• #OTAN, reprends ton vol ! , par Philippe Leymarie (Les blogs du Diplo, 19 mai 2022)

    Foin de cette « mort cérébrale » que le président Macron promettait en 2019 à l’Alliance transatlantique. Envolés les désobligeants « Otan en emporte le vent », « Otan, suspends ton vol »… Voici l’OTAN revigorée, ressuscitée, et en partie réunifiée, retrouvant un ennemi à l’ancienne, nucléaire inclus, en la personne du tsar de toutes les Russies, auréolé de son génial concept « d’opération spéciale » en Ukraine, en passe de bousculer la géopolitique mondiale. Bon petit soldat, la France semble y trouver son compte, délaissant les sables brûlants du Sahel pour regarder vers les montagnes et plaines froides de l’Est.

    https://blog.mondediplo.net/otan-reprends-ton-vol

  • How Putin’s invasion returned Nato to the centre stage
    https://www.theguardian.com/news/2022/may/05/nato-returns-to-centre-stage-ukraine-invasion-russia-putin
    #Long_read critique sur l’#Otan dont je tire ces deux informations essentielles :

    D’abord une idée cadeau originale avec ce carré Hermès OTAN.

    Et ce retournement de veste de niveau international de Javier Solana :

    By 1995, the secretary general of Nato was Javier Solana, who had authored the 1982 tract 50 Reasons to Say No to Nato, which had helped carry his socialist party to victory in Spain, and who was himself formerly on the US list of subversive agents.

  • Guerre en Ukraine en direct : la Finlande membre de l’OTAN serait « assurément » une menace pour la Russie, affirme le Kremlin
    https://www.lemonde.fr/international/live/2022/05/12/guerre-en-ukraine-en-direct-la-finlande-annonce-etre-favorable-a-une-demande

    Pour le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui s’est exprimé face à la presse, la réponse de la Russie dépendra « des retombées pratiques de ce processus, de l’avancée des infrastructures militaires vers nos frontières ». « Tout cela constituera les éléments d’une analyse spécifique et pour l’élaboration des mesures nécessaires afin d’équilibrer la situation », a-t-il ajouté.

    Faire partie de l’OTAN, ça veut dire héberger des missiles nucléaires sur son territoire.

    Mais on peut aussi expliquer qu’on est libre de pointer des missiles nucléaires sur ses voisins, et que c’est un droit imprescriptible des démocraties contre les méchants.

    (on a un autre droit imprescriptible quand on est une démocratie, c’est celui de sniper dans le visage les journalistes au prétexte qu’il y a de la résistance armée pendant une opération militaire contre des civils colonisés ; où que l’on regarde l’impérialisme et le colonialisme sont des tares hideuses).

    • Ça va aussi avec ce qui est arrivé au Moskva, coulé en mer noire : la flotte à Mourmansk sur la mer de Barents devient dans une situation particulièrement compliquée (moins de 200 km des frontières de l’OTAN). La Russie se retrouve avec ses moyens militaires conventionnels bloqués (avec pour effet immédiatement contreproductif de justifier le déploiment d’armes non conventionnelles).

      Sinon, oui, Cuba est toujours sous embargo américain, et je ne crois pas que grand monde promeuve l’idée qu’il serait du droit inaliénable de Cuba d’installer des missiles russes sur son territoire. (Malgré ça, j’ai récemment vu une campagne de dénonciation contre Chomsky, qui a eu le tort de rappeler qu’il y a une réalité géopolitique, et qu’il faut bien un tout petit peu faire avec si on ne voulait pas faire sauter la planète.)

    • La France « soutient pleinement le choix souverain » de la Finlande, qui veut rejoindre l’Otan
      https://www.bfmtv.com/international/la-france-soutient-pleinement-le-choix-souverain-de-la-finlande-qui-veut-rejo

      La France « soutient pleinement le choix souverain » de la Finlande de vouloir intégrer l’Otan le plus rapidement possible, a fait savoir jeudi l’Élysée.

      Mourir souverainement sous un déluge nucléaire, après tout, c’est peut-être ça le progrès.

    • L’art de jeter de l’huile sur le feu :

      Côté diplomatique, la tension monte autour la probable future adhésion de la Finlande à l’OTAN, dont la candidature est attendue dimanche. La Russie a menacé, jeudi, la Finlande d’une riposte « militaro-technique » après que ses dirigeants ont annoncé leur volonté d’adhérer « sans délai » à l’OTAN sous l’influence de la guerre en Ukraine.

    • La Russie de Poutine devrait cesser de se torcher avec le « Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes ».
      Les Finlandais ont le droit de ne pas trembler tous les quatre matins parce que Poutine éternue.

      Il ne s’agit pas de s’aligner sur les USA.
      Mais il ne s’agit pas non plus de laisser Poutine, assassiner, violer, faire main basse sur tout ce qui lui passe sous le nez.

    • Question : vu que La Finlande et la Suède sont deux états membres de l’UE, en cas d’agression contre l’un d’eux, l’UE a-t-elle une obligation de soutien militaire ?

      Et, comme de juste, la réponse n’est pas claire. Ici, on décortique l’article 42 alinéa 7 du TUE (Traité sur l’Union européenne)

      https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-2016-3-page-68.htm

      La clause d’aide et d’assistance en cas d’agression armée

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      Le traité de Lisbonne introduit une clause d’aide et d’assistance en cas d’agression, équivalent d’une clause de défense collective, au nouvel article 42§7 du TUE. Cette clause prévoit qu’en cas « d’agression armée sur le territoire d’un État-membre, les autres États-membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir (…) ». Cette innovation illustre la nouvelle dimension conférée par le traité à la politique de défense.

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      Cependant, la formulation du traité reste prudente, dans la mesure où il est énoncé que cette clause de défense mutuelle « n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États-membres ». Est ainsi respectée la neutralité ou le caractère « non-aligné » de certains des membres de l’UE. En outre, la clause précise que « les engagements et la coopération dans ce domaine demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l’Otan, qui reste pour les États qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l’instance de sa mise en œuvre ». Cette déclaration de conformité permet d’éviter toute possibilité de contrariété d’engagement pour les États-membres également parties à l’Otan. La possibilité d’une telle contrariété n’aurait en réalité de sens qu’en cas de conflits entre un État-membre faisant partie de l’Otan et un autre membre de l’Otan, extérieur à l’UE et n’a pour ambition que de rappeler l’engagement transatlantique de défense collective (article 5 de l’Otan), sans qu’il ne soit explicitement confié à l’UE un rôle pour sa mise en œuvre.

      C’est vrai que dans cette analyse, on cherche les ressorts qui permettraient une intervention dans le cadre d’attaques terroristes.

      #diplomatie #traités #OTAN #UE #guerre

    • L’UE n’a pas de vraie force militaire propre, jusqu’ici. Et question puissance ... rien à voir avec l’OTAN.

      Donc face à Poutine, même si je sais que les américains ont souvent commis des crimes de guerre, moi je préfèrerais adhérer à l’OTAN qu’à l’UE ;-))

    • L’UE n’a pas de vraie force militaire propre, jusqu’ici. Et question puissance ... rien à voir avec l’OTAN.

      Donc face à Poutine, même si je sais que les américains ont souvent commis des crimes de guerre, moi je préfèrerais adhérer à l’OTAN qu’à l’UE ;-))

    • @stephane_m :
      Mouais. Ceci dit, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est parfois (souvent ?) soluble dans la volonté hégémonique des États-Unis, dont l’OTAN n’est que le bras armé (mais tu en es conscient) .
      Ci joint un extrait d’article de mai 2015 mis en ligne chez Cairn.info le 22/03/2020 :

      https://www.cairn.info/revue-la-pensee-2016-1-page-71.htm

      L’idéologie atlantiste est une idéologie interventionniste. Elle l’est en Europe, elle l’est dans le monde. Une fois le Rubicon franchi, il n’y a pas de retour en arrière et les principales victimes, dans toutes les guerres, ce sont les peuples. Cette stratégie de la tension est d’autant plus dangereuse que l’état-major de l’Otan est actuellement sous le commandement d’un faucon parmi les faucons, le général d’armée aérienne Philip M. Breedlove qui, dans la tradition bushienne d’intoxication des opinions, a multiplié les déclarations sur «  l’invasion russe de l’Ukraine et de l’Europe orientale  », déclarations que même ses alliés ont considérées comme outrancières. Cela lui a valu un rappel à plus de mesure et, lors des conférences de presse, d’être placé sous le contrôle du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, atlantiste confirmé, mais plus expérimenté en diplomatie et communication.

      L’intérêt des peuples européens est-il de chercher une solution diplomatique à la crise ukrainienne ou de recourir à la menace des armes  ? (nous sommes en 2015) Qui peut croire les dirigeants russes prêts à mener une guerre suicidaire pour leur pays et leur peuple  ? (et 7 ans plus tard, il a dû se passer des choses pour qu’on en arrive là, mais pour l’instant, on a du mal à y voir clair ou nos "stratèges" ne veulent toujours pas avouer qu’ils ont merdé quelque part)
      Un principe de négociation consiste à entendre l’autre partie. Dans le cas de la Russie, au cœur du conflit ukrainien, comme cela était dans le conflit géorgien, se pose, comme pour toute grande puissance, la question de «  l’espace vital  ». Il y a une volonté politique et idéologique de ne pas comprendre que tout élargissement de l’Otan à ses frontières est jugé inacceptable par la Russie, que cela est considéré comme une ligne rouge stratégique, au même titre que les États-Unis, en application de la doctrine Monroe, ont durant deux siècles défendu leur pré carré et porté la guerre, multiplié les coups d’État, soutenu des dictatures, commandité des assassinats en Amérique centrale et du Sud.

      Connaître les options stratégiques de l’Otan et les choix politiques des dirigeants atlantistes qui nous gouvernent ne signifie nullement ignorer que dans tout conflit deux parties (au moins) sont en présence et s’affrontent, et qu’il convient de connaître les objectifs de chacune des parties, en l’occurrence ceux de Moscou comme de Washington, Berlin, Paris, Varsovie ou Kiev. Cela précisé, il nous revient, comme citoyens, de tirer les leçons et dénoncer les politiques suivies depuis vingt-cinq ans par nos gouvernements, de reconnaître les responsabilités qui découlent de ces politiques dans la situation de conflits que l’Europe et le monde connaissent, c’est là un préalable nécessaire, indispensable, à une autre politique.

      et plus loin :

      À quoi sert l’Otan aujourd’hui (en 2015)  ? La finalité de toute structure est de se perpétuer, c’est donc par la guerre (froide ou chaude) qu’elle peut légitimer son existence et son rôle. Il en a été ainsi après l’implosion de l’Union soviétique, l’Otan a pu alors assurer son maintien par l’existence d’un foyer de guerre dans les Balkans, d’où le risque qu’aujourd’hui, l’Ukraine ou un autre conflit soient sa justification.
      Le bilan de vingt-cinq ans de «  guerres justes  » dont l’Otan a été un instrument essentiel condamne celle-ci. Si l’idéologie atlantiste responsable de ces politiques interventionnistes n’est plus porteuse d’un projet hégémonique, cela n’en change ni la nature ni la logique de puissance et de domination. C’est pourquoi il faut rompre avec les concepts atlantistes s’appuyant sur la force des armes et les interventions militaires de l’Otan pour maintenir la domination des puissances occidentales et imposer au monde l’économie de marché. Il faut se libérer de l’allégeance à l’Otan, proclamée dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale adopté 2013 sous la présidence de François Hollande, dans lequel il est affirmé que «  l’Alliance est un pilier de la politique de défense française  ». Il faut encore et toujours en demander la dissolution. (sauf que dans le cas présent, ce n’est plus à l’ordre du jour)

      Après, chaque nation souveraine dispose de son droit pour adhérer ou non à une alliance militaire mais encore faudrait-il que les dirigeants de ces nations aient toujours à l’esprit que la diplomatie et la négociation passe avant le déclenchement d’un conflit armé, surtout si la prise de décision est conditionnée par une certaine forme de panique.

    • Je comprendrais que les peuples arabes se défient de l’OTAN car les USA les ont sans cesse massacrés.

      Mais la Russie ? Quand l’OTAN ou les Etats-Unis ont-ils portés atteinte aux intérêts de la Russie ?

      Je ne crois pas que la Russie ait réellement peur d’une attaque de l’OTAN.

      Par contre, Poutine, grâce à sa possession de bombes nucléaires se donne le droit de menacer, outre l’Ukraine, la Moldavie, la Finlande et la Suède.

      Poutine est un dictateur sanguinaire qui se plait à faire plier le monde par peur de ses bombes nucléaires qu’il agite sans cesse.

      Considérer qu’il faut céder un prétendu « espace vital » à un dictateur au delà de ses frontières internationalement reconnues, me parait une complicité avec la volonté de main-mise de ce dictateur sur les peuples voisins.

  • #Ukraine : l’#OTAN a peut-être provoqué l’offensive russe pour le Pape François – La Nouvelle Tribune
    https://lanouvelletribune.info/2022/05/ukraine-lotan-a-peut-etre-provoque-loffensive-russe-pour-le-pape

    Prêt à rencontrer Poutine, le pape François évoque « les aboiements de l’OTAN à la porte de la Russie »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/03/pret-a-rencontrer-poutine-le-pape-evoque-les-aboiements-de-l-otan-a-la-porte

    #Russie

  • Noam Chomsky : « La guerre en Ukraine accélère l’horloge de l’apocalypse. »

    Depuis le début de la guerre en #Ukraine, la stratégie militaire de la #Russie et les objectifs géostratégiques du président Vladimir #Poutine ont fait l’objet de nombreuses spéculations. En effet, on ne sait toujours pas ce que veut Poutine, et les invitations répétées du président ukrainien Volodymyr #Zelenskyy à une rencontre en tête-à-tête ont été rejetées par #Moscou, même s’il semble que cela pourrait bientôt changer. Pendant ce temps, la destruction de l’Ukraine se poursuit sans relâche, tandis que les pays européens et les #États-Unis augmentent leurs dépenses militaires, ce qui est sans doute l’indication la plus claire à ce jour qu’une nouvelle guerre froide pourrait être en cours.

