pas de l’histoire. Il n’y a d’ailleurs aucun historien dans le groupe des études décoloniales. Cela n’a pas de sens de confronter une philosophie de l’histoire à des sources historiques : on ne peut qu’en conclure que c’est faux, incomplet ou imprécis. »

      Cette universitaire fut l’une des premières à présenter en France la pensée décoloniale, en invitant Ramón Grosfoguel alors à l’université californienne de Berkeley, dans un séminaire à Paris dès 2007, puis à coordonner un ensemble de textes – restés sans grand écho à l’époque – sur le « tournant décolonial » dès 2009.

      Elle tique aussi sur certaines des objections formulées à l’égard d’universitaires décoloniaux très dépendants des universités états-uniennes, et accusés d’être coupés des cultures autochtones dont ils parlent. À ce sujet, Silvia Rivera Cusicanqui, une sociologue bolivienne de premier plan, connue notamment pour avoir animé un atelier d’histoire orale andine, avait déjà accusé dès 2010 le décolonial Walter Mignolo, alors à l’université états-unienne Duke, d’« extractivisme académique » vis-à-vis de son propre travail mené depuis La Paz.

      « Contrairement à ce que dit Pierre Gaussens, nuance Capucine Boidin, Aníbal Quijano parlait très bien, et chantait même, en quechua. C’était un sociologue totalement en prise avec sa société. Il a d’ailleurs fait toute sa carrière au Pérou, à l’exception de voyages brefs aux États-Unis durant lesquels il a échangé avec [le sociologue états-unien] Immanuel Wallerstein. Pour moi, c’est donc un procès d’intention qui fait fi d’une lecture approfondie et nuancée. »
      L’héritage de Fanon

      Au-delà de ces débats de spécialistes, les auteur·es de Critique de la raison décoloniale s’emparent avec justesse de nombreux penseurs chers à la gauche, de Walter Benjamin à Frantz Fanon, pour mener leur démonstration. Le premier chapitre s’intitule « Peau blanche, masque noire », dans une référence au Peau noire, masques blancs (1952) de l’intellectuel martiniquais. Le coup est rude : il s’agit d’accuser sans détour les décoloniaux d’être des « blancs » qui se disent du côté des peuples autochtones sans l’être.

      Pierre Gaussens et Gaya Makaran insistent sur les critiques formulées par Fanon à l’égard du « courant culturaliste de la négritude », qu’ils reprennent pour en faire la clé de voûte du livre. « Si le colonisé se révolte, ce n’est donc pas pour découvrir une culture propre ou un passé glorieux, ni pour prendre conscience de sa “race”, mais parce que l’oppression socio-économique qu’il subit ne lui permet pas de mener une existence pleine et entière », écrivent-ils.

      Dans l’épilogue de sa biographie intellectuelle de Fanon (La Découverte, 2024), Adam Shatz constate que des critiques de l’antiracisme contemporain, depuis le marxisme notamment, se réclament parfois du Martiniquais. « Ce qui intéressait Fanon n’était pas la libération des Noirs, mais celle des damnés de la Terre », confirme-t-il. Mais Shatz se montre aussi plus prudent, alors que « l’horizon de la société post-raciale [que Fanon appelait de ses vœux – ndlr] s’est considérablement éloigné » par rapport à 1961, année de sa mort à 36 ans à peine.

      À lire Shatz, Fanon menait une critique des pensées binaires telles que certains universalistes et d’autres identitaires la pratiquent. La nature de son œuvre la rend rétive aux récupérations. Il juge aussi que les décoloniaux, et des mouvements comme Black Lives Matter, qui se revendiquent tout autant de Fanon que les marxistes critiques de l’antiracisme, « sont plus fidèles à la colère » du psychiatre martiniquais, avec « leur style d’activisme imprégné d’urgence existentielle ».

      Aussi stimulante soit-elle, la publication de Critique de la raison décoloniale témoigne surtout, en creux, de la trop faible circulation des textes originaux des théories décoloniales en France, et du trop petit nombre de traductions disponibles en français (parmi les exceptions notables, la publication aux PUF en 2023 de Philosophie de la libération, de Dussel, classique de 1977). Le livre des éditions de L’échappée est une entreprise de démontage d’un champ encore peu documenté en France, ce qui donne à sa lecture un abord inconfortable.

      Et ce, même si Mikaël Faujour, collaborateur au Monde diplomatique, qui a traduit une partie des textes du recueil en français, avec l’essayiste partisan de la décroissance Pierre Madelin, insiste, dans une préface périlleuse, sur une clé de lecture française, qui complique encore la réception de l’ouvrage. Le journaliste s’inquiète des « cheminements » de la pensée décoloniale dans l’espace francophone, d’abord via les revues Multitudes et Mouvements, puis à travers le parti des Indigènes de la République (PIR) autour notamment de Houria Bouteldja, jusqu’à déplorer « le rapprochement, à partir de 2019, entre les décoloniaux autour du PIR et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon ».

      La charge n’est pas sans rappeler le débat suscité en 2021 par le texte du sociologue Stéphane Beaud et de l’historien Gérard Noiriel, sur le « tournant identitaire » dans les sciences sociales françaises. Au risque d’ouvrir ici une vaste discussion plus stratégique sur les gauches françaises, qui n’a que peu à voir avec les discussions théoriques posées par les limites des premières vagues de la théorie décoloniale en Amérique latine ?

      Joint par Mediapart, Faujour assure le contraire : « Il n’y a pas d’étanchéité entre les deux espaces [français et latino-américain]. D’ailleurs, le livre [original publié en 2020 au Mexique] contenait un texte critique de Philippe Corcuff sur les Indigènes de la République. Par ailleurs, Bouteldja salue Grosfoguel comme un “frère”. Dussel et Grosfoguel sont venus en France à l’invitation du PIR. Tout l’appareillage lexical et conceptuel, la lecture historiographique d’une modernité débutée en 1492 unissant dans la “colonialité”, modernité, colonialisme et capitalisme, mais aussi la critique de la “blanchité”, entre autres choses, constituent bel et bien un fonds commun. »

      Mais certain·es redoutent bien une confusion dans la réception du texte, dans le débat français. « Pierre Gaussens et Gaya Makaran travaillent depuis le Mexique, avance Capucine Boidin. Je comprends une partie de leur agacement, lorsqu’ils sont face à des étudiants latino-américains, de gauche, qui peuvent faire une lecture simplifiée et idéologique de certains textes décoloniaux. D’autant qu’il peut y avoir une vision essentialiste, romantique et orientaliste des cultures autochtones, dans certains de ces écrits. »

      « Mais en France, poursuit-elle, nous sommes dans une situation très différente, où les études décoloniales sont surtout attaquées sur leur droite. Manifestement, Pierre Gaussens est peu informé des débats français. Ce livre arrive comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, avec le risque de donner à la droite des arguments de gauche pour critiquer les études décoloniales. »

      https://www.mediapart.fr/journal/international/271224/les-pensees-decoloniales-d-amerique-latine-violemment-prises-partie-depuis

  • Bayssour, le village druze solidaire des déplacés chiites du sud du Liban
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/11/07/bayssour-le-village-druze-solidaire-des-deplaces-chiites-du-sud-du-liban_638

    Quand les journalistes de Le Monde t’expliquent la réalité des religions de cet Orient compliqué que la science orientaliste permet néanmoins de clarifier... pas sûr que les cheykh-s druzes et les oulama-s chiites apprécient ce genre de raccourci...

