• Une enquête pour « apologie du terrorisme » ouverte contre Emilie Gomis - Eurosport
    https://www.eurosport.fr/jeux-olympiques/une-enquete-pour-apologie-du-terrorisme-ouverte-contre-emilie-gomis_sto10005418/story.shtml

    L’ancienne basketteuse avait déjà été déchue de son poste d’ambassadrice au mois de janvier, poussée à se retirer par le COJO, qui avait estimé qu’elle « contrevenait à son devoir de neutralité », et par plusieurs associations luttant contre le racisme et l’antisémitisme (CRIF, Licra SOS Racisme...).

    Emilie Gomis a par la suite présenté plusieurs fois ses excuses, notamment devant le COJO, et aucune association n’avait envisagé de porter son cas devant la justice.

    L’ouverture de cette enquête a donc surpris ses avocats, interrogés par L’Equipe.
    « Cette convocation est proprement ahurissante et totalement fantaisiste, ont ainsi fulminé les avocats d’Émilie Gomis, Mes William Bourdon et Vincent Brengarth. Elle fait face à un véritablement acharnement qui non seulement ne s’explique pas mais qui nuit plus généralement à la cause de la lutte contre le racisme et antisémitisme. »

  • Israel Held 82-year-old Gaza Woman With Alzheimer’s for Two Months as an ’Unlawful Combatant’
    https://www.haaretz.com/israel-news/2024-02-01/ty-article/.premium/israel-held-gaza-woman-82-with-alzheimers-for-two-months-as-an-unlawful-combatant/0000018d-613a-de6e-a79f-73bbc94d0000

    The Israel Defense Forces and the Israel Prison Authority arrested and imprisoned for almost two months an 82-year-old Gaza woman who suffers from Alzheimer’s disease. She was jailed under the Incarceration of Unlawful Combatants Law. Because she was considered an unlawful combatant, Damon Prison in Israel’s north also refused a request by a lawyer from the Israeli organization Physicians for Human Rights to meet with her. She was released two weeks ago after an appeal was filed over the refusal to permit her to meet with the lawyer.

  • Aux Etats-Unis, trois présidentes d’universités prestigieuses accusées de « minimiser » les dérives antisémites sur leurs campus
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/06/aux-etats-unis-trois-presidentes-d-universites-prestigieuses-dans-le-collima

    Quand un appel à l#'intifada, c’est au dire au soulèvement, est assimilé à un appel au #génocide par pétition principe, les mots n’ont plus aucun sens. La déni à la #Orwell est absolument effrayante et surtout elle a pour fonction d’empêcher de voir le génocide qui se commet sous nos yeux : celui de la population de #Gaza. Que ces présidentes d’université n’aient pas la présence de contredire, pendant et après ces auditions, leurs interlocutrices qui tordent ainsi le sens des mots et se contorsionnent à défendre une soi-disant liberté d’expression de mots qui n’ont pas été prononcés est totalement hallucinant.

    La question, posée à plusieurs reprises, était simple : « Est-ce que l’appel au génocide des juifs viole le code de conduite » des universités concernées, en matière de harcèlement et d’intimidation ? « Cela peut être le cas, selon le contexte, comme cibler un individu », a répondu Claudine Gay. « Si le discours se transforme en conduite, cela peut être du harcèlement », a déclaré Elizabeth Magill, expliquant aussi que la décision de qualification « dépendait du contexte ».

    Sally Kornbluth avait pourtant commencé par expliquer : « Je n’ai pas entendu parler d’appel au génocide des juifs sur notre campus. » « Mais vous avez entendu des “chants pour l’intifada” [soulèvement] », a répliqué Elise Stefanik. Cette dernière avait débuté l’audition en donnant sa définition personnelle de l’intifada – « Vous comprenez que cet appel à l’intifada est de commettre un génocide contre les juifs en Israël et au niveau mondial », faisant basculer le débat du soutien à l’intifada de certains manifestants à la question du génocide.

    « J’ai entendu des “chants” [pour l’intifada] qui peuvent être considérés comme antisémites dans le contexte d’un appel à l’élimination des juifs », a poursuivi Mme Kornbluth. Poussée dans ses retranchements pour savoir si appeler au génocide des juifs violait le code de conduite de Penn, elle a déclaré : « Cela ferait l’objet d’une enquête pour harcèlement s’il était omniprésent et grave. »

    « Elles doivent toutes démissionner pour déshonneur »
    Les réponses des trois femmes ont suscité un tollé. D’abord, de la part du milliardaire Bill Ackman, de confession juive et fondateur du fonds d’investissement spéculatif Pershing, qui ne décolère pas contre son ancienne université : « Elles doivent toutes démissionner pour déshonneur. Si le PDG d’une de nos entreprises donnait une réponse similaire, il serait viré dans l’heure. Pourquoi l’antisémitisme a-t-il explosé sur les campus et dans le monde ? A cause de dirigeants comme les présidentes Gay, Magill et Kornbluth, qui croient que le génocide dépend du contexte », a-t-il écrit sur X, mardi.

    Le lendemain, la Maison Blanche désavouait sans les citer les trois patronnes des prestigieuses universités. « C’est incroyable qu’il soit nécessaire de dire cela : les appels au génocide sont monstrueux et contraires à tout ce que nous représentons en tant que pays », a déclaré Andrew Bates, porte-parole de la Maison Blanche. Yad Vashem, le mémorial de la Shoah en Israël, s’est dit de son côté « consterné que des dirigeants d’institutions académiques d’élite utilisent une contextualisation trompeuse pour minimiser et excuser les appels au génocide des juifs ».

    La présidente de Harvard, Claudine Gay, a tenté de limiter les dégâts dans un communiqué. « Certains ont confondu le droit à la liberté d’expression avec l’idée selon laquelle Harvard tolérerait les appels à la violence contre les étudiants juifs. Soyons clairs : les appels à la violence ou au génocide contre la communauté juive, ou contre tout groupe religieux ou ethnique, sont ignobles, ils n’ont pas leur place à Harvard, et ceux qui menacent nos étudiants juifs devront rendre des comptes. »

    « Liberté d’expression, même pour les opinions insupportables »
    Cette audition tendue faisait suite aux prises de position propalestiniennes et anti-israéliennes, et pour certaines antisémites, de certains étudiants et associations d’étudiants dans la foulée du 7 octobre. La direction des universités concernées a été accusée de ne pas avoir réagi suffisamment. La séance au Congrès a commencé par une minute du silence pour les victimes de l’attaque terroriste du Hamas. Ensuite, des vidéos de manifestations sur les trois campus ont été diffusées, et l’on y entendait les étudiants scander « intifada ».

    La patronne de Harvard a affirmé que les propos « haineux » lui étaient « odieux » et assuré que les appels au génocide étaient « en désaccord avec les valeurs de Harvard », mais elle a insisté sur le respect de la liberté d’expression : « Notre université s’engage en faveur de la liberté d’expression, même pour les opinions insupportables, scandaleuses et haineuses. » Mme Kornbluth a adopté une ligne similaire. « Le droit à la liberté d’expression ne s’étend pas au harcèlement, à la discrimination ou à l’incitation à la violence dans notre communauté », a affirmé la présidente du MIT, rappelant en creux que cette liberté est quasi absolue. Elle est garantie par le premier amendement de la Constitution américaine (« Le Congrès n’adoptera aucune loi (…) pour limiter la liberté d’expression »), à la différence de l’Europe, où la liberté d’expression est limitée.

    L’audition a aussi tourné au procès de ces institutions, notamment Harvard, considérée comme un temple du gauchisme par les républicains. L’élu républicain de Floride Aaron Bean a cité une enquête d’un journal de Harvard révélant que 80 % du personnel de la faculté se jugeait progressiste et seulement 1 % conservateur. Selon le classement effectué par les associations conservatrices College Pulse et FIRE (The Foundation for Individual Rights and Expression), qui ont sondé quelque 55 000 étudiants, l’université figure au 248ᵉ et dernier rang de la liberté d’expression, avec pour commentaire : « épouvantable ».

    Mme Stefanik a déploré que le nombre d’étudiants juifs à Harvard soit tombé de « 25 % dans les années 1980 à 5 % à 10 % aujourd’hui ». « Ce ne sont pas des données que nous collectons lors du processus d’admission », a répondu Claudine Gay. Le processus de discrimination positive de Harvard a été déclaré inconstitutionnel en juin.

  • Orwell, very well | LeMonde | 08.07.23

    https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/07/08/comment-le-xxi-siecle-est-devenu-orwellien_6181089_3246.html

    Sa figure de reporter antitotalitaire et d’écrivain visionnaire est un véritable étendard. Pour beaucoup, Orwell est une vigie, un phare. Sans compter son héritage sans testament que se disputent populistes et anarchistes, conservateurs et progressistes. Une captation politique notamment opérée par une droite politique et médiatique déboussolée par l’effondrement du monde d’hier, qui cherche en George Orwell un support à sa rhétorique réactionnaire.

    il doit se retourner dans son nuage, le Georges, avec ces fans de droite.