    L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (#OTAN) renforce son front oriental et aucun signe en provenance de #Washington n’indique que l’administration #Biden souhaite s’engager dans une diplomatie constructive pour mettre fin à la guerre en Ukraine. En fait, le président Joe Biden jette de l’huile sur le feu en utilisant un langage particulièrement provocateur à l’encontre du président russe.

    Nous vivons une époque dangereuse. Il nous faut nous souvenir que, pendant le mandat de Trump, les aiguilles de l’horloge de l’apocalypse ont laissé tomber les minutes et n’indiquent que les secondes, elle est maintenant réglée à 100 secondes avant minuit – extinction. Les analystes qui ont réglé l’horloge donnent trois raisons à cela : la guerre nucléaire, la destruction de l’environnement et le délitement tant de la démocratie que d’une sphère publique libre, ce qui sape tout espoir de voir des citoyens informés et sensibilisés contraindre leurs gouvernements à triompher de la double course au désastre.

    La guerre en Ukraine a exacerbé ces trois tendances désastreuses. La menace nucléaire a fortement augmenté. La nécessité impérieuse de réduire fortement l’utilisation des combustibles fossiles a été réduite à néant par l’adulation des destructeurs de toute vie sur Terre ayant sauvé la civilisation face aux Russes. Et la démocratie tout comme une sphère publique libre connaissent un déclin inquiétant.

    Cela rappelle tellement ce qu’il se passait il y a 90 ans, même si les enjeux sont bien plus importants aujourd’hui. À l’époque, les États-Unis ont répondu à la crise en ouvrant la voie à la social-démocratie, en grande partie sous l’impulsion d’un mouvement ouvrier renaissant. L’Europe a sombré dans les ténèbres fascistes.

    Ce qui va se passer maintenant est incertain. La seule certitude que nous ayons est que cela ne dépend que de nous.

    https://www.les-crises.fr/noam-chomsky-la-guerre-en-ukraine-accelere-l-horloge-de-l-apocalypse

  • Finland and Sweden eager for Nato membership
    https://www.thetimes.co.uk/article/finland-and-sweden-will-make-nato-decision-in-weeks-not-months-p0ps905sl

    One of the crowning ironies of President Putin’s attempt to shore up Russia’s position by annexing its neighbour is that he is about to double the length of its land borders with Nato.

    [...] It would also put Nato soldiers scarcely 100 miles from St Petersburg, Putin’s home city, and on the doorstep of the Kola peninsula, a significant base for Russia’s naval power as it seeks to expand its footholds in the warming waters of the Arctic.

    [...] In the strict sense of the word, Sweden and Finland left neutrality behind more than 25 years ago. Both joined the European Union in 1995 and in the late 1990s formed partnerships with Nato that have become steadily closer over time, in particular since Russia illegally annexed Crimea in 2014.

    They routinely exchange intelligence with the alliance and have contributed troops to joint training exercises, peacekeeping missions and rapid reaction forces, including the UK-led Joint Expeditionary Force. They have sent large quantities of armaments to Ukraine — including roughly 10,000 anti-tank missiles from Sweden — breaking with their traditions of not dispatching weapons to conflict zones.

    Less immediately obvious are the risks. Article 5 does not cover candidate states during the accession process, which could take as long as a year.

    • La Russie en pleine prophétie autoréalisatrice. À quelques détails près. Bon nombre de responsables militaires et politiques russes n’accepteront jamais la manière dont Poutine a cramé le matos, les hommes, des hauts gradés et surtout le crédit de la glorieuse armée rouge, bien au-de-là de la Guerre d’Afghanistan.

      #Otan

  • Le Canada a formé des éléments d’un régiment ukrainien lié à l’extrême droite Simon Coutu - Radio Canada
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1873461/canada-regiment-ukrainien-lie-extreme-droite-azov

    Le Canada a dépensé près d’un milliard de dollars pour former des forces ukrainiennes depuis 2014. Des militaires du régiment Azov, connu pour ses liens avec l’extrême droite, ont profité de cet entraînement, selon des documents analysés par Radio-Canada.

    Fondé par un néonazi notoire, le régiment Azov s’est fait connaître pour ses faits d’armes en 2014 contre les séparatistes prorusses, notamment à Marioupol, là où il combat de nouveau aujourd’hui. D’ailleurs, avec le repositionnement des forces russes dans le sud et dans l’est de l’Ukraine, le bataillon pourrait avoir un rôle central à jouer dans les futurs combats.

    Lorsque Vladimir Poutine avance vouloir “dénazifier” l’Ukraine en envahissant ce pays, il fait notamment référence à cette unité controversée. Si l’effectif du bataillon s’est diversifié depuis son intégration au sein de la Garde nationale ukrainienne (GNU), il entretient toujours des liens avec l’extrême droite.

    C’est en raison de ces affiliations fascistes qu’Ottawa répète d’ailleurs, depuis 2015, que jamais les Forces armées canadiennes (FAC) ne fourniront ou n’ont fourni d’entraînement ou de soutien à ce régiment ni à des unités affiliées.

    Pourtant, des photos prises au centre de formation de Zolochiv de la garde nationale ukrainienne , dans l’ouest de l’Ukraine, montrent le contraire. Les Forces armées canadiennes ont bel et bien contribué à la formation des soldats du régiment Azov en 2020, au point où cette unité se targue maintenant de pouvoir former ses propres militaires selon les standards occidentaux.

    Sur deux clichés publiés sur les réseaux sociaux de la Garde nationale ukrainienne (Nouvelle fenêtre) https://www.facebook.com/ngutrainingcentr/posts/2178291778970663 le 20 novembre 2020, on aperçoit deux militaires qui portent sur leur uniforme un écusson fourni par le régiment Azov au moment où ils participent à un entraînement auprès des Forces armées canadiennes. Il s’agit de l’emblème du test Spartan, un tournoi avec des épreuves de force. L’écusson est aussi frappé du logo du régiment Azov, qui évoque la Wolfsangel, un symbole qui a été utilisé par plusieurs unités nazies.

    Selon Oleksiy Kuzmenko, un journaliste spécialiste de l’extrême droite ukrainienne, la présence de ces écussons suggère fortement que le régiment Azov a eu accès à l’entraînement militaire canadien.

    “L’écusson en question est fermement et exclusivement associé au régiment Azov”, dit-il. “Ces éléments de preuve démontrent que les militaires canadiens n’ont pas mis en place les mécanismes qui empêcheraient cette unité militaire d’extrême droite d’accéder à l’aide occidentale fournie aux forces militaires et de sécurité”, dit le reporter, qui collabore notamment avec le média d’investigation en ligne Bellingcat (Nouvelle fenêtre). https://www.bellingcat.com

    Chercheur à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), spécialiste de l’Ukraine, de l’extrême droite et du nationalisme ukrainien, Adrien Nonjon reconnaît lui aussi ce symbole sur les photos.

    “Je peux vous assurer avec une certitude absolue que c’est un écusson d’Azov”, fait-il observer. “Ce régiment se présente comme une formation d’élite et essaie d’inculquer ce modèle de dépassement de soi à ses combattants. Cela dit, on peut aussi imaginer que l’individu qui porte cet écusson est un ancien membre du régiment.”

    Sur une autre image (Nouvelle fenêtre) https://www.flickr.com/photos/cfcombatcamera/50562875068/in/photostream

    Flickr
    prise lors du même entraînement, cette fois-ci par une photographe des Forces armées canadiennes, on aperçoit un soldat ukrainien qui porte un écusson aux couleurs de la 14e division de la Waffen-SS, créée en 1943 par le régime nazi d’Adolf Hitler pour combattre l’Union des républiques socialistes soviétiques avec des volontaires ukrainiens. Une cérémonie destinée à rendre hommage à cette division a d’ailleurs été condamnée en 2021 (Nouvelle fenêtre) https://www.president.gov.ua/news/shodo-akciyi-u-kiyevi-do-richnici-stvorennya-diviziyi-ss-gal-68225 par le président Volodymyr Zelensky.

    Sur cette photo prise par les Forces armées canadiennes, on aperçoit un militaire ukrainien qui porte un écusson de la 14e division de la Waffen-SS.


    Photo : Avr Melissa Gloude, Forces armées canadiennes. Photomontage : Charlie Debons, Radio-Canada

    Si, historiquement, cette division de la Waffen-SS n’a pas participé aux massacres de Juifs en Ukraine durant la Seconde Guerre mondiale, il n’en reste pas moins que l’image du lion doré et des trois couronnes est très controversée.

    “On ne s’en sort pas : [la Waffen-SS], c’est une bande de nazis”, affirme le professeur et titulaire de la Chaire en études ukrainiennes de l’Université d’Ottawa, Dominique Arel. “En tant que division, ils ont été créés trop tard pour participer à l’Holocauste et ont été utilisés comme de la chair à canon par les Allemands.
    Mais il n’en demeure pas moins que la symbolique est forte. Les SS, c’est le groupe le plus criminel du 20e siècle.”

    Opération Unifier
    Depuis 2015, le Canada a contribué à former 33 346 candidats des Forces de sécurité de l’Ukraine, dont 1951 éléments de la garde nationale ukrainienne , dans le cadre de l’opération Unifier, selon le ministère de la Défense nationale (Nouvelle fenêtre). https://www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/services/operations/operations-militaires/operations-en-cours/operation-unifier.html Le coût de ce programme s’élève à plus de 890 millions de dollars. Tous les six mois, environ 200 membres des Forces armées canadiennes se relaient pour offrir de l’aide en matière d’instruction sur la force de sécurité. Tout ce personnel a été temporairement déplacé en Pologne jusqu’à ce que les conditions permettent une reprise de l’entraînement.

    Les militaires canadiens ont travaillé en collaboration avec le Centre de formation de la Garde nationale ukrainienne à Zolochiv du 20 février 2019 au 13 février 2022, selon les Forces armées canadiennes.

    Interrogé sur la présence de ces écussons sur l’uniforme de militaires ukrainiens durant un entraînement mené par les Forces armées canadiennes, le ministère de la Défense nationale a formellement nié avoir formé des membres du régiment Azov.

    “Les Forces armées canadiennes n’ont jamais donné quelque formation que ce soit aux membres du bataillon Azov”, assure par courriel le ministère de la Défense nationale. “Les militaires participant à l’op Unifier ont toujours reçu l’ordre de ne pas s’entraîner avec les membres du bataillon Azov et de n’avoir aucun contact avec eux.”

    Le porte-parole du ministère convient cependant que “les membres de l’op Unifier n’exercent aucune surveillance sur les personnes choisies pour assister aux cours ou aux séances de formation”.

    Des membres de la Garde nationale ukrainienne suivent une séance de formation de la part de militaires canadiens de l’opération Unifier le 22 janvier 2021.


    Photo : Avr Melissa Gloude, Forces armées canadiennes

    Selon le ministère, il incombe à l’Ukraine d’effectuer les vérifications requises en ce qui concerne les militaires en formation.

    “Les Forces armées canadiennes n’ont ni le pouvoir ni le mandat de faire enquête sur les militaires d’autres pays. Toutefois, le personnel de l’op Unifier a toujours eu l’obligation et le droit de demander au personnel de commandement des installations d’entraînement ou des académies militaires ukrainiennes de retirer des cours donnés ou supervisés par des membres des Forces armées canadiennes tout soldat ukrainien qu’ils soupçonnent d’être inadéquat du point de vue des valeurs canadiennes ou du droit international.”

    Contacté par courriel, un représentant de la garde nationale ukrainienne a réfuté que des éléments du régiment Azov aient pu participer à une formation auprès de militaires canadiens, malgré les écussons particuliers du régiment observés sur leurs propres photos. “Quant à la période que vous mentionnez [novembre 2020], cette unité n’y a pas fait d’exercice”, écrit un porte-parole. “Et cette pièce ne fait pas partie de leur uniforme.”

    Les membres du régiment Azov n’ont pas répondu à nos requêtes par courriel ni sur le réseau Telegram.

    Des membres du régiment Azov de la Garde nationale ukrainienne ainsi que des activistes du parti d’extrême droite Corps national et du groupe radical Secteur droit ont participé à un rassemblement pour marquer la Journée des défenseurs de l’Ukraine, à Kiev, en octobre 2016.


    Photo : Reuters / Gleb Garanich _

    Former Azov par la bande
    Le 18 août 2021, un communiqué publié sur le site web de la garde nationale ukrainienne avançait par ailleurs que des éléments du régiment Azov (aussi connu sous le nom “de détachement spécial de l’unité militaire 3057”) avaient reçu un entraînement auprès d’instructeurs formés selon un programme élaboré avec la participation de représentants de l’opération Unifier, appelé “PR-1”.

    “Le premier groupe de chasseurs de l’unité militaire 3057 a commencé à s’entraîner dans le cadre du programme de formation de base des soldats selon les normes de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord [...]”, peut-on y lire. “Un tel cours en Ukraine n’a lieu qu’au Centre de formation de la Garde nationale ukrainienne à Zolochiv [...]. Le programme de formation de base des soldats est la première étape de la croissance du système de formation professionnelle de la Garde nationale d’Ukraine. Il a été élaboré conjointement avec des représentants de l’opération Unifier selon les normes de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord.”

    Un communiqué publié sur le site web du régiment Azov au mois d’août 2021 précise que 35 combattants ont participé à cette formation.