    Pour beaucoup de ces déplacés, de confession chiite, c’était la première fois qu’ils rencontraient des Druzes (une minorité qui pratique une forme mystique de l’islam chiite, considérée par les sunnites comme par les chiites comme blasphématoire). M

  • الأحداث اللبنانية🇱🇧 sur X : « 🚨🚨هام : افيخاي ادرعي ... الم تقرأ عن الشيعة، لقد غدروا بجنودنا وهم في صالة الطعام وهذا محرم في الإسلام » / X
    https://x.com/L_B_N_A/status/1845553935568040448

    Vous ne devinerez jamais comment Avishai, le porte-parole arabophone de l’armée qui dynamite les mosquées sunnites (et qui est comme cul et chemise avec l’Azerbaidjan chiite), veut convaincre son auditoire sunnite qu’il existe une alliance entre les chiites et Lucifer en personne :

    N’avez-vous pas entendu parler des chiites ? Ils ont piégé nos soldats alors qu’ils étaient dans la salle à manger, et cela est interdit dans l’Islam.

    #chutzpah (protocole des sages de Karbala)

  • Orientalism: Desert Level Music vs Actual Middle-Eastern Music - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=LR511iAedYU

    Farya Faraji is an Iranian ethnomusicologist / musician. In this video he compares, contrasts, dissects, and analyzes the differences between actual Persian (and other middle eastern musics & traditions) vs the poor substitute Hollywood & YouTube offer us instead.

    The video is long.

    He repeats some points over and over, but in between he offers many many concrete examples to illustrate & support his arguments. In between the repetitions and examples, he makes some absolutely hilarious statements and parodies.

    Your appreciation of this video will probably be dependent on your degree of musical training.

    If you can’t watch the whole video,
    then I especially encourage you to watch/listen to “chapters” 2, 4, 11, 12.
    Chapter 2: 03:45 Defining Orientalist music
    Chapter 4: 17:44 “Indian, Arab, same thing”
    Chapter 11: 1:21:00 How Orientalism sucks for Easterners
    Chapter 12: 1:26:34 How Orientalism sucks for Westerners

    He’s only talking about music in this video.
    EVERYTHING HE SAYS HERE APPLIES EQUALLY to ALL OTHER ASPECTS of Eastern Cultures as presented to you by Hollywood and the Narrative-sellpushersers: Culture, History, Politics, Religion, Aspirations, Intentions, Motivations...

    If they can’t get just the music close to right, why would you listen to THE NARRATIVES about more important matters?

    Génial ! #orientalisme

  • Jean-Pierre Filiu, Le Moyen-Orient en 2050 : un essai de prospective. Institut Diderot. 2024. - Ops & Blogs | The Times of Israël
    https://frblogs.timesofisrael.com/jean-pierre-filiu-le-moyen-orient-en-2050-un-essai-de-prospec

    Une petite perle... #orientalisme

    Les diplomates européens ne comprennent pas l’âme arabe, ils ne savent pas que très peu de gens sur cette planète sont cartésiens. C’est triste, mais c’est ainsi.

    à propos de l’auteur
    Né en 1951 à Agadir, père d’une jeune fille, le professeur Hayoun est spécialiste de la philosophie médiévale juive et judéo-arabe et du renouveau de la philosophique judéo-allemande depuis Moses Mendelssohn à Gershom Scholem, Martin Buber et Franz Rosenzweig. Ses tout derniers livres portent sur ses trois auteurs.

  • Avoir raison avec... #Edward_Saïd

    À propos de la série
    Américano-palestinien, né à Jérusalem, nourri de l’exil, ce théoricien du #post-colonialisme, et #humaniste infatigable, n’a pas toujours été compris, particulièrement en France, son influence sur les #études_postcoloniales reste pourtant indéniable.

    Comment s’écrit et se conçoit un ouvrage qui marque son époque ? Toute cette semaine nous nous intéressons à l’auteur de L’orientalisme, publié en 1978 aux États-Unis par Edward Saïd. Ce professeur de littérature anglaise et de littérature comparée à l’Université de Columbia est un américano-palestinien né à Jérusalem en 1935. Il a grandi au Caire, et sa famille a vécu douloureusement la création d’Israël en 1948 qui marque la perte de la maison familiale à Jérusalem. Et l’impossibilité d’y retourner.

    Edward Saïd, qui passait alors ses vacances en famille à Beyrouth, est donc l’homme de multiples attachements, puisque son parcours scolaire, d’écoles anglaises en écoles américaines au Caire, lui donnent une grande culture musicale et littéraire européenne.

    Il interrogera cette culture dans un aller-retour entre Occident et Orient dans « l’orientalisme » qui est considéré comme un des livres fondatrices des études post-coloniales.

    C’est cet itinéraire d’exil et d’invention culturelle et intellectuelle que cette série d’émissions se propose d’approcher en compagnie de cinq spécialistes de son œuvre.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-avoir-raison-avec-edward-said
    #podcast #audio #orientalisme #ressources_pédagogiques #Edward_Said

  • Le massacre de Gaza sape la culture de la démocratie
    Par Enzo Traverso – Jacobin le 6 avril 2024 - traduction rédaction A l’Encontre
    source : https://jacobin.com/2024/04/gaza-genocide-holocaust-memory-democracy
    http://alencontre.org/moyenorient/palestine/le-massacre-de-gaza-sape-la-culture-de-la-democratie.html

    (...) Israël viole le droit international depuis des décennies et perpètre aujourd’hui un génocide à Gaza avec des armes fournies par les Etats-Unis et plusieurs pays européens. Ces puissances occidentales pourraient arrêter la guerre en quelques jours, mais elles sont incapables de refuser leur soutien à un gouvernement corrompu, d’extrême droite, composé de criminels de guerre, car ce gouvernement fait partie d’elles-mêmes, alors elles se contentent de recommandations et d’appels à la modération.

    Tous les grands médias occidentaux ont endossé sans réserve un récit sioniste qui célèbre sans vergogne l’histoire des uns et ignore ou nie celle des autres. En Europe et aux Etats-Unis, comme l’a fait remarquer Saïd, Israël n’est jamais traité comme un Etat, mais plutôt comme « une idée ou un talisman quelconque », intériorisé pour légitimer les pires abus au nom de principes moraux élevés.

    Des décennies d’occupation militaire, de harcèlement et de violence apparaissent ainsi comme l’autodéfense d’un Etat menacé, et la résistance palestinienne comme une manifestation de haine antisémite. Réinterprétée dans une perspective orientaliste, l’histoire juive se déroule comme un long martyre dans l’attente d’une rédemption bien méritée, et les Palestiniens deviennent un peuple sans histoire.

    Raison d’Etat

    Les étudiants pro-palestiniens sont dépeints comme des antisémites enragés dans la plupart des médias grand public. Dans plusieurs universités états-uniennes, ils ont été mis sur liste noire ou menacés de sanctions en raison de leur participation à des manifestations contre le génocide de Gaza. En Allemagne [interview d’Emily Dische-Becker, dans Jacobin le 23 mars 2024] et en Italie, des rassemblements ont été brutalement réprimés, tandis que le premier ministre français Gabriel Attal a annoncé des mesures sévères contre des militants pro-palestiniens.

    La mémoire de l’Holocauste est rituellement célébrée comme une religion civile dans l’Union européenne, et la défense d’Israël est devenue, comme Angela Merkel et Olaf Scholz l’ont affirmé à plusieurs reprises, la « Staatsraison » de la République fédérale d’Allemagne (RFA). Aujourd’hui, l’Allemagne invoque cette mémoire pour justifier le massacre des Palestiniens à Gaza. Après le 7 octobre, le pays est traversé par une atmosphère de chasse aux sorcières contre toute forme de solidarité avec la Palestine.

    Mais l’Allemagne n’est que l’expression paroxystique d’une tendance plus large. Cela explique pourquoi, notamment aux Etats-Unis, de nombreux Juifs ont élevé la voix pour dire « pas en mon nom ».