    • Face à la réécriture de l’histoire par les éditorialistes nationaux-populistes, il est devenu nécessaire de le rappeler : Orwell n’est pas de droite, mais de gauche. Et n’est ni réactionnaire ni conservateur. Comme en atteste cette réponse sans appel adressée le 15 novembre 1945 à Katherine Marjory, duchesse écossaise d’Atholl, qui l’invitait à un meeting anti­communiste organisé par la Ligue pour la liberté européenne : « Je ne puis m’associer à une organisation essentiellement conservatrice, qui prétend défendre la démocratie en Europe, sans avoir un mot contre l’impérialisme britannique. » N’oubliant pas de préciser avec la plus grande netteté : « J’appartiens à la gauche et c’est en son sein que je dois travailler. » « Le risque avec une icône, c’est de s’attacher ­davantage à sa vie qu’à son œuvre », prévient Jean-Jacques Rosat, philosophe et auteur de Chroniques orwelliennes (Collège de France, 2013), qui a édité et préfacé trois de ses livres en français aux Éditions Agone. Impossible pourtant, avec Orwell, de dissocier sa vie de ses écrits.

      Victime et observateur de l’humiliation sociale

      Eric Arthur Blair est né dans une famille de la petite bourgeoisie britannique, le 25 juin 1903, au Bengale, où son père, Richard Walmesley Blair (1857-1939), s’occupe du ­commerce de l’opium au sein de l’administration coloniale. Sa mère, Ida Mabel Blair (1875-1943), née Limouzin­, était la fille d’un homme d’affaires français installé en Birmanie, propriétaire d’une plantation de teck. Il arrivait à cette femme indépendante et cultivée de prendre sous la dictée les premiers poèmes que son fils, inspiré par William Blake, écrivait dès l’âge de cinq ans, racontera plus tard l’écrivain dans Pourquoi j’écris (1946).

      Le jeune Eric Blair vécut également avec ses deux sœurs, Marjorie (1898-1946) et Avril (1908-1978) et gardera sans doute de l’atmosphère bucolique de ses vacances familiales en Cornouailles­ un goût prononcé pour la pêche et la nature qu’il traduira plus tard sous la forme d’une éthique dans l’une de ses chroniques : « Je pense que c’est en conservant notre amour enfantin pour les arbres, les poissons, les papillons, les crapauds… que l’on rend un peu plus probable la possibilité d’un avenir paisible et décent. » Mais l’auteur relate avant tout une enfance solitaire lors de laquelle il prit l’habitude de s’« inventer des histoires et de converser avec des personnages imaginaires ».

      Scolarisé en Angleterre, il fut très tôt sensible aux différences de classes, tour à tour victime et observateur de l’humiliation sociale. Roué de coups de cravache au collège de St Cyprian’s pour ses incontinences nocturnes, il gardera de cet épisode une profonde blessure, une aversion pour la toute-puissance du pouvoir de la surveillance et plus généralement l’impression de « perdre [son] temps » et de « gâcher [ses] talents » (« Tels, tels étaient nos plaisirs », 1947). Certains biographes ont vu en la personne du directeur de cette école huppée, surnommé « Sambo », autocrate qui favorisait les élèves les plus riches et, écrira Orwell, « menait la vie dure aux plus pauvres doués » dont « les cerveaux étaient considérés comme des mines d’or », les prémisses de Big Brother. À St-Cyprian’s, dans le sud de l’Angleterre, entre sa huitième et sa quatorzième année, Eric Blair fut ainsi sensibilisé au « système de castes » qui divisait les élèves entre la minorité des aristocrates millionnaires, le gros bataillon des bourgeois aisés et, dit-il, « le rebut » dont il faisait partie, notamment composé de fils de fonctionnaires de l’administration impériale.

      Un dominé chez les dominants

      Pensionnaire boursier du prestigieux collège d’Eton, de 1917 à 1921, il découvre et réprouve également le snobisme des public schools, ces écoles privées et prisées des élites qu’il proposera plus tard d’abolir dans Le Lion et la Licorne (1941). C’est toutefois dans ce prestigieux établissement du Berkshire qu’il dévore les auteurs qui feront partie de son panthéon personnel, comme H.G Wells et, bien sûr, Charles Dickens, l’auteur de David Copperfield, dont il fit plus tard l’éloge en forme d’autoportrait, imaginant le visage de l’écrivain derrière ses pages : « C’est le visage d’un homme qui ne cesse de combattre quelque chose, mais qui se bat au grand jour, sans peur, le visage d’un homme animé d’une colère généreuse, écrit-il dans un essai qu’il lui consacrera en 1939, une intelligence libre, un type d’individu également exécré par toutes les petites orthodoxies malodorantes qui se disputent aujourd’hui le contrôle de nos esprits. »
      Eric Blair rompt avec cette précaire méritocratie autoritaire. Sa route scolaire s’arrête et il n’empruntera pas la voie royale qui mène d’ordinaire cette élite à Oxford ou à Cambridge. Mais il gardera, jusque dans les bas-fonds de Paris ou de Londres, l’accent etonien qui marquera à jamais son appartenance à sa classe, même si Orwell est non pas un transfuge, mais un dominé chez les dominants, dirait une certaine sociologie aujourd’hui, un homme capable de circuler entre les mondes, les bourgeois et les prolétaires, les officiers et les ouvriers, les éditeurs et les mineurs.

      Il s’embarque pour la Birmanie en 1922 et devient officier de la police impériale des Indes, avant de démissionner en 1927, horrifié par « les visages gris et apeurés des détenus » et « les fesses zébrées des hommes châtiés à coups de bambous ». Sur le bateau qui le mène vers l’Asie, il prend à nouveau conscience des différences de classes devant le comportement d’un des quartiers-maîtres anglais « détalant comme un rat » afin de dévorer les restes d’un pudding pris illicitement par un steward sur la table d’un passager. Même ces « êtres quasi-divins » apparentés aux officiers ne sont pas épargnés par l’empire de la nécessité. « La stupeur qui me frappa à ce moment-là m’en apprit plus que ne l’aurait fait une demi-­douzaine de brochures socialistes », écrira-t-il dans une de ses chroniques données à Tribune (1947).
      Car l’auteur d’Une histoire birmane pense presque toujours à partir d’une expérience. Le futur Orwell n’est pas un homme de la théorie, ni seulement un faiseur de récit. C’est un écrivain à la pensée éprouvée. Et en Birmanie, les épreuves ne manquent pas. Il en tirera deux nouvelles et son premier roman, Une histoire birmane (1934), récit cinglant, drôle et cruel d’un employé d’une compagnie forestière égaré dans la jungle coloniale. Il assista un jour à une pendaison, qui lui parut « plus atroce que mille assassinats » et après laquelle il ne put jamais pénétrer à l’intérieur d’une prison « sans avoir l’impression que [sa] place était derrière les barreaux plutôt que devant ». Sans doute est-ce dans Comment j’ai tué un éléphant (1936), où le jeune officier relate la façon dont il fut contraint d’abattre un pachyderme pour préserver son statut face à la foule, qu’il décrit le mieux « la vacuité du règne de l’homme blanc en Orient ».

      La Birmanie fut sans doute le baptême de sa conscience européenne blessée. Non pas seulement l’occasion de verser un « sanglot de l’homme blanc » moqué par les néoconservateurs, mais une prise de conscience graduée, suivie d’une critique raisonnée de l’impérialisme et de « toute forme de domination de l’homme par l’homme ».

      Enquêtes en immersion, puis à visage découvert

      Pour en comprendre les ressorts, l’officier rincé par cinq années de service au sein de l’empire a besoin d’effectuer « une véritable plongée ». C’est pourquoi il démissionne en 1927 et rejoint l’Europe où il va vivre, de 1929 à 1931, avec les paumés et les travailleurs paupérisés, les mendiants et les chapardeurs, le prolétariat en haillon des vagabonds et des cueilleurs de houblon. Installé rue du Pot-de-fer à Paris, dans un quartier latin populaire, il devient plongeur dans les cuisines d’un grand hôtel parisien de la rue de Rivoli et en observe la sévère hiérarchie. Lui comme ses pairs sont « astreints à un travail épuisant, qui n’offre aucune perspective d’avenir » et leur « horizon [est] parfaitement bouché ». Ainsi, écrit-il, « le plongeur est l’un des esclaves du monde moderne ». Il poursuit son enquête à Londres, se grime, joue la comédie et dort dans les asiles de nuit avant de partir dans le Kent ramasser le houblon, dans des plantations « où les lois sur le travail des enfants sont outrageusement bafouées », reste toutes les journées débout au point de se « sentir réduit à l’état de véritable loque ». C’est à cette époque qu’il prend son nom de plume et devient George Orwell, du nom d’un fleuve du Suffolk qui se jette dans la mer à cinquante kilomètres de la maison où vivaient ses parents, et publie sous ce pseudonyme

      Dans la dèche à Paris et à Londres (1933).