    Au mois d’octobre, Azov se targuait de former 33 cadets selon le programme PR-1, mais cette fois-ci dans ses propres installations, grâce aux entraînements reçus à Zolochiv. On y mentionne aussi que, “pour le prochain cours, les instructeurs sont prêts à accepter deux fois plus de militaires et à dispenser régulièrement une telle formation”.

    Questionné sur cette formation offerte par des instructeurs d’Azov, “élaborée avec des représentants de l’opération Unifier selon les normes de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord”, le ministère canadien de la Défense nationale affirme “ne pas être au courant”.

    La garde nationale ukrainienne et toutes ses sous-organisations, comme le Centre de formation de Zolochiv – où les membres des Forces armées canadiennes opéraient –, “ont toujours été pleinement conscients et ont convenu que le ministère de la Défense nationale et les FAC ne formeraient pas les membres du régiment Azov et n’auraient pas de contacts avec eux”, indique un porte-parole par courriel. “De plus, la [garde nationale ukrainienne ] a toujours accepté de prendre des mesures pour éviter des interactions.”

    La garde nationale ukrainienne n’a pas donné suite à notre demande à ce sujet.

    Dépolitisé ou néofasciste ?
    Le régiment Azov, qui participe à la défense de la ville de Marioupol, dévastée par l’armée russe, est une unité très controversée en Ukraine, comme ailleurs.

    Les autorités russes utilisent le spectre d’Azov pour justifier l’invasion de l’Ukraine. Dans un discours diffusé quelques minutes avant le début de l’invasion, le 24 février, Vladimir Poutine avait déclaré chercher “à démilitariser et à dénazifier l’Ukraine”, alors que le président du pays, Volodymyr Zelensky, est juif. Le 10 mars, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a justifié le bombardement d’une maternité à Marioupol par la présence du “bataillon Azov et d’autres radicaux” sur place.


    Le président de la Russie, Vladimir Poutine, a déclaré chercher à démilitariser et à dénazifier l’Ukraine au cours d’un discours télévisé le 24 février 2022.
    Photo : Associated Press

    Créé par le néonazi Andriy Biletsky, le régiment Azov compterait aujourd’hui 10 000 combattants sur les quelque 200 000 soldats de l’armée ukrainienne, selon son fondateur.

    Il s’agit donc d’une entité minoritaire, bien loin de ce que laisse supposer la propagande de Vladimir Poutine.

    Les quelque 800 combattants qui le composaient à l’origine, durant la guerre du Donbass, ont contribué à reprendre la ville de Marioupol aux séparatistes prorusses en 2014. De nombreux volontaires étaient issus de la formation ultranationaliste Patriote d’Ukraine et de l’Assemblée sociale nationale, d’allégeance néofasciste.

    Andriy Biletsky a siégé au Parlement de 2014 à 2019. Si son discours s’est affiné depuis, il a mentionné en 2008 que la mission de l’Ukraine consiste à “ mener les races blanches du monde dans une croisade finale… contre les Untermenschen [les sous-humains] dirigés par les Sémites”.

    En juin 2015, le Canada a annoncé qu’il ne soutiendrait pas et n’entraînerait pas ce régiment. En visite à Kiev, le ministre de la Défense nationale de l’époque, Jason Kenney, l’avait alors qualifié  (Nouvelle fenêtre) https://www.theglobeandmail.com/news/national/kenney-says-nationalist-azov-group-shouldnt-tarnish-ukraines-image/article25157369 d’un “petit nombre de pommes pourries”.

    Toutefois, en 2018, une délégation de militaires et de diplomates canadiens a rencontré des membres du régiment en Ukraine (Nouvelle fenêtre) https://ottawacitizen.com/news/national/defence-watch/canadian-officials-who-met-with-ukrainian-unit-linked-to-neo-nazis-fe malgré les mises en garde formulées un an plus tôt par les Forces armées canadiennes.

    Un rapport de 2016 du Haut-Commissariat aux droits de l’homme  (Nouvelle fenêtre)des Nations unies (Nouvelle fenêtre) https://www.ohchr.org/sites/default/files/Documents/Countries/UA/Ukraine_13th_HRMMU_Report_3March2016.pdf accuse par ailleurs le régiment Azov d’avoir enfreint le droit international humanitaire. On l’accuse notamment d’avoir violé et torturé des détenus dans la région du Donbass et d’avoir déplacé des résidents après avoir pillé des propriétés civiles.

    Le bataillon Azov a été intégré à la garde nationale ukrainienne en 2014 à la suite des premiers accords de Minsk. Il serait donc “dépolitisé”, selon le chercheur à l’INALCO Adrien Nonjon. Il n’aurait alors plus de liens avec le Corps national, le parti du fondateur du régiment Azov, Andriy Biletsky.

    Des volontaires ukrainiens du bataillon Azov avec leurs drapeaux ont fait une démonstration de force lors de la Journée des volontaires ukrainiens à Kiev, en Ukraine, le samedi 14 mars 2020.

    “Tant les séparatistes que l’Ukraine se sont engagés dans une volonté de désescalade”, fait-il observer. “Ils ont intégré ces éléments subversifs pour pouvoir les surveiller et les contrôler. C’est un corps militaire comme un autre et je dirais même que c’est une unité d’élite au sein de la Garde nationale ukrainienne. On pourra toujours dire qu’il y a des liens qui existent, mais ils sont plutôt informels, basés sur une camaraderie, parce qu’ils ont tous été au front.”

    Toutefois, pour Oleksiy Kuzmenko, qui est aussi l’auteur d’un rapport pour l’université George Washington (Nouvelle fenêtre) https://www.illiberalism.org/wp-content/uploads/2021/09/IERES-Papers-no-11-September-2021-FINAL.pdf sur les contacts entre les militaires occidentaux et des membres du groupe d’extrême droite ukrainien Ordre militaire Centuria, il ne fait aucun doute que le régiment Azov entretient toujours des liens avec le parti d’extrême droite Corps national, malgré un vernis politiquement correct.

    “Pour commencer, jusqu’au début de la nouvelle agression de la Russie, le centre de recrutement du régiment à Kiev partageait un emplacement avec les bureaux du parti au centre ATEK d’Azov. Il est aussi important de souligner que le chef actuel du régiment, Denis Prokopenko, et son adjoint, Svyatoslav Palamar, sont tous deux membres depuis 2014 et ont servi sous Biletsky. Le fondateur du régiment Azov et d’autres leaders du Corps national ont d’ailleurs continué à visiter le régiment avant la guerre. J’ajouterais aussi qu’en 2019, le régiment s’est rangé du côté du mouvement civil lorsqu’il a perturbé la campagne de réélection du président Petro Porochenko. Finalement, la faction armée d’Azov a accueilli l’aile jeunesse du Corps national en août 2021 dans le cadre d’un entraînement.”

    Dans de récents communiqués publiés sur la plateforme Telegram, un porte-parole du régiment dénonce le manque d’implication de l’Occident dans le conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie. “Une des unités les plus motivées de notre pays, le régiment Azov, est qualifiée de fasciste et de nazie [...]. On nous interdit d’obtenir des armes et de nous entraîner avec des instructeurs de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, nos réseaux sociaux ont été bloqués, etc. Les vrais fascistes sont non pas les combattants du régiment Azov mais bien les dirigeants russes et l’armée russe, qui ont eu l’audace d’appeler la guerre en Ukraine une "opération spéciale de "dénazification.”

    Il reste que, selon le chercheur Dominique Arel, le régiment Azov “n’est pas dépolitisé du tout”. Par contre, il s’interroge quant à la pertinence d’aborder cette question alors que l’Ukraine subit l’invasion russe.

    Des milliers de civils sont toujours coincés à Marioupol, qui est bombardée quotidiennement par les forces russes.
    Photo : afp via getty images / ARIS MESSINIS

    “C’est une branche qui est dangereuse”, admet-il. “Mais en ce moment, ils ne tabassent pas de Roms dans la rue : ils défendent leur pays. Les fascistes, ce sont les Russes qui terrorisent les populations civiles. Après la guerre, ça pourrait poser problème que l’extrême droite se retrouve armée. Mais actuellement, au-delà du régiment Azov, c’est une très bonne chose que l’Armée canadienne ait formé les forces ukrainiennes. On voit les résultats exceptionnels sur le terrain. Sur le sol, à Marioupol, l’armée, dont le régiment Azov, résiste toujours.”

    #Canada #azof #régiment_azof #ukraine #waffen-ss #armée #armée_canadienne #néonazi #ukronazi #zelinsky #pologne #Donbass #Marioupol #facisme #nazisme #dénazification #dominique_arel #otan

  • ‘A Bridge Too Far’ | Fred Kaplan à propos de Not One Inch: America, Russia, and the Making of Post–Cold War Stalemate de M.E. Sarotte
    https://www.nybooks.com/articles/2022/04/07/a-bridge-too-far-not-one-inch-m-e-sarotte

    Christopher mused at a conference of NATO foreign ministers that if the alliance kept up its pace of expansion, it would be “hard to see how #Ukraine can accept being the buffer between NATO, Europe and Russia”—and for that reason he favored slowing the process down. To nearly all the ministers, offering NATO’s Article 5 guarantees to a large country with still-extensive ties to Russia—geographical, historical, cultural, and economic—would be too provocative. Ukraine seemed, in Sarotte’s words, “a bridge too far for membership, and it was thought best to leave it in a separate category for the time being”—though nobody took the trouble to devise a “separate category,” so the issue was kicked, like an explosive can, down the road.

    George W. Bush picked up the can in April 2008 at a NATO conference in Bucharest. It was his final year as president. He wanted, as one of his aides put it, “to lay down a marker” for his legacy as an advocate of promoting democracy throughout the world. The invasion of Iraq, which he’d believed would spark a wildfire of freedom across the Middle East, wasn’t working out so well, but he was impressed by the Orange Revolution in Ukraine and the country’s election of opposition leader Viktor Yushchenko as president. NATO was already set to announce Albania and Croatia as new members at the summit. In a surprise move, Bush urged letting Ukraine, as well as the former Soviet republic of Georgia, embark on a “Membership Action Plan,” with the aim of accepting their full ascension at some point.

    His idea was instantly, in some cases angrily, opposed by the other NATO leaders, especially German chancellor Angela Merkel, who thought—like several US officials in the previous two administrations—that such a move was, first, impractical, since Ukraine couldn’t meet many of NATO’s requirements (among them a firm anticorruption policy), and, second, needlessly provocative to Russia. Yet by the end of the summit, Bush prevailed. The official communiqué read, “NATO welcomes Ukraine’s and Georgia’s Euro-Atlantic aspirations for membership in NATO,” then added—more definitively than anyone could have predicted—“We agreed today that these countries will become members of NATO.” It may have been no coincidence that four months later, ethnic-Russian militants in Georgia launched a separatist war, expelled Georgian nationals from South Ossetia and Abkhazia, and “requested” Russian military aid, including the installation of permanent bases.

    It was certainly no coincidence that in 2014, when Ukrainian protesters chased out their Moscow-backed president, Viktor Yanukovych, and elected a new government that made moves to join the European Union, Russia reacted to the Western push by annexing Crimea (which Khrushchev had given to Ukraine as a symbolic gift in 1954) and sending special forces, wearing unmarked uniforms, to help pro-Russia separatists fight Ukrainian army troops in the eastern provinces of Donetsk and Luhansk. (In the eight years since, more than 14,000 people have died in that war, including at least 500 Russians.)

    The warnings of two decades earlier by Kennan, Perry, and others that after the Russian economy revived to some degree, an ultranationalist might come to power and act on the resentments over the expansion of NATO were vindicated by the emergence of Vladimir Putin.

    • Recension en français dans Politique étrangère
      https://politique-etrangere.com/2022/06/13/not-one-inch-america-russia-and-the-making-of-post-cold-war-sta

      Dans l’histoire de l’élargissement de l’#OTAN, l’Ukraine a dès l’origine occupé un rôle central. En 1993, alors que Washington essayait de persuader l’Ukraine de se débarrasser de son arsenal nucléaire, on fit miroiter l’accession à l’OTAN comme prix de l’acquiescement de Kiev (p. 160). Le président Koutchma a pris très au sérieux cette perspective et tenté de marchander avec les Américains, mais ceux-ci savaient pertinemment qu’un tel aboutissement serait le franchissement d’une ligne rouge absolue pour Moscou. Au fil des ans, pour Washington, la non-accession de l’Ukraine à l’Alliance devient politiquement impensable (refus de toute nouvelle ligne de division en Europe), alors que l’accession devient militairement impossible (risque de guerre OTAN-Russie). Ce casse-tête annonçait immanquablement, tôt ou tard, une crise sécuritaire – ceci bien avant l’avènement en 1999 de Vladimir Poutine.

  • Belgique : Amnesty fait rouler des vélos publicitaires contre « l’apartheid » en Israël
    https://fr.timesofisrael.com/belgique-amnesty-fait-rouler-des-velos-publicitaires-contre-lapart

    Les vélos présentaient des slogans tels que "L’apartheid c’est la ségrégation" ou "Il faut démolir l’apartheid, pas les habitations palestiniennes"

    L’organisation Amnesty International, engagée dans des efforts visant à dénoncer un prétendu « apartheid » en Israël, a, pour ce faire, fait rouler huit vélos publicitaires dans Bruxelles ce lundi, a rapporté l’ONG sur son site.

    L’action était organisée dans le cadre de la « Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale ».

    « Les vélos ont commencé leur parcours dès 7h45 ce matin aux endroits les plus fréquentés par les automobilistes et les piéton·nes pour ensuite investir des lieux symboliques comme le Palais royal, le Parlement fédéral, le rond-point Schuman, le Parlement européen et l’ambassade d’Israël », a rapporté Amnesty Belgique.

    Les vélos présentaient des slogans tels que « L’apartheid c’est la ségrégation » ou « Il faut démolir l’apartheid, pas les habitations palestiniennes ».