    Les références à la « raison d’Etat » sont à la fois curieuses et révélatrices d’un aveu implicite d’ambiguïté morale et politique. Comme le savent tous les spécialistes de la théorie politique, ce concept rappelle les côtés sombres et cachés du pouvoir politique. Habituellement identifiée à la pensée de Niccolo Machiavel, même si le terme lui-même n’apparaît pas dans ses écrits, la raison d’Etat signifie la transgression de la loi au nom d’impératifs supérieurs de sécurité de l’Etat.
    (...)
    Derrière la raison d’Etat , ce n’est pas la démocratie qui se profile, mais Guantanamo.
    Ainsi, lorsque la RFA soutient Israël en invoquant la Staatsraison , elle admet implicitement l’immoralité de sa politique. Aujourd’hui, le soutien inconditionnel de l’Allemagne à Israël compromet la culture, la pédagogie et la mémoire démocratiques qui se sont construites au cours de plusieurs décennies, et notamment après le « Historikerstreit » au milieu des années 1980.

    Cette politique jette une ombre sur le Mémorial de l’Holocauste qui se dresse au cœur de Berlin et qui n’apparaît plus comme l’expression d’une conscience historique tourmentée et des vertus du souvenir, mais plutôt comme un imposant symbole d’hypocrisie.
    (...)

    • 5 Questions à... Enzo Traverso | De l’usage politique de la mémoire collective de l’Holocauste
      CAREP Paris - 6 janv. 2024
      https://www.youtube.com/watch?v=iLLY7OjQZZQ

      Commémorer l’Holocauste est l’occasion de rappeler à la mémoire collective les six millions de victimes majoritairement juives de l’oppression nazie. Si la commémoration de cette mémoire invite à réfléchir aux idéologies et aux actions qui conduisent aux génocides ou à des crimes contre l’humanité, elle nous invite aussi à réfléchir de manière critique à son détournement à des fins politiques. Parce qu’elle fait appel aux émotions plutôt qu’à la raison, la mobilisation de la mémoire par des politiques s’avère une stratégie intéressante à analyser.
      Dans cet entretien, l’historien italien Enzo Traverso, spécialiste du totalitarisme et des politiques de la mémoires, revient pour nous sur les effets dévastateurs de cette instrumentalisation politique de la mémoire de l’Holocauste à l’aune du conflit israélo-palestinien.

  • Mahmûd Muhammad Taha (et Abdelwahab Meddeb) - Le Moine Bleu
    http://lemoinebleu.blogspot.com/2024/04/vous-avez-un-nouveau-message.html

    ≪Le livre de Taha tranche d’une manière radicale entre la part vive ─ encore valide ─ et la part périssable ─ obsolète ─ du #Coran. Les révélations mecquoises, signalant la dimension métaphysique, ethnique, eschatologique (le versant "mont des Oliviers, en somme) peuvent encore nourrir et structurer les âmes, tandis que l’organisation médinoise, plus juridique, politique, militaire, constitue la part conjoncturelle, archaïque, adaptée aux mentalités d’une époque révolue, dépassée par l’évolution humaine. Cette distinction rend caduques les légitimations de l’esclavage, de la polygamie, du voile, du droit de succession différent selon les sexes, de l’interdit de l’adoption, du vin ; exit la loi du talion ainsi que les hudûd, ces châtiments corporels assimilés aux peines pénales (appelant à couper la main du voleur, à lapider à mort l’adultère, etc) ; exit le jihâd, la guerre sainte, la jizya, l’impôt humiliant qui enferme le minoritaire, le dhimmi, le « protégé », dans un statut inférieur. Et de demander qu’on adopte, à la place de ces lois archaïques, les acquis de l’habeas corpus, préalable à l’adaptation aux avancées du droit positif occidental. 

    En somme, l’auteur renverse le procédé technique de l’abrogé et de l’abrogeant utilisé dans l’exégèse traditionnelle, laquelle résout, comme nous l’avons vu, les contradictions coraniques en donnant aux versets postérieurs ─ médinois ─ la capacité d’abroger les versets antérieurs ─ mecquois ─, qui sont plus doux, moins exclusifs, parce qu’ils n’ont pas été inspirés dans une position de pouvoir. Par l’effet de cette inversion, les dispositions scripturaires qui symbolisent les revendications polémiques des #intégristes sont situés par Mahmûd Muhammad Taha dans la part caduque du Coran. Là où nos intégristes radicalisent et systématisent le procédé de l’abrogeant et de l’abrogé, il le déconstruit en le retournant.

    [...]
    Précision du Moine Bleu : Nous sommes parfaitement conscients tant de la complaisance de Abdelwahab Meddeb, décédé en 2014, à l’égard de la junte post-bourguibiste tunisienne ayant régné de 1987 à 2011, que de la raison sociale et politique bien particulière des attaques encore dirigées contre lui à ce sujet, et émanant, pour l’essentiel, des mêmes inévitables raclures tiers-mondistes genre Monde diplomatique, transcendantalement acoquinées avec le frérisme ≪anti-impérialiste≫. Meddeb fut, d’ailleurs, lui-même, assez clair et honnête en définitive, au moment (après la Révolution tunisienne) de faire retour sur ses propres attitude et parcours.

    #islam #musulmans #soufisme #frèrisme

    • « la passion philosophique et leur défense non seulement de la Raison mais aussi de la beauté et de la culture, se superposant volontiers chez eux à des positions de classe conservatrices, tendant souvent au despotisme oriental éclairé, dont le néo-destourisme offrit une triste et parfaite illustration »

      #orientalisme de la meilleure veine...

  • The Reading of the Bible by the Rabbis (A Souvenir of Morocco) par Jean Jules Antoine Lecomte du Noüy (1842–1923)

    Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jules-Antoine_Lecomte_du_Nou%C3%BF

    En 1873, associé à la Ville de Paris, l’État passe commande à l’artiste de deux vastes compositions pour la décoration de l’église de la Sainte-Trinité, qu’il livrera quelques années plus tard ; il s’agit de Saint Vincent de Paul ramène des galériens à la foi (1876) et Saint Vincent de Paul secourant les Alsaciens et les Lorrains après la guerre de 1637 (1879).

    https://en.wikipedia.org/wiki/Jean-Jules-Antoine_Lecomte_du_Nou%C3%BF#Artistic_style
    Artistic style

    The Orientalist style is largely characterized by its content, but also by its subdued realism and precision allotted towards depicting the human form. The latter is a prominent characteristic of the 19th century methods upheld by the Académie des Beaux-Arts. Du Nouÿ was a prominent figure within the sphere of academic art and thereby adhered to a rule-based artistic style of well-developed skill and formal composition. The artistic composition of his paintings was often complemented by the use of half-light, which added certain dramatic and melancholic qualities to his work. To this day some, like Alan Braddock, consider Du Nouÿ to have been decidedly modern for his time, because his work directly and indirectly broached some of the key issues of his day, albeit from a decidedly conservative perspective: colonialism, international trade, gender, religion, and history

    Ramsès dans son harem (1887)

    L’Esclave blanche (1888)


    Elle fume !

    A l’entree du harem

    https://onlineonly.christies.com/s/kagan-collection/jean-jules-antoine-lecomte-du-nouy-paris-1842-1929-20/116706

    Jean Jules Antoine Lecomte du Nouÿ Paris, 1842 - 1923 Entrée du Palais Morosini à San Salvator, Venise Huile sur toile

    THE SENTINEL - by Jean Lecomte du Nouÿ

    The Citrus Seller - Jean Jules Antoine Lecomte du Noüy

    La prière du soir à Tanger

    Le souper de Beaucaire, Château de Malmaison, Rueil-Malmaison
    https://artifexinopere.com/blog/interpr/peintres/lecomte-du-nouy/jeunes-idoles-en-uniforme

    Nous reprenons ici pour partie l’analyse très détaillée de François Thoraval, qui voit dans ce tableau « l’une des plus brillantes peintures d’histoire de la deuxième moitié du XIXe siècle, trop longtemps reléguée au rang de vignette illustrée pour manuels d’après-guerre ».