      Orwell se réapproprie le récit d’immersion, notamment adopté par Jack London dans Le Peuple de l’abîme (1903), qui consiste à partager la vie de ceux que l’on souhaite approcher et même à se faire passer pour un des leurs. Une méthode notamment prolongée par le journaliste allemand Günter Wallraff, l’auteur de Tête de turc (La Découverte, 1985), qui prit l’identité d’un travailleur immigré sans carte de travail et révéla les brimades et l’exploitation dont faisait l’objet cette communauté précarisée en Allemagne. Une approche employée dans d’autres enquêtes menées parmi les SDF et tous « les perdants du meilleur des mondes ». Une manière d’être au plus près des classes populaires, d’en partager les travaux et les jours, témoigner de leur décence ordinaire. Mais sans prétendre pour autant faire partie de leur monde, sans s’illusionner sur cette proximité momentanée. Une démarche qui inspirera également la journaliste française Florence Aubenas qui travailla comme femme de ménage dans les ferrys du Quai de Ouistreham (Éditions de l’Olivier, 2010), titre choisi en référence au Quai de Wigan, que publiera Orwell en 1937.

      Car, après des années à chercher du boulot et parfois à en trouver, notamment comme libraire, mais aussi à vouloir percer dans le monde littéraire avec des romans sans succès, comme La Fille du clergyman (1935) ou Et vive l’aspidistra ! (1936), Orwell repart, cette fois-ci, dans le Lancashire et sa région minière. Toujours pour le compte de son éditeur, Victor Gollancz, qui lui commande, en 1936, une enquête sur la condition de la classe ouvrière et sur les chômeurs du nord de l’Angleterre. Pas de masque ni d’identité d’emprunt cette fois-ci. Orwell enquête deux mois durant à visage découvert. Il descend notamment dans la profondeur des mines de charbon et « découvre l’enfer » de ces cavités à l’air vicié où « rugissent » les machines actionnées par des mineurs qui doivent « rester en permanence à genoux ». Il montre comment « le travail presque surhumain » de ceux d’en bas est « la contrepartie obligée de notre monde d’en haut ».

      La décence ordinaire

      C’est dans Le Quai de Wigan (1937) que George Orwell forge son concept de « common decency », cette propension de l’homme ordinaire à la générosité, au respect, à l’entraide et à la solidarité, particulièrement répandue dans les classes populaires. Non pas une supériorité morale des pauvres, mais « une profonde humanité qu’il n’est pas facile de retrouver ailleurs­ », écrit-il. « Cherchant l’humiliation, il découvre l’humilité », résume le philosophe Bruce Bégout, selon qui la décence ordinaire est, chez Orwell, « le revers de l’apparente indécence publique » des puissants (De la décence ordinaire, Allia, 2019).
      Mais la seconde partie de l’ouvrage révèle un reporter réflexif, un journaliste critique, un observateur engagé à la plume aiguisée. Orwell mène une analyse sans concession de l’avenir du socialisme auquel il restera attaché jusqu’à la fin de sa vie. « Le mouvement socialiste a autre chose à faire que de se transformer en une association de matérialistes dialectiques ; ce qu’il doit être, c’est une ligue des opprimés contre les oppresseurs », écrit-il à l’usage des marxistes s’adonnant au « culte sans réserve de la Russie. » Orwell propose même une alliance par-delà les différences.

      L’écrivain, qui a « reçu une éducation bourgeoise » mais qui était contraint de « vivre avec un revenu d’ouvrier », y explique que « des classes distinctes peuvent et doivent faire front commun ». Tous « ceux qui courbent l’échine devant un patron ou frissonnent à l’idée d’un prochain loyer à payer » doivent « unir leur force », enjoint-il. Ce qui revient à dire que « le petit actionnaire doit tendre la main au manœuvre d’usine, la dactylo au mineur de fond, le maître d’école au mécano ». Une alliance qui, pour beaucoup, reste largement d’actualité, en dépit des changements survenus dans les corps de métiers.
      Une autre conviction s’ancre dès cette expérience fondatrice : « Le socialisme, c’est l’abolition de la tyrannie, aussi bien dans le pays où l’on vit que dans les autres pays. » Or le stalinisme se déploie. Et le fascisme s’étend. En Italie, bien sûr, avec Mussolini. Mais aussi en Angleterre, avec la British Union of Fascists d’Oswald Mosley, qui sera interdite en 1940 et dont le leader sera emprisonné pendant la guerre. En Allemagne, le parti national-­socialiste d’Adolf Hitler répand la terreur d’État depuis 1933. Sans oublier l’Espagne où les Républicains se battent sans le soutien des démocraties française et britannique contre les phalanges franquistes armées par les fascistes et les nazis.

      Le cottage aux animaux

      Marié depuis 1936 à Eileen O’Shaughnessy, une femme de gauche au « visage de chat », Orwell s’installe en couple dans un modeste cottage sans électricité ni salle de bains, s’occupe d’un poulailler et d’un potager entouré de chèvres qu’il trait au petit matin et d’un chien ironiquement appelé « Marx ». Après s’être cherché durant des années, il s’est enfin trouvé. Dans sa vie, son style et ses écrits. Et décide de partir en Espagne. Non seulement pour raconter et témoigner, mais pour « combattre le fascisme ». De passage à Paris, avant de prendre le train pour Barcelone, l’écrivain Henry Miller tente de l’en dissuader. En vain. Lui laissant sa veste en velours qu’Orwell gardera tout au long de son expédition catalane. Il faut dire qu’il en aura besoin, tant le front d’Aragon est, en hiver, balayé par la neige, les vents froids et « le claquement glacé des balles ».

      George Orwell arrive à Barcelone en décembre 1936 et s’engage dans les milices du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM), organisation fondée en 1935 par Andrés Nin qu’il rejoint en raison de sa proximité avec l’Independant Labour Party, auquel Orwell adhère de juin 1938 à septembre 1939. Les drapeaux rouges des communistes, les fanions rouges et noirs des anarchistes qui tournoient dans les rues de Barcelone, les conversations lors desquelles tout le monde se tutoie, les différences sociales qui semblent soudainement abolies, les liesses lors desquelles des militants fraternisent, le grisent.
      Incorporé sur le front d’Aragon, dans la région de Saragosse et de Huesca, où il est nommé caporal, Orwell mène une guerre de tranchée avec de vieux fusils rouillés, guette les troupes ennemies en face de montagnes « grises et plissées comme la peau des éléphants », patrouille dans des « vallées obscures » où « les balles perdues passaient en sifflant comme des bécasseaux ». Le froid, les rats, l’attente. Une nuit, il tient un fasciste dans le viseur de son vieux Mauser. Mais il n’abat pas cette estafette franquiste en raison d’un détail qui interrompt son geste : l’homme tient dans sa main son pantalon. « J’étais venu pour tirer sur des fascistes ; mais un homme qui tient son pantalon n’est pas un fasciste, il est un être humain », écrira-t-il. Quatre mois plus tard, une permission le ramène à Barcelone où l’atmosphère a changé. Les distinctions sociales sont de retour et les divisions politiques éclatent au grand jour. Dans ces journées de mai 1937, la ville n’est plus, à l’image des milices qu’il a intégrées, ce « microcosme de la société sans classe » où « personne ne léchait les bottes à quelqu’un », mais une poudrière où les communistes s’affrontent aux anarchistes et aux poumistes.

      De retour sur le front d’Aragon, une balle fasciste lui traverse la gorge et Orwell échappe presque miraculeusement à la mort. Quand il revient à Barcelone, il découvre que les communistes ont obtenu que le POUM soit interdit par le gouvernement républicain. Ses membres sont ainsi arrêtés et emprisonnés. Les anciens alliés anarchistes et poumistes sont accusés d’espionnage, de trahison et de « complot trotskiste », à l’image du commandant de l’unité de sa milice, Georges Kopp (1903-1951), qui passera dix-huit mois dans les prisons républicaines. Eileen, venue rejoindre son mari et travailler au sein du bureau catalan de l’ILP, lui apprend qu’il est recherché. Orwell se cache pendant trois jours avant de réussir à partir, avec l’aide du consulat britannique.
      Une santé qui se dégrade
      Barcelone, Banuyls, puis Paris, avant de rejoindre le sud de l’Angleterre, « le plus onctueux paysage du monde ». Sur le trajet, une envie, perçue comme une « folie », lui traverse l’esprit : « retourner en Espagne ». Car malgré « l’épouvantable désastre » d’une « guerre politique », cette expérience inoubliable accroît sa « foi » dans la « dignité humaine ». George Orwell restera en quête d’un « trésor », un peu comme les maquisards selon René Char car, dit le poète, celui qui « a épousé la Résistance, a découvert sa vérité ». Orwell cherchera à retrouver cet élan malgré l’effondrement d’une Europe plongée dans de « sombres temps », une expression d’Hannah Arendt (1906-1975) qui estime que « l’histoire des révolutions pourrait être racontée sous la forme d’une parabole comme la légende d’un trésor sans âge qui, dans des circonstances les plus diverses, apparaît brusquement, à l’improviste, et disparaît de nouveau dans d’autres conditions mystérieuses, comme s’il était une fée Morgane ».