    « Avec cette action, nous voulons non seulement sensibiliser le public aux enjeux relatifs à ce crime d’apartheid, mais aussi faire pression sur Israël et nos autorités de façon globale pour qu’un terme soit définitivement mis à l’apartheid qu’Israël inflige au peuple palestinien », a expliqué Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

    Une pétition en rapport avec cette action a été lancée en ligne sur le site internet de l’ONG.

    Le 1er février dernier, Amnesty a dévoilé un nouveau rapport lors d’une conférence de presse dans le quartier de Bab A-Zahara à Jérusalem, concluant qu’Israël appliquait une forme d’apartheid à l’encontre des Palestiniens en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et dans le monde entier, et, de manière plus significative et controversée, à l’encontre des Arabes israéliens.

    Le rapport, très critiqué, a notamment été rejeté par Israël, les États-Unis, le Royaume-uni et l’Allemagne.

    Paul O’Brien, directeur d’Amnesty International USA. (Crédit : Capture d’écran/YouTube)
    Mi-mars, Paul O’Brien, directeur d’Amnesty International pour les États-Unis, a lui déclaré que « nous sommes opposés à l’idée – et je pense qu’il s’agit là d’une partie existentielle du débat – qu’Israël doit être préservé en tant qu’État pour le peuple juif ».

    Il a été vivement critiqué par les responsables associatifs juifs américain.

    #palestine #israël #gaza #israel #bds #palestine_assassinée #occupation #colonisation #censure #racisme #cisjordanie #apartheid #boycott #Bruxelles #Amnesty_International #vélo #apartheid #ségrégation #discrimination #discrimination_raciale #guerre

    • Les Québécois de plus en plus méfiants envers les médias Annabelle Caillou
      https://www.ledevoir.com/culture/medias/689217/les-quebecois-de-plus-en-plus-mefiants-envers-les-medias

      La méfiance envers les médias — et particulièrement envers les journalistes — continue de croître dans la province : un Québécois sur deux craint que les professionnels de l’information tentent de l’induire en erreur en diffusant volontairement de fausses nouvelles. C’est ce que révèle le dernier coup de sonde du cabinet Edelman, qui a publié lundi le volet québécois de son baromètre annuel de la confiance envers les institutions. https://www.edelman.ca/fr/trust-barometer/barometre-de-confiance-edelman-2022

      Menée en ligne entre le 1er et le 24 novembre 2021 auprès de 1500 Canadiens, dont 1000 Québécois, l’enquête vient nous éclairer sur la perception des médias au sein de la population. Décryptage en quatre chiffres et en entrevue avec Martine St-Victor, directrice générale d’Edelman Montréal.

      56 % C’est le pourcentage de répondants québécois qui se disent préoccupés par le fait que les journalistes cherchent délibérément à les tromper en disséminant de l’information erronée ou largement exagérée.
      Il s’agit d’une augmentation de 9 points de pourcentage comparativement à 2021. « Ça me brise le cœur de voir cette méfiance envers le travail des journalistes. C’est aussi incroyable de voir à quel point l’expression “fake news” s’infiltre maintenant partout dès que quelque chose nous déplaît, dès qu’on nous contredit », déplore Mme St-Victor.

      59 % C’est le taux de confiance envers les médias au Québec, en baisse d’un point par rapport à la période prépandémie.
      Des quatre institutions analysées, les médias se retrouvent ainsi en queue de peloton, derrière les entreprises (63 %), les ONG (61 %) et le gouvernement (60 %). C’est toutefois un meilleur niveau que pour l’ensemble du Canada, où l’on fait confiance  à 52 % seulement aux médias, ou encore l’Australie (43 %), les États-Unis (39 %), la France (38 %) et le Royaume-Uni (35 %) , fait remarquer la directrice générale d’Edelman Montréal.

      41 % C’est le pourcentage de Québécois sondés qui considèrent les médias comme une force polarisante pour la société.
      À l’inverse, 35 % des personnes interrogées dans la province pensent que les médias peuvent être une force unificatrice. Mme St-Victor tient ici à mettre ces chiffres en parallèle avec le fait que 55 % des répondants estiment dans le même temps que leurs concitoyens ne savent pas mener un débat constructif et civilisé en cas de divergence d’opinions. « Oui, la polarisation vient des médias, selon eux, mais elle vient aussi du reste de la population. C’est une responsabilité collective, donc. Tout le monde le remarque sur les réseaux sociaux : le climat social est tendu, et personne n’aime ça. »

      62 % C’est le taux de confiance des Québécois interrogés envers les médias traditionnels, plus précisément.
      Il s’agit d’une baisse d’un point comparé à l’année précédente. Ce type de médias reste toutefois aux yeux des participants une meilleure source d’information que les moteurs de recherche (58 %), les médias de marque (42 %) et les médias sociaux (27 %).

      #Quebec #médias #crédibilité #propagande #manipulation #politique #journalisme #censure #presse #journullistes #merdias #journulliste #médiacrates #mass_merdias 

    • #Stratpol Bulletin N°74. Occident vs le reste du monde, hypersonique vs OTAN, Gamelins à la télé. 22.03.2022.
      _ Remarque : « La vérité est toujours la première victime de la guerre ! »

      https://www.youtube.com/watch?v=M4eZ9dui8lA

      Pas mal de choses intéressantes sur les progressions de l’Armée Russe. N’oublions pas qu’une censure officielle existe en Russie. Chez nous, elle est officieuse, et trés efficace.

      #ukraine #russie #guerre #crimée #otan #ue

    • J’aimes beaucoup les images de Poutine qui illustrent l’affichage des vidéos.
      Par exemple Poutine sur un tracteur.

      Notre macron vient d’essayer de s’y mettre avec un sweet-shirt noir, pas terrible.

  • La guerre en Ukraine et les dilemmes de la gauche occidentale Daria Saburova
    14 mars 2022

    Cet article décrit précisément la guerre vue d’Ukraine et la façon dont une partie de la population ukrainienne rejoint la résistance, en particulier les unités territoriales de défense : une vaste mobilisation populaire. Dès lors, Daria Saburova adresse un certain nombre de questions à la gauche anti-impérialiste, en particulier sur l’aide militaire pour la résistance populaire. Faute de quoi, selon elle, le salut internationaliste et la solidarité témoignée au peuple ukrainien risquent de demeurer abstraits.

    Certes, depuis l’invasion, peu de camarades se permettent de nier qu’on ait affaire à une agression militaire nourrie par les prétentions impérialistes de la Russie. Mais les positions campistes restent néanmoins lisibles dans différentes prises de position à travers l’ordre dans lequel les arguments sont présentés (oui l’agression inacceptable de l’Ukraine par la Russie, mais quand même l’encerclement de la Russie par l’OTAN), et qui continuent à soutenir l’image de la Russie comme une puissance impérialiste subalterne et essentiellement réactive. Samedi dernier, dans l’annonce Facebook de la manifestation « pour la paix » organisée par les jeunes du NPA à l’écart de la grande manifestation de soutien au peuple ukrainien qui se déroulait place de la République, on pouvait lire que l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie était une réaction de la Russie à la politique agressive de l’OTAN. On pouvait lire que les organisateurs soutiennent celles et ceux qui « en Ukraine comme en Russie », « se battent contre la guerre ». Or, les Ukrainiens ne se battent pas contre la guerre : ils sont, malgré eux, en #guerre contre la #Russie. Est-ce donc autre chose qu’une invitation à la capitulation ?

    #Ukraine #gauche #anti_impérialisme #OTAN

    https://www.contretemps.eu/guerre-ukraine-dilemmes-gauche-occidentale

    • Après la fin de l’antagonisme idéologique bataillant sur le terrain commun de la production marchande, celui des deux camps dont les performances étaient moindres a fini par quitter l’arène en laissant derrière lui de nouveaux pays tout aussi incapables de rester compétitifs face aux centres capitalistes historiques, pourtant aussi entrés en crise. De ce point de vue, le positionnement actuel de la Russie peut difficilement s’interpréter comme un impérialisme renaissant mais plutôt comme le front avancé de la décomposition globale en cours. Le pays ne peut mettre plus dans la balance que ce vers quoi l’URSS finissante s’était déjà tournée : réserves d’hydrocarbures et industries militaires.

  • La politique criminelle de Poutine, chef de la bureaucratie russe, face à la pression de l’impérialisme | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2022/03/02/la-politique-criminelle-de-poutine-chef-de-la-bureaucratie-r

    Le ministre français des Affaires étrangères, Le Drian, a qualifié Poutine de « semeur de guerres », l’Élysée a parlé de sa « paranoïa » tandis que Biden évoquait son « désir d’empire ». Mais la réalité est que la Russie a vu sa zone d’influence disputée et de plus en plus réduite depuis les années 1990...


    #ukraine #russie #oligarchie #bureaucratie #guerre #impérialisme #poutine #OTAN

  • #Stratpol : * Bulletin N°72. Mâchoire russe, sanctions et contre-sanctions, sauvons le lycée français !
    N’oublions pas que la première victime d’une guerre est la vérité, sachant qu’avoir le point de vue l’autre est intéressant

    https://www.youtube.com/watch?v=lqaA4BlPSQc

    01:00 Rouleau compresseur russe ?
    07:30 Théatre des opérations
    13:20 Sanctions et contre-sanctions
    – Irremplaçable énergie russe
    – Le tournant chinois
    – Le Quai d’Orsay vs la France et les Français
    – Nationalisation
    – Remplacement des importations
    23:32 Dévaluation et inflation
    29:42 Sauvons le #Lycée Français de #Moscou

    #Ukraine #Russie #géopolitique #guerre #Crimée #otan #ue #guerre_éclair #Blitzkrieg (Rappel : Pour la moitié de la France, ça a pris plus de 6 semaines aux allemands).

    • Un nationaliste (francais ? en vrai, on s’en fout) pro-Poutine et installé en Russie.
      Terme #ukronazi, connaissais pas...

      Le pire, c’est qu’il y croit.
      C’est tellement en opposition avec les témoignages des ukrainiens que je connais au sud-est.
      Mais j’imagine que pour des Fr en recherche de contre-information, c’est du miel.

      J’ai bien aimé le « bonne fete les femmes, ca y est, j’ai fait ma part, on se dit à l’année prochaine ». #8mars

    • Parlons plutôt de recherche d’informations, c’est à dire pas libé, médiaprout, le figaro, france cul. et consorts, bfm, cnews . . .
      Radio Galère - Comaguer : L’Ukraine, 3 ieme puissance nucléaire mondiale lors de la disparition de l’union soviétique.

      https://radiogalere.org/wp-content/uploads/1646/61/2022-03-01-Emission-Comaguer.mp3

      https://radiogalere.org/?playlist=2022-03-01-comaguer

      => Mémorandum de Budapest
      https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9morandum_de_Budapest#Ukraine

    • @sandburg
      Andreï Makine : « Cracher sur la Russie n’aidera pas les Ukrainiens » Figaro Vox Par Alexandre Devecchio
      https://www.lefigaro.fr/vox/monde/andrei-makine-pour-arreter-cette-guerre-il-faut-comprendre-les-antecedents-


      « Je regrette que l’on oppose une propagande européenne à une propagande russe », dit Andreï Makine. Philippe QUAISSE / PASCO POUR LE FIGARO MAGAZINE

      Andreï Makine, né en Sibérie, a publié une douzaine de romans traduits dans plus de quarante langues, parmi lesquels Le Testament français (prix Goncourt et prix Médicis 1995), La Musique d’une vie (éd. Seuil, 2001), et, plus récemment, Une femme aimée (Seuil). Il a été élu à l’Académie française en 2016.

      FIGAROVOX. – En tant qu’écrivain d’origine russe, que vous inspire cette guerre ?
      Andreï MAKINE.  Pour moi, elle était impensable. J’ai en tête les visages de mes amis ukrainiens à Moscou, que je voyais avant tout comme des amis, pas comme des Ukrainiens. Le visage de leurs enfants et de leurs petits-enfants, qui sont dans ce chaudron guerrier. Je plains les Ukrainiens qui meurent sous les bombes, tout comme les jeunes soldats russes engagés dans cette guerre fratricide. Le sort du peuple qui souffre m’importe davantage que celui des élites. Comme le disait Paul Valéry, « la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissant pas et qui se massacrent au profit d’hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ».

      Une partie de la presse vous qualifie d’écrivain pro-Poutine. L’êtes-vous ?
      C’est une journaliste de l’AFP qui m’a collé cette étiquette il y a une vingtaine d’années. C’était juste après le départ de Boris Eltsine dont le bilan était catastrophique pour la Russie. Je lui avais expliqué que Eltsine, dans un état d’ébriété permanent, avec la responsabilité du bouton atomique, représentait un vrai danger. Et que j’espérais que la Russie pourrait devenir un peu plus rationnelle et pragmatique à l’avenir. Mais elle a titré : « Makine défend le pragmatisme de Poutine ». Comme c’était une dépêche de l’AFP, cela a été repris partout. Et lorsque je suis entré à l’Académie, un grand hebdo, dont par charité je tairai le nom, a, à son tour, titré : « Makine, un Poutinien à l’Académie »… Cela en dit long sur le monde de mensonge dans lequel nous vivons.

      Vous condamnez l’intervention russe…
      Mon opposition à cette guerre, à toutes les guerres, ne doit pas devenir une sorte de mantra, un certificat de civisme pour les intellectuels en mal de publicité, qui tous cherchent l’onction de la doxa moralisatrice. À force de répéter des évidences, on ne propose absolument rien et on en reste à une vision manichéenne qui empêche tout débat et toute compréhension de cette tragédie. On peut dénoncer la décision de Vladimir Poutine, cracher sur la Russie, mais cela ne résoudra rien, n’aidera pas les Ukrainiens.