    Capitaine à la main gantée, vers 1876, Esquisse pour Saint Vincent de Paul ramenant les galériens à la foi, Huile sur toile, 22,3 x 24,5 cm

    A Merchant in Cairo

    Invocation À Neptune, 1866

    Le Coup de vent, 1875 Huile sur toile - 48,7 x 77,2
    https://www.epdlp.com/cuadro.php?id=8986

    Win In Paintings
    https://jenikirbyhistory.getarchive.net/topics/wind+in+paintings

    Tombe de Valentine Peigné-Crémieux (1855-1876), épouse du sculpteur, médaillon, bronze, 1877, cimetière Montparnasse - Paris 14
    http://parissculptures.centerblog.net/25.html

    Collection Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ sur #Pinterest
    https://www.pinterest.com/mikisagax/jean-jules-antoine-lecomte-du-nou%C3%BF-18421923

    Collection Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ sur WikiArt
    https://www.wikiart.org/fr/jean-jules-antoine-lecomte-du-nouy

    –—

    Le Kronprinz Wilhelm d’Allemagne à la cour de Roumanie
    https://onlineonly.christies.com/s/kagan-collection/jean-jules-antoine-lecomte-du-nouy-paris-1842-1929-20/116706

    Photo prise au palais Cotroceni en avril 1909. Le fils aîné de Guillaume II séjournait en Roumanie à l’occasion du 70° anniversaire du roi Carol I (1).

    1-prince héritier Guillaume (Wilhelm) d’Allemagne
    2-Prince Karl Anton von Hohenzollern, frère du prince héritier Ferdinand
    3-princesse héritière Marie de Roumanie
    4-prince héritier Ferdinand de Roumanie
    5-prince Carol de Roumanie
    6-reine Elisabeth de Roumanie, née princesse zu Wied
    7-prince Nicolas de Roumanie
    8-princesse Maria (Mignon) de Roumanie

    Collection Famille royale de Roumanie sur Pinterest
    https://www.pinterest.com/dujaur/famille-royale-de-roumanie

    https://en.wikipedia.org/wiki/Jean-Jules-Antoine_Lecomte_du_Nou%C3%BF#Later_life_and_death

    Du Nouÿ spent most of the later years of his life in Romania. There he painted primarily the royal family and their subjects. However, he returned to Paris right before his death on 19 February 1923.

    https://en.wikipedia.org/wiki/Romania#World_Wars_and_Greater_Romania

    Austria-Hungary quickly disintegrated after the war. The General Congress of Bukovina proclaimed the union of the province with Romania on 28 November 1918, and the Grand National Assembly proclaimed the union of Transylvania, Banat, Crișana and Maramureș with the kingdom on 1 December. Peace treaties with Austria, Bulgaria and Hungary delineated the new borders in 1919 and 1920, but the Soviet Union did not acknowledge the loss of Bessarabia. Romania achieved its greatest territorial extent, expanding from the pre-war 137,000 to 295,000 km2 (53,000 to 114,000 sq mi). A new electoral system granted voting rights to all adult male citizens, and a series of radical agrarian reforms transformed the country into a “nation of small landowners” between 1918 and 1921. Gender equality as a principle was enacted, but women could not vote or be candidates. Calypso Botez established the National Council of Romanian Women to promote feminist ideas. Romania was a multiethnic country, with ethnic minorities making up about 30% of the population, but the new constitution declared it a unitary national state in 1923. Although minorities could establish their own schools, Romanian language, history and geography could only be taught in Romanian.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Roumanie#Royaume_de_Roumanie

    Après quatre siècles d’autonomie sous l’influence ottomane, les principautés de Moldavie et Valachie fusionnent en 1859, à la suite de la défaite des Russes à la guerre de Crimée, pour former le Vieux Royaume de Roumanie, dont l’indépendance totale par rapport à l’Empire ottoman sera reconnue au congrès de Berlin en 1878 à la suite de la guerre d’indépendance menée avec les russes contre les Ottomans où la Roumanie perd à nouveau le Boudjak au profit de l’Empire russe mais acquiert les deux tiers de la Dobrogée (en roumain : Dobrogea, en bulgare : Dobroudja), la Bulgarie recevant le dernier tiers. Sous l’impulsion du Premier ministre Ion Brătianu, la Roumanie devient un royaume, Carol Ier étant couronné roi en mai 1881. C’est le « Vieux Royaume ».

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lection_au_tr%C3%B4ne_de_Roumanie_de_1866#Cons%C3%A9quences_de_l

    Indépendance de la Roumanie
    Carol Ier vise dès le début de son règne à s’émanciper totalement de tutelle de l’Empire ottoman. En 1877, lorsque l’empire de Russie entre en guerre contre les Ottomans, la Roumanie combat aux côtés des Russes. La campagne militaire est longue, mais victorieuse et permet l’indépendance du pays, reconnue par le traité de San Stefano, puis lors du Congrès de Berlin en 1878. Le nouvel État perd cependant à nouveau le Boudjak au profit de la Russie, mais acquiert les deux tiers de la Dobrogée. Carol est couronné roi du nouveau royaume de Roumanie en mai 1881 et fonde, en désignant comme héritier son neveu Ferdinand, la dynastie des souverains qui règnent sur la Roumanie jusqu’en 1947

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Roumanie#L'entre-deux_guerres

    L’entre-deux guerres

    La défaite des Empires centraux et l’effondrement de l’Empire russe permettent à la Roumanie de voir sa population et sa superficie doubler par rapport à avant la guerre. La Bessarabie, auparavant russe, est occupée dès janvier 1918, et est annexée de fait. Le traité de Neuilly, le 27 novembre 1919, confirme le traité de Bucarest d’août 1913 qui concluait la Seconde Guerre Balkanique en retirant à la Bulgarie la Dobroudja du sud. Le traité de Saint-Germain du 10 décembre 1919 donne également à la Roumanie la Bucovine au nord, tandis que le traité du Trianon (4 juin 1920) lui attribue son plus gros gain territorial, la Transylvanie et le Banat, à l’ouest et au nord-ouest du pays.

    La superficie de la Roumanie est donc passée de 137 177km2 en 1913 à 295 049 km2 en 1920.

    On parle désormais de la « Grande Roumanie », dont la population est de 18 657 000 habitants contre seulement 7 897 311 selon le recensement d’avant-guerre. Parmi cette population, selon le recensement de 1930, il y a 28,1 % d’habitants issus de minorités : 1, 425 millions de Hongrois, 745 000 Allemands et 728 000 juifs, mais également des ukrainiens et des bulgares. Le statut de ces minorités est réglé par un traité imposé par la conférence de paix le 9 décembre 1919 à Alba Iulia, qui leur confère l’égalité des droits politiques34.

    La Roumanie se dote en 1921 de l’Agence Rador et votera très rapidement, de 1921 à 1923, de nombreuses réformes (vote des femmes, naturalisation des Roms et des réfugiés juifs, partage des grandes propriétés).

    De 1923 à 1938, la Roumanie fonctionne selon un système de démocratie parlementaire.