      Autant marqué par ce surgissement de la liberté que par la dérive totalitaire de certains révolutionnaires, Orwell a donc regagné une Angleterre plongée dans un « profond sommeil » et dont il craint qu’elle n’en soit arrachée par le vrombissement des bombes. Celles-ci ne tardent pas à tomber. En 1940, il assume pleinement son patriotisme sans renier pour autant son socialisme égalitaire. Et explique pourquoi, malgré son opposition politique aux tories, il a « choisi l’Angleterre », ce qui ne l’empêche pas de tonner contre « ces libéraux à la bouche fleurie qui attendent la fin de la Seconde Guerre mondiale pour toucher tranquillement leur dividende ». Il devient chroniqueur à la BBC, puis pour Tribune, le journal de l’aile gauche du Parti travailliste, et collaborateur de nombreuses revues. Il s’engage dans la Home Guard, organisation combattante composée de civils destinée à protéger le pays contre un potentiel débarquement allemand.

      En 1944, il adopte avec sa femme un fils, Richard Blair, qui préside aujourd’hui la Fondation Orwell et la Orwell society. En 1945, il publie La Ferme des animaux, chez Secker & Warburg, devenu son éditeur depuis les réserves émises par Gollancz sur ses analyses critiques de l’orthodoxie marxiste. Mais Eileen meurt la même année d’un cancer. Désemparé, Orwell se mettra rapidement en quête d’une épouse, notamment pour faire face à l’adversité, car l’avenir de sa paternité est menacé par une santé dégradée depuis qu’une sévère tuberculose a été détectée.

      « Mon erreur fondamentale »

      Ce sera Sonia Brownell (1918-1980), personnalité en vue du milieu littéraire et artistique, qui fut l’assistante de son ami Cyril Connolly à Horizon, la grande revue culturelle de l’époque, avec qui Orwell se marie en 1949, trois mois seulement avant sa mort. La même année paraît le roman 1984, qu’il termine à Barnhill, sur l’île écossaise de Jura, où il s’installe avec son tout jeune fils adoptif Richard. Sa sensibilité au mépris de classe s’aiguise presque jusqu’au dernier souffle et, dans une note du 17 avril rédigée au sanatorium de Cranham, Orwell raille encore la « satiété ronflante », la « sotte assurance » et la « lourdeur repue » des membres des classes huppées dont il entend les voix à l’hôpital. « Pas étonnant que tout le monde nous haïsse autant », conclut-il. Mais, rongé par la maladie, il n’aura pas le temps de connaître l’immense succès de son dernier livre, qu’il hésitait à titrer Le Dernier Homme en Europe, puisqu’il meurt le 21 janvier 1950, d’une hémorragie pulmonaire massive.

      Anticolonialiste dès la fin des années 1920, antitotalitaire dans les années 1930, patriote révolutionnaire dès 1940, socialiste radical et défenseur des libertés politiques jusqu’à sa mort, Orwell est doté d’un sens de l’histoire et d’une pensée de l’événement hors du commun. Une acuité politique remarquable qui le conduisit à être le premier auteur à forger la notion de « guerre froide » : « Il se pourrait que nous n’allions pas vers l’effondrement général, mais vers une époque aussi atrocement stable que les empires esclavagistes de l’Antiquité », écrit-il dans l’une de ses chroniques à Tribune (« La bombe atomique et vous », 9 octobre 1945). L’arme nucléaire contribuerait en effet à renforcer un certain type d’État qui serait « en même temps invincible et dans une situation permanente de « guerre froide » avec ses voisins », poursuit-il.
      Gare, toutefois, à ne pas transformer Orwell en « objet d’une vénération sirupeuse », prévient l’écrivain Christopher Hitchens, qui publia Dans la tête d’Orwell (Saint-Simon, 2019). Orwell n’est pas un saint qui ne se serait jamais trompé. Correspondant londonien à partir de janvier 1941 de Partisan Review, revue politico-littéraire de la gauche radicale américaine, Orwell reconnut notamment ses erreurs d’interprétation lors de la Seconde Guerre mondiale. Dans l’une de ces Lettres de Londres datée de décembre 1944, il admet s’être « grossièrement trompé » jusqu’en 1942. Son « erreur ­fondamentale », explique-t-il, a été de « croire qu’il était impossible de gagner la guerre sans ­démocratiser la manière de la mener ».

      Dès l’automne 1940, en effet, il avait avancé l’idée du patriotisme révolutionnaire, résumée en deux formules : on ne peut espérer faire la révolution un jour en Angleterre si on ne gagne pas la guerre. En effet si Hitler gagne, toute perspective de révolution socialiste disparaît, ce pour quoi il est violemment hostile au pacifisme, notamment celui de ses amis anarchistes. Mais on ne peut espérer gagner la guerre si on ne fait pas la révolution, si une alliance des ouvriers et des classes moyennes ne chasse pas du pouvoir la vieille classe dirigeante britannique.

      Le milieu littéraire boude Orwell

      C’est de la fausseté de cette seconde formule qu’Orwell prend conscience à la fin de l’année 1942. Exemplaire jusque dans la reconnaissance de ses erreurs d’appréciation, il écrit à la fin d’Hommage à la Catalogne, ouvrage qui dessilla les yeux de toute une génération sur la mainmise des staliniens sur la révolution : « Méfiez-vous de ma partialité, des erreurs sur les faits que j’ai pu commettre, et de la déformation qu’entraîne forcément le fait de n’avoir vu qu’un coin des événements. »
      Le succès de George Orwell repose aussi sur l’accessibilité et la limpidité de sa prose. C’est « un écrivain au style clair, précis et direct », observe Bruce Bégout. Loin de l’avant-gardisme de James Joyce ou d’Henry Miller, qu’il admirait et dont il lui arriva d’imiter maladroitement le style dans ses premiers romans, « Orwell écrit sans afféterie ni formalisme littéraire ».

      L’ambition d’Orwell est claire : il s’agit de « faire de l’écriture politique un art », explique-t-il dans Pourquoi j’écris (1946). Ce qui le « pousse au travail », c’est toujours « le sentiment d’une injustice, et l’idée qu’il faut prendre parti ». Pourtant, tient à ajouter Orwell, il lui serait « impossible d’écrire un livre » si cela ne représentait également « une expérience esthétique ».

      Un art du roman « imperméablement fermé à la poésie », lui reproche pourtant Milan Kundera­. Pour l’auteur des Testaments trahis (Gallimard, 1993), non seulement 1984 est un « mauvais roman », car « les situations et les personnages y sont d’une platitude d’affiche », mais cet ouvrage « fait lui-même partie de l’esprit totalitaire » puisqu’il réduit la vie à la politique, en l’occurrence celle d’une société haïe, « en la simple énumération de ses crimes ». Une posture également raillée par le romancier Claude Simon qui, dans le chapitre IV des Géorgiques (Minuit, 1981), réécrit Hommage à la Catalogne mais pour le déconstruire. Plébiscité par le grand public, Orwell fut longtemps boudé par le milieu littéraire, qui lui préférait Kafka ou Zamiatine.

      Mais la grande partie des écrits d’Orwell ne sont pas fictionnels. Ce sont des articles et des essais qui témoignent d’un goût de l’enquête réflexive et de la pensée informée. « Il y a du Montaigne en Orwell, analyse Bruce Bégout, l’idée qu’il faut aller voir les choses par soi-même et que connaître, c’est sortir de soi. » Une littérature de témoignage et d’engagement qui enthousiasme un public fervent. Des écrits qui apportent « un peu d’air frais », pour reprendre le titre d’un roman d’Orwell (1939), et tranchent avec les textes « théoricistes » de la radicalité savante et militante.

      Autre usage important et de plus en plus fréquent d’Orwell, sa critique de la société industrielle, déjà soulignée par Jaime Semprun dans L’Abîme se repeuple, ouvrage paru en 1997 à l’Encyclopédie des nuisances qui publia avec les éditions Ivrea, les Essais, Articles et lettres d’Orwell en France. Une lecture renforcée aujourd’hui par la prise de conscience de l’urgence écologique, au point que certains lecteurs le situent dans la famille des « précurseurs de la décroissance ». Sa sensibilité à la nature est évidente et son aversion contre la « mécanisation de la vie » est flagrante, en effet, comme en atteste sa critique des « lieux de loisirs », bulles de vacances artificielles qu’on imagine à l’époque, où l’« on n’est jamais en présence de végétation sauvage ou d’objets naturels de quelque espèce que ce soit ».