      Pour pouvoir arrêter cette guerre, il faut comprendre les antécédents qui l’ont rendue possible. La guerre dans le Donbass dure depuis huit ans et a fait 13 000 morts, et autant de blessés, y compris des enfants. Je regrette le silence politique et médiatique qui l’entoure, l’indifférence à l’égard des morts dès lors qu’ils sont russophones. Dire cela, ne signifie pas justifier la politique de Vladimir Poutine. De même que s’interroger sur le rôle belliciste des États-Unis, présents à tous les étages de la gouvernance ukrainienne avant et pendant la « révolution du Maïdan », n’équivaut pas à dédouaner le maître du Kremlin. Enfin, il faut garder à l’esprit le précédent constitué par le bombardement de Belgrade et la destruction de la Serbie par l’Otan en 1999 sans avoir obtenu l’approbation du Conseil de sécurité des Nations unies. Pour la Russie, cela a été vécu comme une humiliation et un exemple à retenir. La guerre du Kosovo a marqué la mémoire nationale russe et ses dirigeants.

      Lorsque Vladimir Poutine affirme que la Russie est menacée, ce n’est pas un « prétexte » : à tort ou à raison, les Russes se sentent réellement assiégés.Andreï Makine

      Lorsque Vladimir Poutine affirme que la Russie est menacée, ce n’est pas un « prétexte » : à tort ou à raison, les Russes se sentent réellement assiégés, et cela découle de cette histoire, ainsi que des interventions militaires en Afghanistan, en Irak et en Libye. Une conversation rapportée entre Poutine et le président du Kazakhstan résume tout. Ce dernier tente de convaincre Poutine que l’installation de bases américaines sur son territoire ne représenterait pas une menace pour la Russie, qui pourrait s’entendre avec les États-Unis. Avec un petit sourire triste, Poutine répond : « C’est exactement ce que disait Saddam Hussein ! ».

      Encore une fois, je ne légitime en aucune manière la guerre, mais l’important n’est pas ce que je pense, ni ce que nous pensons. En Europe, nous sommes tous contre cette guerre. Mais il faut comprendre ce que pense Poutine, et surtout ce que pensent les Russes, ou du moins une grande partie d’entre eux.

      Vous présentez la guerre de Poutine comme une conséquence de la politique occidentale. Mais le président russe ne nourrit-il pas une revanche contre l’Occident depuis toujours ?
      J’ai vu Vladimir Poutine en 2001, peu après sa première élection. C’était un autre homme avec une voix presque timide. Il cherchait la compréhension des pays démocratiques. Je ne crois pas du tout qu’il ait eu déjà en tête un projet impérialiste, comme on le prétend aujourd’hui. Je le vois davantage comme un réactif que comme un idéologue. À cette époque-là, le but du gouvernement russe était de s’arrimer au monde occidental. Il est idiot de croire que les Russes ont une nostalgie démesurée du goulag et du Politburo. Ils ont peut-être la nostalgie de la sécurité économique, de l’absence de chômage. De l’entente entre les peuples aussi : à l’université de Moscou, personne ne faisait la différence entre les étudiants russes, ukrainiens et ceux des autres républiques soviétiques… Il y a eu une lune de miel entre la Russie et l’Europe, entre Poutine et l’Europe avant que le président russe ne prenne la posture de l’amant trahi. En 2001, Poutine est le premier chef d’État à proposer son aide à George W. Bush après les attentats du 11 septembre. Via ses bases en Asie centrale, la Russie facilite alors les opérations américaines dans cette région. Mais, en 2002, les États-Unis sortent du traité ABM, qui limitait l’installation de boucliers antimissiles. La Russie proteste contre cette décision qui ne peut, d’après elle, que relancer la course aux armements. En 2003, les Américains annoncent une réorganisation de leurs forces, en direction de l’Est européen.

      Poutine s’est durci à partir de 2004 lorsque les pays anciennement socialistes ont intégré l’Otan avant même d’intégrer l’Union européenne, comme s’il fallait devenir anti-russe pour être Européen.Andreï Makine

      Poutine s’est durci à partir de 2004 lorsque les pays anciennement socialistes ont intégré l’Otan avant même d’intégrer l’Union européenne, comme s’il fallait devenir anti-russe pour être Européen. Il a compris que l’Europe était vassalisée par les États-Unis. Puis il y a eu un véritable tournant en 2007 lorsqu’il a prononcé un discours à Munich en accusant les Américains de conserver les structures de l’Otan qui n’avaient plus lieu d’être et de vouloir un monde unipolaire. Or, en 2021, lorsqu’il arrive au pouvoir, Joe Biden ne dit pas autre chose lorsqu’il déclare que « l’Amérique va de nouveau régir le monde ».

      On a le sentiment que vous renvoyez dos à dos les Occidentaux et les Russes. Dans cette guerre, c’est bien la Russie l’agresseur…
      Je ne les renvoie pas dos à dos. Mais je regrette que l’on oppose une propagande européenne à une propagande russe. C’est, au contraire, le moment pour l’Europe de montrer sa différence, d’imposer un journalisme pluraliste qui ouvre le débat. Lorsque j’étais enfant dans la Russie soviétique et qu’il n’y avait que la Pravda, je rêvais de la France pour la liberté d’expression, la liberté de la presse, la possibilité de lire différentes opinions dans différents journaux. La guerre porte un coup terrible à la liberté d’expression : en Russie, ce qui n’est guère surprenant, mais aussi en Occident. On dit que « la première victime de la guerre est toujours la vérité ». C’est juste, mais j’aurais aimé que ce ne soit pas le cas en Europe, en France.

      Comment peut-on prétendre défendre la démocratie en censurant des chaînes de télévision, des artistes, des livres ?
      De mon point de vue, la fermeture de la chaîne RT France par Ursula von der Leyen, présidente non élue de la Commission européenne, est une erreur qui sera fatalement perçue par l’opinion comme une censure. Comment ne pas être révolté par la déprogrammation du Bolchoï de l’Opéra Royal de Londres, l’annulation d’un cours consacré à Dostoïevski à Milan ? Comment peut-on prétendre défendre la démocratie en censurant des chaînes de télévision, des artistes, des livres ? C’est le meilleur moyen, pour les Européens, de nourrir le nationalisme russe, d’obtenir le résultat inverse de celui escompté. Il faudrait au contraire s’ouvrir à la Russie, notamment par le biais des Russes qui vivent en Europe et qui sont de manière évidente pro-européens. Comme le disait justement Dostoïevski : « chaque pierre dans cette Europe nous est chère ».

      La propagande russe paraît tout de même délirante lorsque Poutine parle de « dénazification » …
      Le bataillon Azov, qui a repris la ville de Marioupol aux séparatistes en 2014, et qui depuis a été incorporé à l’armée régulière, revendique son idéologie néo-nazie et porte des casques et des insignes ayant pour emblème le symbole SS et la croix gammée. Il est évident que cette présence reste marginale et que l’État ukrainien n’est pas nazi, et ne voue pas un culte inconditionnel à Stepan Bandera. Mais des journalistes occidentaux auraient dû enquêter sérieusement sur cette influence et l’Europe condamner la présence d’emblèmes nazis sur son territoire. Il faut comprendre que cela ravive chez les Russes le souvenir de la Seconde guerre mondiale et des commandos ukrainiens ralliés à Hitler, et que cela donne du crédit, à leurs yeux, à la propagande du Kremlin.

      Au-delà du débat sur les causes et les responsabilités de chacun dans la guerre, que pensez-vous de la réponse européenne ?
      Bruno Le Maire a été critiqué pour avoir parlé de guerre totale, mais il a eu le mérite de dire la vérité et d’annoncer la couleur, loin de l’hypocrisie de ceux qui envoient des armes et des mercenaires et entendent ruiner l’économie russe, mais prétendent qu’ils ne font pas la guerre. En vérité, il s’agit bien de provoquer l’effondrement de la Russie, l’appauvrissement de son peuple. Il faut le dire clairement : l’Occident est en guerre contre la Russie.

      S’il y a un aspect positif pour la possible démocratisation de la Russie, c’est que l’on va anéantir la construction oligarchique qui est une vraie tumeur depuis les années 90.Andreï Makine

      Cependant, s’il y a un aspect positif pour la possible démocratisation de la Russie, c’est que l’on va anéantir la construction oligarchique qui est une vraie tumeur depuis les années 90. J’invite les dirigeants européens à exproprier les oligarques prédateurs, à confisquer ces milliards de roubles volés et investis à Londres et, plutôt que de les bloquer comme on le fait aujourd’hui, à les donner aux pauvres en Europe et en Russie.

      Que peut-on faire d’autre ?
      Pour cesser les hostilités, pour donner un avenir à l’Ukraine, on pense toujours qu’il faut avancer ; parfois il faut, au contraire, reculer. Il faut dire : « on s’est trompé ». En 1992, après la chute du mur de Berlin, nous nous trouvions à une bifurcation. Nous nous sommes trompés de chemin. Je pensais alors véritablement qu’il n’y aurait plus de blocs, que l’Otan allait être dissoute car l’Amérique n’avait plus d’ennemi, que nous allions former un grand continent pacifique. Mais je pressentais aussi que cela allait exploser car il y avait déjà des tensions : dans le Caucase, en Arménie dans le Haut-Karabakh… À l’époque, j’avais écrit une lettre à François Mitterrand.

      Quel était le contenu de cette lettre ?
      J’ignore s’il l’a reçue, mais j’évoquais la construction d’une Europe qui n’avait rien à voir avec le monstre bureaucratique représenté aujourd’hui par Madame #von_der_Leyen_pfizer . Je rêvais d’une Europe respectueuse des identités, à l’image de la Mitteleuropa de Zweig et de Rilke. Une Europe finalement plus puissante car plus souple, à laquelle on aurait pu adjoindre l’Ukraine, les Pays Baltes et pourquoi pas la Biélorussie. Mais une Europe sans armes, sans blocs militaires, une Europe composée de sanctuaires de la paix. Les deux garants de cette architecture auraient été la France et la Russie, deux puissances nucléaires situées aux deux extrémités de l’Europe, chargées légalement par l’ONU de protéger cet ensemble.

      Notre continent est un trésor vivant, il faut le protéger. Hélas, on préfère prendre le contre-pied de cette proposition : bannir Dostoïevski et faire la guerre. C’est la destruction garantie.Andreï Makine

      Est-ce réaliste ?
      La Mitteleuropa n’est pas une utopie, elle a existé. Je veux y croire et marteler cette idée. Il y a quelques années, j’ai rencontré Jacques Chirac puis Dominique de Villepin, qui partageaient cette vision d’une Europe de Paris à Saint-Pétersbourg. Mais les Américains en ont décidé autrement. Cela aurait signifié la fin de l’Otan, la fin de la militarisation de l’Europe qui, appuyée sur la Russie et ses richesses, serait devenue trop puissante et indépendante. J’espère tout de même qu’un nouveau président s’emparera de cette idée. L’Europe est un Titanic qui sombre et d’un pont à l’autre, on se bat.
      Cette situation est tellement tragique, tellement chaotique, qu’il faudrait proposer une solution radicale, c’est-à-dire revenir à la bifurcation de 1992 et reconnaître qu’il ne fallait pas relancer la course aux armements, reprendre cette direction démocratique et pacifique qui pouvait très bien inclure la Russie. Cela damnerait le pion aux tendances extrêmes en Russie. Cela éviterait l’effondrement politique et économique qui concerne toute la planète. Ce serait une issue honorable pour tout le monde et cela permettrait de construire une Europe de la paix, des intellectuels, de la culture. Notre continent est un trésor vivant, il faut le protéger. Hélas, on préfère prendre le contre-pied de cette proposition : bannir Dostoïevski et faire la guerre. C’est la destruction garantie car il n’y aura pas de vainqueur.

  • La revanche de Taras Bulba : prologue Librairie Tropique (Paris)
    http://www.librairie-tropiques.fr/2022/03/la-revanche-taras-bulba-prologue.html

    « Dans les chaires on ne cesse de parler de l’insécurité, de la fragilité, de l’instabilité des choses temporelles, mais chacun pense, si ému soit-il, qu’il conservera pourtant ce qui lui appartient ; que cette insécurité apparaisse effectivement sous la forme des hussards sabre au clair, et que tout cela cesse d’être une plaisanterie, alors ces mêmes gens édifiés et émus qui avaient tout prédit se mettent à maudire les conquérants.

    Cependant les guerres ont lieu quand elles sont nécessaires, puis les récoltes poussent encore une fois et les bavardages se taisent devant le sérieux de l’histoire. »
    G. W. F. Hegel, Principes de la philosophie du droit et science de l’État en abrégé, remarque annexée au §324, citée et traduite de l’édition allemande Lasson, tome VI, p. 369 par Jean Hyppolite in Introduction à la philosophie de l’histoire de Hegel (éd. Marcel Rivière et Cie, coll. Bibliothèque philosophique, 1948).

    https://www.youtube.com/watch?v=w8IGWQkSn_s

    Maintenant que nous avons compris, grâce à Jimmy Dore et ses amis, que Vladimir Poutine était tout sauf fou, quand il revendique comme impératif catégorique d’aller débarrasser l’Ukraine de ses terroristes nazis. Voici un autre document audiovisuel, venu des adversaires de Jimmy Dore, qui nous donnent une nouvelle preuve contradictoire attestant que, non seulement Poutine n’est pas fou, mais qu’il est assurément le plus raisonnable, le plus sensé, le plus déterminé et le plus compétent des chefs d’état de notre "monde nouveau" quand il exige la démilitarisation de cette région du monde .