    Ferdinand I. (Rumänien)
    https://de.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_I._(Rum%C3%A4nien)#Leben

    Ferdinand von Hohenzollern-Sigmaringen (auch Ferdinand I., der Treue; * 24. August 1865 in Sigmaringen; † 20. Juli 1927 in Sinaia, Rumänien) war vom 10. Oktober 1914 bis zu seinem Tod 1927 König von Rumänien.
    ...
    Ferdinand wurde in Sigmaringen als zweiter Sohn des Fürsten Leopold von Hohenzollern-Sigmaringen und Antonias von Sachsen-Coburg und Gotha geboren. Prinz Ferdinand von Hohenzollern-Sigmaringen stammt aus der schwäbischen Linie des Hauses Hohenzollern. 1880 wurde er zum Thronfolger seines Onkels Karl I. von Rumänien (dessen einziges Kind, eine Tochter, mit drei Jahren gestorben war) proklamiert. Von 1887 bis 1889 studierte er Jura an den Universitäten Tübingen und Leipzig. Ab 1889 lebte er ständig in Rumänien. Am 10. Januar 1893 heiratete Ferdinand die englische Prinzessin Marie von Edinburgh, geboren als Prinzessin von Sachsen-Coburg und Gotha, die eine Enkelin der britischen Königin Victoria und des russischen Zaren Alexander II. war. Sie hatten drei Söhne, Karl II., Nicolae, Mircea (der schon sehr früh starb) und drei Töchter, Elisabeth, Maria, Ileana. Am 10. Oktober 1914 folgte er seinem Onkel König Karl I. von Rumänien auf den rumänischen Thron, indem er seiner Wahlheimat Loyalität schwor:

    „Ich werde als ein guter Rumäne regieren.“

    Obwohl er ein Mitglied der Hohenzollern, des deutschen Kaiserhauses, war, blieb Rumänien im Ersten Weltkrieg zunächst neutral und trat am 27. August 1916 mit einer Kriegserklärung an Österreich-Ungarn auf der Seite der Entente in den Konflikt ein. Weil er seinen Schwur hielt und gegen sein Geburtsland Deutschland Krieg führen sollte, erhielt Ferdinand von dem rumänischen Volk den Beinamen „der Treue“. Seiner Frau, der Königin Maria, wird erheblicher Einfluss auf die Entscheidung Ferdinands zu Gunsten der Alliierten zugesprochen. Nach einer kurzen Offensive in Siebenbürgen wurde die rumänische Armee im September gezwungen, sich auf die Grenze an den Karpaten zurückzuziehen. Der Durchbruch an der Karpaten-Front gelang den deutschen und k.u.k. Armeen erst im November 1916. Kurz darauf besetzten Truppen der Mittelmächte die Walachei und Dobrudscha und im Dezember/Januar stabilisierte sich die Front auf der Linie Ostkarpaten-Vrancea-Galați. 1917 gelang es den deutschen und k.u.k. Truppen nicht, die Moldau-Front zu durchbrechen, da deren Offensive an Mărășești scheiterte. Nachdem Russland aus dem Krieg ausgeschieden war, schloss Ferdinand am 7. Mai 1918 mit den Mittelmächten den Frieden von Bukarest, dessen Bestimmungen aber unerfüllt blieben, weil Ferdinand sich weigerte, das von den Mittelmächten Rumänien aufgezwungene Abkommen zu unterzeichnen. Ein halbes Jahr später hatten die Mittelmächte den Krieg verloren. Das Ende des Krieges brachte Rumänien beträchtliche Gebietsgewinne: Am 15. Oktober 1922, nach der Vereinigung Siebenbürgens, Bessarabiens und der Bukowina mit dem rumänischen Königreich, wurde Ferdinand in der neu erbauten Krönungskathedrale in Alba Iulia zum König Großrumäniens gekrönt. Mit der kleinen Entente 1921 stellte Ferdinand das Land an die Seite der Tschechoslowakei und Jugoslawiens und mit der großen Entente 1926 an die Frankreichs.

    #colonialisme #orientalisme #juifs #art #peinture #religion #histoire #Prusse #Roumanie

  • #Histoire de la sociologie coloniale
    https://laviedesidees.fr/Histoire-de-la-sociologie-coloniale

    La colonisation s’est accompagnée d’une volonté de savoir qui s’est appuyée sur des institutions spécifiques et qui, dans le champ des sciences sociales, a donné naissance à un #orientalisme tenace. À propos de : George Steinmetz, The Colonial Origins of Modern Social Thought. French Sociology and the Overseas Empire, Princeton

    #colonialisme
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20231026_fabiani.docx

  • Des deux cultures de Hichem Djaït
    https://laviedesidees.fr/Des-deux-cultures-de-Hichem-Djait.html

    À propos de : Hichem Djaït, Penser l’histoire, penser la #religion, Cérès éditions. Le dernier ouvrage publié par Hichem Djaït à la veille de sa disparition illustre son appartenance à deux cultures, l’islamique et l’occidentale, entre lesquelles il dit avoir « vogué ». Retour sur le parcours de cet historien et penseur tunisien méconnu.

    #islam #Histoire #orientalisme
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230112_hichem.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230112_hichem.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230113_hichem.docx

  • They are ‘civilised’ and ‘look like us’: the racist coverage of Ukraine | Moustafa Bayoumi | The Guardian
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2022/mar/02/civilised-european-look-like-us-racist-coverage-ukraine
    https://i.guim.co.uk/img/media/0d0e08359c7bba730b13cce27e148aff0dbc14d8/0_440_4007_2405/master/4007.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    They are ‘civilised’ and ‘look like us’: the racist coverage of Ukraine
    Moustafa Bayoumi
    Moustafa Bayoumi

    Are Ukrainians more deserving of sympathy than Afghans and Iraqis? Many seem to think so
    Wed 2 Mar 2022 15.35 GMT

    While on air, CBS News senior foreign correspondent Charlie D’Agata stated last week that Ukraine “isn’t a place, with all due respect, like Iraq or Afghanistan, that has seen conflict raging for decades. This is a relatively civilized, relatively European – I have to choose those words carefully, too – city, one where you wouldn’t expect that, or hope that it’s going to happen”.

    If this is D’Agata choosing his words carefully, I shudder to think about his impromptu utterances. After all, by describing Ukraine as “civilized”, isn’t he really telling us that Ukrainians, unlike Afghans and Iraqis, are more deserving of our sympathy than Iraqis or Afghans?

    Righteous outrage immediately mounted online, as it should have in this case, and the veteran correspondent quickly apologized, but since Russia began its large-scale invasion on 24 February, D’Agata has hardly been the only journalist to see the plight of Ukrainians in decidedly chauvinistic terms.
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    The BBC interviewed a former deputy prosecutor general of Ukraine, who told the network: “It’s very emotional for me because I see European people with blue eyes and blond hair … being killed every day.” Rather than question or challenge the comment, the BBC host flatly replied, “I understand and respect the emotion.” On France’s BFM TV, journalist Phillipe Corbé stated this about Ukraine: “We’re not talking here about Syrians fleeing the bombing of the Syrian regime backed by Putin. We’re talking about Europeans leaving in cars that look like ours to save their lives.”

    In other words, not only do Ukrainians look like “us”; even their cars look like “our” cars. And that trite observation is seriously being trotted out as a reason for why we should care about Ukrainians.

    There’s more, unfortunately. An ITV journalist reporting from Poland said: “Now the unthinkable has happened to them. And this is not a developing, third world nation. This is Europe!” As if war is always and forever an ordinary routine limited to developing, third world nations. (By the way, there’s also been a hot war in Ukraine since 2014. Also, the first world war and second world war.) Referring to refugee seekers, an Al Jazeera anchor chimed in with this: “Looking at them, the way they are dressed, these are prosperous … I’m loath to use the expression … middle-class people. These are not obviously refugees looking to get away from areas in the Middle East that are still in a big state of war. These are not people trying to get away from areas in North Africa. They look like any.” Apparently looking “middle class” equals “the European family living next door”.