      Récupéré par les conservateurs

      Depuis quelques années, Orwell est loué dans la sphère conservatrice jusqu’à faire l’objet d’une véritable opération de récupération. C’est la notion de « décence ordinaire », cette morale des classes populaires selon lui instinctivement capables de distinguer « ce qui se fait » de « ce qui ne se fait pas », tout comme sa loyauté au gouvernement de son pays pendant la guerre, qui séduit une partie des conservateurs, inspirés par le travail du philosophe Jean-Claude Michéa, qui portraiture Orwell en « anarchiste tory ». Mais aussi parce que l’auteur de 1984 aimait à dire que « parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre ». Il serait donc l’intellectuel incorrect, l’écrivain anti-« bien-pensant ». Orwell, en effet, savait parfaitement tancer son camp et notamment brocarder les « compagnons de route ».

      Mais son souci des autres désarmerait les adversaires les plus caricaturaux du « politiquement correct » et du « wokisme » qui font de l’antiracisme un nouveau communisme : « quiconque est informé d’un cas avéré de discrimination raciale doit systématiquement le dénoncer », écrivait-il ; son anticolonialisme viscéral, éclos lors de ces cinq années passées dans la police impériale des Indes, désemparerait aujourd’hui les pourfendeurs de la « repentance » postcoloniale : « Nous oublions qu’à l’autre bout du monde il y a toute une série de pays qui attendent d’être libérés » ; son égalitarisme déstabiliserait les modernes rentiers : « Pendant près de trois ans, les squares sont restés ouverts et leur gazon sacré a été piétiné par les enfants de la classe ouvrière, dit-il à propos des grilles qui avaient été retirées des parcs privés pendant la guerre. Une vision à faire grincer les dentiers des boursicoteurs. Si c’est du vol, alors tout ce que je peux dire, c’est : “ Vive le vol !”. »

      Orwell resta indéfectiblement de gauche et anticolonialiste jusqu’à ses derniers jours, européen favorable même à des « États-Unis socialistes d’Europe ». En un mot qui pourrait s’adresser à la droite libérale et autoritaire comme à ses intellectuels affidés : « Personne ne s’attend à ce que le parti tory et ses journaux nous apportent des lumières. »

      Plébiscitée, mais encore largement méconnue, l’œuvre de George Orwell reste d’une grande actualité. Elle invite surtout à faire vivre l’esprit critique, comme il le fit à l’égard de son camp dont il ne cessa de brocarder les facilités de pensée. « Le remplacement d’une orthodoxie par une autre n’est pas nécessairement un progrès. Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone, et cela reste vrai que l’on soit d’accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment », ­écrivait-il en 1945. Elle invite aussi ses lecteurs à sortir de l’entre-soi. À l’heure où le séparatisme social s’est particulièrement renforcé, elle affirme avec constance que « rendre les gens conscients de ce qui se passe en dehors de leur propre petit cercle » demeure l’« un des principaux problèmes de notre temps ».

  • Luzi & Berlan, L’écosocialisme du XXIe siècle doit-il s’inspirer de Keynes ou d’Orwell ?, 2020 – Et vous n’avez encore rien vu…
    https://sniadecki.wordpress.com/2023/10/03/luzi-ecosocialisme

    Keynes s’inscrit consciemment dans ce machiavélisme économique, en considérant que l’amour de l’argent « comme objet de possession », de même que les pratiques capitalistes en elles-mêmes « détestables et injustes », doivent être tolérés, étant les moyens les plus efficaces pour résoudre le « problème économique » (la rareté). Et il renvoie à ses petits-enfants la tâche de revenir sur cet immoralisme, une fois ce problème résolu.

    Le raisonnement de Keynes, qui repose sur la distinction entre les besoins absolus et les besoins relatifs, est pourtant sans consistance, puisqu’il méconnait la nature socio-culturelle des besoins. Même Adam Smith savait que le développement du commerce n’était pas une nécessité pour couvrir les besoins absolus

    […]

    À l’opposé de Keynes, qui, faisant de la « résolution du problème économique » une finalité indiscutable, reporte dans un futur indéterminé la contestation de l’infamie des pratiques capitalistes, Orwell suggère qu’un art de vivre conforme à la common decency permettrait aux gens ordinaires d’affronter ce « problème » de façon autonome, en associant la norme du suffisant et un commerce avec la nature se tenant à égale distance de l’impuissance technique et de la volonté de puissance technoscientifique.

    […]

    Emporté par la perspective de l’abondance, Keynes est indifférent au « chômage technologique », pour lui un effet collatéral transitoire. Cette perspective lui permet également de taire les conditions du travail industriel, les conséquences culturelles et politiques de la division technique du travail (pourtant déjà analysées par Adam Smith, Tocqueville et Marx), de même que celles des perfectionnements du machinisme. La connaissance de ces conditions de travail, Orwell la déduit du partage concret de celles des mineurs de Wigan. Et le machinisme lui semble, plutôt que de les délivrer de la nécessité, rendre les humains dépendants de macro-systèmes technologiques (et de leurs concepteurs) et les réduire progressivement « à quelque chose qui tiendrait du cerveau dans un bocal ».

    Les réflexions d’Orwell prolongent les intuitions de Rousseau sur le machinisme :

    « Plus nos outils sont ingénieux, plus nos organes deviennent grossiers et maladroits ; à force de rassembler des machines autour de nous, nous n’en trouvons plus en nous-mêmes [des capacités]. »

    #économie #socialisme #capitalisme #Keynes #Orwell #George_Orwell #Aurélien_Berlan #Jacques_Luzi #autonomie

  • Allemagne : les drapeaux russes et soviétiques bannis à Berlin le 9 mai
    https://www.bfmtv.com/international/europe/allemagne/allemagne-les-drapeaux-russes-et-sovietiques-bannis-a-berlin-le-9-mai_AD-2023
    https://img-s-msn-com.akamaized.net/tenant/amp/entityid/AAXanc1.img?w=768&h=432&m=4&q=68

    Le tribunal supérieur administratif de Berlin a confirmé que les drapeaux russes et soviétiques seraient bien interdits le 9 mai, à l’inverse des drapeaux ukrainiens.

    Les drapeaux russes et soviétiques seront bannis mardi aux abords du Mémorial soviétique de Tiergarten, dans le centre de Berlin, a confirmé lundi le tribunal supérieur administratif de la capitale allemande.

    Le tribunal supérieur a ainsi cassé une décision du tribunal administratif annulant une interdiction de ces drapeaux à l’occasion de la commémoration de la capitulation allemande les 8 et 9 mai.

    Sont ainsi prohibés autour du Mémorial, dans le parc du Tiergarten, les drapeaux russes et soviétiques, ainsi que les rubans de Saint-Georges, formés de trois bandes noires et régulièrement arborés en Russie pour commémorer la victoire sur l’Allemagne nazie en 1945.
    Drapeaux ukrainiens autorisés

    Les drapeaux ukrainiens, initialement interdits par la police, seront eux autorisés, a décidé le tribunal administratif de Berlin, une décision qui ne faisait pas elle l’objet d’un appel.
    « Le pronostic de la police selon lequel les symboles (russes) sont susceptibles de véhiculer de la violence compte tenu de la guerre d’agression en cours contre l’Ukraine, s’avère fondé », a justifié le tribunal supérieur dans sa décision.

    « Dans le contexte actuel, ils pourraient en tout cas être compris comme une manifestation de sympathie pour la conduite de la guerre », ajoute la juridiction, dont la décision a été saluée par la police berlinoise, qui a mobilisé en masse ses membres pour éviter mardi tout débordement.

    #Orwellien

  • La messagerie interne d’Amazon interdira les mots « syndicat » et « injuste »
    https://www.nextinpact.com/lebrief/68852/la-messagerie-interne-damazon-interdira-mots-syndicat-et-injuste

    La nouvelle application de messagerie interne d’Amazon interdira des mots comme « syndicat », « augmentation de salaire », « travail d’esclave » ou « c’est stupide », révèlent des documents examinés par The Intercept.

    L’objectif principal du programme serait de « favoriser le bonheur des travailleurs, ainsi que leur productivité ». De façon somme toute « orwellienne », Amazon y inclut un « contrôleur automatique des mauvais mots » constitué d’une liste noire destinée à signaler et empêcher automatiquement les employés d’envoyer un message contenant certains mots clés inappropriés.

    En plus des grossièretés, on y trouve de nombreux termes pertinents, comme « éthique », « injuste », « liberté », « indemnisation », « harcèlement » ou encore « ceci est préoccupant ».