    Le pentagone dans la tête de Poutine

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=107&v=5_Ib0mRen84

    #ukraine, #Poutine, #Russie, #Otan, #stratégie du chaos #Dénazification #nazisme #Jimmy_Dore #Crimée #guerre #OTAN #énergie #gaz #frontières

  • Masterclass du Général Vincent Desportes | Caisses de grève

    « L’#OTAN a accru les tensions en Europe.
    L’OTAN nous donne une illusion de défense et fait baisser nos budgets militaires.
    Il est temps de retrouver une souveraineté et une autonomie. »

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1498414743626960900/pu/vid/320x320/WNts1ppVEOdkh2g7.mp4?tag=12

    Les visages catastrophés des journalistes et la jubilation intérieure d’Adrien Quatennens, c’est un pur régal.

    https://twitter.com/caissesdegreve/status/1498416243472228357

  • India shouldn’t miss world war pointer
    Posted on February 27, 2022 by M. K. BHADRAKUMAR - Indian Punchline
    https://www.indianpunchline.com/india-shouldnt-miss-world-war-pointer

    (...) That’s how Nehru got intimately associated with the Bolshevik Revolution intellectually, emotionally, personally to distil out of it great morals and signposts for an independent India.

    All that is history. Since Rao, there has been a steady decline as the Indian ruling elite got entrapped in the ‘unipolar predicament,’ thanks to indoctrination by the lobbyists of America, and the fatalistic narrative took hold that we are destined to live in a New American Century.

    Even after 1999 and the tragic vivisection of Yugoslavia, including the NATO’s barbaric 78-day bombing of the capital city Belgrade without a mandate from the UN, it did not occur to our ruling elite that a blood-dimmed tide had been loosed in the world order and a ‘rough beast, its hour come round at last / Slouches towards Bethlehem to be born’ — to borrow the chilling lines from the poem Second Coming by Irish poet WB Yeats.

    That beast, with the shape of a lion’s body and ‘a gaze blank and pitiless as the sun’ has since moved from devouring the carcass of Yugoslavia into Afghanistan, Iraq, Georgia, Libya, Syria, Somalia, et al, and arrived in Ukraine in 2014.

    It eyes the vast luscious Eurasian landmass eastward where there are many multiethnic, plural societies like Yugoslavia, big and small, with internal contradictions that make them vulnerable to dismemberment.

    Yet, the Indian elite is in stony sleep — not only the ruling elite but also the opposition parties — Congress and the communist parties, in particular, who are credited with having some educated, well-informed minds at the leadership level. They think what is unfolding in Eurasia is a Russia-Ukraine issue! (...)

    #Ukraine , #Inde #OTAN

    • Ambassador Zhang Jun: Any Action by the Security Council Should Be Truly Conducive to Defusing the Ukraine Crisis
      2022-02-25 08:00

      http://chnun.chinamission.org.cn/eng/hyyfy/202202/t20220226_10645830.htm

      (...) Ambassador Zhang stressed that the issue of Ukraine is not something that only emerged today; nor did the current situation occur suddenly overnight. It is a result of the interplay of various factors over a long period of time. 

      China advocates the vision of common, comprehensive, cooperative and sustainable security. We believe that one country’s security cannot be at the expense of the security of others, and that regional security should not rely on muscling up or even expanding military blocs. The legitimate security concerns of all countries should be respected. Against the backdrop of five successive rounds of NATO’s eastward expansion, Russia’s legitimate security aspirations should be given attention to and properly addressed. 

      Ambassador Zhang said that Ukraine should become a bridge between the East and the West, not an outpost for confrontation between major powers. We strongly call on all parties concerned to exercise maximum restraint, ease tensions, and avoid civilian casualties. The final settlement of the Ukraine crisis still requires abandoning the Cold War mentality, giving full attention and respect to the legitimate security concerns of all countries, and conducting negotiations to build a balanced, effective and sustainable European security mechanism. We call on all parties to immediately come back to the track of diplomatic negotiations and political settlement, show sincerity and goodwill, make a political decision and engage in dialogue and consultation for a comprehensive settlement of the Ukraine issue.

      The Security Council has held multiple emergency meetings since the recent escalation of the Ukraine situation. In the voting this time, the US and other members of the Security Council voted in favor of the resolution while Russia vetoed it. China, India and the United Arab Emirates abstained in the voting. The draft resolution was not adopted.

  • L’OTAN, l’Ukraine et la Russie | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/benedicte-monville/blog/260222/lotan-lukraine-et-la-russie

    Résumé géopolitique de 30 dernières années.

    26/02/2022 - Bénédicte Monville
    Écologiste, ex-conseillère régionale d’Île de France, conseillère municipale et communautaire de Melun

    J’ai écrit ce texte les jours qui ont précédé et le jour même de l’entrée en guerre de la Russie contre l’Ukraine. Ce texte examine le rôle joué dans cette guerre par l’extension de l’OTAN à l’Est. Sans prétendre qu’il est le seul élément dont il faille tenir compte, j’y soutiens qu’une solution diplomatique passera nécessairement par l’assurance que l’Ukraine n’entrera pas dans l’OTAN.

    Une solution diplomatique à la guerre de la Russie contre l’Ukraine passera nécessairement par le refus de la poursuite de l’élargissement de l’OTAN à l’Est et l’affirmation sans ambiguïté du fait que l’Ukraine n’intègrera pas l’OTAN.

    La dramatique entrée en guerre de la Russie contre l’Ukraine montre à quel point les chancelleries européennes occidentales se sont trompées en pensant que le combat pour la paix et la démocratie en Europe pouvait passer par l’élargissement de l’OTAN à l’Est. À partir de 1991, leur alignement et le maintien d’une organisation défensive de la guerre-froide dont la seule raison d’existence, la menace soviétique, a disparu, consacre le leadership américain plutôt que d’inventer des formes d’intégration à l’Europe qui ne se confondent pas avec la défense des intérêts américains. Pire, les dirigeants européens occidentaux ont laissé l’OTAN se transformer en une organisation offensive et accompagné son extension à l’Est malgré l’accord de 1997 entre l’OTAN et la Russie sur le non déploiement par les US de nouvelles infrastructures militaires à l’Est.

    Dès 1999, l’OTAN intègre la Hongrie, la Pologne et la République Tchèque. Dans la foulée, l’organisation attaque la Yougoslavie sans mandat de l’ONU. Une guerre de 78 jours (qui devait en durer 3 d’après l’administration américaine) menée par la plus puissante alliance militaire du monde et déclenchée avec l’assentiment des populations occidentales convaincues par le massacre de Racak, village du Kosovo, dont on a jamais pu établir les conditions exactes. Avec la chute du communisme, les résurgences nationalistes en Europe de l’Est et dans les Balkans eurent ainsi raison de la République socialiste fédérative de Yougoslavie, non alignée et un des pays les plus grands, les plus développés économiquement et les plus divers des Balkans.

    Cette première expansion de l’OTAN à l’Est, sa transformation en alliance offensive et son intervention en Yougoslavie sans mandat international et au mépris du conseil de sécurité où la Russie dispose d’un droit de véto, reviennent à traiter la Russie en vaincue. Un signe particulièrement ressenti par ses élites qui avaient pourtant souhaité l’effondrement de l’Union Soviétique et qui déplorent l’incapacité de l’administration américaine à sortir des carcans idéologiques de la guerre froide et le retour de la vieille politique du cordon sanitaire. Un sentiment conforté en 2001 quand, dans le cadre de leur projet de bouclier anti-missile et de protection de leur territoire, des États-Unis remettent unilatéralement en cause le premier traité bilatéral pour freiner le surarmement signé en 1972 par le président américain Richard Nixon et le secrétaire général du PC Leonid Brejnev.

    En 2003, le non alignement de la France et de l’Allemagne sur les positions américaines au moment de l’invasion de l’Irak, là encore sans mandat international et sous le fallacieux prétexte de la possession par Sadam Hussein d’armes de destruction massive, est mal vécu par les américains qui redoutent un rapprochement entre ces puissances régionales européennes et la Russie. L’année suivante, en 2004, l’OTAN poursuit son expansion aux pays baltes : l’Estonie, la Lettonie, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et la Lituanie où l’OTAN installe une de ses bases. Moscou se retrouve de fait à portée directe des avions de combat des Occidentaux alors que les américains installent des éléments de leur bouclier anti-missile à l’Est. Dès 2008, après l’intégration des pays signataires du pacte de Varsovie et des anciennes républiques socialistes d’Europe centrale, les américains affirment la vocation de l’Ukraine à intégrer l’OTAN.

    Pour Moscou, l’extension de l’Alliance atlantique jusque sa frontière est hors de question. Ces nouvelles prétentions américaines sont d’autant plus mal vécues qu’elles contreviennent aux engagements de l’OTAN vis à vis de la Russie. En 1990, en échange de ses initiatives pour mettre fin à la guerre froide et d’un accord sur la réunification de l’Allemagne, James Baker, le secrétaire d’État américain, et Helmut Kohl, le chancelier de la République fédérale d’Allemagne (RFA) assurent à Mikhaïl Gorbatchev que l’OTAN ne s’étendra pas vers l’Est. « Il va sans dire qu’un élargissement de la zone OTAN n’est pas acceptable. » déclare Gorbatchev, « Nous sommes d’accord avec cela », conclut M. Baker en visite à Moscou, le 9 février 1990 (cf. L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’Est). Avec l’intégration de l’Albanie et de la Croatie en 2009 et celle du Monténégro en 2017, l’Otan s’étend au Sud de l’Europe sur la quasi totalité de la côte adriatique et tout le littoral nord de la Méditerranée, de Gibraltar à la Syrie.

    Si, depuis la chute de l’Union soviétique, la Russie n’a eu de cesse d’affirmer qu’elle refuserait toutes menaces à ses frontières, depuis 30 ans, la politique d’élargissement de l’Otan isole la Russie et les Etats-Unis livrent à la Russie, une guerre de positions qui n’est pas sans rappeler la guerre froide. L’Europe ne se contente pas seulement de suivre les Etats-Unis et le 19 septembre 2019, les eurodéputés adoptent une résolution « sur l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe » qui place sur un pied d’égalité « les régimes communistes et nazi ». Cette résolution est très mal vécue par le pourvoir russe.

    De son côté, Vladimir Poutine réagit en étendant sa domination sur les ex-Républiques soviétiques. Le président russe mène une politique impérialiste qui ne s’embarrasse pas des volontés populaires. Dans le cas de l’Ukraine, elle passe par la négation de la légitimité de l’Etat ukrainien qui serait né d’une faiblesse des bolcheviks et non pas de la lente affirmation d’une conscience nationale ukrainienne qui aboutit en 1990 à la proclamation de la souveraineté ukrainienne. En réalité il existe dès le 19ème siècle des velléités nationales ukrainiennes. D’ailleurs, La République socialiste soviétique d’Ukraine est bel et bien fondée en 1918 sur l’idée d’un peuple ukrainien même si la question de la souveraineté n’est pas posée à l’époque mais au contraire celle de la création de l’Union soviétique.

    • #EU #États-Unis #Russie #Ukraine #OTAN

      excellent entretien !

      Les Russes et les Américains savent donc très bien - contrairement aux Européens - où le voyage doit les mener - ils nous cataloguent comme des charlatans qui, au mieux, se voient attribuer une place de figurants dans des scénarios élaborés de guerre psychologique.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Scott_Ritter

      [...]

      Le 27 août 1998, il démissionne de la commission spéciale chargée de désarmer l’Irak. Il accuse les États-Unis et l’ONU de ne plus soutenir le travail d’inspection, affirmant que le département d’état américain a œuvré pour retarder ou empêcher des inspections. Il estime que les américains ont cédé à l’Irak et il déclare à la BBC : « L’Irak devrait être soumis à une vaste campagne visant à détruire le régime de Saddam Hussein »1,3. Ensuite, jusqu’à l’invasion de l’Irak par les américains de 2003, il critique la politique américaine, mais plus de la même façon : il estime désormais que les occidentaux sont trop sévère vis-à-vis de l’Irak et fin 1998 qualifie les frappes américaines et britanniques en Irak d’« horrible erreur ».

      Selon The New York Times, Scott Ritter fait ainsi « volte face » et apparaît alors, « pendant la longue période qui a conduit à la guerre » en 2003, « comme le sceptique le plus fort et le plus crédible de l’affirmation de l’administration Bush selon laquelle Saddam Hussein cachait des armes de destruction massive »4. D’après la BBC, il est « le plus véhément » des critiques de la politique américaine vis-à-vis de l’Irak1.

      En 1999, il publie le livre Endgame sur sa mission en Irak lorsqu’il était inspecteur. En 2000, il produit un documentaire sur le même sujet. En 2001, il affirme que l’Irak coopère de façon très significative avec le processus d’inspection de l’ONU et estime que les Etats-unis sont au bord de commettre une erreur magistrale : selon lui, « l’Irak aujourd’hui ne représente pas une menace pour ses voisins et n’agit pas de manière à menacer quiconque se trouvant en dehors de ses propres frontières »

      En 2002, il fait un voyage à Bagdad en Irak en tant que simple citoyen pour avertir que son pays est sur le point de commettre une « erreur historique ». Il exhorte les irakiens à permettre la reprise des inspections. Pour son insistance à dénoncer que les armes de destruction massives ne sont qu’un prétexte pour déclarer une guerre, il est exclu des médias et moqué4.

      En 2009, il est arrêté pour délinquance sexuelle sur internet. Il a communiqué par l’intermédiaire d’un site de discussion avec un policier qui se faisait passer pour un adolescent de 15 ans. Il se défend en affirmant qu’il pensait que son interlocuteur était un adulte qui assouvissait ses phantasmes. En octobre 2011, il reçoit une peine de prison de 1 an et demi au minimum et 5 ans et demi maximum. Il est mis en liberté conditionnelle en septembre 2014.

      [...]