    And writing in the Telegraph, Daniel Hannan explained: “They seem so like us. That is what makes it so shocking. Ukraine is a European country. Its people watch Netflix and have Instagram accounts, vote in free elections and read uncensored newspapers. War is no longer something visited upon impoverished and remote populations.”
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    What all these petty, superficial differences – from owning cars and clothes to having Netflix and Instagram accounts – add up to is not real human solidarity for an oppressed people. In fact, it’s the opposite. It’s tribalism. These comments point to a pernicious racism that permeates today’s war coverage and seeps into its fabric like a stain that won’t go away. The implication is clear: war is a natural state for people of color, while white people naturally gravitate toward peace.

    It’s not just me who found these clips disturbing. The US-based Arab and Middle Eastern Journalists Association was also deeply troubled by the coverage, recently issuing a statement on the matter: “Ameja condemns and categorically rejects orientalist and racist implications that any population or country is ‘uncivilized’ or bears economic factors that make it worthy of conflict,” reads the statement. “This type of commentary reflects the pervasive mentality in western journalism of normalizing tragedy in parts of the world such as the Middle East, Africa, south Asia, and Latin America.” Such coverage, the report correctly noted, “dehumanizes and renders their experience with war as somehow normal and expected”.

    More troubling still is that this kind of slanted and racist media coverage extends beyond our screens and newspapers and easily bleeds and blends into our politics. Consider how Ukraine’s neighbors are now opening their doors to refugee flows, after demonizing and abusing refugees, especially Muslim and African refugees, for years. “Anyone fleeing from bombs, from Russian rifles, can count on the support of the Polish state,” the Polish interior minister, Mariusz Kaminski, recently stated. Meanwhile, however, Nigeria has complained that African students are being obstructed within Ukraine from reaching Polish border crossings; some have also encountered problems on the Polish side of the frontier.

    In Austria, Chancellor Karl Nehammer stated that “of course we will take in refugees, if necessary”. Meanwhile, just last fall and in his then-role as interior minister, Nehammer was known as a hardliner against resettling Afghan refugees in Austria and as a politician who insisted on Austria’s right to forcibly deport rejected Afghan asylum seekers, even if that meant returning them to the Taliban. “It’s different in Ukraine than in countries like Afghanistan,” he told Austrian TV. “We’re talking about neighborhood help.”

    Yes, that makes sense, you might say. Neighbor helping neighbor. But what these journalists and politicians all seem to want to miss is that the very concept of providing refuge is not and should not be based on factors such as physical proximity or skin color, and for a very good reason. If our sympathy is activated only for welcoming people who look like us or pray like us, then we are doomed to replicate the very sort of narrow, ignorant nationalism that war promotes in the first place.
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    The idea of granting asylum, of providing someone with a life free from political persecution, must never be founded on anything but helping innocent people who need protection. That’s where the core principle of asylum is located. Today, Ukrainians are living under a credible threat of violence and death coming directly from Russia’s criminal invasion, and we absolutely should be providing Ukrainians with life-saving security wherever and whenever we can. (Though let’s also recognize that it’s always easier to provide asylum to people who are victims of another’s aggression rather than of our own policies.)

    But if we decide to help Ukrainians in their desperate time of need because they happen to look like “us” or dress like “us” or pray like “us,” or if we reserve our help exclusively for them while denying the same help to others, then we have not only chosen the wrong reasons to support another human being. We have also, and I’m choosing these words carefully, shown ourselves as giving up on civilization and opting for barbarism instead.

    Moustafa Bayoumi is the author of the award-winning books How Does It Feel To Be a Problem?: Being Young and Arab in America and This Muslim American Life: Dispatches from the War on Terror. He is professor of English at Brooklyn College, City University of New York. He is a contributing opinion writer at Guardian US

    #Ukraine #racism #orientalisme

  • Les candidates de Miss Univers sont des influenceuses qui font l’apologie du nettoyage ethnique et de l’effacement des Palestiniens et de leur culture sur la scène mondiale | السفير العربي
    https://assafirarabi.com/fr/42196/2021/12/12/les-candidates-de-miss-univers-sont-des-influenceuses-qui-font-lapolog

    Par le biais de messages sur les réseaux sociaux sponsorisés par le ministère israélien du tourisme, les candidates ont annoncé leur engagement dans la nourriture, les vêtements et les traditions de danse palestiniens – mais elles ont appelé cette culture palestinienne, ainsi que la terre et le peuple palestiniens dont elle est issue, « israélienne ». Et, alors qu’elles disaient vivre « la vie d’un Bédouin », elles ont négligé d’illustrer les conditions réelles de la vie bédouine, qui incluent les démolitions de maisons, les expulsions forcées et la violence de la police israélienne.

    #orientalisme #palestine #viol_culturel

  • « Dune , montagne de stéréotypes | « Géographies en mouvement
    https://geographiesenmouvement.com/2021/09/22/dune-montagne-de-stereotypes

    Adaptation du roman de Franck Herbert, Dune, de Denis Villeneuve, est vendu comme l’évènement cinématographique de l’année. À l’instar de son modèle, le film se révèle surtout un amoncèlement de stéréotypes sur la race et le genre. Et une succession d’images de paysages aussi grandioses que banals.

    #blam

  • Zusammenhang #Kolonialismus und #Faschismus: "Den hier empfohlenen ...
    https://diasp.eu/p/12900331

    Zusammenhang #Kolonialismus und #Faschismus: „Den hier empfohlenen kompakten Überblick über eine richtungsweisende Debatte empfehle ich dringend, denn kürzer fand ich bislang keine Zusammenfassung von hoher Qualität, die die Haltung wichtiger Protagonisten skizziert.“ (piqd) https://www.republik.ch/2021/05/05/wer-die-einzigartigkeit-des-holocaust-belegen-will-kommt-nicht-um-vergleich

    • #Afrique #Allemagne #Colonialisme #orientalisme #fascisme #nazisme #racisme #antisemitisme #Shoah
      #Madagascar Tanganyika (aujourd’hui #Tanzanie)

      Von Jörg Heiser, 05.05.2021

      [...]

      1885 spricht der deutsche «Orientalist» Paul de Lagarde, einer der übelsten Vordenker des modernen völkischen Antisemitismus, beinahe beiläufig von den «nach Palästina oder noch lieber nach Madagaskar abzuschaffenden» Juden Polens, Russlands, Österreichs und Rumäniens. Brechtken hört hier noch den «exotisch-erlösenden Ton» des Kolonial­romantikers heraus, den es schon zwei Jahre später bei Theodor Fritsch – einem der wenigen, die Hitler explizit als Einfluss nennt – nicht mehr hat; nun sollen die Juden sich nur mehr selbst «irgendwo ein Colonial-Land erwerben».

      Hans Leuss fordert 1893 «die Transplantation» des jüdischen Volkes nach Südafrika. Der Engländer Henry Hamilton Beamish, ein weiterer Verfechter der Madagaskar-Idee – ehemals Soldat in Südafrika –, trat 1923 mit Hitler vor 7000 Zuschauern im Münchner Zirkus Krone auf. Derselbe schrieb 1926 im «Völkischen Beobachter» zynisch: «Wo ist das Paradies, das allen Juden vergönnt, in Frieden und Freude dahinzuleben, dabei sich rein zu halten und auch ihren Idealen […] nachzugehen? Das ist Madagaskar.»

      1934 traf sich ein internationaler Antisemiten-Kongress gleich zweimal – erst in der Schweiz, in Bellinzona, dann in Belgien – und gipfelte in einem gemeinsamen «Rütli-Schwur» aller Teilnehmer, man werde «nicht ruhen und rasten», bis auch der Jude «sein eigenes Vaterland habe», das allerdings nicht Palästina sein könne, sondern gross genug sein müsse für alle Juden der Welt. Als Alternative bleibe sonst nur die «blutige Lösung der Judenfrage».