    Un porte-parole d’Amazon précise que l’application est au stade de l’expérimentation, et que « beaucoup » de ces mots-clefs seront à terme éliminés : « les seuls types de mots qui peuvent être filtrés sont ceux qui sont offensants ou harcelants, afin de protéger nos équipes. »

    Ces révélations surviennent alors qu’un centre de distribution à New York est devenu le premier site d’Amazon à se doter d’un syndicat. « Doté d’un budget de 120 000 dollars seulement, l’Amazon Labour Union a en effet réussi à vaincre le mastodonte de 1 500 milliards de dollars, qui avait par ailleurs dépensé 4,3 millions de dollars en consultants antisyndicaux rien qu’en 2021 », ajoutent nos confrères.

    #Amazon #Orwell #Surveillance #Psychologie_comportementale #Syndicat

  • New Amazon Worker Chat App Would Ban Words Like “Union”
    https://theintercept.com/2022/04/04/amazon-union-living-wage-restrooms-chat-app

    Orwellien !!!

    Also: “Grievance,” “slave labor,” “This is dumb,” “living wage,” “diversity,” “vaccine,” and others.
    Ken Klippenstein
    Ken Klippenstein

    April 4 2022, 9:27 p.m.

    Amazon will block and flag employee posts on a planned internal messaging app that contain keywords pertaining to labor unions, according to internal company documents reviewed by The Intercept. An automatic word monitor would also block a variety of terms that could represent potential critiques of Amazon’s working conditions, like “slave labor,” “prison,” and “plantation,” as well as “restrooms” — presumably related to reports of Amazon employees relieving themselves in bottles to meet punishing quotas.

    “Our teams are always thinking about new ways to help employees engage with each other,” said Amazon spokesperson Barbara M. Agrait. “This particular program has not been approved yet and may change significantly or even never launch at all.”

    In November 2021, Amazon convened a high-level meeting in which top executives discussed plans to create an internal social media program that would let employees recognize co-workers’ performance with posts called “Shout-Outs,” according to a source with direct knowledge.
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    The major goal of the program, Amazon’s head of worldwide consumer business, Dave Clark, said, was to reduce employee attrition by fostering happiness among workers — and also productivity. Shout-Outs would be part of a gamified rewards system in which employees are awarded virtual stars and badges for activities that “add direct business value,” documents state. At the meeting, Clark remarked that “some people are insane star collectors.”

    But company officials also warned of what they called “the dark side of social media” and decided to actively monitor posts in order to ensure a “positive community.” At the meeting, Clark suggested that the program should resemble an online dating app like Bumble, which allows individuals to engage one on one, rather than a more forum-like platform like Facebook.
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    Following the meeting, an “auto bad word monitor” was devised, constituting a blacklist that would flag and automatically block employees from sending a message that contains any profane or inappropriate keywords. In addition to profanities, however, the terms include many relevant to organized labor, including “union,” “grievance,” “pay raise,” and “compensation.” Other banned keywords include terms like “ethics,” “unfair,” “slave,” “master,” “freedom,” “diversity,” “injustice,” and “fairness.” Even some phrases like “This is concerning” will be banned.
    Do you work for Amazon? Text tips to Ken Klippenstein via Signal at 202-510-1268.

    “With free text, we risk people writing Shout-Outs that generate negative sentiments among the viewers and the receivers,” a document summarizing the program states. “We want to lean towards being restrictive on the content that can be posted to prevent a negative associate experience.”

    In addition to the automated system, managers will have the authority to flag or suppress any Shout-Outs that they find inappropriate, the documents show.

    A pilot program is slated to launch later this month. In addition to slurs and swear words, the planned list includes the following words:

    I hate
    Union
    Fire
    Terminated
    Compensation
    Pay Raise
    Bullying
    Harassment
    I don’t care
    Rude
    This is concerning
    Stupid
    This is dumb
    Prison
    Threat
    Petition
    Grievance
    Injustice
    Diversity
    Ethics
    Fairness

    Accessibility
    Vaccine
    Senior Ops
    Living Wage
    Representation
    Unfair
    Favoritism
    Rate
    TOT
    Unite/unity
    Plantation
    Slave
    Slave labor
    Master
    Concerned
    Freedom
    Restrooms
    Robots
    Trash
    Committee
    Coalition

    “If it does launch at some point down the road,” said the Amazon spokesperson, “there are no plans for many of the words you’re calling out to be screened. The only kinds of words that may be screened are ones that are offensive or harassing, which is intended to protect our team.”

    Amazon has experimented with social media programs in the past. In 2018, the company launched a pilot program in which employees were handpicked to form a Twitter army advocating for the company, as The Intercept reported. The workers were selected for their “great sense of humor,” leaked documents showed.

    On Friday, Amazon workers at a fulfillment center in Staten Island, New York, stunned the nation by becoming the first Amazon location to successfully unionize. This came as a shock to many because it was achieved by an independent union not affiliated with an established union and that operated on a shoestring budget. With a budget of $120,000, the Amazon Labor Union managed to defeat the $1.5 trillion behemoth, which spent $4.3 million on anti-union consultants in 2021 alone.
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    Amazon Did Everything It Could to Bust the Staten Island Union. They Overcame It All.

    Adding to the David-and-Goliath overtones, the Amazon Labor Union’s president, Christian Smalls, a 33-year old former rapper, had been fired by the company after leading a small walkout calling for better workplace protections against the coronavirus in 2020. Amazon executives denigrated Smalls, who is Black, as “not smart or articulate” during a meeting with then-CEO Jeff Bezos, according to leaked memo reported by Vice News.

    Safety issues have been a perennial concern for Amazon workers. In December, a tornado killed six Amazon employees in a warehouse in Edwardsville, Illinois. Many employees said that they had received virtually no emergency training, as The Intercept reported. (The House Oversight Committee recently launched an investigation into Amazon’s workplace safety policies.)

    In 2020, workers at an Amazon fulfillment center in Bessemer, Alabama, tried to join the Retail, Wholesale and Department Store Union. The attempt became unusually high-profile, attracting the attention of President Joe Biden, who released a statement saying, “Every worker should have a free and fair choice to join a union … without intimidation or threats by employers.”

    The Bessemer vote failed, but the National Labor Relations Board ordered a new election, citing undue interference by Amazon. The Bessemer warehouse held a second vote that was also counted last week, and while the initial tally favored Amazon, the vote was much closer than the previous one and will ultimately depend on the results of challenged ballots.

    Amazon released a statement Friday saying that it is considering filing an objection to the Staten Island union vote, alleging interference by the NLRB.

    Update: April 4, 2022, 5:17 p.m. ET
    The headline and article have been updated to emphasize that the app is still in the planning phase and has not yet launched. It has also been updated to include comment from Amazon denying that “many” of the words obtained by The Intercept would be screened out.

    #Amazon #Orwell #Surveillance #Psychologie_comportementale

  • 1984, le roman de George Orwell, revisité dans une version féministe
    https://actualitte.com/article/103748/international/1984-le-roman-de-george-orwell-revisite-dans-une-version-feministe

    Un effet secondaire de l’entrée de 1984 dans le domaine public.

    Écrivant en 1948, il avait simplement inversé les chiffres pour aboutir à 1984. Ce monde dystopique présentait une Grande-Bretagne rebaptisée Airstrip One, prise dans un grand État totalitaire, que contrôle Big Brother. Entre la police de la pensée et la disparition de toute individualité, Winston Smith est un employé banal. Jusqu’à ce qu’il entame une liaison avec Julia, fonctionnaire au Commissariat aux romans... Eh bien, le recyclage commence !

    Les ayants droit d’Orwell indiquent avoir recherché longtemps une personne en mesure de donner pleinement une voix à Julia. Sandra Newman, sélectionnée pour le Women’s Prize et préselectionnée pour le prix du premier ouvrage qu’attribue le Guardian s’est avérée la bonne candidate. Ainsi, Richard Blair, fils d’Orwell, a approuvé le projet éditorial, souligne le Guardian.

    Une autre vision des choses, dans un monde qui n’accepte qu’une seule vérité, suprême et définitive, tout en présentant un récit radicalement différent de celui de Winston… Évidemment, la perspective de faire du neuf avec du vieux n’échappera à personne. Mais après tout, pourquoi se priver ? Rendez-vous en juin 2022 pour le découvrir.