  • #Anne_Morelli : Sur la guerre en Ukraine : « Il n’y pas de place pour des avis divergents »
    https://www.investigaction.net/fr/anne-morelli-sur-la-guerre-en-ukraine-il-ny-pas-de-places-pour-des-a

    Historienne et professeure à l’ULB, spécialiste de la critique historique appliquée aux médias, Anne Morelli a publié l’ouvrage de référence « Principes élémentaires de propagande de guerre » https://fr.wikipedia.org/wiki/Principes_%C3%A9l%C3%A9mentaires_de_propagande_de_guerre
    . Nous l’interrogeons sur la propagande de guerre appliquée au conflit ukrainien. Le rejet de la responsabilité sur l’autre partie que l’on peut apercevoir ces derniers jours dans les médias correspond à un des dix principes édictés dans son livre. Elle affirme que la diabolisation de l’adversaire, dont la parole est sans cesse décrédibilisée, ne permet pas de comprendre le conflit.

     

    Nos médias donnent toute la responsabilité à Poutine. Pourquoi n’examinent-ils pas les conséquences des actions qui ont précédé dans le camp occidental, à savoir celles des États-Unis, de l’Europe et des dirigeants ukrainiens ?
    On est dans une situation où il n’y a pas de place pour les divergences. Je suis sidérée de voir à l’ULB des affiches « Sauver l’Ukraine », « Poutine assassin ! » et d’autres messages de ce type. C’est la première fois que je vois des étudiants se positionner comme ça dans un conflit militaire. Il faut souligner que l’Ukraine à des armes, et ces armes ne sont pas arrivées toutes seules. On arme l’Ukraine depuis 2014 et le gouvernement lance régulièrement ses armes contre les « indisciplinés » des territoires que l’on appelle « prorusses ».

    Lorsqu’en #Yougoslavie, des territoires comme la #Croatie et le #Kosovo ont fait sécession, on a applaudi. Les pays occidentaux les directement ont soutenus. Par exemple, l’Allemagne ou le Vatican ont tout de suite reconnu l’indépendance de la Croatie alors qu’on était occupé à dépecer un pays qui jusque-là était uni. Mais quand c’est l’inverse, comme c’est le cas ici avec notre ennemi qui soutient une autonomie, là on dit que c’est scandaleux. On a un deux poids deux mesures flagrant. Imaginez si demain les Basques, les Catalans ou les Flamands voulaient leur autonomie. Est-ce qu’on applaudirait ?

    On ne comprend pas très bien ce qui a poussé la Russie à attaquer l’Ukraine, sauf à considérer que Poutine est un fou furieux qui veut dominer le monde. Une dépêche de l’AFP, reprise par de nombreux médias, évoque pourtant ce que Moscou reproche à Kiev : génocide au Donbass, présence de néonazis et prétentions atomiques de Zelensky… Mais l’AFP précise que ce sont des « accusations folles ». Vraiment ?  
    La #diabolisation de l’ennemi, c’est un principe de base de la propagande de guerre, assez continu. Napoléon était fou. Le Kaiser, Saddam Hussein, Milosevic et Khadafi l’étaient aussi. Et Poutine est fou bien entendu. Nous, nous avons la chance d’avoir des dirigeants qui sont tous sains d’esprit tandis que de l’autre côté, ce sont tous des fous furieux. C’est élémentaire comme principe de propagande de guerre.

    Pourtant, la question des #néonazis est bien réelle. Le #Bataillon_Azov, ce n’est pas des enfants de choeur, ce sont des néonazis. Il faut aussi rappeler qu’une partie des Ukrainiens se sont solidarisés de l’Allemagne nazie. Il y a une partie de la population qui a combattu les nazis, mais une partie qui a soutenu le #génocide des juifs et toutes les atrocités.

    Quand Poutine dit « On va lutter contre les fascistes ukrainiens », la Russie sait de quoi elle parle. Là aussi, la propagande occidentale a fait oublier que c’est l’ex-URSS qui a le plus collaboré à la défaite de l’Allemagne nazie. C’était tout à fait évident pour la population belge en 1945. Mais depuis, la propagande a fait ses effets à travers notamment les productions d’Hollywood, des films comme Il faut sauver le soldat Ryan et une multitude d’autres.

    Comment développer un mouvement pacifiste dans ces conditions et quel rôle pouvons-nous jouer ?
    C’est très difficile pour l’instant. Ça correspond au dixième principe, si on pose des questions au moment de la guerre c’est déjà aller trop loin. On vous considère pratiquement comme un agent de l’ennemi.

    Si on demande « Est-ce que des gens du Donbass n’ont pas le droit, comme ceux du Kosovo, d’avoir leur indépendance ? », on est suspecté d’être un agent de Poutine. Non, j’aime pas du tout Poutine. Mais j’ai pas envie d’une information qui est si partisane, pas envie d’une information qui est finalement celle de l’OTAN !

    Que faire alors ? J’ai été plusieurs fois invitée à des chaines de télévision et quand j’ai demandé de projeter la carte de 1989 en Europe pour montrer qui avance ses pions vers l’autre, curieusement on m’a dit que ce n’était finalement pas nécessaire que j’intervienne.

    Je pense que dans une situation de forte propagande comme maintenant, notre voix est inaudible.

    Il faut pourtant voir qui encercle qui. Ce sont les troupes de l’OTAN qui encerclent la Russie et pas l’inverse. Récemment, pour une manifestation contre la guerre, il n’y avait que quelques personnes. Depuis la guerre en Irak jusqu’à maintenant, il y a eu un certain découragement du mouvement pacifiste. Quand on voit les énormes manifestations qu’il y a eu par exemple en Grande-Bretagne et en Italie, ça n’a pas empêché les gouvernements d’y aller malgré les réactions populaires contre la guerre.

    Vous disiez dans une interview à La Libre Belgique que pour Biden « La Chine étant un trop gros morceau, s’attaquer à la Russie via l’OTAN apparaît plus accessible ». La réalité d’une guerre USA-Russie n’est-elle pas exagérée ?
    Je ne pense pas que Biden va la faire lui-même, il a promis à son électorat de ne plus envoyer des troupes étasuniennes directement au front. Mais d’une part, il envoie des militaires dans des pays qui étaient autrefois dans l’orbite soviétique comme les pays baltes, la Pologne, etc. Et d’autre part, il espère faire faire la guerre contre la Russie par les pays européens. Dans ce cas-là, Biden n’aura pas à se confronter à son opinion publique. Et au contraire, il obtiendra une réputation de courageux par rapport à l’ennemi. Je ne suis qu’une historienne, mais je pense que Biden essaiera de faire faire la guerre par les autres. Les Ukrainiens ont d’ailleurs déjà reçu énormément de matériel militaire.

    #propagande #manipulation #médias #histoire #cartographie #journalisme #politique #racisme #guerre #censure #ukraine #presse #ukraine #otan #etats-unis #géopolitique #énergie #allemagne #gaz #nucléaire

  • Crise en Ukraine. La preuve que les occidentaux s’étaient engagés à ne pas étendre l’Otan vers l’Est
    https://www.humanite.fr/monde/otan/crise-en-ukraine-la-preuve-que-les-occidentaux-setaient-engages-ne-pas-eten

    Un document émanant des archives britanniques, révélé par le magazine allemand Der Spiegel, souligne que des accords écrits ont bien été passés avec Moscou pour ne pas étendre la sphère d’influence et d’action de l’Alliance atlantique « au delà de l’Elbe  ».


    Ce texte, longtemps classé secret défense, a été remonté des profondeurs des archives nationales britanniques par le chercheur états-unien Joshua Shifrinson, professeur à l’université de Boston. Nick Cooper, CC BY-SA 2.5

    Un document émanant des archives nationales britanniques corrobore la thèse avancée par Moscou de l’existence d’un engagement de Washington et des puissances occidentales à ne pas étendre l’Alliance atlantique vers l’Est. Le magazine allemand  Der Spiegel  en révèle l’existence.

    Ce texte, longtemps classé secret défense, a été remonté des profondeurs des archives par le chercheur états-unien Joshua Shifrinson, professeur à l’université de Boston. Il y est question du procès verbal d’une réunion des directeurs politiques des ministères des affaires étrangères des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne, tenue à Bonn le 6 mars 1991. Le thème était la sécurité en Europe centrale et orientale.

    Une telle expansion serait « inacceptable »
    Le document fait part sans la moindre ambiguïté d’un engagement de Washington, Londres, Paris et Bonn à ne pas étendre l’Alliance atlantique vers l’Est. Une telle expansion serait « inacceptable », est-il dit explicitement.

    « Nous avons clairement indiqué lors des pourparlers 2 plus 4 (sur l’unification allemande, avec la participation de la RFA et de la RDA, ainsi que des États-Unis, de l’URSS, du Royaume-Uni et de la France) que nous n’étendons pas l’OTAN au-delà de l’Elbe, » explique Jürgen Hrobog, le représentant de la RFA, avançant une position bien entendu convenu avec le chancelier de l’époque, Helmut Kohl. Et d’expliciter, cité par le journal : « Par conséquent, nous ne pouvons pas proposer à la Pologne et aux autres pays d’adhérer à l’OTAN. »

    « De manière formelle ou informelle »
    Selon ces mêmes archives le représentant états-unien, Raymond Seitz, était d’accord : « Nous avons clairement fait savoir à l’Union soviétique – dans les pourparlers 2 plus 4 et aussi dans d’autres négociations – que nous n’avions pas l’intention de profiter du retrait des troupes soviétiques d’Europe de l’Est… ». Et d’avaliser même la non expansion de l’OTAN vers l’Est « que ce soit de manière formelle ou informelle. »

    II fut alors également convenu de renforcer la stabilité et la sécurité en Europe centrale et orientale par des accords bilatéraux et dans le cadre de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE).

    La responsabilité des dirigeants américains
    Ces révélations soulignent les responsabilités plus que partagés du président états-unien, Joe Biden, de son secrétaire d’Etat, Anthony Blinken et du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, dans la montée actuelle des périls. Ils n’ont cessé en effet de mentir sur ce point affirmant que l’Occident n’aurait offert à Moscou aucune garantie sur le futur périmètre de l’Alliance atlantique. Et ils ont martelé en toute occasion sur « le droit international inaliénable » de l’Ukraine à rallier le pacte militaire de son choix. Les représentants de l’impérialisme états-unien trustent ainsi une fois encore des poles positions dans la course à la guerre comme en matière de manipulation des textes qui ont fait l’histoire la plus récente.

    #Ukraine #OTAN #bhl #propagande #alliance_atlantique #guerre #Mali #Afghanistan #Libye #Sahel #Kosovo #Serbie #Irak #Syrie . . . . . .

    • propre lien :

      https://www.heise.de/tp/features/Nato-und-Russland-Blick-in-den-Abgrund-6513994.html

      […]

      Selbsttäuschung, mit der Konsequenz einer Täuschung der Öffentlichkeit hat ihren Kern im Bruch der mündlichen Vereinbarungen der Westmächte und der damaligen Sowjetunion aus den Jahren 1989 und 1990 während der Verhandlungen über die Aufnahme der DDR in das Nato-Land Bundesrepublik Deutschland.

      Dazu hielt damals der Staatssekretär im Bundesaußenministerium Jürgen Chrobog (FDP) als Verhandlungsresultat fest:

      Wir haben in den Zwei-plus-vier Verhandlungen deutlich gemacht, dass wir die Nato nicht über die Elbe hinaus ausdehnen. Wir können daher Polen und den anderen keine Nato-Mitgliedschaft anbieten. Jürgen Chrobog

      Heute erklären die Nato-Kräfte und ihre Unterstützer wie Bundesaußenministerin Baerbock, es sei Russland, das die Sicherheitsarchitektur Europas infrage stelle, indem es ein “System der Mächterivalität und Einflusssphären” einfordere, denn: “Über den Weg, den ein Land gehen will, können nur das Land selbst, und vor allen Dingen seine Menschen entscheiden.”

      Das ist ein leicht durchschaubares Narrativ zur Beeinflussung der öffentlichen Meinung. Es klingt auf den ersten Blick plausibel, weshalb es seine Wirkung erzielt. Natürlich hat die Nato immer mitzuentscheiden, wen sie als Alliierten aufnimmt und wen nicht. Das ist nicht nur die Entscheidung des Staates, der sich um Aufnahme bewirbt. Ohne Einladung, ohne Aufnahmebereitschaft kommt es nicht zur Aufnahme; das zeigt schließlich schon der Umgang der EU mit dem Aufnahmeantrag der Türkei.

      Darum beharrt Russland auf schriftliche Vereinbarungen

      Wenn die Nato erklärt, die Aufnahme der Ukraine stehe aktuell nicht an, ist das für Russland nicht befriedigend. Es erinnert daran, wie die Westmächte mit ihren Erklärungen gegenüber der Sowjetunion während der Verhandlungen zur Vereinigung der beiden deutschen Staaten umgingen, indem sie die abgesprochenen Inhalte nicht in die von beiden Seiten unterschriebenen vertraglichen Regelung aufnahmen.

      Damals war Michail Gorbatschow wohl zu gutgläubig, dass Worte seiner Verhandlungspartner gelten. Wäre das Thema damals juristisch sauber geführt worden, dann wäre die aktuelle Kriegsgefahr gar nicht erst entstanden. Implizit ist diese Frage allerdings sehr wohl völkerrechtlich zu bewerten.

      Mit ihrer Politik, das auszublenden, hebeln die Nato und die sie unterstützenden Kräfte – auch in der Ampel-Koalition – nicht nur die Vereinbarungen aus, die die Einheit der beiden deutschen Staaten erst möglich gemacht haben. Und sie verkaufen die von ihnen selbst praktizierte Aufkündigung der zum Ende des Kalten Krieges 1990 vereinbarten Sicherheitsarchitektur als deren Aufrechterhaltung.