      Unter Nazigrössen kursierten in den folgenden Jahren auch andere Szenarien; so spielte Göring mit dem Gedanken, man könnte die Jüdinnen in der ehemaligen deutschen Kolonie Tanganyika (heutiges Tansania) ansiedeln – Hitler wandte ein, man könne Territorien, «in denen so viel deutsches Helden­blut» geflossen sei, nicht den ärgsten Feinden der Deutschen überlassen.

      [...]

    • oAnth :

      Le texte fournit un bon exemple de l’effort d’argumentation et de la connaissance méticuleuse des détails qu’il faut déployer en Allemagne pour être autorisé à établir en public sans répercussions négatives (#BDS) le moindre parallèle entre la pratique coloniale historiquement prouvée et les relations actuelles d’ #Israël avec les #Palestiniens. Dans la pratique professionnelle, cela équivaut à une interdiction thématique clairement définie de parler et d’écrire, dont est exempté au mieux un cercle hermétique d’universitaires. Il ne fait aucun doute qu’un bon nombre des détails compilés de manière experte dans cet article peuvent être considérés comme évidents, ou du moins peuvent être classés comme connus de manière latente. Si, toutefois, on devait dire de telles choses sans le contexte scientifiquement établi - "la violence coloniale vise à assurer la domination et l’exploitation, tandis que la violence antisémite vise à l’anéantissement complet" - on se retrouverait dans un champ miné de suspicions dans l’opinion publique, dont on ne pourrait guère s’échapper, même avec des clarifications ultérieures, et, bien sûr, tout cela ne manquerait pas de sérieuses conséquences professionnelles. En tout cas je considère cet article comme une lecture hautement recommandée, mais en même temps, il montre indirectement à quel point il est devenu risqué en Allemagne de discuter ouvertement de la politique d’ #apartheid d’Israël à l’égard des Palestiniens sans licence académique institutionnelle.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Boycott,_désinvestissement_et_sanctions#En_Allemagne

      Traduit avec l’aide de deepl.com de l’allemand :

      Der Text liefert ein gutes Beispiel, mit welchem argumentativen Aufwand und akribischer Detailkenntnis man in Deutschland zu Werke gehen muss, um öffentlich ohne negative Auswirkungen (BDS) auch nur annähernd eine Parallele zwischen der historisch belegten kolonialen Praxis und dem anhaltenden Umgang Israels mit den Palästinensern ziehen zu dürfen. Das kommt in der beruflichen Realität einem thematisch klar umgrenzten Rede- und Schreibverbot gleich, von dem bestenfalls ein hermetischer Zirkel von Wissenschaftlern ausgenommen ist. Zweifelsohne können viele der hier im Artikel fachkundig zusammengestellten Details als evident angesehen werden, oder sind zumindest als latent bekannt einzustufen. Würde man dergleichen allerdings ohne den wissenschaftlichen gesicherten Kontext “bei kolonialer Gewalt geht es um Herrschaftssicherung und Ausbeutung, bei antisemitischer Gewalt geht es um restlose Vernichtung” äußern, gelangte man in der öffentlichen Meinung auf ein Minenfeld von Verdächtigungen, aus dem es auch mit nachträglichen Klarstellungen, kein Entrinnen mehr gäbe, was selbstredend mit schwerwiegenden beruflichen Konsequenzen einherginge. Grundsätzlich halte ich diesen Artikel für eine sehr empfehlenswerte Lektüre, die aber gleichzeitig indirekt zeigt, wie riskant es in Deutschland geworden ist, die Apartheidpolitik von Israel gegenüber den Palästinensern ohne institutionelle akademische Lizenz offen zu diskutieren.

      #académisme_obligatoire #Palestine

    • Voici un article dans le sens susmentionné de la licence académique et du conflit concernant la question de la relation entre le colonialisme et l’ #antisémitisme dans le #national-socialisme.

      Decolonizing #Auschwitz ?

      https://taz.de/Steffen-Klaevers-ueber-Antisemitismus/!5763362

      [...]

      Es gibt Tendenzen in der postkolonialen Theorie, welche die Spezifik des Antisemitismus nicht richtig erkennen. Man könnte von einer Bagatellisierung sprechen. Das geschieht meist dann, wenn ­Antisemitismus als Spielart, Unterform oder Variante des Rassismus begriffen wird, obwohl es signifikante Unterschiede in den Dynamiken und den ­Wirkungsweisen dieser beiden Ideologien gibt.

      In dem Moment, wo Antisemitismus als Unterform des Rassismus und Rassismus als grundlegende Ideologie des Nationalsozialismus bezeichnet wird, gerät man an theoretische Probleme und Grenzen des Rassismus­konzepts

      [...]

  • Passionnant article, d’actualité vu le confinement, sur l’histoire des vêtements d’intérieur et des vêtements confortables. Vous y apprendrez pourquoi le poète Hésiode et l’Église catholique soutenaient l’idée de porter des chaussettes avec les sandales.

    https://next.liberation.fr/mode/2020/11/12/robes-de-chambre-survetements-le-vestiaire-d-interieur-toute-une-his

    #pyjama #robe_de_chambre #survêtement #chaussettes #orientalisme #japonisme

  • Y’a plus de saisons ! Invention d’un discours - Ép. 3/4 - Et l’homme créa la nature
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-cours-de-lhistoire/et-lhomme-crea-la-nature-34-ya-plus-de-saisons-invention-dun-discours

    Les récentes évolutions de la situation climatique ont poussé les historiens et les scientifiques à envisager de nouvelles façons de penser notre rapport à la nature. Entre craintes d’apocalypse et rêves de domination, retour sur la longue histoire qui nous lie au #climat.

    #forêt #colonialisme #orientalisme_environnemental

  • 1960 à 1964, la France danse aux rythmes du Cha-cha-cha oriental
    https://www.fip.fr/chanson-francaise/1960-1964-la-france-danse-aux-rythmes-du-cha-cha-cha-oriental-18280
    https://www.youtube.com/watch?v=9m5I9oLq_qU&list=PLqVOXTBjxpz4IXy0fu9pFEVW-MyHxq89-&index=10


    Kemal Rachid et ses Ottomans - Au café turc

    Au début des années 60 l’Europe est scindée en deux blocs après la crise des missiles cubains, l’indépendance de l’Algérie provoque une grave crise politique de l’hexagone qui conduit au retour de de Gaulle et la fin de la IVe République. Les Français du baby-boom rêvent d’ailleurs, de voyages et, à défaut d’un tourisme de masse encore inexistant, vont trouver cet « exotisme » dans le cinéma et surtout la myriade de productions de ces musiques mêlant jazz américain, musiques cubaines, brésiliennes ou orientales. Après TCHIC TCHIC - French Bossa Nova - 1963​/​1974, l’excellent label #Born_Bad_Records publie, le 21 août, la compilation Cha-Cha Au Harem Orientica - France 1960-1964 qui réunit une collection de titres rares ou oubliés de ce cha-cha-cha oriental au charme suranné.

    Présentation par Alexandre Gimenez (français/anglais)
    https://www.bornbadrecords.net/releases/cha-cha-au-harem-orientica-france-1960-1964


    #maghreb #musique

  • Ussama Makdisi sur Twitter :

    "This image of the creation of “Grand #Liban” from 1920 sums up the tragedy of #Lebanon. And speaks volumes about the lasting legacy of French orientalism and colonialism: the idea that religious diversity in the Orient is inherently sectarian unless managed by Western power." / Twitter
    https://twitter.com/UssamaMakdisi/status/1300763848627154946

    The further tragedy is how many Arabs now accept this insidious myth. They ignore how much work and ideology goes into the creation of #sectarianism and its enabling structures. And they ignore how this region had a long history of #coexistence before Western colonialism.