    #Orwell #1984 #Domaine_public #Edition

  • BLOG FLORAISONS : LE PROCÈS DE MAYA FORSTATER ET LA CRITIQUE DU GENRE
    "Le patriarcat est une société où l’oppression des femmes « fait système » (Delphy, 1981) ; les discriminations que subissent les femmes sont alors loin d’être naturelles ou individuelles mais sont globales et systémiques. Le patriarcat est donc une organisation politique où les hommes sont totalement bénéficiaires de l’oppression des femmes. Il s’agit donc d’une société construite par les hommes et pour les hommes et qui structure toutes les sphères de la société.
    On observe que ce système repose sur une différentiation des rôles sexués : les personnes catégorisées mâles sont socialisées pour devenir des hommes, et les personnes catégorisées femelles sont socialisées pour devenir des femmes. Ces stéréotypes, ces rôles inégalitaires construisent des réalités sociales que l’on nomme la « construction genrée ».
    Le genre est une catégorisation sociale qui a pour fonction d’établir des hiérarchies et des inégalités. C’est pourquoi certaines féministes cherchent à abolir le genre. La question du genre est un sujet sur lequel convergent et s’opposent le féminisme radical et la théorie queer comme le présente un article de Debbie Cameron et Joan Scanlon, paru dans Nouvelles Questions Féministes (et traduit par la collective TRADFEM, « Convergences et divergences entre le féminisme radical et la théorie queer »).
    Le féminisme radical ne peut pas faire l’économie de la critique du genre et le genre ne peut échapper à la critique féministe radicale. Être féministe radicale, c’est entre autres être critique de la construction du genre. Dans cette perspective, le procès de Maya Forstater, qui s’apparente au procès de la critique du genre, nous paraît intéressant.
    Nous ne partageons pas forcément tous les points de vue de Maya Forstater, mais l’expression de la critique du genre est menacée d’être considérée comme n’étant pas une croyance philosophique protégée par le droit du travail, ce qui veut dire qu’une personne peut être légalement licenciée pour avoir exprimé des critiques : ici, celle de l’identité de genre. Cela a plusieurs conséquences, notamment le fait que les féministes radicales pourront perdre leur emploi du simple fait de leur engagement politique. Les femmes, déjà assignées à des tâches subalternes dans la division du travail et/ou moins rémunérées que les hommes, seront, une fois de plus, intimées de se taire pour ne pas voir leur situation empirer. Cette insécurité économique un peu plus forte sur les militantes les plus critiques serait désastreuse pour l’émancipation des femmes. (...)"

    https://tradfem.wordpress.com/2021/04/29/le-proces-de-maya-forstater-et-la-critique-du-genre-floraisons-bl
    #idéologietransgenriste #censuredesfemmes #genre #mayaforstater #blogFloraisons #Orwellv

  • Lu dans Le Parisien du 22 avril sur Envoyé spécial (émission de France 2) : « Affaire #MichelZecler : un montage se moquant de la mort de #GeorgeFloyd dans le portable d’un des policiers mis en examen. »
    On a ici un exemple de ce que #Orwell appelle les Two Minutes Hate (les Deux Minutes de Haine) où on jette en pature à la populace un individu mal-pensant qui ose toucher au dogme des intouchables comme George Floyd. C’est la « #Cancelculture », bienvenue en 1984.
    http://michelcampillo.com/blog/1984.html

  • Allgemeinverfügung rechtswidrig Shopping-Testpflicht in Brandenburg gekippt
    https://m.tagesspiegel.de/berlin/allgemeinverfuegung-rechtswidrig-shopping-testpflicht-in-brandenburg-gekippt/27053898.html

    31.03.2021, 15:38 Uhr, von Sabine Schicketanz - Das Potsdamer Verwaltungsgericht erklärt die Shopping-Testpflicht für unzulässig. Die Folgen daraus sind noch unklar. In Berlin ist die Pflicht am Mittwoch in Kraft getreten.

    Das Potsdamer Verwaltungsgericht hat die von Oberbürgermeister Mike Schubert (SPD) mit einer Allgemeinverfügung erlassene Shopping-Testpflicht gekippt. Das bestätigte Gerichtssprecher Ruben Langer am Dienstag.

    Die Allgemeinverfügung erweise sich „nach summarischer Prüfung als rechtswidrig“, teilte das Gericht mit. Sie sei unter anderem „inhaltlich nicht hinreichend bestimmt“.

    Die gerichtliche Überprüfung hatte nach Informationen der Potsdamer Neuesten Nachrichten der Baumarkt Hornbach in einem Eilantrag angestrengt. Die Stadt Potsdam hatte angeordnet, dass ab vergangenen Samstag das Einkaufen im Einzelhandel und auch in Baumärkten nur mit Vorlage eines aktuellen negativen Corona-Schnelltests möglich ist.

    Davon nicht betroffen sind die Läden des täglichen Bedarfs wie Supermärkte oder Drogerien und der Buchhandel, die auch im harten Lockdown geöffnet bleiben.

    Läden mit Testpflicht müssen wieder schließen

    Offen ist, welche Auswirkungen der Beschluss hat: Denn Potsdam hat nunmehr drei Tage hintereinander eine Sieben-Tage-Inzidenz von mehr als 100 aufgewiesen - damit muss die Stadt laut Landeseindämmungsverordnung die Notbremse ziehen und unter anderem die Geschäfte, für die es jetzt die Testpflicht gilt, wieder schließen.

    Allerdings sind die genauen Umstände und Vorgaben noch unklar, denn die Landesregierung von Ministerpräsident Dietmar Woidke (SPD) hat am Dienstagnachmittag eine geänderte Corona-Eindämmungsverordnung vorgestellt. Baumärkte sollen weiter offen bleiben; was das dann für Potsdams Testpflicht und den Beschluss des Verwaltungsgerichts bedeutet, ist ebenso noch unklar.

    Aus dem Handel hatte es viel Kritik an der Testpflicht gegeben. Händler befürchten, dass der Test eine weitere Hürde für Kunden ist, die dazu führt, dass noch weniger Menschen vor Ort einkaufen gehen, solange die Läden geöffnet sind. Am Samstag, dem ersten Tag mit Shopping-Testpflicht, hatte es Engpässe bei den Teststellen und wenig Kundschaft in den Läden der Innenstadt gegeben.

    Der Hornbach-Baumarkt hat nach PNN-Informationen bereits am Samstag die Testpflicht nicht umgesetzt. Sanktionen gab es nicht, die Stadt hatte angekündigt, nur zur Testpflicht aufklären zu wollen.

    Potsdam ist mit der Shopping-Testpflicht nicht allein: Auch die Bundesländer Berlin, Nordrhein-Westfalen und Mecklenburg-Vorpommern haben einen negativen Schnelltest zur Pflicht vor dem Einkaufen gemacht. Inwieweit das Potsdamer Urteil darauf Einfluss hat, ist derzeit offen.

    In Berlin gilt die Testpflicht seit Mittwoch. In allen Geschäften bis auf in denen des täglichen Bedarfs wie zum Beispiel Lebensmittelgeschäften, Apotheken oder Drogerien ist kein Test vorgeschrieben, in allen anderen schon.

    Der Test muss vom selben Tag sein – mit Ausnahme eines PCR-Tests, dieser darf maximal 24 Stunden zurückliegen. Dabei kann man auch eine Bescheinigung verwenden, die man nach einem Test am Arbeitsplatz oder einer der Berliner Teststellen bekommen hat, ob schriftlich oder elektronisch auf dem Smartphone.

    #Allemagne #civid-19 #surveillance #Orwell #1984 #iatrocratie

  • Zentrale Anlaufstelle für Corona-Tests der Berliner Senatsverwaltung für Gesundheit, Pflege und Gleichstellung
    https://test-to-go.berlin

    A #Berlin pour obtenir le droit de faire ses courses il faut se faire tester et enregistrer quotidiennement. Il est désrormais impossible de s’habiller et chausser sans identification et enrégistrement numérique.

    Pour le dire plus précisément : D’abord on oblige tout le le monde à se faire tester. Ensuite on oblige les malades à accepter la surveillance étroite par les autoritës compétentes. Impossible d"échapper à la surveillance totale.

    #Allemagne #Orwell #1984 #dystopie #iatrocratie

  • EU Observatory against disinformation (SOMA)
    https://www.disinfobservatory.org

    Le Ministère de la Vérité existe. C’est une agence de propagande de la Commission européenne .

    This project has received funding from the European Union’s Horizon 2020 research and innovation programme under grant agreement No 825469. This website reflects the views only of the Consortium, and the Commission cannot be held responsible for any use which may be made of the information contained herein.

    Commission européenne
    https://ec.europa.eu/info/index_fr


    Beware, Big Sister is watching you.