      Der stoische Verweis auf die Verteidigung von “Souveränität”, “Freiheit” und “Demokratie” könnte den Kontinent dem Risiko eines Atomkriegs aussetzen. Denn die Spannungen, die sich aus der Verletzung unter anderem der Abmachungen von 1990 ergeben, führen zu Konfliktsituationen, die von beteiligten Akteuren schon selbst als gefährlich nahe an einem dritten großen Krieg in Europa seit 100 Jahren gekennzeichnet werden, wie man auch aus den Zitaten aus der Münchner Sicherheitskonferenz ersehen kann.

      Während dieser Konferenz warfen westliche Politiker Russland vor, es plane eine fingierte Situation herbei, um einen Angriff auf die Ukraine zu legitimieren: Nato-Generalsekretär Stoltenberg sprach von "Anzeichen, dass ‘Russland sich darauf vorbereitet, einen Vorwand für einen Angriff auf die Ukraine zu schaffen’. Die zunehmenden Waffenstillstandsverstöße in der Ostukraine, die ‘falschen Anschuldigungen’ eines ‘Genozids’ im Donbass und die Evakuierung der von den prorussischen Separatisten kontrollierten Gebiete seien ‘beunruhigende Zeichen’.

      […]

      #Ukraine #Russie #Allemagne 1990 #OTAN #NATO
      #Donbass

    • Ce soir, la présidente européenne explique que les russes ne respectent pas les accords de Minsk. Pourquoi ne dit elle pas que les ukrainiens ne les respectent pas depuis leur signature ?
      Voilà dix jours que Poutine ne peut que constater que ni la France ni les allemands n’ont l’intention de faire respecter les accords de Minsk.

    • Plus que jamais il faut se méfier des guerriers de plateau de télé qui s’échauffent dans l’invective et les mouvements de menton. Faire sérieusement le point demande qu’on parte du seul point de vue qui vaille en temps de crise : l’intérêt de notre pays.

      Car le contexte est hors de notre portée.

      En Ukraine et sur toutes les frontières à l’est du continent nous sommes en présence des rebondissements d’une de ces guerres sans fin qui, depuis Pierre le grand et Catherine II, tenaillent les peuples du secteur. L’implosion de l’URSS est le premier cas de l’ère moderne ou un Empire s’effondre sans négociation des frontières qui en résultent. Cela justifiait une prudence plus grande qu’ailleurs dans les décisions et les évolutions. La destruction de la Yougoslavie, la création de l’état artificiel du Kosovo ont vite montré que le rapport de force serait partout la règle. Le récent déploiement d’armes et de militaires de l’Otan dans tous les pays baltes l’ont confirmé.

      Pour autant la reconnaissance des républiques russophones du Donbass par Poutine est une très mauvaise affaire pour les Français. Le respect des frontières, quelles qu’elles soient est une condition de base d’une vie internationale où la diplomatie et l’ONU tranchent plutôt que les armes et les coups de force. Si nous voulons nous-mêmes être indépendants, notre intérêt est que les frontières soient intangibles ou bien qu’elles ne bougent qu’après des procédures concertées, acceptées et contrôlées.

      Il est à craindre qu’à la décision russe succède une décision américaine d’intégrer l’Ukraine dans l’OTAN. Autre mauvaise affaire pour nous Français qui n’avons aucun intérêt à l’extension de la domination militaire des USA et de leurs intérêts sur notre continent.

      Poutine a dû comprendre que la décision était déjà prise et qu’il ne pourrait jamais obtenir de garantie sur ce sujet. Il a vu que les USA ne lui cédaient rien sur ce point depuis le début de la crise. La reconnaissance des républiques du Donbass est donc sa prise d’avantage dans le nouvel ordre qui s’installe dans cette région. Il l’a fait avant que la nouvelle frontière de l’OTAN ne lui interdise de le faire.

      Comme tout cela se déduit très facilement de l’observation, on peut se demander si n’entre pas déjà en vigueur un nouvel ordre quasi convenu. Car qui ferait la guerre pour le Dombass ? Personne. Et d’abord parce que la guerre sur place dure depuis huit ans et que les parties concernées (russophones et ukrainiennes) en sont rendu à un degré de haine mutuelle qui bloque toute vie commune. Et Comme Kiev n’a jamais mis en œuvre le moindre commencement d’application des accords de Minsk à propos du Donbass, on peut penser que les Russes se le tiennent pour dit. Mais la Russie de son côté ne fera pas non plus la guerre pour l’Ukraine. Elle attendra qu’elle tombe comme un fruit mur, le moment venu.

      N’empêche que c’est une escalade, et que la Russie en porte la responsabilité et qu’il faut le condamner dans notre interêt bien compris. Quoiqu’on pense des arrières pensées ou des logique de situation, il n’empêche que c’est bien la Russie qui a pris la responsabilité de cet épisode. L’annexion de l’Ukraine dans l’OTAN ne tardera plus. Peu importe qu’elle ait été déjà prévue avant cela. Peu importe, parce qu’on ne juge d’une situation que par les actes qui y sont posés. Aussi longtemps qu’une ligne n’est pas franchie on peut penser que la suivante ne le sera pas et s’organiser pour cela. Une ligne est franchie. Sauf a capituler sans condition les USA sont dans l’obligation d’étendre l’OTAN et les Européens sont obligés de dire oui à tout et au reste. Le reste c’est le blocage provisoire de Northstream II et l’approvisionnement en gaz de schiste américain. Avec, cela va de soi, de nouveaux déploiements de troupes USA et l’extinction des bavardages sur l’autonomie de défense européens.

      Je ne dis rien à cette étape du bilan navrant de Macron dans cette séquence. Il y aura joué des rôles sans contenu réel. Il est inutile d’espérer qu’il fasse mieux. Il peut faire pire. On doit lui laisser une possibilité de respecter au moins la démocratie de son pays. Le Premier ministre doit une explication au pays dans les heures qui viennent devant l’Assemblée nationale.

      Cette situation me conforte dans ma proposition d’une conférence des frontières. Elle permettrait de fixer des règles et de gérer avant la crise les autres situations de tensions frontalières qui murissent sur notre continent.

      https://melenchon.fr/2022/02/21/communique-de-jean-luc-melenchon-sur-la-situation-en-ukraine

      #Ukraine #Russie #Poutine #USA #OTAN

    • Mystification russe sur un casus belli en Ukraine
      https://blogs.mediapart.fr/serge-metais/blog/210222/mystification-russe-sur-un-casus-belli-en-ukraine

      L’ultimatum adressé à l’OTAN relevait de la mystification. Contrairement à ce qu’il laissait entendre, Vladimir Poutine ne fera pas un casus belli du refus d’obtempérer sur les garanties de sécurité exigées. Il déclenchera la guerre pour d’autres raisons. Ces raisons sont dans l’est et le sud de l’Ukraine.

      Un relevé factuel de la situation signé Serge Métais .
      J’avais déjà oublié les 297 victimes de l’attentat contre l’avion de la Malaysia Airlines le 17 juillet 2014. Au rythme où vont les choses, on n’est plus à 300 morts près.

      Le Donbass sur le fil du rasoir
      https://www.rts.ch/info/monde/12874513-dans-le-donbass-en-ukraine-sur-le-fil-du-rasoir.html

      A l’extrémité est de l’Ukraine, la région du Donbass est disputée entre les soldats pro-ukrainiens et les séparatistes pro-russes, qui contrôlent la moitié du territoire. Alors que la Russie et les Occidentaux se livrent une véritable guerre de l’information sur l’état de la mobilisation des troupes russes, la vie suit son cours dans cette région balafrée par un conflit qui dure depuis 2014.
      Raphaël Grand .

      « Wagner, l’armée de l’ombre de poutine » documentaire d’Alexandra Jousset et Ksenia Bolchakova.
      https://www.france.tv/france-5/le-monde-en-face/3088503-wagner-l-armee-de-l-ombre-de-poutine.html

      L’opacité, le crime, et l’impunité. Voilà comment l’on pourrait définir le groupe Wagner, une armée privée de mercenaires travaillant pour le compte de la Russie, même s’ils s’en défendent. On les retrouve dans plusieurs pays où ils sont employés pour, officiellement, gérer la sécurité. En réalité, le groupe est l’exécuteur des basses oeuvres de Poutine.

    • Pour rappel, les accords de Minsk II ont été signés par la France, l’Allemagne, l’Ukraine et la Russie.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Minsk_II
      Ils ont permis la mise en œuvre d’un cesser le feu. Les américains n’ont jamais validé le contenu de ces accords, ceux-ci étant déjà à l’époque dans une position maximaliste.

      7 ans après, la Russie explique qu’il est temps de conclure, et cette conclusion n’est pas en l’honneur des allemands ni des français, incapables de faire respecter leurs engagements aux ukrainiens, qui ne s’y sont jamais sentis liés, du fait que l’ami américain leur a dit qu’ils n’avaient pas à l’être.

      La conclusion fait mal à la souveraineté européenne, si cela a jamais eu un sens. Les français et les allemands ont obtenu un cesser le feu en Ukraine, mais à quel prix ? Au prix de l’arrêt des échanges commerciaux avec la Russie. Ce prix va continuer à augmenter, et ça le sera volontairement, pour aller dans le sens de ce que les américains ont décidé. Parce qu’il n’y a pas d’autre conclusion : les américains décident, les européens subissent.

      La diplomatie européenne a le droit d’être un outil belliciste au service de la politique de guerre américaine, mais pas plus. Condamnation des pays non-alignés comme Cuba ou le Vénézuela, soutien aux pays terroristes comme l’Arabie ou l’Egypte. Participation aux aventures dégueulasses comme l’Irak et la Syrie ou le Yémen.

      Sincèrement, la façon dont les choses tournent est consternante. Et pas parce que Poutine serait un Hitler en puissance.

      Comment oublier que Snowden est libre, et où il est libre. Que Assange est en prison, où il est en prison et qu’il n’a pas eu de procès.

      On pourrait continuer comme cela sur des dizaines de sujets. RGPD par exemple et le Cloud Act. L’affaire Alstom, l’aller-retour, systématiquement au détriment des intérêts français. L’affaire Technip-FMC, idem. Avec toujours les mêmes à la manœuvre.

    • https://seenthis.net/messages/950227

      D’une patience à tout épreuve mais guettant chaque opportunité, l’ours prend aujourd’hui par un coup de griffe ce qu’il attendait depuis longtemps. Les accords de Minsk n’ayant jamais été respectés par la partie ukrainienne, Poutine s’est enfin décidé à trancher le nœud gordien et à geler le conflit ad vitam eternam.

      (...)

      A la place, les Russes ont monté une intervention clinique, limitée dans l’espace et sans un coup de feu. S’ils ne vont pas plus loin que le Donbass - et pourquoi le feraient-ils vu tous les bénéfices qu’ils engrangent ? - on est loin de l’invasion générale promise par un tonton Sam qui se retrouve maintenant le derrière entre deux chaises, dans une position nettement ridicule. Et de fait, les premiers bruits en provenance de Washington indiquent que les sanctions vous allez voir ce que etc. ne seront peut-être pas pour cette fois.

    • D’une guerre froide à l’autre
      https://www.monde-diplomatique.fr/mav/159/A/58706
      « Manière de voir » n°159, juin-juillet 2018


      illustration de Boris Séméniako. http://www.borissemeniako.fr
      de l’huile sur le feu ou de l’eau dans le gaz ?
      qu’importe du moment que ça flambe
      Malgré sa dépendance au gaz russe, l’Allemagne suspend le gazoduc Nord Stream 2
      https://reporterre.net/Malgre-sa-dependance-au-gaz-russe-l-Allemagne-suspend-le-gazoduc-Nord-St
      https://seenthis.net/messages/679674

  • piqd | Der Weltverbesserer Ischinger und seine anrüchigen Deals
    https://www.piqd.de/europa-eu/der-weltverbesserer-ischinger-und-seine-anruchigen-deals?ref=dailydigest

    18.02.2022 von Keno Verseck - Heute beginnt die Münchener Sicherheitskonferenz, international eine der wichtigsten geopolitischen Veranstaltungen. Ihr Chef, Wolfgang Ischinger, ist dieser Tage auf allen medialen Kanälen präsent, erklärt uns Deutschen und Europäern die Welt und wie man sie besser, sicherer und berechenbarer macht. Ischinger schreibt auch flammende Artikel darüber, warum die Welt korruptionsfreier und werteorientierter werden muss und wie das funktionieren kann. Er betont gern, dass der Vorsitz der Münchener Sicherheitskonferenz ein Ehrenamt ist und er nichts daran verdient. Tatsächlich vergoldet Ischinger sein Telefonbuch. Er ist Mitbegründer und bis heute Mitbeteiligter an der Firma Agora Strategy Group, die Staatslenker aus aller Welt mit Investoren und Rüstungsfirmen zusammenbringt, unter anderem beim nicht-öffentlichen Teil der Münchener Sicherheitskonferenz. Wobei Ischinger selbst im Aufsichtsrat eines Rüstungskonzerns sitzt. Agora bietet – laut streng vertraulichen Unterlagen – an, Waffendeals in Krisen- und Kriegsgebieten mit einzufädeln, was unter Umständen ein Verstoß gegen das deutsche Kriegswaffenkontrollgesetz sein könnte. Außerdem veranstaltet Agora exklusive Events in so exklusiven Etablissements wie dem China Club Berlin, bei denen mitunter Autokraten wie der ehemalige mazedonische Herrscher Nikola Gruevski mit Größen der deutschen Politik zusammengebracht werden. Meine Kollegen Sven Becker, Rafael Buschmann, Nicola Naber und Christoph Schult vom SPIEGEL sowie meine Wenigkeit haben über Wolfgang Ischinger und seine anrüchigen Deals recherchiert. Es ist eine Geschichte über Doppelmoral, die Niederungen des Lobbyismus in Deutschland und den Zynismus selbsternannter Weltverbesserer.

    #ames guerre #lobbyisme #Allemagne #OTAN