    We need to study this #coexistence critically, but this does not mean we should denigrate one of the most important ecumenical aspects of our historical experience, namely the insistence and ability of so many people in ME to transcend religious difference for common purpose.

    #sectarisme #colonialisme #diviser_pour_régner

  • Ce que l’épidémie de Covid-19 révèle de l’orientalisme de nos catégories d’analyse du politique - #démocratie #dictature #Chine #occident #Asie_orientale
    Eugénie Mérieau
    http://sciencespo.fr/ceri/fr/content/quel-meilleur-regime-politique-face-au-covid-ce-que-l-epidemie-revele-de-

    La dichotomie à l’épreuve des faits : contrat social autoritaire et processus de légitimation

    Les régimes autoritaires ont longtemps été étudiés sous l’angle uniquement répressif et souvent de façon caricaturale. Depuis une vingtaine d’années, les chercheurs en sciences sociales s’attachent à rattraper le temps perdu en s’intéressant aux modes de légitimation, notamment en analysant les modes de négociation du contrat social autoritaire, producteur de consentement29. Ce dernier repose souvent sur les résultats plus que sur les processus, et notamment sur le développement économique. Cette observation fait écho au large soutien de la population chinoise à son président Xi Jinping (ou de la population singapourienne à l’égard du Premier ministre Lee Hsien Loong), taux de soutien parmi les plus élevés au monde30. 

    Il en découle que les régimes autoritaires, dont la légitimité, fondée sur le principe méritocratique, repose sur les résultats (output legitimacy), peuvent plus difficilement se permettre de faire preuve d’incompétence face à une gestion de crise que les démocraties dont la légitimité, issue du principe représentatif, repose sur le processus de l’élection (input legitimacy)31. En ce qui concerne le volet répressif, il faut noter que les régimes autoritaires ont moins eu recours à l’état d’urgence face au coronavirus que les démocraties, qui se sont massivement engagées dans cette voie32 – or l’état d’urgence, qui vise précisément à déroger à l’état de droit, considéré comme l’un des marqueurs ultimes de la dichotomie démocratie-dictature33. 

    Ainsi, l’idée longtemps admise qu’il était impossible qu’un scénario apocalyptique de lockdown massif à la chinoise puisse être déclaré en démocratie, où la « transparence » et les flux d’information, combinés à l’existence d’une société civile organisée et mobilisée, seraient autant de leviers pour déclencher l’action d’un gouvernement qui, anticipant qu’il devra « rendre des comptes », ne pourrait être, par nature, que respectueuse des libertés, s’est heurtée à la réalité, révélant l’aveuglement idéologique né du narcissisme de nos catégories politiques. 

    La dichotomie comme obstacle épistémologique à l’analyse comparée des politiques publiques

    Pourquoi les informations sur ce « virus chinois » n’ont-elles pas alerté à temps les autorités du monde occidental ? A côté des biais cognitifs habituels, les démocraties occidentales n’ont pas pris la mesure du danger du fait de leur représentation d’elles-mêmes comme fondamentalement distinctes de la Chine, appréhendée uniquement au prisme de son régime politique considéré comme totalitaire, dès lors ontologiquement incomparable à la France. L’association de la démocratie à l’Occident et de la dictature à l’Orient dans le cadre de la construction sociale de leur irréductible altérité est un obstacle épistémologique majeur à l’exercice nécessaire de la comparaison internationale. Cette association a eu pour effet de jeter une suspicion d’autoritarisme sur toute « bonne pratique » en provenance d’Orient et de provoquer son rejet, comme l’ont montré l’affirmation initiale de l’inutilité du port du masque et de la dangerosité du contact tracing alors que ces solutions étaient mises en œuvre avec succès dans toute l’Asie, démocratique comme non-démocratique34. 

    Le 24 janvier 2020, lors de son retour d’Israël, le président Emmanuel Macron déclarait : « La dictature est un régime où une personne ou un clan décide des lois. Une dictature est un régime où l’on ne change pas les dirigeants, jamais ». Une telle méconnaissance du monde au plus haut niveau de l’Etat révèle une faillite, en amont, des catégories construites et analysées par les sciences sociales, enseignées dans les universités et reprises par les médias. Mais les crises sont des moments de fluidité extrême, propices à l’anomie35. C’est ainsi qu’à la faveur de l’épidémie de Covid-19, l’ensemble du dispositif identitaire-idéologique démocratie-autoritarisme/Orient-Occident connaît un ébranlement profond. Si cette crise vient rappeler aux démocraties occidentales que leurs populations ne sont pas moins mortelles que celles des régimes autoritaires non-occidentaux, elle devrait également leur rappeler que la démocratie non plus n’est pas immortelle. Les illusions des régimes démocratiques quant à leur propre invulnérabilité sont en train d’accélérer leur déclin – quitte à emporter dans leur chute l’ensemble du modèle libéral occidental36.

  • Israel finally releases a coronavirus ad in Arabic. Too bad it depicts Palestinians as Saudis - Opinion - Haaretz.com
    https://www.haaretz.com/opinion/.premium-israel-s-health-ministry-can-t-tell-palestinians-from-saudis-1.882

    Le ministère de la Santé israélien se décide à promouvoir l’informatioon contre le Corona auprès des Palestiniens, et met en lumière un effarante mépris et une ignorance confondante de la société arabe...

    What made it clear that concern for our wellbeing during the pandemic was not sincere was the small number of tests conducted in Arab communities, a lack of information in Arabic and the non-allocation of resources to Arab local governments to fight the virus – even though they are in financial distress that has worsened with the crisis. Only under pressure was the Health Ministry so kind as to “change its policy,” and a decision was made to earmark resources for testing, and mostly for an advertising campaign before the holy month of Ramadan.

    But the hope for change was dashed when the first ad campaign was launched. Its purpose was to set down rules for Ramadan – preserving social distancing, breaking the daily fast only with members of the nuclear family, maintaining hygienic conditions, etc. But the illustrations chosen to demonstrate the guidelines, exemplifying a family, looked as if they were directed at the citizens of Saudi Arabia: The style of dress is traditional Saudi, the women and girls are covered from head to toe, and a woman is pictured at the table serving the family while they break their fast.

    The use of humiliating stereotypical representations sparked an emotional uproar among the Arab community, and the ads were removed immediately.
    An ad campagin by Magen David Adom (Israel’s national emergency service), designed to help curb the spread of the coronavirus among Arabs in Israel during the Ramadan.
    An ad campagin by Magen David Adom (Israel’s national emergency service), designed to help curb the spread of the coronavirus among Arabs in Israel during the Ramadan.

    We thought this was an accident and stemmed from ignorance, but the next day another humiliating and stereotypical informational video clip was released – and this time it was purely chauvinistic and denigrated women. The goal was to address women, encouraging them to stay home and to ensure that the rest of the family remained there, too.

    In the clip we see two women, grandmothers, wearing traditional garb, preparing stuffed “grape leaves.” They are calling on all other women, using all sorts of demeaning terms, to prepare grape leaves only at home. Is this the way the role of the Arab woman is seen? To remain at home and work diligently on preparing food? Are Arab women so stupid that they understand only simple language?

    This clip, too, was taken down as a result of criticism.

    Is the Health Ministry really that ignorant? If so, then it is a dangerous ignorance. But how could all this happen to begin with? After all, a substantial number of Arabs is employed by the ministry: Indeed, 30 percent of all medical staff in Israel are Arabs.

    https://www.youtube.com/channel/UCKTHc_HFDiAiOr0vE_Imj5g

    #israël #orientalisme #colonialisme