    Suivre le SOMA au jour le jour
    https://mobile.twitter.com/SOMAObservatory

    Source : „Die Latte der Zensur liegt so niedrig wie nie“
    https://www.nachdenkseiten.de/?p=71268

    #Europe #dystopie #Orwell #1984

  • #Orwell : faire #front, puis la #révolution

    « La seule attitude possible pour un honnête homme », disait George Orwell, c’est d’œuvrer « pour l’avènement du #socialisme ». Voilà qui tombe sous le sens. Mais plus concrètement ? L’auteur de 1984, qui se décrivait lui-même comme « définitivement "à gauche" », s’est fendu, au début des années 1940, d’un programme en six points afin de structurer le mouvement révolutionnaire qu’il appelait de ses vœux, depuis plusieurs années, dans l’espoir de renverser le #capitalisme et le #fascisme. Près de 80 ans plus tard, les blocs idéologiques qui s’affrontent de par le monde n’ont pas substantiellement changé : les possédants, les identitaires et les partageux. Plongée, crayon en main, dans le #socialisme_orwellien

    https://www.revue-ballast.fr/orwell-faire-front-puis-la-revolution

    #George_Orwell #faire_monde #internationalisme #despotisme #colonialisme #impérialisme

  • L’écosocialisme du XXIe siècle doit-il s’inspirer de Keynes ou d’Orwell ?
    Par Jacques Luzy et Aurélien Berlan
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-luzi/blog/171020/l-ecosocialisme-du-xxie-siecle-doit-il-s-inspirer-de-keynes-ou-d-orw

    L’effondrement économique que la crise du coronavirus est en train de provoquer sera, à en croire la plupart des analystes, comparable et même pire que celui engendré par la crise boursière de 1929, qui avait plongé le monde dans la récession, puis dans la guerre mondiale. L’importance des idées de l’économiste John Maynard Keynes dans la mise en place du dispositif socioéconomique ayant permis de la surmonter et d’inaugurer la période faste des Trente Glorieuses, grâce notamment au développement inédit de l’État social, conduit une part conséquente de la gauche (et plus largement de la classe politique et des citoyens) à soutenir un retour à Keynes contre le néolibéralisme dominant depuis les années 1980. C’est l’une des justifications sous-jacentes aux plans de relance économique échafaudés aujourd’hui de par le monde, et notamment aux projets de Green New Deal ou de « pacte vert » au cœur du débat public.

    On peut néanmoins se demander si le désastre écologique en cours, dont la pandémie de la Covid-19 est l’un des innombrables effets et, du point de vue de ses conséquences sociopolitiques probables, une sorte d’« avant-goût », ne barre pas définitivement la route à la planche de salut keynésienne d’un capitalisme régulé de manière étatique et fordiste. Issu du dépassement des limites écologiques lié à la croissance illimitée qui caractérise le capitalisme, ce désastre correspond moins à une crise conjoncturelle qu’à une débâcle structurelle et largement irréversible que l’on peut seulement espérer modérer dans son ampleur, sa vitesse et ses effets sociaux et (géo)politiques délétères. Or, la stratégie keynésienne de sortie de crise suppose la relance de la croissance et a coïncidé historiquement avec la « Grande Accélération » dans la prédation industrielle de la nature – qui constitue la cause « humaine » ultime de la crise actuelle, si du moins on s’en tient à l’explication la plus courante de l’origine « animale » du coronavirus, comme de la plupart des virus qui se multiplient depuis les années 1970, à mesure que cette prédation progresse.

    #Keynes #Orwell #Ecosocialisme #Covid-19 #Effondrement

  • L’écosocialisme du XXIe siècle doit-il s’inspirer de Keynes ou d’Orwell ?, 2020, Aurélien Berlan et Jacques Luzi
    https://sniadecki.wordpress.com/2020/10/20/berlan-luzi-ecosocialisme

    Pour surmonter l’effondrement économique et le désastre écologique en cours, vaut-il mieux « la décence commune » et « l’autonomie matérielle » d’Orwell ou le « machiavélisme économique » et la « délivrance technologique » de Keynes ?

    […]

    Ce texte a été écrit au mois de juin, à destination du Monde diplomatique. Face à tous les partisans d’un retour à Keynes (c’est-à-dire à la relance de l’économie par l’État, promue aujourd’hui notamment par le biais d’un Green New Deal), nous y analysons les présupposés de la position de Keynes (et de la vieille gauche socialiste), qui ressortent nettement d’un texte que le célèbre économiste avait écrit pendant la crise de 1929, et qui dessinait de mirifiques perspectives économiques pour ses petits enfants (nous), faites d’abondance pour tous et de fin du travail grâce à la technologie.

    Aujourd’hui, nous en sommes encore très loin, mais surtout, le désastre écologique nous fait comprendre que ce rêve était calamiteux et qu’il faut donc changer d’imaginaire, à gauche. En comparant les idées de Keynes avec celles de son compatriote et contemporain G. Orwell, nous avons essayé de lancer quelques pistes dans cette direction, tout en rappelant qu’il y avait déjà, il y a un siècle, d’autres manières d’imaginer le dépassement du capitalisme.

    Sans surprise, Le Monde diplomatique ne nous a même pas adressé un message de refus pour notre texte, certes malicieux. Comme quoi, la vieille gauche a encore du chemin à faire pour se libérer des ornières industrialistes dans lesquelles elle s’enfonce (et le monde avec elle) depuis un siècle, et prendre en compte les réalités de la vie sur Terre…

    #écosocialisme #Aurélien_Berlan #Jacques_Luzi #Keynes #Orwell #keynésianisme #gauche #solutionnisme #critique_techno #autonomie

  • Maurice Born

    Daniel de Roulet

    https://lavoiedujaguar.net/Maurice-Born

    Il y a différentes manières d’évoquer un homme comme Maurice Born. On peut donner deux dates entre parenthèses et un trait d’union au milieu (1943-2020), calculer qu’il est mort le 9 juillet à soixante-seize ans et trouver une signification au trait d’union entre les deux dates. On peut parler de ce qu’il a fait, des films, des livres, des débats et même des maisons en dur.

    Mais il ne faut pas oublier Maurice en mouvement. Plus d’une fois, il a déménagé, s’est posé en nous jurant qu’il ne bougerait plus. Au bout d’un certain temps lui venait l’envie de repartir. Françoise, sa femme, me dit que si la maladie qui lui a rongé les poumons ne l’en avait pas empêché, il aurait peut-être une fois de plus décidé d’abandonner la Crète.

    Il a commencé sa vie à Saint-Imier où sa mère nous faisait d’excellentes tartines pour le goûter tandis que son père installait l’électricité dans les maisons et vendait des postes de radio. Quand on naît à Saint-Imier dans le Jura suisse à la fin de la Seconde Guerre mondiale, on est imprégné par la tradition horlogère et par la révolte qui en a fait partie. Dès le début, les horlogers, travailleurs indépendants, refusaient les transformations qu’apportaient les manufactures. D’où, à la fin du XIXe siècle, le développement des idées anarchistes dans tout le Vallon. (...)

    #Maurice_Born #biographie #Daniel_de_Roulet #Jura #Saint-Imier #Bakounine #anarchisme #Laborit #cinéma #Jean-Daniel_Pollet #Crète #lépreux #Istrati #Orwell #édition

  • George #Orwell et son roman dystopique « #1984 » entrent dans « La Pléiade »
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/06/26/george-orwell-et-son-roman-dystopique-1984-entrent-dans-la-pleiade_6044344_3

    Cette édition sera dirigée par le grand spécialiste et traducteur de #littérature en #langue anglaise Philippe Jaworski, déjà à l’œuvre pour les éditions de Philip Roth, Herman Melville, Francis Scott Fitzgerald et Jack London publiées dans « La Pléiade ».

    Professeur de littérature américaine à l’université Paris-Diderot, il a lui-même retraduit le livre-phare de George Orwell, 1984. Cette nouvelle version d’un roman devenu monument de la littérature mondiale sera à n’en pas douter scrutée avec attention.

    [...] publié en français en 1950, ce roman d’Orwell, nom de plume d’Eric Arthur Blair, avait déjà bénéficié d’une nouvelle #traduction en français en 2018 due à la traductrice Josée Kamoun.

  • La #novlangue de George #Orwell, un #instrument de #domination
    https://www.franceculture.fr/litterature/la-novlangue-de-george-orwell-un-instrument-de-domination

    Jean-Jacques Rosat :
    « En #politique, on voit très bien à quoi ça s’applique, c’est les phrases toutes faites. Un journaliste vous pose une question et vous avez des éléments de langage tout faits qui vont constituer un acte de #communication mais certainement pas un acte de #pensée, de #réflexion. Les #jargons, les phrases toutes faites, les métaphores toutes faites. Tout ce vocabulaire-là empêche de penser, c’est un #vocabulaire #automatique. »

    Orwell est un écrivain, pas un théoricien politique. Mais la novlangue qu’il invente dans 1984 est une mise en garde universelle contre l’instrumentalisation du #langage. Il donne des conseils au lecteur pour ne pas se laisser manipuler par les mots.

    Jean-Jacques Rosat :
    « Pensez à ce que vous dites, essayez de ne dire que des choses que vous pensez et qui ont du sens. Défiez-vous farouchement de toutes les mécaniques de langage dans lesquelles c’est la #langue qui pense à votre place, donc d’autres que vous qui pensent à votre place. Si vous faites ce travail sur vous-même, ça ne changera pas la société du jour au lendemain mais c’est une condition pour la #démocratie et pour une société humaine. »